3 2044 106 413 586 44 * S(s'7ïiv6- v3'i^ 18^4 0522? ? W. G. FARLOW BULLETIN DE LA DES AMIS DES SCIENCES NATURELLES DE ROUEN BULLETIN DE LA. SOCIÉTÉ DES AMIS DES SCIENCES NATURELLES DE ROUEN 4e Série. — Trente-deuxième année. — /er Semestre 1896. ROUEN IMPRIMERIE JULIEN LEGERE 1897 BU LLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES UIS EES SCIENCES NATURELLES DE ROUEN PROCÈS-VERBAUX Séance du 9 janvier 1896. Présidence de M. Henri Gadeau de Kerviliæ, Président sortant. La séance est ouverte à trois heures un quart. M. le Secrétaire de Bureau donne lecture du procès-verbal de la séance du 6 décembre 1895, lequel est adopté après quelques modifications. M. Henri Gadeau de Kerville, avant de quitter le fauteuil, adresse de sincères remerciements aux Membres de la Société pour la bienveillance et la sympathie qu’ils n’ont cessé de lui témoigner pendant les quinze années succes¬ sives qu’il vient de passer au Bureau, et à ses Collègues du Bureau pour l’aide qu’ils lui ont apportée pendant la durée de son mandat comme Président; puis il procède à l’instal¬ lation des Membres nommés aux deux précédentes réunions pour constituer le Bureau de la Société pendant l’année 1896, savoir : — 6 — Président : M. Eugène Niel; Vice-Présidents : MM. R. Fortin et A. Le Marchand ; Secrétaire de Bureau : M. J. Gallois; Secrétaire de Correspondance : M. J. Geng ; Trésorier : M. M. Nibelle; Archiviste : M. A. Poussier; Conservateur des Collections : M. A. Vastel. Présidence de M. Eugène Niel. En prenant place au fauteuil, M. E. Niel prononce l’allo¬ cution suivante : « Messieurs et chers Collègues, « Pour la troisième fois, vous me faites le grand honneur de m’appeler à la présidence de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen. Je suis très-sensible à cette nouvelle et constante preuve de sympathie, et je ne saurais mieux exprimer mes sentiments de reconnaissance qu’en répondant à votre confiance par un inépuisable dévouement à notre chère Société. Pénétrés de cette idée qu’elle corres¬ pond à un besoin réel, nous la voudrions voir plus nom¬ breuse et surtout plus fréquentée par les travailleurs. Cher¬ chons donc par tous les moyens possibles à en favoriser le développement, et la meilleure, la vraie manière de contri¬ buer à la vie et à la prospérité de notre Société, c’est l’apport fréquent que vous voudrez bien nous faire de vos travaux et de vos communications. « Ne donnons pas raison aux esprits chagrins qui pré¬ tendent que les goûts du jour ne se portent plus vers les études sérieuses ; quand on appartient au siècle des Claude Bernard et des Pasteur, tout ce qui regarde les sciences ne doit pas nous laisser indifférents. B faut le proclamer bien haut, il n’y a pas que les professionnels qui, par état, doivent prendre intérêt aux études scientifiques; il en est d’autres pour lesquels la science n’est que l’emploi du loisir. Que ne sont-ils plus nombreux? Où trouver une plus noble distraction, un aliment vraiment digne de notre activité et de notre intelligence ? « Puisque la rigueur de nos Statuts nous prive d’un aimable et savant Président, qu’il me soit permis de vous dire combien j’eusse été heureux de retrouver à mes côtés M. Henri Gadeau de kerville. Devant une décision irrévo¬ cable, nous avons dû nous incliner ; nos regrets n’en sont pas moins vifs ni moins sincères. « Je crois entrer dans vos idées et me faire l'interprète de vos sentiments en adressant à M. Henri Gadeau de Kerville, au moment où il quitte ce fauteuil, l’expression de notre sincère reconnaissance pour les nombreux et savants travaux dont il a enrichi notre Bulletin. Nous n’ou¬ blions pas davantage cette charmante et spirituelle confé¬ rence dans laquelle il voulait bien nous initier aux curieux et surprenants mystères de l’Océan. Aussi, bien que rentré dans le rang, notre sympathique Collègue nous permettra de compter encore sur son précieux et utile concours. « Maintenant, mes chers Collègues du Bureau, je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue ; votre bienveillante collaboration, que j’ose solliciter, me sera précieuse pour remplir les fonctions que je dois aux sympathiques suffrages de mes Collègues. » Cette allocution est accueillie par de chaleureux applau¬ dissements. M. le Président procède ensuite au dépouillement de la correspondance manuscrite, qui comprend notamment : Une lettre de M. le Maire de Rouen, faisant connaître que la Commission municipale chargée d’opérer la réparti¬ tion du crédit à distribuer, en 1896, pour subventions et encouragements à diverses Sociétés, se réunira dans le — 8 — courant de janvier pour procéder à l’examen des demandes sur lesquelles elle sera appelée à statuer, et invitant notre Société à lui envoyer, avant le 20 du dit mois de janvier, la demande qu’elle pourrait avoir à adresser à la Commis¬ sion dont il s’agit, accompagnée d'un rapport résumant nos travaux pendant l’année écoulée et l’indication de l’emploi de l'allocation reçue en 1895. M. le Secrétaire de Bureau est chargé de la rédaction du rapport demandé. Une circulaire de M. le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, relative au Congrès des Sociétés savantes qui s’ouvrira, à la Sorbonne, le mardi 7 avril prochain. Les Membres de la Société qui désireraient prendre part à ce Congrès sont invités à le faire connaître le plus tôt possible, afin qu’il soit demandé pour eux des cartes de circulation dans les délais nécessaires. Une lettre de M. Ed. Spalikowski, s’excusant de ne pou¬ voir assister à la réunion et envoyant deux communica¬ tions. Des lettres de MM. Henri Wilhelm, agent bibliothécaire des Sociétés savantes, et Longuet, huissier des mêmes Sociétés, remerciant notre Compagnie des gratifications qu’elle a bien voulu leur accorder pour leurs travaux pen¬ dant l'année 1895. La correspondance imprimée est ensuite déposée sur le Bureau ; elle comprend de nombreuses publications adres¬ sées par les Sociétés correspondantes et qui seront envoyées à l’examen des Comités reconstitués. M. E. N ici offre, pour la bibliothèque, deux exemplaires des ouvrages ci-après qu’il vient de faire paraître : 1° Remarques sur la végétation des vases provenant des dragages de la- Seine ; 2° Recherehes sur la Miellée ; — 9 — 3° Note sur la nouvelle flore de Normandie de M. Cor¬ bière ; 4° Histoire de deux plantes : Isatis tinctoria L. et Eriger on Canadense L. M. Ed. Spalikowski offre également deux exemplaires de la note qu'il vient de publier sous le titre : De la difficulté de déterminer les races préhistoriques. Et M. Raoul Fortin fait don d’un exemplaire de la tra¬ duction faite par lui de la première partie de l’ouvrage du D* Clément Schlüter : Echinodermes fossiles de l'Allema¬ gne du Nord. — I. Echinoïclea. Des remerciements sont adressés aux donateurs. M. le Président dit qu'il est heureux de porter à la con¬ naissance de l’Assemblée que des récompenses honorifiques viennent d’être décernées à trois Membres de notre Compa¬ gnie et à M. H. Wilhelm, agent bibliothécaire des Sociétés savantes. M. Henri Gadeau de Iverville et M. Paul Noël ont été nommés Chevaliers du Mérite agricole ; M. Narcisse Beaurain a été promu Officier de l’Instruction publique, Et M. Henri Wilhelm a été nommé Officier d’Académie. Les Membres présents à la séance se joignent à M. le Pré¬ sident pour adresser de sincères félicitations à leurs Collègues et au zélé Bibliothécaire pour ces récompenses bien méritées. Expositions sur le Bureau : M. A. Vastel expose des fruits de Carya olivaeformis (Juglans Pacan — Noyer Pacanier), croissant sur les bords du Missouri ; arbre d’une crue rapide et atteignant jusqu’à vingt-cinq mètres de hauteur dans un sol riche et humide. Notre Collègue croit que ce Noyer, qui, dans l’Amérique du Nord, fournit d’excellent bois pour les travaux de carros¬ serie, viendrait bien dans nos vallées. Des essais de culture par semis vont être tentés au Jardin-des-Plantes de Rouen, — 10 — et M. A. Vastel tient encore quelques fruits à la disposition des Membres de la Société qui désireraient également en essayer la culture. Pour faire suite à ses précédentes communications sur les Hélix nemoralis L. = Hélix hortensis Müll., M. Madoule expose trois exemplaires de ces coquilles et envoie la note suivante les concernant : « Sans doute, la règle que nous avons établie (règle basée sur la présence ou sur l’absence de la tache ombilicale) pour distinguer YHelix hortensis de YHelix nemoralis , peut, comme toutes les règles, souffrir quelques exceptions, même en dehors des Hélix à péristome foncé, que l’on rencontre particulièrement chez les exemplaires à. fond rose; mais ces exceptions nous paraissent tellement rares, qu’elles n’infirment en rien la règle ci-dessus. D'ailleurs, ces exceptions peuvent, ce nous semble, être considérées comme des anomalies de sécrétions plus ou moins capri¬ cieuses qui peuvent se produire comme toutes les autres anomalies si fréquentes chez cette espèce. « A retenir encore que les fascies de la coquille n’ont aucune influence sur la couleur du péristome. D’ailleurs, nous avons eu occasion, déjà, de faire remarquer que la sécrétion des bandes cesse quelque temps avant la forma¬ tion du péristome ; d’où il résulte qu’il existe une foule de coquilles presque entièrement noires par suite de la réunion des cinq bandes, ayant un péristome absolument blanc. Il y a donc en réalité chez ces animaux, au point de vue de l'ornementation de la coquille, deux sources de sécrétion absolument distinctes et indépendantes l’une de l'autre : « La première, celle qui constitue les bandes ou fascies, a lieu dès l’origine de l’enroulement de la spire, et cesse son effet un peu avant son complet achèvement ; « La seconde, celle qui produit la tache ombilicale et qui colore le péristome. Cette dernière sécrétion est commune aux deux parties de la coquille, tache ombilicale et péris- 11 — tome, qui deviennent ainsi plus ou moins solidaires l’un de l’autre. « Malheureusement, si les Hélix hortensis à bandes brunes ou noires et à péristome blanc pullulent dans notre pays, les Hélix nemoralis à péristome blanc et à bandes brunes ou noires sont tellement rares chez nous, que nous en sommes à nous demander s’il en existe réellement des individus bien caractérisés. « Jusqu’ici, nous n’avons trouvé que des exemplaires blancs ou jaunes avec bandes transparentes ou sans bandes. « Pour les exemplaires avec bandes transparentes, nous constatons déjà, conformément à notre règle, que lorsque le péristome, par exception, est plus foncé que le restant de la coquille, la tache ombilicale fait son apparition (voir la jolie Hélix trouvée rue du Loup, à Déville). (Exem¬ plaire nü 1.) « Dans les Hélix à bandes transparentes incolores ou jaunes comme le fond de la coquille et à péristome blanc, pas de trace de tache ombilicale , l’absence absolue de tout pigment foncé expliquant suffisamment le fait et con¬ firmant, une fois de plus, notre observation. (Exem¬ plaire n° 2.) « Curieux de savoir (mais ne mettant nullement en doute la réponse négative à la question) si les Hélix nemoralis à bandes brunes ou noires et à péristome blanc présen¬ taient une tache ombilicale, nous nous sommes adressé à l’obligeance extrême de M. Dautzenberg, puisqu’il nous était impossible d’en trouver chez nous. « M. Dautzenberg a bien voulu (ce dont nous le remer¬ cions ici à nouveau) nous adresser un exemplaire venant des Pyrénées-Orientales, pris au hasard dans ses mer¬ veilleuses collections, et nous avons eu la satisfaction de constater que cet exemplaire ne présentait, comme c’était à prévoir, absolument aucune trace de tache ombilicale, le péristome blanc étant, tout naturellement, plus clair que le fond de la coquille. (Exemplaire n° 3.) « Inutile d’ajouter que le fond de la coquille d’une Hélix quelconque n’a rien de commun avec les fascies qui, elles, ainsi qu’on vient de le voir, n’ont rien de commun avec le péristome. « Dans les remarques relatives à la couleur du péristome que nous avons faites au cours de cette observation, il faut toujours envisager le dit péristome dans le sens le plus large du mot, c’est-à-dire dans son ensemble, y compris le bourrelet et même parfois une petite zone de la coquille touchant au bourrelet, et colorée, par exception, soit inté¬ rieurement, soit extérieurement d’un peu de pigment. » M. Madoulé envoie également la note ci-après : « M. Th. Lancelevéè, Vice-Président de la Société d’Etude des Sciences naturelles d’Elbeuf, me charge de signaler la découverte qu’il vient de faire d’une nouvelle station de la Bythinella Lancelevei Loc., à Fiquefleur-Equainville (Eure), dans un ruisseau longeant la route conduisant à Beuze- ville. « Dans les mêmes parages, M. Lancelevée a trouvé aussi Limnea albiscens. » M. E. Niel présente un Champignon assez rare : Poly- porus picipes Fr. — Sur branches mortes; forêt de Bro- glie (Eure). M. Henri Cadeau de Kerville fait part des deux intéres¬ santes captures ornithologiques suivantes, signalées par M. Émile Anfi de : 1° « Le 7 décembre 1895, lui a écrit notre Collègue, j’ai trouvé sur le marché de Lisieux, parmi des Macreuses prises en vue de Bénerville (Calvados), localité située à mi- chemin de Trouville à Villers-sur-Mer, une Fuligule de Miquelon [ Fuligula hiemalis (L.)] mâle jeune de première année. Dans cet état, le plumage diffère beaucoup de celui de l’adulte. Le dessus de la tête et les parties supérieures 13 — du corps sont d’un brun-grisâtre ; le front, les côtés de la tête et le cou blancs, avec quelques mouchetures au bas des joues ; le plastron est cendré-brun, et les scapulaires, qui deviennent gris-blanc, sont à peine indiquées par une teinte pâle, légèrement roussâtre. « Noyée dans l’eau de mer, comme le- sont tous les oiseaux «y pris au filet, j’ai eu de la peine à reconnaître l’espèce; mais, par le bec, j'ai de suite été fixé. « La Fuligule miquelonnaise est rare en Normandie, et sa capture mérite d’être citée. 2° « Le deuxième fait concerne la présence, le 8 décem¬ bre 1895, d’un Fou de Bassan [Sula bassana, (L.)] sur notre petite rivière la Touques. Cette excursion, si en dehors de ses habitudes pélagiennes, lui a coûté cher, car, aperçu par un chasseur qui a pu s’en approcher très-facilement, il a été fusillé comme un simple canard. « Cette renconlre dans la vallée de la Touques, a six kilo¬ mètres environ en aval de Lisieux, est chose rare, quoique le fait ne soit pas unique, paraît-il. C’est toujours à la suite de violentes tempêtes, quand la mer n’est plus tenable, que ces oiseaux, pourtant essentiellement marins, sont chassés parfois très-loin dans les terres, et tombent la plupart épuisés et mourants ». M. Maurice Nibelle dit que le Fou de Bassan a été très- commun cette année dans la baie de Somme, et, qu à sa connaissance, il en a été tué trois exemplaires dans le cou¬ rant du mois de septembre. M. le Président remercie les auteurs des présentations et communications qui précèdent. M. le Secrétaire de Bureau donne lecture du compte rendu, que vient de lui adresser M. G. Etienne, sur 1 exclu¬ sion faite par la Société à Gournay-en-Bray et aux environs le 15 septembre 1895. M. le Président charge M. le Secrétaire de Bureau de 14 — remercier M. Etienne pour ce très-intéressant compte rendu, qui sera inséré au Bulletin de 1895. En présence de l’heure avancée et du temps que doivent prendre encore les élections auxquelles il reste à procéder, M. le Président propose de renvoyer à la séance de février les communications de M. Ed. Spalikowski. — Cette proposi¬ tion est adoptée. M. Maurice Ni belle, Trésorier, présente le compte finan¬ cier de la Société pour l’année 1895. Les résultats de ce compte sont très-satisfaisants, et, toutes les dépenses de l’exercice payées, il reste en caisse, au 31 décembre, un petit excédent de recettes. L’Assemblée vote des remerciements à M. Nibelle pour le zèle qu'il met dans l’accomplissement de ses fonctions. M. R. Fortin, Secrétaire du Comité de Géologie, donne ensuite lecture du procès-verbal de la . première réunion tenue, le 18 décembre dernier, par ce Comité récemment réorganisé. Ce procès-verbal sera inséré au Bulletin de 1895. Puis il est procédé à l’élection des Membres des Commis¬ sions administrative et des finances, et de deux Délégués au Comité de publicité et à celui des excursions pour l’an¬ née 1896. Sont élus : Membres de la Commission administrative : MM. Bardin, Martel, Henri Gadeau de Kerville et Izambert. Membres de la Commission des finances : MM. le D' Tour- neux, Delamare et Deruelle. Délégués au Comité de publicité : MM. Henri Gadeau de Kerville et Gascard père. Délégués au Comité des excursions : MM. Bardin et Ben- deritter. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. 15 — Ouvrages reçus à la séance du 9 janvier 1896. Annuaire de l’Académie royale de Belgique, 1894 el 1895, 60e et 61e ann. Bulletins de la même Académie, t. XV à XVIII. Bibliographie des Travaux scientifiques, par Deniker, t. I, I'0 livrais. Revue des Travaux scientifiques, t. XV, nos 6, 7 et 8. Memorias y Revista de la Sociedad cientifica Antonio Alzate, Mexico, t. VIII, 1894-1895, nos 1 et 2. Bolelin mensual de l’Observatorio meteorologico central de Mexico, septembre 1895. Revue biologique du Nord de la France, 1895, nos 10 et 11. Société normande de Géographie, septembre et octobre 1895. Revue scientifique du Bourbonnais, n° 96, décembre 1895. Bulletin des séances et Bulletin bibliographique de la Société entomologique de France, nos 18, 19 et 20. Verhandlungen des K. -K. zoologisch-botanischen Gesselschaft, Wien, XLV, band 9, helt. La Feuille des Jeunes Naturalistes, ne 303. Le Naturaliste, nos 210, 211 et 212. Mémoires de l’Académie de Nîmes, 7° sér., t. XVII, 1894. Eugène Niel : 1° Remarques sur la végétation des vases pro¬ venant des dragages de la Seine (Association française, Congrès de Caen); — 2° Recherches sur la Miellée ; — 3° Note sur la nouvelle flore de Normandie , de M. Corbière ; — 4° Histoire de deux plantes : Isa lis tinctoria et Erigeron Canadense. (Dons de l’auteur.) R. Fortin : Traduction de l’ouvrage du D' Schlüter : Echino- dermes fossiles de l'Allemagne du Nord. — I. Echinoïdea. (Don de M. R. Fortin.) E. Spalikowski : De la difficulté de déterminer les races pré¬ historiques. (Don de l’auteur.) 16 — Séance du 6 février 1896. Présidence de M. Eugène Niel, Président. Lecture est donnée, par M. le Secrétaire de Bureau, du procès-verbal de la séance du 9 janvier 1896. lequel est adopté. M. le Président procède au dépouillement de la corres¬ pondance manuscrite, qui comprend notamment : Une lettre de notre Collègue M. Emile Ballé, de Vire (Calvados), demandant à représenter la Société au Congrès de la Sorbonne au mois d’avril prochain. Cette proposition est favorablement accueillie, et une carte de circulation va être demandée au Ministère pour M. Ballé. La correspondance imprimée contient un certain nombre de publications reçues depuis la dernière réunion. Citons, entre autres, un très-bel atlas envoyé par M. le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arls, intitulé : Explora¬ tion scientifique de la Tunisie : 1° Champignons , espèces nouvelles rares ou critiques , par M. Patouillard; 2° Pha¬ nérogames , espèces nouvelles rares ou critiques , par MM. Ed. Bonnet et G. Baratte. M. Piette nous a adressé, pour la bibliothèque, un exem¬ plaire de la note qu’il vient de publier sous le titre : Ves¬ tiges de ta période de transition dans la grotte du Mas- d'Azil ( Ariège ). M. Ed. Spalikowski remet également, pour la biblio¬ thèque, des exemplaires de ses derniers travaux : treize 17 — brochures, dont la nomenclature figure à la liste des ouvrages reçus faisant suite à ce procès-verbal. Des remerciements sont adressés aux donateurs. M. le Président rappelle à l’Assemblée que les Assises scientifiques , littéraires et artistiques , fondées par Arcisse de Caumont, s’ouvriront à Rouen le 19 juin prochain, et qu’aux termes de l’article 5 du règlement, les Sociétés savantes des neuf départements de l'Ouest compris dans la fondation de Caumont sont invitées à adhérer gratuitement à ces Assises et à désigner un ou plusieurs délégués auxquels des cartes d’admission seront ultérieurement envoyées. MM. Henri Gadeau de Kerville, R. Fortin et Spalikowski sont désignés pour représenter la Société à ce Congrès. M. Henri Gadeau de Kerville fait connaître que le Comité de Zoologie vient d'être réorganisé. M. E. Niel ajoute que le Comité de Botanique est en bonne voie de réorganisation. Expositions sur le Bureau : M. Edouard Salmon expose des branches d ' Alutea arbo- rescens en pleine végétation, grâce à la température excep¬ tionnelle que nous avons eue jusqu’ici, et adresse à ce sujet la note suivante : « Ces tiges ont commencé à pousser au mois d’août der¬ nier et ont continué à se développer malgré l’hiver. L’ar¬ buste qui les porte est planté en pleine terre, sans aucun abri, dans un jardin exposé à l’est. » .. • • w t M. E. Spalikowski expose quelques fossiles des terrains silurien, dévonien et cénomanien, qui sont envoyés au Comité de Géologie. — 18 M. A. Poussier expose une gousse de légumineuse gigan- t tesque provenant de Libreville (Congo). Cette plante sera soumise au Comité de Botanique, et des graines vont être semées au Jardin botanique de Rouen. M. Poussier a recueilli, dans la caisse qui conlenait ces plantes, un petit insecte coléoptère voisin des Ulomides, et qui sera envoyé à l’examen du Comité de Zoologie. M. L. Dupont expose cinq planches photographiques représentant les séries remarquables de Spilosoma lubri- cipeda Esp., et (ï Ab r axas grossulariata L., de la collec¬ tion Oberthur. La planche consacrée à la première espèce permet d’étu¬ dier tous les passages du blanc jusqu’au noir, par l’inter¬ médiaire de la variété Zatima Cram. Les quatre planches relatives à Abraxas grossulariata représentent des variétés obtenues d’élevage en Angleterre, où cette phalène est beaucoup plus sujette à varier que sur le continent, et où elle a une tendance marquée au méla¬ nisme. On passe par transitions insensibles des individus blancs avec quelques points noirs jusqu’aux individus presque complètement noirs. M. Dupont montre quelques exemplaires normands de la même espèce ; il attire l’attention de ses Collègues sur la dissymétrie que présentent plusieurs de ces exemplaires. Contrairement à ce qui existe habituellement chez les Lépi¬ doptères, les ailes droites et gauches diffèrent notablement par le dessin. M. Dupont présente également quelques exemplaires d’une espèce voisine, Lemaspilis marginata L., dont l’un (Ab. pollutaria Ilb.) est presque complètement privé des des¬ sins noirs du type; cet exemplaire a été pris à Pont-de- l’Arche. — 19 — M. le Secrétaire de Bureau donne lecture des deux notes suivantes adressées par M. Léon Coutil : NOTE ADDITIONNELLE aux communications faites précédemment par MM. Ed. Spalikowski et J. Gallois sur des Ossements de Bœuf trouvés au Mont-Saint- Aignan « Dans une séance précédente, notre Collègue, M. Spali¬ kowski, vous a entretenus de la découverte faite au Mont- Saint-Aignan d’un nombre considérable de cornes de bœuf qu’il attribuait au Bos primigenius . « A la séance suivante, M. Gallois a fort justement fait remarquer que ce dépôt, qui était recouvert seulement d’un peu d’humus, n’avait pas une antiquité aussi grande, et qu’il fallait voir, dans ces débris osseux, simplement des échantillons appartenant aux espèces de bovidés actuelles. Il signalait aussi une découverte semblable qu’il avait eu l’occasion d’observer, à Angers, près d’objets romains. « N’assistant pas à cette séance, la lecture du procès- verbal nous rappela une découverte analogue rapportée par M. Fortin à la séance du 30 juillet 1885 du Comité de Géologie L Lors de la construction de la caserne Pélissier de Rouen, rue du Pré-Bonne-Nouvelle, on mit à jour un dépôt dans lequel se trouvaient des quantités considérables de cornes^de bœufs et des coquilles d’huîtres et d’escargots. « Dans la même ville, M, Bucaille avait déjà observé un fait analogue dans la rue Blanche. 1. R. Fortin : In Bull, de la Soc. des Amis des Sc. natur. de Rouen, 3e sér., 26e ann , p. 214. — 20 — « Il nous a été donné aussi d’étudier un gisement à peu près semblable, en 1888, aux Andelys (Eure), le long de la chaussée et en face la rue d’Aragon. Lorsqu’on construisit plusieurs maisons au pied du coteau, on enleva la partie inférieure de ce coteau, ce qui amena la découverte de plusieurs assises en béton d’une voie romaine mesurant 5 mèt. 50 dans sa partie la plus profondément encaissée. Entre celle-ci et la côte, on remarquait un espace de 13 mè¬ tres sur lequel avaient existé de nombreuses huttes et maisons gallo-romaines. « Au sommet du talus, à 50 mètres de distance de la route actuelle, sur une largeur de 3 mètres, une longueur de 15 mètres et 0 mèt. 50 d’épaisseur, se trouvait un amas considérable d’ossements devenus complètement blancs, à cause de leur séjour prolongé dans la craie. A la base de ce dépôt se trouvaient des coquilles d’escargots (Hélix aspersa , Hélix nemoralis ) et de moules (Mytilus edulis) ; des fémurs de chien; occipital, atlas et axis de cheval; cornes de chèvre; frontaux et cornes, mandibules, côtes, vertèbres cervicales, omoplates, premières, deuxièmes et troisièmes phalanges du métatarsien de bœufs jeunes et adultes. Ce dépôt, reposant sur la craie, n’avait subi aucun remaniement. « Il est à remarquer que dans ces divers dépôts, on ne trouve que certains ossements d’animaux, notamment la tête, les pattes ou d’autres grosses parties du corps que l’on a l’habitude de décharner; mais que les gigots et les par¬ ties lombaires, considérées de nos jours comme les plus délicates, n’existaient pas dans ces dépôts, que je crois être des charniers pour les bouchers. « Quant aux autres parties osseuses dispersées dans les ménages, elles ont pu être brûlées, mangées par les chiens ou jetées dans un grand étang qui se trouvait à proximité. « On pourrait toutefois être surpris de voir un charnier d’une aussi grande importance près des habitations. A cela, nous répondrons que jadis l’odorat était moins sensible. Dans les cavernes magdaléniennes, nos ancêtres vivaient au milieu des détritus de toute espèce, et, sans remonter aussi loin à travers les âges, dans certains villages bretons, on voit des choses qui n’indiquent pas un degré de propreté bien avancé. » PASSAGE DE SANSONNETS Obseroé à Paris le S janvier 1896 « Etant à Paris, le 3 janvier dernier, et traversant le pont Solférino vers quatre heures, je fus frappé de voir arriver rapidement de divers côtés, mais surtout de l’ouest et du nord, une dizaine de groupes de Sansonnets qui vinrent s’abattre sur les ruines de la Cour des Comptes. « Les bandes les plus nombreuses venant de l’ouest et du nord pouvaient représenter au minimum 800 à 1,000 indi¬ vidus, et environ 200 pour les autres groupes isolés. « Je n’avais pas assez de temps pour observer ce fait ; mais, en remontant le boulevard Saint-Germain, je n’ai pas vu d'autres oiseaux. « Il m’a paru curieux de trouver ainsi, en plein centre parisien, autant d’oiseaux qui ont d’ordinaire des habitudes rurales, car ils stationnent au voisinage des troupeaux, débarrassant les moutons de nombreux parasites, ou encore, vivant de baies dans les haies. « Le Sansonnet, qui est connu aussi sous le nom d’Etour- neau ( Sturnus vulgaris ), est cité comme oiseau parisien par Nerée Quépat dans son Ornithologie 'parisienne ; mais nous ne croyons pas que ces oiseaux aient été signalés en aussi grand nombre dans celte localité. « J’espère que notre Collègue, M. Henri Cadeau de Ker- ville, complétera cette note ; sa haute compétence ornitho¬ logique ne nous laisse aucun doute à ce sujet. » 22 — M. Henri Gadeau de Kerville donne quelques renseigne¬ ments sur la présence de l’Etourneau vulgaire dans Paris, fait qui est très-connu. M. Ed. Spalikowski donne ensuite lecture de deux inté¬ ressantes notes : L’une, sur La médecine et les amulettes dans les temps préhistoriques ; L’autre, première partie d’un important travail promis à notre Bulletin, ayant pour titre : Etudes d' anthropologie normande : l'enfant à Rouen. Des remerciements sont adressés aux auteurs de ces diverses expositions et communications, et l’Assemblée décide que les deux notes de M. Spalikowski seront envoyées au Comité de publicité. M. Henri Gadeau de Kerville annonce la perte regrettable que vient de faire la Société en la personne de M. Lair, l’un de ses Membres fondateurs, décédé à Paris dans le courant du mois dernier. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Ouvrages reçus à la séance du 6 février 1896. Verhandlungen des K. -K. zoologisch-botanischen Gesselschaft, in Wien, XLV band., 10 keft. Boletim da Sociedade Broteriana, XII, fasc. 2. Mémoires de l’Académie de Nîmes, 7e sér., ann. 1894. Bulletin de la Société royale de Belgique, t. XXXII et XXXIII, 1894. Revue mycologique, n° 69, janvier 1896. North American Fauna, n° 10, 31 décembre 1895; Washing¬ ton, 1895. Species des Hyménoptères d’Europe et d’Algérie, t. V, n° 53, 1er janvier 1896. - 23 — La Feuille des Jeunes Naturalistes, 3e sér., 26e ann., n° 304. Le Naturaliste, 11e sér., 18° ann., nos 213 et 214. Bulletin de la Société d’Etudes scientifiques d'Angers, 24e ann., 1894. Annales de la Société royale de Botanique de Belgique, t. XXVII (10e sér., t. VII), 1892. Procès-verbaux des séances de la Société royale malacologique de Belgique, t. XI, XII, XIII et XIV, 1893-1895. Société d’Etude des Sciences naturelles d’Elbeuf. - Procès- verbal de la séance du 8 janvier 1896. Statistique minéralogique et pétrographique des rochers de la chaîne du Mont-Blanc et des montagnes environnantes, par Venance Payot; Lyon, 1895. Bulletin de la Société zoologique de France, t. XX, janvier à décembre 1895. Le Naturaliste canadien, vol. XXII. Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, 9e ann., n° 97. Exploration scientifique de la Tunisie, atlas de plantes ( Champignons et Phanérogames), par MM. Patouillard, Ed. Bonnet et G. Baratte ; Paris, Imprimerie nationale, 1892-1895. (Don du Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts.) Piette : Vestiges de la période de transition dans la grotte du Mas-d’Azil (Ext. du Bull, de la Soc. des Ant. de Paris, 1895). (Don de l’auteur.) Ed. Spalikowski : Essai sur la flore des rochers et des grottes de la Seine- Inférieure. De la Sporospermose des gallinacés. Un cas de filariose. Note sur quelques anomalies d’ ossements humains. Un moyen de destruction des chenilles. Note sur une vertèbre humaine anomale. Note sur une herminette. Du rôle du chou dans la thérapeutique des anciens. Introduction à l’étude des sciences anthropologiques. Notes préhistoriques. Les superstitions médicales normandes. Des accidents causés par les piqûres des abeilles. L’herbier des plantes médicinales de F .-A. Pouchet. (Dons de l’auteur.) Séance du 5 mars 1896. Présidence de M. Eugène Niel, Président. M. le Secrétaire de Bureau donne lecture du procès-verbal de la séance de février 1896, lequel est adopté. M. le Président procède au dépouillement de la corres¬ pondance manuscrite, qui comprend notamment : Une lettre de M. le Maire de Rouen, faisant connaître que la Commission du Conseil municipal chargée de pro¬ céder à la répartition du crédit figurant au budget de l’exercice courant, pour subventions à des Sociétés diverses, a décidé de maintenir, pour la présente année, à 600 francs l’allocation accordée à notre Compagnie. M. le Président ajoute qu’il a remercié M. le Maire de Rouen de cette bonne communication aussitôt 'réception de sa lettre, et l’Assemblée vote de chaleureux remerciements à M. le Maire et à la Commission spéciale du Conseil muni¬ cipal. Une lettre de M. le Secrétaire général de la Société des Sciences naturelles de l’Ouest de la France, transmettant les remerciements de cette Société pour l’envoi que nous venons de lui faire des volumes disponibles de notre Bulletin, pour compléter la collection de sa bibliothèque. M. Izambert s’excuse par lettre de ne pouvoir assister à la séance. La correspondance imprimée est ensuite déposée sur le Bureau et M. le Président en donne la nomenclature. M. Edmond Spalikowski remet, pour la bibliothèque, un exemplaire de la brochure qu’il vient de publier sous le titre : Nos ancêtres préhistoriques , d’après l’intéressante conférence faite par lui à l’Hôtel-de-Ville, le 20 janvier dernier, sous les auspices de la Ligue de l’Enseignement. Expositions sur le Bureau : Par M. V. Quesné : Onze haches et hachettes en silex polies et à demi-polies, les unes entières, les autres brisées, peut-être intentionnelle¬ ment, trouvées aux abords des ruines d’un petit temple gallo-romain, fouillées par lui et M. L. de Vesly dans la forêt de Louviers, sur le plateau qui domine les vallées de la Seine et de l’Eure. Notre Collègue croit que ces objets étaient votifs. Il donne lecture d’une note publiée par M. de Vesly sur cette intéressante découverte, et promet un résumé de ce travail pour notre Bulletin. Par M. A. Le Breton : Un Champignon entomogène : C or dxy ceps militarisé Linn.) Link. ( Sphaeria militaris Ehrh.); état conidial (Isaria farinosa ), sur les larves de Lépidoptères; trouvé par notre Collègue à Miromesnil (Eure). Par M. Védie : Un très-bel échantillon du Polyporus (Fomes) applana- tus Wall. (Fries, Epie. Hymenom. Europe , 557), trouvé par lui, sur un Tilleul, au Jardin-des-Plantes de Rouen, et qu’il offre pour l’herbier cryptogamique de la Société. Par M. A. Poussier : Un Lycoperdon giganteum Pers. (Globaria gigantea Quélet, Bovista gigantea B.), trouvé par M. Maurice Nibelle à Igoville (Eure). — 26 — Par M. Benderitter : Une Cetonia cardui anomale, qu’il vient de recevoir d’Italie. L’élytre droite de cet insecte est percée, vers le premier quart antérieur, d’un trou ovale de 0,002 de long sur 0,001 1/2 de large, laissant complètement à nu les ailes inférieures; lelytre gauche présente, à peu près sur la même ligne, un autre trou ovale plus petit et ressemblant à une piqûre faite par une épingle de moyenne grosseur. En présentant cette Cétoine à la séance du 22 janvier dernier de la Société entomologique de France, notre Collègue ajoutait : « Au premier abord, je crus que ces perforations étaient dues à une cause accidentelle, comme une morsure par un autre insecte, ou un coup de bec donné par un oiseau. J’ai dû écarter cette hypothèse par les rai¬ sons suivantes : un coup de bec aurait détérioré non- seulement l’élytre de l’insecte, mais aussi l’aile inférieure; or, cette dernière est absolument intacte; de plus, dans un accident occasionné par cette cause ou par une morsure, les bords de la plaie seraient à angles plus ou moins vifs, tandis que dans le cas qui nous occupe ils sont fortement arrondis ; enfin, la présence de deux parties à jour placées parallèle¬ ment me confirme une véritable anomalie dont la cause première serait, je crois, assez difficile à déterminer. » » M. Benderitter présente également un exemplaire de la variété lugubris Muls. du Melolontha vulgaris , capturé, avec plusieurs autres exemplaires de la même variété, l’été dernier, dans la forêt de Rouvray, par notre Collègue M. Paul Noël. M. Ed. Spalikowski expose des mâchoires de différents crânes humains trouvés dans la Seine-Inférieure, et nré- ▲ sente à leur sujet les observations ci-après : — 27 — REMARQUES SUR LE SYSTÈME DENTAIRE DE CRANES HUMAINS PROTOHISTORIQUES DE LA SEINE-INFÉRIEURE Il existe un caractère assez peu connu pour distinguer les races actuelles des races préhistoriques, ou même proto¬ historiques. Il est basé sur l’usure des dents, et principale¬ ment des dents molaires. Chez les races modernes, les canines et les incisives sont le plus souvent taillées en biseau ; tes molaires ne se défor¬ ment que fort peu. Mais les peuples primitifs « mangeaient « tout autrement que nous ; leurs incisives, au lieu d être « taillées en biseau, offrent une surface plane comme les « molaires. Cette particularité s explique peut-être par « l’usage des racines ou du pain grossier qui, dès l’époque « néolithique, formait une des bases de l’alimentation. « Pendant la mastication, ces deux mâchoires étaient super- « posées; de sorte que les incisives se correspondaient « exactement et ne croisaient pas1 ». Les mâchoires que je vous présente, provenant de crânes découverts dans la Seine-Inférieure, offrent nettement ce caractère. Il y a donc eu une évolution dans la mastication, dont la cause tient d’abord au genre de nourriture, puis à la conformation des muscles masticateurs. Tout fait suppo¬ ser que l’homme de cette époque avait des mouvements de latéralité beaucoup plus prononcés que ceux dont il jouit maintenant, grâce au développement plus grand du muscle ptéryzoïdien externe et peut-être du buccinateur. J ajou¬ terai, avec le professeur Poirier, que « dans 1 espèce « humaine, et principalement dans la race blanche, les 1 N. Joly : L'homme avant l’histoire , p. 188. « muscles masticateurs semblent être en voie de régression, « régression d’ailleurs toute relative (1) ». M. Henri Gadeau de Kerville fait la communication sui¬ vante : OBSERVATIONS Sur l’existence, en Normandie, de la Belette vison [Muslela lutreola L.) ou Vison d’Europe Par Henri GADEAU de KERVILLE Dans le premier fasçicule de ma Faune de la Nor¬ mandie , consacré aux Mammifères et paru en 1888 (2), je donne seulement, à l’égard de la Belette vison dans cette province (3), — avec un renseignement assez vague publié en 1861 par Pucheran, sur l’existence de cette intéressante espèce dans le département de l’Orne — l’indication de deux exemplaires provenant de Corneville-sur-Risle (Eure) : une femelle, tuée le 1er septembre 1879, que M. A. Duquesne conserve empaillée, et que montre la planche I du fascicule en question, et un individu tué au mois d’octobre 1887. M. l'abbé A.-L. Letacq a publié, dans le Bulletin de la Société linnéenne de Normandie ( 1er fascicule de 1895, p. 31), une note sur l’existence du Vison dans le département de l’Orne; et le procès-verbal de la séance du 5 décembre 1895 de notre Société renferme une communication de M. Émile Anfrie, relative à un mâle de cette espèce pris à Hermival-les-Vaux (Calvados), sur le bord de la petite rivière la Pasquine, dans un piège à loutres, le 7 novembre (1) P. Poirier : Traité d'anatomie humaine , t. II, 1er fasc., p. 369. (2) Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, “P sem. 1877, p. 117 et pl. I. — Tiré à part, Paris, J.-B. Baillière et fils, 1888, même pagination que celle du Bulletin. (3) Op. cit., p. 193. — 29 1895, individu que M. Anfrie a naturalisé et qu'il conserve dans sa collection. J’avais soigneusement noté ces renseignements pour les publier dans le quatrième fascicule de ma Faune de la Normandie , qui, en plus des Reptiles, des Batraciens et des Poissons, contiendra un supplément aux Vertébrés, lorsque M. Duquesne m’informa qu’il avait capturé à Saint- Philbert-sur-Risle (Eure), sur un îlot de la Risle, dans un piège à loutres, le 30 janvier 1896, un Vison male, et que les deux individus provenant de Corneville-sur-Risle, dont il est question dans les lignes précédentes, ne sont pas des Belettes visons, ainsi que je l’ai indiqué, mais des Belettes putois ou Putois communs. En outre, M. Duquesne m’a fait savoir qu’il avait examiné l’individu décrit par M. Anfrie, et que cet individu est semblable à celui qu’il a capturé. J’ai pu étudier le Vison pris à Saint-Philbert-sur-Risle, grâce à l’obligeance de M. Duquesne, qui a tout à fait raison. Effectivement, j’ai publié une erreur, et, cela va sans dire, je m’empresse de la rectifier. Les deux individus tués à Corneville-sur-Risle, et dont l’un est représenté dans le fascicule en question, sont des Putois et non des Visons. Toutefois, au nom de la vérité, il convient de dire que cette erreur n'est pas de mon fait, mais de celui de M. Fernand Lataste. A l’époque où je rédigeais, le premier fascicule de ma Faune de la Normandie , ne connaissant pas le Vison en nature, et craignant de commettre une erreur si je les déterminais moi-même, j’avais communiqué les deux exem¬ plaires tués à Corneville-sur-Risle, l’un monté et l’autre en peau, à un zoologiste très-compétent, M. Fernand Lataste, qui, après les avoir examinés, me les détermina comme étant des Visons, tandis qu’ils appartiennent à une variété de Putois à pelage foncé. Les naturalistes, même les plus attentifs, qui s’occupent de la détermination des espèces et des variétés, peuvent commettre de telles erreurs, et les en blâmer doit être fait avec une grande modération, car, — 30 — hélas! errare humanum est. .l'ajouterai que, dans son ensemble , le Vison ressemble beaucoup au Putois , avec lequel on le confond très-généralement; mais lorsqu’on voit ces deux espèces l’une à côté de l’autre, la confusion n’est guère possible. Enfin, dans le Journal d’Alençon et du département de l’Orne (n° du 25 janvier 1896), M. l’abbé A.-L. Letacq dit que le Vison n’est pas rare dans les environs de Vimoutiers (Orne). En définitive, l’existence du Mustela lutreola L. en Normandie est un fait des plus certains, car, en laissant de côté le renseignement assez vague publié par Pucheran, la présence de cette espèce a été constatée dans les loca¬ lités suivantes : Orne : Saint-Germain-du-Corbéis, Fontenay-les-Louvets, environs de Vimoutiers. [Abbé A.-L. Letacq.] Calvados : Hermival-les-Vaux. [Émile Anfrie.] Eure : Saint-Philbert-sur-Risle. [A. Duquesne.] Dans le supplément aux Vertébrés, que renfermera le qua¬ trième fascicule de ma Faune de la Normandie , j'indiquerai tous les renseignements que je connaîtrai sur la présence du Vison dans cette province, et représenterai, dans une planche en photocollographie, le mâle capturé à Saint-Phil¬ bert-sur-Risle par M. Duquesne, qui l’a fait empailler et le garde précieusement. Ce mâle est d’une longueur totale de 0 m. 57, la queue comprise, cette dernière ayant 0 m. 19 de long. Je dois dire qu’une photographie est insuffisante pour distinguer le Vison du Putois. Il faut avoir recours aux descriptions ; mais, avec d’autres caractères, le pelage du Vison , serré et très-analogue à celui de la Loutre , permet de distinguer facilement ces deux espèces. Je suis très-porté à croire que le Vison, animal en partie aquatique, existe sur les bords d’un certain nombre de cours d’eau et d’étangs de la Normandie, et j’engage vive¬ ment les zoologistes à rechercher dans notre province cette intéressante espèce, en les priant de vouloir bien m’indi- 31 — quer les individus qu’ils auraient capturés, avec le nom des localités, et, si faire se peut, me les envoyer en communi¬ cation. M. Henri Gadeau de Kerville montre, à ce sujet, un Putois typique, ainsi qu'un Putois femelle tué à Corneville- sur-Risle et le Vison mâle capturé à Saint-Philbert-sur- Risle, individus dont il est question dans les lignes précé¬ dentes. Notre Collègue fait ressortir les caractères distinctifs de ces trois animaux, qui lui ont été fort obligeamment confiés par M. A. Duquesne. M. Henri Gadeau de Kerville communique, au nom de M. Émile Anfrie, de Lisieux, les deux faits qui suivent, très-intéressants au point de vue de l’ornithologie nor¬ mande : 1° « Une Fuligule à lunettes [Fuligula perspicillata(L.)\, sujet mâle entièrement adulte, a été distinguée au marché de Trouville (Calvados), parmi des Fuligules noires prises aux environs de cette ville. Elle m’a été apportée le 10 jan¬ vier 1896, par un poissonnier qui l’avait remarquée sur mes indications. « La Fuligule à lunettes ou Macreuse à lunettes est remar¬ quable, non-seulement par sa grande rareté sur le littoral normand, mais aussi par son costume noir profond, orné de deux taches d’un blanc pur : l’une au front, et l’autre occupant presque toute la nuque chez le mâle adulte. De plus, son bec rouge-orangé, très-large et très-élevé, se complique de deux bosses latérales ayant une grande tache noire au centre et offrant l’aspect de verres de lunette. Cet organe est extraordinaire et unique comme forme et coloris. « Le sujet en question est le premier exemplaire que je rencontre de cette belle espèce. 2° « Je me suis procuré un Stercoraire cataracte [Sterco- rarius fuscus (Briss.)] femelle presque adulte, de seconde année je crois, qui a été tué en mer, au fusil, par un chas¬ seur de Trouville (Calvados), le 13 février 1896. On capture très-accidentellement cette espèce sur le littoral de la Normandie. » M. le Président remercie, au nom de l’Assemblée, les auteurs des diverses expositions et communications qui précèdent. M. M. Nibelle, Trésorier, communique son projet de budget pour 1896. Ce projet, établi dans d’excellentes condi¬ tions, d'après les données antérieures et les prévisions de recettes et de dépenses de l’année courante, reçoit le plein assentiment de l’Assemblée. M. le Secrétaire de Bureau donne lecture du procès-verbal de la séance tenue le 6 février 1896 par la Commission de publicité : Après examen des divers travaux qui lui ont été soumis, la Commission propose de constituer ainsi qu’il suit le Bulletin de 1895 : I. — Procès-verbaux des séances. II. — E. Niel : Note sur le Cladosporium herbarum. III. — E. Niel : Note sur quelques Carex nouveaux ou peu connus de la flore de Normandie. IV. — G.-A. Boulenger : Note sur des Vipera berus captures en Normandie . V. — E. Spalikowski : La médecine et les amulettes dans les temps préhistoriques. VI. — E. Spalikowski : Etudes d' anthropologie nor¬ mande. — L L'enfant à Rouen. VU. — G. Etienne : Rapport sur l’excursion de Gournay- en-Bray. VIII. — J. Gallois : Compte rendu des travaux de la Société pendant l’année 1895. IX. — • R. Fortin : Compte rendu de la séance de décem¬ bre 1895 du Comité de Géologie. 33 X. — Liste des Membres de la Société et Liste des Sociétés correspondantes. Cette proposition, mise aux voix, est adoptée par Y As¬ semblée. M. E. Niel fait connaître que le Comité de Botanique vient d’être reconstitué ; qu'il en a été nommé Président, et M. Deruelle Secrétaire; que M. A. Le Breton a été nommé v ' i délégué aux excursions, et M. Deruelle délégué à la publi- > *» cité. Il est ensuite décidé que la Société demandera à faire figurer la collection complète de ses publications à l’Exposi¬ tion nationale et coloniale qui doit s’ouvrir à Rouen le 16 mai prochain. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Ouvrages reçus à la séance du 4 mars 1896. La Feuille des Jeunes Naturalistes, 1er mars 1896, nü 305. Le Naturaliste, 15 février 1896, n° 215. Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, n° 98 . Bulletin de la Société centrale d’Horticulture de la Seine-Infé¬ rieure, t. XXXVII, 3e cah., 1895. Bulletin de la Société linnéenne de Normandie, 4e sér., voL IX. Extrait des travaux de la Société centrale d’ Agriculture de la Seine-Inférieure, nos 240-246. Verhandlungen des K.-K. zoologisch-botanischen Gesselschaft XLVI, janvier 1896. • i i ' 1 . ■ ; i t Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, Haarlem, t. XXIX, 4e et 5e livrais. Journal of the Elisha Mitchell scientific Society, 1890, lr0 part. Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, 1895, n08 1 et 2. 3. Bulletin des séances de la Société entomologique de France, 1896, nos 1, 2, 3 Bulletin de la Société d’Etude des Sciences naturelles de Reims, 4 e ann . , n 0 Bulletin de la Société des Sciences naturelles de l’Ouest de la France, t. V, 4e trim. 1895. Comptes rendus de l’Académie d’Hippone, 1895. Procès-verbal de la séance du 5 février 1896, de la Société d’Etude des Sciences naturelles d’Elbeuf. Bulletin de l’Institut géologique de Mexico, n° 2, 1895. Bulletin de la Société ouralienne d’ Amateurs des Sciences na¬ turelles, t. XV, livrais. 1, 1895. Beskrivelse af en række norske bergarter af D. Th. Kjerulf, Kristiania, 1892. Bulletin de la Société industrielle de Rouen, 23e ann., n° 6, novembre-décembre 1895. Séance du 2 avril 1896. Présidence de M. Eugène Niel, Président. En l’absence des Secrétaires, M. Benderitter prend place au Bureau et donne lecture du procès-verbal de la séance de mars 1896, lequel est adopté. M. le Président procède au dépouillement de la corres¬ pondance manuscrite, qui comprend : Une lettre de M. le Président de la Société centrale d’A- griculture invitant le Président à assister à la séance de distribution des récompenses, à la suite du Concours d’ani¬ maux de boucherie. Une lettre de M. le Président du Comité de l’Exposition — 35 — informant M. le Président que la demande de la Société était agréée et que nous étions admis à prendre part à l’Ex¬ position nationale et coloniale de Rouen, dans la classe IV du groupe de l’Enseignement. M. Gallois, Secrétaire de Bureau , s’excuse par lettre de ne pouvoir assister à la séance. La correspondance imprimée est ensuite déposée sur le Bureau, et M. le Président en donne la nomenclature. M. l’abbé Guttin fait hommage à la Société de sa savante étude sur le genre Rosa dans le département de l’Eure. — Des remerciements lui sont adressés. M. le Président est heureux d’annoncer qu’il vient de recevoir de Tunis un télégramme de MM. Henri Gadeau de Kerville et Nibelle, faisant part de leur arrivée à bon port, s’excusant de ne pouvoir assister à la séance et adressant cà leurs Collègues leur meilleur souvenir. M. Niel expose sur le Bureau et offre à la Société pour son herbier les plantes suivantes, appartenant à la flore de France : Lamium longiflorum Ten. — Bois de la Grande-Char¬ treuse ; août 1895. Melampyrum nemorosum L. — Bois de Sassenage, près Grenoble ; août. Galeopsis dubia Leers. — Royat ; juillet 1895. Biscutella Lamottei Jord. — Puy de Gravenoire, à Royat; juillet. Trifolium aureum Poil. — Idem. Dianthus situations Hoppe. — Puy des Grosmaneaux, près Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; juillet. Dianthus Monspessulanus L. — Idem. Arbutus Urva-Ursi L. — Idem. Astrantia major L. — Idem. — 36 Viola Sudetica Willcl. — Pentes du Puy-de-Dôme. Arnica montana L. — Idem. Eucalyptus globulus Benth. — Cannes ; en fleur. Au sujet de cette dernière plante, M. Niel fait la commu¬ nication suivante : N OT E SUR r EUCALYPTUS GLOBULUS L’Hér. Les Eucalyptus , de la famille des Myrtacées, originaires de l’Australie et de l’archipel Indien, sont des arbres au port gracieux et élégant. Le plus célèbre actuellement, Y Eucalyptus globulus ou Gommier bleu de Tasmanie , a été introduit depuis longtemps dans notre pays; il y serait demeuré à peu près inaperçu, dit M. Bâillon1, si un de nos compatriotes, P. Ramel, instruit par ses observations per¬ sonnelles des qualités remarquables de cet arbre, étudié par lui dans son pays natal, ne l’avait popularisé en France, ou il en fit planter un grand nombre d’individus dans la région méditerranéenne, ainsi qu’en Algérie. On vantait les pro¬ priétés de son essence comme stimulantes et antiseptiques, attribuant à sa présence la salubrité de certains districts australiens que leur situation semblait d’ailleurs devoir exposer aux accidents paludéens. Cet arbre présente un aspect singulier, avec ses feuilles glauques, opposées ou alternes, pédonculées ou sessiles, tout à la fois sur le même tronc. Son inflorescence n’est pas moins étrange ; cette corolle, insérée avec le calice, est for¬ mée de pétales étroitement unis en une sorte de calotte ou 1 . Bâillon : Dictionnaire de Botanique , p. 562. 37 — de coiffe herbacée ou coriace, qui, lors de l’épanouissement, se détache circulairement par sa base et tombe d’une seule pièce. Cet arbre peut atteindre, même en France, de très- grandes dimensions. Je citerai, comme exemple, les magni¬ fiques Eucalyptus qui ornent les abords de la gare de Nice. Rien n’étant plus à l’ordre du jour, la séance est levée à quatre heures et demie. Ouvrages reçus à la séance du 2 avril 1896. Mémoires de l’Académie de Metz, 2e période, 3e sér., 1892-93. Mémoires de l’Académie de Toulouse, 9e sér., t. VII, 1895. Comptes rendus des séances de la Société de physique et d’his¬ toire naturelle de Genève, XII, 1895. Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, n° 99, mars 1896. Bulletin de la Société normande de Géographie, janvier- février, 18e ann . La Feuille des Jeunes Naturalistes, n° 306, 26e ann. Catalogue de la Bibliothèque de la Feuille des Jeunes Natu¬ ralistes, fasc. XVII, Mammifères. Bulletin de la Société d’Etude des Sciences naturelles de Reims, 5e ann., n° 3. Revue des Sciences naturelles de l’Ouest, t. V, nos 2, 3 et 4, 1895. Bulletin de la Société d’Etudes des Sciences naturelles de Nîmes, 23e ann., n° 4, Bulletin trimestriel de la Société d’Histoire naturelle de Mâcon, n° 3, 1er mars 1896. Mémoires de l’Académie de Caen, 1895. Bulletin de la Société belge de Microscopie, 21e ann., n° 10; 22° ann., nos 1, 2, 3 et 4. Verhandlungen des K. -K. zoologisch-botanischen Gesselschaft, in Wien, janvier 1895. Actes de la Société lirinéenne de Bordeaux, vol. XLIX, 5e sér., t. IX, 1895. 38 — Bulletin de la Société entomologique de France, nns 4, 4 bis et 5, 1896. Revue biologique du Nord de la France, 7e ann., n° 12, sep¬ tembre 1895. Le Naturaliste, 18e ann., ncs 216 et 217. Boletim mensual de l’Observatori meteorologico central de Mexico, novembre 1895. Abbé J. Guttin : Le Genre Rosa dans l’Eure, étude générale et essai monographique, 1894. — Deux exemplaires. (Don de l’auteur.) Séance du 7 mai 1896. Présidence de M. Raoul Fortin, Vice-Président. M. le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance du 2 avril 1896, lequel est adopté. M. le Président procède au dépouillement de la corres¬ pondance qui comprend, notamment, deux lettres du Minis¬ tère de llnstruction publique, annonçant l'envoi de diverses publications par l’intermédiaire des échanges internatio¬ naux, et une circulaire du Comité des Assises de Caumont, rappelant que ces assises se tiendront à Rouen le 19 juin prochain, et qu’aux termes de l’article 5 du Règlement, toutes les Sociétés savantes de la région sont invitées à adhérer gratuitement à ces assises et à y déléguer un ou plusieurs Membres. Les ouvrages reçus pour la bibliothèque depuis la der¬ nière réunion sont déposés sur le Bureau, et M. le Prési¬ dent en donne la nomenclature. L’Assemblée décide, sur la proposition de M. Poussier, Archiviste, et d’après les observations présentées par 39 — Ai. Henri Gadeau de Kerville, au nom du Comité de Zoologie, que notre Bulletin sera échangé avec le Naturaliste cana¬ dien, publié sous la direction de l’abbé Huard. Deux nouvelles demandes d’échange sont envoyées à l’examen des Comités de Zoologie et de Botanique. Sur la recommandation chaleureuse de M. Jules de Guerne, Secrétaire générai de la Société nationale d’Accli- matation de France, M. Henri Gadeau de Kerville donne lecture d’un article de AI. A. de Alarcillac, publié dans le journal « Étangs et Rivières » (n° du 1er mai 1896), et inti¬ tulé : Le certificat d'origine ; sa suppression ruinerait r industrie de la pisciculture en France. Dans cet article, l’auteur, par d’excellents arguments, établit la complète différence qui existe, au point de vue des droits, entre les propriétaires d’élangs et les pêcheurs à la ligne, et démontre l’absolue nécessité de conserver l’usage du certificat d'origine , qui permet aux proprié¬ taires d’étangs de transporter et de vendre les produits de leurs eaux pendant la période de fermeture de la pêche. Cet article, d’une grande importance, est une protestation contre la campagne actuellement entreprise par quelques Syndicats de pêcheurs à la ligne pour obtenir la suppres¬ sion du certificat en question. Expositions sur le Bureau : Ai. J. Geng expose des ossements de divers animaux et des fragments de poterie et de briques, probablement de l’époque romaine, recueillis par lui à Mers (Somme) dans des fouilles, à 4m50 de profondeur. D’après le dire des ouvriers travaillant à ces fouilles, ils auraient rencontré en cet endroit des fragments d’une sorte de casque en cuivre, qui n’ont pas été conservés. Les objets présentés par M. J. Geng sont soumis à l’exa¬ men de Al. R. Fortin. M. Henri Gadeau de Kerville fait la communication sui¬ vante : Sur la découverte de la Belette vison (Mustela lutreola L.) dans le département de la Seine-Inférieure Dans une notule sur l’existence de cette espèce en Nor¬ mandie, notule que j'ai communiquée à notre Société, à la séance du 5 mars 1896, j’indique les localités où, jusqu’a¬ lors, la présence de la Belette vison ou Vison d’Europe a été reconnue d’une façon authentique, localités qui appar¬ tiennent aux départements de l’Orne, du Calvados et de l’Eure. On peut désormais y ajouter la Seine-Inférieure, de telle sorte qu’il n’y a plus qu’un seul département normand, la Manche, où l’on n’ait pas encore signalé, du moins à ma connaissance, cet intéressant Carnivore, qui, très-vraisem¬ blablement, doit y exister. Le 31 mars 1896, un Vison mâle a été pris au piège à Saint-Paër (Seine-Inférieure), dans les bois de mon père, en un point qui est peu éloigné d’une rivière, la Sainte- Austreberte, dont ce Vison aura probablement quitté le voi¬ sinage immédiat pour aller chercher sa nourriture ou échap¬ per à un danger. L’exemplaire en question, que je suis heureux de mon¬ trer à mes Collègues, a été soigneusement naturalisé par M. L. Petit, taxidermiste à Rouen, et fait partie de mes collections. Il ne peut y avoir aucun doute sur l’exactitude de sa détermination. M. Ed. Spalikowski fait ensuite la communication ci- après : 41 Sur la signification symbolique des colliers de dents de chien Bien souvent, j’ai été frappé de la fréquence des exhuma¬ tions de colliers formés de dents de chien dans les temps préhistoriques. On sait, en effet, que dans quelques fouilles, on a pu observer des canines perforées, ayant servi comme objet d’ornement. Vainement, j’ai cherché la raison de cette préférence, puisque le chien était relativement rare aux époques néolithiques, et plus encore aux époques paléoli¬ thiques. J’ai cru cependant trouver une explication : Au xvie siècle, on se figurait communément que les os de chien, soit en nature, soit calcinés ou en poudre, guéris¬ saient une foule de maux, donnaient de la force aux hommes et de la beauté aux femmes. La même croyance subsiste de nos jours en Bretagne, en Basse-Normandie, où elle m’a été révélée par des paysans de ces régions. Dans la médecine populaire, on emploie même couramment des guêtres en peau de chien pour varices; on pourrait tout aussi bien les remplacer par des guêtres en peau de chat ou de mouton, n’importe. Il y a là certainement toute une question intéressante à débattre. Aussi, partant des idées actuelles sur les propriétés merveilleuses du chien, ne pourrait-on, en remontant l’échelle des âges, affirmer que les colliers en dents de chien servaient tout à la fois, d’après une superstition de l’époque, à fortifier les hommes et à rendre les femmes plus jolies. Evidemment, il n’y a absolument rien qui vienne appuyer cet argument ; c'est une hypothèse et rien de plus, mais qui peut avoir une certaine valeur. M. Gallois donne lecture de son rapport sur les travaux de la Société pendant l’année 1895, et sur les excursions faites au cours de la dite année. — 42 — Ce rapport sera inséré au Bulletin du deuxième semestre de 1895, actuellement sous presse. • M. le Président fait connaître que la Commission des excursions s'est réunie avant la séance, et qu’après examen de divers projets, elle propose de faire la première excur¬ sion de 1896 à Etretat, le 5 juillet prochain. Cette proposition est adoptée. Est élu Membre de la Société, M. Eugène Mesnard, docteur ès-sciences, professeur à l'Ecole des Sciences et à l’Ecole de Médecine, rue de la République, 79, à Rouen (Botanique), présenté par MM. Eugène Niel et Henri Cadeau de Kerville. M. A. Poussier propose la participation de notre Compa¬ gnie à la souscription ouverte pour le monument à élever à Louis Pasteur. L’Assemblée accepte la proposition de M. Poussier, et il est décidé qu’une somme de 25 francs sera versée au nom de la Société à la dite souscription. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Ouvrages reçus à la séance du 7 mai. 1896. Revista italiana di Scienze naturali e Bolletino del naturalista di Scienzes, 15e ann., 1er au 15 octobre 1895. Publications de Tlnstitut grand-ducal de Luxembourg, t. XXIV, 1895. Boletin mensual de l’Observatorio central de Mexico, décem¬ bre 1895. Actes de la Société scientifique du Chili, 5e ann., t. V, 1895, lre, 2e et 3e livrais. Bolletino délia Associazione scientifica Ligure du Porte-Mau- rizio, lro ann., 1895. Bolletim da Sociedade Broteriana, XII, 1895, Coïmbra. Bolletin de Agricultura mineria e industrias de la Republica Mexicana, an V, n° 2, 1895. Annales de la Société belge de microscopie, t. XIX, 1895. Verhandlungen des K. -K. zoologisch-botanischen Gesselschaft, in Wien XLVI, B. janv. 1896, 3 heft. Abhundlungen herausgeben vom naturwissens chaflichen Vereins zu Bremen, XIII, B., 3 heft et XIV B., 3 heft. The Jack Rabbits of the Unitated States Washington, 1896, bull. n° 8. Bulletin de la Société des Sciences naturelles de l’Ouest de la France, t. VI, 1er trim. 1896. Proceedings of the California Academy of Sciences, 2e sér., vol. V, part. I, novembre 1895. Trentième rapport annuel des travaux du Muséum public de Milwankee-Wis (Ire sept. 1894 à 31 août 1895). Transactions of the Wisconsin Academy of Sciences, Arts et Lettres, vol. X, 1894-95. Les nouvelles flores de France , par le Dr Saint- Lager, 1894. (Envoi du Ministère.) La vigne du Mont-Ida et le Vaccinium, par le Dr Saint-Lager. (Envoi du Ministère.) Catalogue raisonné des plantes vasculaires de Tunisie, par Ed. Bonnet et G. Baratte. (Envoi du Ministère.) Annales de la Société linnéenne de Lyon, t. XLI et XLII, 1894 et 1895. Annales de la Société d’Agriculture, Sciences et Industrie de Lyon, 7e sér., t. II, 1894; II-III, 1895. La Feuille des Jeunes Naturalistes, 3e sér., 26e ann., n° 307. Revue des Sciences naturelles de l’Ouest de la France, t. VI, n° 1, février 1896. Le Naturaliste, 18e ann., nos 218, 219 et 220. Bulletin de la Société industrielle de Rouen, 24e ann., n° 1, janvier-février 1896. Bulletin de la Société d’Etude des Sciences naturelles de Reims, t. V, 1er trim. 1896. Annales du Sud-Est pour l’échange des plantes, Dr E. Jacque- met, t. I, 1894. Bulletin de la Société d’Horticulture de la Seine-Inférieure, t. XXXVII, 4e cah., 1895. Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, 9e ann., n° 130, avril 1896. Bulletin bibliographique de la Société entomologique de France, nos 6 et 7, 1896. Species des Hyménoptères de France et d’Algérie, par Ed. André, t. VII, 54e fasc. Procès-verbal de la Société d’Etudes des Sciences naturelles d’Elbeuf, 20 mars 1896. Revue mycologique, 18° ann., n° 70, avril 1896. Séance du 4 juin 1896. Présidence de M. Eugène Niel, Président. Lecture est donnée, par M. le Secrétaire de Bureau, du procès-verbal de la séance du 7 mai 1896, lequel est adopté. M. le Président donne lecture de la correspondance ma¬ nuscrite qui comprend : Une lettre de notre Collègue, M. A. Bigot, Secrétaire de la Société linnéenne de Normandie, faisant connaître que cette Société tiendra, le dimanche 28 juin prochain, sa réunion annuelle à Bouviers, et, qu’à l’occasion de cette réunion, des excursions géologiques, botaniques et zoolo¬ giques, dirigées par MM. G. Dollfus, Président de la Société géologique de France, l’abbé Guttin et Henri Gadeau de Kerville, seront organisées aux environs de Louviers, des Andelys, Vernon et Pacy-sur-Eure. Invitation est adressée aux Membres de la Société des Amis des Sciences natu¬ relles de Rouen de prendre part à cette réunion et à ces excursions. — 45 — Une lettre de M. A. Madoulé, faisant connaître que par suite de son départ de Rouen pour se fixer à Alger, il se voit dans l’obligation de donner sa démission de Membre de la Société. M. le Président exprime les regrets que cause à l'Assemblée la décision que vient de prendre M. Madoulé, décision qu’il espère encore n ’ètre pas irrévocable. Une lettre de notre Collègue, M. J. Capon, professeur de sciences à l’Ecole primaire supérieure de Rouen, suppléant M. V. Martel, Directeur, empêché, rappelant à la Société le don qu’elle avait bien voulu faire l’année dernière, à pareille époque, de deux volumes de son Bulletin, pour servir de prix au meilleur élève en histoire naturelle, et sollicitant la même faveur pour l’année courante. L’Assemblée, consultée, décide que deux volumes de son Bulletin seront tenus à la disposition de M. le Directeur de l’Ecole primaire supérieure de Rouen, pour la prochaine distribution des prix, et M. Capon, présent à la séance, se fait l’interprète de l’Ecole pour remercier la Société de cette faveur qui est, pour ses élèves, un précieux moyen d’ému¬ lation. M. le Président donne ensuite la nomenclature des publi¬ cations reçues pour la bibliothèque depuis la dernière réunion. Expositions sur le Bureau : M. R. Fortin expose : 1° Une série d’ossements de Mammifères de l’époque pléistocène, provenant des environs d’Elbeuf, et appartenant au Musée d’Histoire naturelle de cette ville. Ces ossements, qui se rapportent aux genres Elephcis , Eguus , Cevvus , Bos, etc., et qui ont été envoyés en communication à M. Fortin par M. Coulon, Directeur du Musée, sont remar¬ quables par leur belle conservation ; 2° Une série de silex taillés , des . époques dites chel- lèenne et moustérienne , provenant de la briqueterie du Petit-Essart (canton de Grand-Couronne). Il s’en trouve quelques-uns qui sont habilement taillés et très-finement retouchés sur les bords. En outre de ces silex, M. Fortin présente plusieurs fers de chevaux, de mulets et de bœufs, que l’on rencontre dans la carrière du Petit-Essart, à une profondeur de 50 à 60 cen¬ timètres au-dessous du sol- La présence de ces fers, que l’on retrouve en quantité, paraît indiquer qu’il a existé, à cet endroit, une forge qui remonterait à une époque assez éloignée de nous, car il y a longtemps que l’on ne ferre plus les bœufs dans nos contrées. M. E. Niel expose une aquarelle du Melanogaster ambi- guus Tul. (Tulasne : Fungi hypogœi, t. II, f. V, tab. XII, fig. 5). — Cette rare espèce, de la famille des Hyméno- gastrées, a été récoltée le 16 avril dernier à Saint-Aubin, près Bernay. Notre Collègue a soumis ce Champignon, à l’état frais, à l’examen du savant M. Boudier. Sous le nom de Lycoperdon variegatum , une espèce bien voisine, le Melanogaster variegatus Witt, est indiquée dans le catalogue de MM. Blanche et Malbranche comme ayant été trouvée dans les bois des environs de Rouen par M. Rondeaux de Sétry, et ayant figuré dans Fherbier de l’abbé Leturquier-Delongchamps. M. A. Suchetet présente une peau de Canard femelle ayant revêtu la livrée du mâle. Notre Collègue possédait cette femelle depuis longtemps ; elle était âgée et n’avait pas pondu cette année ; son ovaire était atrophié, ou du moins peu développé. M. Henri Gadeau de Kerville expose un très-jeune Porc monstrueux qui lui a été obligeamment donné par notre Collègue, M. Henri Tesson, pharmacien à Pont-Audemer. Ce Porc est un monstre double autositaire de la famille des Monocéphaliens et du genre Déradelphe, monstruosité qui a été observée très-exceptionnellement chez lTIomme, mais qui est relativement peu rare chez certains animaux domestiques, tels que le Chat, le Porc, le Chien, le Mouton, le Bœuf et la Chèvre. Le monstre en question, qui est bi-femelle et n’a vécu que très-peu d’heures, provient d’une portée dont les autres jeunes étaient normaux. M. Henri Gadeau de Kerville donne des détails sur l’orga¬ nisation des Déradelphes, qui sont des monstres non viables. Il annonce qu'il disséquera ce Porc et qu’il en publiera la description et la figure dans le journal « Le Naturaliste ». M. le Président remercie les auteurs des diverses présen¬ tations et communications qui précèdent ; puis il rappelle que la première excursion annuelle aura lieu le dimanche 5 juillet prochain à Etretat. Un programme détaillé de cette excursion sera prochainement envoyé, et les Membres de la Société qui désireraient y prendre part voudront bien le faire connaître, au moins huit jours à l’avance, à M. Wilhelm, agent bibliothécaire des Sociétés savantes, rue Saint- Lô, 40 bis. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Ouvrages reçus à la séance du 4 juin 1896. Bulletin de la Société ouralienne d’Amateurs de Sciences natu¬ relles, t. XIV, 4e livrais., 1895. Anales del Museo nacional de Montevideo, IV, 1896. Memorias y revista de la Sociedad cientifica Antonio Alzate, t. IX, 1895-1896, nos 1 à 6. Revue des Travaux scientifiques, t. XV, n° 41, 1895. Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles. Harlem, t. XXX, lre livrais., 1896. — 48 — Champignons de France (les Hyménomycètes), par C. Gillet, 10° livrais., 1893. Procès-verbal des séances de la Société d’étude des Sciences naturelles d’Elbeuf, 6 mai 1896. Boletin mensual del Observatorio meteorologico central de Mexico, janvier 1896. Bulletino délia Societa entomologica Italiana, trim. III et IV, 1896. Le Naturaliste, 18° ann., 2e sér., n° 221 . Verhandlungen des K. -K. zoologisch-botanischen Gesselschaft, in Wien, janv. 1896, 4 half., XL VI band. Bulletin de la Société entomologique de France, n° 8, 1896. Bulletin de la Société d’étude des Sciences naturelles de Nîmes. Bulletin de la Société belge de Microscopie, nos 5, 6 et 7, 1895-1896. • ? /’ / *> **■ Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, n° 3, 1895. La Feuille des Jeunes Naturalistes, 26e ann., nos 308 et 309. Société normande de Géographie : Bulletin de l’année 1896, mars-avril . ET LES MONUMENTS MÉGALITHIQUES DANS LA SEINE-INFÉRIEURE Par J. GALLOIS Secrétaire de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, Membre de la Société normande d’Études préhistoriques. ARRONDISSEMENT DE ROUEN Depuis les premières découvertes faites en 1828 et 1829, par Tournai et Christol, dans les cavernes de l’Aude et du Gard, d’ossements humains associés à des restes d’animaux aujourd’hui disparus, et celles faites vers 1840 par Boucher de Perthes, dans les balastières d’Abbeville et sur les flancs du coteau de Saint- Acheul, d’instruments de l’âge de la pierre, les études préhistoriques ont pris en France une importance de plus en plus grande. Les recherches et les travaux d’une pléiade de savants, parmi lesquels nous citerons : Broca, de Quatrefages, Lartet, Gabriel de Mortillet, Cartailhac, Gaudry, Hamy, Hovelacque, d’Ault-du-Mesnil , Ph. Salmon , E. Piette, Em. Rivière, etc., ont fait faire à la science dans ces dernières années un pas considérable, et la belle exposition spéciale de l' industrie et de l'art aux diverses époques de l'âge de la pierre , organisée à l’occasion de l’Exposition universelle de 1889 par la Société anthropologique de 50 France, l’Ecole et le Laboratoire d’anthropologie, a donné un nouvel essor à ces études particulières et jeté quelque jour sur les premiers âges de l’humanité. La Normandie n’est point restée en dehors de cet important mouvement scientifique, et, sur l’initiative de quelques membres de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, se fondait à Evreux, le 2 mars 1893, sous le titre de Société normande d' Etudes préhistoriques , une association qui groupait rapidement tous les chercheurs de la région, tous les amateurs de préhistoire et d’anthro¬ pologie. Cette Société a tenu, pendant ces trois premières années, des réunions sur différents points de la Normandie : à Rouen, à Evreux, à Elbeuf, à Pont-Audemer, au Havre, à Caen, à Gisors, etc. ; elle a provoqué, sur ces différents points, des expositions spéciales, et elle a pris part aux excursions faites par l’Ecole d’anthropologie aux dolmens de Trye-Château, de Villers-Saint-Sépulcre, de Boury, de Copière, de Dampmesnil, des Mureaux, de la Justice et du Trou-aux- Anglais à Epone. Les trois premiers bulletins qu’elle a fait paraître ren¬ ferment de très-intéressants travaux sur les découvertes faites jusqu’ici en Normandie ; notons, entre autres : les Considérations générales sur l'industrie paléolithique dans l' arrondissement de Pont-Audemer , par M. Montier; le Résumé des recherches préhistoriques dans le dépar¬ tement de l'Eure et dans les divers arrondissements de la Seine-Inférieure , par M. L. Coutil ; les notes de M. Th. Lancelevée sur la Briqueterie du Petit-Essard , et de M. Chedeville sur celles de Saint-Pierre-lès-Elbeuf ; les très-intéressantes notices de M. le professeur A. Bigot, sur le Quaternaire des environs de Caen , et de M. L. Prud homme, sur les Limons des plateaux , etc. Ces premiers volumes du Bulletin de la Société nor¬ mande d'Etudes préhistoriques nous ont procuré d'inté¬ ressants renseignements sur les découvertes se rapportant à — 51 l’àge de la pierre faites jusqu’ici dans l’arrondissement de Rouen. Nous avons également trouvé dans La Normandie romanesque et merveilleuse , de Mlle Amélie Bocquet1, dans La Seine-Inférieure historique et archéologique, de l’abbé Cochet'2, et dans La Géographie de la Seine-Inférieure , de MM. les abbés Bunel et Tougard3, de nombreuses indications sur les monuments mégalithiques de la région et les instruments de pierre signalés pour un certain nombre de communes du département. D’un autre côté, nous avons rencontré au Musée des antiquités de Rouen (collections Thaurin, Bill iard, etc.), au Musée d’histoire naturelle (collections Bucaille, Benner, etc.), et chez plusieurs collectionneurs rouennais (MM. A. Le Marchand, R. Fortin, G. Morel, Fréchon, etc.), quantité de belles pièces recueillies sur différents points de la région. Nous avons nous-même, dans les trois dernières années, exploré, en compagnie de notre sympathique collègue M. l’abbé Rivière, les limons des plateaux aux alentours de Rouen : Bihorel, Boisguillaume, Mont-Saint-Aignan, Notre- * Dame-de-Bondeville, et quelques stations nouvelles nous ont procuré de nombreux instruments de la pierre taillée et de la pierre polie. Ces diverses publications compulsées, et les différents matériaux examinés, nous permettent de dresser, dans les pages qui suivent, l’inventaire actuel des richesses paléoli¬ thiques et néolithiques de l’arrondissement de Rouen, nous réservant de donner plus tard le môme travail pour les autres arrondissements du département. Mais, avant d’établir le bilan de ces richesses, nous 1. Mlle Amélie Bocquet : La Normandie romanesque et merveilleuse , Rouen, 1845. 2. Abbé Cochet: La Seine-Inférieure historique et archéologique, Rouen, lre éd., 1864; 2e, 1866. 3. Abbés Bunel et Tougard : Géographie de la Seine-Inférieure. 52 croyons utile de présenter quelques observations générales sur les études spéciales qui nous occupent, et de reproduire ici : 1° La classification actuellement admise par l’Ecole d’an¬ thropologie de Paris, pour les diverses époques de l’âge de la pierre, d’après les dernières recherches et les travaux des maîtres. 2° Le tableau de la constitution des limons quaternaires dans la région normande, d’après les observations et les travaux de MM. Deladrière, L. Prudhomme, Boule, Len- nier, etc. 3° Une coupe, prise à Saint-Aubin-jouxte-Boulleng, des alluvions des bas niveaux de la Seine, riches en ossements de l’époque quaternaire. CLASSIFICATION PALEOETHNOLOGIQUE Nous n’avons pas besoin de dire que la période éolithique de l'âge de la pierre — rapportée à l’époque tertiaire géolo¬ gique) — signalée au tableau qui précède pour deux localités seulement en France : Thenay (Loir-et-Cher) et Puy-Courny (Cantal), et indiquée également à Otto (Portugal), n’a pas été rencontrée dans la Seine-Inférieure; ajoutons que cette période est encore contestée, au moins pour la découverte signalée à Thenay par M. l’abbé Bourgeois. Par contre, on verra, dans la nomenclature ci-après, que les instruments de la période paléolithique — époque qua¬ ternaire géologique — clielléen, acheuléen, moustérien, sont très-abondants dans les limons des plateaux et des versants de la région, et que quelques beaux outils magdaléniens ont été rencontrés sur différents points du département. Si les grandes divisions admises par les auteurs pour la période paléolithique n’ont pas subi de modifications importantes dans ces dernières années, il n’en a pas été de même pour la période néolithique. D’après le tableau qui précède, et qui a été publié par l’Ecole d’anthropologie de Paris en 1895, on voit : 1° Que l’on a cru pouvoir combler l’hiatus qui existait jusqu’ici entre le paléolithique et le néolithique, en créant Y époque tourassienne , d’après des instruments , plutôt taillés que polis, ressemblant à certaines formes chelléennes, et recueillis surtout à la Tourasse (Haute-Garonne). Un instrument de ce genre est représenté dans le musée , i préhistorique de M. de Mortillet (figure 47), et nous serions tenté d’y rapporter deux pièces trouvées par nous au Petit-Essard, commune de Grand-Couronne, et l’instru¬ ment en grès recueilli à Houppeville (Seine-Inférieure), et que nous avons présenté à la séance du 5 décembre 1895 de la Soeiété des Amis des Sciences naturelles de Rouen. 2° Que l’on a donné à l’époque suivante un nom : Cam- pygnien, emprunté à une localité de la Seine-Inférieure, Le Campigny, commune de Blangy-sur-Bresle, arrondissement de Neufchâtel, pour des instruments ne présentant encore aucune trace de polissage et ayant le plus généralement la forme de ciseaux ou de tranchets. M. Quenouille a rencontré des outils campygniens aux environs de Saint-Saëns ; M. l'abbé Rivière et moi en avons recueilli plusieurs beaux échantillons à la surface du sol aux briqueteries de Notre-Dame-de-Bondeville près Rouen ; et nos collègues de la Société normande d' Etudes préhis¬ toriques , MM. Savalle, Dubus et Georges Romain, du Havre, ont découvert, dans ces derniers temps, un important atelier de cette époque à la Coudraie, près Montivilliers (Seine-Inférieure)1. . 3° Ensuite vient le robenhausien (de Robenhausen , Suisse), dans lequel on faisait rentrer, il n’y a pas longtemps encore, tout le néolithique. On le rencontre assez souvent à la surface du sol autour de Rouen, dans les briqueteries de Bihorel, BoisguilJaume, Mont-Saint-Aignan, Notre-Dame- de-Bondeville, aux Mariveaux, commune de Pissy-Pôville, et quelques ateliers importants de cette époque ont été signalés aux environs de Saint-Heilier et de Saint-Saëns (Seine- Inférieure), et à Sainte-Barbe près Louviers, à Pitres, Alizay, etc., dans l’Eure. On y rencontre des instruments plus ou moins globuleux : nucléus, racloirs, perçoirs, plus ou moins retouchés, pointes de flèches ; ajoutons que ces dernières sont rares dans l’arrondissement de Rouen et plus communes dans les arrondissements du Havre et de Dieppe. A l’époque robenhau sienne, M. Philippe Salmon a pro¬ posé d’ajouter, comme apogée de l’âge de la pierre, une époque qu’il nomme carnacéenne , d’après la localité typique de Carnac (Morbihan), et dans laquelle il fait rentrer, en môme temps que les monuments mégalithiques, dolmens, menhirs, etc., les pierres polies du plus grand fini et de roches diverses : diorite, jadéite, serpentine, 1. G. Ivomain : L'atelier de tranchets de la Coudraie, in Reçue mensuelle de l'Ecole d'anthropologie de Paris , 6° année, t, V, lti mai 1896, granit, silex, etc., haches amul étiques ou votives, parfois de grandes dimensions, ou hachettes de quelques centimètres de longueur, dont on a rencontré de si beaux échantillons dans les sépultures néolithiques de la Bretagne, et que M. le docteur Prunières a recueillies également dans les dolmens de la Lozère1. Les instruments de cette époque — pierre polie — sont peu communs dans la Seine-Inférieure; les Musées d’histoire naturelle et d’antiquités de Rouen et quelques collections particulières en possèdent cependant quelques beaux échan¬ tillons recueillis à Rouen même, à Darnétal, à Sotteville, à Petit-Quevilly, Bihorel, etc. On en rencontre plus fréquem¬ ment sur différents points du département de l’Eure, et nous avons vu de magnifiques hachettes en fibrolithe recueillies aux environs de Beaumont-le-Roger lors de la construction de la ligne de Paris à Cherbourg. Une de ces hachettes, qui nous avait été communiquée par M. J. Soye, a été exposée à la séance extraordinaire, tenue à Gisors, le 20 octobre 1895, par la Société normande d' Etudes préhistoriques ; l’autre, absolument semblable comme façon, comme taille, comme nature de pierre, fait partie des collec¬ tions de M. Drouet, de Caudebec-lès-Elbeuf. II. - CONSTITUTION DES LIMONS QUATERNAIRES DANS LA SEINE-INFÉRIEURE. Les limons quaternaires ont une puissance considérable dans le nord de la France et en Normandie, et pour ce qui concerne la Seine-Inférieure, ils tiennent une grande place dans les couches supérieures du sol, principalement dans les arrondissements de Rouen, de Dieppe et du Havre. Dans l’arrondissement de Rouen, que nous avons surtout 1. Pli. Salmon : L’Age de la pierre à l'Exposition de 1889. .3/ exploré dans ces dernières années, on trouve ces limons sur le versant des plateaux, à des altitudes variant de 30 à 70 mètres (vallées de Maromme, de Darnétal, de l’Oison, etc.), et sur les plateaux eux-mêmes, à des hauteurs allant de 140 à 160 mètres, aux environs de Rouen, à Blosseville- Bonsecours, le Mesnil-Esnard , Bihorel , Boisguillaume , Mont-Saint-Aignan, et de 160 à 180 mètres dans quelques communes des cantons de Clères et de Bucliy. M. Ladrière, qui a fait une étude spéciale des limons quaternaires dans le nord de la France, a établi ainsi qu'il suit les couches qui les constituent le plus ordinairement : i I Assise supérieure. \ ! \ Limon supérieur brun rougeâtre. Limon fin jaune d’ocre (ergeron) contenant parfois des succinées. Gravier supérieur, ordinairement simple lit de très petits éclats de silex, galets tertiaires et parfois insti uinents mous- tériens. Assise moyenne. / Limon gris cendré ou blanchâtre avec manganèse ou i avec succinées et débris végétaux. [ Limon fendillé, nettement divisé en petits fragments \ schistoïdes colorés par de l’ocre brun rougeâtre. Limon doux jaunâtre avec points noirs charbonneux, i Limon panaché, argileux grisâtre avec veines jaunes, très I sableux à la base, contenant souvent de nombreuses con- ! crétions ferrugineuses filiformes. Gravier moyen formé de galets tertiaires, de silex éclatés V et usés, et d’autres assez volumineux, peu roulés. Limon noirâtre tourbeux ou tourbe, avec quelques suc¬ cinées. Glaise gris-verdâtre ou bleue, argileuse ou sablo-argi- l leuse, contenant quelques rares concrétions ferrugineuses, I des débris végétaux, quelques éclats de silex et parfois des I succinées. Assise J Sable grossier argileux, verdâtre, renfermant quelques inférieure. \ éclats de silex. I Diluvium ou gravier inférieur, formé de sable grossier et | de blocs assez volumineux de roches provenant des bassins hyd rographiques, des cours d’eau et des galets de même nature. On y trouve : Elephas primigenius , Rhinocéros ticlio- rinus , Equus , etc., et parfois des instruments chelléens. 58 — Ces trois assises limoneuses, séparées par de petits lits de cailloux, se retrouvent généralement sur différents points de la Normandie, où elles recouvrent les argiles à silex et la craie. MM. Marcelin Boule et Lennier les ont fait remarquer à la briqueterie de Frileuse, près le Havre, lors de l’excur¬ sion faite, en avril 1894, parla Société normande d' Etudes préhistoriques. Les coupes ci-après ont été relevées à cette briqueterie : Coure A dirigée de l’est a l' 'ouest. Terre végétale .... 0m60 Limon gris blanc sableux. 2 ,n » Limon gris blanc sableux avec quelques silex . . 1 m » Argiles à silex remaniés du type de Mélamarc près Bol bec . 4“ » Sables bigarrés plutôt blancs dits sables à fon¬ deur avec blocs de sables noirâtres manganésifères. Craie. Coupe B dirigée du sud au nord. Terre végétale . . . 0 m 60 Limon gris jaunâtre (argilctte ou ergeron) . 2m » Petit lit de cailloux. . 002 à 003 Limon jaune ocreux fendillé avec points noirs, provenant de la décom¬ position des végétaux, ce qui prouve que ces limons ont été assez longtemps à se déposer puisque des plantes s’y sont déve¬ loppées . 1 m 50 Deuxième lit de cail¬ loux . 002 4003 Limon rouge épaisseur atteignant jusqu’à. . . 5ra » Troisième petit lit de cailloux . 0m » Limon rouge contenant à la base de gros silex ou reposant sur des sables blancs et renfermant la faune à Elephas et à Rhi¬ nocéros . 5m D — 59 Nous croyons devoir reproduire ici les intéressantes observations auxquelles a donné lieu cette visite de la bri¬ queterie de Frileuse. M. Lennier ayant fait connaître que c’était dans la couche inférieure qu’avaient été recueillis les instruments de silex, tant chelléens que moustériens, et les ossements de mam¬ mifères conservés au Musée du Havre, M. Marcelin Boule dit : que « ce fait était identique à beaucoup d’autres qu’il avait relevés sur divers points du nord de la France, et identiques aussi à celui que présentent les localités de Mesvin et de Spienne, en Belgique; » mais il fait observer que « ce n’est pas seulement dans cette couche inférieure, « mais aussi dans les deux premières couches, que, dans « d’autres localités, on trouve indifféremment des silex « taillés sur deux faces ou sur une seule, avec la même « faune de mammifères; que, par suite, malgré la com- « plexité des dépôts de limon du nord de la France, leur « ensemble ne saurait correspondre qu’à une seule époque « géologique marquée par une faune toujours semblable. » — Et il ajoute : « Ces observations viennent à l’appui de « l’opinion de plusieurs savants, opinion que j’ai eu plu- * sieurs fois l’occasion de soutenir, à savoir qu’il est très- « imprudent de se fier aux diverses formes de silex taillés « pour établir 1 âge d’un gisement. Il semble que l’industrie « paléolithique ancienne, caractérisée par les instruments « chelléens, acheuléens ou moustériens, ait traversé de « longues séries de siècles sans subir de changements « appréciables, tandis qu’il n’en est pas de même des « phénomènes géologiques de la faune et de latlore b » M. Léon Coutil a indiqué, à Oissel, la coupe ci-après, aux briqueteries Godefroy, Lebray et Pellet “ : \. Extrait du procès-verbal de l’excursion au Havre en avril 1894, in Bull, de la Soc. normande d’Etudes préhistoriques , t. II, 1895, p. 17. 2. Bull, de la Soc. normande d’Etudes préhistoriques, t. I, p. 115. GO — Terre végétale . »m30 Limon brun ocrcux . . . 1 50 Limon gris cendré, d’un jaune pâle, presque blanc, doux, avec traces de calcaire dans la masse . 2 » A la base de ce dépôt se trouve un petit lit de cailloux ocreux . » 05 Limon ocreux un peu sableux . 1 » A la base de ce dépôt se trouve un second lit de cailloux ocreux. » 03 Limon rouge ocreux devenant plus foncé et plus dense vers la base. G » A la base de ce dépôt se trouve un troisième lit de cailloux ocreux et noirâtres mélangés à du sable aigre . » 10 Lits stratifiés de limon noirâtre ou blanc très léger et sans homo¬ généité renfermant des instruments acheuléens et moustériens et des os longs que l’on n’a pas étudiés jusqu’ici . 1 » Limon ocreux assez dense . 1 50 Premier dépôt de concrétions de calcaires, dites poupées du Lœss, et produites par le lessivage des couches supérieures qui s’appau¬ vrissent ainsi de leur excès de carbonate de chaux et deviennent plus argileuses . » 15 Limon ocreux un peu onctueux . 1 » Deuxième dépôt de concrétions calcaires . * 25 Limon doux sans homogénéité (terre folle des briquetiers). . . » 70 15 m58 Craie. I1J. - COMPOSITION DES ALLUVIONS QUATERNAIRES Nous empruntons encore au Bulletin de la Société normande d' Etudes préhistoriques (t. I, p. 121) le tableau ci-après, indiquant la composition des alluvions quaternaires des bas niveaux de la vallée de la Seine, d’après une coupe prise à Saint-Aubin-jouxte-Boulleng , localité où ont été rencontrés de nombreux ossements d'Elephas, de Bos, d'Equus, etc. 1° Humus . »m40 2° Cailloux roulés mélangés de sables rouges . . 1 50 3° Première couche de sables gris . . » 30 4° Cailloux roulés mélangés à des sables gris ....... » 50 — G1 — 5° Seconde couche de sables gris, a la base de laquelle s< trouvent les silex et les os . G° Graviers, cailloux roulés formant une masse compacte . . . 7° Argile à silex remaniés . 8° Cailloux roulés . 9° Argile plastique grise . RÉSUMÉ DES RECHERCHES ET DÉCOUVERTES PRÉHISTORIQUES FAITES JUSQU’ICI DANS L’ARRONDISSEMENT DE ROUEN. VILLE DE ROUEN. Paléolithique et Néolithique. — Les Musées d'histoire naturelle et d’antiquités de Rouen renferment de nombreux échantillons d’outils paléolithiques et néolithiques recueillis sur différents points de la ville, à 1 occasion d importants travaux de voirie exécutés dans la seconde moitié de ce siècle1. J.-M. Taurin, dans ses opuscules historiques et archéolo¬ giques publiés de 1855 à 1860, signale la découverte, dans 1. Il est grandement regrettable que ces instruments de l’âge de la pierre soient ainsi divisés entre les deux Musées; il y a dans chacun de fort beaux échantillons recueillis à Rouen et dans diverses localités de la Seine-Infe¬ rieure, et de curieux spécimens provenant de départements voisins et de différents points de la France et de l’étranger. Tous ces matériaux réunis en une même salle et classés méthodiquement (ce qui manque au moins poul¬ ie Musée des antiquités) offriraient ^ un vif intérêt, permettraient de juger de l’importance des récoltes paléolithiques et néolithiques en Normandie, et faciliteraient l’étude de la préhistoire, qui compte déjà à Rouen de nombreux adeptes. Ne pourrait-on profiter des nouveaux aménagements du Musée d histoire naturelle pour réserver une salle au préhistorique et y installer, en meme temps que les outils paléolithiques et néolithiques que possède ce Musée, ceux provenant d’anciennes collections, qui se trouvent au Musée des antiquités ? — 62 des fouilles faites rue de l’Impératrice, aujourd’hui rue Jeanne-d’Arc, près la Poste, à 4 mètres environ de pro¬ fondeur, de nombreux ossements de mammifères gigan¬ tesques. « Quelques-uns de ces ossements paraissaient avoir été transformés en instruments grossiers et tailladés avec des outils en silex ; d’autres semblaient avoir été fendus longitudinalement pour en retirer la moelle. Avec les ossements, les ouvriers déclarèrent avoir trouvé un certain nombre de cailloux noirâtres, tranchants, qu’ils ne con¬ servèrent pas. Il y avait aussi en cet endroit, à un niveau supérieur, de nombreux débris de bois de rennes et de cerfs; la plupart de ces derniers ossements avaient été également fendus et usés par le frottement, et ils ressem¬ blaient à des poinçons lacustres, » Plusieurs haches du type chelléen furent recueillies également dans ces fouilles. Des découvertes d’instruments en pierre polie ont aussi été faites à diverses reprises dans le quartier Saint-Romain, et, d’après Taurin, il aurait été recueilli vers la même épo¬ que (1850 à 1860), dans une tranchée ouverte à sept mètres de profondeur dans la cour d’une maison, rue Saint-Ni¬ colas, 56 (enclos portant le nom traditionnel de Collège de Darnètal ), un grand fragment de hachette « gauloise » en silex pyromaque, et un grand et beau vase « gallo-celtique »; et, dans les environs des rues Malpalu, Martainville, où existait autrefois un marais, sur lequel avait été construit, sur pilotis, la voie romaine venant de Lillebonne, de nom¬ breuses haches et autres outils, de la pierre polie. D’après l’abbé Cochet1, deux hachettes en silex ont été trouvées, en 1856, en creusant les fondations de la Gendar¬ merie. Le Musée des antiquités de Rouen possède : Une belle hache en silex poli, de 0m 28 sur 0m045, recueillie en 1861, dans V « île du Petit-Guav » ; !. Abbô Cochet : La Sei/ie- Inférieure historique et archéologique , 1804. — 63 — Deux haches en diorite : lune globuleuse, l’autre plus aplatie, trouvées à Rouen, en 1868 et 1869, Et une autre hache polie, mi-plate, de 0m20 sur 0 111 06, vers le tiers inférieur, rencontrée en 1879, « quai des Curandiers ». Ajoutons qu’à la séance de novembre 1893 de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen , M. le Dr Tourneux présenta une hache polie en silex provenant des dragages de la Seine aux environs de Rouen. CANTON DE BOOS. Belbeuf. (Environ 228 mètres d’altitude.) Mon. mègal. — Suivant l’abbé Cochet 1 : « Pierre drui¬ dique à Belbeuf, à ce qu’on assure. » D’après les renseignements que vient de nous fournir M. Maille, secrétaire de mairie et instituteur à Belbeuf, cette pierre mégalithique était autrefois posée sur la pente occi¬ dentale du coteau qui borde le vallon où coule le Becquet, et non loin de la source de ce ruisseau ; mais elle aurait été apportée, il y a environ cinquante ans, dans le parc du château de Belbeuf, où on la voit aujourd’hui ; un de ses supports est tout à côté, mais il est brisé; quanta l’autre, il est disparu. Cette pierre mesure 2m50 de longueur sur lra60 de largeur et 0m75 d’épaisseur. Le mégalithe de Belbeuf était, sans doute, une table de pierre comme celles signalées au Montmain et a Saint- Jacques-sur-Darnétal , et aujourd’hui complètement détruites. \. Abbé Cochet: Répertoire archéologique du département de la Seine- Inférieure, p. 2GC. Blosseville-Bonsecours. (Environ 140 mètres d’altitude.) Pal. — Bucaille aurait recueilli à la briqueterie Lefebvre et à la carrière Ricquier, à 2m50 de profondeur, de longues pointes moustériennes, et à 5 à 6 mètres de profondeur, une vingtaine de haches plates retouchées en tout leur pourtour, de formes rondes ou légèrement triangulaires. Un peu au- dessous de la couche de limon qui contenait ces derniers instruments, se trouvaient des haches à talon plus épais L Nos collègues, MM. A. Le Marchand et R. Fortin, pos¬ sèdent également des outils chelléens et moustériens à belle patine blanche, provenant des briqueteries de cette localité. (Voir l'intéressante note de M. R. Fortin sur les silex taillés du limon des plateaux des environs de Rouen, au Bulletin de la Société normande d' Etudes préhistoriques , t. I, 1893, p. 109.) Nèol. — A la surface du sol, Bucaille rencontra des grat¬ toirs et autres outils néolithiques. Boos. (Environ 100 mètres d’altitude.) Pal. — D’après l'abbé Cochet1 2, des hachettes en silex auraient été trouvées, en 1863, dans le bois de Boos. Le Mesnil-Esnard. (160 mètres d’altitude environ.) Pal. — Bucaille a recueilli en cette localité, à la carrière Lecœur, dans les limons, à 6 m 50 de profondeur et à la base de la « terre blanche », un certain nombre d’instru¬ ments paléolithiques, parmi lesquels des haches lancéolées 1. Bull, de la Soc. normande d’Etudes préhistoriques, 1. 1, 1893, p. 109. 2. Abbé Cochet : Répertoire archéologique , p.2G7. assez épaisses, de Om 16 à0m20de longueur, une hache triangulaire un peu arrondie à la base et plate; une autre, à 6m de profondeur, et des pointes moustériennes triangu¬ laires de 0 m 1 5 à 0 m 1S ; l’une d’elles, retouchée sut' les deux côtés, et une large lame ayant la forme d’un trapèze Nous avons recueilli également, à la briqueterie du Mesnil-Esnard, quelques lames moustériennes. Le Montmain. (Environ 160 mètres d’altitude.) Mon. inégal. ? — L’abbé Cochet avait signalé dans cette commune une « table de pierre » qu’il croyait « drui¬ dique'1 2 3 ». Il n’en existe aujourd’hui aucune trace. (La voie romaine, qui allait de Rouen à Paris, passait par Darnétal et la côte du Montmain.) La Neuville-Champ-d’Oisel. (160 mètres d’altitude environ.) Pal. ou nëol. — D’après l’abbé Cochet, trois haches en silex ont été rencontrées en cette commune : l’une aux Brûlins, les deux autres au Clos-Chapitre, en 1863 et 1864 L ( La voie romaine, conduisant de Rouen à Paris par Radepont, passait à la Neuville-Champ-d’Oisel. Cette voie porte aujourd’hui le nom de chemin de la Chaussée, ou chemin du Roi.) N otre-Dame-de-Franqueville. (160 mètres d’altitude environ.) Pal. — Bucaille a rencontré, en 1875, à la briqueterie Teneur, à 114 mètres d’altitude et à 6 mètres de profondeur, 1. Bull, de la Société normaiide d’Eiudes préhistoriques, t. I, 1893, p. 113. 2. Abbé Cochet : La Seine-Inférieure historique et archéologique, p. 114. 3. Idem : Répertoire archéologique , p. 270. — 66 — une hache ovale de 0 ni 22 de longueur ; à 155 mètres et à la base de la « terre blanche », une petite hache très-plate et parfaitement taillée; et à l’altitude de 160 mètres, à 4m50 de profondeur, une cinquantaine d’outils moustériens, dont quelques-uns, retouchés, atteignaient jusqu’à 0 m 15 de lon¬ gueur. Ces objets font partie des collections du Musée d’histoire naturelle de Rouen1. Nous avons également recueilli, dans cette briqueterie, en 1894, dans la couche supérieure des limons une dizaine de petites lames et de pointes moustériennes non retouchées. Saint- Aubin-Epinay. (Environ 153 mètres d’altitude.) Néol. — M. l’abbé Cochet signale la découverte faite dans cette commune, en 1862, d’une hachette en silex, qu’il rapporte à l’époque « gauloise2 3 ». Ymare. (Environ 135 mètres d’altitude.) Mon. még. ? — D'après l’abbé Cochet \ il existerait sur la commune d’Ymare, près du carrefour de Pitres, un « monu¬ ment druidique » ayant la physionomie d’un dolmen ; il se composerait d’une table de pierre posée sur deux autres pierres placées sur champ. « On disait dans le pays que ceux qui passaient dessous guérissaient de la fièvre et de la morsure des chiens enragés. » Dans une note additionnelle, à la fin du volume, l’abbé Cochet dit : « Ayant vu cette pierre, en 1864, elle ne m’a paru qu’un banc de pierre placé en cet endroit depuis un siècle ou deux. » 1. Bull, de la Soc. normande d’Etudes préhistorique s, t. I, p. 114. 2. Abbé Cochet : Répertoire archéologique , p. 270. 3. Idem , p. 271. — 67 — Cette pierre est indiquée à la carte de l’état-major sous le nom de « tombeau ». CANTON DE BUCHY. Buchy. (Environ 176 mètres d’altitude.) Pal. — Dans une briqueterie, située en cette commune, M. Quenouille a recueilli une hache amygdaloïde à patine blanche, ainsi que des lames moustériennes, quelques-unes retouchées. Il a trouvé des lames semblables dans une autre brique¬ terie près la gare de Montérollier-Buchy. Longuerue. (Environ 170 mètres d’altitude.) Pal. — A la briqueterie Cavillon , située le long de la ligne de Rouen à Amiens, près de la station de Longuerue, nous avons recueilli, en 1894, plusieurs lames et pointes moustériennes non retouchées. CANTON DE CLÈRES. Bosc-Guérard-Saint- Adrien. (Environ 170 mètres d’altitude.) Pal. — En 1893, M. l’abbé Rivière et moi avons recueilli à la briqueterie Léguillon une dizaine de lames et, de racloirs moustériens en silex gréseux, non patiné; ces ins¬ truments n'étaient pas retouchés. Cailly. (114 mètres d’altitude environ.) Pal. — Bucai 1 le a recueilli en cette commune de longues lames mouslériennes et des nuclei. — Ces objets sont au Musée d’histoire naturelle de Rouen1. Claville-Motteville. (Environ 168 mètres d’altitude.) Probablement Néol. — D’après l’abbé Cochet2, « haches en pierre de l’époque gauloise » trouvées à Claville vers 1830, et conservées au Musée de Rouen. i Clères. (Environ 90 mètres d’altitude.) Probablement Néol. — « Hachettes en silex » trouvées en 1861, en même temps que des haches de bronze (Musée de Rouen3). Eslettes. (160 mètres d’altitudeenviron.) Pal. — M. Raoul Fortin a rencontré, en cette localité, dans les terrains recouvrant les sables tertiaires formant le sol arable, une hache acheuléenne et une hache mousté- rienne4. . . Nous avons recueilli quelques lames et éclats moustériens dans la briqueterie situé audit lieu. 1. Bull, de la Soc. normande d’Etudes préhistoriques, t. V, 1893, p. 112 2. Abbé Cochet : Répertoire archéologique, p. 280. 3. Idem , p. 781. 4 Bull, de la Soc. normande d’Etudes préhistoriques, t. I, 1893, p. 113. — 69 Frichemesnil. (Environ 166 mètres d’altitude.) Pal. — Sur le territoire de cette commune, près de Bosc-le-IIard, M. Quenouille a trouvé, dans une brique¬ terie, des lames moustériennes, quelques-unes retouchées1 2 3. La Houssaye-Bérenger. (Environ 166 mètres d’altitude.) Néol. — En janvier 1895, après les labours, nous avons recueilli en cette localité, sur le talus d’un chemin creux conduisant au Val-Martin, un • petit grattoir néolithique finement retouché. Yquebeuf. (Environ 152 mètres d’altitude.) Pal. — Dans une briqueterie au hameau de Colmare, Bucaiile avait recueilli quelques lames moustériennes non retouchées -. CANTON DE GRAND-COURONNE. La Bouille. Pal. ou Néol. — « Hachette en silex » trouvée en 1861, par M. le Maire de la Bouille 1. Bulletin de la Soc. normande d’Etudes préhistoriques , t. I, p. 113. 2. Idem , p. 139. 3. Abbé Cochet : La Seine-Inférieure historique et archéologique, 1861. — 70 — Grand-Couronne. (Environ 115 mètres d'altitude.) Pal. — Aux briqueteries situées au village du Petit- Essard, à 114 mètres d’altitude environ, de nombreux spéci¬ mens des types chelléen, acheuléen et moustérien, ont été recueillis par MM. Th. Lancelevée et Blay. M. Lancelevée a publié un très-consciencieux travail sur cette station du Petit-Essard, dans le Bulletin de la Société normande d' Etudes préhistoriques (t. I, p. 117). Nous avons rencontré en cette localité, en 1894, un certain nombre d’outils paléolithiques et quelques outils néolithiques, parmi lesquels deux sortes de haches largement taillées en biseau et se rapprochant de certaines formes chelléennes. L’une de ces pièces ressemble beaucoup à l’instrument figuré sous le n° 47 de Y Atlas du Musée préhistorique. Petit-Couronne. Mon. mégal. — Dans son ouvrage intitulé La Seine-Infé¬ rieure historique et archéologique , l’abbé Cochet signale, pour cette commune, une « Pierre levée » connue sous le nom de Pierre d'Etat , sur le bord de la forêt du Rouvray, au fond d’un petit vallon. Ce menhir, dont « la forme est irrégulière, mesure 2m 25 de hauteur; la largeur à la base est de 2 m 40, et au'sommet de 1 m 30. Son épaisseur varie de 0 m 40 à 0 m 50 » . Il ajoute : « Il existait une seconde pierre à côté de celle-ci; elle a été enlevée en 1838 pour former le tombeau d’Hyacinthe Langlois au Cimetière monumental de Rouen. » Des idées superstitieuses étaient attachées à ces deux monolithes, et lors qu’on voulut enlever la pierre qui est maintenant au cimetière, et qui, comme sa voisine, portait le nom de Pierre d'Etat , « les bonnes femmes du voisi- « nage assaillirent les ouvriers de prédictions funestes ; « elles allèrent même jusqu’à affirmer que la pierre retour- — Ti¬ ff lierait d’elle-même au lieu où on l’avait prise. Il n’en a « rien été, cependant; elle continue à couvrir de son ombre « amie et de sa protection vénérée le sépulcre qu’on lui a « confié1 ». Néol. _ L’abbé Cochet et les abbés Bunel et Tougard, dans leur Géographie de la Seine- Inférieure, signalent également des « hachettes gauloises » trouvées en cette commune. Oissel. Pal. — Les briqueteries Grenet, Godefroy, Lehay et Pillet, à une altitude variant de 60 à 70 mètres, ont fourni à MM. R. Blay et Lancelevée de nombreux outils chelléens et moustériens. (Voir, pour ces découvertes et la constitution des couches de limon de cette briqueterie, le Bulletin de la Société normande d' Etudes préhistoriques, t. I, 1893, p. 115.) Ossements quaternaires . — M. Benner a rencontré, en cette commune, en 1885, à la base des limons qui recouvrent les graviers de la vallée de la Seine, des ossements d Ele- phas primigenius , d'Equus, de Bos primigenius et de Cervus , aujourd’hui déposés au Musée d’histoire naturelle de Rouen. Nous avons recueilli également, à différents niveaux de la balastière, ouverte près la gare d’Oissel, de nombreux fragments d’ossements d'Elephas et des dents d'Equus. Néol. — Le Musée des antiquités de Rouen possède une belle hache en diorite de forme globuleuse et mesurant 0m 50 de longueur sur 0m05 de largeur, trouvée dans les dragages de la Seine près d’Oissel. 1. MUe Amélie Bocquet : La Normandie romanesque et merveilleuse, 1845. Petit-Quevilly. (Environ 24 mètres d’altitude.) Pal . — Bucaille a recueilli en cette commune, dans les couches supérieures des graviers de la vallée de la Seine, deux haches amygdaloïdes , l’une de 0m 18 de longueur, l’autre de 0m 15, fortement patinées en jaune ocreux, et aux arêtes émoussées. Une hache coup de poing à talon, d’environ 0ra18, a été trouvée dans des fouilles, rue Garibaldi. Le Musée d’histoire naturelle de Rouen possède égale¬ ment divers autres instruments chelléens et moustériens provenant de cette localité; entre autres, une hache plate triangulaire, retouchée, de 0m08 de longueur sur0m04 de largeur, et deux lames moustériennes, l’une de grande taille et l’autre plus petite, très-épaisse, avec retouches à la pointe h Néol. — Four la période néolithique, le Musée des anti¬ quités de Rouen possède plusieurs pièces intéressantes recueillies au Petit-Quevilly ; entre autres, une belle hache en silex poli de 0m25 de longueur sur 0 m 05 ; une autre hache en silex roux de 0m20 sur0m06. Une hache marteau, en forme de losange, également en silex roux, faisant partie du même Musée, mesurant 0m26 sur 0 m 10 vers le centre, et trouvée en 1880 dans la Seine, vis-à-vis le Petit-Quevilly, a laissé des doutes aux membres de l’Ecole d’anthropolo¬ gie qui l’ont examinée lors de la réunion à Rouen de la Société normande d' Eludes préhistoriques. M. le I)r Tourneux a présenté, à la séance du 9 no¬ vembre 1893 de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen , une hachette polie en silex grisâtre recueillie à une profondeur d’environ 50 centimètres dans les terrasse¬ ments faits rue du Manoir-Queval, pour l’installation de l'usine Fenaille et Depeaux. 1. Bull, de la Soc. normande d' Etudes préhistoriques , t. I, 1893, p. 139. Une autre hache polie en silex a été trouvée par M. A. Le Marchand dans des terrassements faits aux Chartreux. Ossements humains. — Un crâne humain incomplet, recueilli par Bucaille dans leslimons rouges quaternaires au Petit-Quevilly, existe dans les collections du Musée d histoire naturelle de Rouen. On avait cru d’abord pouvoir le rap¬ porter à l’époque quaternaire, mais il a été reconnu depuis appartenir à l’époque néolithique. CANTON DE DARNÉTAL. Biliorel. (Environ 159 mètres d’altitude.) 1 pal . __ Les briqueteries Bansard et Lancesseur avaient procuré à Bucaille de nombreux coups de poing chelléens et acheuléens et de grandes lames moustériennes aujourd’hui au Musée d’histoire naturelle de Rouen. Nous avons recueilli également dans ces briqueteries, en compagnie de notre collègue et 1894, de beaux coups de poin M. l’abbé Rivière, en 1893 g acheuléens finement taillés, et quantité de pointes et de lames moustériennes. Il est à remarquer que les pièces provenant des limons de Bihorel sont généralement en silex cénomaniens, plus ou moins patinés, de couleurs rousse, grise, bleuâtre ou noire, et que l’on y trouve très-rarement des silex taillés à patine blanche. Derrière le cimetière du Nord, à 159 mètres d altitude, et à une profondeur de 4 à 5 mètres, blanche », Bucaille n’aurait recueilli dans le limon « terre que des instruments — 74 moustériens, et principalement de longues lames de silex à patine blanche.1 JVéol. — Nous avons rencontré aussi, M. l'abbé Rivière et moi, aux briqueteries de Bihorel, à la surface du sol, quel¬ ques outils néolithiques : grattoirs, perçoirs, etc. Ajoutons que sur d’autres points de la commune, et prin¬ cipalement à la ferme de M. Ponchy, on met parfois à découvert, lors des labourages profonds, des outils de pierre polie. Bois-d’Ennebourg. (Environ 155 mètres d’altitude.) Pal. — Une briqueterie située en cette commune nous a procuré quelques lames et éclats moustériens. Boisguillaume. (150 à 160 mètres d’altitude.) Pal. — La briqueterie Huet, située à droite de la route de Neufchâtel, à 100 mètres environ de la mairie de Bois¬ guillaume, et la briqueterie Léger, à gauche de la même route et environ 300 mètres plus loin, ont procuré à Bucaille de nombreux silex taillés des types chelléen , acheuléen et » moustérien. Il aurait recueilli, dans la première de ces briqueteries, une cinquantaine de haches longues : trente plus ou moins triangulaires, quinze de forme amygdaloïde, et une grande hache taillée, à talon, mesurant 0m 30 de longueur, 0m06 de largeur et 0 m05 d’épaisseur ; et à la briqueterie Léger, à 155 mètres d’altitude, et à environ 5 mètres de profondeur, 20 belles haches plates et de forme amygdaloïde ayant de 0 m 15 à 0 m 20 de longueur '2. 1. Bull, delà Société normande d' Etudes préhistoriques , 1. 1, 1853, p. 112. 2. Idem, t. I, 1893, p. 151. — 75 — Nous avons pu recueillir également, en 1893 et 1 89 dans ces deux briqueteries de Boisguillaume, en compagnie de notre collègue M. l’abbé Rivière, de nombreux coups de poing chelléens et acheuléens et des lames moustériennes. Nous avons, entre autres, rapporté de la briqueterie Léger un instrument taillé à grands éclats, de forme largement lancéolée, à talon épais et presque brut, mesurant 0m 25 de longueur sur 0 m 17 de largeur vers le centre, et0m09 à0m10 d’épaisseur dans le tiers inférieur, et pesant 3 kilog. 350 gr. Cet instrument, franchement chelléen, est certainement l’un des plus volumineux connus, et nous nous demandons si, en raison de son poids et de la difficulté qu'il présente au maniement, on doit lui donner le nom de « coup de poing? » Néol. — L'abbé Cochet signale « une flèche en pierre » trouvée en cette commune, dans le quartier Sainte- Venise L Nous avons trouvé à Boisguillaume, dans la terre végé¬ tale recouvrant les limons, quelques outils néolithiques robenhausiens. Darnétal. Pal. — M. Quenouille a recueilli en cette commune, sur la colline de Longpaon, de nombreux éclats acheuléens et moustériens V Néol. — Le Musée des antiquités de Rouen possède de beaux échantillons de la pierre polie provenant de cette localité ; entre autres : Une hache en silex roux, de 0m 16 de longueur sur 0m05 de largeur à la partie inférieure, à tranchant presque latéral, trouvée en 1879. 1. Abbé Cociiet : La Seine-Inférieure historique et archéologique , 1864. — Répertoire archéologique , p. 288. 2. Bull, de la Société normande d’Etudes préhistoriques, t. 1 , 1893, p. 112. — 76 — Une autre hache en silex grisâtre, globuleuse, de 0m19 de longueur sur 0m05, trouvée en 1882. Et MM. les abbés Bunel et Tougard, dans leur Géographie de la Seine-Inférieure, parlent de la découverte faite en cette commune, en 1872, par M. Gouellain, de quatre-vingts instruments en pierre, de l’époque néolithique. Saint-J acques-sur-D arnétal . (Environ 158 mètres d’altitude.) Pal m En cette commune, à la briqueterie Doucet, Bucaille a recueilli, en 1886, « à la base de la terre blanche » , des lames moustériennes retouchées qui font partie des collections du Musée d’histoire naturelle de Rouen'. Notre collègue M. le Dr Tourneux a trouvé aussi dans cette localité une belle pointe moustérienne finement retou- cliée sur les bords. Nous avons également, en 1894, M. 1 abbé Rivière et moi, rencontré à la même briqueterie Doucet plusieurs lames, pointes et racloirs du type du moustier, non retou¬ chés. « Mon. inégal. ? — A Saint-Jacques-sur-Dnrnétal aurait existé, d’après l’abbé Cochet, « une table de pierre, que l’on croyait druidique1 2 ». Il ajoute : « A l’époque féodale elle servait encore à rece¬ voir les plaids et les hommages des vassaux. » Cette pierre est aujourd’hui disparue. Lors d’une excursion que nous faisions récemment en cette localité pour recher¬ cher, sinon les vestiges, au moins l’emplacement de ce mo¬ nument, un vieillard que nous questionnâmes nous assura avoir vu, dans sa jeunesse, c’est-à-dire il y a une soixantaine 1. Bail, de la Soc. normande d'Etudes préhistoriques, t. I, p. 123. 2. Abbé Cochet: La Seine-Inférieure historique et archéologique , 1864. 77 c* * d’années, vis-à-vis l’auberge ayant enseigne « A la Toble-de-Pievre hameau situé au haut de la côte encore aujourd’hui pour », et au centre du petit de Darnétal, et qui porte également le nom de hameau de la Table-de-Pierre, une longue et large pierre plate, d’un gris blanchâtre, ressem¬ blant au calcaire de Caumont, couchée sur le sol; elle était, nous dit-il, fendue en deux vers le milieu, et fut débitée et taillée pour être employée comme matériaux dans la cons¬ truction de plusieurs maisons du hameau que l’on bâtissait à cette époque. Saint-Léger-du-Bourg-Denis. Pal, — MM. Bucaille et Benner ont trouvé au tertre de la Bretèque, sur le versant nord de la côte Sainte-Cathe¬ rine, à lm80 en contre-bas du sol et à 8 mètres au-dessus du niveau actuel de la rivière, des instruments en silex de l’époque moustérienne : pointes, grattoirs, couteaux, en même temps que des os longs de mammouth et de cheval, et divers ossements de proboscidés et d’un grand bœuf1. En 1873, M. Quenouille a également découvert de nom¬ breux instruments paléolithiques et néolithiques dans les sables siliceux du mamelon de la Bretèque : lames mous- tériennes, disques, nucléus, etc. M. Quenouille avait rencontré, en 1873, sur la partie est du coteau de la Bretèque, dans une couche d’argile, une hache acheuléenne à patine blanche. Ronch er olles-du- V ivier . (172 mètres d’altitude environ.) Pal . — M. Quenouille a trouvé,' en 1875, dans cette commune, à la surface du sol, une hache acheuléenne et 1. Voir, pour cette dans le Bulletin de isso. intéressante découverte, la note publiée par M. Benner la Société d'Émulation de la Seine-Inférieure , année 78 — des lames moustériennes de forme triangulaire, très* régu¬ lières et sans retouches. Bucaille a également recueilli en la même localité des lames moustériennes triangulaires. Cette découverte a été l’objet d’une communication à la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen en 1896. Ry. Néol. — Une belle hache en silex poli mesurant 0m20 de longueur sur 0m05 de largeur, aux bords latéraux taillés en biseau, trouvée en cette commune, fait partie des collections du Musée des antiquités de Rouen. CANTON DE DUCLA1R. Duclair. (Environ 70 mètres d’altitude.) Néol. — L’abbé Cochet signale la découverte faite à plu¬ sieurs reprises en cette commune de divers outils de pierre, entre autres une hachette en silex et une autre en serpen¬ tine1. Sainte-Marguerite-sur-Duclair. (127 mètres d’altitude environ.) Pal. et Néol. — Notre collègue M. Biochet a recueilli, à diverses reprises, en cette commune, de beaux silex acheu- léens et moustériens, et des haches en pierre polie, qui figurent à l’intéressant musée qu’il a installé à la Mairie de Caudebec-en-Caux . M. l’abbé Cochet signale la découverte faite en cette loca- 1. Abbé Cochkt : La Seine-Inférieure historique et archéologique , 1864. — 79 — lité, en 1852, d’une hache en pierre, conservée par M. le D1’ Gueroult, médecin à Caudebec1. Saint-Pierre-de-Varengeville. Pal. — Nous avons recueilli, en 1895, à la briqueterie située près le bourg de Saint-Pierre-de-Varengeville, à la partie supérieure des limons, quelques pointes et lames moustériennes non retouchées, et de nombreux éclats. Le Trait. Ossements quaternaires . — Dans la tranchée du chemin de fer de Barentin à Caudebec-en-Caux, lors de la construc¬ tion de la ligne, près de la station du Trait, à 33 mètres au-dessus du niveau de la rivière, on a trouvé deux molaires cYElephas primigenius. L’une de ces molaires, acquise par Bucaille, figure dans les collections du Musée d’histoire naturelle de Rouen 2. Au commencement de cette année (1896), de nouveaux fragments de molaires d 'Elephas et d’autres ossements qua¬ ternaires ont été recueillis dans une balastière ouverte, près de la station du Trait; une molaire presque entière que nous avons vue, et qui fait partie des collections de M. l’abbé Rivière, nous a semblé se rapporter à Elephas antiquus. CANTON D’ELBEUF. Caudebec-lès-Elbeuf. (Environ 50 mètres d’altitude.) Pal. et Néol. — D’après l’abbé Cochet, « des hachettes 1. Abbé Cochet : La Seine-Inférieure historique et archéologique , 1864. '2. Bull, de la Soc. normande d'Etudcs préhistoriques , t. 1, 1893, p. 139. en silex et des haches de bronze » auraient été trouvées en cette commune. M. Drouet, ancien Maire de Caudebec-lès-Elbeuf, archéo¬ logue distingué, a recueilli à diverses reprises, dans la briqueterie située près la ligne de Rouen à Orléans, et lors des travaux d agrandissement du cimetière, qui se trouve vis-à-vis cette briqueterie, de belles séries d’outils mous- tériens : pointes, racloirs, lames, couteaux finement taillés, et la plupart retouchés. MM. R. Blay et Th. Lancelevée possèdent également de belles pièces chelléennes et moustériennes provenant® de cette localité. Ossements quaternaires. — Ajoutons que M. Th. Lance- levée a trouvé, à la briqueterie de Caudebec-lès-Elbeuf, dans les limons « terre blanche », une tête de marmotte1. Mon. inégal. — D’après MUe Amélie Bocquet, « on voyait encore, il y a peu d’années, sur la lisièredela forêt d’Elbeuf, en face de Caudebec, une grande pierre assez informe, connue sous le nom de Porte d' Enfer ou de Marche du Trésor. « On prétendait qu’elle recouvrait une quantité « considérable de pièces d’or; mais que, chaque fois qu’on « voulait la lever, elle retombait de tout son poids sur les « imprudents ambitieux qui voulaient à tous risques tenter « de satisfaire leur désir de richesses. Cependant, on n'a « pas dit que l’enlèvement de la pierre ait eu un dénoué¬ es ment fatal : de trésor et de châtiment homicide, il n’a « plus été question2. » Il ne reste aucune trace de cette pierre. Saint- Aubin-j ouxte-Boulleng. (Environ 34 mètres d’altitude.; Pal. et Oss. quaternaires. — Nos regrettés collègues 1. llull. de la Soc. normande d'Etudcs préhistoriques, t. I, p. 112. 2. M,le Amélie Bocquet : La Normandie romanesque et merveilleuse , p. 187. Bucaille et P. Noury ont recueilli, à plusieurs reprises, dans les sables exploités depuis vingt-cinq ans par M. Auguste Hédouin, à Saint-Aubin-jouxte-Boulleng, des silex taillés du type du moustier et divers ossements de Rhinocéros ticho- rinus , Elephas primigenius, Equus caballus et Cervus tarandus. Dans ces dernières années, MM. Lancelevée, Deboos et Riberpré, ont fait semblables trouvailles dans les mêmes sablières b Et M. A. Le Marchand a présenté à la réunion tenue à Rouen, le 5 novembre 1893, par la Société normande d' Etudes préhistoriques , une belle vertèbre de mammouth trouvée dans la balastière de Saint-Aubin avec des débris d 'Equus de Cervus et de Bos. (Voir, pour cette dernière découverte, une note de M. A. Le Marchand dans le Bulletin de la Société géologique de Normandie , t. XII, 1886.) Au hameau de Saint-Aubin-Fourneaux, il a été trouvé des lames moustériennes. Lune de forme triangulaire retouchée, mesurant 0m15 de longueur. Néol. — Une hache en silex poli, de forme mi-cylindrique presque linéaire, malheureusement brisée à la tête, et mesurant encore 0 m 1 4 de longueur sur 0m03 à0m04 de largeur, recueillie en 1895 dans la terre végétale recouvrant une sablière, près la gare de Saint-Aubin , lait partie de nos collections. Elbeuf. Pal. et Ossements quaternaires. — A la carrière de la route du Neubourg et dans la tranchée du chemin de fer, près de cette carrière, à environ 40 mètres d’altitude, Pierre Noury a recueilli des lames moustériennes de 0m18 de longueur, mêlées à des ossements N Elephas primigenius (fragments de molaires, de défenses et de radius) et à des 1. Bull, de la Soc. normande d’Etudes prëhistorisques, t. I, 189b, p. 120. 6 - $2 - dents de Rhinocéros tichorinus. Ces objets ont été partagés entre les Musées de Rouen et d’Elbeuf. Ils ont été décrits et en partie reproduits par la lithographie, dans le Bulletin de la Société géologique de Normandie (pl. IV, fig. 1 et 2, année 1885). Dans des dragages faits en Seine, àElbeuf, de 1885 à 1887, on a recueilli un grand bois de Cervus elaphus, deux cornes et des omoplates de Bos priscus. Ces derniers ossements font partie des collections du Musée d’Elbeuf1. Freneuse. Pal . et Oss. quaternaires. — Notre collègue M. Montier a recueilli en cette commune, dans les limons des plateaux, des outils chelléens et des ossements cYElephas primi- genius. Saint-Pierre-lès-Elbeuf. Pal. et Ossements quaternaires. — A la grandeet à la petite briqueterie de Saint-Pierre-lès-Elbeuf, à des altitudes variant de 25 à 70 mètres sur le flanc du coteau, à l’embou¬ chure de la vallée de l’Oison, de nombreux instruments paléolithiques, chelléens, acheuléens, moustériens, ont été recueillis par MM. Chédeville, Lancelevée et R. Blay. Signalons surtout un coup de poing arrondi, taillé à grands éclats, ayant 0m275 de longueur sur 0 m 130 de largeur, et pesant 1 kilog. 750 gr., trouvé par M. Chédeville à la grande briqueterie. Dans ces deux briqueteries de Saint-Pierre-lès-Elbeuf il a été rencontré à diverses reprises, à la base des limons, de nombreux ossements d 'Equus caballus et de Bos, et M. Chédeville y a trouvé plusieurs têtes et un squelette entier de marmotte. Nous avons recueilli nous-même à la petite briqueterie quantité d’outils moustériens : racloirs, grattoirs, quelques- 1. Bull, de la Soc. normande d'Etudes préhistoriques , t. I, p. 113. — 83 uns retouchés, nombreuses petites lames en forme de cou¬ teaux et canifs finement taillés et à tranchant très-affilé, et une belle lame magdalénienne en silex poli, bleuâtre, fine¬ ment retaillée sur ses bords et aux deux extrémités qui sont en pointe, ainsi qu’un certain nombre d’ossements de Bos, cVEquus, parmi lesquels un fragment de mâchoire inférieure côté droit, contenant les trois prémolaires et la première arrière-molaire. (Voir, pour cette intéressante localité, un important travail de notre collègue M. Chédeville, au Bulletin de la Société normande d' Etudes préhistoriques , t. I, 1893, pages 128-138.) CANTON DE MAROMME. Déville-lès-Rouen. Pal. et Néol. — Lors de la construction de la ligne de Paris au Havre, des silex taillés et des outils néolithiques ont été recueillis dans les emprunts de limon et de terre végé¬ tale faits à la base du coteau dominant Déville, à la limite de cette commune et de celles de Marornme et de Bondeville, où existaient alors plusieurs briqueteries. Un beau moule de haches en bronze, trouvé également en cette localité, iors de la construction de la voie ferrée, figure au Musée des antiquités de Rouen. Houppeville. Néol. — Deux instruments néolithiques : l’un, épais ciseau en silex, ayant 0 m 19 de longueur, l’autre, sorte de hachette lancéolée en grès, deOm15 de longueur et 0m 07 dans sa plus grande largeur, présentant une carène longitudinale et taillée en biseau sur les côtés et les deux extrémités, dont l’une est en pointe, l’autre latérale, ont été recueillis en — 84 — 1895 clans une gravière ouverte en cette commune, à la limite de la Forêt-Verte, sur le versant du coteau dominant Notre-Dame-cle-Bondeville, et font partie de nos collections. Malaunay. Néol. — Sur le bord du chemin d’intérêt communal n° 205, du Houlme à Malaunay, sous la ligne ferrée de Paris à Dieppe et au Havre, et près du viaduc, nous avons recueilli, en 1894, dans une briqueterie récemment ouverte, dans la terre végétale recouvrant les limons, trois outils néolithiques : un grattoir-racloir, une petite lame en forme de fer de lance et un petit nucléus. Cette briqueterie est aujourd’hui inexploitée. Il est à présumer que des outils paléolithiques auraient pu être recueillis sur ce point si l’exploitation avait continué en profondeur. M ont- Saint- Aignan . (Environ 150 mètres d’altitude.) Pal . — MM. Benner et L. de Vesly ont recueilli en cette commune à la briqueterie Monflier, dans les limons, à la base de la « terre blanche », une pointe très-épaisse retou¬ chée des deux côtés, un petit disque (pièce de transition de Pacheuléen au moustérien) et des éclats longs et triangu¬ laires ; et à la briqueterie Lefebvre, au triage du Bel-Event, des haches plates circulaires rappelant les instruments d'Olendon (Calvados)1. La collection Bucaille, au Musée de Rouen, renferme aussi quelques beaux coups de poing, provenant des briqueteries de Mont- Saint- Aignan. Nous avons recueilli également à la briqueterie Lefebvre, de 1894 à 1895, en compagnie de notre collègue M. l’abbé Rivière, de nombreuses pièces chelléennes et acheuléennes, 1. Bull, de la Soc. normande d’Etudes préhistoriques, t. I, 1893, p. 12G. — 85 des pointes moustériennes plates à large biseau , communes là, et que l’on rencontre rarement autre part, et de grands racloirs du type Levallois, semblables à celui figuré sous le n° 61 du Musée préhistorique. Néol. — Nous avons aussi rencontré en cette localité, dans la terre végétale recouvrant les limons, aux brique¬ teries Lefebvre et Huet, quelques outils néolithiques : percuteurs, perçoirs, grattoirs, et un fragment de hache polie en silex. Montigny. Mon . mégal. ? — On a voulu voir un monument mégali¬ thique — pierre debout ou peulvan — dans un bloc de grès placé sur champ en cette commune, dans la partie nord-ouest de la forêt de Roumare, et vers le milieu de l’allée con¬ duisant delà maison forestière au carrefour du Chêne-Alleu1. Cette pierre, généralement connue sous le nom de « grès de Montigny », mesure environ 2 mètres de largeur sur 1 m 30 de hauteur et a une épaisseur moyenne de 0m45 ; elle semble avoir été taillée ou équarrie à la partie supérieure et sur les côtés ; l’une de ses faces, tournée vers le nord, est presque lisse, tandis que l’autre face présente de nombreuses cavités et érosions paraissant produites à la longue par les eaux du ciel tombant sur des parties plus tendres, plus sableuses, ce qui dénoterait un séjour prolongé de cette pierre à plat sur le sol avant son érection au point où nous la voyons aujourd’hui. Ce grès ne figure pas sur les anciennes cartes forestières, ainsi que nous nous en sommes assuré par des recherches à la Conservation des forêts ; et l’abbé Cochet, qui connaissait bien les environs de Rouen, n’en fait pas mention dans son ouvrage La Seine-Inférieure archéologique et historique ; 1. L. Muller : Autour de Rouen ; Rouen, Langlois, 1890. — Ed. Spali- kowski : Le menhir de Montigny {Le Naturaliste, n" de janvier 1896). - 86 il n’a dû être placé là que depuis le dernier aménagement de cette partie de la forêt, c’est-à-dire depuis une soixantaine d’années. Il ne présente, d’ailleurs, suivant nous, aucun caractère qui permette de le rattacher à un monument mégalithique. N otre-Dame-de-Bondeville. Pal. et Néol. — MM. les abbés Bunel et Tougard, dans leur Géographie de la Seine- Inférieure, indiquent des « haches de pierre » à Notre-Dame-de-Bondeville. L’abbé Cochet avait signalé également la découverte, en 1850, d’une « hachette en pierre », en la même commune, que conservait M. de Grandcourt, Conseiller général de Blangy. A la briqueterie Baron, située à la jonction de la com¬ mune de Notre-Dame-de-Bondeville avec celle de Déville, près la gare de Maromme, sur les versants ouest et nord, et à la base du plateau de Saint-Aignan, à une altitude variant de 30 à 40 mètres, M. l’abbé Rivière et moi avons recueilli, pendant les années 1893, 1894 et 1895, de nombreux outils chelléens à talons épais, largement taillés et de formes variées : ovalaires, amygdalo'ïdes. lancéolés, quelques-uns mesurant de 0m25 à 0m30 de longueur; quantité de pièces acheuléennes plates, taillées à petits éclats, entre autres un magnifique spécimen, parfaitement triangulaire, très-patiné. finement taillé et retouché dans tout son pourtour, et ressemblant pour la forme à l’échan¬ tillon figuré sous le n° 59 de l’atlas du Musée préhistorique ; des racloirs, des disques, des pointes et des lames, quelques- unes de grandes dimensions, et plusieurs fragments de lames magdaléniennes également finement taillées et retouchées, ressemblant aux figures 131, 135, 139 du Musée préhisto¬ rique. Par place, nous avons rencontré de nombreux éclats de silex dénotant en cet endroit un important atelier de tarde à l’époque paléolithique. 87 — En cette briqueterie, l’épaisseur des couches de limon est très- variable. Vers l'est, l’exploitation présente des coupes de 4 à 5 mètres de limon, avec la constitution ordinaire signalée et que nous avons reproduite au commencement de ce travail, et recouvrant un banc considérable d’argile à silex; tandis qu’à l’ouest et au nord, on ne trouve plus qu'une épaisseur variant de 0m50 et 0m60 à 1 mètre de limon au-dessus des argiles à silex. C’est surtout dans ces deux dernières directions, et à la base du coteau, qu’ont été recueillis le plus grand nombre d’instruments clielléens et les pièces de plus forte dimension. Ajoutons que presque tous les instruments paléolithiques recueillis en cette briqueterie sont en silex turonien ou sénonien de couleur blanche et fortement patinés. Néol. — Des déblais importants, faits en 1893 et 1894 à la limite ouest de la briqueterie, près la voûte du chemin de fer, pour l’ouverture d’un chemin se dirigeant obliquement à travers la propriété de M. Baron vers le chemin des Longs Vallons, ont mis à jour, dans la terre végétale recouvrant une faible couche limoneuse, de nombreux outils néoli¬ thiques, quelques ciseaux et tranchets campigniens, des percuteurs, grattoirs, poinçons robenhausiens, et quelques hachettes polies ou préparées pour le polissage. Un petit vase en terre noire, probablement de l’époque du bronze, a été trouvé sur ce point, lors de l’exécution des travaux dont nous venons de parler, et fait partie des collections de M. l’abbé Rivière. Cette importante exploitation, connue sous le nom de « briqueterie de Maromme », bien qu’elle soit située sur Notre-Dame-de-Bondeville, ou de « briqueterie Baron », du nom de son propriétaire, est certainement l’une des plus riches de l’arrondissement de Rouen, sous le rapport des découvertes préhistoriques. Elle nous a procuré en nombre les types les plus variés et les plus beaux, en même temps que quantité de lames et d’éclats des époques chelléennc, — 88 acheuléenne, moustérienne et magdalénienne, et de très-in¬ téressantes pièces de la période néolithique. D’un autre côté, la rencontre sur ce point d’un vase de Page du bronze, aussi bien que la découverte qu’on avait faite précédemment, tout près de là, à la limite de Déville, d’un beau moule de hache en bronze, dénote que cette contrée a été habitée d'une façon non interrompue pendant la période considérable qui s’est écoulée de la période paléolithique à l’àge du bronze. Pissy-Pôville. (130 mètres d’altitude environ.) Pal. — Nos collègues MM. Henri Gadeau de Iverville et R. Fortin ont recueilli en cette localité, au lieu dit les Marivaux, des silex taillés chelléens et moustériens1. Plusieurs visites, faites en compagnie de M. l’abbé Rivière, nous ont procuré également de nombreuses lames et pointes moustériennes provenant de la partie supérieure des limons à la briqueterie des Marivaux. Néol. — Nous avons également rencontré sur cette briqueterie, dans la terre végétale recouvrant ces limons, quelques outils robenhausiens. Nous possédons également de cette localité une hache plate en silex poli et à tranchant affilé, provenant de la collection de M. Délépine, médecin à Pavilly. Roumare. Néol. — Quelques points de cette commune mériteraient » d'être sérieusement explorés; plusieurs fragments de haches polies y ont été rencontrés, et, en 1845, on découvrait dans une partie de la forêt un dépôt de haches en bronze. Analysées par M. de Girardin, de Rouen, elles pesaient 18 parties de cuivre, 20 d’étain et 2 de zinc et de plomb2. 1. Bull, de la Soc. normande d’Etudes préhistoriques, t. I, 1893, p. 119. 2. L’abbé Cochet : La Seine-Inférieure historique et archéologique , 18(54. — 89 La Vaupalière Pal. — Dans la briqueterie située au hameau du Vaurnain, sur le bord de la forêt de Roumare, à 130 mètres d’altitude environ, nous avons recueilli, en 1895, à la partie supérieure des limons, quelques lames et éclats moustériens. CANTON DE PAVILLY. Barentin. (Environ 277 mètres d’altitude.) Pal. — M. Délépine, médecin à Pavilly, avait recueilli dans les briqueteries de cette commune de nombreux outils paléolithiques : lames, pointes et grattoirs moustériens. Beautot. M. l’abbé Cochet signale dans cette commune un chemin d’origine ancienne, portant le nom de « Chemin des Fées ». Il serait intéressant de rechercher les légendes qui peuvent exister à son endroit. Bouville. (107 mètres d’altitude environ.) Pal. — Dans une briqueterie ouverte à la limite de cette commune et de celle de Pavilly, nous avons rencontré, en 1894, des lames et éclats moustériens. Fresquienne. (130 mètres d’altitude environ.) Pal. — Une briqueterie située en cette commune a donné quelques outils moustériens. — 90 — Limézy. (Environ 165 mètres d’altitude.) Néol. — D’après l’abbé Cochet, M. Jacquernet, ancien curé de Limésy, possédait une intéressante collection * archéologique dans laquelle on voyait deux hachettes en silex trouvées à Limésy, l’une en 1859, l’autre en 1861 ; déjà, ajoute-t-il, on en avait trouvé deux en 1852 1 . Pavilly. (99 mètres d’altitude environ.) PaL — En 1888, Bucaille signalait la découverte faite par lui en cetle commune, dans les limons des versants, d’une belle hache ovalaire en silex ocreux, d’autres haches amygdaloïdes, et surtout de longues lames moustériennes (collections du Musée d’histoire naturelle de Rouen)2. M. Delépine, médecin à Pavilly, récemment décédé, avait également recueilli sur différents points de cette commune des silex acheuléens et moustériens. Ossements quaternaires. — Dans une carrière de silex ouverte à la base du coteau, à l’angle de la vieille route de Bouville, et près de sa maison, M. Delépine avait trouvé un beau fragment de molaire d’ Elephas primigenius qui faisait également partie de ses collections, et dont Mraç Délépine nous a fait don. Néol. — Nous devons également à la générosité de Mm0 Delépine une belle berminette en granit poli, plate en dessous, fortement bombée en dessus, à tranchant circulaire, et mesurant 0m20 de longueur sur 0m07 dans sa partie la plus large. Nous avons présenté cet intéressant instrument à la Société clés Amis des Sciences naturelles de Rouen dans la séance du 6 décembre 1894. 1. Abbé Cochet : Répei'toire archéologique , p. 351. 2. Idem , p. 355. 91 — Deux voies antiques devaient traverser Pavilly, l’une venant de Rouen, l’autre de Duclair et, se dirigeant sur Saint-Saëns et Argueil1. CANTON DE SOTTEVILLE-LÈS- ROUEN. Sotte ville-lès-Rouen. (Environ 30 mètres d’altitude.) Pal. et Néol. — D’après l’abbé Cochet, des « hachettes grossièrement ébauchées » auraient été trouvées dans les sablières de Sotteville et seraient conservées au Musée de Rouen, et une « hachette en pierre polie, de l’époque gauloise », aurait été rencontrée au hameau de Quatre-Mares, vers 1853, en construisant l’asile des aliénés. Une autre hache polie de forme étroite, en silex noirâtre, a été trouvée au même hameau en 1882. Ossements quaternaires. — Au même hameau de Quatre-Mares, à 4 mètres de profondeur, dans une sablière, on a découvert divers ossements quaternaires : côtes, débris de défense et extrémité inférieure du fémur d’un mammouth, portion de calcanéum d’hippopotame et dent de Rhinocéros tichorinus. Ces ossements sont conservés au Musée d’his¬ toire naturelle de Rouen2. Saint-Etienne-du-Rouvray. (Environ 35 mètres d’altitude.) Mon. mégal. — L’abbé Cochet indique dans une partie de la forêt du Rouvray, dépendant de la commune de Saint- 1. Abbé Cochet : Répertoire archéologique , p. 355. 2. Idem : La Seine-Inférieure historique et archéologique, 1864. — 92 — Etienne, « des restes de pierres druidiques couchées et des menhirs1 ». La plupart de ces pierres gisent encore sur la sol ; mais il ne s’agit là, croyons-nous, que d’énormes blocs défectueux sortis de la carrière voisine, autrefois exploi¬ tation importante, et d’où l’on aurait tiré, au Moyen-Age, une partie des matériaux employés à la construction de la Cathédrale de Rouen, et, plus récemment, ceux qui avaient servi à ériger les piles de l’ancien Pont-Suspendu, remplacé aujourd’hui par le pont Corneille. 1. Abbé Cochet : La Seine-Inférieure historique et archéologique, 1864. — 93 — MONUMENTS MÉGALITHIQUES DE LA SEINE-INFÉRIEURE ET PRINCIPALEMENT DE L’ARRONDISSEMENT DE ROUEN Comme on a pu le voir dans les pages qui précèdent, les véritables mégalithes — du moins ceux qui ont été conservés jusqu’ici — sont fort rares dans la Seine-Inférieure, et, disons-le, sont sans grand caractère. Ajoutons que leur recherche et leur étude paraissent avoir été assez négligées. Si l’on s’en rapporte aux travaux de la Commission spéciale créée au Ministère de l’Instruction publique et des Beaux- Arts pour la reconnaissance et le classement de ces monu¬ ments, il n’y en aurait que quatre dans le département de la Seine-Inférieure, tandis que l’Orne en posséderait 26, l'Eure 17, la Manche 14 et le Calvados 12. D’un autre côté, si l’on consulte la carte préhistorique de la Seine-Inférieure et le tableau qui l’accompagne, dressés par M. L. de Vesly d’après le Répertoire archéologique de l’abbé Cochet1, on trouve signalés : 1° Pour l’arrondissement de Rouen : A Belbeuf, canton de Boos, « pierre druidique » ; Au Montmain, même canton de Boos, « table de pierre » ; A Saint-Jacques-sur-Darnétal, canton de Darnétal, autre « table de pierre » ; A Petit-Couronne, dans la forêt du Rouvray, « deux menhirs, dont un debout » ; A Ymare, un « dolmen », connu autrefois sous le nom de la table du pain. \. V. Bull, de la Soc. d'Emulalion du Commerce et de l'Industrie de la Seine-Inférieure (année 18137). — 94 2° Pour l'arrondissement de Dieppe : Dans la commune de Dieppe et au hameau du Pollet — — hameau, entre parenthèse, qui compte aujourd’hui 5,700 habitants — une pierre dite : pierre du bonheur ; A Eu, près de l’église, une pierre dite : pierre de saint Laurent. 3° Pour l’arrondissement du Havre : Dans le canton de Criquetot-l’Esneval, à Pierrefiques (nom qui indique bien la présence en cette localité de monuments mégalithiques : pierres fiches , pierres fixes , pierres fixées ou fichées ), un ancien « dolmen » signalé en 1820; Dans le canton de Saint-Romain-de-Colbosc, en la commune des Trois-Pierres (nom bien significatif encore), des « pierres druidiques détruites ». 4° Pour l’arrondissement de Neufchàtel : Dans le canton de Gournay, et dans la commune de Gournay même, des « pierres druidiques détruites » ; Au Bosc-Yons, canton de Gournay, un « cercle de pierres » ; A Bézancourt, même canton, la « pierre qui tourne », sans doute un rouler ou pierre branlante. Et 5° pour l’arrondissement d'Yvetot : Dans la commune de Notre-Dame-de-Bliquetuit, canton de Caudebec-en-Caux, au hameau du Vay, un « menhir ». Commune de Vatteville-la-Rue, même canton de Caudebec, et dans la forêt de Brotonne, un « menhir » (petra-fixa, pierre-fiche) signalé en 1850. Commune de Villequier, dans le même canton de Cau¬ debec, une « roche vénérée, dite la Saint-Dernarcl ». Et, commune de Gerponville, canton de Yalmont, dans le bois de Picollet, la « pierre à légendes ». Il serait désirable que des recherches sérieuses fussent entreprises par ceux de nos collègues s’intéressant aux études préhistoriques, résidant dans le voisinage de ces diverses localités, afin d’être fixés sur les monuments ci- dessus indiqués et sur leur état actuel. Nous nous sommes, dans ces derniers temps, livré à la recherche de ceux qui avaient été signalés dans l’arron¬ dissement de Rouen, et nous pouvons, dès maintenant, fournir à leur sujet les observations suivantes, résumant ce que nous en avons dit plus longuement dans la nomencla¬ ture par communes qui précède : La « table de pierre » de Saint-Jacques-sur-Darnétal est aujourd’hui complètement détruite. 11 en est de même de la « Table » du Montmain, indiquée non loin de la précédente, au bord de la route conduisant de Darnétal à la Feuillie. La « table » d’Ymare, signalée d’abord par l’abbé Cochet comme monument druidique, n’aurait été plus tard reconnue par lui que comme un vulgaire banc de pierre. Un mégalithe, aujourd’hui disparu, aurait existé sur la lisière de la forêt d’Elbeuf; il consistait en une grande pierre debout assez informe, connue sous le nom de porte d'enfer . Le « menhir » de Montigny n’est, d’après les renseigne¬ ments recueillis, qu’un gros bloc de grès dressé sur champ, il y a une soixantaine d’années. Il n'y aurait donc à tenir compte actuellement, comme véritables monuments mégalithiques dans l’arrondissement de Rouen, que : V Des deux pierres levées signalées par l’abbé Cochet sur la commune de Petit-Couronne, au bord de la forêt du Rouvray, au fond d’un petit vallon, et connues sous le nom de Pierres d'Etat , et dont l’une d’elles a été transportée au Cimetière monumental de Rouen en 1838, pour constituer le tombeau d’Hyacinthe Langlois. Et 2° de la pierre de Belbeuf, qui, d’après les renseigne- — 96 — ments recueillis, ne serait plus actuellement en place et aurait perdu son caractère primitif. Il semble étonnant que le département de la Seine-Infé¬ rieure, l'un des plus riches sous le rapport des découvertes paléolithiques et néolithiques, soit l’un des plus pauvres sous celui des monuments mégalithiques. Les populations de l’époque néolithique, époque à laquelle on rapporte aujourd’hui les monuments que l’on désignait autrefois sous les noms de « druidiques » et « celtiques », ont certainement habité, pendant une longue période de temps, la région normande ; elles y ont laissé, sur différents points, les traces indéniablesde leur séjour et de leur indus¬ trie; mais, comme on vient de le voir, peu de spécimens de leur architecture. A cela, nous croyons pouvoir donner l’explication sui¬ vante : Sur certains points de l’Angleterre, et, en France, dans les départements bretons : le Morbihan, le Finistère, les Côtes- du-Nord, l’Ille-et-Vilaine, dans l’Anjou, etc., les monuments mégalithiques, encore aujourd’hui existants, se comptent par centaines. Ce sont des pierres levées ou menhirs ayant jusqu’à 15 et 20 mètres de hauteur b des allées couvertes, de 25 à 30 mètres de longueur, élevées au-dessus du sol de 2 à 3 mètres, comme à Bagneux, près Saumur (Maine-et- Loire), et à Essé (Ille-et-Vilaine), de grands dolmens, égale¬ ment élevés au-dessus du sol et de dimensions telles, que l’on a pu en utiliser quelques-uns comme granges, écuries, charretteries , etc.1 2 Mais dans ces diverses régions, les 1. Le plus connu et le plus important de ces monolithes est le mané ar groarch ou pierre de la fée , de Locmariaquer, arrondissement de Lorient (Morbihan), aujourd’hui en quatre morceaux gisant sur le sol, dont un a encore 12 mètres de longueur, et qui, lorsqu’il était debout, mesurait 21 mètres de hauteur, 10 m. 50 de diamètre, et atteignait comme poids 200,000 kilogrammes. 2. La pierre centrale de recouvrement du dolmen des ormeaux , près Fontevrault (Maine-et-Loire), mesure 22 mètres de longueur (Cartailhac : La France préhistorique , Paris, Alcan, 18S9). 97 matériaux propices abondaient : les granits, les gneiss, les schistes, les grès siluriens et tertiaires affleuraient le sol; les hommes de l’époque néolithique pouvaient, en nombre et à l’aide de forts leviers, soulever et détacher de ces roches stratifiées les larges dalles que l’on voit encore aujourd’hui debout, sous la forme de menhirs ou de dolmens. En Normandie, au contraire, ou du moins dans le dépar¬ tement de la Seine-Inférieure \ les roches crétacées, qui constituent presque en entier le sol géologique, ne pou¬ vaient procurer à l’homme de l’âge de la pierre les matériaux nécessaires pour de semblables constructions. Les leviers de bois n’avaient aucune prise sur les calcaires cénomaniens , et l’on conviendra que les ciseaux et tranchets campigniens, les grattoirs et perçoirs robenhausiens, les haches et her- minettes polies de la période carnacéenne, ne pouvaient déta¬ cher de bien gros morceaux de ces couches compactes. D’un autre côté, les marnes turonniennes et la craie sénon- nienne qui les surmontent n'offraient pas non plus de matériaux pouvant être utilisés pour l’érection de ces monu¬ ments des premiers âges. Il y a bien loin, pour nous qui les connaissons, des beaux mégalithes bretons et angevins dont nous venons de parler aux quelques blocs crétacés que l’on rencontre debout ou couchés sur différents points de l’arrondissement de Rouen; et en raison des observations que nous venons de présenter, nous nous demandons même si les pierres debout de la forêt du Rouvray, les pierres de Belbeuf et d’Ymare, et les tables de pierre aujourd'hui disparues du Montmain et de Saint- Jacques-sur-Darnétal , doivent être rapportées à l’époque néolithique ou ne seraient pas de dates plus récentes. Ajoutons que les dolmens angevins et bretons, générale- 1. Nous tenons à faire cette réserve, car — ce qui vient à l’appui de l’opi¬ nion que nous émettons ci-dessus — dans les départements du Calvados cl de la la Manche, où l’on rencontre des granits, des schistes, des grès, des aikoses, des calcaires jurassiques, les mégalithes encore existants et ceux signalés et détruits sont beaucoup plus nombreux. / — 98 — ment élevés au-dessus du sol, sont bien différents comme formes et comme dimensions des dolmens-sépultures, presque tous sous tumulis, que l’on rencontre dans les départements de l’Eure, de l'Oise, de Seine-et-Oise, etc. Nous partageons, d’ailleurs, l’opinion émise par de nom¬ breux préhistoriens, entre autres MM. Bertrand, G. de Mor- tillet, Nadailhac, etc., que les monuments mégalithiques n’appartiennent pas tous à une même époque, qu’ils n’ont certainement pas été élevés par le même peuple, et que si l’érection de la plupart des grands monolithes : menhirs, peulvans, allées couvertes, dolmens tri lithes , etc., peuvent être rapportés à la période de la pierre polie, quantité de pierres levées ou de dolmens sous tumulis doivent être rap¬ portés tout au plus à l’âge du bronze. Les ossements humains de l’époque quaternaire recueillis sur différents points du globe, l’outillage paléolithique et néolithique , des monuments mégalithiques, leur origine, leur destination, les populations qui les ont élevés, ont été depuis une trentaine d’années surtout l’objet de nombreux et intéressants travaux. Bien des opinions se sont fait jour, relativement à ces diverses questions touchant les premiers âges de l’humanité ; cependant, bien des points restent encore obscurs et ne pourront être élucidés qu’après des recherches patientes et multipliées. Pour ce qui concerne la Seine-Inférieure, un certain nombre de localités, où ont été vaguement indiqués des restes de la plus haute antiquité, mériteraient d’être sérieu¬ sement explorées et fouillées; quantité de vieilles pierres ou d'anciennes légendes demanderaient à être examinées, étudiées et expliquées. Peut-être d’agréables surprises nous sont- elles ménagées par les visites que nous comptons faire dans les autres arrondissements : La pierre du bonheur du Pollct , la pierre de Saint-Laurent d’Eu, pour l’arron¬ dissement de Dieppe; les dolmens de Picrrefique; les débris signales dans la commune des T rois-Pierres , pour l'arrondissement du Havre ; le cercle de pierre , de Bosc- 99 Yons, la pierre qui tourne de Bézancourt, dans l'arrondis¬ sement de Neufchàtel, et les menhirs de Bliquetu it et de Vatteville-la-Rue, la roche vénérée de Villequier et la pierre à légende de Gerponville, dans l'arrondissement d’Yvetot, nous feront peut-être revenir sur cette opinion, que nous avons émise plus haut, que les monuments mégalithiques de la Seine-Inférieure n’offrent pas grand caractère archi¬ tectural. Nous avons voulu, en ces quelques pages préliminaires d'un travail spécial et plus documenté, que nous nous pro¬ posons de faire paraître sur ce sujet, appeler l'attention des préhistoriens, des antiquaires, des chercheurs, sur ces monuments primitifs, dont l'étude, répétons-le, paraît avoir été assez négligée jusqu’ici. Et nous terminons en engageant ceux de nos collègues qui habitent le voisinage des diverses localités que nous venons d'indiquer, ou qui en connaî¬ traient d’autres possédant encore ou ayant possédé des mégalithes, à nous fournir les renseignements qu’ils pour¬ raient recueillir relativement à leur emplacement exact, à leur état actuel , aux légendes auxquelles ils ont pu donner lieu, et de nous indiquer les travaux qui, à leur connaissance, auraient été publiés à leur endroit, leur adressant d’avance nos sincères remerciements pour l’aide qu’ils voudront bien nous apporter. J. GALLOIS. ■*— *—*■ . > : . ■ ■ • . ■ . TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE PRÉSENT BULLETIN \ Pages Procès-verbaux des séances du l01' semestre 1896 .... 5 Note additionnelle aux communications faites précédem¬ ment par MM. Ed. Spalikowski et J. Gallois sur des ossements de Bœuf trouvés au Mont-Saint-Aignan, par Léon Coutil . 19 Passage de Sansonnets observé à Paris le 3 janvier 1896, par Léon Coutil . -1 Remarques sur le système dentaire de crânes humains protohistoriques de la Seine-Inférieure, par Ed. Spali¬ kowski . -7 Observations sur l’existence, en Normandie, de la Belette vison ( Mustela lutreola L.) ou Vison d’Europe, par Henri Gadeau de Kerville . 28 Note sur l 'Eucalyptus globulus L’Hér., par E. Niel .... 36 Sur la découverte de la Belette vison ( Mustela lutreola L.) dans le département de la Seine-Inférieure, par Henri Gadeau de Kerville . *0 Sur la signification symbolique des colliers de dents de chien, par Ed. Spalikowski . . Al Le paléolithique, le néolithique et les monuments mégali¬ thiques dans la Seine-Inférieure, par J. Gallois . . . 19 . . ' ' » • BULLETIN DE LA DE ROUEN BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES NAT U R 71 LJ DE ROUEN 4' Série. — Trente-deuxième année. — 2e Semestre 1896. ROUEN IMPRIMERIE JULIEN LEGERE 1897 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES AIS DES SCIENCES NATURELLES DE ROUEN PROCÈS-VERBAUX Séance du 2 juillet 1896. Présidence de M. Eugène N*iel, Président. Le procès-verbal de la séance du 4 juin 1896, dont M. le Secrétaire de Bureau donne lecture, est adopté. M. le Président donne ensuite communication de la cor¬ respondance manuscrite, qui comprend, notamment : Des lettres de MM. A. Le Marchand et M. Nibelle, s’excu¬ sant de ne pouvoir assister à la réunion, par suite d’absence. Et une lettre de M. le Maire de Rouen, faisant connaître que la loterie annuelle organisée au profit de la Caisse des Ecoles communales de Rouen sera tirée le jeudi 16 juillet prochain, et sollicitant le concours de la Société. L’Assemblée décide que, comme les années précédentes, un volume illustré de la collection Brehm sera mis à la dis¬ position du Comité de la loterie. Les publications reçues depuis la dernière séance sont ensuite déposées sur le Bureau, et M. le Président en donne la nomenclature. M. Henri Gadeau de Kerville fait don à de deux exemplaires des notules ci-après, qu paraître : la bibliothèque ’il vient de faire 1° Observations sur V existence, en Normandie , de ta Betette vison. Sur la découverte de cette espèce dans le département de la Seine-Inférieure ; 2° L'Orme commun de Nonant-le-Pin ( Orne ), avec une figure ; 3° Perversion sexuelle chez des Coléoptères mâles , avec une figure; 4° Description d'un Coléoptère anomal (Harpaius ser- ripes Quens.). Des remerciements sont adressés au donateur. La Société Linnéenne de Normandie a tenu sa réunion extraordinaire les 28, 29 et 30 juin, à Louviers, aux Ande- lys et à Pacy-sur-Eure ; la Société des Amis des Sciences naturelles y était représentée par son Président M. Eugène Niel, son Vice-Président M. Raoul Fortin, et par plusieurs de ses membres. Cette réunion a donné lieu à d’impor¬ tantes communications et à d’intéressantes excursions diri¬ gées par M. Gustave Dollfus, Président de la Société Géolo¬ gique de France, pour la Géologie et la Paléontologie ; MM. l’abbé Guttin et Henri Gadeau de Kerville, pour la Botanique et la Zoologie. M. E. Niel expose un certain nombre de plantes intéres¬ santes recueillies à l’occasion de cette excursion aux Ande- lys, et principalement au Château-Gaillard : Dianlhus caryophyllus L. Biscutella Neustriaca Bonnet. Arabis arcnosa L. Ononis natrix L. Trijolium scabrum L. Amclanchicr oulgaris Moencli. Buta graceolens L, Teucrium chamedrys L. Epipactis atro-rubens R. B. Cephalantkera rubra Ricli- Vincetoæicum officinale L. Melica glauca SehuUz {AIclica Magnolii G. et G.). — 109 — M. Wilhelm expose, au nom d’un entrepreneur de tra¬ vaux publics à Rouen, des fragments d’un gros Nautile du Cénomanien, recueillis dans des travaux de terrassements rue du Renard, à 2 m. 50 en contre-bas du sol. Ces fragments sont envoyés à l’examen du Comité de Géologie. Notre collègue M. Duquesne, pharmacien à Pont- Aude- mer, envoie un œuf de squale trouvé dans les vases prove¬ nant du curage de la rivière la Risle, à Montfort-Saint-I hil- bert (Eure). M. Ernest Chrissement envoie une note relative au traite¬ ment des poules atteintes de diphtérie par 1 application thé¬ rapeutique de l’oxyde de calcium. « Ce traitement , qui dure environ une semaine , consiste à mélanger avec les graines que Ion distribue aux volailles de la chaux éteinte à peu près pure. » Notre Collègue indique les proportions à observer pour ce mélange : « Mêler aussi intimement que possible une poi gnée de chaux, de façon à ce que les graines soient egale¬ ment imprégnées ; continuer l’application jusqu a ce que les volailles ne paraissent plus refuser de nourriture et repren¬ nent leur état normal. » Ce traitement administré dans plusieurs lermes à Grand- Couronne et à Pont-Saint-Pierre aurait parfaitement îéussi, aussi bien comme remède que comme préventif. Des remerciements sont adressés aux auteurs des exposi¬ tions et observations qui précèdent. M. le Président rappelle que la première excuision annuelle de la Société aura lieu le 5 juillet prochain, à Etretat. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. — 110 — Ouvrages reçus à la séance de juillet. Henri Gadeau de Kerville : I. Observations sur V existence, en Normandie, de la Belette vison. Sur la découverte de cette espece dans le département de la Seine-Inférieure . II. L'Orme commun de Nonant-le-Pin (Orne), avec une figure. III. Perversion sexuelle chez des Coléoptères mâles , avec une figure. O IV. Description d'un Coléoptère anomal ( Harpalus ser- ripes Quens.). (Dons de l’auteur.) Revue mycologique, n° 71, juillet 1896. Procès-verbal de la Société d’étude des Sciences naturelles d’Elbeuf, séance du 12 juin 1896. Bulletin des séances de la Société entornologique de France, n° 9, 1896. Revue des Sciences naturelles de l’Ouest, t. VI, n° 2, lor avril 1896. Bulletin de la Société industrielle de Rouen, 24e ann., n° 2. Le Naturaliste, 2° sér., nos 222 et 223. Bulletin trimestriel de la Société d’PIistoire naturelle de Mos¬ cou, n° 41, juin 1896. Revue scientifique du Bourbonnais, nos 101-102, mai-juin 1896. Bulletin de la Société d’Anthropologie de Paris, 4e sér., t. VI, 1895, 6e fasc., et t. Vil, 1er fasc. Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne, ann. 1895, 49° vol., et 14 avril 1896. Congrès des Sociétés savantes, 1896. Discours de MM. Gran- didier et Guieysse. Vierzehuter Bericht des Botanischen Vereins in Landshut Bayern, 1894-1895. Bulletin de la Société d’Histoire naturelle des Ardennes, l/° sér., t. II, 1895. Vrrhandlungcn des K. -K. zoologisch-botanischen Gessels- chaft, in Wien, jahr 1896, 5 helft. Journal of the Elisha Mitchell scientific Society, 20° ann., 1895. 111 Proceedings of lhe California Academy of Sciences, 2e sér., vol. 5, fasc. 2. Chicago Academy of Sciences, 38° Report annuel , pour l’année 1893. Bulletin de l’Académie des Sciences de Chicago, vol. 2, n° 11, 1896. Actes de la Société scientifique du Chili, 3e ann., t. V., 1893, 4° livrais. Bulletin mensuel de l’Observatoire météorologique central de Mexico, février et mars 1896. Séance clu 6 août 1896. Présidence de M. Raoul Fortin, Vice-Président. M. le Secrétaire de Bureau donne lecture du procès- verbal de la séance du 2 juillet, lequel est adopté. M. le Président procède au dépouillement de la corres¬ pondance manuscrite qui comprend, notamment : Une lettre de M. le Maire de Rouen remerciant la Société du bienveillant intérêt qu’elle a bien voulu témoigner aux élèves de l’Ecole primaire supérieure, en mettant un volume de son Bulletin à la disposition de M. le Directeur de cet établissement pour être donné comme prix d’histoire natu¬ relle. Des lettres de M. E. Niel, Président, et M. Ni belle, Tré¬ sorier, s’excusant de ne pouvoir, pour cause d’absence de Rouen, assister à la séance. La correspondance imprimée est ensuite déposée sur le Bureau. 112 — M. Henri Gadeau de Kerville fait don à la Bibliothèque de deux exemplaires de la note qu’il vient de publier sous le titre : Observations relatives à ma note intitulée : Per¬ version sexuelle chez des Coléoptères mâles (avec une figure dans le texte). M. L. Benderitter remet également pour la Bibliothèque un exemplaire du travail qu’il vient de faire paraître dans le Naturaliste et ayant pour titre : La Violette. Et M. H. Wilhelm fait don d’un exemplaire du menu qu’il avait dessiné pour l’excursion d’Etretat. Des remerciements sont adressés aux donateurs. M. Maurice Nibelle envoie deux truffes recueillies sur une pelouse, dans sa propriété d’Igoville (Eure). — Ces crypto¬ games seront soumises à l’examen de M. E. Niel, pour la détermination de l’espèce. M. Raoul Fortin fait connaître que les fragments de nau¬ tile, trouvés dans des terrassements rue du Renard, com¬ muniqués à la précédente séance, se rapportent au Nautilus elegans Sow. et à l’étage cénomanien, terrain dont la pré¬ sence a déjà été signalée à plusieurs reprises sur ce point. Le moment de s’occuper de la deuxième excursion de 1896 étant arrivé, M. Henri Gadeau de Kerville propose comme localités à visiter le Neubourg et ses environs. 11 pense qu’une visite de l’établissement Auzoux, à Saint- Aubin-d’Ecrosville, commune voisine du Neubourg, serait surtout intéressante. Il est décidé que l’excursion pourrait avoir lieu le 13 ou le 20 septembre prochain, et que le Comité spécial serait prochainement convoqué pour examiner ces propositions. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Ouvrages reçus à la séance d'août 1896. Actes de la Société linnéenne de Bordeaux, vol. XLIII, 5° série, t. VIII. La Feuille des jeunes naturalistes, n° 310, août 1896. Le Naturaliste, nos 224 et 225, 1er et 15 juillet 1896. Procès -v.erbal de la séance du 1er juillet 1896 de la Société des Sciences naturelles d’Elbeuf. Société d’histoire naturelle d’Autun, 8e Bulletin, 1895. Annales des Sciences naturelles devienne, 1895, nosl,2, 3 et 4. North american Fauna, n° 11, Washington, 1896. Précis analytique des travaux de l’Académie de Rouen, 1894-95. Revue scientifique du Bourbonnais, n° 103, juillet 1896. Bulletin de la Société d'études des sciences naturelles de Reims, t. V, 2e trim. 1896. Bulletin de la Société centrale d’horticulture de la Seine-Infé¬ rieure, t. 38, 1er cah., 1896. Bulletin de la Société normande de géographie, mai-juin 1896. Mémoires de la Société entomologiquc de Belgique, t. III, IV et V, 1895. Annales de la Société entomologique de Belgique, t. 39, 1895. Bulletin de la Société géologique de Normandie, t. XVI. Revue des sciences naturelles de l’Ouest, t. VI, nos 2 et 3. Bulletin de la Société des sciences naturelles de Nancy, série 2e, t. XIV, fasc. XXX, 1895. Revue des travaux scientifiques, t. XV, n° 12, et t. XVI, n°9 1 et 2. Verhandlungen der K. -K. zool.-botanisch. Gesselschaft in Wien XLVI, Jahr 1896, 6 Haft. Bulletin de la Société d’anthropologie de Paris, t. VI, 4° série, fasc. 5, 1896. Bulletin de la Société entomologique de France, 1896, nos 10 et 11. Schriflen der vereiner zur Verbreilung in Wien, 1896. Mémoires de la Société d’agriculture, sciences et arts d’An¬ gers, 4° série, t IX, 1895. Recueil des travaux do la Société d'agriculture de l’Furc, 5e série, t. III, 1895. Bulletin de la Société géologique de Mexico, n° 3, 1896. 8 114 — E. André : Spéciès des Hyménoptères d’Europe et d’Algérie, t. V. Henri Gadeau de Kerville : Observations relatives à ma note intitulée : Perversion sexuelle chez des Coléoptères mâles (avec une figure dans le texte). — Don de 1 auteur. E. Benderitter : La Violette. (Extrait du Naturaliste.) Don de hauteur. Séance du 1er octobre 1896. Présidence de M. Eugène Niel, Président. Lecture est donnée par M. le Secrétaire de Bureau du procès-verbal de la séance du 6 août, lequel est adopté. M. le Président procède au dépouillement de la correspon¬ dance qui comprend, notamment, une lettre de M. le Piési- dent et de M. le Secrétaire général de l’Exposition nationale et coloniale de Rouen, nous informant que le Jury supé¬ rieur de l’Exposition avait accordé à notre Société une médaille d’or pour la collection des Bulletins de ses tia- vaux exposés dans le Groupe I, classe 4. Les publications reçues depuis la dernière réunion sont ensuite déposées sur le Bureau, et M. le Président en donne la nomenclature. M, Henri Gadeau de Kerville fait don à la bibliothèque de deux exemplaires du travail qu’il vient de publier sous le titre : Note sur les têtes de Coqs pourvues d'ergots gref¬ fés (avec une figure dans le texte). Et M. Wilhelm offre un exemplaire du menu qu’il avait 115 — dessiné pour l’excursion faite récemment par la Société au Neubourg et à Saint-Aubin-d’Ecrosville. Des remerciements sont adressés aux donateurs. M. le Président annonce en ces termes le décès de M. Gil¬ let. d’Alençon (Orne), mycologue bien connu : « La science botanique vient de perdre un de ses plus fervents adeptes en la personne de M. C.-C. Gillet, décédé le 1er septembre dernier, à Alençon. « Collaborateur de M. Magne pour la Nouvelle Flore fran¬ çaise , M. Gillet s’était spécialement occupé de mycologie, et commençait, en 1874, la publication de son important ouvrage sur les Hymènomycètes de France , travail immense, renfermant un grand nombre de planches coloriées, très- apprécié des savants. Au mois d’avril dernier, ce travailleur infatigable, âgé de près de quatre-vingt-dix ans, faisait paraître une nouvelle série de planches, complétant ainsi l’œuvre admirable à laquelle il avait consacré tous scs soins depuis vingt-deux ans. » La Société mycologique de France a tenu ses assises annuelles à Eu dans les derniers jours de septembre. Notre collègue, M. Niel, ayant pris part aux excursions, signale, les champignons suivants comme espèces rares ou peu com¬ munes : Bois du Parc du Chateau. Clavaria cristata. — fragilis. Cralerellus crispus. Helvella crispa. — lacunosa. — mitræformis. — elaslica. Polyporus Forquignoni Fr. — Sur branches mortes ; espèce très-rare. Amanita strangulata. Lactarius fuliginosus. — scrobilicatus. — pallidus. — glyciosmus. Clitocybe cerussata. Enloloma sericellum. Russula delica. — olivacea. Leolia lubrica. — 116 — Haute Forêt Amanita aspera. strobiliiormis. Tricholoma ustale. Hygrophorus psitlacinus. — chrysodon. Lepiota gracilenta. Lactarius fuliginosus. — picinus. Pholiota radicata. — diaposa. d’Eu (Blanc y). Marasmius coherens. — globularis. Omphalia rufescens. — umbellifera. Coprinus picaceus. Russula olivascens. Cortinarius anthracinus. Nancoria carpophila. Boletus strobilacens. Lycoperdon echinatum. A la séance du 2 août dernier, notre collègue, M. Maurice N i belle, a présenté deux truffes récoltées sur des arazons dans sa propriété d’Igoville. Cette tubéracée, soumise à l’examen de M. Niel, a été rapportée par lui à l’espèce Tuber œstivum Vitt. (Tulasne, Fungi hyp ., tab. VIII, fig. 3). Ce rare champignon, à la connaissance de M. Niel, n avait été signalé, jusqu’à présent, que par M. A. Le Breton, qui l’avait trouvé dans la forêt de Saint-Saëns. M. Maurice Nibelle ajoute que de nouveaux exemplaires de ce cryptogame ont été mis à jour dans ces derniers temps sur différents points de sa propriété, sans doute par le grattage des lapins. M. E. Niel expose sur le Bureau les plantes suivantes : Ber ter o a incana D.C. ( Alyssum incanum L.). — Dans les terrains avoisinant la gare des marchandises de la gare d'Orléans, où elle est très-abondante. Cette plante assez rare, appartenant à l’Alsace et au Midi, tend à se répandre dans la Haute-Normandie; elle avait été déjà signalée par notre savant collègue, M. de Ber- gevin, dans les environs de la gare d'Orléans. Androsœmum officinale Ail. — Récoltée au carrefour de Longue-Mare, dans la haute forêt d’Eu, le 26 septembre dernier. Sedum dasyphyllumL. — Sur un vieux mur près de la filature, à Arques-la-Bataille, 28 septembre. M. Niel expose également les champignons suivants : Aecidium Lycopsidis Desv. — Sur Lycopsis ai'vensis Etretat. Craterellus crispus Sow. — Forêt d’Eu, 26 septembre. Helvella elastica Bull. ici. id. Helvella lacunosa Afz. id. ici. Clavaria pistülaris L. id. id. M. E. Bachelay, de Brémontier-Merval, envoie des échan¬ tillons d’une hépatique qu’il a rencontrée en quantité, dans une marc, à Elbeuf-en-Bray, le 5 août dernier, en compa¬ gnie de la lentille d’eau, et qu’il serait heureux de voir déterminer par un spécialiste. M. E. Niel dit que cette hépatique est la Riccia flui- tas L., espèce assez commune en Normandie. M. R. Fortin présente, au nom de M. E. Bachelay, une gentille petite pierre à aiguiser, percée d’un trou rond à l’une de ses extrémités, et trouvée par notre collègue à 0m50 de profondeur, sur le bord de la rivière à Brémontier- Merval. M. Fortin pense que ce petit instrument peut être rapporté à l’époque mérovingienne. M. Emile Lucet expose un rosier cultivé, présentant les phénomènes de la fasciation, et M. le Secrétaire de Bureau donne lecture de la note ci-après, remise par notre collègue à ce sujet : — 118 — PRÉSENTATION cl u phénomène de la fasciation sur un rosier cultivé variété hybride remontante Paul Neyron Par Émile LUCET Chez les végétaux, diverses maladies sont causées par l’excès de matières nutritives et d’eau; parmi celles-ci, nous examinerons un mode de développement qui ne répond pas du tout au but de la culture : nous avons désigné la fas¬ ciation. D’après E, Littré et Ch. Robin1, la fasciation est un phénomène de tératologie végétale caractérisé par la forme aplatie ou rubanée substituée à la forme cylindrique ou prismatique des tiges normales. Germain de Saint-Pierre2 a montré que c’est le pre¬ mier degré de la séparation verticate ou partition d’un même axe en deux ou plusieurs parties, constituant autant d’axes nouveaux, et ne différant que par leur origine d’un seul axe normal. Lorsque la tige d’une plante est cylindrique et qu’elle s’aplatit, on dit que la plante est fasciée, les feuilles sont normales, mais plus nombreuses et dérangées de leur posi¬ tion ordinaire. C’est une monstruosité accompagnée d’une belle végétation, et dans laquelle les fibres ligneuses, au lieu de se placer circulairement, se rapprochent les unes à côté des autres sur un plan parallèle. !. Dictionnaire de médecine , de chirurgie , de pharmacie , de l’art l éterinaire et des sciences qui s’g rattachent , 14e édition, page 595. Paris, 1878. 2. Dictionnaire de botanique, page 520. Paris, 1870. — 119 — Ce phénomène de tératologie végétale persiste pendant plusieurs années; il peut même se transmettre assez fidèle¬ ment par bouture ou par semis, d’après MM. A. d’Arbois de Jubainville et J. Vesque Cette rapide description de la maladie étant donnée, ajou¬ tons que très-rarement les individus du genre Rosa en sont atteints, bien que 150 plantes au moins soient sujettes à la fasciation. Nous avons la satisfaction de pouvoir soumettre à votre bienveillante attention un échantillon très-rare et remarquable dans son genre, découvert dans notre collec¬ tion de rosiers cultivés. C'est un rosier hybride remontant, issu de la belle variété Paul Neyron; celle-ci très-vigoureuse, rustique, donne naissance à des roses d'une dimension peu commune, 12 à 15 centimètres de diamètre et davantage, d’un rose foncé magnifique, d’abord globuleuse, plus tard en coupe pleine, peu odorante. Elle reste la véritable reine de toutes les roses comme grosseur de ses fleurs! Le spécimen que nous avons l’honneur de vous présenter a pris naissance à la base d’un jeune rosier greffé rez-de- terre qui s’était affranchi en 1895. Avec toutes les précau¬ tions nécessaires, nous l’avons séparé du pied-mère et il lut cultivé en pot. La tige a atteint très-rapidement son accrois¬ sement complet en longueur en s’élargissant considérable¬ ment;. au mois de novembre 1895, elle avait 0m70 de lon¬ gueur, une base cylindrique de 0m015 de diamètre, et une largeur de 0in051 au sommet; à ce point extrême, l’épaisseur est de 0m905, semblable à celle observée sur le parcours des faces latérales de la tige. La plante présente l’aspect d’une cactacée privée d’aiguil¬ lons ou épines ; Epiphy lluwi phylltintoïdes Iloit., ou Phyllocactus phyllantoïdes Salin. ; la tige est cylindrique à la base, puis aplatie à partir de 0m09 du sol, légèrement concave sur la face antérieure et fort peu convexe sur la 1. Les maladies des plantes cultivées , page 31. Paris, 1878. 120 — face opposée; sa courbure moindre est de 0m637 de lon¬ gueur; la plus grande atteint 0 m 7 1 5 de longueur; en un mot, elle a le faciès d’un sabre de cavalerie recourbé, ou bancal. Son épaisseur est de 0m005 sur les deux faces latérales. A partir de 0m09 du sol, la tige a 0m011 de largeur; elle commence alors à s’aplatir. A 0m20, ellea0m021 de largeur; à 0m30, elle atteint 0m028; à 0m40 du sol, 0m031 ; à 0m50 du sol, elle a 0m037 de largeur; à 0m60, 0m043; à 0ra655dusol, elle a sa plus grande dimension en largeur, 0m053. Sa hau¬ teur verticale est de 0m60 du sol au sommet supérieur. En 1895, les bourgeons foliacés se sont développés au sommet de la tige et constitué ce qu’on désigne sous le nom de tête du rosier; le sommet de la tige est partagé en trois parties distinctes; l’inférieure, de la grosseur d’une plume d’oie, a 0m005 de diamètre et 0ra375 de longueur; ce rameau, bien feuillu, vigoureux, a été uniflore; il se trouve situé à 0m595 de la base de la plante; l’intermédiaire, très-aplatie, a 0m024 de largeur et 0m037 de longueur ; elle est à 0m63 au- dessus du sol; on y trouve un rameau bien développé, à feuilles nombreuses et d’une belle végétation; ce rameau uniflore a 0m225 de longueur; sur les deux faces on trouve de nombreux bourgeons à l’état latent; enfin, la partie supé¬ rieure a 0m027 de largeur, très-aplatie, et 0m051 de lon¬ gueur; elle se trouve à 0m675 de la base du rosier, et est garnie de quatre rameaux vigoureux et bien feuillus, dont deux uniflores : 1 inférieur de 0m25 de longueur, le supérieur de 0m56 de longueur. Cette année, en 1896, la végétation a développé sur la partie inférieure cinq rameaux de moyenne vigueur, dont l’un a <‘té uni flore; la seconde partie s’est augmentée d’un rameau non florifère de 0‘“08 de longueur, et de deux bourgeons foliaires atrophiés dans leur développement; la partie supé¬ rieure a émis un rameau uniflore de 0m15 de longueur, et un autre sur 1 autre face non florifère, assez vigoureux, de 0ra 12 de longueur. — 121 — Les rameaux de l’année précédente se sont bien développés; ils ont émis des feuilles d’une belle végétation. Les fleurs recueillies furent de dimension très-modeste, plus de moitié moins grandes que celles du pied-mère, et plus aplaties, sans être plus odorantes. Cette année, en 1896, après l’avoir placé dans un pot de dimension convenable, dans lequel il lui fut facile d’émettre scs racines, nous avons constaté un développement assez consi¬ dérable des bourgeons latéraux; cette fois aussi, la dimen¬ sion des roses est demeurée minuscule pour cette variété à grande fleur. Que si vous jugez digne de reproduire par une figure cet intéressant et rare exemple de tératologie végétale chez le Rosier, nous mettons ce spécimen à l’entière disposition de l’honorable collègue de notre chère Société qui possède les secrets de l’art photographique. Des diverses observations que nous avons l’honneur de vous présenter, il résulte que, contrairement à la théorie généralement admise, le phénomène de la fasciation est accompagné d’une belle végétation; nous avons constaté chez l’échantillon fascié que nous soumettons à votre examen éclairé une végétation limitée au point de vue général du développement de la plante et une production de fleurs chétives. La culture du Rosier présenté a été normale et non inten¬ sive. Nous suivrons attentivement les phases successives de son développement. Pour détruire la fasciation, MM. A. d’Arbois de Jubainville et J. Vesque 1 conseillent d’enlever toute la partie qui en est affectée; il se développe alors en bourgeon latéral qui prend la place du bourgeon terminal. I. Loc cit . 122 — M. E. Lucet expose, en outre, une feuille de rosier hybride remontant sur laquelle on remarque, sur la face inférieure, la peau d'une chenille à la période de la première mue, de YOrgya antigua L., et, au-dessous, un cocon parcheminé blanc sale et taché de plaques noires; le 28 septembre dernier, le cocon donna la liberié à un Ichneumon, retenu dans le flacon. Au nom de M. F. Bertheuil, pharmacien à Lyons-la-Forêt (Eure), M. Henri Gadeau de Kerville expose une Cigogne noire [Ciconia nigra (L.)] pas encore adulte, qui a été tuée à Beauficel (Eure), près de Lyons-la-Forêt, le 5 septembre 1896, par un garde particulier, M. Vincent Lamothe. Cet exemplaire, que M. L. Petit, taxidermiste à Rouen, a soigneu¬ sement empaillé, ornera la pharmacie de M. F. Bertheuil. La présence de la Cigogne noire dans la province nor¬ mande est tout à fait exceptionnelle. [Voir, à ce sujet, Henri Gadeau de Kerville. — Faune de la Normandie , fasc. III, p. 309 et 51 1 J. M. Henri Gadeau de Kerville communique un résumé du quatrième fascicule de sa Faune de la Normandie , qui contiendra les Reptiles, les Batraciens et les Poissons, un supplément aux Mammifères et aux Oiseaux, et une liste méthodique de tous les Vertébrés sauvages dont la présence a été constatée en Normandie. Notre collègue fait passer sous les yeux de l’assemblée une centaine de bocaux renfermant des Reptiles, des Batra¬ ciens et des Poissons normands, sur lesquels il donne des renseignements nombreux. Cette très-intéressante exposition, dans laquelle figurent beaucoup do spécimens recueillis par M. Henri Gadeau de Kerville dans les explorations qu’il a faites sur les côtes normandes, promet à notre Bulletin du deuxième semestre de 1896 un travail de premier ordre, et les membres pré- — 123 — sents remercient leur savant et infatigable collègue chaleureux applaudissements. par de M. Henri Gadeau de Kerville donne lecture des intéies- santés lignes qui suivent : NOTE SUR UN PHOQUE VEAU MARIN (PHOCA V1TULINA L. ) TUÉ A CABOURG (CAB Y ADOS) Par l’Abbé A.-L. LETACQ Au mois de septembre 1896, mon honorable ami M. Pichon, d’Argentan, me faisait voir, dans sa collection d animaux empaillés, un Phoque qu’il avait tué à Cabourg, en juillet 1893. La forme de sa tête, sa dentition, son pelage d’un blanc sale, parsemé de taches brunes sur le dos, me permirent de reconnaître un jeune exemplaire de Phoca vitulina; il mesure 0™75 de la tête à l'extrémité de la queue, la moitié à peine de sa longueur ordinaire, et son poids n'atteignait pas 15 kilogrammes. Le Veau marin est accidentel et rare sur nos côtes noi- mandes, bien que, d'après Paul Gervais, il en existe près de nous, dans la baie de la Somme, une petite colonie sédentaire. Dans le premier fascicule de sa Faune de la Normandie, M. Henri Gadeau de Kerville en signale quel¬ ques captures près de Dieppe, du Havre, à l’embouchure de l’Orne et sur le littoral de la Manche. L’heureux coup de fusil de M. Pichon me permet d’y ajouter une nouvelle indication intéressante pour la faune de notre province. Lci note suivante est communiquée par l’auteur, qui montre le spécimen en question : SUR UNE TETE DE SOURIS COMMUNE PRÉSENTANT UNE ÉMINENCE GALÉIFORME DE NATURE PATHOLOGIQUE Avec une figure dans le texte Par Henri GADEAU de KERVILLE Notre excellent collègue, M. Eugène Izambert, à Louviers (Eure), a eu l’obligeance de me donner, conservée dans l’alcool, une Souris commune qui avait été prise dans un établissement industriel de cette ville, au mois d’août 1896. Il s agit cl un mâle adulte qui porte sur la tête une grande protubérance en forme de casque pointu, aplatie sur les deux côtés, de consistance dure et dont la surface est légèiement rugueuse. Cette protubérance mesure en ligne clioite 19 millimètres, du milieu de la base à l’extrémité de la pointe; sa largeur basilaire est de 14 millimètres et son épaisseur maximum de 8 millimètres. L’appendice en question est du domaine de la pathologie, science dans laquelle je suis ignorant; c’est pourquoi j’ai soumis ce curieux spécimen à un biologiste éminent, dont la compétence en matière de pathologie animale est des plus connues, M. Pierre Mégnin, membre de l’Académie de Médecine, qui a examiné avec attention cette pro¬ tubérance, au sujet de laquelle il a bien voulu m’envoyer les intéressantes lignes qui suivent : \ '/< ’G- « L’éminence céphalique de la Souris est une tumeur épithéliale entièrement constituée par un produit granuleux ressemblant à de la fine semoule, qui, délayé dans l’acide acétique étendu, se montre totalement composé de cellules épidermiques stratifiées, sans trace de parasites (acariens ou cryptogames). « J’ai fait, avec une aiguille emmanchée, des sondages à travers la tumeur, et j’ai trouvé le crâne intact et normal. « Cette tumeur a dû commencer par un petit point qui, en ce moment, constitue l’extrémité du casque, et elle s’est agrandie par la prolifération de ses éléments périphériques et sous-jacents ». Cette protubérance galéiforme étant un spécimen rare, j’ai pensé qu’il y avait lieu, non-seulement de la décrire, mais aussi de la représenter. La figure ci-jointe, qui est presque de la grandeur naturelle, a été dessinée avec beau¬ coup d’exactitude par mon ami M. A.-L. Clément. Je tiens à terminer en adressant de bien vifs remercie¬ ments à M. Pierre Mégnin, à la science et à l'obligeance duquel cette notule doit l’intérêt qu’elle présente. M. le Président remercie, au nom de l’assemblée, les auteurs des différentes expositions et communications qui précèdent. M. E. Niel donne ensuite lecture des comptes rendus qu’il vient de rédiger sur les excursions faites par la Société le 5 juillet à Etretat, et le 13 septembre au Neubourg et à Saint-Aubin-d’Ecrosville. L’assemblée remercie M. E. Niel pour ces deux intéres¬ santes notices, qui seront publiées au Bulletin du 2e semestre de 1896. La Société centrale d’Horticulture de la Seine-Inférieure devant enlever prochainement le placard qui lui appartient, 126 et placé clans notre salle de bibliothèque, à gauche cle la porte d’entrée, il est décidé qu’un nouveau corps de biblio¬ thèque, semblable à ceux déjà existants, sera établi en cet endroit. Le besoin de ce nouveau meuble se fait, d’ailleurs, sentir depuis longtemps. Est ensuite élu membre de la Société, M. François Hue, docteur en médecine à Rouen, rue aux Ours, n° 48, présenté par MM. E. Niel et Henri Gadeau de Kerville. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Publications, reçues à la séance du 1er octobre 1896. Le Naturaliste canadien, vol. XXI, 12e fasc., 1894; vol. XXII, 12° fasc., 1895; vol. XXIII, nos 1 à 8, 1896. Revue des Travaux scientifiques. 1896, n03 3 et 4. Le Naturaliste, 18e année, nos 226, 227, 228, 229. Bulletin de la Société centrale d’Horticulture de la Seine- Inférieure, XXXVIII, 2e cah., 1896. Bulletin de la Société scientifique Flammarion, Marseille, 1895. Société linnéenne du Nord de la France, 1894-1895, nos 259 à 282. La Feuille des Jeunes Naturalistes, 26e année, n° 311. Actes de la Société scientifique du Chili, 2e année, 1895, 5e livrais., et 1896, lrc livrais. Société des Sciences naturelles d’Elbeuf. — Procès-verbaux des séances des 13 juillet et 13 septembre 1896. Annales du Musée national de Montévidéo, V, 1896. Mémoires et Revues de la Société scientifique Antonio Alzate, Mexico, 1895-1896, nos 7 et 8. Annales du Musée national de Buenos-Ayres, t. IV, sér. 2; t. I, 1895. Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, Harlem, 1896, t. XXX, 2° livrais. Bolelim da Sociedade Broteriana, n° 13, Coïmbre, 1896. Congrès scientifique général du Chili, 1894; Santiago, 1896. Bulletin mensuel de l’Observatoire national de Mexico, avril, mai et juin 1896. Bulletin de la Société normande d’Etudes préhistoriques, t. III, 1895. Annales de la Société des Sciences naturelles de la Charente- Inférieure, 1895. Notice historique de la Société centrale d’Agriculture de la Seine-Inférieure, 1896. Extrait des travaux de la même Société, 247° et 248' cah. Annales de la Société académique de Nantes, 7e sér., vol. VI, 1895, 2e semest. Société scientifique et Station zoologique d’Arcachon, 1895. Bulletin de la Société de Médecine de Rouen, 2° sér., vol. IX. Bulletin de la Société d’Etude des Sciences naturelles de Béziers, XVIIIe vol., 1895. Mémoires de la Société des Sciences naturelles et médicales de Seine-et-Oise, 1890-1895, t. XV. Bulletin de la Société d’Etude des Sciences naturelles de Nîmes, 24e année, avril-juin 1896, n° 2. Mémoires de la Société académique et d’agriculture du dépar¬ tement de l’Aube, t. LIX de la collection ; t. XXXII, 3e sér., 1895. Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la t îance, 9e année, avril 1896, n° 104. Societatum litteræ, 1895, octobre, Jahr., IX, n° 10; Francfort, octobre 1895 à juin 1896. Helios, octobre 1895 à avril 1896. Bulletin de la Société entomologique de France, 1896, nos 12, 13 et 14. Verhandlungen des K. -K. zoologisch-botanischen Gesselschaft, in Wien, XLVI Band, Jahr 1896. Actes de la Société des Naturalistes de Modène, sér. 3, vol. XIII, 1895, fasc. 2, et 1896, fasc. 1. Henri Gadeau de Kerville : Note sur les têtes de Coqs pour¬ vues d'ergots greffés, deux exemplaires. (Don de l’auteur.) — 128 Séance du 5 novembre 1896. Présidence de M. Eugène JNiel, Président. M. le Secrétaire de Bureau donne lecture du procès- verbal de la séance du 1er octobre 1896, lequel est adopté. A propos de ce procès-verbal et des observations qu’il avait présentées, à cette séance d’octobre, sur les crochets à venin des vipères, M. Henri Gadeau de Kerville donne lecture d’une note de physiologie expérimentale commu¬ niquée à l’Académie des Sciences, dans la séance du 21 sep¬ tembre dernier, par M. Edmond Perrier, au nom de M. P. Maisonneuve, d’Angers, sous le titre : Expériences établissant la longue conservation de la vimdence du venin des serpents. L’Assemblée remercie M. Henri Gadeau de Kerville de la communication qu’il vient de faire, et décide qu'en raison de l’intérêt qu’elle présente, cette note sera résumée au procès-verbal : — Désirant contribuer à résoudre la question encore controversée relative à la virulence du venin des serpents, M. Maisonneuve profita de l’occasion favorable que lui offrait un spécimen de dimension inusitée (1 m. 50 de longueur) de la Vipère commune ( Vipera aspis Merr.), conservé depuis vingt ans dans un bocal d’alcool au Musée zoologique de la Faculté libre des Sciences d’Angers. Ayant enlevé un crochet à venin de cette Vipère, lequel crochet n’avait pas moins de 0m009 de longueur, il l'enfonça sous la peau de la cuisse d’un moineau ; puis, cette opéra¬ tion n ayant, au bout d’une heure, produit aucun symptôme particulier, il pensa que le poison renfermé dans le canal de la (.lent avait pu êlre soustrait à Faction du sang ou des — 129 — autres liquides épanchés au niveau de la blessure, et n’avait pu être entraîné dans le système circulatoire; il retira la dent des chairs de l’oiseau et, à l’aide d’une fine aiguille, il détacha une faible partie de la matière concentrée dans la dent, un milligramme environ, et l’inocula sous la peau de la cuisse droite du moineau et constata les effets sui¬ vants : tristesse, torpeur profonde, mouvements tétaniques de la tête, faiblesse du côté droit (côté où le venin a été introduit), mouvements circulaires de gauche à droite, deux mouvements télaniques de la bête en arrière, chute sur le côté droit, puis de violents mouvements de contrac¬ tion des ailes, des pattes et du cou, à la suite desquels l’oiseau tombe sur le dos; enfin, un dernier frémissement des ailes, des pattes et du cou, et l’oiseau meurt deux heures trente-sept minutes après l’inoculation du venin. — « Voilà un fait qui établit, ce me semble, d’une façon irréfutable, ajoute M. Maisonneuve, que le venin des ser¬ pents peut se conserver de nombreuses années sans perdre ses redoutables propriétés, puisque l’animal sur lequel a été prise la parcelle de venin qui a servi à l’expérience était conservé en alcool depuis au moins vingt ans. « De là il faut tirer une autre conclusion : à savoir que l’on ne doit manier qu’avec une grande prudence les têtes de serpents venimeux, qu’il s’agisse de pièces préparées à l’état sec ou d’animaux plongés dans un liquide conser¬ vateur. » M. le Président procède au dépouillement de la corres¬ pondance manuscrite qui comprend, notamment, une lettre de M. le Préfet de la Seine-Inférieure, faisant connaître que, dans la séance du 26 août dernier, le Conseil général, sur sa proposition, avait maintenu à notre Compagnie, pour 1897, la subvention de 500 francs qui avait été inscrite aux pré¬ cédents budgets départementaux. L’Assemblée décide que des remerciements seront adressés au Conseil général et à M. le Préfet. 9 — 130 — Les publications reçues depuis la dernière réunion sont ensuite déposées sur le Bureau et M. le Président en donne la nomenclature. Sur le Bureau figure également un exemplaire du moulage du médaillon sculpté par le statuaire Huet, sur la tombe de notre regretté collègue Pierre Noury, au cimetière d’Elbeuf. Ce médaillon vient d’être envoyé par M. Th. Lancelevée, au nom de la Société d’Etude des Sciences naturelles d’Elbeuf. M. Edmond Groult, fondateur des Musées cantonaux, à Lisieux (Calvados), envoie, pour la bibliothèque, un exem¬ plaire d’une note qu’il vient de publier sous le titre : Les Musées cantonaux au Congrès de /’ Association normande , à Vire. M. Edmond Spalikowski fait don : 1° d’un exemplaire de sa thèse pour le Doctorat, intitulée : Antonius Musa et U Hydrothérapie froide à Rome ; 2° d’un exemplaire du tirage à part du premier fascicule de ses Etudes d'anthro¬ pologie normande : L'enfant à Rouen. Et M. E. Lucet remet, pour les collections de la Société, deux jolies photographies, — - exécutées par notre collègue M. Victor DeJamare, — du Rosier présentant le phénomène de la fasciation, qu’il avait exposé à la séance du 6 août dernier. Des remerciements sont adressés aux donateurs. M. E. Niel expose sur le Bureau les champignons sui¬ vants : Aecidium crassum Pers. — Sur les feuilles vivantes de Rhamnus frangula ; bois de Saint-Quentin (Eure), juin 1896. Acrostalagmus cinnabarinus Corda. — Sur les tiges pourrissantes de Géranium, dans une serre, à Rouen. — 131 — Ascochyta Camelliae Passer. — Sur les feuilles languis¬ santes du Camellia Japonica; juin 189G. (Communiqué par M. Paul Noël.) Xylaria Carpophila Fr. — Sur le péricarpe du Hêtre; forêt de Broglie, 1896. Melanogaster ambiguus (Vitt) Tulasne, Fung. Hyp. — Sur la terre, parmi les mousses, dans les allées des bois ; Saint-Aubin, près Bernay, avril 1896. Ces espèces sont destinées à l'herbier cryptogamique de la Société. M. Niel expose, en outre, les espèces ci-après qu’il a recueillies au cours de ses dernières excursions : Clavaria formosa Pers. Clavaria aurea Fr. I I Bois de Saint-Quentin Clavaria botritys Pers. m Clavaria juncea Holms. Helvella crispa Fr. Helvella sulcata Afz. — Bois de Clères, 2 novembre. Helvella crispa Fr., var. nigricans. Id. Leotia lubrica Scop. Id. Torrubia capitata Holms. — Parasite sur les Elapho- myces granulatus ; bois de Clères, 2 novembre. Polyporus pes capreae Pers. — Parmi les bruyères des bois de Bernay, octobre. Cette dernière espèce assez rare. Sur le Bureau, on remarque un magnifique Champignon envoyé par M. Garreta et trouvé dans une cave, à Rouen. M. Niel fait connaître que le Champignon exposé est le Clitocybe cryptarum Letellier, et il donne relativement à cette exposition une note qui est renvoyée au Comité de publicité. (Eure), octobre. 132 — M. Martel expose une Cécidie : Aulax minor , sur Papaver Rheas. — Petite galle de deux à trois millimètres, dans l’intérieur du fruit, produite par hypertrophie des ovules. M. Ed. Spalikowski donne lecture : 1° Du deuxième fascicule de ses Etudes d'anthropologie normande , ayant pour titre : La natalité et la mortalité en Normandie. — Les enfants anormaux ; 2° D’une note intitulée : Eludes anthropologiques sur les races du village noir de l'Exposition de Rouen , 1896. Ces très intéressants travaux sont envoyés au Comité de publicité. «v. M. Henri Gadeau de Kerville donne lecture de l’intéres¬ sante note suivante : LA COULEUVRE D’ESCULAPE ET SES STATIONS DANS LE DÉPARTEMENT DE L’ORNE Par l’Abbé A.-L. LETACQ La Couleuvre d’Esculape | Coluber longissimus (Laur.)j est une espèce de l’Europe australe et moyenne, commune dans l’Ouest de la France. Répandue près de Laval et du Mans, elle n’est pas rare non plus aux environs d’Alençon, où elle porte, comme dans le Maine, les noms vulgaires de Surjetton , Sourjetton. (Cfr. A.-L. Letacq : Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés de l'Orne, tiré à part, p. 54). Des observations récentes m’ont prouvé qu’elle existe au moins dans une grande partie du département de l’Orne. 133 Elle est sans doute plus commune sur le versant méridional des collines de Normandie, au sud de Mortagne, dans la région alençonnaise, près de Carrouges, de Couterne et de Domfront; mais on la trouve aussi à La Ferté-Macé, à Sées, dans la plaine d'Argentan, aux environs de Gacé et jusqu’à Canapville, sur la limite du Calvados. C’est le plus beau de nos serpents ; il atteint 1 m. 10 de lon¬ gueur moyenne; j’en ai vu, à La Lande-de-Goult (Orne), un exemplaire mesurant 1 m. 50. La Couleuvre d’Esculape habite les rochers, les carrières abandonnées couvertes de bois et de broussailles ; on la trouve aussi dans la plaine d’Alençon, à la suite des cam¬ pagnols et des mulots, dont elle fait une grande destruction ; mais elle a le grave défaut de grimper aux arbres pour prendre les petits oiseaux dans leurs nids. Aussi je ne puis, comme certains auteurs, en faire une espèce utile sans restriction. Elle se rencontre, plus encore que la Couleuvre à collier, au voisinage des habitations, dans les cours des fermes, près des fumiers au moment de la ponte et de l’hibernation, et pénètre quelquefois dans les étables, ce qui fait croire à nos paysans qu’elle tette leurs vaches. M. Henri Gadeau de Kerville fait savoir qu’un Stercoraire cataracte [Stercorarius fuscus (Briss.)] mâle pas encore adulte a été pris vivant en plaine, à Saint- André-sur-Cailly (Seine-Inférieure), dans la seconde huitaine d’octobre 1896. Il a pu l’examiner, grâce à l’obligeance de M. L. Petit, taxidermiste à Rouen, qui était chargé de le naturaliser. Ce Stercoraire est le plus grand des quatre espèces de Stercorarius dont la présence a été constatée en Normandie, et qui n’y viennent que d’une façon irrégulière. [Voir, au sujet du Stercoraire cataracte : Henri Gadeau de Kerville. — Faune de la Normandie , fasc. III, p. 382 et 512]. M. le Président, au nom de l’Assemblée, remercie les auteurs des expositions et communications qui précèdent. Il est ensuite procédé à l’élection du Président de la Société pour l’année 1897. M. Eugène Niel, Président actuel, est réélu. Il remercie la Société de la nouvelle marque de sympathie qui vient de lui être donnée, et promet de faire tous ses efforts pour le bien de l’œuvre. L’Assemblée accueille par de chaleureux applaudissements les paroles de son Président. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Séance du 3 décembre 1896. Présidence de M. Raoul Fortin, Vice-Président. En ouvrant la séance, M. R. Fortin donne communication d’une lettre de M. Eugène Niel, Président, s’excusant de ne pouvoir assister à la réunion, puis il donne la parole au Secrétaire de Bureau pour la lecture du procès-verbal de la précédente séance. Ce procès-verbal est adopté. Les publications reçues depuis la dernière réunion sont déposées sur le Bureau, et M. le Président en donne la nomenclature. M. Henri Gadeau de Kerville fait don à la Bibliothèque de deux exemplaires des notes ci-après, qu’il vient de publier : 1° Sur une tête de Souris commune présentant une éminence galéifoynne de nature pathologique (avec une figure dans le texte). 2° Sur un très-jeune Porc monstrueux dit genre Déra- delphe (avec une figure). Le même membre remet également pour la Bibliothèque deux exemplaires de la note de M. G. -A. Boulenger, sur des Vipera berus capturés en Normandie. M. Poussier expose au nom de M. Wilhelm, qui |l’offre aux collections de la Société, un fruit de Phytelephas macrocarpa , noix de Corozo, ivoire végétal, Et M. Jules Lecerf envoie également, pour les collections, une belle photographie, faite par lui, du groupe colossal de Clitocybe cryptarum Letel., recueilli par M. Garreta dans sa cave, et exposé à la séance du 3 décembre dernier. Des remerciements sont adressés aux donateurs, et l’As¬ semblée décide que le cliché offert par M. J. Lecerl sera reproduit et joint à la note donnée par M. E. Niel sur cette très-intéressante découverte, et qui sera insérée au Bulletin du 2e semestre de 1896. M. Henri Gadeau de Kerville donne lecture d’une note de M. le I)1' Emmanuel Blanche, notre fort distingué Président honoraire, dans laquelle il recommande d’écrire tout à tait correctement , d’après les règles de la nomenclature , les noms scientifiques des végétaux. M. Ed. Spalikowski fait ensuite deux intéressantes com¬ munications : La première, ayant pour titre : Auto-observation sur la morsure de Pelias berus. La seconde, intitulée : Expériences d'ablation des cap¬ sules surrénales. L’Assemblée décide que ces deux notes seront remises au Comité de publicité. — 136 — M. le Président remercie les ailleurs des communications qui précédent. Il est ensuite procédé à l’élection des membres devant composer, avec le Président élu à la séance de novembre, le Bureau pour l’année 1897. Les membres sortant sont réélus et ils adressent à leurs collègues leurs sincères remerciements pour la nouvelle preuve de sympathie qu’ils ont bien voulu leur accorder. Le Bureau pour 1897 se trouve, par suite de cette élection, ainsi composé : Président honoraire. M. le Dr E. Blanche. Président, M. E. Niel. Vice-Présidents, MM. R. Fortin et A. Le Marchand. Secrétaire de Bureau, M. J. Gallois. Secrétaire de correspondance, M. J. Geng. Archiviste, M. Poussier. Trésorier, M. M. Ni belle. Conservateur des collections, M. Vastel. L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Ouvrages reçus en novembre et décembre 1896. Le Naturaliste, 18e année, 2e série, nos 230, 231, 233. La Feuille des Jeunes Naturalistes, 26e année, nos 312, 313. Discours du Dr Antonio de Cordona y de Costa, la Havane. (Don de l’auteur.) Bulletin de la Société scientifique de l’Aude, t. VII, 1896. Revue italienne des Sciences naturelles et Bulletin des Natura¬ listes, 1er nov. 1895. Bulletin de la Société entomologique de France, nos 15 et 16, 1896. — 137 Bulletin de la Société d’anthropologie du Paris, t. VII, fasc. II, III et IV. Société des Sciences naturelles de la Charente-Inférieure, an¬ nales de 1896, t. III. Revue scientifique du Bourbonnais, 9° année, n° 106, octobre 1896. Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, année 1895, n° IV. Revue mycologique, 18e année, 1896. Mémoires et Revue de la Société scientifique Antonio Alzate, t. IX, 1895-1896. Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles d’Elbeuf, 4° année, 1895. Procès-verbaux des séances d’octobre et novembre 1896, de la même Société. Catalogue de la Bibliothèque de la Feuille des Jeunes Natura¬ listes, fasc. XVIII. Bulletin de la Société industrielle de Rouen, 24° année, 1896, nos 3, 4, 5. Bulletin de la Société normande de Géographie, 1896, juillet- août. Bulletin de la Société ouralienne d’Amateurs des Sciences natu¬ relles, t. XV, liv. 2. Bulletin mensuel de l’Observatoire météorologique central de Mexico, juillet et août 1896. 15e Rapport annuel de la Société géologique des Etats-Unis, 1893-1894. Bulletin de la Société belge de Microscopie, v 22° année, 1895- 1896, n° 10. Species des Hyménoptères d’Europe et d’Algérie, t. VI, 1896. Bulletino délia Societa entomologica ilaliana, 1896, trim. I et II. Revue des travaux scientifiques, t. XVI, nos 5, 6, 7. Bulletin de la Société des Sciences naturelles de l’Ouest de la France, t. VI, n° 3, 1896. Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Nîmes, 24° année, juillet-septembre 1896. Actes de l’Académie nationale de Bordeaux, 3° sér., 55° année, 1893, 1er, 2°, 3e, 4° trim. - 138 — Le Naturaliste canadien, vol. XXIII, n° 10, octobre 1896. Verhandlungen des K. -K. zoologisch-bolanischen Gesselchaft, in Wien, XLVI, 1896, 8 Half. Bulletin de la Société d’Etudes des Sciences naturelles de Reims, t. V, 3° trim., 1896. Bulletin de la Société linnéenne de Normandie, 4esér., 10° vol.. 1er et 2e fasc., 1896. Bulletin de la Société géologique des Etats-Unis, nos 123 à 126, 128, 129, 131 à 134. Henri Gadeau de Kerville : Sur un très-jeune Porc monstrueux du genre Déradelphe (avec une figure). Sur une tête de Souris commune présentant une éminence galéiforme de nature pathologique (avec une figure dans le texte). (Dons de l’auteur.) G. -A. Boulenger : Note sur des Vipera berus capturés en Nor¬ mandie. (Don de l’auteur.) V. Gauthier : Description des échinides fossiles de Tunisie. (Don de l’auteur.) Ed. Groult : Les Musées cantonaux au Congrès de l’Associa¬ tion normande à Vire, en 1896. (Don de l’auteur.) Ed. Spalikowski : Etudes d’anthropologie normande : L’enfant à Rouen; Antonius Musa et l’hydrothérapie froide à Rome; Notes d’anthropologie; Les grottes de Gaumont; Comment on devient anthropologiste : Nouvelle exploration des grottes de Caumont. (Dons de l’auteur.) I CLITOCYBE CRYPTARUM Letell. NOTE SUR LE CLITOCYBE CRYPTA RUM Letele. Far Eugène NIEL (avec une planche hors texte) A la. séance du 5 novembre dernier, notre honorable col¬ lègue M. Garreta a exposé sur le bureau un magnifique champignon de dimensions peu ordinaires, trouvé à Rouen dans une cave. Ce champignon formait un immense groupe issu de la même souche et composé d’une quantité de stipes et de chapeaux figurant un colossal bouquet du plus gracieux effet ; il mesurait 0 m. 50 de longueur, sur une largeur de 0 m. 35. J’avais pensé au premier abord que cette Agaricinée, de la section des Leucosporées, pouvait être une forme souterraine du Lentinus lepicleus Fr., espèce très-polymorphe ; mais une étude plus approfondie me lit abandonner cette première voie , et je ne trouvai que le Clitocybe cryptarum de Letellier, dont la description pouvait s’appliquer à ce Champignon remarquable. Je communiquai un échantillon de cet agaric au savant M. Bou- dier, et j’eus la satisfaction de voir mes idées partagées par mon éminent confrère, qui eut l’obligeance de m’écrire ceci : « Je regarde votre espèce comme étant le Clitocybe « cryptarum de Letellier (Champ. 92, fig. 88 : Cooke, Hand- « book of Brit. fungi , page 52). Les échantillons que vous « m’avez adressés concordent parfaitement avec la figure de « Letellier : chapeau blanchâtre, pied strié longitudinalement «• et spores rondes. Fries réunit cette espèce au Collybia — 140 — « fusipes , avec doute il est vrai, mais je ne crois pas à cette « synonymie; ce serait plutôt un état atrophié du Clitocybe « decastes , dont il a bien les spores. En tout cas, la concor- « dance de votre Champignon avec la figure de Letellier est « telle que je n’hésite pas à les réunir. » G. Sicard,dans son Histoire naturelle des Champignons comestibles et vénéneux \ donne la description suivante de VAgaricus cryptarum , agaric des caves : « Chapeau conique, puis sphérique, blanc, couvert de « petits tubercules nombreux , irréguliers ; chair épaisse, « blanche, solide, ferme. Lamelles inégales, extrêmement « étroites, s’insèrent à angle droit sur le pédicelle, qui est « renflé en bas et aminci en haut. Vient en touffes, de « grandeurs et de grosseurs différentes, sur une souche « épaisse de mycélium, toute l’année, dans les caves, les « serres. Donne des coliques. » A cette description vient s’ajouter une planche (pl. xxxn, fig. 170) identique au dessin de Letellier, et donnant une idée parfaite du Champignon qui nous occupe. La présence des Champignons dans les caves et carrières n’est pas un fait rare. On sait que ces végétaux n’ont aucun besoin de lumière pour se nourrir et croître. Nous en avons journellement la preuve, parles cultures de Champignons de couche ( Pratella campestris). Nous assistons à toutes les phases de leur développement qui s'opère dans l’obscurité la plus profonde. La privation de la lumière, d’une influence si remarquable sur les autres plantes, l’est beaucoup moins chez les Cham¬ pignons, qui cependant n’arrivent jamais à leur état normal, lorsque l’air est vicié, ou qu’il ne circule pas librement; ils s’étiolent et s’allongent indéfiniment ; je citerai, à ce propos, la singulière forme que nous avons constatée dans le Len- tinus lepideus Fr. qui avait été rencontré dans un caniveau en bois aux Ateliers du chemin de fer de l’Ouest à Sotteville, 1. Paris, Ch. Delagrave, 1883, difformité de Champignon que Cooke a reproduit fidèlement dans ses remarquables dessins *. Nous ne connaissons pas encore grand chose sur la re¬ production du Champignon par la spore ; il est certain que pour cette transformation, l’influence de l’humidité et de la température est de la plus grande importance. Mais comment ces spores pénètrent-elles dans les caves et les souterrains et parviennent-elles à germer ? C’est un point que nous ne connaissons que fort mal, car je le répète, le procédé de fécondation dans les Champignons est assez mystérieux ; bien des faits échappent à nos regards et à nos investigations. Il est difficile de saisir le lien qui unit ces espèces souter¬ raines aux espèces des champs et des bois, et de reconnaître des espèces dans des plantes dont les formes extérieures sont soumises à de nombreuses variations, et dont on ne peut suivre les développements. Peut-être un jour avec l’aide des observations qui s’accumulent graduellement, pourra-t-on espérer posséder des certitudes là où nous n’avons guère que des hypothèses. Parlant du mycélium , Tulasne 2 ajoute que « si le my- « celium, végétation primordiale de la plante, imite dans « son développement les parties souterraines des végétaux « cotyledonés, s’il n’a que peu ou point besoin de lumière « pour lui-même, il en réclame ordinairement pour les « Champignons qu’il doit produire; c’est ainsi qu'on voitle « mycélium des Agarics, des Polypores, demeurer habi- « tuellement stérile ou n’engendrer que des plantes atrophiées, « incomplètes ( monstra subterranea. Fries. Ind. S. M.), « quand il croit dans des caves ou des souterrains trop « obscurs. Souvent néanmoins ce n’est pas le mycélium « seul qui croît à l’abri de la lumière; le Champignon qui en « procède, et multiplie la plante par ses semences, peut aussi « partager longtemps son habitation souterraine. » 4. Cooke: Illustrations of British Fungi, pl. 1141. 2. Tulasne: Fungi Hypogei, Introd, p. 1. 142 - D’après Tulasne, de nombreux exemples de ces végétations fongiques contrariées dans leur développement par le défaut de lumière auraient été publiés par Scopoli, Bulliard, de Humboldt et Hoffmann. Maintenant, comment se fait-il que le Clüocybe cryp- tarurn n’ait été jusqu’à ce jour signalé que par Letellier et Sicard ? Ce dernier est le seul, parmi nos auteurs modernes, qui nous donne une description très-complète de ce Cham¬ pignon, et indique comme habitat, non-seulement les caves, mais aussi les serres. Il faut donc supposer que cette rare espèce, peu connue, a dû être considérée par les myco¬ logues, Fries compris, comme étant une variété soit du Collybia fusipes (avec lequel elle n'a aucun rapport), soit du Clitocybe decastes. Grâce à l’obligeance bien connue de notre sympathique collègue M. Jules Lecerf, nous pourrons conserver, dans une planche en photocollographie, la reproduction fidèle de ce très-intéressant Champignon. La découverte de cette belle espèce, due à M. Garreta, vient encore augmenter la liste déjà longue des Champignons rares de la Normandie. oOQOo AUTO-OBSERVATION SUR LA MORSURE DE PE LIAS BERUS Par le Dr Ed. SPALIKOWSKI Je retrouve, dans mes souvenirs, celui d’un petit, accident cpii m’arriva, il y a un an, à Moulineaux. J’étais parti en excursion dans une sente qui se dirige vers le château de Robert-le-Diable, m’arrêtant pour herboriser, quand en cueillant une plante, j'aperçus un échantillon de Pelias ber us des plus communs. Peut-être, involontairement, avais-je irrité l’animal, quand celui-ci, se retournant vivement, me piqua à l'éminence hypothénar. Immédiatement, l’ophidien disparut; quant à moi, me rappelant les préceptes conseillés en pareil cas, je fis une légère incision autour de la plaie, et me mis en mesure de la sucer. N’importe, je fus victime des accidents consécutifs que j'ai soigneusement notés alors. C’est, d'abord, un engourdissement dans le bras qui dura environ deux heures, suivi d’une fièvre légère pour laquelle le thermomètre indiquait 38°2. J’eus des vomissements assez pénibles, et une céphalalgie intense qui ne cessa que le soir. Dans l’intervalle, je m’étais procuré un peu d’ammonia¬ que, qui, d’ailleurs, ne me causa aucun soulagement. 144 Le soir, je mangeai un peu; après un pansement anti¬ septique au sublimé, je me couchai; mais je fus réveillé par d’affreux cauchemars ; en même temps, je ressentais des douleurs lancinantes au siège de la plaie. Un peu de lymphangite s’étant déclaré dans la nuit, je restai au lit. Enfin, ce ne fut que deux jours après que je pus reprendre mes occupations, tandis que la plaie se cicatrisait très- lentement. J'ai tenu à rappeler ce fait personnel pour démentir les assertions de certains naturalistes qui prétendent que la morsure de Pelias berus est seule dangereuse pour les ani¬ maux. Je suis certain qu’une morsure de vipère mal soignée entraînerait les plus graves accidents, et peut-être la mort chez les enfants ! Tic FAUNE DE LA N 0 R M A N D I E PAR Henri GADEAU de KERVILLE Fascicule IV REPTILES, BATRACIENS ET POISSONS Supplément aux Mammifères et aux Oiseaux Liste méthodique des Vertébrés sauvages observés en Normandie AVEC DEUX PLANCHES EN NOIR MJ ' . . . PRÉFACE Jusqu’alors, nous possédions un petit nombre de mé¬ moires et de notes sur les Reptiles, les Batraciens et les Poissons de la Normandie, mais aucun travail d’ensemble, sauf une liste de douze pages, publiée, il y a soixante ans, par C.-G. Chesnon ( op. cit.), et qui était très- insuffisante, même pour l’époque où elle parut. Dans ce quatrième fas¬ cicule, je me suis efforcé de combler cette lacune, en y réunissant tous les documents qui, jusqu'à ce jour, ont été publiés sur le sujet en question, en soumettant ces docu¬ ments à une critique sévère, et en leur ajoutant des ren¬ seignements inédits qui me furent très-obligeamment com¬ muniqués par des naturalistes et des amis de la nature. En ce genre de travaux, la précision et l’abondance de détails sont impérieusement nécessaires, mais, hélas î on a fréquemment l’occasion de déplorer leur absence. Depuis que je me suis livré à l’étude si captivante des sciences biologiques, j’ai eu trop souvent la preuve de la légèreté avec laquelle certaines personnes font des publications et fournissent des renseignements scientifiques. Aussi, 11e sau¬ rais-je trop exhorter les naturalistes à rigoureusement con¬ trôler par eux-mêmes, chaque fois que cela est possible, les faits qu'ils mentionnent dans leurs travaux. Il faut tou¬ jours serrer la vérité aussi étroitement qu’on le peut et se bien se garder de publier des travaux hâtifs ou entachés, très-fàcheusement, d’à priori donnés comme étant des réa¬ lités. En effet, il est bien regrettable d’obliger des natura¬ listes consciencieux à employer des semaines, des mois, pour réfuter de longues séries d’erreurs, — besogne bien aride, mais indispensable — au lieu de vérifier les faits insuffisamment démontrés et d’aller à la conquête de vérités nouvelles. Je n’ignore pas que ces lignes sentent le péda- — 148 — gogue et ne me reconnais certes pas une valeur suffisante pour donner des leçons; mais, ces conseils, je les crois si utiles, et mon amour de la science et de la vérité est si grand, que je ne recule nullement devant les railleries des uns, certain d’avoir l’approbation des autres. Les naturalistes savent que dans les deux premiers con¬ grès internationaux de Zoologie, tenus, à Paris en 1889, et à Moscou en 1892, furent discutées et adoptées des règles pour la nomenclature des êtres organisés (op. cit. ), règles d’une importance capitale. Puisque je suis en l’instant donneur de conseils, je me permets de chaleureusement exhorter les naturalistes à l’adoption de ces règles, grâce auxquelles on obtiendra la précision, l’accord et la clarté, si désirables en matière scientifique, comme, d'ailleurs, en toute chose. Pour obtenir cette précision, cet accord, il faut sans crainte, dans l’intérêt de la science, faire jusqu’au dernier les changements utiles, en dépit de la résistance et seus l’œil navré des inguérissables miso- néistes. De ces règles si importantes, que j’ai suivies d’une ma¬ nière forcément incomplète dans les trois premiers fasci¬ cules de cet ouvrage (op. cit.), puisque le dernier était en cours d’impression quand se tenait le deuxième congrès international de Zoologie, mais auxquelles je me suis rigou¬ reusement conformé dans ce volume, de ces règles, dis-je, je crois utile de reproduire ici les trois articles suivants, dont j’ai eu constamment à faire l’application dans ce vo¬ lume : « La dixième édition du Sijstema Naturae (1758) est le point de départ de la nomenclature zoologique. L’année 1758 est donc la date à laquelle les zoologistes doivent re¬ monter pour rechercher les noms génériques ou spécifiques les plus anciens, pourvu qu’ils soient conformes aux règles fondamentales de la nomenclature. « Quand une espèce a été transportée ultérieurement dans un genre autre que celui où son auteur l'avait placée, 149 — le nom de cet auteur est conservé dans la notation, mais placé en parenthèse. Ex. : Pontobdella muricata (Linné). « Lorsque le nom de l’auteur d’une espèce ou d’une sous-espèce sera cité en abrégé, on devra se conformer à la liste d’abréviations proposée par le Musée zoologique de Berlin, adoptée et légèrement augmentée par le Congrès de Paris». Dans ce volume ( p. 606), j’indique cette liste, qui a besoin d’être grandement complétée. Au cours de l’introduction à ma Faune de la Normandie, donnée dans le fascicule I, j’ai dit (p. 120), relativement aux animaux marins, que je mentionnerais seulement, en cet ouvrage, ceux qui furent trouvés dans une bande litto¬ rale ne dépassant pas en largeur quelques kilomètres, et que, pour plusieurs motifs, je n’y parlerais pas de la faune des îles situées près des côtes normandes. Mais il était indispensable de préciser cette largeur, et, en outre, les îles Chausey, l’île Pelée, les îles Saint-Marcouf, et l’île Tatihou (qui, à chaque marée, est tour à tour île et presqu'île), faisant administrativement partie du département de la Manche, leurs faunules doivent, cela est obligatoire, être comprises dans la faune de la Normandie. Aussi, est-il nécessaire de répéter dans ce volume ce que j’ai déjà publié en d’autres mémoires, que, après longue réflexion, j’ai adopté la largeur, évidemment toute conven¬ tionnelle, de douze kilomètres pour la bande littorale que je rattache, au point de vue faunique, à la Normandie. Une largeur moindre serait trop faible, selon moi, et je ne puis adopter une largeur de seize kilomètres, soit une lieue de plus, parce que j’engloberais alors dans cette bande litto¬ rale une partie de l’île d’Aurigny, qui, géologiquement parlant, doit sans conteste, ainsi que les autres îles anglo- normandes, être rattachée au Cotentin, dont elles ont été séparées par l'affaissement du sol et l’incessante action érosive des vagues, mais qui appartiennent à l’Angleterre, tout en ayant une partielle autonomie. En résumé, je considère comme dépendant de la-Nor- 150 — manclie, au point de vue faunique, une bande littorale d’une largeur de douze kilomètres, sauf pour le petit archipel de Chausey, situé presqu’entièrement, il est vrai, en dehors de cette bande, mais que la logique oblige à rattacher tota¬ lement à cette province. Avec une grande obligeance, des naturalistes et des amis de l’histoire naturelle m'ont fourni de nombreux rensei¬ gnements, la plupart inédits, ainsi que des spécimens de reptiles, de batraciens et de poissons capturés dans notre belle province normande. C’est pour moi un devoir tout à fait agréable de les en remercier ici d’une manière très- chaleureuse et de faire connaître leur nom. Ce sont MM. Émile Anfrie, à Lisieux (Calvados); Eugène Canu, directeur de la Station aquicole de Boulogne-sur-Mer; L. Corbière, profes- seur de Sciences naturelles au Lycée de Cherbourg; Ed. Cos- trel de Corainville, à Mestry (Calvados) ; A. Duquesne, à Saint- Philbert-sur-Risle (Eure) ; Raoul Fortin, à Rouen; Auguste Harache, préparateur du Muséum d’Histoire naturelle du Havre; Louis Hulme, aux Andelys (Eure); Henri Joüan, à Cherbourg; Charles van Kempen, à Saint-Omer (Pas-de- Calais); Théodore Lancelevée, à Elbeuf; Fernand Lataste, à Cadillac-sur-Garonne (Gironde); R. Le Dart, à Caen; G. Lennier, conservateur du Muséum d'Histoire naturelle du Havre; l'abbé A.-L. Letacq, à Alençon; A.-E. Malard, sous-directeur du Laboratoire maritime du Muséum d’Histoire naturelle de Paris, à Saint-Vaast-de-la-IIougue (Manche); le docteur F. Mocquard, assistant au Muséum d'Histoire naturelle de Paris; Louis Millier, à Neufchàtel-cn-Bray ; Eugène Niel, à Rouen; Paul Noël, directeur du Laboratoire régional d’Entomologie agricole de Rouen; Émile Oustalet, assistant au Muséum d’Histoire naturelle de Paris; L. Petit, taxidermiste à Rouen; le docteur Maurice Régimbart, à Évreux; F. -A. Smitt, intendant au Muséum royal d'Histoire naturelle de Stockholm (Suède); Auguste Sourdives, ins¬ pecteur-vendeur à la poissonnerie de Rouen; et Yasse (dé¬ cédé) . — 151 — A cette liste, qui prouve que des concours, aussi obligeants que désintéressés, m’ont été vastement accordés, je dois ajouter le nom de deux savants qui méritent ma gratitude particulière : MM. G.-A. Boulenger et René Chevrel. Le premier, qui est assistant au British Muséum (Natural History), et dont la science profonde, en fait de rep¬ tiles et de batraciens, est partout indiscutée, eut la très- grande obligeance de relire attentivement tout le manuscrit de la partie de ce volume concernant ces deux classes de vertébrés, en me donnant de précieux renseignements et en me faisant de sagaces critiques. Quant û M. René Chevrel, le savant et bienveillant chef des travaux de Zoologie à'ia Faculté des Sciences de Caen, il m’a rendu l’important ser¬ vice de passer en revue avec moi la faune ichthyologique normande et de me donner maints et utiles renseignements sur cette question, qui est un des objets de ses études. Que les naturalistes et les amis de la nature dont le nom est tracé dans les lignes précédentes, reçoivent, une fois de plus, mon bien reconnaissant et cordial merci. Dans ce volume, je n’ai pas cru devoir mentionner cer¬ tains faits très-douteux, sur lesquels je ne pouvais avoir d’éclaircissements. A côté des faits positifs, il est certes nécessaire d’indiquer des renseignements qui le sont plus ou moins, en y ajoutant — cela va sans dire — les obser¬ vations indispensables, lorsque ces renseignements émanent de personnes ayant quelque compétence en histoire natu¬ relle ; mais, bien que je m’efforce, par de très-longues recherches, à être aussi complet que possible, je crois devoir laisser entièrement de côté certains faits concernant la zoologie normande et publiés par des personnes qui eussent mérité l’approbation unanime des naturalistes, si elles avaient laissé leur plume dans l’écritoire. Au cours de la partie ichthyologique de ce volume, on trouve, à l’égard de la géonémie de certaines espèces, des indications fort ambiguës, comme : Le Havre, Dieppe, Cherbourg, etc. En effet, on se demande si cette indication — 152 — veut dire que le poisson provient de la région du Havre, de Dieppe, de Cherbourg, ou bien s’il fut trouvé à la poisson¬ nerie. Dans cette deuxième supposition, qui le plus souvent doit être exacte, le poisson peut évidemment avoir été pêché en un point fort éloigné des côtes normandes. Ne pouvant faire mieux, j’ai donné dans ce volume ces indications ambiguës, en déplorant, une fois de plus, l’insuffisance de précision, de détails, si nuisible aux progrès de la science positive. J’aurais à dire encore plusieurs choses secondaires, mais je ne veux pas trop allonger cette préface, et je prie le lecteur de vouloir bien se reporter, pour la richesse de la faune normande, en reptiles, batraciens et poissons, à la liste méthodique des vertébrés sauvages observés en Nor¬ mandie, donnée dans la partie terminale de ce volume, et à l’introduction ( fasc. I, p. 117) pour le plan de cette Faune de la Normandie , très-longue tâche que j’ai entre¬ prise, et pour l’achèvement de laquelle seront joints, tant que je le pourrai, mon labeur et ma volonté. Par sa nature même, cet ouvrage ne peut contenir que des faits, auxquels je m'efforce de donner le maximum d’exactitude ; les idées générales y seraient déplacées. Sans conteste, il faut recueillir et enregistrer le plus grand nombre possible de faits rigoureusement observés, qui forment la base solide de toute généralisation ; mais, ces faits, il est indispensable de les grouper, de les synthétiser, et, en terminant, je tiens à dire hautement que si j’aime avec une grande intensité la science des faits positifs, j’ai un amour égal pour les théories, si utiles aux progrès scientifiques, pour les synthèses, qui constituent la philo¬ sophie naturelle et sont l’apogée de la science. 1er Embranchement. VERTEBRATA — VERTÉBRÉS. 3e Classe. REPTILIA - REPTILES. I01' Ordre. CHELONIA — CHÉLONIENS. lre Famille. CHELONIDAE — CHÉLONIDÉS. 1er Genre. CHELONE - CIIÉLONËE. lre Espèce. Ghelone imbricata (L.) — Chélonée caret. Caretta bissa Rüpp., C. imbricata Merr., C. rostrata Girard, C. squamata Gthr., C. squamosa Girard. Chelone imbricata Strauch. Clielonia imbricata Schweigg., C . pseudo-caretta Less., C. pseudo-mydas Less. Eretmoclielys imbricata, Ag\, E. squamata Ag. Onycliochelys Kraussi Gray. Testudo caretta Daud., T. imbricata L. Chélonée imbriquée. Tortue caret. A.-M.-C.-Duméril et G. Bibron. — Op. cit.,(1) t. II, p. 534 et 547, et atlas, pi. XXIII, fig. 2, 2 a et 2 b. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.),(1) p. 113 et fig. 121. La Chélonée caret habite la mer, sauf au moment de la ponte. Sa nourriture est exclusivement animale. (1) Cet ouvrage est indiqué dans la liste alphabétique des travaux mentionnés dans ce fascicule, liste insérée vers la fin de ce volume. — 154 — La femelle dépose ses œufs dans le sable du rivage d’une île ou d’un continent, en un point situé au-dessus de la limite supérieure de la zone du balancement des marées. Lorsque sa ponte est finie, elle remplit de sable le trou qu’elle a creusé pour y déposer ses œufs, qui sont très- nombreux. Aussitôt après leur naissance, les jeunes vont à la mer. Calvados : Dans sa Note concernant des Tortues marines trouvées vivantes sur les côtes du département du Calvados (op. cit.,(1) p. 279), note que je reproduis en entier dans ces lignes, Eudes-Deslongchamps dit : « Au mois d’août 1836, M. Desloges, directeur de l’Assurance mutuelle contre l’Incendie, me remit une petite Tortue vivante de l’espèce appelée Caret ( Testudo imbricata)y qu’il avait ramassée la veille, à marée basse, sur les rochers situés en face du vil¬ lage de Luc, au lieu dit le Petit-Enfer. Je fus tout aussi étonné que lui d’une pareille trouvaille; je ne soupçonnais pas que cette espèce, ni aucune autre Tortue marine, hantât des latitudes aussi élevées. Est-ce à la température extraordinaire de l’été de cette année (1836) qu’il faut attribuer l’espèce d’émi¬ gration de cette Tortue ? Se serait-elle échappée de quelque vaisseau traversant la Manche? Toute con¬ jecture à cet égard serait à peu près vaine ; il faut se contenter du fait. « Quoi qu’il en soit, la Tortue ne paraissait nulle¬ ment malade; je la plaçai dans un baquet d’eau douce qu’on renouvelait tous les deux jours, et je l’y (1) Cette note est indiquée dans la liste alphabétique des travaux mentionnés dans ce fascicule et dans la bibliographie des Reptiles et des Batraciens de la Normandie, listes insérées vers la fin de ce volume. — 155 — ai conservée vivante pendant deux mois et demi. On lui offrit diverses sortes d’aliments, mais elle n’y toucha point. Au bout de deux mois elle rendit, par l’anus, une certaine quantité de petites pierres dont la grosseur variait depuis celle d’un pois jusqu’à celle d’une noisette : c’étaient des fragments de silex et de pierres calcaires dures, un peu arrondis sur leurs angles, que l’animal avait avalés avec sa nourri¬ ture, comme le font les oiseaux gallinacés et quel¬ ques reptiles, notamment les Crocodiles, et qui ser¬ vent sans doute à faciliter, dans l’estomac, lacommi- nution des aliments. « Quinze jours après l’évacuation des pierres, la Tortue fut trouvée morte dans son baquet. Depuis qu’elle y séjournait, ses narines et ses conjonctives s’étaient couvertes d’une sorte de végétation de mu¬ cus jaunâtre très-épais, qui adhérait fortement à la membrane sous-jacente pendant la vie, mais qui s’en est détachée facilement après la mort. Malgré un si long jeûne, l’animal n’était presque pas atrophié, ses muscles étaient assez fermes; dans plusieurs points il y avait des grappes de graisse. « M. de Magneville, à qui je fis part de la trou¬ vaille de M. Desloges, me dit qu’il était à sa connais¬ sance qu’on avait trouvé une Tortue vivante, de très-grandes dimensions, sur les rochers de Port-en- Bessin. Il tenait ce fait de feu son père ». Étant donné que des exemplaires de Chélonée caret se montrent accidentellement sur les côtes de France, il est très-légitime de supposer que l’individu en question, qui a été trouvé sur le rivage de Luc-sur- Mer, s’était, par l’action de courants marins, de tempêtes ou d’autres causes, égaré de la région qu’il habitait, et non échappé d’un bateau. C’est pourquoi je parle ici de la Chélonée caret, attendu que, clans ma Faune de la Normandie , je men¬ tionne toutes les espèces sauvages dont la présence, en dehors de l’action de l’homme, a été constatée dans cette province. Quant au nom spécifique de la Tortue indiquée par M. de Magneville, on ne peut faire à cet égard que de très-vagues hypothèses, en l’absence de ren¬ seignements descriptifs. Il est possible qu’elle appar¬ tenait à l’espèce suivante : Dermochélyde luth [Der- mochelys coriacea (L.)]. 2e Famille. DERMOCHELIDIDAE— DERMOCHÉLIDIDÉS. 1er Genre. DERMOCHELYS <« — DERMOCHÉLYDE. 1. Dermochelys coriacea (L.) — Dermochélyde luth. Chelonia coriacea Schweigg. Coriudo coriacea Harl. Dermatochelys d) coriacea Strauch, D. porcata Wagl. Sphargis coriacea Gray, S . mercurialis Merr., S. tuber- culata Grav. Testudo areu ata Catesby, T. coriacea L. Sphargis luth. Tortue luth. A.-M.-C. Duméril et G. Bibron. — Op. cit., t. II, p. 560, et atlas, pl. XXIV, fig. 2, 2 a et 2 b. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 114 et fig. 122. Albert Granger. — Op. cit., fig. (p. 41). (1) Dermochelys Blainv. et Dermatochelys Wagl. 157 — Le Dermochélyde luth habite la mer et se tient au large, excepté au moment de la ponte. Sa nourriture paraît con¬ sister presque uniquement en poissons, mollusques et crus¬ tacés. La femelle dépose ses œufs dans le sable du rivage d’une île ou d’un continent, en un point situé au-dessus de la limite supérieure de la zone du balancement des marées. Lorsque sa ponte est terminée, elle remplit de sable le trou qu’elle a creusé pour y déposer ses œufs, dont le nombre peut atteindre trois à quatre cents annuellement. Parfois, plusieurs femelles pondent ensemble, de telle sorte que plus d’un millier d’œufs se trouvent réunis. Dès qu’ils sont nés, les jeunes se rendent à la mer. Seine-Inférieure : « Le mémoire dont je vais présenter l’extrait, dit Gosseaume (Descroizilles, op. cit. , p. 118), est ano¬ nyme, et ce n’est que par des recherches faites dans le registre de l’Académie (royale des Sciences, des Belles-Lettres et des Arts de Rouen), que j’ai découvert quel en était l’auteur (François Descroi¬ zilles), et que je puis le signaler à la reconnaissance de l’Académie. « Le 25 octobre 1752, à deux lieues de Dieppe, au nord-est, et à une demi-lieue de la terre, il a été pris un poisson (reptile et non poisson) extraordinaire, qui, eu égard à sa figure, paraît devoir être rapporté aux tortues de mer. Aussi a-t-il été regardé d’abord comme un vrai Caret, même par des navigateurs qui se prétendent connaisseurs ; mais comme le test de notre tortue est membraneux, et celui du Caret écailleux, il n’est pas permis de confondre des espèces si distinctes. « J’ai comparé la description de M. Descroizilles avec celle de M. le comte de Lacépède, et j’ai reconnu entre elles une entière conformité. Il en est de même ? - 158 — de la figure dont M. Descroizilles accompagne sa description, et de celle de M. de Lacépède : ainsi il est hors de doute que le poisson pêché sur la côte de Dieppe ne soit le luth, ou la tortue coriace de Linné. « . « Elle était longue de six pieds sept pouces, la tête et la queue comprises. « Sa largeur était de quatre pieds environ, et son épaisseur de trois pieds. Elle pesait de huit à neuf cents livres. « La longueur des nageoires antérieures était de trois pieds, leur largeur d’un pied. « Les deux nageoires postérieures étaient plus petites que les précédentes. « . « Un filet tendu pour la pêche du hareng aurait été incapable d’arrêter un poisson pareil. Il s’embar¬ rassa le col dans le cordage qui soutient le filet, et les pêcheurs l’ayant aperçu cà la pointe du jour, craigni¬ rent d’abord d’en approcher; mais, rassurés enfin, ils l’amarrèrent et l’entraînèrent vivant jusqu’au port. En l’examinant, on s’aperçut qu’il avait sur le dos deux poissons qui y paraissaient collés : c’était deux éché- néis ou rémora, poisson sur lequel Pline a débité tant de fables. « A cette dissertation de M. Descroizilles, j’ai trouvé annexée une lettre de M. Féret à M. Pingré, qui contredit la description ci-dessus en n’accor¬ dant que dix-huit pouces d’épaisseur (1) ». (1) Dans cette lettre de M. Féret il y a : « . et suis per¬ suadé que de l’aveu de tous ceux qui l’ont vu, comme nous, que, s’il y a 15 à 18 pouces d’épaisseur, c’est tout au plus ». Le manuscrit en question de François Descroizilles, accompagné dune aquarelle et de trois lavis représentant cette Tortue, ainsi 2e Ordre. S AU RI A SAURIENS. l,e Famille. LACERTIDAE — LACERT1DÉS. 1er Genre. LACERTA — LÉZARD. 1. Lacerta viridis (Laur.) — Lézard vert. Lacer ta bilineata Daud., L. chloronota Raf., L. sericea Daud., L. smaragdina Meisn., L. varias M.-E., L. viridis Daud. Seps sericeus Laur., S. terrestris Laur., S. varius Laur., S. viridis Laur. Lézard à deux raies, L. piqueté. Verdelet, Vert de gris. Victor Fatio. — Op. cit. , p. 69 et 108, et pl. II, fig. 1 et 2. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 275, 1er tableau, et pl. VII, fig. 9 — 11; tiré à part, p. 83, et mêmes tableau, pl. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 575; tiré à part, p. 7. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 253 et fig. 213. Albert Granger. — Op. cit., p. 57 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 279. que la lettre de M. Féret, sont conservés dans les archives de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, où j’ai pu les consulter, grâce à l’obligeante autorisation de cette Académie. L’examen des figures, dont j’ai fait un calque des deux princi¬ pales, que j’ai communiqué à l’éminent herpétologue M. G. -A. Boulenger, permet d’affirmer qu’il s’agit bien d’un exemplaire de Dermochélyde luth. Le Lézard vert habite les lieux boisés et les terrains pier¬ reux plus ou moins découverts, dans les régions basses, mais un peu accidentées, et dans les montagnes, où il se trouve jusqu’à 1.300 mètres d’altitude. Il vit aussi dans les prairies, voire même dans les prairies humides. Souvent on le voit sur le bord des chemins et sur de vieilles souches dans lesquelles il se retire fréquemment. Il est sociable. Son naturel est très-vif en dehors des quelques jours qui précèdent ou suivent sa période d’hibernation. Le Lézard vert est très-sauvage et mord qui veut le prendre. Il court avec beaucoup d’agilité et de vitesse, et grimpe parfois à la partie basilaire du tronc des arbres et sur les arbris¬ seaux. Ses mœurs sont exclusivement diurnes. Il se meut de préférence par les temps ensoleillés. Sa période d'hiber¬ nation, pendant laquelle il est dans un engourdissement profond, s’étend depuis les premiers froids de l’automne jusque dans la seconde quinzaine de février, en mars ou en avril, suivant la température. Il hiverne dans un trou du sol ou dans une fissure de rocher. Ce Lézard est vorace. Sa nourriture se compose de larves et d’insectes, de vers, d’arai¬ gnées, de mollusques, etc. ; il s’attaque aux jeunes orvets et parfois à différents autres petits vertébrés. Cette espèce ne se reproduit que dans sa troisième année. L’accouple¬ ment a lieu en mars, avril ou mai, selon la température. La femelle ne fait par an qu’une ponte, qui est normalement de six à quatorze œufs, et, par exception, de quinze à dix-neuf; les jeunes femelles en produisent un peu moins que les autres. Les œufs sont habituellement déposés sous une pierre ou dans un trou du sol, parfois sous du fumier. Les jeunes éclosent entre le milieu de juillet et la fin d’oc¬ tobre. La queue du Lézard vert, comme celle de beaucoup d’autres espèces de sauriens, se brise très-facilement sous la volonté de l'animal, par un acte d'autotomie, c’est-à-dire d’amputation volontaire. Elle se reforme plus ou moins promptement. Seine-Inférieure : « Saint-Étienne-du-Rouvray, haies et buissons de la plaine, bords de la forêt. A. R. ». [Lieury. — Op. cit., p. 118]. M. Eugène Niel, à Rouen, m’a dit qu’il avait vu, en 1880, un exemplaire de cette espèce, que M. An- gran avait capturé à Grand-Couronne, sur la lisière de la forêt de La Londe, en face le château du Grésil. De plus, M. Schlumberger lui avait dit que le Lézard vert existait dans ses bois, aux Authieux-sur-le-Port- Saint-Ouen, et dans les bois de Freneuse. Un Lézard vert provenant des coteaux d’Amfre- ville-la-Mivoie fait partie de la collection de M. Louis Müller. — J’ai examiné cet échantillon. [H. G. de K.]. Eure : Espèce mentionnée, sans aucun détail, comme ayant été observée dans le cantoa de Gisors. [Charles Bouchard. — Op. cit., p. 23]. Un Lézard vert, capturé à Lyons-la-Forêt, fut envoyé vivant, par M. Decaen, à la Société des Amis des Scionces naturelles de Rouen. (Bull, de cette Soc., 1er sem. 1873, p. 16 et 18). M. Eugène Niel, à Rouen, m’a informé qu’il avait vu, dans la forêt de Vernon, un spécimen de ce Lézard. M. Paul Noël, directeur du Laboratoire régional d’Entomologie agricole de Rouen, m’a certifié qu'il avait pris plusieurs fois ce Lézard sur les coteaux arides de- Vernonnet, à Vernon, en 1881. Très-rare; côtes arides à Brosville, et entre le vil¬ lage de Houlbec-Cocherel et le hameau de Coeherel (commune de Houlbec-Cocherel); exemplaires cap¬ turés par moi-même. [Renseignement manuscrit du Dr Maurice Régimbart, à Évreux]. H — 162 M. Louis Hulme, juge suppléant aux Andelys, m'a écrit qu’un exemplaire de cette espèce avait été pris par lui dans la forêt de Louviers. Orne : 1 i * * . , ' \ Dans ce département, dit l’abbé A.-L. Letacq [Note sur la découverte du Lézard des souches (Lacer ta stirpium Daud.) à Bagnoles , et sur les espèces du genre Lacer ta observées dans le départe¬ ment de VOrne (op. cit. , p. 118), le Lézard vert « n’est pas également répandu sur tous les points : ainsi, on ne le trouve pas aux environs de Tou- rouvre, de Laigle, de Vimoutiers, de Trun, de Putanges, et en général dans le nord du départe¬ ment; je ne l’ai pas remarqué autour de Mortagne, d’Argentan et d’Écouché. II apparaît çà et là dans les forêts d’Andaine et d’Écouves, mais il n'est commun que sur le versant méridional des collines de Normandie : aux environs d’Alençon, par exemple, il se voit fréquemment à Radon, au Froust (com¬ mune de Saint-Nicolas-des-Bois), à Saint-Nicolas-des- Bois, La Butte-Chaumont (communes de Cuissai, Saint-Nicolas-des-Bois, Livaie et Saint-Denis-sur- Sarthon), La Roche-Mabile, tandis qu’il est rare à Saint-Didier-sous-Écouves et à Fontenay-les-Louvets. Autour de la ville (Alençon), les carrières de Dami- gny, Condé-sur-Sarthe, Saint-Germain-du-Corbéis, des Aunais (commune de Saint-Germain-du-Corbéis), d’Ar- çonnay (Sarthe) et de Saint-Paterne (Sarthe) en recè¬ lent un grand nombre. « Au sud de la forêt d’Andaine, je l'ai observé à Bagnoles (commune de Tessé-la-Madeleine), à Antoi- gny, dans les gorges de Villiers (commune de Saint- Ouen-le-Brisoult), où il habite les carrières, les ébou- lis et les rochers. « En résumé, les collines de Normandie me parais¬ sent avoir une influence marquée sur la dispersion du Lézard vert dans le département de l'Orne ». « C. dans les bois, les forets, au pied des haies, dans les anciennes carrières au milieu des broussailles. J’en ai vu dans la forêt d’Andaine, près du Gué-aux- Biches, deux exemplaires qui mesuraient près de 40 centimètres de longueur ». [Abbé A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Ver¬ tébrés du département de l'Orne (op. cit.), p. 118; tiré à part, p. 54]. — « C. au sud des collines de Normandie, rare ou inconnu ailleurs ». [Abbé A.-L. Letacq. — Matériaux , etc. (op. cit.), additions et rectifications à ce travail, p. 130; tiré à part, p. 66]. « Le Lézard vert est commun dans les cantons du Theil-sur-Huine, de Bellême et de Nocé ». [Rensei¬ gnement manuscrit de M. l’abbé A.-L. Letacq, à Alençon]. Manche : « J’ai vu à maintes reprises et capturé plusieurs fois le Lézard vert au Mont Saint-Michel* sur les rochers et les murs en pierres sèches des jardins, où il est assez commun ». [René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la P'aculté des Sciences de Caen, renseignement verbal]. P. Joseph-Lafosse dit, dans son mémoire sur Le Lézard vivipare et le Lézard des murailles en Normandie (op. cit., note ajoutée au moment de l’impression, p. 172), que « d’après de nouvelles indications réunies récemment, il est probable que le Lézard vert se trouve à Granville et à Don- ville ». 164 Calvados : Bien que je ne possède aucun renseignement qui démontre, d une manière non douteuse, la présence du Lézard vert dans le Calvados, je crois néanmoins pouvoir avancer, à priori, qu’il est presque certain que cette espèce existe dans ce département. 2. Lacerta agilis L. — Lézard des souches. Lacer ta arenicola Daud., L. Laurentii Daud., L. stir- pium Daud. Seps argus Laur., S. caerulescens Laur., S. ruber Laur., S. stellatus Schrnk. Victor Fatio. — Op. cit., p. 75 et 108, et pl. II, fig. 3. Fernand Lataste. — Op. cit., 1er tableau; tiré à part, idem. Amb. Gentil.—- Erpétologie de la Sartlie (op. cit.), p. 575 et 576; tiré à part, p. 7 'et 8. 9 E. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 255 et fig. 215. Albert Granger. — Op. cit., p. 58 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 282. Le Lézard des souches habite de préférence les régions basses, et, dans les montagnes, ne se trouve guère au- dessus de 1.200 mètres d altitude. Il vit dans les lieux boi¬ sés et les endroits plus ou moins découverts. On le ren¬ contre aussi dans les prairies et les jardins des campagnes. Son naturel est très-vif en dehors des quelques jours qui précèdent ou suivent sa période d’hibernation. Il court vite et grimpe assez facilement dans la partie basilaire des buissons; il peut nager, mais ne le fait que par nécessité. Ses mœurs sont exclusivement diurnes. Sa période de som¬ meil hibernal s’étend depuis les premiers froids de l’au¬ tomne jusque dans la seconde quinzaine de février, en mars ou en avril, selon le climat et l’altitude. Il hiverne, plus ou — 165 — moins profondément engourdi, dans le trou qu’il s’est creusé dans le sol, ou dans une fissure de rocher. Sa nourriture se compose de larves et d’insectes, de vers, d’araignées, de mol¬ lusques et de myriopodes. Ce Lézard ne se reproduit que dans sa troisième année. L’accouplement a lieu en mars, avril ou mai, suivant la température. La femelle ne fait par an qu’une ponte, qui est normalement de neuf à treize œufs ; les jeunes femelles en produisent un peu moins que les autres. Les œufs sont habituellement déposés dans un trou du sol, souvent jusqu’à une profondeur de quinze centimètres; parfois ils sont pondus dans du fumier. La queue du Lézard des souches, comme celle de beaucoup d’autres espèces de sauriens, se casse très-facilement sous la volonté de l’ani¬ mal, par un acte d’autotomie; elle se reconstitue d’une manière plus ou moins prompte. Normandie orientale. — P. C. — Le Lézard des souches n’a pas, à ma connaissance, été signalé en Normandie plus à l’ouest que Bagnoles-de-l’Orne (commune de Tessé-la- Madeleine), où la présence de cette espèce a été constatée par M. l’abbé A.-L. Letacq. [Note sur la découverte du Lézard des souches ( Lacerta stirpium Daud.) à Bagnoles , et sur les espèces du genre Lacerta observées dans le département de l'Orne (op. cit.), p. 117]. 3. Lacerta vivipara Jacquin — Lézard vivipare. Lacerta crocea Wolf, L. nigra Wolf, L. pyrrhog aster Merr., L. schreibersiana M.-E. Zootoca montana Tschudi, Z. pyrrhogastra Tschudi, Z. vivipara Wagl. Lézard de Schreibers. Victor Fatio. — Op. cit., p. 81 et 108, et pl. Il, fîg. 4. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 269, 1er tableau, et pl. Vil, fig. 6 — 8; tiré à part, p. 77, et mêmes tableau, pl. et fig. — 166 Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 575 et 577; tiré à part, p. 7 et 9. K. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 254 et fig. 214. Albert Oranger. — Op. cit., p. 60. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 283. Le Lézard vivipare habite les pays plats, où il recherche les marais, les talus des chemins bordés de fossés humides ou de ruisseaux, et les endroits humides des prairies, des bois et des forêts, ainsi que les régions montagneuses, dans lesquelles on le rencontre jusqu’à plus de 3.000 mètres d altitude; on le trouve aussi dans des lieux secs. Son naturel est vif en dehors des quelques jours qui précèdent ou suivent sa période d’hibernation. Il court avec prestesse, va très- volontiers à l’eau, et nage et plonge fort bien. Ses mœurs sont exclusivement diurnes. Sa période d’hibernation s’étend depuis les premiers froids de l’automne jusque dans la seconde quinzaine de février, en mars, avril ou mai, suivant la température. Il hiverne dans un trou qu’il s’est pratiqué en terre. Sa nourriture se compose de larves et d’in¬ sectes, de vers, de mollusques, d’araignées, etc. Cette espèce ne se reproduit que dans sa troisième année. L’accou¬ plement a lieu en mars, avril ou mai. La femelle ne fait par an qu’une ponte, qui est normalement de quatre à neuf œufs, et, par exception, de dix à douze ; les jeunes femelles en produisent un peu moins que les autres. La ponte a lieu en juillet, en août ou en septembre. Les œufs sont habi¬ tuellement déposés sous une pierre ; parfois plusieurs femelles pondent sous la même pierre. Cette espèce est ovo¬ vivipare : au moment de la ponte, les œufs contiennent des jeunes qui sortent de l’œuf dès qu’il est pondu ou seule¬ ment quelques minutes après. Parfois, la coque de l’œuf— une simple membrane — est brisée par le jeune dans l’abdomen de la femelle, ce qui constitue réellement un fait de viviparité, qui lit donner à cette espèce son nom spéci- — 167 — fique. De même que la queue de beaucoup d'autres espèces de sauriens se brise très-aisément sous la volonté de l'ani¬ mal, celle du Lézard vivipare se casse avec une grande facilité, par un acte d’autotomie, mais se reconstitue plus ou moins vivement. Toute la Normandie. — A. C. en général et C. dans beaucoup de localités. En 1866, le Lézard vivipare fut indiqué par Lieury ■ (op. cit., p. 117) comme étant très-rare dans le département de la Seine-Inférieure; mais, grâce aux captures faites par plusieurs naturalistes : MM. Charles Brongniart, L. Corbière, Raoul Fortin, P. Joseph-Lafosse, l'abbé A.-L. Letacq, Louis Müller et moi-même, on peut dire que ce Lézard est, en général, assez fréquent dans la Normandie, et commun dans beaucoup de localités. 4. Lacerta muralis (Laur.) — Lézard des murailles. Lacer ta Brongniarti Daud., L. fasciata Risso, L. late- ralis Merr., L. maculata Daud., L. merremia Risso, L. muralis Latr. Podarcis muralis Wagl. Seps muralis Laur. Zootoca muralis Grav. •/ Lézard gris. Ambiette, Aspic, Coupe-brière, Courant de brière, Courant de bruyère. Victor Fatio. — Op. cit., p. 92 et 108, et pi. II, fig. 5. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 263, 1er tableau, et pi. Vil, fig. 3 — 5; tiré à part, p. 71, et mêmes tableau, pi. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 575 et 577; tiré à part, p. 7 et 9. — 168 — E. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 258 et pl. XI. Albert Granger. — Op. cit., p. 61 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 284. Le Lézard des murailles habite de préférence les endroits pierreux plus ou moins découverts, dans les régions basses aussi bien que dans les montagnes, où il se trouve jusqua 1.700 mètres d’altitude. Il recherche les pierres, les murs, les ruines, sur lesquels il aime à se chauffer au soleil, s’enfuyant avec une grande rapidité à la moindre alerte. Il se tient volontiers dans le voisinage des habitations, mais se rencontre peu souvent dans les lieux boisés et dans les champs. Le Lézard des murailles est sociable. Son natuiel est extrêmement vif en dehors des quelques jours qui précèdent ou suivent sa période d’hibernation. Il court avec une très-grande prestesse et grimpe avec une étonnante facilité aux parois verticales des rochers et aux murs. Se-s mœurs sont exclusivement diurnes. Pendant les heures les plus chaudes des journées estivales, il se met à l’abri des rayons du soleil. Il est peu frileux, et, quand la tempéra¬ ture est douce et le temps ensoleillé, on le voit en novembre et même en décembre. Sa période d’hibernation est à peu près limitée aux grands froids et s’étend jusqu’en février, mars ou avril, suivant la température. Il hiverne dans une fissure de rocher ou de muraille, sous une pierre ou dans un trou qu il s est creusé dans le sol. Sa nourriture se com¬ pose particulièrement d’insectes et de larves, d’araignées et de mollusques. Ce Lézard ne se reproduit que dans sa troi¬ sième année. L’accouplement a lieu en mars, avril ou mai. La femelle ne fait par an qu’une ponte, qui est normalement de six à dix œufs, et, par exception, de onze à quatorze; les jeunes femelles en produisent un peu moins que les autres. Les œufs sont déposés dans un trou du sol, dans une fissure de rocher, sous une pierre, parfois sous du fumier. Les jeunes éclosent dans le mois de juillet, d'août ou de sep- 1G9 tembre. On sait très-bien que la queue du Lézard des mu¬ railles, comme celle de beaucoup d’autres espèces de sau¬ riens, se brise fort aisément. Il s agit là d’un acte d'ampu¬ tation volontaire, d’autotomie pour employer le mot tech¬ nique. La reformation de la queue s’opère plus ou moins promptement. Toute la Normandie. — - A.C. en général, et C. dans beaucoup de localités. J’ai constaté que le Lézard des murailles était fort commun dans la Grande-Ile du petit archipel de Chausey (Manche). 2e Famille. SCINCOIDAE — SCINCOIDÉS. 1er Genre. ANGUIS — ORVET. 1 . Anguis fragilis L. — Orvet fragile. Anguis bicolor Risso, A. cinereus Risso, A. clivica Laur., A. eryx L., A. lineata Laur. Eryx clivicus Daud. Orvet commun, O. ordinaire, O. vulgaire. Aspi, Auvet, Orver. Victor Fatio. — Op. cit., p. 103 et 108, et pi. II, fig. G. Fernand Lataste. — Op. cit,, p. 291, 1er tableau, et pi. VIII, fig. 1 — 3; tiré à part, p. 99, et mêmes tableau, pi. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 578; tiré à part, p, 10. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 279 et fig. 230. Albert Graxger. — Op. cit., p. 68 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 286. L’Orvet fragile habite principalement les endroits herbeux découverts et les lieux boisés. Il sc trouve depuis les régions il* — 170 — basses jusqu’à une altitude de 2.000 mètres environ. Il est sociable, tout particulièrement pendant la saison d’hiver¬ nage. Son naturel est doux. Il rampe assez lestement et nage fort bien, mais ne grimpe pas. Ses mœurs sont diurnes et nocturnes. L’Orvet fragile se tient généralement caché lorsque la chaleur est grande. « Il n’est pas rare de le trouver, disent René Martin et Raymond Rollinat (op. cit., p. 286), dans les villes ou dans les fermes au moment où on rentre le foin ; il cherche à s’enfuir des greniers dans lesquels il est enfermé, tombe dans les cours et est le plus souvent dévoré par les poules ou par les porcs ». A l’arrivée des froids de l’automne, il se blottit, pour y passer la mau¬ vaise saison, dans un trou du sol, sous des feuilles mortes, dans un tas de pierres ou de fumier; souvent il se creuse une galerie souterraine. Il hiverne fréquemment en com¬ pagnie, et l’on trouve parfois de vingt à trente Orvets réunis dans la même galerie, dont souvent ils ont fermé l’entrée avec de la terre et de la mousse. Sa période d’hivernage se termine en mars, avril ou même seulement dans la première quinzaine de mai, suivant le climat et l’altitude. Sa nourri¬ ture se compose d'insectes et de larves, de lombrics, de mollusques (presque uniquement de limaces), etc. L’accou¬ plement a lieu le plus généralement en avril. Cette espèce est ovo-vivipare. La femelle met au monde une fois par an, au mois d'août ou de septembre, de six à vingt petits, qui sont habituellement déposés dans un trou du sol, et qui déchirent la coque de l’œuf, diaphane et très-mince, fort peu de temps après la ponte. La queue de l’Orvet fragile, comme celle de beaucoup d’autres sauriens, se brise très- facilement sous la volonté de l’animal, par un acte d’auto¬ tomie, mais elle ne se reconstitue pas avec la même facilité que celle des lézards, et seulement un petit bout se reforme, de telle sorte que la queue est toujours courte chez les indi¬ vidus où elle a été cassée. Cette fragilité fit donner à cette espèce le nom quelle porte. Toute la Normandie. — C. 171 3e Ordre. OPHIDIA — OPHIDIENS. lre Famille. COLUBRIDAE — COLUBRIDÉS. 1er Genre. COLUBER — COULEUVRE. 1. Goluber longissimus (Laur.) — Couleuvre d’Es- culape. CallopeUis Aesculapii Schreib., C. flavescens Bp., C. lon¬ gissimus Cam. Coluber Aesculapii Lacép., C. flavescens Gm., C . longis- simus Bonnat., C. Scopolii Merr. Elaphis Aesculapii D. et B., E. flavescens Leyd. N citrix longissima Laur. Zamenis Aesculapii Fitz. f Elaphe d’Esculape. Serpent d’Esculape. Sourjetton, Surjetton. Victor Fatio. — Op. cit., p. 136 et 227, et pi. II, fig. 7—9. Fernand Lataste. — Op. cit., 1er tableau ; tiré à part, idem. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 580; tiré à part, p. 12. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 355 et fig. 268. Albert Granger. — Op. cit., p. 82 et fig. (p. 31). René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 288. La Couleuvre d’Esculape vit dans les endroits pierreux et broussailleux, les prairies, les champs, les bois et les forêts, dans les régions basses et dans les montagnes, où on la trouve jusqu'à 1.300 mètres d'altitude. Souvent on la ren¬ contre parmi les ruines. Son naturel est vif. Ses mouve¬ ments sont souples. Elle ne rampe pas d’une façon très- rapide, mais grimpe aisément dans les buissons et sur les arbres de petite taille; elle grimpe aussi aux murs, en s’ai¬ dant des aspérités qu’ils possèdent. Ses mœurs sont prin¬ cipalement diurnes. La Couleuvre d'Esculape est très-fri¬ leuse, et, dès les premiers froids de l’automne, elle se blot¬ tit dans un trou de rocher, un arbre creux ou quelque autre abri, où elle hiverne jusqu’en avril, mai ou la pre¬ mière quinzaine de juin, suivant le climat et l’altitude. Sa nourriture se compose de petits mammifères, de lézards, de jeunes oiseaux, etc., qu’elle étouffe dans ses replis, à la façon des boas, a?vant de procéder à la déglutition. La femelle ne fait par an qu’une ponte, qui est de cinq à vingt œufs ; les jeunes femelles en produisent un peu moins que les autres. Les œufs sont déposés dans quelque trou ou dans de la mousse sèche, parfois dans du fumier. Note. — On a écrit que la Couleuvre d’Esculape était fort pro¬ bablement le serpent que les Romains vénéraient et qui est en¬ roulé autour du bâton que porte à la main Esculape, le dieu de la médecine, d’où le nom spécifique donné à cet ophidien. On a, de plus, prétendu que ce sont les Romains qui importèrent en Gaule leur serpent sacré, lorsqu’ils vinrent s’établir dans ce pays, et qu’aujourd’hui on le trouve souvent encore sur l’emplacement même ou dans le voisinage de stations romaines. Ce dire d’une importation fut combattu à l’aide de ce double fait de l’absence de cet ophidien sur l’emplacement ou dans le voisinage de stations habitées jadis par les Romains, et de sa présence en des localités ou ne se trouve nul vestige de leur occupation. A mon avis, l’ab¬ sence ou la présence de la Couleuvre d’Esculape sur l’emplace¬ ment ou à proximité de stations romaines ne prouve absolument rien de positif pour ou contre son importation, car cette espèce a pu parcourir de grandes distances en une série de générations. Seul un document précis, sur lequel il faut peu compter, résou¬ drait cette question. 173 Orne : La Couleuvre d’Esculape n’a encore été trouvée en Normandie, à ma connaissance, que dans ce dépar¬ tement. C’est à M. l’abbé A.-L. Letacq, savant et très-labo¬ rieux investigateur de la faune et de la flore du département de l’Orne, que l’on doit les seuls ren¬ seignements qui aient été imprimés jusqu’alors sur la présence de cet ophidien dans la province nor¬ mande. Voici ces renseignements : « A.C. dans les haies, les bois, les prairies et les champs ; observée fréquemment aux abords de la forêt d’Écouves ». [ Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit .), p. 118; tiré à part, p. 54]. « Des observations récentes m’ont prouvé qu’elle existe au moins dans une grande partie du départe¬ ment de l’Orne. Elle est sans doute plus commune sur le versant méridional des collines de Normandie, au sud de Mortagne, dans la région alençonnaise, près de Carrouges, de Couterne et de Domfront : mais on la trouve aussi à La Ferté-Macé, à Sées, dans la plaine d’ Argentan, aux environs de Gacé et jusqu’à Canap- ville, sur la limite du Calvados ». [La Couleuvre d' Esculape et ses stations dans le département de l'Orne (op. cit.), p. 132]. — D’après la dernière ligne de cette citation, il est possible que des recherches attentives feraient constater la présence de la Couleuvre d’Esculape dans la partie méridio¬ nale du département du Calvados. « A.C. surtout au midi des collines de Norman¬ die ». [Nouvelles observations sur la : faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit.), p. 85]. M. l’abbé A.-L. Letacq a obligeamment soumis à mon examen un échantillon empaillé de cette espèce, qui avait été pris dans la forêt d’Écouves, à La Ferrière-Béchet (Orne). Sa mensuration m’a donné une longueur totale de 1 m. 06. — M. Letacq en a vu, à La Lande-de-Goult (Orne), un exemplaire qui mesu¬ rait 1 m. 50 de longueur totale. [La Couleuvre d'Es- culape, etc. (op. cit.), p. 133]. 2e Genre. TROPIDONOTUS — TROPIDONOTE. 1. Tropidonotus natrix (L.) — Tropidonote à col¬ lier. Coluber arabicus Gm., C. bipes Gm., C. gronovianus Gin., C. helveticus Lacép., C. hybridus Merr., C . mi- nutus Pall., C . natrix L., C. persa Pall., C. scopolia- nus Daud., C. scutatus Pall., C. siculus Cuv., C. tor- quatus Lacép., C. tyrolensis Gm. Natrix gronoviana Laur., N. tor quata Bp., N. vulgaris Laur. Tropidonotus fallax Fatio, T. hybridus Boie, T. natrix Boie. Couleuvre à collier. Anguille de bois, Anguille de haie, Angulle de bois, An- gulle de haie, Couleuve, Coulieuvre, Couvre, Culeuvre, Culèvre, Quilleuvre. Victor Fatio. — Op. cit., p. 147, 153 et 227, et pi. II, fig. 10—12. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 320 et 1er tableau ; tiré à part, p. 128 et même tableau. Am b. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 580 et 581 ; tiré à part, p. 12 et 13. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 370, et fig. 274, et 290 (p. 409). Albert Oranger. — Op. cit. , p, 84 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 292. Le Tropidonote à collier habite surtout les régions plus ou moins basses, mais il vit aussi dans les montagnes, où il se trouve jusqu’à 1.700 mètres d’altitude. Il aime le voisi¬ nage des eaux douces et se tient fréquemment près des mares, des étangs, des lacs, des fossés pourvus d’eau et dans les marais ; toutefois, on le rencontre souvent aussi dans les bois et les forêts, en des points éloignés d'une eau quelconque, ainsi que dans les prairies sèches et dans les champs. Il est sociable, particulièrement pendant la saison d’hivernage, et, de plus, les femelles le sont pendant la ponte. Son naturel est doux et assez vif. Ses mœurs sont principalement diurnes. Pendant les beaux jours, surtout lorsque le temps est orageux, il montre beaucoup d’acti¬ vité. Le Tropidonote à collier rampe assez vite, nage aisé¬ ment et plonge bien. Il grimpe parfois dans les buissons et dans les haies. Il est peu frileux, car on le voit encore en novembre quand la température est douce. Sa saison d’hi¬ vernage s’étend depuis les froids de l’automne jusque dans la seconde quinzaine de février, en mars ou en avril, sui¬ vant la température. Il passe cette saison blotti dans un trou du sol, d’un rocher ou d’un vieux mur, dans quelque amas de détritus, dans une souche d’arbre, dans un tas de fumier ou de paille et souvent dans un bâtiment de ferme. Sa nourriture se compose principalement de batraciens et de poissons ; les jeunes mangent des vers et des insectes. Cet ophidien ne se reproduit qu’à l’âge de trois ou quatre ans. L’accouplement a lieu en avril ou mai. La femelle ne fait par an qu’une ponte, de dix à cinquante œufs; les jeunes femelles en produisent un peu moins que les autres. La ponte a lieu habituellement en juin, en juillet ou en août, suivant le climat et l’altitude. Les œufs sont déposés dans quelque trou ou dans un autre abri chaud et plus ou moins humide, les fumiers étant pour la femelle un endroit de pré- 17G — dilection. Celle-ci, disent René Martin et Raymond Rollinat (op. cit. , p. 292), « s’introduit dans un fumier, se roule sur elle-même jusqu’à ce qu’elle ait formé, par de violents efforts, une chambre assez spacieuse pour contenir sa ponte, et elle évacue ses œufs en les plaçant les uns sur les autres. Les œufs, d’un blanc mat, à enveloppe souple et parcheminée, plus ou moins allongés, mesurent de 25 à 33 millimètres de longueur, se collent les uns aux autres, non en chapelets, mais pêle-mêle, soit par les bouts, soit par les côtés, for¬ mant ainsi des masses irrégulières composées de deux à quarante œufs ; quelques œufs, provenant du début ou de la fin de la ponte, sont isolés. Presque toujours plusieurs femelles se réunissent au même endroit pour y effectuer leur ponte, car nous avons trouvé 332 œufs dans le même coin d’un fumier; ils formaient plusieurs paquets, et chaque paquet était ordinairement composé de la ponte d’une femelle. Cette Couleuvre pond de 11 à 48 œufs, selon sa taille; c’est, en ouvrant de nombreuses femelles, peu de jours avant la ponte, que nous avons pu connaître la quan¬ tité d’œufs pondus chaque année par cette espèce, et le nombre de 48 n’est pas accidentel puisque, plusieurs fois, nous en avons compté de 40 à 48 bien développés dans des femelles de très-grande taille. Elle pond aussi dans les petites excavations du sol, et nous avons trouvé ses œufs jusque dans les banquettes qui bordent les routes, entre la chaussée et le fossé, dans des endroits où, pendant la sécheresse, il y a peu d’humidité, ce qui n’empêche pas les œufs d’éclore aussi bien que dans les fumiers chauds et humides. Tout près de ces œufs, nous avons souvent ren¬ contré des quantités de vieilles coques provenant des pontes des années précédentes. Là encore nous avons pu nous rendre compte que plusieurs femelles pondaient dans le même endroit, car des cultivateurs nous ont dit que, l’année précédente, ils avaient détruit plusieurs centaines d’œufs de serpents dans la même banquette, et qu’ils avaient tué en même temps dans ces trous, près des œufs, plusieurs Cou- — 177 leuvres à collier et d’autres reptiles qui ressemblaient à des Vipères. Les ophidiens qu’ils prenaient pour des Vipères étaient certainement des Couleuvres vipérines, car l’espèce est commune dans cet endroit situé à proximité d’un étang; il peut donc se faire que la Vipérine aille déposer ses œufs dans les mêmes trous que la Couleuvre à collier ». Les jeunes éclosent habituellement au mois d’août ou de sep¬ tembre, deux mois environ après qu’ils ont été pondus. Toute la Normandie . — A.C. 2. (?) Tropidonotus viperinus (Latr.) — Tropidonote vipérin. Coluber viperinus Latr. Natrix cherseoides Wagl., N. ocellata Wagl., N. vipe- rina Bp. Tropidonotus viperinus Boie. Couleuvre vipérine. » . Victor Fatio. — Op. cit. , p. 157 et 227, et pl. II, fig. 13. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 325 et 332, 1er tableau, et pl. VIII, fig. 4 et 5; tiré à part, p. 133 et 140, et mêmes tableau, pl. et fig. Am b. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 580 et 582; tiré à part, p. 12 et 14. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 374 et 376, et fig. 275. Albert Granger. — Op. cit., p. 88 et 91, et fig. 7 et 8 (p. 80). René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 300. Le Tropidonote vipérin habite les régions basses et les pays montagneux, où il se trouve jusqu’à 1.200 mètres d’al¬ titude. Il est beaucoup plus hydrophile que le Tropidonote à collier et se tient dans le voisinage immédiat des eaux 12 douces, près des mares, des étangs, des lacs, des ruisseaux et des rivières, dans lesquels il passe une grande partie de son existence. Ce n’est que par exception qu’on le rencontre loin des eaux. Il est très-sociable. Son naturel est vif. A terre, il se meut d’une façon peu rapide, mais il nage et plonge très-bien. Il peut rester longtemps au-dessous de la surface de l'eau; fréquemment il nage la tête seule émergée ou rampe sur le fond de l’eau. Il aime à se tenir dans les eaux chauffées par le soleil, et grimpe accidentellement dans les buissons. Ses mœurs sont principalement diurnes. Le Tropidonote vipérin hiverne depuis les premiers froids de l’automne jusqu’en mars ou avril, suivant le climat et l’altitude, se tenant dans un trou du sol, une fissure de rocher, une souche d’arbre ou dans la vase. Souvent il passe la saison froide en compagnie, et l’on trouve parfois des masses composées d’une cinquantaine d’individus entre¬ lacés, hivernant ensemble et parmi lesquels on rencontre accidentellement des individus appartenant à d'autres espèces d’ophidiens. La principale nourriture de ce Tropidonote consiste en batraciens et en petits poissons. La femelle ne fait par an qu’une ponte, de cinq à vingt œufs ; les jeunes femelles en produisent un peu moins que les autres. La ponte a lieu entre la fin de mai et la fin de juillet. Les œufs sont déposés, au voisinage d’une eau douce, dans un trou du sol ou quelque autre abri, en un point chaud et plus ou moins humide ; souvent la femelle utilise, pour y pondre, les trous creusés par de petits mammifères ou des lézards. Les jeunes éclosent ordinairement au mois d’août ou de septembre. Normandie : Le Tropidonote vipérin, appelé aussi Couleuvre vi¬ périne, existe-t-il dans la province normande? Je n’ai pu jusqu’alors, malgré l’étude spéciale que j’ai faite de cette question, avoir une preuve tout à fait certaine de la présence de cet ophidien en Norman- — 179 die. Toutefois, il est possible, probable même, qu’il se trouve, vraisemblablement en petit nombre, dans la partie méridionale du département de l’Orne; c’est pourquoi je le mentionne dans cet ouvrage, en le faisant précéder d’un point de doute, actuellement tout à fait nécessaire. Voici des renseignements contradictoires, relatifs à la non-existence du Tropidonote vipérin en Nor¬ mandie : Seine-Inférieure : Dans sa Synopsis des Reptiles dit département de la Seine- Inférieure et des départements limi¬ trophes (op. cit. , p. 121), Lieury donne les rensei¬ gnements suivants au sujet de la présence du Tropi¬ donote vipérin dans cette région : « Forêt Verte, bois d’Ennebourg, forêt de Roumare, bois du Mesnil, etc. — A. C. ». La Forêt Verte et la forêt de Roumare sont situées aux environs de Rouen, ainsi que la commune du Bois-d’Ennebourg. Quant au bois du Mesnil, je ne sais duquel il s’agit. Le nom de « Mesnil » est commun en Normandie, et il faut absolument lui joindre un renseignement indicatif. Je ne puis m’em¬ pêcher, à cet égard, de m’élever une fois de plus contre les renseignements donnés d’une manière in¬ suffisante, ce qui, très-souvent hélas ! met une ombre plus ou moins épaisse où pourrait aisément briller la lumière. Ayant demandé cà M. Lieury ^ s’il pouvait affirmer que le Tropidonote vipérin existe dans la Seine-Infé¬ rieure, ou s’il connaissait quelque personne qui en ait conservé un exemplaire capturé dans ce départe¬ ment, il m’a écrit les lignes suivantes, qu’il m’a (1) M. Jean-Baptiste Lieury est mort en 1888* autorise à publier : « La Couleuvre vipérine m'avait été signalée, par un professeur d’histoire naturelle, comme se trouvant dans la basse forêt d’Eu (Seine- Inférieure). Ne l’ayant jamais rencontrée et craignant qu’elle n’existe pas dans ce département, je vous demande la permission de taire le nom du professeur et de m’attribuer personnellement cette indication peut-être erronée ». C’est le fait d’un esprit généreux ou craintif d’en¬ dosser la responsabilité d’une fausse indication éma¬ nant d’un autre ; toutefois, en matière scientifique, cela n’est suffisant en aucune façon. Incontestable¬ ment, M. Lieury méritait le respect et la sympathie par sa valeur comme botaniste et par son affabilité ; mais il a eu grand tort de publier, sans les avoir sérieusement contrôlés, des renseignements qui pro¬ pagent l’erreur et font perdre du temps à des natu¬ ralistes pour démontrer qu’ils sont vraisemblablement erronés. On ne saurait trop répéter qu’il faut, le plus possible, vérifier par soi-même les renseignements que l’on donne, et ne s’adresser qu'à des naturalistes compétents, car les indications fournies par les per¬ sonnes étrangères à l’histoire naturelle ou par les paysans sont, le plus fréquemment, entachées d’er¬ reurs, souvent énormes. De plus, on ne doit jamais oublier que si l’on rend service à la science en faisant mention de renseignements ayant quelque intérêt et dont l'exactitude est certaine, par contre, lorsqu’il y a doute, il faut laisser sa plume dans l’écritoire, ou exprimer nettement l’incertitude qui existe sur tel ou tel renseignement donné. Mon extrême amour de la vérité me fera pardonner, j’en suis convaincu, cette digression quelque peu pédantesque. Revenons au Tropidonote vipérin. Mon excellent et savant ami Louis Müller, qui a chassé et sérieuse- 181 ment étudié les reptiles de la Seine-Inférieure, n’a pu s’y procurer cet ophidien, et les différentes re¬ cherches que j'ai faites à son égard ne m’ont donné que des résultats négatifs. En définitive, je suis très-porté à croire que ce * Tropidonote n’existe pas dans la Seine-Inférieure. Eure : M. Decaen, alors pharmacien à Lyons-la-Forêt (Eure), mort en 1879, envoya, paraît-il, à la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, au mois d’août ou au commencement de septembre 1872, un Tropidonote vipérin vivant, capturé dans la forêt de Lyons(1), et qui, conservé dans l’alcool, fut exposé sur le bureau de cette Société. En outre, M. Decaen prétendit, par lettre, que ce reptile était bien le Colu- ber viperinus Latr. (Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1872, p. 10; et 1er sem. 1873, p. 17). Je n’ai pas trouvé l’exemplaire en question dans les collections de cette Société. Malgré l'affirmation de M. Decaen, je suis très-porté à penser qu’il y a eu erreur de détermination, si, réellement, cet ophidien a été capturé dans la forêt de Lyons, et suis tout disposé à croire que ce reptile était une Coro- nelle lisse ( Coronella austriaca Laur.), espèce dont l’existence en Normandie était fort peu connue des naturalistes avant que M. Louis Millier ait publié en 1883, dans le Bulletin de la Société d’Enseignement mutuel des Sciences naturelles d’Elbeuf (aujourd’hui : Société d’Étude des Sciences naturelles d’Elbeuf), (1) La plus grande partie de la forêt de Lyons, entre autres celle qui avoisine le bourg de Lyons-la-Forèt, est située sur le département de l’Eure ; l’autre partie dépend de la Seine-Infé¬ rieure, sa Note sur la Coronella laevis Lacép. {Coronella austriaca Laurenti) (op. cit .) , où il indique 1 exis¬ tence cle cette espèce dans les départements de la Seine-Inférieure et de l'Eure. Il convient d’ajouter que la Coronelle lisse se trouve dans la forêt deLyons, fait que j’ai constaté par moi-même. Charles Brongniart, dans son Rapport sur l ex¬ cursion de la Société d? Études scientifiques de Paris , faite à Gisors {Eure) et aux environs , les 16 et 17 mai 1880 (op. cit., p. 22), dit que, dans cette région, « on trouve fréquemment la couleuvre à collier et la couleuvre vipérine ». Je suis convaincu que, pour le Tropidonote vipérin, il y a eu erreur de détermination, et il est fort probable qu’il s’agissait de la Coronelle lisse. Orne : Relativement à cette espèce, l’abbé A.-L. Letacq donne les renseignements qui suivent dans s.es Ma¬ tériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit., p. 119; tiré a part, p. 55) : « R. — Étang du Mortier, Saint-Germain- du-Corbéis, fossés du château d’Hauteclair, près Alençon ». — Il convient de dire que si la commune de Saint-Germain-du-Corbéis est dans l’Orne; par contre, l'étang du Mortier (commune de Gesne-le- Gandelin) et les fossés du château d’Hauteclair (commune d’Arçonnay), situés aussi dans les envi¬ rons d’Alençon, font partie du département de la Sarthe. [H. G. de K.]. Au sujet des lignes précédentes, l’abbé A.-L. Le¬ tacq a publié la rectification qui suit dans ses Nou¬ velles observations sur la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit., p. 86) : « De nou¬ velles observations sont nécessaires pour être bien fixé sur la présence de cette espèce dans l'Orne », — 183 En résumé, on voit, d’après les renseignements qui précédent, que jusqu’alors il n’existe, à ma connais¬ sance du moins, aucune preuve certaine de la pré¬ sence du Tropidonote vipérin en Normandie; mais comme il est fort possible qu’il se trouve, probable¬ ment en petit nombre, dans la partie méridionale du département de l’Orne, je l’ai indiqué dans cet ouvrage, en le faisant précéder d’un point de doute, impérieusement nécessaire jusqu a présent. Calvados et Manche : Je ne connais pas une seule indication permettant de dire, avec quelque probabilité, que le Tropidonote vipérin se trouve dans l’un de ces deux départe¬ ments. 3e Genre. CORONELLA - GORONELLE. 1. Coronella austriaca Laur. — Coronelle lisse. Coluber austriacus Gm., G. caucasius Pall., G. coronella Bonnat., C. laevis Lacép. Coronella laevis Boie. Natrix coronilla Schrnk. Zacholus austriacus Fitz., Z. Fitzingeri Bp. Couleuvre lisse. Victor Fatio. — Op..cit.,p. 177 et 227, et pl. II, fig- 16-18. Fernand Lataste. - Op. cit., p. 337 et 1“ tableau ; tiré à part, p. 145 et même tableau. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 580 et 583; tiré à part, p. 12 et 15. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 348 et fig. 265. Albert Oranger. — Op. cit., p. 93 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 303. La Coronelle lisse habite les régions basses et les mon¬ tagnes, où elle se trouve jusqu’à 1.900 mètres d’altitude. Elle préfère les lieux secs, arides ou boisés, mais elle vit aussi dans les endroits humides. Son naturel est assez vif. D’après certains naturalistes, elle est d’un caractère doux, et, d’après d'autres, d’une méchante humeur. L’éminent herpétologue M. G. -A. Boulenger, et MM. Louis Millier et Paul Noël, excellents observateurs, ont constaté que des Coronelles lisses cherchaient à mordre la main qui les prenait. Cette espèce ne va pas volontiers à l’eau, quoiqu’elle nage bien. Ses mœurs sont principalement diurnes. Elle hiverne depuis les premiers froids automnaux jusqu’aux premiers beaux jours du printemps, passant cette période dans un trou du sol ou dans une cavité de rocher. Sa nourriture se compose de lézards, de jeunes orvets, de micromammifères (surtout de leurs petits), de jeunes ophidiens, etc, La femelle ne fait par an qu’une ponte, habituellement de dix à treize œufs. Elle est ovo-vivipare ; les jeunes brisent la coque de l’œuf dès la ponte ou la déchirent lorsque l’œuf est encore dans l’abdomen de la mère. En ce dernier cas, il y a réellement viviparité. Toute la Normandie. — A. C. OBSERVATION. Zamenis gemonensis (Laur.) — Zaménis vert et jaune. G. de la Serre dit, dans son mémoire intitulé : Statis¬ tique et Historique des Forêts de l' arrondissement de Rouen (op. cit., p. 174; tiré à part, p. 11), que « la cou¬ leuvre ( coluher viridiflavus) et la vipère ( vipera berus ) » existent dans ces forêts. Pour la Vipère bérus, le fait est très-exact; mais l’auteur se trompe indubitablement dans le 185 — nom spécifique de la Couleuvre. En effet, le Zamems gemo- nensis (Laur.), qui est le Coluber viridiflavus Lacép., ne vit certainement pas dans les forêts de l’arrondissement de Rouen, où l’on ne trouve que deux Couleuvres : le Tropi- donote à collier [ Tropidonotus natrix (L.) ] et la Coro- nelle lisse ( Coronella austriaca Laur.). Très-probablement, c'est du Tropidonote à collier dont M. G. de la Serre a voulu parler. — Je dois ajouter que le Zaménis vert et jaune n’a jamais, à ma connaissance, été trouvé en Normandie. Note. — Le « Domfront » indiqué, à propos du Zaménis vert et jaune, par Amb. Gentil dans son Erpétologie de la Sarthe (op. cit. , p. 584; tiré à part, p. 16), est « Domfront-en-Cham- pagne (Sarthe) », comme le veut la logique, et non a Domfront », chef-lieu d’arrondissement du département de l’Orne, ainsi que plusieurs personnes pourraient le supposer. Je tiens ce renseigne¬ ment de M. Amb. Gentil lui-même. 2e Famille. VIPERIDAE — VIPÉRIDÉS. 1er Genre. VIPERA — VIPÈRE. 1. Vipera aspis (L.) — Vipère aspic. Coluber aspis L., C. Redii Gm. Vipera aspis Merr., V. atra Meisn., V. chersea Latr., V. communis Millet, V. ocellata Latr., V. prester Meisn., V. Redii Latr., V. vulgaris Latr. Vipère de Redi, V. ocellée. Note. — On désigne souvent la Vipère aspic sous le nom de Vipère rouge, et la Vipère bérus sous les noms de Vipère noire et de Vipère brune. 11 convient de faire observer que ces appellations vulgaires ne sont pas toujours exactes, car il y a des individus de la Vipère aspic dont la partie supérieure est 1 2* 186 — noirâtre ou brune, et des sujets de la Vipère bérus qui sont roussâtres en dessus. Victor Fatio. — Op. cit. , p. 220 et 227, et pl. II, fig. 21, 24 et 25. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 358, 1er tableau, et pl. VIII, fig. 7 a et 7 b ; tiré à part, p. 166, et mêmes tableau, pl. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 585; tiré à part, p. 17. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 460, et fig. 313, 317, 320 et 324. Albert Granger. — Op. cit., p. 110 et fig. (p. 111, à gauche). René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 306. La Vipère aspic habite les régions basses ou peu élevées, mais elle se trouve aussi dans les montagnes, où on la ren¬ contre à de grandes altitudes. Elle vit dans les endroits secs et pierreux, découverts ou boisés,' et recherche, dans les forêts, les lieux qui lui offrent une cachette et qui sont bien exposés au soleil. La Vipère aspic est sociable, surtout pen¬ dant la saison d’hivernage. Au printemps, on rencontre souvent le mâle et la femelle ensemble. Son caractère est irascible et lent ; toutefois, elle se jette d’une façon très- rapide sur sa proie ou son ennemi. Ses mœurs sont nocturnes et diurnes. Elle hiverne à partir des froids de l’automne et se réveille ordinairement en mars. Elle reste plus ou moins engourdie, pendant la saison d’hivernage, dans un trou du sol ou de rocher, sous des racines ou dans un creux d’arbre, sous la mousse, dans une fissure de vieux mur, etc., où cet ophidien est généralement blotti avec plusieurs de ses semblables entrelacés, formant ainsi un paquet d’une nature bien spéciale. Sa nourriture se compose principalement de petits mammifères, de sauriens, de jeunes oiseaux, de vers et d’insectes. L’accouplement a 187 — lieu d’ordinaire en avril ou mai. Cette espèce est ovo-vivi- pare. La femelle met au monde une fois par an, au mois d'août ou de septembre, de quatre à dix petits, exception¬ nellement de onze à vingt. Note. — La piqûre de la Vipère aspic, comme celle de l’espèce suivante (Vipère bérus), est dangereuse pour l’homme. Les accidents occasionnés par elle peuvent être plus ou moins graves, mais, fort heureusement, ne sont que très-rarement suivis de mort, et cela dans des circonstances particulièrement défavorables, entre autres la débilité du sujet mordu et l’application tardive d’un remède. 11 convient d’ajouter que la piqûre de ces deux Vipères est beaucoup plus inquiétante pour les enfants que pour les adultes. Normandie : L’existence du Vipera aspis (L.) en Normandie a été le sujet d’un certain nombre de discussions. J’ai fait de cette question une étude particulière, et il résulte de mes recherches que, jusqu’alors, la pré¬ sence de la Vipère aspic n’est certaine que dans l’un des cinq départements de cette province, le dépar¬ tement de l’Orne, où jusqu a ce jour il n’en a été pris, à ma connaissance du moins, que deux exem¬ plaires, dont il est question dans les pages suivantes (p. 190 et 191). Voici des renseignements contradictoires sur la non-existence du Vipera aspis (L.) dans la Nor¬ mandie : Seine- Inférieure : Dans leur Erpétologie générale (op. cit. , t. VII, 2e part., p. 1410), A.-M.-C. Duméril, G. Bibron et A. Duméril disent, en parlant de la Vipère aspic : « Elle n’est pas rare. . . dans les bois élevés des en¬ virons de Rouen ». Je suis convaincu qu’il s’agit là - 188 — du Vipera berus (L.) et non du Vipera aspis (L.). 11 est important de faire remarquer que ces auteurs n’indiquent pas, dans cet ouvrage, la Vipère bérus comme se trouvant en Normandie. J.-L. Soubeiran dit en parlant de la Vipère aspic, dans son mémoire intitulé : De la Vipère , de son venin et de sa morsure (op. cit. , p. 33) : « On la ren¬ contre quelquefois dans les bois élevés auprès de Rouen, dans la forêt d’Eu ! » Pas plus que dans l’ou¬ vrage précédent, la Vipère bérus n’y est indiquée comme existant dans la Normandie. Je suis per¬ suadé que, là aussi, il y a eu méprise, et qu’il faut substituer le nom spécifique de berus à celui cV aspis. Quant au point exclamatif qui suit l’indication « dans la forêt d’Eu », j’ignore ce qu’il signifie. Sou¬ beiran l’a placé après des noms de régions, et ne l’a pas mis à d'autres, et, malheureusement, il n’a pas fait connaître sa signification dans ce mémoire. L’au¬ teur veut-il dire, par ce point, qu’il a vu les exemplaires provenant de la localité indiquée? La chose est fort possible. Lors même qu’elle serait exacte, je persisterais à croire à une méprise, et à dire qu’il est à peu près certain que pas une Vipère aspic aborigène n’a été prise dans le département de la Seine-Inférieure. Le D1’ Emmanuel Blanche dit ce qui suit en ter¬ minant sa Note sur le Pelias Berus (op. cit., p. 113) : « Je me borne aujourd’hui à appeler votre attention sur ce fait que, dans les traités d’Erpétolo- gie, le Vipera Aspis (Sclileg.) est signalé comme commun aux environs de Rouen, et le Pelias Berus (Merr.) mentionné sans indication précise de localité, tandis que nos observations nous autorisent à avan¬ cer que le Pelias Berus est excessivement commun et, disons-le par anticipation, le V. Aspis rare et peut- — 189 — être même très-rare dans le département de la Seine- Inférieure ». Toutes les Vipères provenant de différentes loca¬ lités de la Seine-Inférieure et de l’Eure, qui furent examinées par le Dr Emmanuel Blanche, étaient des Viper a berus (L.). Lieury dit en parlant de la Vipère aspic, dans sa Synopsis des Reptiles du département de la Seine- Inférieure et des départements limitrophes (op. cit. , p. 122) : « Nous ne saurions affirmer que cette espèce, qui a été longtemps confondue avec la Péliade Bérus, se trouvât dans nos environs ». M. Louis Müller, qui a étudié la tête de nom¬ breuses Vipères tuées sur différents points de la Seine-Inférieure, notamment 145 têtes d’individus provenant des environs de Rouen (1) 2, a constaté que ces têtes appartenaient exclusivement à la Vipère bérus. Enfin, les Vipères tuées dans la Seine-Inférieure et dans d’autres départements de la Normandie, que j’ai examinées, étaient sans exception des Vipères bérus. Une partie de ces exemplaires a été minu¬ tieusement étudiée par un herpétologiste éminent, M. G.- A. Boulenger t2>. Il résulte des paragraphes qui précèdent que très- improbable est l’existence du Viper a aspis (L.) dans la Seine-Inférieure, et je suis tout à fait porté à croire que l’on ne peut y trouver d’exemplaires abo¬ rigènes. (1) Voir : Louis Muller. — Observations sur l’écaillure de la tête de la Vipera berus Linné {P elias berus Merrem) (op. cit.). (2) Voir : G. -A. Boulenger. — Note sur des Vipera berus capturés en Normandie (op. cit.). — 190 — Orne : L’abbé A.-L. Letacq dit en parlant de la Vipère aspic, dans ses Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. ci t. , p. 119; tiré à part, p. 55) : « A.C. dans les bois, les taillis, les broussailles, aux endroits secs ». Il a publié, à ce sujet, la rectification suivante dans ses Nouvelles observations sur la faune des Ver¬ tébrés du département de l'Orne (op. cit . , p. 86) : « Le Viper a aspis se trouve très-probablement chez nous, mais doit y être assez rare. Comme c’est une espèce méridionale, on aura plus de chance de la rencontrer aux environs d’Alençon et dans le sud de l’arrondissement de Mortagne. — Les indications données sur le Vipera aspis dans mon premier travail ( Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne) sont inexactes ». M. l’abbé A.-L. Letacq n’avait pu, jusqu'au moment d’imprimer ces pages, me communiquer une seule Vipère aspic authentiquement capturée dans le dépar¬ tement de l’Orne. Toutefois je pensais, comme lui, que cette espèce existait probablement, mais en petit nombre, dans la partie méridionale de l’Orne, sup¬ position qui trouvait un important appui par ce fait que la Vipère aspic existe dans la partie septen¬ trionale du département de la Sarthe, qui touche au département de l’Orne, ainsi que l’a constaté par lui- même M. Amb. Gentil, le savant auteur d’un utile ouvrage sur les vertébrés de la Sarthe, très-souvent indiqué, comme référence bibliographique, dans cette Faune de la Normandie. Le doute a été changé en certitude par suite de la capture, en juin 1897, de deux Vipera aspis (L. 191 — dans les bois cle Mâle, â l’extrême sud de l’Orne. L’un des deux exemplaires m’a été obligeamment donné par M. l’abbé A.-L. Letacq. [ Voir, dans ce fascicule, l’addenda aux Reptiles]. Eure , Calvados et Manche : Je ne connais aucun renseignement autorisant à dire que la Vipère aspic existe dans l’un de ces trois départements, où la Vipère bérus est malheureuse¬ ment assez commune. En résumé, il n’y a jusqu’alors, à ma connais¬ sance, aucune preuve certaine que la Vipère aspic se trouve, en Normandie, ailleurs que dans l’Orne. 2. Vipera berus (L.) — Vipère bérus. Coluber berus L., C. chersea L., C. melanis Pall., C. prester L., C. scijtha Pall., C. vipera Laur. ' Echidnoides trilamina Mauduyt. Pelias berus Merr. Vipera berus Daud., V. commuais Leach, V. melanis Latr., V. prester Latr., V. trilamina Millet. Péliade bérus. Vipère à trois plaques, V. péliade. « Aspi, Aspic. Note. — On désigne fréquemment la Vipère bérus sous les appel¬ lations de Vipère noire et de Vipère brune, et la Vipère aspic sous le nom de Vipère rouge. Il convient de faire remarquer que ces désignations ne sont pas toujours correctes. En effet, il y a des sujets de la Vipère bérus qui sont roussâtres en dessus, et des indi¬ vidus de la Vipère aspic dont la partie supérieure est noirâtre ou brune. Victor Fatio. et 23. Op. cit . , p. 210 et 227, et pl. II, lig. 22 — 192 — Fernand Lataste. — Op. cit., 1er tableau, et pl. VIII, fig. 8a et 8b; tiré à part, mêmes tableau, pl. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sartlie (op. cit.), p. 585; tiré à part, p. 17. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 449, pl. XV, et fig. 314, 316, 319 et 322. Albert Oranger. — Op. cit., p. 115; fig. 5 — 6 (p. 99) et fig. (p. 111, à droite). René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 313. La Vipère bérus habite des endroits très-variés, tels que les lieux arides et secs bien exposés au soleil, les bois, les forêts, les prairies et même les sols marécageux. Elle vit dans les régions basses et dans les montagnes ; on la trouve, dans les Alpes, jusqu’à une altitude de 2.800 mètres envi¬ ron, près des neiges éternelles. Elle recherche les points qui reçoivent beaucoup de soleil. Elle est sociable, surtout pendant la saison d’hivernage. Son naturel est irascible, nonchalant et assez lourd ; toutefois, elle est plus alerte au crépuscule et pendant la nuit. Elle rampe avec une certaine lenteur, mais se jette avec une grande rapidité sur sa proie ou son ennemi. Bien qu'elle n'aille pas à l’eau volontaire¬ ment, la Vipère bérus est cependant bonne nageuse. Ses mœurs sont nocturnes et diurnes, surtout crépusculaires et nocturnes. Elle hiverne depuis les premiers froids de l’automne jusqu’en mars, avril ou la première quinzaine de mai, suivant le climat et l’altitude. Elle passe la saison d’hivernage dans un trou du sol, dans une fente de rocher, un amas de pierres, sous des racines, dans un arbre creux ou dans un trou de mur. Son sommeil hibernal est plus ou moins profond. Elle passe la saison froide générale¬ ment en compagnie, et l’on trouve parfois de quinze à vingt-cinq individus entrelacés, blottis dans le même trou. Sa nourriture se compose de petits mammifères, de jeunes oiseaux, de batraciens, de sauriens, etc. Cette espèce est ovo-vivipare ; les jeunes brisent la coque de l’œuf dès qu'il 193 — est pondu ou même lorsqu’il est encore clans le ventre de la mère. Il n’y a qu’une ponte par an, qui a lieu généra¬ lement en août ou septembre. Les vipereaux sont au nombre de cinq à quatorze ; les jeunes femelles produisent moins de petits que les autres. Note. — La piqûre de la Vipère bôrus, comme celle de la pré¬ cédente espèce (Vipère aspic), est dangereuse pour l’homme et détermine des accidents qui peuvent être plus ou moins graves, mais ne sont mortels que d’une manière très-exceptionnelle, dans des circonstances spécialement défavorables, entre autres la débi¬ lité de la personne piquée et l’application d’un remède longtemps après l’absorption du venin. Les accidents sont beaucoup plus inquiétants pour les enfants que pour les adultes. Toute la Normandie. — A. C. 4e classe. BATRACHIA — BATRACIENS. * 1er Ordre. ANURA — ANOURES. lra Famille. HYLIDAE — HYLIDÉS. 1er Genre. HYLA — RAINETTE. 1. Hyla arborea (L.) — Rainette verte. Ccilamita arborais Schneid. Dendrohyas arborea Tschudi. Hyas arborea WagJ. Hyla arborea Cuv., H. viridis Laur. Rana arborea L. Raine commune, R. ordinaire, R. verte, R. vulgaire. Rainette commune, R. ordinaire, R. vulgaire. Craisset, Gresset, Guernouillet, Petit baromètre, Raine cou- drette, Rainette de Saint-Martin. Victor Fatio. — Op. cit., p. 423 et 433, et pl. V, fig. 14. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 406; 2°, 3e et 4e tableaux, et pl. X, fig. 4 — 6; tiré à part, p. 214, et mêmes tableaux, pl. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 587; tiré à part, p. 19. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 594 et fig. 448. Albert Oranger., — Op. cit., p. 128 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 318. La Rainette verte mène, pendant la plus grande partie de la belle saison, une existence principalement arboricole, fréquentant les lieux boisés, se tenant souvent dans le voi¬ sinage des habitations, soit dans les jardins et les avenues, soit parmi les végétaux tapissant les murs et les maisons, et ne se rendant à l'eau que de temps à autre. Au moment de la reproduction, elle habite les eaux douces stagnantes, principalement les mares et les fossés. Elle vit dans les régions basses et dans les montagnes, où on la trouve jus¬ qu’à des altitudes d'environ 1.500 mètres. La Rainette verte grimpe très-facilement dans les buissons et sur les arbres. Elle saute agilement de branchette en branchette, et s y tient avec facilité au moyen des pelotes dont est pourvue l’extrémité de tous les doigts de ses quatre pattes, pelotes qui jouent le rôle de ventouses et adhèrent solidement, grâce à la pression atmosphérique, aux objets où elles sont appliquées. C’est ainsi que la Rainette verte peut non-seule¬ ment monter à des surfaces très-verticales et tout à fait lisses, mais encore se tenir la partie ventrale en dessus, comme une mouche posée à un plafond. Elle nage et plonge avec habileté. Ses mœurs sont nocturnes et diurnes. Aux pre¬ miers froids de l'automne, elle se blottit, volontiers en petite compagnie, dans la vase au fond des eaux, dans un trou du sol, une fissure de rocher, un arbre creux, etc., en un point suffisamment humide, et hiverne ainsi, se réveillant généralement en mars ou avril. Les jeunes abandonnent les eaux dès qu’ils ont terminé leurs métamorphoses. La nourriture de cette espèce se compose principalement d’in¬ sectes et de larves, qui, en grande partie, sont attrapés sur les végétaux. La femelle ne fait annuellement qu’une ponte, d’environ mille œufs. L’accouplement a lieu dans l’eau. Les œufs sont pondus par petits paquets attachés aux végétaux aquatiques par la glaire qui les entoure, ou tom¬ bent au fond de l’eau. Notes. — La coloration de ce batracien anoure peut varier con¬ sidérablement sous l’influence de conditions diverses. Lorsque la partie supérieure de l’animal est colorée en vert, et qu’il se tient sur des feuilles de même teinte, on le voit difficilement, tant le phénomène de mimétisme est accentué. On a maintes fois préconisé l’emploi de la Rainette verte pour — 196 prédire l’élat de l’atmosphère, et nombre de personnes ont une grande confiance dans leur Rainette. Or, il a été prouvé expéri¬ mentalement que cette opinion n’est point fondée; et un baro¬ mètre, même un peu défectueux, lui est tout à fait préférable. N’ou¬ blions jamais, à cet égard, qu’un baromètre indique exactement la pression atmosphérique, mais qu’il ne peut donner que d’une manière générale les renseignements météorologiques pour la connaissance desquels il est employé. Toute la Normandie. — A. C 2e Famille. RANIDAE — RANIDÉS. 1er Genre. R AN A — GRENOUILLE. 1. Rana esculenta L. — Grenouille verte. Pelophylax esculentus Fitz. Rana cachinnans Pall., R. maritima Risso, R. ridibunda Pall. Grenouille commune, G. ordinaire, G. vulgaire. Guernazelle, Guernouille. Victor Fatio. — Op. cit. , p. 312 et 433, et pl. V, fig. 7 et 8. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 416; 2e, 3° et 4e tableaux, et pl. IX, fig. 4—6; tiré à part, p. 224, et mêmes tableaux, pl. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 588; tiré à part, p. 20. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 570; fig. 364—368 (p. 535), fig. 401—415 (p. 557 et 559), et fig. 434 (p. 568). Albert Granger. — Op. cit., p. 132 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., o. 323. — 197 La Grenouille verte habite les eaux douces, surtout les eaux stagnantes ; cependant on la trouve fréquemment aussi dans des eaux courantes. Elle se plaît dans les mares, les étangs, les fossés des marais, les ruisseaux garnis de 'végé¬ taux et les rivières pourvues de plantes. Elle vit depuis les régions basses jusque dans les montagnes, où on ne la voit que rarement au-dessus de 1.100 mètres d altitude. Elle est essentiellement aquatique ; toutefois, elle va sur les rives pour chercher de la nourriture, se reposer et se chauffer au soleil, mais, à la moindre alerte, elle saute dans 1 eau et plonge, revenant peu de temps après à la surface. La Gre¬ nouille verte est sociable. Son naturel est vif. Elle nage et plonge parfaitement, et, sur terre, saute avec prestesse. Ses mœurs sont principalement crépusculaires et nocturnes. Pendant le jour, elle reste soit à la surface de 1 eau, cachée parmi des plantes ou se reposant sur une feuille flottante, soit dans le voisinage immédiat des eaux. Aux premiers froids de l’automne, habituellement en octobre ou novembre, elle se retire, pour hiverner, dans la vase au fond de 1 eau, dans un trou de la rive ou sous un tas de détritus, et reprend sa vie active dans la seconde quinzaine de février, en mars ou en avril, suivant le climat et 1 altitude. Elle est très-vorace. Sa nourriture se compose d’insectes et de larves, de vers, de mollusques, de crustacés, d’araignées, de jeunes batraciens, etc.; elle s’attaque aussi à de jeunes poissons, a des batraciens adultes, à de jeunes oiseaux et à de jeunes mammifères. La femelle ne fait annuellement qu’une ponte, d’environ dix mille. œufs, qui a lieu généralement en mai ou juin. Les œufs sont entourés d’une masse glaireuse et forment plusieurs paquets qui adhèrent fréquemment à des végétaux aquatiques ou tombent au tond de 1 eau. Ces œufs sont habituellement déposés dans une eau stagnante, parfois dans des ruisseaux ou des rivièies, et acciden tellement dans des réservoirs de fontaines. Toute la Normandie. — T.-C. p — 198 — 2. Rana temporaria L. — Grenouille rousse. Rana alpina Risso, R. cruenta . Pall., R. flaviventris Millet, R. fusca de l'Isle, R. muta Laur., R. platyr- rhinus Steenstr. Guernouille des haies, G. jaune, G. rousse, Pisseuse. Victor Fatio. — Op. cit., p. 321 et 433, et pl. V, fî g. G, 9 et 10. Fernand Lataste. — Op. cit., 2e tableau ; tiré à part, idem. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 588 et 589 ; tiré à part, p. 20 et 21. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 573 et fig. 435 (p. 569). Albert Granger. — Op. cit., p. 135 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 329. La Grenouille rousse habite temporairement les endroits plus ou moins humides des prairies, des bois et des forêts, voire même dans les champs et les vignobles, et à d’assez grandes distances de l’eau ; et temporairement dans les eaux douces : mares, étangs, tossés des marais, ruisseaux et rivières. On la trouve dans les régions basses et dans les montagnes, jusqu’à plus de 2.500 mètres d’altitude. Depuis la fin de sa saison d’hivernage jusqu’à peu de jours après la ponte, elle est surtout aquatique, et uniquement terrestre jusqu à 1 époque où elle entre dans son engourdissement hibernal, ne sautant dans 1 eau que pour se mettre momenta¬ nément en sûreté. Son naturel est vif. Elle nage et plonge fort bien, et, à terre, saute avec agilité. Ses moeurs sont prin¬ cipalement crépusculaires et nocturnes. Pendant la grande chaleur du jour, elle se tient dans quelque cachette. La Gre¬ nouille rousse est peu frileuse. Sa saison d’hivernage com¬ mence aux froids automnaux et finit en février, mars ou avril, et seulement en mai ou juin dans les hautes montagnes. Elle « 199 hiverne dans la vase ou le sable au fond des eaux, dans un trou du sol ou sous une pierre. Sa nourriture se compose d’insectes et de larves, de vers, de mollusques, d’araignées, de crustacés et de myriopodes. La femelle ne fait annuel¬ lement qu’une ponte, de 2.000 à 4.000 œufs environ. L’ac¬ couplement a lieu à des époques très-variables, selon la température. Les œufs sont entourés d’une matière glai¬ reuse et pondus par paquets qui flottent ou tombent au fond de l’eau. Ils sont déposés généralement dans une eau stagnante, accidentellement dans une eau courante. Toute la Normandie. — T.-C. 3. Rana agilis Thomas — Grenouille agile. Rana gracilis Fatio, R. temporaria Millet, R. tempo- raria var. agilis Schreiber. Pisseuse. Victor Fatio. — Op. cit., p. 333 et 433, et pi. V, fig. 11—13. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 425; 2e, 3e et 4e tableaux, et pi. X, fig. 7 — 9; tiré à part, p. 233, et mêmes tableaux, pl. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 588 et 590 ; tiré à part, p. 20 et 22. E. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 574. Albert Granger. — Op. cit., p. 138. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 333. La Grenouille agile habite temporairement les endroits plus ou moins humides des prairies, des bois et des forêts, allant même sur des coteaux secs, et temporairement les eaux douces : mares, étangs, fossés des marais et ruisseaux. On la trouve depuis les régions basses jusqu’à seulement — 200 — 1.300 mètres daltitucle. Depuis la fin de sa saison d'hiver¬ nage jusqu’à peu de jours après la ponte, elle est sur¬ tout aquatique, et uniquement terrestre jusqu’à l’époque où elle s’engourdit pour hiverner. Si, pendant la période de sa vie terrestre, elle va dans l’eau, ce n’est que pour y trou¬ ver un abri momentané. On a remarqué que les mâles s’écartent beaucoup moins des eaux que le font les femelles. Son naturel est vif. Elle nage et plonge fort bien, et, sur le sol, elle fait des bonds d’une étonnante amplitude. Ses mœurs sont principalement crépusculaires et nocturnes. Aux premiers froids de l'automne, la Grenouille agile entre dans sa torpeur hibernale, et se réveille en février, mars ou avril, selon le climat et l’altitude. Les mâles hiver¬ nent de préférence dans la vase au fond des eaux, tandis que les femelles préfèrent se blottir dans un trou du sol, sous des feuilles ou des racines, dans un trou de rocher, sous une pierre ou dans un tas de détritus. Sa nourriture se compose principalement d’insectes et de larves, de mollusques et de vers. La femelle ne fait annuellement qu’une ponte, d’environ 600 à 1.200 œufs. L’accouplement a lieu en général au mois de février, mars ou avril. Les œufs sont entourés d’une masse glaireuse et forment un paquet qui est déposé dans une eau le plus générale¬ ment stagnante. « La glaire gonfle, disent René Martin et Raymond Rollinat (op. cit. , p. 334), et la ponte forme une grosse boule qui se trouve presque toujours fixée à une ou plusieurs tiges; l’œuf est brun foncé en dessus et blanchâtre en dessous. Il arrive souvent que les plantes ne sont pas assez solides pour maintenir la ponte lorsqu'elle est vieille de quelques jours; elle monte alors à la surface et s’étale plus ou moins. S’il gèle fort à ce moment, les embryons de la partie supérieure seront perdus. Mais il faut que la température baisse beaucoup, car la ponte est toujours plus chaude que l’eau qui l’environne ; on peut facilement s’en rendre compte en plongeant la main dans la mare et ensuite dans la masse glaireuse ». — 201 Toute la Normandie. — A.C. en général; C. dans beaucoup de localités. 3e Famille. BUFONIDAE — BIJFON1DÉS. 1er Genre. BUFO — CRAPAUD. 1. Bufo vulgaris Laur. — Crapaud vulgaire. Bufo cinereus Schneid., B. palmarum Cuv., B. Roeseli Daud., B. rubeta Schneid., B. spinosus Daud., B.ven- tricosus Daud. Phryne vulgaris Fitz. Rana bufo L. Crapaud cendré, C. commun, C. de Roesel, C. épineux, C. ordinaire. Victor Fatio. — Op. cit., p. 387 et 433, et pl. V, fig. 1 et 2. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 475; 2e, 3° et 4° tableaux; pl. X, fig. 10—12 ; pl. XI, fig. 4 et 5, et pl. XII ; tiré à part, p. 283, et mêmes tableaux, pl. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 593 ; tiré à part, p. 25. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 606 et pl. XVIII (en haut). Albert Granger. — Op. cit., p. 153, et fig. (p. 145) indiquant fautivement qu’elle représente un Pélobate brun. [La figure de la p. 154 n’est pas, comme il est inscrit, celle d’un Crapaud commun, mais d’un Crapaud calamite]. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p.338. Le Crapaud vulgaire habite des endroits très-différents, tels que les bois, les forêts, les prairies, le.s marais, les champs, les parcs, les jardins, etc., et, d’une façon générale, les 13* lieux où il trouve de l'humidité, de l'ombre et un abri pour se soustraire à la lumière solaire, dès qu’elle possède un peu d’intensité. Il vit dans les régions basses aussi bien que dans les montagnes, où on le trouve jusqu’à des altitudes dépas¬ sant 2.100 mètres. Il est surtout terrestre et ne va pas sou¬ vent dans l’eau, hormis la période de la reproduction. Il est peu sociable, vivant fréquemment solitaire en dehors de cette période. Son naturel est très-indolent. Il marche d’une façon lente et maladroite, saute lourdement et nage assez mal. En cas de danger, il s’immobilise et semble mort. Souvent il tombe dans des bassins, des caves, des puits, etc., d’où il ne peut sortir, mais où il peut vivre longtemps, en raison de sa grande résistance au jeûne. Ses mœurs sont particulièrement crépusculaires et nocturnes ; pendant le jour, il reste généralement blotti dans quelque cachette et ne sort que par des temps couverts et humides. En octobre ou en novembre, le Crapaud vulgaire se retire, pour hiver¬ ner, soit dans un trou du sol qu’il a reconnu propre à son usage, ou que parfois il s’est creusé ; soit dans une fissure de rocher, un tas de fumier, un trou de vieille muraille, dans la vase au fond des eaux douces, etc. On a remarqué que les males s’éloignent généralement beaucoup moins des eaux que le font les femelles, et qu’ils hivernent plus volontiers dans la vase des eaux, tandis que les femelles préfèrent passer l’hiver dans le sol ou sous quelque autre abri terrestre. Son réveil hibernal se fait entre le milieu de février et le milieu de mai, selon le climat et l’altitude. C’est un animal vorace. Sa nourriture se compose d’insectes et de larves, de vers, de mollusques, d’araignées, de crusta¬ cés et de myriopodes. La femelle ne fait annuellement qu'une ponte, d’environ 4.000 à 7.000 œufs. L’accou¬ plement a lieu en général au mois de mars ou d’avril, et s’opère habituellement dans une eau douce stagnante, parfois dans une eau courante, et quelquefois à terre, surtout dans les régions montagneuses. Les œufs sont réunis en deux longs cordons glaireux, attachés à des végétaux aquatiques — 203 ou à d’autres objets saillants. Les têtards abandonnent par¬ fois les eaux quand ils possèdent encore un reste de leur queue. Toute la Normandie. — C. 2. Bufo calamita Laur. — Crapaud calamite. Bufo cruciatus Schneid., B. cursor Daud. Epidalea calamita Cope. Victor Fatio. — Op. cit., p. 402 et 433, et pl. V, fig. 3. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 483; 2e, 3e et 4e tableaux, et pl. XI, fig. 1—3; tiré à part, p. 291, et mêmes tableaux, pl. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 593 et 594 ; tiré à part, p. 25 et 26. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 608 et pl. XVIII (en bas). Albert Granger. — Op. cit., p. 156, et fig. (p. 154) indi¬ quant fautivement qu’elle représente un Crapaud com¬ mun. [La figure de la page 156 n’est pas, comme il est inscrit, celle d’un Crapaud calamite, mais d’un Pélobate brun]. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 343. Le Crapaud calamite vit dans les prairies, les bois, les fossés desséchés, les dunes, les parcs, les carrières, où il trouve l’humidité, l’ombre et la cachette dont il a besoin; il se tient de préférence dans , les endroits sablonneux, et par¬ ticulièrement dans les régions littorales. Il habite les lieux bas et les montagnes, sur lesquelles il ne dépasse pas une altitude de 1.200 mètres. Il est assez sociable. Son na¬ turel est doux. Il marche relativement vite et peut grimper à la partie basilaire des murailles. Ses mœurs sont parti¬ culièrement crépusculaires et nocturnes ; mais il sort de sa 204 — cachette pendant le jour, lorsque le temps est couvert et humide. Aux premiers froids de l’automne, le Crapaud cala¬ mite se blottit, pour y passer la mauvaise saison, dans un trou du sol qu’il s’est creusé lui-même ou qu'il a trouvé à sa convenance, dans une fissure de rocher ou de muraille, dans un amas de détritus, dans du fumier, etc. Générale¬ ment, il hiverne en compagnie de plusieurs de ses sem¬ blables. Son réveil hibernal se fait entre le commencement de mars et la fin de mai, suivant le climat et l’altitude. Sa nourriture se compose d’insectes et de larves, de vers, de mollusques, d’araignées, de crustacés et de myriopodes. La femelle ne fait qu’une ponte par an. L’accouplement a lieu dans une eau douce, stagnante ou courante, dans laquelle les deux animaux restent habituellement près des bords. La ponte a lieu à des époques variant selon le milieu am¬ biant et l’animal lui-même. Elle se compose de 3.000 à 4.000 œufs environ et s’opère du mois de mars au mois d’août, quelquefois seulement en septembre. Les œufs, pondus dans une eau stagnante ou courante, sont réunis en deux longs cordons glaireux, attachés à des végétaux aquatiques ou à d’autres objets saillants ; mais, dit Héron-Royer dans ses noti¬ ces sur les mœurs des batraciens de la famille des bufonidés (op. cit. , p. 227), « si le fond est sableux, comme cela est fré¬ quent aux bords des rivières, la femelle les colle aux petits cailloux, assez proche du bord, aux endroits peu profonds, afin que la chaleur solaire active leur développement. Il n’est pas rare de voir le Calamite en train de frayer dans des nappes d’eau claire n’ayant pas dix centimètres de profondeur, et même dans des ornières; dans ces cas, le dos des mâles dépasse parfois le niveau du liquide, et la femelle se traîne sur le fond en y allongeant ses deux cor¬ dons, comme les rails d’un chemin de fer minuscule ». Les têtards quittent souvent les eaux lorsqu’ils ont encore un reste de queue, Toute la Normandie, — A. C. — 205 — 4° Famille. P EL OBA T IDAE — PÉ LOB ATI DÉS. 1er Genre. PELOBATES — PÉLOBATE. 1. Pelobates fuscus (Laur.) — Pélobate brun. Bombina marmorata C.-L. Koch. Bombinator fuscus Fitz. Bufo fuscus Laur. Pelobates fuscus Wagl. Rana alliacea Shaw, R . fusca F. -A. -A. Meyer. Crapaud brun. Sonneur brun. Victor Fatio. — Op. cit. , p. 376 et 433. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 592; tiré à part. p. 24. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 614 et pi. XIX. Albert Granger. — Op. cit., p. 144, et fig. (p. 156) indi¬ quant fautivement quelle représente un Crapaud cala¬ mite. [La figure de la p. 145 n’est pas, comme il est inscrit, celle d’un Pélobate brun, mais d’un Crapaud commun]. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 347. Le Pélobate brun habite les lieux boisés ou découverts, dans des endroits qui lui fournissent l’humidité dont il a besoin. Il est essentiellement terrestre en dehors de la période de la reproduction. Sa démarche est lourde et non rapide ; il progresse aussi par petits sauts, et nage rapide¬ ment. Lorsqu’il est à l’eau, ce batracien a l'habitude de s’enfoncer dans la vase. Ses mœurs sont crépusculaires et nocturnes ; pendant le jour il reste dans le trou du sol qu il — 206 — s’est creusé avec les ergots de ses talons. A partir des froids automnaux, le Pélobate brun se tient blotti dans quelque trou jusque, généralement, en mars ou en avril. Sa nourri¬ ture se compose d’insectes et de larves, de vers, de mollus¬ ques, d’araignées, de crustacés et de myriopodes. La femelle ne fait qu’une ponte par an, d’environ 1.200 œufs. L’accou¬ plement a lieu dans une eau douce et, en général, au mois de mars ou d’avril. Les œufs sont réunis en un long cordon glaireux attaché à des végétaux aquatiques ou à d’autres objets saillants. Seine-Inférieure : « Morville. A. R. » [Lieury. — Op. cit. , p. 126]. M. Louis Hulme, juge suppléant aux Andelys (Eure), m’a fait savoir qu’il avait vu dans les envi¬ rons d’Elbeuf le Pélobate brun, sur la détermination duquel il ne croyait pas s’être trompé. Orne : « Sans doute assez commun dans nos régions, où je l’ai observé dans plusieurs localités, à Ticheville, Orville, Le Bosc-Renoult, Avernes-Saint-Gourgon et aux environs d’Alençon ». [A.-L. Letacq. — Maté¬ riaux pour servir à la faune clés Vertébrés du département de VOrne (op. cit.), p. 120; tiré à part, p. 56]. - — Ce naturaliste m’a informé par lettre qu’il avait aussi constaté la présence de cette espèce à Briouze-Saint-Gervais. Eure , Calvados et Manche : Bien que le Pélobate brun n’ait pas été capturé, du moins à ma connaissance, dans ces trois départe¬ ments, je suis à peu près certain que des recherches suffisantes l'y feraient trouver. 207 — 2e Genre. PELODYTES - PÉLODYTE. 1. Pelodytes punctatus (Daud.) — Pélodyte ponctué. Alytes punctatus Tschudi. Obstetricans punctatus Dug. Pelodytes punctatus Bp. Rana Daudini Merr., R. plicata Daud., R. punctata Daud. Accoucheur ponctué. Grenouille plissée, G. ponctuée. Victor Fatio. — Op. cit. , p. 353 et 433. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 434; 2e, 3e et 4e tableaux, et pl. IX, fîg. 1—3; tiré à part, p. 242, et mêmes tableaux, pl. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 588 et 590 ; tiré à part, p. 20 et 22. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 615; fig. 454 et 455. Albert Oranger. — Op. cit., p. 140 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 349. Le Pélodyte ponctué habite les régions basses et les con¬ trées accidentées, se tenant de préférence dans les lieux pierreux et buissonneux. On le trouve parfois dans les jar¬ dins. Il est essentiellement terrestre, et ne va dans les eaux douces qu’au moment de la reproduction. Il saute avec agilité, peut grimper à des parois verticales et monte sou¬ vent dans les buissons ; mais il nage mal et ne s’éloigne pas du bord des mares un peu étendues. Ses mœurs sont crépusculaires et nocturnes. Pendant le jour, il reste sous une pierre, dans une fissure de rocher ou quelque autre cachette, ou dans le trou qu’il s’est creusé en terre. A l’ar¬ rivée des premiers froids, le Pélodyte ponctué se blottit, — 208 — pour y passer la mauvaise saison, clans un trou du sol, dans une fissure de rocher ou de vieille muraille, ou dans quelque autre abri cfun terrain plus ou moins sec. Sa nour¬ riture se compose d’insectes et de larves, de vers, do mol¬ lusques, etc. La femelle ne fait annuellement qu’une ponte, qui a lieu à une époque très-variable, de février jusqu’en octobre, selon le milieu ambiant et les individus. L’accou¬ plement s’opère dans une eau douce. Les œufs, au nombre de 1.000 à 1.600 environ, sont réunis en un cordon glaireux ; très-souvent il se brise, et le fragment suivant de ponte est déposé dans le voisinage des autres. Ce cordon est pondu dans un fossé, une mare ou un étang, et, fragmenté ou tout entier, est attaché à une plante ou à un autre objet sail¬ lant. « Le Pélodyte ponctué, disent René Martin et Raymond Rollinat (op. cit., p. 350), a la déplorable habitude de pondre dans les fossés; aussi, s’il survient une période de sécheresse, l’eau disparaît et les têtards périssent; il meurt ainsi, presque chaque année, des milliers de larves de cette espèce ». Seine- Inférieure : « Dans le courant de juillet 1888, M. Paul Noël, à Rouen, trouva sous des pierres, dans des carrières de sable situées au Petit-Quevilly, tout près de Rouen, un certain nombre de Crapauds calamites (Bufo calamita Laur.) et, ce qui est beaucoup plus inté¬ ressant, deux exemplaires d’une petite espèce de batracien raniforme : le Pélodyte ponctué [ Pelodytes punctatus (Daud.)]. « R eut l’obligeance de me conduire dans cette localité, où les Crapauds calamites étaient nom¬ breux, et nous avons eu la satisfaction d’y capturer deux autres exemplaires du Pélodyte ponctué. Jus¬ qu’alors, ce batracien n’a pas été Irouvé, du moins à ma connaissance, dans la Seine-Inférieure. Il est * — 209 vrai que M. Lieury avait mentionné l’espèce en question clans sa Synopsis des Reptiles du départe¬ ment de la Seine-Inférieure et des départements limitrophes ; mais les deux lignes qui, dans ce mémoire, concernent ce batracien : « MM. Duméril « et Bibron l'ont souvent trouvé dans l’ancien parc de « Sceaux-Penthièvre, près Paris », pouvaient tout au plus faire supposer la présence du Pélodyte ponctué dans la Seine-Inférieure. Grâce à M. Paul Noël, cette probabilité est transformée aujourd’hui en certitude ».x [Henri Gadeau de Kerville. — Note sur la découverte du Pélodyte ponctué dans le département de la Seine- Inférieure (op. cit.), p. 175]. — Je tiens à dire que pour être tout à fait certain du nom de ce batracien anoure, j’en communiquai un exemplaire à un spécialiste très- compétent, M. Héron-Royer, qui a confirmé ma détermination. Postérieurement aux récoltes faites par M. Paul Noël et par moi, M. Louis Müller a recueilli au même endroit cette intéressante espèce. « Au mois d’août 1888, M. Henri Gadeau de Ker¬ ville publiait dans le Bulletin (de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen) une note sur la découverte du Pélodyte ponctué dans la Seine-Infé¬ rieure. Ayant trouvé moi-même ce batracien, je m'empresse de signaler à l’attention de nos collègues la découverte de cet. intéressant raniforme, dont j’ai capturé, en septembre 1888, un exemplaire dans la vallée de l’Yères, à Sept-Meules. « M. Henri Gadeau de Kerville... a vu et exa¬ miné le Pélodyte et changé mes soupçons en certi- (( (1) In Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, ann. 18Go, p. 120 ». 14 — 210 — tude. Je désirai vivement savoir s'il se trouvait dans d’autres localités, ou si sa présence était limitée en cette commune. Cette année (1890), j’ai pu faire une exploration assez étendue, et je lus convaincu que son aire était très-restreinte. Je ne l’ai pas ren¬ contré ailleurs. Je n’en ai vu que deux autres en remontant le vallon qui conduit à Avesnes (Seine- Inférieure); il est caché sous des pierres ou dans les fissures de la craie de l’étage turonien, qui affleure dans la vallée; et c'est à la recherche des fossiles que je dois sa découverte. « Cette capture porte à deux stations connues et assez éloignées Tune de l’autre sa présence dans la Seine-Inférieure. Peut-être en trouvera-t-on d’autres, maintenant que le Pélodyte ponctué a été signalé et trouvé au Petit-Quevilly par M. Paul Noël, et à Sept- Meules par moi-même. « J’ai fait également quelques recherches à ce sujet dans la vallée de la Bresle ; elles furent infruc¬ tueuses . « Sa présence est donc bien limitée en cet endroit, et encore il est fort rare, puisqu’en deux ans je n ai pu en trouver que trois ». [Louis-Henri Bourgeois. — Note sur une nouvelle station du Pélodyte ponctué dans la Seine-Inférieure (op. ci t. ) , p. 149]. Eure : Espèce mentionnée, sans aucun détail, comme ayant été observée dans le canton de Gisors. [Charles Bouchard. — Op. cit. , p. 23]. Très-rare ; entre le’ village de Houlbec-Coc-herel et le hameau de Cocherel (commune de Houlbec-Coche- rel), sous les pierres d’une côte aride; capture per¬ sonnelle. [Renseignement manuscrit du I)1’ Maurice Régimbart, à Évreux]. — 211 5* Famille. DISCOGLOSSIDAE — DISCOGLOSSIDÉS. 1er Genre. BOMBINATOR — SONNEUR. 1. Bombinator pachypus Fitz. var. brevipes Blas. — Sonneur à pieds épais var. brévipède. Bombinator brevipes Blas. Victor Fatio. — Op. cit . , p. 368 et 433, et pl. V, fig. 4; ( Bombinator pachypus var. brevipes , décrit sous le nom de Bombinator igneus Laur.). Fernand Lataste. — Op. cit., p. 467; 2e, 3e et 4e tableaux, et pl. IX, fig. 10—12; tiré à part, p. 275, et mêmes tableaux, pl. et fig. ; ( Bombinator pachypus var. bre¬ vipes , décrit sous le nom de Bombinator igneus I). et B.). Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 592; tiré à part, p. 24 ; ( Bombinator pachypus var. brevipes , décrit sous le nom de Bombinator igneus Merr.). Albert Granger. — Op. cit., p. 148 et fig.; ( Bombinator pachypus var. brevipes, décrit sous le nom de Bombi¬ nator igneus Laur.). René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 352; {Bombinator pachypus var. brevipes , décrit sous le nom de Bombinator pachypus Fitz.). G. -A. Boulenger. — Sur le Bombinator pachypus Bona¬ parte et sa var. brevipes Blasius (op. cit.), n°261. Le Sonneur à pieds épais variété brévipède habite les eaux douces plus ou moins stagnantes, particulièrement les petites mares, les fossés et les rigoles, se tenant générale¬ ment sur les bords des eaux d’une certaine étendue, bien qu’il nage et plonge facilement. Il s’écarte souvent de l’eau, parfois assez loin, pour aller à la recherche de sa nour¬ riture, et se plaît dans le voisinage des habitations. A terre — 212 — il se meut par sauts courts et assez précipités. Ses mœurs sont diurnes, crépusculaires et nocturnes. Aux premiers froids de l’automne, il se blottit, pour hiverner, dans la vase au fond des eaux ou dans quelque abri du sol, et reprend sa vie active ordinairement entre le milieu de mars et le milieu d’avril. Les' jeunes, lorsqu'ils ont terminé leurs métamorphoses, s’écartent peu des eaux et y reviennent fréquemment. Cette espèce est très-vorace. Sa nourriture se compose principalement de mollusques, de vers, d’insectes et de larves. L’accouplement a lieu à partir de mai jusqu’à la fin de juillet, et peut-être encore plus tard. « Après une forte pluie, le lendemain ou le surlendemain, lorsque les fossés sont encore pleins d’eau, ce Sonneur, disent René Martin et Raymond Rollinat (op. cit. , p. 353), s’accouple et fixe ses œufs sur les herbes, non loin de la surface, par groupes de trois à dix, quelquefois plus. La ponte a ordi¬ nairement lieu dans la soirée, et la femelle dépose, en quel¬ ques heures, de 200 à 300 œufs dont le vitellus est grisâtre ou brun clair en dessus et blanchâtre en dessous ; on trouve assez souvent des œufs isolés. Nous croyons que parfois les femelles ne pondent pas tous leurs œufs pendant la même soirée, et qu’elles s'accouplent de nouveau quelques jours plus tard ». Normandie : Le Sonneur à pieds épais var. brévipède se trouve presque certainement dans de nombreuses localités de cette province; mais, d’une façon générale, il doit y être peu commun. Seine-Inférieure : Sous le nom de Bombinator ignens (Dug\), Lieury, dans sa Synopsis des Reptiles du département de la Seine-Inférieure et des départements limi¬ trophes (op. cit., p. 127), indique ce batracien — 213 — anoure comme assez rare et comme ayant été trouvé tà Saint-Georges et à Gournay. S'il n’y a pas de cloute pour Gournay, qui est Gournay-en-Bray (Seine-Infé¬ rieure), par contre j’ignore de quel Saint-Georges l’auteur a voulu parler. En effet, il y a, dans la Seine-Inférieure et les départements limitrophes, plusieurs communes du nom de Saint-Georges, auquel on a joint un nom supplémentaire pour les distinguer. Les naturalistes ne devraient jamais oublier que, dans leurs travaux, l’imprécision est un défaut capital. Louis Müller fait savoir, dans sa Liste des Rep¬ tiles et des Batraciens capturés dans les environs d'Elbeuf en 1882-83 (op. ci t . , p. 105), que ce batra¬ cien anoure, qu’il indique sous le nom de Bombi- nator igneus Laur., existe aux environs de cette ville, où il est peu commun. M. Paul Noël, directeur du Laboratoire régional d’Entomologie agricole de Rouen, m’a écrit qu’il avait constaté la présence de ce Sonneur aux envi¬ rons de Rouen : à Bois-Guillaume, et à Belbeuf (au hameau de Saint- Ad rien). Eure : T. Lancelevée dit, dans son Rapport sur l'excur¬ sion extraordinaire du 21 septembre 1884 à Cau- debec-en-Caux. {Seine-Inférieure) (op. cit . , p. 48), que ce Sonneur, qu’il indique sous le nom de Bom- binator igneus , a été vu dans une mare à Bourg- Achard, au cours de cette excursion. MM. Louis Müller et T. Lancelevée ont trouvé cette espèce à Grainville-en-Vexin. [Louis Muller, rensei¬ gnement manuscrit] . « Ce batracien n’est pas rare aux environs d’Évreux; — 214 — je l’ai pris dans bien des endroits et l’ai entendu, sans le voir, dans bien d’autres. Voici les princi- r pales localités dont je me souviens : commune d’E- vreux, Arnières, Aulnay, Cailly-sur-Eure, etc. ». [Renseignement manuscrit du Dr Maurice Régimbart, à Évreux]. Orne : L’abbé A.-L. Letacq fait savoir, dans ses Maté¬ riaux four servir à la faune clés Vertébrés du département de l'Orne (op. ci t. , p. 121; tiré à part, p. 57), que ce batracien anoure, qu’il mentionne sous le nom de Bombinator igneus Laur., a été observé à Ticheville, Orville, Bagnoles-de-l’Orne (commune de Tessé-la-Madeleine) et Alençon. Calvados et Manche : Je ne possède aucune indication certaine sur la présence du Sonneur à pieds épais var. brévipède dans ces départements; mais on peut pour ainsi dire affirmer que des recherches suffisantes l’y feraient trouver. Je dois ajouter, à cet égard, que je ne con¬ nais aucune publication sur la faune batrachologique de ces deux départements. Note. — Il est pour ainsi dire certain que la forme type de ce Son¬ neur, c’est-à-dire le Sonneur à pieds épais ( Bombinator pachy- pus Fitz.), n’existe pas, non-seulement en Normandie, mais en France. M. G. -A. Boulenger, éminent herpétologue qui a fait une étude très-approfondie des Sonneurs ( Bombinator ), a bien voulu examiner plusieurs de ces batraciens anoures recueillis dans les départements de la Seine-Inférieure, de la Sarthe et de l’Ailier, que je lui avais communiqués. R résulte de son exa¬ men qu’ils appartiennent tous à la variété brévipède du Sonneur à pieds épais. Le même herpétologue a eu le mérite de prouver définitivement que, sous le nom de Bombinator igneus, la plupart — 215 — des auteurs ont réuni trois formes distinctes : le Bombinator igneus (Laur.), le Bombinator pachypus Fitz. et la variété breuipes Blas. de ce dernier. 2e Genre. ALYTES — ALYTE. 1. Alytes obstetricans (Laur.) — Alyte accou¬ cheur. Alytes obstetricans Wagl. Bombinator obstetricans Merr. Bufo obstetricans Laur. Obstetricans vulgaris Dug. Rana campanisona Laur., R. obstetricans Wolf. Accoucheur commun, A. ordinaire, A. vulgaire. Crapaud accoucheur. Grenouille accoucheuse. Petit potier. . Victor Fatio. — Op. cit., p. 358 et 433, et pi. V, fig. 5. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 441 ; 2e, 3e et 4° tableaux, et pi. IX, fig. 7—9; tiré h part, p. 249, et mêmes tableaux, pi. et fig. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 588 et 591 ; tiré à part, p. 20 et 23. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 582 et fig. 438. Albert Granger. — Op. cit., p. 142 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 356. L’Alyte accoucheur vit dans les endroits cultivés et incultes, les talus des chemins, les carrières, les jardins, le pourtour des vieilles constructions, les ruines, etc., où il se tient dans quelque trou, sous une pierre, un tas de bois, etc., ou 216 — dans la cachette qu’il s’est creusée dans le sol. Fréquemment on le trouve dans le voisinage immédiat des habitations. Il vit dans les régions basses et les montagnes, sur lesquelles on le rencontre jusqu’à des altitudes supérieures à 1.500 mètres. II est assez sociable. Ses mœurs sont crépusculaires et nocturnes. Aux premiers froids automnaux, il se retire dans un trou en terre, sous une pierre, un amas de détri¬ tus, dans une fissure de muraille, etc., ou dans la cavité du sol qu’il s’est creusée, et y passe, blotti, la saison d’hiver¬ nage. Sa nourriture se compose d’insectes et de larves, devers, de mollusques, de crustacés, etc. La femelle fait par an une ou deux pontes, entre le milieu de février et la fin d’octobre. L’accouplement a lieu à terre, toujours le soir, et dans un endroit plus ou moins sec ou en un point humide. La repro¬ duction .de ce batracien offre une particularité des plus curieuses, à laquelle cette espèce doit son nom spécifique d 'obstetricans (accoucheur), particularité concernant exclu¬ sivement le mâle. Ce dernier facilite la sortie des œufs, qui s’échappent brusquement du cloaque de la femelle en deux cordons, et que, presque aussitôt, il arrose de sperme. Ces deux cordons, agglutinés en une petite masse, se collent aux pattes postérieures du mâle, et y sont par lui fixés plus solidement au moyen de mouvements spéciaux. Après quoi le mâle, disent René Martin et Raymond Rollinat (op. cit. , p. 357), « va se cacher sous terre, dans une petite galerie oblique qu’il se creuse et qu'il habite seul ou en compagnie de quelques individus qui, eux aussi, peuvent être porteurs d’œufs : bien souvent nous en avons trouvé trois ou quatre dans le même trou ou sous la même pierre. Pendant la nuit, lorsque le temps est par trop sec, il va rafraîchir les œufs à la mare voisine. Au bout de vingt-quatre à quarante- quatre jours, selon la température, l’Alyte sent remuer autour de ses jambes les jeunes larves retenues prisonnières dans leurs enveloppes, et va porter la ponte à l’eau. D’après M. Héron-Royer, chaque ponte comprend environ 45 œufs; d’après le D1 Fatio, 40 à 60. Nous avons compté de 35 à 55 œufs — 217 — chez les pontes provenant de vieilles femelles, et de 14 à 20 chez celles pondues par des jeunes. Nous avons pris dans notre jardin, le 17 mai, un mâle portant une énorme ponte de 155 œufs ». Arthur de l'Isle dit, dans sa Note sur /’ ac¬ couplement de V Aly tes obstetricans (op. cit . , p. 450; tiré à part, p. 258), qu’annuellement « la femelle, comme l’ap¬ prend l’inspection des ovaires, émet de 120 à 150 œufs en trois ou quatre lots de 25 à 50 ». Ce. dernier naturaliste a fait une étude très-détaillée de ce curieux fait éthologique, et a publié, à son égard, un travail important contenant de nombreux et minutieux détails observés par lui-même. Je renvoie les lecteurs à cet excellent Mémoire sur les mœurs et l'accouchement de V Aly tes obstetricans (op. cit.). Toute la Normandie. — C. 2e Ordre. U RO DE LA — URODÈLES. lre Famille. SALAMANDRIDAE — SA L AM AN DRIDÉS . 1er Genre. SALAMANDRA — SALAMANDRE. i 1. Salamandra maculosa Laur. — Salamandre tachetée. Lacer ta salamandra L. Salamandra maculata Merr., S. terrestris Latr. Salamandre commune, S. maculée, S. ordinaire, S. ter¬ restre, S. vulgaire. Lézard noir, Moron, Mouron, Sourd, Ta, Tac. Victor Fatio. — Op. cit., p. 491 et 583. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 514 et 2° tableau; tiré à part, p. 322 et même tableau. U* — 218 — Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 596; tiré à part, p. 28. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 628, et fig. 458 (p. 621) et 461. Albert Granger. — Op. cit., p. 166 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 365. La Salamandre tachetée habite les endroits humides et sombres des bois et des forêts, ainsi que les coins frais et obscurs des rochers, des carrières et des ruines ; on la trouve fréquemment sous des tas de bois. Elle vit dans les régions basses et les montagnes, où on ne la ren¬ contre guère au-dessus de 1.300 mètres d’altitude. Elle est essentiellement terrestre, ne se rendant à l’eau que pour mettre bas, car cette espèce est ovo-vivipare. Elle marche d’une façon lente et nage mal. Ses mœurs sont crépuscu¬ laires et nocturnes. Pendant le jour, elle se tient cachée sous la mousse ou des racines, dans un trou du sol, sous une pierre ou dans quelque fissure de rocher ou de mu¬ raille, et ne sort que par les temps couverts et humi¬ des. Accidentellement, on la trouve dans des caves et des puits des villes, où elle est parvenue d'une façon quel¬ conque. Aux grands froids de l’automne, la Salamandre tachetée se blottit sous l’un des abris où elle passe son existence diurne pendant la belle saison. Elle n’est alors que faiblement engourdie, et, en l’absence de froids assez vifs, elle n'a pas, ce qui est très-fréquent, de période d’inac¬ tivité. Souvent elle hiverne en petite compagnie. Sa nour¬ riture se compose de vers, de mollusques, d’insectes et de larves, de crustacés, de myriopodes, etc. La femelle ne fait qu’une portée par an, de 40 à 50 larves, et quelquefois davantage. La mise-bas a lieu presque toute l’année. Elle s’opère dans l’eau douce limpide d’un ruisseau ou d’une source, ou dans une flaque d’eau ou une ornière. L’accou¬ plement se fait sur le sol. « Il ne doit pas, disent René Martin et Raymond Rollinat (op. cit., p. 367), avoir lieu à la même — 219 époque pour tous les individus, car dans les premiers jours d'octobre on trouve des femelles sur le point de mettre bas, alors qu’en janvier, février et mars, on en trouve d'autres dans le même état. . . La femelle ne dépose pas tous ses petits le même jour . Les petits se développent dans le corps de leur mère ; chaque larve est contenue dans une enveloppe mince, souple et transparente, qu’elle déchire aussitôt qu’elle est déposée dans l’eau ». Toute la Normandie . — A. C. 2e Genre. TRITON — TRITON R). 1. Triton cristatus Laur. — Triton à crête. Hemisalamandra cristata A. Dug. Lacer ta palus tris Sturm, L. porosa Retz. Molge cristata Blgr., M. palustris Merr. Salamandra carnifex Schneid., S. cristata Houttuyn, S. pruinata Schneid. Triton carnifex Laur., T. marmoratus Bp., T. palustris Flem. Salamandre à crête. Triton crêté. Lézard, Lizard, Lizarde, Moron d’eau, Sourd. Victor Fatio. — Op. cit., p. 520 et 583, et pi. V, fig. 15. Fernand Lataste. — Op. cit., 2° tableau; tiré à part, idem. (1) « On a généralement aujourd’hui abandonné le terme géné¬ rique Triton Laurenti, pour celui de Molge Merrem. Le bien fondé de cette modification synonymique, faite en vue de se con¬ former au droit de priorité, me paraît contestable. Sans doute Linné s’est servi du nom de Triton concurremment avec Laurenti (1768), seulement il l’applique, non pas à un animal réel, mais à — 220 — Amb. Gentil. — Erpétologie de La Sarthe (op. cit. ), p. 597; tiré à part, p. 29. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 636 et fig. 462. Albert Granger. — Op. cit., p. 172 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 374. Le Triton à crête habite, pendant la plus grande partie de son existence, les eaux douces stagnantes ou peu courantes, préférant aux eaux pures et froides les mares, les étangs et les fossés où l’eau est croupissante. Il vit dans les régions basses et dans les montagnes, où on ne le trouve pas au-dessus de 1.200 mètres d’altitude. Les adultes sont surtout aquatiques : les uns n’abandonnent guère les eaux qu’après le milieu de l’été ou seulement en automne, et les autres y restent toute l’année. Par contre, les jeunes, lorsqu’ils ont terminé leurs métamorphoses, quittent les eaux et mènent une vie terrestre jusqu’à ce qu’ils soient capables de se reproduire, se tenant sous quelque abri dans les endroits humides des lieux découverts ou boisés. Le Triton à crête nage et plonge habilement, mais se déplace avec lenteur sur le sol. A l’arrivée des Troids de l’automne, il tombe dans la torpeur hibernale, qui, généralement, est assez peu profonde. La plus grande partie de ces Tritons hiverne dans la vase au fond des eaux ; l’autre partie, com¬ posée des jeunes et d’un certain nombre de femelles, se blottit sous la mousse, dans des trous du sol, sous des pierres ou sous l’écorce de vieux arbres. La nourriture de cette espèce se compose de vers, de mollusques, d’insectes et de larves, de crustacés, etc.; les adultes mangent aussi des un débris d’animal, comme Cuvier l’a parfaitement montré [Règne animal, 1817, II, p. 506), le genre ne peut donc être regardé comme légitime ». [Léon Vaillant. — Sur quelques indioidus, types d'espèces critiques du genre Triton , appartenant aux col¬ lections du Muséum (op. cit.), p. 145]. — 221 — larves de batraciens anoures et urodèles, et, parfois, leurs pro¬ pres enfants. La femelle ne fait annuellement qu’une ponte. L’accouplement a lieu dans une eau douce, entre le mois de février et la fin de juin, selon le milieu ambiant et les indi¬ vidus. La femelle, disent René Martin et Raymond Rollinat (op. cit. , p. 375), « choisit un endroit rempli d’herbes aquatiques pour y déposer ses œufs. Elle saisit une feuille dans ses membres postérieurs, la ploie sur son cloaque et pond dans ce pli ordinairement un œuf, rarement deux. Au moyen de ses pieds, elle maintient son œuf pendant quel¬ ques instants pour lui donner le temps de se coller, et elle va plus loin continuer sa ponte, ou bien, si la feuille est longue, elle y fait plusieurs plis qui contiennent chacun un œuf ». Toute la Normandie. — C. 2. Triton marmoratus (Latr.) — Triton marbré. Hemisalamandra marmorata A. Dug. Molge marmorata Bigr. Pyronicia marmorata Gray. Satamandra marmorata Latr. Triton marmoratus Gray. Salamandre marbrée. Victor Fatio. — Op. cit., p. 532 et 583. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 523 et 2e tableau ; tiré cà part, p. 331 et même tableau. Amb. Gentil, — Erpétologie delà Sarthe (op. cit.), p. 597 et 598 ; tiré à part, p. 29 et 30. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 638; fig. 463 (p. 637), 476 et 477 (p. 651). Albert Granger. — Op. cit., p. 173 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 379. — 222 — Le Triton marbré habite, pendant une partie de son existence, les eaux douces plus ou moins stagnantes : mares, étangs, fossés, réservoirs de fontaines, etc., et, pen¬ dant l’autre partie, il mène une existence terrestre. Il vit dans les régions basses et dans les montagnes, où, toute- tefois, il ne se trouve pas à de grandes altitudes. « C’est surtout à la fin de février ou au commencement de mars, disent René Martin et Raymond Rollinat (op. cit. , p. 381), que cette espèce se rend à l’eau. Les males se parent rapi¬ dement des brillantes couleurs de leur costume de noces; les femelles, elles aussi, sont assez joliment colorées, et, vers le milieu de mars, commencent la fécondation et la ponte, qui s’opèrent de la même façon que chez le Crêté ; les amours dureront jusqu’à la fin de mai. Pendant cette période, les Marbrés sont très-communs dans les mares où ils viennent s’accoupler . En juin, on trouve dans les mares quelques couples de retardataires dont les mâles per¬ dent le costume de noces, et qui ne tarderont pas à sor¬ tir de l’eau. En juillet, août et septembre, les Marbrés vivent à terre, dans les fissures du sol, dans les trous, sous les pierres. . . ; on ne rencontre dans l’eau que de très-rares sujets qui sont venus s’y rafraîchir; en octobre, la migra¬ tion vers les mares recommence ». « Vers le milieu d’oc¬ tobre, disent les deux auteurs en question (op. cit., p. 380), quelques individus se rendent aux mares et dans les réser¬ voirs des grandes fontaines ; bientôt le mouvement s’accen¬ tue, et, à la fin du même mois ou en novembre, on peut capturer bon nombre de Tritons de cette espèce en pêchant au troubleau. Ils commencent à prendre leur costume d’eau ou costume de noces. S’il survient de grands froids fin no¬ vembre ou en décembre et janvier, presque tous les Marbrés quittent l’eau et vont se réfugier sous terre. Lorsque les mares gèlent profondément, on voit, après le dégel, les cadavres des imprudents flotter à la surface ». Les mœurs de ce Triton sont surtout nocturnes. Les jeunes, quand leurs métamorphoses sont accomplies, quittent les eaux et restent — 223 — à terre jusqu’à ce qu’ils soient capables de se reproduire. A l’arrivée des froids de l’automne, les Tritons marbrés se blottissent, pour y passer la mauvaise saison, sous une pierre, dans un trou *du sol, sous une écorce d’arbre, parmi des détritus ou dans la vase au fond des eaux; ils hiver¬ nent principalement à terre. La nourriture de cette espèce se compose d’insectes et de larves, de mollusques, de crustacés, de lombrics, de larves de batraciens anoures et urodèles, voire même de tritons de petite taille, etc. La femelle ne fait annuellement qu’une ponte. L’accouplement a lieu dans l’eau. Les œufs sont pondus isolément ou par groupes de deux ou trois sur des feuilles de végétaux aquatiques, que la femelle pince entre ses pattes postérieures, ou sur des bran¬ ches immergées, et sur lesquelles ils sont fixés au moyen de la substance glaireuse qui les entoure. Manche : Relativement au Triton marbré, M. D. Bois dit ce qui suit dans la Feuille des Jeunes Naturalistes (op. cit., p. 36) : « Je lis dans le numéro du 1er décembre 1877 un article de M. Le Mennicier, lequel croit que le Triton marmoratus n’a pas encore été trouvé dans le département de la Manche. Je puis, quant à moi, affirmer qu’il existe dans les environs de Gran¬ ville, en ayant moi-même capturé cinq sous les pierres, dans les parties humides des landes de Don- ville ». Un exemplaire de cette espèce, capturé dans cette localité, fait partie de la collection de M. Fernand Lataste qui m’a obligeamment envoyé les lignes suivantes, copiées dans le catalogue de sa collection : « Triton marmoratus ; sous les pierres près des mares, landes de Donville (Manche), entre les routes de Coutances et de Longueville, à trois kilomètres de Granville, août 1877 ; Bois ». — 224 — Non-seulement M. Fernand Lataste, mais aussi M. G. -A. Boulenger, ont examiné ce spécimen. Le témoignage de ces deux herpétologues éminents ne peut laisser aucun doute sur sa parfaite détermina¬ tion. Un exemplaire provenant du département de la Manche, et envoyé par M. l’abbé Bonin (ou Bonnin), fait partie des collections du Muséum d’Histoire na¬ turelle de Paris. [Renseignement communiqué par M. le Dr F. Mocquard, assistant à ce Muséum]. Seine-Inférieure : Dans sa Synopsis des Reptiles du département de la Seine-Inférieure et des départements limi¬ trophes (op. ci t. , p. 131), Lieury mentionne sans aucun détail le Triton marbré; mais, presque certai¬ nement, c’est par le fait d’une erreur de détermination. Ayant demandé à M. Lieury s’il était tout à fait certain qu’il n’y ait pas eu de méprise, et s’il con¬ naissait quelqu’un possédant un exemplaire, capturé dans cette région, de ce soi-disant Triton marbré, il m’a répondu par lettre ce qui suit, en m’autorisant à le publier : « Le Triton marbré, ou ce que j’ai pris pour cette espèce, aurait été récolté par moi à For- gettes (commune de Saint-Jacques-sur-Darnetal), près de Rouen, dans l’eau cl’une fosse au fond de laquelle il y avait du fumier. Je suis loin de pouvoir vous assurer qu'il n’y ait pas eu erreur de détermina¬ tion ». En définitive, il est tout à fait probable que le Triton marbré n’existe pas dans le département de la Seine-Inférieure. (!) M. Jean-Baptiste Lieury est mort en 1888. _ 99V _ /vVÜ 3. Triton alpestris Laur. — Triton alpestre. Hemitriton alpestris A. Du g. Molge alpestris Merr., M. ignea Merr. Salamandra alpestris Bchst., S. cincta Latr., S. ignea Bchst., S. rubriventris Daud. Triton apuanus Bp., T. salamandroides Laur., T. Warff- baini Laur. Salamandre alpestre, S. ceinturée. Lézard, Lizard, Lizarde, Moron d’eau, Sourd. Victor Fatio. — Op. cit., p. 541 et 583; pi. III, et pl. V, fig. 16 et 17. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 597 et 598; tiré à part, p. 29 et 30. r E. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 640 et fig. 464. Albert Granger. — Op. cit., p. 176 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 394. Le Triton alpestre habite, pendant une partie de son existence, les eaux douces stagnantes : mares, étangs, fossés, flaques et petits lacs, et préfère les eaux ayant une certaine limpidité à celles qui sont croupissantes ; il est ter¬ restre pendant l’autre partie de son existence. Il vit dans les régions basses et dans les montagnes, où on le trouve jusqu’à des altitudes d’environ 2.500 mètres. Les adultes sont partiellement aquatiques et partiellement terrestres, quittant habituellement les eaux dans le cours de l’été, et se tenant alors dans quelque endroit humide et sombre; toutefois, dans les montagnes, on rencontre sur terre des adultes pendant toute la belle saison. Les jeunes quittent les eaux lorsque leurs métamorphoses sont accomplies, et mènent une vie terrestre jusqu’à l’époque à laquelle ils sont 15 — 226 — aptes à se reproduire ; ce n’est que par exception que l'on voit dans l’eau de jeunes sujets parfaits. Cet urodèle nage et plonge habilement, mais il marche avec lenteur. A l’arrivée des froids automnaux, les Tritons alpestres se blottissent sous la mousse, dans un trou du sol, une fissure de rocher, sous une pierre ou un tronc d’arbre gisant à terre, sous une vieille écorce ou dans la vase au fond des eaux, et hivernent ainsi dans un demi-engourdissement. Ce sont tout particulièrement les adultes qui passent la saison froide dans la vase. La nourriture de cette espèce se compose de vers, de mollusques, d’insectes et de larves, de crustacés, etc. La femelle ne fait annuellement qu’une ponte, à une époque variant beaucoup selon le milieu ambiant et les individus. L’accouplement a lieu dans une eau douce; mais Victor Fatio suppose (op. cit. , p. 553) qu’il peut y avoir par¬ fois un accouplement sur terre et une fécondation intérieure permettant le développement, en partie interne, de quel¬ ques œufs seulement, lorsque les Tritons alpestres ne peu¬ vent trouver de l’eau pendant la période de la reproduction. Les œufs sont pondus par petits groupes sur des feuilles de végétaux aquatiques, que la femelle prend entre ses pattes postérieures, et sur lesquelles ils adhèrent au moyen de la substance glaireuse qui les entoure. La ponte se fait aussi sur des débris flottants. Toute la Normandie. — C. 4. Triton vulgaris (L.) — Triton ponctué. Lacerta aquatica L., L. taeniata Wolf, L. vulgaris L. Lophinus puncta tus Gray. Molge punctata Merr., M. taeniata Grav., M. vulgaris Blgr. Pyronicia punctata Gray. Salamandra abdominalis Latr., S. exigua Laur., S. punc¬ tata Latr., S. taeniata Schneid., S. vulgaris Gray. Triton abdominalis Bibr. , T. exiguus Bp., T. lobatus Otth, T. palustris Laur., T. parisinus Laur., T. punc- tatus Bp., T. taeniatus Leyd., T. vulgaris Flem. Salamandre ponctuée. Triton commun, T. lobé, T. ordinaire, T. vulgaire. Lézard, Lizard, Lizarde, Moron d’eau, Sourd. Victor Fatio. — Op. cit., p. 557 et 583 ; pl. IV (deux fig. du côté gauche et en bas), et pl. V, fig. 18, 20, 22 et 24. Fernand Lataste. — Op. cit., 2e tableau; tiré à part, idem. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sartlie (op. cit.), p. 597 et 599; tiré à part, p. 29 et 31. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 642 et fig. 467 (en haut). Albert Granger. — Op. cit., p. 177 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 386. Le Triton ponctué habite, pendant la plus grande partie de son existence, les eaux douces stagnantes : mares, étangs et fossés, et préfère les eaux claires à celles qui sont troubles. Il vit dans les régions basses et accidentées, mais ne se trouve pas dans les hautes montagnes. Vers le milieu ou seulement vers la fin de la belle saison, les adultes quit¬ tent les eaux et se tiennent dans quelque endroit humide et sombre; toutefois, une partie des adultes reste toute l’année dans les eaux. Lorsqu’ils ont terminé leurs métamorphoses, les jeunes mènent une vie terrestre jusqu’à ce qu’ils soient capables de se reproduire. Le Triton ponctué nage et plonge habilement. A l’arrivée des froids de l’automne, ces Tritons se blottissent sous des pierres, sous la mousse, dans un trou du sol, sous une vieille écorce, dans la vase au fond des eaux, etc., et y restent, à demi-engourdis, pendant la mauvaise saison. Ce sont surtout les mâles adultes qui pas¬ sent l’hiver dans la vase, et surtout les femelles et les jeunes que l’on trouve hivernant dans quelque abri ter- — 228 — restre. La nourriture de cette espèce se compose de vers, de mollusques, d’insectes et de larves, de crustacés, etc. La femelle ne fait annuellement qu’une ponte. L’accouplement a lieu dans une eau douce. Les œufs sont pondus par petits paquets sur des feuilles de végétaux aquatiques, que la femelle prend entre ses pattes postérieures, et sur lesquelles ces groupes adhèrent, grâce à la substance glaireuse qui entoure les œufs. Ces derniers sont déposés aussi sur des débris flottants, et, parfois, abandonnés libres au fond de l’eau. Toute la Normandie. — C. 5. Triton palmatus (Schneid.) — Triton palmé. Lophinus palmatus Gray. Molge palmata Merr. Salamandra palmata Schneid., S. palmipes Latr. Triton helveticus Leyd., T. palmatus Tschudi. Salamandre palmipède. Triton helvétique, T. palmipède. Lézard, Lizard, Lizarde, Moron d’eau, Sourd. Victor Fatio. — Op. cit. , p. 570 et 583; pi. IV (deux fig. du côté droit et une fig. en haut), et pi. V, fig. 19, 21, 23 et 25. Fernand Lataste. — Op. cit., p. 531 et 2e tableau ; tiré à part, p. 339 et même tableau. Amb. Gentil. — Erpétologie de la Sarthe (op. cit.), p. 597 et 599; tiré à part, p. 29 et 31. É. Sauvage. — Les Reptiles et les Batraciens (op. cit.), p. 641 et fig. 466 (en bas). Albert Granger. — Op. cit., p. 179 et fig. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 3-87. # — 229 Le Triton palmé habite, pendant une partie de son existence, les eaux douces plus ou moins stagnantes : mares, étangs, fossés, sources, préférant les eaux claires à celles qui sont croupissantes; et, pendant l’autre partie, il est terrestre. Il vit dans les régions basses et dans les mon¬ tagnes, mais ne se trouve pas au-dessus de 1.000 mètres d’altitude. Dans le courant de l’été, beaucoup d’adultes abandonnent les eaux et se tiennent sur le sol, dans quelque endroit humide et sombre; toutefois, un certain nombre ne quittent pas l’eau. Les jeunes, dès qu'ils ont terminé leurs métamorphoses, se retirent des eaux et restent à terre jus¬ qu’à ce qu’ils soient capables de se reproduire. Le Triton palmé nage rapidement, plonge très-bien et marche assez vite. A l’arrivée des froids automnaux, il se blottit, pour y passer la mauvaise saison, sous la mousse, sous une pierre, sous des détritus, dans un trou du sol, sous une vieille écorce ou dans la vase au fond des eaux. Ce sont particu¬ lièrement les adultes, qui, en grand nombre, hivernent dans cette dernière condition. L’engourdissement hibernal de ce Triton est plus ou moins faible, et nul quand les froids ne sont pas vifs. Sa nourriture se compose d’insectes et de larves, de mollusques, de vers, de crustacés, de myriopodes, et d’œufs et de jeunes larves de batraciens anoures. La femelle ne fait annuellement qu’une ponte. L’accouplement a lieu dans une eau douce. Les œufs sont pondus par un, deux, trois ou au plus quatre, sur des feuilles de végétaux aquati¬ ques, que la femelle pince entre ses pattes postérieures, et où ils adhèrent au moyen de la substance glaireuse qui les entoure. Ces œufs sont pondus aussi sur des débris flottants, ou encore par fragments de cordons, de quelques œufs seulement, qui tombent au fond de l’eau. Toute la Normandie. — T.-C. 5e Classe. PISCES — POISSONS. lre Section. PLAGIOSTOMA - PLAGIOSTOMES. Ie1 Ordre. SELACI1A — SÉLACIENS. lre Famille. SCYLLIIDAE — SCYLLIIDÉS. Genre. SCYLLIORHINUS - ROUSSETTE. 1 . Scylliorhinus canicula (L.) — Roussette à petites taches. Galeus caniculus Raf., G. catulus Raf. Scylliorhinus canicula Blainv., S. catulus Blainv. Scyllium canicula Cuv. Squalus canicula L., S. catulus L., S. eleyans Blainv. Grande roussette. Squale roussette. Chien de mer, Houlbiche, Rousse, Vache de mer. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 69, et pl. XVII, fig. 1, 1 a et 1 b. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 315. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 198, fig. 19 et pl. LXXV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 278, et fig. 34 et 35 ; — Manuel , p. 6. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 309, et pl. CLIX, fig. 1, la, 1 b et 1 c. F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1154, fig. 298 (p. 1070) et 337; atlas, pl. LI, fig. 4. La Roussette à petites taches habite la mer, dans le voisi¬ nage ou à une assez grande distance du littoral. Elle se — 231 — tient le plus souvent vers le fond de l’eau, et, de préfé¬ rence, dans les endroits sablonneux couverts ou non de végétal ion, et situés à de faibles profondeurs, générale¬ ment moindres que celles où demeure habituellement l’es¬ pèce suivante (Roussette à grandes taches). Elle vit en bandes. Ses mœurs sont nocturnes. C’est une espèce vorace. Sa nourriture se compose de poissons, de mollusques, de vers et de crustacés; elle est friande de buccins et d’aré¬ nicoles. La femelle pond des œufs dont la coque, de forme subrectangulaire, offre la consistance et l’aspect de la corne, et dont les angles sont pourvus d’un long appendice con¬ tourné en vrille, appendices au moyen desquels l’œuf est attaché à des plantes marines ou à des coraux. Littoral de la Normandie. — C. — Les sujets que l’on trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. 2. Scylliorhinus stellaris (L.) — Roussette à grandes taches. Scylliorhinus stellaris Blainv. Scy Ilium catulus Cuv., S. stellare Cuv. Squalus canicula Brünn., S. catulus Turt., S. stellaris L. Petite roussette. Roussette rochier, R. rouchier. Squale rochier. Chien de mer, Vache de mer. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. (Faune franc.), p. 71, et pl. XVII, fig. 2 et 2 a. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 316; atlas, pl. VII, fig. 1 et 2. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 200, fig. 20 et 21, et pl. LXXVI. — 232 — Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 278 et 280, fi g. 33 (p. 270) et 36; — Manuel , p. 6 et 7. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 309 et 312, fig. (p. 313), et pl. CLIX, fig. 2 et 2 a. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1152, et fig. 302 (p. 1076), 335 et 336. La Roussette à grandes taches habite la mer, dans le voisi¬ nage ou cà une assez grande distance du littoral. Elle se tient le plus souvent vers le fond de beau, et, de préférence, dans les endroits rocheux situés à de faibles profondeurs, mais, habituellement, un peu plus grandes que celles où demeure généralement l’espèce qui précède (Roussette a petites taches). Elle vit en bandes. Ses mœurs sont noc¬ turnes. C’est une espèce vorace. Sa nourriture se compose de poissons, de mollusques, de vers et de crustacés. La femelle pond des œufs dont la coque, de forme subrectan¬ gulaire, présente la consistance et l’aspect de la corne, et dont les angles possèdent un long appendice contourné en vrille, appendices au moyen desquels l’œuf est fixé à des plantes marines ou à des coraux. On trouve dans les dila¬ tations utérines des femelles, d’avril à septembre, des œufs prêts à être pondus. La durée du développement de l’em¬ bryon dans l’œuf après la ponte est, paraît-il, de neuf mois environ. * Littoral de la Normandie. — A. C. — Les sujets que l’on trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. 2° Famille. ALOPECIIDAE — ALOPÉCIIDÉS. i 1er Genre. ALOPIAS — ALOPIAS. , . <• t , > % x • , » • ■ - ' *r . ... ' • : j , . < v * v . * * • 1 1. Alopias vulpes (Gm.) — Alopias renard. Alopecias vulpes M. et H. — 233 — Alopias macrourus Raf., A. vulpes Bp. Carcharias vulpes Cuv. Squalus vulpes Gm. Requin renard. Squale faux, S. renard. Fà, Faux. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. [Faune franc.), p. 94, et pl. XIV «>, fi g. 1. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 421; atlas, pl. I, fig. 1, 2, 7 et 8. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 188, fig. 16 et pl. LXX1I. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. I, p. 287 et fig. 38 ; — Manuel , p. 9. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 300 et pl. CLVII. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1136 et fig. 328. L’Alopias renard se tient généralement au large, mais il vient de temps à autre dans le voisinage du littoral. Il est vorace. Sa nourriture se compose de poissons; il poursuit les bandes de ces animaux, dont il dévore un grand nom¬ bre. Cette espèce est ovo-vivipare. Les petits sont au nombre de deux à quatre par portée. Mns la Méditerranée, les jeunes naissent en été. ~ On a dit qu’en poursuivant les bandes de poissons, l’Alopias renard décrit autour d’elles des circonférences de plus en plus petites, et balaye la sur¬ face de l’eau avec sa très-longue nageoire caudale. Quant aux récits de luttes entre ce poisson et les baleines ou autres grands cétacés, il faut les considérer comme erronés. 4 - * â ' V • i ' ' ■' :V • " • . , I (1) A la page 94, il est correctement indiqué pl. XXIV, mais la planche porte fautivement le n° XIV au lieu de XXIV. • 15* — 234 — Seine-Inférieure : « Manche (mer), excessivement rare, Normandie, Dieppe; ... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. ci t . ) , t. I, p. 290 ] . L’Alopias renard est vu, mais rarement, sur les côtes du département de la Seine-Inférieure; un spécimen de grande taille a été pêché, vers 1832, dans la rade du Havre. [Renseignement communiqué par M. G. Lennier, conservateur du Muséum d’His- toire naturelle du Havre]. Calvados : « Deux exemplaires ont été pris, à notre connais¬ sance, dans la partie ouest de l’estuaire, au large de Trouville ». [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit. ), t. II, p. 151]. « Presque chaque année on en voit ou on en capture sur les côtes du Calvados ». [Renseignement com¬ muniqué par M. René Chevrél, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen]. Manche : « Bien que peu commun, on le prend quelquefois à Tatihou même (Saint-Vaast-de-la-Hougue); il est moins rare dans les environs de Barfleur et vers le large . On le voit moins rarement sur la table d’écorage de Barfleur que ne semblerait l’indiquer Moreau d) , qui le dit très-rare dans la Manche (mer)<1 2> ». [A.-E. Malard. — Op. cit., p. 63]. (1) Voir le haut de cette page. (2) « Je dois ce renseignement à M. Courtois, instituteur à Saint-Vaast-de-la-Hougue, qui a bien voulu me donner quelques renseignements sur la vente des espèces comestibles à Bar¬ fleur ». 3e Famille. LAMNIDAE — LAMNIDÉS. 1er Genre. ISURUS - LAMIE. 1. Isurus cornubicus (Gm.) — Lamie à nez long. Isurus cornubicus Gray. Lamia cornubicus Risso. Lamna cornubica Cuv. Squalus cornubicus Gm., S. glaucus Gunn., S. monensis Shaw. Lamie cornu bique, L. long-nez. Squale long-nez, S. nez. Taupe de mer. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 96, et pl. XIV W, fig. 2, 2 a et 2 b. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 405. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 180, fig. 12 et pl. LXVIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 296; — Ma¬ nuel, p. 13. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 297 et pl. CLVI. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1138, et fig. 297 (p. 1069), 329 et 330; atlas, pl. LI, fig. 1. La Lamie à nez long se tient le plus souvent au large ; mais elle s’approche de temps à autre du littoral. On la rencontre souvent par petites bandes. Elle nage avec une grande rapidité. Cette espèce est très-vorace et se nourrit principalement de poissons et de céphalopodes. Fréquem¬ ment, plusieurs individus font ensemble la chasse aux pois¬ sons. Ce sélacien est ovo-vivipare. Il émet une odeur extrê¬ mement désagréable. (1) A la page 96, il est correctement indiqué pl. XXIV, mais la planche porte fautivement le n° XIV au lieu de XXIV. 236 — Seine-Inférieure : « Deux exemplaires ont été pêchés dans la rade du Havre ; ils figurent au Muséum de la Ville ». [G. Lennier. — L' Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 152]. Plusieurs spécimens de Lamie à nez long, de tailles diverses, ont été pris, à différentes époques, dans la partie ouest de l’estuaire de la Seine. | Ren¬ seignement communiqué par M. G. Lennier, conser¬ vateur du Muséum d’Histoire naturelle du Havre]. Calvados : Voir le renseignement ci-dessus de M. G. Lennier. « Un exemplaire adulte a été pris vivant à Saint- Aubin-sur-Mer, tout près du rivage, en juillet 1893 ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen]. Manche : « Manche (mer), assez rare, Cherbourg... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. I, p. 298; — Manuel (op. cit.), p. 14]. « On le trouve assez rarement vers le large (dans les environs de Saint-Vaast-de-la-Hougue), surtout vers le premier printemps et pendant l’hiver ». [A.-E. Malard. — Op. cit., p. 64]. « Depuis trois ou quatre ans, des Lamies à nez long sont venues, presque annuellement, s’échouer à la côte, vers la même époque (septembre), dans les environs de Saint-Vaast-de-la-Hougue : à Quinéville, Saint-Marcouf, Aumeville-Lestre et Réville, ce qui semble peut-être indiquer un passage de ces poissons vers cette époque ». [Renseignement manuscrit com- muniqué en juillet 1897 par M. A.-E. Malard, sous- directeur du Laboratoire maritime du Muséum d 'His¬ toire naturelle de Paris, à Saint-Vaast-de-la-Hougue]. « Un exemplaire adulte a été pris vivant à une faible distance du rivage de Granville, au mois d’août 1883. Je l'ai mesuré : il avait une longueur totale de 3 mètres ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen]. Note. — Relativement au Lamie à nez long, Henri Joüan [ Poissons de mer observés à Cherbourg en 1858 et 1859 (op. cit.), p. 139; tiré à part, p. 24] dit : « On en apporte quelquefois à Cherbourg pendant l’hiver, mais rarement ». Il est possible que plusieurs d’entre eux aient été pris sur le littoral de la Norman¬ die; toutefois, ce renseignement ne permet certes pas de l’affir¬ mer. (H. G. de K.). OBSERVATION. Oxyrhina Spallanzanii Ag. — Oxyrhine de Spal- lanzani . Relativement à cette espèce, Henri Joüan dit ce qui suit dans ses Additions aux Poissons de mer observés à Cher¬ bourg (op. cit., p. 359; tiré à part, p. 7) : Oxyrhina gomphodonM. et H. — Oxyrhina Spal- lanzanii Bp. « J’ai vu pour la première fois, le 2 juillet 1873* * * * * * * * (1), ce (1) Henri Joüan dit, dans ses Mélanges zoologiques (op. cit., p.240), que ce jeune individu a été apporté au marché de Cher¬ bourg « le 27 juillet 1874 ». — 238 — Squale sur notre marché, représenté par un jeune indi- vidu, long de 0m.70 environ. Par son museau conique, allongé, relevé, criblé de petits trous, la forte saillie en forme de carène de chaque côté de la queue, ses trois ran¬ gées de dents allongées, mobiles, aiguës, la position relative des nageoires et leur forme, il ressemble beaucoup au Squale nez (Lamna cornubica Cuv., Taupe de nos pêcheurs), avec lequel il a été confondu. Il en diffère par les teintes du corps, surtout chez les jeunes, qui sont bleu foncé en dessus et blanc sale en dessous, et par ses dents plus longues et plus élancées que celles du Lamna cornu¬ bica , et sans dentelures cà leur base. « Ce Squale n’est pas rare sur les côtes du Portugal, oùles pêcheurs l’appellent Annequin ,* il arrive à la taille de ~ m. à 2 m. 50. MM. Jose-Vicente Barboza du Bocage et Félix de Brito Capello, dans leurs Noies pour V Ichthyologie du Por¬ tugal, Poissons plagiostomes, Lisbonne, 1866, donnent une très-bonne figure d un jeune qui ressemble tout à fait à celui que j’ai vu, et qui avait été apporté par une des grandes barques ». Comme on le voit, rien n autorise à dire, dapiès cette notule reproduite en entier, que cet exemplaire d’Oxyrhine de Spallanzani ait été pris sur les côtes normandes. Je ne puis donc indiquer cette espèce comme faisant partie de la faune de la Normandie. 2e Genre. CETORHINUS — PÈLERIN. 1. Getorhinus maximus (Gunn.) — Pèlerin très- grand. Cetorhinus Blainvillei Cap., C . Gunneri Blainv., C . ma¬ ximus Gray, C. peregrinus Blainv., C, shawianus Blainv. — 239 Selache maximus Cuv. Squalus elephas Lesueur, S. gunnerianus Blainv., S. ho - mianus Blainv., S. isodus Macri, S. maximus Gunn., S. per egr mus Blainv. Squale pèlerin, S. très-grand. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Mémoire sur le Squale pèlerin (op. cit.), p. 88. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 413; atlas, pl. III, fig. 18. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 190, fig. 17 et pl. LXXIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 305; — Manuel , p. 16. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 303, et pl. CLVIII, fig. 1, 1 a, 1 b et 1 c. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1143, et fig. 331 et 332. Le Pèlerin très-grand se tient le plus souvent au large; mais, de temps à autre, il s’approche du littoral. Son naturel est indolent et paisible. Malgré sa grande taille, il est inof¬ fensif pour l’homme et les animaux d’une certaine gros¬ seur. Il nage très-fréquemment tout près de la surface de la mer, et se laisse souvent porter par les vagues, sans faire de mouvement. On voit parfois plusieurs individus nageant l’un derrière l’autre. Sa nourriture se compose de crustacés, de mollusques et d’autres petits animaux. Ce sélacien est ovo-vivipare. Seine-Inférieure : M. Mesaize a communiqué à l’Académie des Sciences, des Belles-Lettres et des Arts de Rouen, une notice (op. cit., p. 57) « sur un squale très- grand (squalus maximus) pêché à Yport, départe- 240 — ment de la Seine-Inférieure, dans le courant du mois de novembre 1806. « Quelques-uns des détails donnés par notre con¬ frère sont tirés de plusieurs lettres qu’il a reçues, tant de M. Troque, apothicaire à Fécamp, que de M. Patey, négociant de la même ville, auxquels il s’était adressé pour se procurer quelques rensei¬ gnements au sujet de ce poisson ; les autres sont le fruit de ses propres observations, faites sur le pois¬ son même. « Ayant appris, dit M. Mesaize, que le poisson pêché à Yport était déposé â Rouen, dans une auberge nommée la Ville-de-Fécamp, faubourg Cau¬ choise, je m’y transportai le 14 janvier 1807, et je trouvai que la peau du poisson, lisse, de couleur noirâtre et assez mal bourrée de paille, était dans le plus mauvais état, détruite même en quelques endroits par la putréfaction. « M. Mesaize donne les dimensions des nageoires dorsales, pectorales et caudale, du crâne et de quelques autres parties du corps de l’animal ; mais il observe que ces proportions sont très-inexactes et peu d’accord avec les dimensions qui auraient été prises sur l’animal peu de temps après sa mort, vu l’état de dessiccation, de mutilation même où le poisson lui a été présenté. Quoique nous n’ayons pu, ajoute notre confrère, réunir toutes les parties, nous en avons cependant assez vu pour ne pas douter un instant que le poisson d’Yport ne soit le squale très- grand des naturalistes. Sa longueur était de vingt- sept pieds ; sa chair a été vendue à des cultivateurs pour servir d’engrais à leurs terres. « Une lettre de M. Patey â M. Mesaize apprend que, le 15 décembre 1806, un poisson semblable à celui d’Yport a échoué à la grande vallée, au bas de la rivière de Paluel (Seine-Inférieure) ». — 241 D’après l'imposante longueur (27 pieds z= 8 m.77) du poisson examiné par M. Mesaize, je suis, comme lui, persuadé que c’était un Pèlerin très-grand, espèce dont la présence est excessivement rare sur les côtes de la Normandie. (H. G. de K.). « Le poisson qui fait le sujet de ce mémoire fut pris avec deux autres individus de la même espèce, la nuit du 21 novembre 1810, embarrassé dans des fdets à pêcher le hareng, dont il détruisit, comme on le pense bien, une très-grande partie; remorqué dans le port de Dieppe au moyen d’un câble attaché à la base de la nageoire caudale, et d’un bateau pêcheur qui mit à cet effet toutes voiles dehors, il fut acheté par des spéculateurs, chargé encore vivant sur un chariot extrêmement solide et transporté à Paris, où il arriva le dimanche suivant à quatre heures du matin, fort entier et en très-bon état. Envoyé par M. Cuvier avec M. Rousseau, chef des travaux anatomiques du Muséum d’Histoire naturelle, pour en faire la des¬ cription sur le frais, l’anatomie s’il était possible, et au moins en extraire les pièces les plus propres à orner le superbe Cabinet d’anatomie comparée qu’il a pour ainsi dire créé, c’est à la confiance et aux bontés dont il veut bien m’honorer que je dois l'occasion de ce travail fait sous ses yeux ». [Henry de Blain¬ ville (1b — Mémoire sur le Squale pèlerin (op. cit.), p. 88]. — D’après ce renseignement, on ne peut dire si l’exemplaire dont il s’agit a été capturé ou non près de la côte du département de la Seine- Inférieure. (H. G. de K.). (1) Henry de Blainville = II. -M. Ducrotay de Blainville. 10 — 242 — 4* Famille. MUSTELIDAE — MUSTÉLIDÉS. 1er Genre. MUSTELUS — ÉMISSOLE. 1. Mustelus vulgaris M. et H. — Émissole vul- gaire. Galeus mustelus Leach. Mustelus laevis Flem., M. plebeius Bp. Squalus hinnulus Blainv., S. mustelus Bonnat. Émissole commune, É. lentillat, É. ordinaire, É. tachetée de blanc. Mustèle commun, M. ordinaire, M. vulgaire. Squale émissole, S. lentillat. Chien beuluet, C. de mer, Moutelle. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franç.), p. 81 et 83, et pl. XX, fig. 1, la et 2. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 400; atlas, pl. II, fig- 0> et pl. III, fig- 1-3- H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 176, fig. 10 et 11, et pl. LXVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 311, et fig. 10 et 11 (p. 71 et 73); — Manuel , p. 17. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 295 et pl. CLV. L’Émissole vulgaire habite la mer, s’y tenant au large et dans le voisinage des côtes. Elle est peu vorace. Sa nourri¬ ture se compose de mollusques, de crustacés et d autres petits animaux. Cette espèce est ovo-vivipare. Littoral de la Normandie. — C. pendant la saison chaude. — Les sujets que l’on trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. 5e Famille. GALEIDAE — GALÉ1DÉS. 1er Genre. GALEORHINUS - MILANDRE. 1. Galeorhinus galeus (L.) — Milandre vulgaire. Car char las galeus Risso. Galeorhinus galeus Blainv. Galeus canis Bp., G. Linnei Malm, G. vulgaris Flem. Squalus galeus L. Milandre chien, M. commun, M. ordinaire. Requin milandre. Chien de mer, Hâ, Haut. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. (Faune franc.), p. 85(1). Aug. Duméril. — Op cit., t. I, p. 390. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 172, fig. 8 et pl. LXV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. I, p. 317; fig. 6, 7, 8, 14 et 15 (p. 38, 41, 45, 116 et 117), et fig. 45 et 46; — Manuel, p. 20. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 292 et pl. CL11I. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1132, fig. 299 (p. 1072) et 327 ; atlas, p. L, fig. 2. Le Milandre vulgaire habite la mer. Généralement les vieux individus se tiennent au large, dans les eaux d’une certaine profondeur, excepté pendant la période de la repro¬ duction; tandis que c’est dans le voisinage du littoral que l’on rencontre les jeunes. Ce sélacien est vorace. Sa nourri- (1) A la page 85, il est indiqué pl. XXI, fig. 1 ; mais celle planche n’a pas, que je sache, été publiée., ture se compose de poissons, de crustacés, de mollusques, de vers, déchinodermes, etc.; il mange aussi des pioies mortes. Il est ovo-vivipare. Entre le commencement de juin et la fin de septembre, la femelle met au monde, en une fois, de vingt à quarante petits environ. Littoral de la Normandie . — C. pendant la saison chaude. — Les sujets que Ion trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. 6e Famille. CARCHARIIDAE — CARCHARIIDÉS. 1er Genre. C ARC H ARIAS — REQUIN. 1. Garcharias glaucus (L.) — Requin bleu. i • Car chaînas glaucus Cuv. Prionodon glaucus M. et H. Squalus glaucus L. Squale bleu, S. glauque. Hâ, Haut, Peau bleue. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 92(1). Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 353. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 168, fig. 7 et pl. LXIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 329 et fig. 50—52; — Manuel , p. 25. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 289 et pl. CLII. F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1130 et fig. 326; atlas, pl. L, fig. 3. (1) A la page 9 2, il est indiqué pl. XXIII, fig. 2; mais cette planche n’a pas, que je sache, été publiée. — 245 — Le Requin bleu se tient au large, ne venant que d’une manière accidentelle dans le voisinage du littoral. Il est mi¬ grateur. Ses mœurs sont nocturnes et diurnes, particulière¬ ment nocturnes. Pendant les journées chaudes, il monte à la surface, où il nage lentement, le sommet de la première na¬ geoire dorsale et celui de la nageoire caudale étant émergés. Toutefois, il descend aussi à d’assez grandes profondeurs, au moins à cent mètres environ, et c’est là peut-être son habitat le plus fréquent. Ce sélacien a une grande résistance vitale. Il est vorace. Sa nourriture se compose principale¬ ment de poissons de toutes sortes ; il mange aussi des proies mortes. Il est ovo-vivipare. Dans la Méditerranée, les jeunes viennent au monde pendant les mois de mai et de juin. Lorsque ses petits sont menacés, il parait que la mère, ou le père — selon d’autres auteurs — ouvre la bouche et les met à l'abri dans son pharynx. Normandie : Assez rare sur les côtes de Normandie. [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. I, p. 332]. Seine-Inférieure : « Un seul exemplaire de cette espèce a été pêché dans l’estuaire, entre le banc de l’Éclat et les Hauts de la rade du Havre, au mois de juillet 1869 ». [G. Lennier. — Il Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 152]. Un exemplaire naturalisé, qui est très- vraisemblablement celui en question, se voit au Muséum d’Histoire naturelle du Havre. Manche : Le Carcharias glaucus (L.) a été signalé par Henri Joiian, dans ses Poissons de mer observés à Cherbourg en 1858 et 1859 (op. cit., p. 139; tiré à part, p. 24), comme y étant assez rare; mais l’auteur — 246 — a changé « assez rare » en « très-rare » sur l’exem¬ plaire du tiré à part qu’il a eu l'obligeance de me donner. Dans ses Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg (op. cit. , p. 359; tiré à part, p. 7), Henri Joüan revient sur sa détermination et dit qu’au lieu du Carcharias glaucus , il est plus probable qu’il s’agit du Carcharias tamia Risso ou Prionodon tamia M. et H. Il y a là une erreur, ainsi que l’a très- justement fait remarquer À.-E. Malard (op. cit., p. 67). En effet, le Carcharias tamia Risso et le Prionodon tamia M. et H. sont deux espèces fort différentes. La première est le Carcharodonte lamie [ Carcharodon tamia (Risso)], et, la seconde, le Requin à museau obtus ( Carcharias obtusirostris É. Moreau), et aucune de ces deux espèces n’a été, à ma connaissance * observée dans la Manche (mer). Le motif qui a conduit Henri Joüan à modifier sa détermination première, c’est que le poisson dont il parle (loc. cit.) a « le dessus du corps d’un brun cendré clair au lieu de l’avoir bleu foncé comme chez le C. gtaucus ». La coloration de cette dernière espèce étant grandement variable, l’argument est sans valeur, et il est très- probable que la première détermination d’Henri Joüan est la vraie. Il faut ajouter que les renseignements en question d’Henri Joüan ne font nullement savoir si les Requins bleus [Carcharias gtaucus (L.)] observés à Cherbourg avaient été pris dans la région ou à de grandes distances des côtes; en d'autres termes, s’il s’agit ou non d’exemplaires capturés dans la zone littorale qu’au point de vue faunique je considère comme normande, zone ayant une largeur maximum de douze kilomètres, sauf pour le petit archipel de Chausey (Manche), qu’il convient de rattacher en entier à la Normandie. - 247 — Dans ses Notes ichthyo logiques ; Nouvelles espèces de Poissons de mer observés à Cherbourg , Henri Joüan dit (op. cil., p. 313) : « Novembre 1876. Deux beaux exemplaires du Carchamas glaucus Cuv„.... Il ne se montre que très-rarement sur notre littoral; autrement il serait plus commun sur notre mar¬ ché . ». Ce renseignement ne dit malheureusement pas si ces deux Requins bleus ont été pris dans le voisinage des côtes de la Normandie, et, par cela même, s’ils appartiennent à la faune normande. A.-E. Malard fait mention du Requin bleu dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit. , p. 66). Ce naturaliste m’a informé qu’un exemplaire de cette espèce avait été pris dans la baie de la Hougue, en juin 1897, par un pêcheur de Saint- Vaast-de-la- Hougue (Manche). 7e Famille. SPINACIDAE — SPINACIDÉS. 1er Genre. SQUALUS — SQUALE. 1. Squalus acanthias L. — Squale aiguillât. Acanthias Linnei Malm, A. vulgaris Risso. Spinax acanthias Cuv. Acanthias commun, A. ordinaire, A. vulgaire. Aiguillât commun, A. ordinaire, A. vulgaire. Spinax aiguillât. Chien à dardons, C. broqu, C. dard, C. de mer. 248 — H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 57 W. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 437; atlas, pl. II, fi g. 7. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 206, fig. 25 et pl. LXXIX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 342; fig. 1 (p. 5), fig. 4 (p. 8), fig. 16 (p. 118) et fig. 58; — Manuel , p. 31. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 315, et pl. CLX, fig. 2, 2 a et 2 b. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1158, et fig. 338 et 339; atlas, pl. LU, fig. 1 et 2. Le Squale aiguillât habite la mer, à la fois dans le voisi¬ nage et loin du littoral. Généralement, il se tient auprès des côtes pendant la saison chaude, et reste au large, pen¬ dant la saison froide, dans les eaux d’une certaine profon¬ deur. Il recherche les fonds vaseux. Il mène une vie errante. C’est un poisson sociable, qui, parfois, se rassemble en bandes constituées par un grand nombre d’individus. Il est très-vorace. Sa nourriture se compose de poissons, particu¬ lièrement de ceux qui vivent en bandes, et de mollusques, de crustacés, de vers, etc. Cette espèce est ovo-vivipare. Son mode de reproduction, dit Émile Moreau ( Manuel , op. cit,., p. 32), « est des plus singuliers; les petits naissent au nombre de quatre, deux dans chaque poche utérine, et en¬ core un mâle et une femelle, c’est du moins ce que j’ai remarqué, en décembre, chez les divers spécimens que j'ai examinés. J’ai constaté les faits suivants : 1° dans chaque utérus, deux jeunes fœtus, ovaires peu développés, pas d’œufs en état de maturité ; 2° de chaque côté, deux petits sur le point de naître et deux œufs engagés dans l’oviducte ; (1) A la page 57, il est indiqué pl. XIV, fig. t; mais cette planche n’a pas, à ma connaissance, été publiée, car celle qui a paru sous le n° XIV devrait porter le n° XXIV, 3° ; enfin, et toujours de chaque côté, deux petits, et deux œufs dans la cavité péritonéale, assez rapprochés du pavil¬ lon ; il est probable qu'il y a des gestations successives pen¬ dant une certaine période. Il serait intéressant de contrôler les observations que je cite et de voir s’il en est toujours ainsi ». Le Squale aiguillât se recourbe en arc pour faire usage de ses aiguillons dorsaux, qui font des piqûres plus ou moins dangereuses. Littoral de la Normandie. — C. — Les sujets que l’on trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. 8e Fa mille. SC Y MN IDA E — SCYMNIDÉS. 1er Genre. ACANTHORHINUS — ACANTHORHINE. L Acanthorhinus carcharias (Gunn.) — Acantho- rhine à courtes nageoires. Acanthorhinus carcharias Smitt, A . microcephalus Blainv., A. norwegianus Blainv. Dalalias microcephalus Gray. Laemargus boréal is Bp., L. brevipinna A. Dum. Scymnus borealis Flem., S. microcephalus Kroy., S. mi - croplerus Val. Somniosus brevipinna Lesueur, *8. microcephalus Lütk. Sgualus borealis Scor., S. carcharias Gunn., S. g facial is Faber, S. microcephalus B. et S. Laimargue à courtes nageoires, L. boréal. Leiclie microptère. Squale boréal, S. du Groenland. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 456; atlas, pi. V, fig. 3 ■. et 4. * > ‘ - — 250 — II. Gervais et R. Boulart. — Op. cit . , t. III, p. 212, fig. 29 et 30, et pl. LXXXII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. I, p. 361 et fig. 03; Supplément, p. 138; — Manuel, p. 45. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 320, et pl. CLXII, fig. 1 et 1 a. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 11G7, fig. 296 (p. 1068), 325 (p. 1127) et 342; atlas, pl. LII, fig. 3 et 3a. L’Acanthorhine à courtes nageoires se tient au large et ne vient près du littoral que d’une manière accidentelle. Son caractère est indolent. Il est très-vorace. Sa nourriture se compose de poissons, de mammifères, etc.; il mange aussi des proies mortes. On ne sait pas encore d’une façon posi¬ tive, du moins à ma connaissance, si l’Acanthorhine à courtes nageoires est ovipare, ou ovo-vivipare comme le sont, non- seulement les espèces des genres les plus voisins, mais une espèce du même genre : VA canthorhinus rostratus (Risso). Seine-Inférieure : « Le Leiche microptère, décrit par Valenciennes (op. cit.), est venu, en 1832 (dans la nuit du 31 mars au 1er avril), échouer à l'embouchure de la Seine, au Havre, du côté de l’Eure; c'est un mâle, il mesure quatre mètres de longueur. (Mu¬ séum d’Histoire naturelle de Paris) ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. I, p. 363]. 9e Famille. RHINIDAE — RH1NIDÉS. 1er Genre. RHINA — RHINE. 1 . Rhina squatina (L.) — Rhine ange. Rhina aculeata A. Dum., R. DumeriliGiïï, R . squatina Rat. — 251 — Squalus squatina L. Squatina aculeata Cuv., S. angélus Dum., S. Dumerili Lesueur, S. europaea Sws., S. fimbriata M. et H., S. laevis Cuv., S. oculata Bp., S. vulgaris Risso. Squale ange. Squatine ange, S. commune, S. ocellée, S. ordinaire, S. vul¬ gaire. Ange de mer. H.-M. Ducrotay dk Blainville. — Op cit. ( Faune franç .), p. 53 (,). Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 464; atlas, pl I, fig. 3 et 4; pl. Il, fig. 4 et 5; pl. V, fig. 5 — 7, et pl. VI, fig. 1. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 217, fig. 33 et pl. LXXXIV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 369 et 373, fig. 9 (p. 59) et 66; — Manuel , p. 49. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 326 et pl. CLXIII. Le Rhine ange se tient au large et dans le voisinage du littoral. Il vit le plus souvent au fond de l’eau et se plaît à s’enterrer à demi dans le sable. C’est une espèce migratrice. Elle est très-vorace. Sa nourriture se compose de poissons, principalement de poissons plats, et de mollusques et autres petits animaux. Le Rhine ange est ovo-vivipare. La femelle met au monde, à la fois, une à deux douzaines de petits environ. Littoral de la Normandie. — A. C. — Les sujets que l'on trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. (1 ) A la page 53, il est indiqué pl. XIII, fig- 1 et 2; mais cette planche n’a pas, que je sache, été publiée. — 252 — OBSERVATION. RH I NO B A TlDAE — RHINOBATIDÉS. RHINOBATUS — RH1N0BATE. Henri Joüan signale, dans les Mémoires de la Société impériale des Sciences naturelles de Cherbourg (t. X, Paris et Cherbourg, 1864, p. 313), comme espèce rare observée à Cherbourg : « la Raie rhinobate ( Raia rhinobatos Gm., Ange des pêcheurs) ». Le même auteur dit ce qui suit dans ses Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg (op. cit., p. 358; tiré à part, p. 6) : « Rhinobatos Duhameli Blainv. — Me paraît être très-rare dans nos parages; du moins, je n’ai vu qu’un seul individu, il y a plusieurs années, que les marchands appelaient Ange , de même que le Sguatina vulgaris Risso. Le Rhinobate est plutôt un poisson de la Méditerranée que de l’Océan ». Une erreur de détermination a dû être commise, car, à ma connaissance, il n’a pas été trouvé de Rhinobates dans la Manche (mer). L’absence d’un renseignement précis sur les endroits où furent pêchés ces poissons enlève toute valeur, pour une faune régionale, aux lignes qui précèdent. Il convient d’a¬ jouter que j'ignore cà quelle espèce de sélacien appartenaient ces soi-disant Rhinobates. 10e Famille. TORPEDINIDAE — TORPÉDINIDÉS. 1er Genre. TORPEDO — TORPILLE. 1. Torpédo marmorata Risso — Torpille marbrée. . i Raia torpédo L. Torpédo Galvanii Risso, T. immaculato Raf., T . punctata Raf., T . vulgaris Flem. Torpille de Galvani, T. sans taches. Tremble, Trembleur. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 44. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 508; atlas, pl. II, fig. 12. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 226. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 379 et 381, et fig. 24 (p. 236); — Manuel , p. 53 et 5i. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 331 et 332, et pl. CLXY . La Torpille marbrée habite la mer et vit sur les tonds sablonneux et vaseux situés à une certaine profondeur, où elle se tient presque appliquée contre le sol ou à demi-enter- rée dans le sable ou la vase. Sa nourriture se compose prin¬ cipalement de poissons. Elle est ovo-vivipare. Le nombre des petits est de trente à soixante à chaque portée. Note. — Bien que, dans cette Faune de la Normandie , je n’aie pas à fournir de renseignements anatomiques ou physiologiques, je crois néanmoins devoir donner ici, en raison de l’intérêt tout spécial qu’il présente, quelques détails sur l’appareil électrogène des Torpilles, qui est semblable chez les différentes espèces de ce genre. Cet appareil électrogène se compose de deux organes réni- formes entourés d’une membrane fibreuse, situés à droite et à gauche de la colonne vertébrale, dans un espace limité par la tête, les nageoires pectorales et les branchies, organes qui ne sont recouverts, en dessus et en dessous, que par la peau. Chacun des deux organes électrogènes est formé d’un très- grand nombre de colonneltes prismatiques droites, placées les unes contre les autres et perpendiculairement aux téguments dor¬ sal et ventral de la Torpille. Ces colonnettes prismatiques, ces prismes sont constitués par une substance gélatineuse, translu¬ cide, d’un gris rosé, et séparés le$ uns des autres par des cloi¬ sons résistantes de tissu conjonctif. Chaque prisme est com¬ posé de lamelles très-minces, superposées horizontalement, — les lamelles électrogènes — qui sont fortement adhérentes, sur tout leur pourtour, aux cloisons de tissu conjonctif séparant les prismes, et libres dans tout le reste de leur étendue. Sur la face ventrale de ces lamelles électrogènes viennent se terminer, par une arborisation complexe, les fibres des cinq gros nerfs qui, naissant du lobe électrique du cerveau, innervent chaque organe éleclrogène; il y a donc, en tout, dix gros nerfs électriques. « Sous l’influence d’une excitation artificielle des nerfs électri¬ ques, ou sous l’action de la volonté de l’animal, dit Edmond Perrier dans son monumental et fort remarquable Traité de Zoologie (op. cit. , t. I, p. 282), l’une des faces de la lamelle électrique se charge d’électricité positive, l’autre d’électricité négative, et, la distribu¬ tion électrique étant la même pour toutes les lamelles, chaque prisme fonctionne comme une petite pile de Volta. En l’absence d’excitations, les organes électriques n’ont qu’un pouvoir électro- moteur beaucoup plus faible que celui des muscles. Cependant, une légère excitation électrique de l’organe détermine un dégage¬ ment proportionnellement très-grand d’électricité, ce qui s’ex¬ plique facilement par la structure même de l’appareil et son ana¬ logie avec une batterie électrique. Il n’est pas nécessaire, pour que les décharges apparaissent, que les nerfs excités soient en communication avec le cerveau. Toute excitation produite sur un rameau d’un nerf électrique détaché du cerveau, provoque la décharge de la partie de l’appareil électrique à laquelle il se dis¬ tribue et de celle-là seulement. On le démontre en plaçant des pattes écorchées de Grenouille sur les diverses parties de l’ap¬ pareil électrique d’une Torpille; on ne voit se contracter, au moment de la décharge, que les pattes placées sur les parties de l’appareil correspondant aux rameaux nerveux excités. L’ap¬ pareil électrique, mécaniquement excité, peut donc produire des décharges partielles ou une décharge totale. « . Les décharges des poissons électriques peuvent pro¬ duire des étincelles, décomposer certains corps, tels que l’iodure de potassium, aimanter un barreau de fer doux, provoquer dans une bobine des phénomènes d’induction. Il n’est donc pas dou~ teux que ce soient bien des décharges électriques. A quel appa¬ reil de laboratoire peut-on comparer l’appareil physiologique qui les produit? Il semble, d’après ce que nous venons de dire, qu’il réunisse certaines des propriétés des machines statiques aux pro¬ priétés des appareils d’induction, mais qu’il se rapproche surtout de ces derniers. Le caractère intermittent des excitations ner¬ veuses que révèle l’étude de la contraction musculaire, aussi bien que celle des décharges des poissons électriques, est bien en rap¬ port avec ce rapprochement ». Normandie : « Cette Torpille est excessivement rare clans la Manche (mer); elle a été trouvée . sur quelques » points de la côte de Normandie, Le Havre ». [Emile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. I, p. 383]. — « Manche (mer), excessivement rare,. . . Le Havre ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), p. 54]. Seine- Inférieure : «Le Havre». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. I, p. 383; — Manuel (op. cit.), p. 54]. Chaque année, on pêche quelques exemplaires de Torpille marbrée dans la partie ouest de l’estuaire de la Seine, sur les fonds sablonneux. Des spécimens normands de cette espèce sont conservés au Muséum cl’Histoire naturelleclu Havre. [Renseignementcommu- niqué par M. G. Lennier, conservateur de ce Muséum]. Calvados : Voir le renseignement ci-dessus de M. G. Lennier. Dans sa Zoologie (op. cit., p. 152), G. Lennier dit avoir pêché plusieurs fois la Torpille marbrée sur les côles sablonneuses du Calvados. i , *• ' « ' t « Pêchée deux fois sur les fonds de sable au large 256 — de Trou vil le ». [G. Lennierv — L'Estuaire de la Seine (op. cit. ) , l. II, p. 152]. Une Torpille marbrée, provenant des côtes du Cal¬ vados, est conservée au Musée d’Histoire naturelle de Caen. Ce spécimen n’est pas un des trois suivants. [Renseignement communiqué par M. René Chevrel]. « Dans ces dernières années, trois exemplaires de cette espèce ont été pris vivants, à ma connaissance, sur les côtes du Calvados : le premier, à une petite distance du rivage de Lion-sur-Mer, pendant l’été de 1890; le second, dans la zone du balancement des marées, à Langrune-sur-Mer, au cours de l’été de 1893 ; et le troisième, entre Saint-Aubin-sur-Mer et Lion-sur-Mer, pendant l’été de 1895 ». [Renseigne¬ ment communiqué par M. René Chevrel, chef des tra¬ vaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen]. Note. — C’esl presque certainement à la Torpille marbrée qu’il faut rapporter le spécimen provenant des côtes du Calvados et signalé, sous le nom de Torpédo electrica L., par Ludes- Deslongchamps dans les Mémoires de la Soc. linnéenne de Normandie (ann. 1839-42, p. x). M miche : Au dire des pêcheurs de Saint-Vaast-de-la-Hougue, « elle n’est pas des plus rares; j’ai d'ailleurs eu moi- même l’occasion d’en voir plusieurs exemplaires ». [A.-E. Malard. — Op. cit., p. 69]. « Baie du Mont-Saint-Michel, rare ». [Rensei¬ gnement oommuniqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen ] . Notes. — Dans ses Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg (op. cit., p. 359; tiré à part, p/7), Henri Joüan a écrit ceci : « Torpédo vulgaris Cuv. — Le 4 novembre 1872, on a apporté sur le marché une Torpille du poids de deux kil. et demi environ. Cette espèce était inconnue des pêcheurs et des mar¬ chands ». Il est beaucoup plus probable que l’individu en ques¬ tion était une Torpille marbrée ( Torpédo marmorata Risso) et non une Torpille à taches ou Torpille vulgaire ( Torpédo narke Risso). De plus, la provenance exacte n'étant pas indiquée, ce renseignement est sans valeur pour une faune régionale. Émile Moreau dit, dans son Histoire naturelle des Poissons de la France (op. ci t. , t. I, p. 386) : « Lennier, dans le catalogue des Poissons de la Manche, cite la Torpille à taches et non la Torpille marbrée, il y a probablement confusion ». Ce n’est pas Lennier, mais Henri Joüan, et il s’agit ici des Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg par ce dernier auteur. Il faut savoir que, dans les travaux ichthyologiques d’Henri Joüan, « observés à Cherbourg » signifie observés par kii au marché de Cherbourg ou sur la côte; cl il est évident que la plus grande partie des poissons apportés à ce marché n’ont pas été pêchés sur le littoral de la Normandie. 11e Famille. RAI IDA E — RAIIDÉS. Ie1' Genre. R AI A — RAIE. 1. Raia clavata L. — Raie bouclée. H.-M. Ducrotay dk Blainville. — Op, cit. (Faune franç.), p. 33(1). Aug. Dumérik. — Op. cit., t.. I, p. 528; atlas, pi. I, fig. 9 et 10; pi. II, fig. 1 — 3, et pl. XII, fig. 7 — 10. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 230, fig. 39—41 et pl. LXXXVII. (1) A la page 33, il est indiqué pl. V c, fig. 2, mais cette planche n’a pas été publiée, à ma connaissance du moins. 17 j- . — 258 Émile Moiif.au. — 0p. cit. : Histoire, t. I, p. 390 et 391 ; ' flg. 5, 25, 20, 27 et 31 (p. 11, 242, 246, 250 et 262) et fi g. 69; — Manuel , p. 57 et 58. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 343 et pl. CLXXI. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1 103 et 1104, fig. 293 b (p. 1064), 300 (p. 1074), 307 (p. 1090) et 315; atlas, pl. XLVII, -llg. 1 et 2. ' La Raie bouclée habite la mer, assez loin ou clans le voi¬ sinage des côtes, généralement clans les eaux peu profondes et particulièrement sur les fonds de sable. Ses mœurs sont nocturnes. Pendant la nuit, elle s'élève à de faibles dis¬ tances du fond, et, pendant le jour, elle demeure sur ce dernier. Toutefois, elle n'y est pas appliquée, mais se tient soulevée sur ses nageoires pectorales, de manière qu il existe un léger espace entre le sol et la partie ventrale de la Raie, espace nécessaire pour le fonctionnement de la respi¬ ration. Elle est très-vorace. Sa nourriture se compose de poissons, de crustacés, de mollusques, de vers, d écliino- dermes et d’actinies. Cette espèce est ovipare. Les œufs, de forme rectangulaire, ont l’aspect et la consistance de la corne, et chacun de leurs angles est pourvu d’un prolongement corniforme. Pendant tout l'été on trouve, dans les femelles, des œufs arrivés à maturité; mais il paraît que seulement un œuf est pondu à la fois. Littoral de la Normandie. — T.-C. — Les sujets que l’on trouve clans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. 2. Raia radiata Donov. — Raie radiée. Amblyraja radiata Malm. Dasy bâtis radiata Bp. Ilaia fullonica O. Fabr. * 259 — Aug. Duméril. — Op. cil., t. T, p. 531 ; atlas, pl. XII, fig. 15. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit. , t. III, p. 233 et pl. LXXXIX. Émile Moreau. - Op. cit. : Histoire , t. I, p. 390 et 394 ; — Manuel, p. 57 et 59. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 347 et pl. CLXXIII. F. -A. Smitt. — Op. cit., 29 part., p. 1103 et 1108, et fig. 316; atlas, pl. XLVII, fig. 3. La Raie radiée habite la mer, assez loin ou clans le voisi¬ nage du littoral, et principalement sur les fonds de sable. Ses mœurs sont nocturnes. Pendant la nuit, elle s’élève à de faibles distances du sol, et, pendant le jour, y reste inactive. Toutefois, elle n’est pas appliquée sur le fond, mais se tient soulevée sur ses nageoires pectorales, déterminant ainsi, entre sa partie ventrale et le sol, un petit espace qui lui est nécessaire pour ses actes respiratoires. Sa nourriture se compose de poissons, de crustacés, de vers, etc. Cette espèce est ovipare. Les œufs, de forme rectangulaire, ont l’aspect et la consistance de la corne, et chacun de leurs quatre angles possède un prolongement corniforme. Seine-Inférieure : « Espèce rare qui a été quelquefois pêchée à la limite ouest de l’estuaire ». [G. Lennier. — L'Es¬ tuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 152]. Calvados : Voir le renseignement qui précède, publié par G. Lennier. Cette espèce a été signalée dans la « Manche (mer), Calvados ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. I, p. 396; — Manuel (op. cit.), p. 60]. — 260 3. Raia falsavela Bp. — Raie fausse-voile. Amblyraja circularis Malm. Raia circularis Couch, R. naevus M. et H., R. rubus Lacép. Raie circulaire, R. nævus, R. ronce. 9 Aug. Duméril. — Op. ci t . , t. I, p. 536, 549 et 550; atlas, pl. XII, fig. 1—6. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 235, et pl. XC et XCI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 390 et 397, et fig. 70; — Manuel , p. 57 et 60. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 348 et pl. CLXXIV . F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1103 et 1112, et fig. 319. ^ ■ La Raie fausse-voile habite la mer, clans le voisinage ou assez loin du littoral, et, de préférence, sur les fonds sa¬ blonneux et dans les baies. Ses mœurs sont nocturnes. Pendant la nuit, elle nage à peu de distance du fond, et y demeure pendant le jour ; toutefois elle n’y est pas appli¬ quée, mais soulevée sur ses nageoires pectorales, de manière qu'il existe, entre le sol et la partie ventrale de l’animal, un léger vide, indispensable pour le fonctionnement de la res¬ piration. Sa nourriture se compose de poissons, de crusta¬ cés, de vers, de mollusques, etc. Cette espèce est ovipare. Les œufs, de forme rectangulaire, offrent 1 espect et la con¬ sistance de la corne, et leurs quatre angles sont pouivus d’un prolongement corniforme. Littoral de la Normandie. — R. — Les sujets que Ion trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. — 261 4. Raia macrorhynchus Raf. — Raie à bec long. Laeviraja macrorhynchus Bp. Raia rostrata Blainv. Raie macrorhynque. Fiée. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 30 (1>. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 566. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 240. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 390 et 405, et fig. 71 et 72; — Manuel , p. 57 et 63. Francis Day. — Op. cit., 1. II, p. 338 et pl. CLXVII. Les mœurs de la Raie à bec long sont probablement les mêmes que celles de l'espèce suivante : Raie bâtis (Raia bâtis L.). Normandie : « Manche (mer), assez commune,,.. Normandie, bien qu’elle ne soit pas signalée dans les catalogues d’ichthyologie ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. I, p. 409]. Calvados : « Cette espèce est assez rare sur les côtes de ce département ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen]. ( 1 ) A la page 30, il est indiqué pl. V a, fig. 2; mais celte planche n’a pas, à ma connaissance, été publiée. Manche : A.-E. Malard a inscrit cette espèce dans son Cata¬ logue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 72). 5. Raia bâtis L. — Raie bâtis. Bâtis vulgaris Couch. Laeviraja bâtis Malm. Raia Gaimardi Val. Raie cendrée. Coliart, Grand guillot, Guillaume. II. -M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 13 (1). Aug. Düméril. — Op. cit., t. I, p. 563 et 565; atlas, pl. VII, fig. 13—15. H. Gérvais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 236 et fig. 42. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 390 et 409, et fig. 73; — Manuel , p. 57 et 64. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 336 et pl. CLXVI. * F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1103 et 1120, et fig. 306 (p. 1088), 322 et 323; atlas, pl. XLVIII. La Raie bâtis habite la mer, assez loin ou dans le voisi¬ nage du littoral, habituellement sur les fonds de sable ou de vase. Ses mœurs sont nocturnes. Pendant la nuit, elle s’élève à de légères distances du sol, et, pendant le jour, demeure inactive sur le fond, s’y tenant, non pas appliquée, (1) A la page 13, il est indiqué pl. III, fig. 1; cette figure ne représente pas la Raie bâtis, mais la Raie oxyrhynque ( Raia oxyrhynchus L.). • mais soulevée sur ses nageoires pectorales, de telle sorte qu’il existe, entre le sol et la partie ventrale du poisson, un petit espace, nécessaire pour le fonctionnement de la respi- » ture se compose de poissons, de crustacés, de vers, de mol¬ lusques, etc. Cette espèce est ovipare. Les œufs, de forme rectangulaire, ont l’aspect, et la consistance de la corne, et chacun de leurs angles possède un prolongement corni- forme. La ponte a lieu entre le commencement de mai et la fin de septembre. Littoral de la Normandie. — P. C. — Les sujets que l'on trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. 6. Raia alba Lacép. — Raie blanche. Laeviraja bramante Sassi. Raia bicolor Risso. Raie bicolore. ... /? Caban, Tire magne. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 14. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 390 et 412; — Manuel , p. 57 et 64. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 339 et pl. CLXVIIL La Raie blanche a les mêmes mœurs que la précédente espèce : Raie bâtis ( Raia bâtis L.). % Littoral de la Normandie. — P. C. — Les sujets que l’on trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. — 264 Note. — C’est probablement à la Raie blanche qu’il faut rapporter l’espèce indiquée par Henri Joüan, dans ses Poissons cle mer observés à Cherbourg en 1858 et 18o(J (op. ci t. , p. 143 ; tiré à pari, p. 28), sous le nom de Raid oætjrhynehus L., avec ce renseignement : « Parvient à une très-grande taille; quelques individus pèsent plus de 150 kil. Peu estimée ». 7. Raia punctata Risso — Raie ponctuée. Dasy bâtis asterias Bp. Raia asterias Delar., R. oculata Risso, R. Schultzi M. et H., R. spéculum Blainv. . Raie à miroir, R. ocellée. Taperelle. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. {Faune franc .), p. 25 et 29; pl. IV, fig. 1(1). Aug. Duméril. — Op. cit., t. î, p. 541. II. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 232. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 390 et 426 ; — Manuel , p. 57 et 70. Les mœurs cle la Raie ponctuée sont vraisemblablement analogues à celles des autres espèces de Raies indigènes. Littoral cle la Normandie. — P. C. — Les sujets que l’on trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. # (1) Cette figure, dit l’auteur dans une note au bas de la p. 29, « a été à tort rapportée à la véritable Miralet de la Méditer¬ ranée... ». u — 265 — 8. Raia maculata Mont. — Raie estellée. Raia aster ias M. et H. Raie étoilée, R. mignonne. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. eit. ( Faune franc.), p. 15(D. Aug. Duméril. — Op. ci t. , t. I, p. 543. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 390 et 429, et fig. 28, 29 et 30 (p. 256, 257 et 258); — Manuel, p. 57 et 71. Francis Day. — Op. cit.., t. II, p. 345, fig. (p. 334) et pl. CLXXII. La Raie estellée habite la mer, à une certaine distance ou dans le voisinage du littoral, et particulièrement sur les fonds de sable. Ses mœurs sont nocturnes. Pendant la nuit, elle s’élève un peu au-dessus du fond, et, pendant le jour, elle y demeure inactive, mais n’y est pas appliquée, se tenant soulevée sur les nageoires pectorales, d’où résulte un léger espace entre le sol et la partie ventrale du poisson, vide indispensable pour les actes respiratoires. Sa nourriture se compose de poissons, de crustacés, de mollusques, de vers, etc. Cette espèce est ovipare. Les œufs, de forme rectangu¬ laire, présentent l’aspect et la consistance de la corne, et, à chacun de leurs angles, est un appendice corniforme. Littoral de la Normandie. — A. C. — Les sujets que l’on trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. (1) A la page 15, il est indiqué pl. III, fig. 1 ; celte figure re¬ présente, non point la Raie estellée, mais la Raie oxyrhynque (Raia oxyrhyncJtus L.). • 17+ — 266 — 9. Raia mosaica Lacép. — Raie ondulée. Raia undulata Lacép. Raie mosaïque, R. ondée. Brunette. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 32, et pi. IV, fi g. 2. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 537. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 233. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 390 et 434 : — Manuel , p. 57 et 73. La Raie ondulée a vraisemblablement des mœurs ana¬ logues à celles des autres Raies indigènes. Littoral delà Normandie. — A. C. — Les sujets que Ton trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. OBSERVATION. Je ne sais à quelle espèce des Raies précédentes se rapportent la « Raie miraillet ( Raia miraletus Rond.) » indiquée par G. Lennier dans son grand ouvrage sur H Es¬ tuaire de la Seine (op. cit.., t. II, p. 152), et le « Raia miraletus Lacép. », mentionné par Henri Joüan dans ses Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg (op. cit., p. 358; tiré à part, p. 6), et qui, dit-il (p. 359 et 7), « ne semble pas être très-commun chez nous ». En tout cas, ces Raies n'appartiennent point à la véritable Raie miraillet ( Raia miraletus L.), qui a, dans sa synonymie, les deux noms précédents [Miraillet Rond, et Raia miraletus Lacép.), — 267 — car, à ma connaissance, cette espèce n’existe pas dans la Manche (mer). J'ignore aussi à quelle espèce des Raies se trouvant sur les côtes de la Normandie appartient le Raia cuculus Lacép., indiqué comme il suit par Henri Joiian dans ses Addi¬ tions aux Poissons de mer observés à Cherbourg (op. ci t. , p. 358; tiré à part, p. 6) : « M. de la Blanchère (Nouveau Dictionnaire des Pêches, 1868) dit que la Raie coucou est commune à Cherbourg et à l’embouchure de la Seine ; Lacé- pède la signale comme moins rare à Cherbourg qu’à l’embou¬ chure de ce Heuve. Pour ma part, je n’ai jamais vu qu’un tout petit individu de cette espèce, sur le marché de Mon- tebourg (Manche), en 1864 ». 12e Famille. MYLIOBATIDAE — MYLIOBATIDÉS. 1er Genre. MYLIO BATIS — MYLIOBATE. 1. Myliobatis aquila (L.) — Myliobate aigle. Myliobatis aquila Dum., M. noctula Bp. Raia aquila L. Mourine aigle. Raie aigle. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. (Faune franc.), p. 38, et pl. VII, fig. 1-7. Aug. Duméril. — Op. cit., t. I, p. 634. H. Gervais et R. Boülart. — Op. cit., t. III, p. 248, fig. 46 et 47, et pl. XCVIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 442, et fig. 75 et 76 ; Manuel , p. 77. 268 Francis Day. F.- A. Smitt. — Op. cit., 1. II, p. 352 et pl. CLXXVI. — Op. cit., 2° part., p. 1095, et fi g. 310 et 311. Le Myliobate aigle habite au large; toutefois, il se trouve aussi, mais accidentellement, clans le voisinage des côtes. Il semble, dit Émile Moreau [ Histoire (op. cit.), t. I, p. 446], « plutôt voler que nager; bien souvent, à 1 aqua¬ rium d’Arcachon, nous avons observé, avec notre ami La- font, les évolutions d’un individu très-cléveloppé qui, tantôt, nageait lentement au milieu du bassin, tantôt s approchait du bord qu’il frappait de l’une de ses ailes (nageoires pec¬ torales). Toutes les lois que cet animal était retiré de 1 eau, il faisait entendre un mugissement assez fort ». La nourri¬ ture de cette espèce se compose principalement de crus¬ tacés et de mollusques. Le Myliobate aigle est ovo-vivipare. L’aiguillon ou dard, pourvu de nombreuses dentelures laté¬ rales, est situé cà la partie supéro-basilaire de la queue, qui est très-flexible et peut s’enrouler aisément autour d’objets variés. Le dard, qui ressemble, en situation et en (orme, à celui de l’espèce suivante (Trygon pastenague), est une arme fort dangereuse et très-redoutée ; aussi, les pêcheurs ont-ils habituellement la précaution, quand ils capturent un Myliobate aigle, de lui couper la queue dès qu’ils le peu¬ vent. Seine- Inférieur -e : Manche (mer), assez rare ; « côtes de Normandie, Fécarnp, Le Havre ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. I, p. 445]. « Cette espèce a été pêchée entre La Hève (com¬ mune de Sainte- A dresse) et Dives (Calvados), à mi- chenal; elle est très-rare ». [G. Lennier. — tuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 152]. L'Es- Deux moulages représentant la face dorsale et la face ventrale d’un Myliobate aigle pêché dans l’estuaire de la Seine, au nord-ouest de La Hève (commune de Sainte-Adresse), sont conservés au Muséum d’Histoire naturelle du Havre. Calvados : Voir le renseignement ci-dessus publié par G. Len- nier. Cette espèce est indiquée par R. Le Sénéchal dans son Catalogue des animaux recueillis au Labora¬ toire maritime de Luc , pendant les années 1884 et 1885 (op ci t. , p. 113). « Le Myl iobate aigle est rare sur les côtes du Cal¬ vados ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie cà la Faculté des Sciences de Caen J. Note. — Dans ses Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg , Henri Joüan dit (op. cit. p. 359; tiré à part, p. 7) : A la fin du mois d’octobre 1872, « mon attention fut attirée (au marché de Cherbourg) par une Raie de forme particulière, pesant environ 3 kd. et 1/2, dans laquelle il était facile de reconnaître, au premier coup d’œil, la Raie aigle, Mourine, Rate-penade , des côtes de Provence, où elle est commune et se montre quelquefois pesant 150 kilogrammes. Celle Raie était tout à fait inconnue aux marchands de Cherbourg ». La provenance exacte de ce Myliobate aigle n’étant pas indiquée, ce renseigne¬ ment est sans valeur pour une faune régionale. 13e Famille. TRYGONIDAE — TRYGONIDÉS. 1er Genre. TRYGON -- TRYGON. 1. Trygon pastinaca (L.) — Trygon pastenague. Raia pastinaca L., R. Sayi Lesueur. Trygon Akajei M. et H., T. pastinaca Cuv., T. vulgaris Risso. 270 — Trygonobatis pastinaca Blainv. Pastenague commune, P. ordinaire, P. vulgaire. J Raie pastenague. Coucou, Tingre. II. -M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 35, et pl. VI, fig. 1 et 2. Aug. Üuméril. — Op. cit., t. I, p. 600. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 243, fig. 45 et pl. XCVI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 448; fig. 32 (p. 265) et 77; — Manuel , p. 79. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 350 et pl. OLXXV. F. -A. Smitt. Op. cit., 2e part., p. 1098 et fig. 312—314. Le Trygon pastenague habite au large, mais il se trouve souvent aussi dans le voisinage des côtes. Il vit sur les fonds sablonneux ou vaseux. Ses mœurs sont nocturnes. Sa nour¬ riture se compose de poissons, de mollusques, de crustacés, etc. Cette espèce est ovo-vivipare. Elle est pourvue, à la partie supéro-basilaire de la queue, d’un aiguillon ou dard portant de nombreuses dentelures latérales et ressemblant , comme situation et comme forme, à celui de la précédente espèce (Myliobate aigle). Quand un Trygon pastenague attaque un poisson, il l’enlace de sa queue et le perce et le déchire avec son aiguillon, qui lui sert aussi d’arme défen¬ sive, arme fort dangereuse et très- redoutée ; c’est pourquoi les pêcheurs ont le soin de couper sans retard la queue aux exemplaires qu’ils capturent. Seine-Inferieure : « Manche (mer), assez rare,... Saint-Valery-en- Caux, Le Havre,... ». [Émile Moreau, — Histoire (op. cit.), t. I, p. 449]. Calvados : « Assez rare ; pêchée en été sur les fonds sableux, au large de Dives ». [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 152]. « Je n’en ai jamais vu qu’un seul spécimen à Luc; mais il faut dire que les pêcheurs n’en font aucun cas et ne considèrent pas la Pastenague comme un poisson comestible ». [R. Le Sénéchal. — Op. cit.. p. 113]. Manche : Dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 73), A.-E. Malard dit que cette espèce n’est pas rare au large. On en peut déduire que, presque certainement, il s’en trouve des individus dans la bande littorale qu’au point de vue faunique je rat¬ tache à la Normandie, bande ayant une largeur maxi¬ mum de douze kilomètres, sauf pour le petit archipel de Chausey, qu’il convient de regarder comme appar¬ tenant en entier à cette province. 2e Section. GANOIDEA - GANOÏDES. lei Ordre. STVRIOmA — STURIONIENS. l,e Famille. ACIPENSERIDAE — ACIPENSÉRIDÉS. 1er Genre. ACIPENSER — ESTURGEON. 1. Acipenser sturio L. — Esturgeon vulgaire. Acipenser atillus Gray, A. hospitus Kroy., A. huso Bon- nat., A. latirostris Para., A. Lichtensteini B. et S., A . sturioides Malm, A. Yarrelli A. Dum. Acipensère esturgeon» Esturgeon commun, E. ordinaire. Éturgeon, Poisson de roi. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 505 et fig. 133 — 135. Aug. Duméril. — Op. cit., t. II, p. 184, 195, 197 et 215; atlas, pl. XVII, fig. 10, et pl. XX, fig. 1 et 2. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 183 et pl. LVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. I, p. 471, et fig. 81 et 82 ; — Manuel , p. 87. Francis Day. — Op. cit., t. IT, p. 280 et pl. CL. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1056, fig. 285-289 (p. 1046—1049), 291 (p. 1052) et 292; atlas, pl. XLVI, fig. 1. L’Esturgeon vulgaire habite temporairement les eaux salées et temporairement les eaux douces. C'est une espèce anadrome. Pendant une grande partie de l'année, elle vit dans la mer, et remonte les fleuves et les grandes rivières pour y frayer, parfois à des distances très-grandes de leur embouchure, mais qui, cependant, ne sont pas aussi consi¬ dérables que celles parcourues fréquemment par le Saumon vulgaire (Salmo salar L. ). Après la période de la repro¬ duction, ce poisson redescend à la mer. Il passe au fond de l’eau la plus grande partie de son existence. Son naturel est indolent ; toutefois, il nage souvent avec beaucoup de rapidité. Sa force musculaire et sa résistance vitale sont grandes. Quand il émigre, il saute de temps à autre hors la surface de l’eau. Sa nourriture se compose principalement de vers, de crustacés et de mollusques; il mange aussi des poissons et des substances animales en décomposition. La femelle pond de plusieurs centaines de mille à plusieurs millions d'œufs, entre le commencement d’avril et la tin de juillet. Les jeunes descendent à la mer peu de temps après — 273 — leur naissance et y restent jusqu’à lage où ils sont capables de se reproduire. Littoral de la Normandie. — Tous les ans, un certain nombre d’Esturgeons vulgaires sont pris sur les côtes nor¬ mandes, aussi bien en dehors des embouchures des rivières que dans leur voisinage ; et, presque chaque année, on en pêche deux ou trois exemplaires dans la Seine, au printemps et en été, c’est-à-dire à l’époque de la reproduc¬ tion. Jadis, des individus de cette espèce ont remonté la Seine à de très-grandes distances de son embouchure. En effet, Émile Moreau dit, dans son Histoire naturelle des Pois¬ sons de la France (op. cit., t. I, p. 477), que des Estur¬ geons vulgaires ont été pris à Neuilly, à Montereau, et même dans l’Yonne, au-delà de Sens, entre Laroche et Auxerre; mais les barrages qui ont été construits dans la Seine s’opposent, pour ainsi dire entièrement, à la montée de ces poissons jusqu’à Paris. On peut, actuellement, con¬ sidérer la région d’Elbeuf (Seine-Inférieure) comme étant la limite jusqu’où remonte ce poisson anadrome. OBSERVATION. Acipenser Valenciennesi (A. Duin.) — Esturgeon de Valenciennes. Dans les collections du Muséum d’Histoire naturelle de Paris, dit Émile Moreau [Histoire (op. cit.), t. III, p. 624; — Manuel (op. cit.), p. 89], se trouvent deux spécimens de cette espèce : « l’un, mesurant 3 mètres, a été pêché dans l’Atlantique, aux Sables-d’Olonne (Vendée); l’autre, ayant 1 m. 50 de long, a été acheté par Valenciennes, au marché de Paris, comme provenant de l'embouchure de la Seine. (Aug. Duméril) ». 18 274 — Étant donné qu’à Paris on vend des poissons venant de régions très-différentes, et que des méprises sont faciles à commettre, relativement à la provenance de tel et tel poisson, il faut, d’une manière générale, n’avoir qu’une confiance toute relative dans l’exactitude des indications de localités que l’on vous donne. A mon avis, le renseigne¬ ment qui précède n’offre pas une garantie suffisante pour inscrire l’Esturgeon de Valenciennes dans la faune de la Normandie. Je dois ajouter qu’il est fort possible que cet Esturgeon ne soit pas spécifiquement distinct de l’espèce précédente : Esturgeon vulgaire (. Acipenser sturio L.). 3e Section. ICHTHYOSTEA - ICHTHYOSTÉENS. Ie* Ordre. LOPHOBRANCHIA — LOPHOBRANCHES. lre Famille. SYNGNATHIDAE — SYNGNATHIDÉS. 1er Genre. HIPPOCAMPUS — HIPPOCAMPE. I . Hippocampus antiquorum Leacli — Hippocampe brévirostre. Hippocampus brevirostris Cuv. Syngnathus hippocampus L. Hippocampe à museau court. Cheval de mer, C. marin. Aug. Duméril. — Op. ci t. , t. II, p. 504. II. Gervais et R. Boulart. — Op. cit . , t. III, p. 144, et pi. LVI, fig. 3. . i Émile Moreau. — Op. ci t. : Histoire , t. II, p. 3G et 38; — Manuel , p. 92 et 93. Francis Day. — Op. ci t. , t. II, p. 265, et pl. CXLIV, fig. 7. L’Hippocampe brévirostre habite la mer, à une certaine distance ou dans le voisinage du littoral, et dans les endroits garnis d’une abondante végétation parmi laquelle il vit. En nageant, il tient son corps dans une position verticale, et s'accroche par sa queue, qui est préhensile, aux objets qu’il rencontre. Souvent, plusieurs de ces curieux poissons se réunissent au moyen de leurs queues, qui s’enlacent Lune avec l’autre. La nourriture de cette espèce paraît se com¬ poser principalement de très-petits crustacés. Le mâle pos¬ sède une poche incubatrice sous-caudale, dans laquelle la femelle dépose ses œufs. Seine- Inférieure : « Manche (mer), excessivement rare, Dieppe, ... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 39 ; — Manuel (op. cit.), p. 94]. Calvados : « Cette espèce a été plusieurs fois pêchée par les chaluts à crevettes, sur les fonds sableux de l’es¬ tuaire (deux exemplaires sous Villerville, entre les bancs du Ratier et d’Amfard ; plusieurs exemplaires aux environs de Trouville) ». [G. Lennier. — L Es¬ tuaire de la Seine (op. citA, t. II, p. 152]. R. Le Sénéchal dit (op. cit., p. 114) que l’Hippo¬ campe brévirostre est rare dans la région de Luc- sur-Mer, où il se trouve sur les rochers. « Plusieurs exemplaires pris sur les côtes du Cal¬ vados, où cette espèce est très-rare, font partie des collections du Musée d’Histoire naturelle de Caen et 276 — du Laboratoire maritime de Luc-sur-Mer (Calva¬ dos) ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen ] . Manche : «Manche (mer), excessivement rare, ... Gran¬ ville ... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 39; — Manuel (op. cit.), p. 94]. L’Hippocampe brévirostre est mentionné par A.-E. Malard, sans aucun détail, dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 101). « Très-rare dans la baie du Mont-Saint-Michel, où j’ai constaté plusieurs fois sa présence. Cette espèce se prend généralement dans les filets à crevettes placés à demeure ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen J. Note. — « M. G. Sivard de Beaulieu signale, dans les Veys (Calvados et Manche) et à l’embouchure de l’Ouve [chenal du port de Carentan (Manche)], une espèce d’Hippocampe, mais il ne l’a pas trouvée à Cherbourg ». [Henri Jouan. — Poissons de mer observés à Cherbourg en 1858 et 1859 (op. cit.), p. 138; tiré à part, p. 23]. — Presque certainement, il s’agit de l'Hippo- campe brévirostre. (II. G. de K.). 2e Genre. SYNGNATHUS - SYNGNATHE. 1. Syngnathus acus L. — Syngnathe aiguille. Siphostoma acus Kroy. Syngnathus lyphle BL — 277 Syngnathe trompette. Aiguillette, Couleuvre de mer, Poisson aiguille, P. baro¬ mètre, P. de roi. Aug. Duméril. — Op. cit. , t. II, p. 552. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 139 et pl. LIV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 41 et 42, et fig. 85 (p. 28); — Manuel , p. 95. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 259, et pl. CXLIV, fig. 1 et 2. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 66G et 668, et lig. 169 (p. 663), 171 et 172. Le Syngnathe aiguille habite la mer, à de faibles profon¬ deurs, ainsi que la zone du balancement des marées, où l’on trouve surtout des jeunes. Il vit sur les fonds gar¬ nis d’algues ou de zostères, parmi lesquelles il se tient; toutefois, il monte aussi jusqu’à la surface de l’eau. Son na¬ turel est actif. Le Syngnathe aiguille a une assez grande résistance vitale. Sa nourriture se compose principalement de crustacés. Le mâle est pourvu d’une poche incubatrice sous-caudale où la femelle dépose ses œufs. La ponte a lieu au printemps et en été. Voici, à son égard, une intéressante observation faite par A. Lafont à F aquarium d’Arcachon et publiée par lui (op. cit., p. 251; tiré à part, p. 15) : « Le 11 février 1869 (température de l’eau + 12"), je vis deux Syngnathes aiguilles étroitement embrassés, dans un bac de l’aquarium; en les séparant, je constatai que la poche du mâle était vide, mais que les deux replis qui la forment étaient fortement gonflés et vascularisés, et qu’ils étaient soudés par une humeur gélatineuse sur presque toute leur longueur ; vers la partie supérieure de la poche, ces replis s’écartaient et laissaient entre eux une ouverture en cœur. Au bas de l’abdomen de la lemelle s avançait une sorte d’oviducte, long de six à huit millimètres, qui était introduit dans la poche du mâle par l’ouverture que j’ai signalée à la partie supérieure de cet organe. En lâchant dans le bac les deux individus dont je parle, je les vis se rejoindre, et la femelle introduisit chaque fois l’oviducte dans la poche du mâle. L’oviducte semble ne s’allonger autant qu’au moment de la ponte, car les autres femelles que j’ai pu observer n'avaient qu’un oviducte ressorti d’en¬ viron deux millimètres ». Littoral de la Normandie. — T. -G. en toute saison. On prend souvent des quantités de jeunes Syngnathes aiguilles dans la zone du balancement des marées. J'ai cons¬ taté que, pendant la saison chaude, de nombreux jeunes remontent dans l’eau saumâtre de l'estuaire de la Seine jusqu’à la hauteur de la pointe de la Rocque (commune de Saint-Samson-de-la-Rocque) (Eure), et peut-être en amont de ce point. 2. Syngnathus rostellatus Nilss. — Syngnathe de Duméril. Syngnathus Dumerili E. Moreau, S. pelagicns Donov. Aug. Duméril. — Op. cit., t. II, p. 556. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 41 et 49, et fig. 86 ; — Manuel , p. 95 et 99. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 666 et 672; atlas, pl. XXVIII, fig. 6, 7, 8 a et 8 b. (Cette espèce est ins¬ crite par erreur, sur la planche, sous le nom de Syn¬ gnathus acus). Le Syngnathe de Duméril a probablement des mœurs semblables à celles de l’espèce qui précède : Syngnathe aiguille (Syngnathus acus L.). 279 — Seine-Inférieure : « Manche (mer) ; ce Syngnathe est très-rare : je l’ai trouvé pour la première fois au Havre, en 1869 ». [Émile Moreau. — Histoire (op. ci t. ), t. II, p. 50]. — « Manche (mer), très-rare, Le Havre ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit. ), p. 99]. « Observé au Havre par M. le docteur Moreau et par nous ». [G. Lennier. — V Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 152]. Manche : A.-E. Malard indique cette espèce, sans aucun dé¬ tail, dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 101). Ce naturaliste m’a fait savoir qu’il n’avait pas observé personnellement le Syngnathe de Duméril. OBSERVATION. Syngnathus ethon Risso — Syngnathe éthon. A.-E. Malard indique, sans aucun détail, le Syngnathus ethon Risso dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les j environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 101). Il est fort possible que cette espèce existe dans la région de Saint-Vaast-de-la-Hougue, car, d’après Émile Mo¬ reau (op. cit. : Histoire , t. II, p. 48; et Manuel , p. 99), elle a été trouvée, entre autres, dans la baie de la Somme et sur la côte océanique de la France, c’est-à-dire à des latitudes supérieure et inférieure. Quoi qu’il en soit, le renseignement donné par A.-E. Malard n’est pas assez précis pour inscrire, avec certitude, le Syngnathe éthon — 280 — comme appartenant à la faune de la Normandie. Il convient d’ajouter que ce naturaliste m’a écrit n’avoir pas observé personnellement le Syngnathe éthon. 3° Genre. SIPHONOSTOMA - SIPHONOSTOME. 1. Siphonostoma typhle (L.) — Siphonostome ty ph.le. Siphonostoma acus Malm. Siphonostomus typhle Kaup. Syngnathus typhle L. Aug. Duméril. — Op. cit., t. II, p. 576. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 138 et pl. LUI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 55 et fig. 87; — Manuel . p. 102. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 257, et pl. CXLIV, fig. 3. F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 666 et 674, et fig. 170 (p. 665); atlas, pl. XXIX, fig. 1. Le Siphonostome typhle habite la mer, dans le voisinage et même tout près des côtes, et à de plus ou moins petites profondeurs. Il vit parmi les algues et dans les prairies de zostères. Son naturel est peu actif. Sa nourriture se com¬ pose principalement de crustacés, de mollusques et de vers. Le mâle est pourvu d’une poche incubatrice sous-caudale où la femelle dépose ses œufs. Outre la ressemblance pro¬ tectrice que cette espèce obtient par ses changements de couleur, Heincke a remarqué que le mâle en possède une autre, que lui donne sa poche incubatrice lorsqu’elle est distendue par les œufs ou les jeunes. Cette poche incubatrice, — 281 avec sa longue fente médiane, présente alors une grande ressemblance avec la spathe des zoslères, et augmente en¬ core la difficulté de distinguer ces poissons mâles parmi les zostères en fleurs. Manche : Cette espèce est indiquée, sans aucun détail, par A.-E. Malard dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint- Vaast (op. cit., p. 101). « Le Siphonoslome typhle est assez commun dans la région de Granville et dans le petit archipel Chausey ». [Henri Gadeau de Kerville. — Recher¬ ches sur les faunes marine et maritime de la Normandie , 1er voyage , région de Granville et îles Chausey (Manche), etc., (op. cit.), p. 120]. 4e Genre. ENTELURUS - ENTELURE. 1. Entelurus aequoreus (L.) — Entelure de mer. / Entelurus aequoreus A. Dum. Nerophis aequoreus Kaup. Syngnathus aequoreus L. Nérophis équoréen. Aug. Duméril. — Op. cit., t. II, p. 605. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 141 et pl. LV. Émile Moreau.— Op. cit. : Histoire, t. II, p. 62; — Manuel , p. 105. Francis I)ay. — Op. cit., t. II, p. 261, et pl. CXLIV, fig. 4. [ Entelurus aequoreus (L.) réuni à Y Entelurus angui- neus (Jen.)]. 18* — 282 — F. -A. Smitt. — Op. cit. , 2e part., p. 666 et 680, et fig. 173; atlas, pi. XXIX, fig. 2. [Entelurus aequoreus (L.) réuni à Y Entelurus anguineus (Jen.)]. L’Entelure de mer habite loin des côtes ainsi que dans leur voisinage plus ou moins immédiat. Sa queue est pré¬ hensile et s’enroule autour d’objets variés. Sa nourriture se compose de crustacés, de vers et de mollusques. Cette espèce fraie en été. Le mâle ne possède pas de poche incubatrice. Les œufs sont déposés par la femelle sous l’abdomen du mâle, en avant de l’anus, et y sont fixés dans une couche de mucus glutineux que le mâle sécrète, couche qui se dur¬ cit en un disque solide. Seine-Inférieure : « Assez rare, Le Tréport, Le Havre,... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 63 ; — Ma¬ nuel (op. cit.), p. 106]. « Espèce assez commune sur les fonds de sable de l’estuaire, dans la partie ouest ». [G. Lennier. — L Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 153]. Manche : « Un individu provenant de la côte du Val-de- Saire (partie nord-est du département de la Manche)». [Henri Joüan. — Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg (op. cit.), p. 358; tiré à part, p. 6]. « Assez rare, ... Cherbourg, Granville ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 63; — Ma¬ nuel (op. cit.), p. 106] . M. A-E. Malard m’a écrit que l’Entelure de mer est assez commun dans la région de Saint-Vaast- de-la-IIougue. OBSERVATION. Entelurus anguineus (Jeu.) — Entelure serpenti- forme. Il est très-probable que Y Entelurus anguineus (Jen.), qui a été trouvé sur le littoral de la Normandie, n est pas spécifiquement distinct du précédent : Entelure de mer [. Entelurus aequoreus (L.)], en compagnie duquel il se tient très-fréquemment. 5e Genre. NEROPHIS — NÉROPHIS. 1. Nerophis lumbriciformis (Yarr.) — Nérophis lombricoïde. Acus lumbriciformis Sws. Nerophis lumbriciformis Kroy. Scyphius lumbriciformis Nilss. Syngnathus lumbriciformis Yarr. ; Nérophis lombric, N. lombriciforme. Aug. Duméril. — Op. cit. , t. Il, p. 604. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 142, et pl. LVI, fig. 1. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. II, p. 65 et fig. 00; — Manuel, p. 107. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 263, et pl. GXLIV, fig. 6. F. -A. Smitt. — Op. cit,., 2° part., p. 666 et 686, et fig. 175; atlas, pl. XXIX, fig. 4 et 4 a. Le Nérophis lombricoïde habite dans le voisinage du lit¬ toral et jusque dans la zone du balancement des maiées. 11 recherche les fonds rocheux garnis d’algues, principale¬ ment d’algues brunes, et se cache parmi elles et sous les pierres. Sa queue est préhensile. La nourriture de cette espèce se compose de crustacés, de vers et de mollusques. Le mâle ne possède pas de poche incubât rice. Les œufs, généra¬ lement au nombre de cinquante à cent, sont déposés par la femelle sous l’abdomen du mâle, en avant de l’anus, dans une couche de mucus glutineux sécrétée par lui. Calvados : R. Le Sénéchal dit (op. cit., p. 114) que le Né- rophis lombricoïde est commun dans la région de Luc-su r-Mer, où il se trouve sur les rochers. Manche : A.-E. Malard indique cette espèce, sans aucun détail, dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint- Vaast (op. cit., p. 101). « Le Nérophis lombricoïde est assez commun dans la région de Granville et dans le petit archipel Chau- sey ». [Henri Gadeau de Kerville. — Recherches sur les faunes marine et maritime de la Norman¬ die, premier voyage , région de Granville et îles Chausey {Manche), etc,, (op. cit.), p. 120]. 2. Nérophis ophidion (L.) — Nérophis ophidion. Acus ophidio7i Sws. Nérophis ophidion Kroy. Scyphius littoralis Risso, S. ophidion Nilss. Syngnathus ophidion L. Scyphius littoral. — 285 — Aug. Duméril. — Op. ci t. , t. II, p. 602. H. Gervais et R. Boulart. — Op. eit., t. III, p. 142, et pl. LVI, fig. 2. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. IL p. 65 et 68; — Manuel , p. 107 et 109. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 262, et pl. CXLIV, fig. o. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 666 et 683, et fig. 174; atlas, pl. XXIX, fig. 3. Le Nérophis ophidion habite dans le voisinage des côtes et jusque dans la zone du balancement des marées. Il vit sur les fonds garnis d’algues et de zostères, se cachant parmi elles et sous les pierres. Sa queue est ptéhensile. Il su tient souvent contre les longs filaments d une algue biune, le Chorda filum (L.), à laquelle il ressemble suffisamment pour être bien dissimulé. Sa nourriture se compose de cius- tacés, de vers et de mollusques. Le male ne possède pas de poche incubatrice. Les œufs sont déposés par la femelle sous l’abdomen du mâle, en avant de l’anus, dans une couche de mucus glutineux sécrétée par lui. Cette espèce fraie entre le commencement de mai et la fin d août. Manche : Dans ses Poissons de mer observés à Cherbourg en 1858 eM859 (op. cit., p. 137; tiré à part, p. 22), Henri Joüan mentionne le Nérophis ophidion comme se trouvant sur les fonds recouverts de zostères. De plus, il entre dans quelques détails descriptifs et parle d’un exemplaire long de 0 m. 45, recueilli par M. Eyriès à l’île Pelée (Cherbourg). Or, la longueur totale des adultes de cette espèce est de Oin. 15 à 0 m. 30. Il est possible quelle puisse atteindre Om.35; mais je ne crois nullement à l’existence d’individus ayant Om.45 de long. Il doit y avoir 286 eu méprise dans la détermination ou l’indication de la longueur. A.-E. Malard fait mention de cette espèce, sans aucun détail géonémique, dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les envi¬ rons cle Saint-Vaast (op. cit. , p. 101). « Le Nérophis ophidion est assez commun dans la région de Granville ». [Henri Gadeau de Kerville. — Recherches sur les faunes marine et maritime de la Normandie , 1er voyage , région de Granville et îles Chausey (Manche), etc., (op.cit.), p. 119]. 2e Ordre. PLECTOGN ATI1A — PLECTOGNATHES. 1 16 Famille. OR TH A G OR I S CI DA E — ORTHAGORISCIDÉS. 1er Genre. ORTHAGORISCUS — ORTHAGORISQUE. 1. Orthagoriscus mola (L.) — Orthagorisque môle. Centaurus boops Kaup. Cep ha lus brevis Sliaw, C. mola Risso, C. orthagoriscus Risso. Diodon mola Pall. Diplanchias nasus Raf. Mola aculeata Kolr., M. aspera Bp. Orthagoriscus hispidus B. et S., O. mola B. et S., O. spi- nosus B. et S. Tetrodon mola L. Lune meule. Môle commune, M. ordinaire, M. orthagorisque, M. vul¬ gaire. Tétrodon lune. Leune, Poisson lune, P, soleil, Rouet, R. de mer, Soleil. — 287 H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, P- 155 et pl. LX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 74; — Ma¬ nuel , p. 1 12. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 272 et pl. GXLVIII. F. -A. Smitt. — Op. cit., 21' part., p. 625, fig. lo3 et loi (p. 622 et 623), 156 et 157; atlas, pl. XXVII, fig. 4. L’Orthagorisque môle habite la mer et se tient au laige. Il vit en compagnie de ses semblables ou solitaire. Acciden¬ tellement, surtout pendant la saison chaude, il s’approche des côtes, et on le voit à la surface ballotté par les flots. Il semble endormi et se laisse souvent approcher a une dis¬ tance assez faible pour qu’on puisse le harponner; mais, parfois, il se sauve avec rapidité, soit en plongeant, soit en restant à la surface. Sa nourriture se compose de crustacés, de mollusques, d’échinodermes, de poissons, de polypes, etc. Des parasites variés et nombreux vivent à lextéiieur et dans l’intérieur de ce poisson, dont la grande taille et la forme bizarre ont, depuis longtemps, attiré l'atten¬ tion des naturalistes et des curieux. Littoral de la Normandie. — Presque chaque année, quelques Orthagorisques môles parfois de très-grande taille, se montrent sur les côtes normandes. 3e Ordre. CHORIGNA TI1 A - CHOR1GNATHES. lre Famille. TRACHINIDAE — TRACHIN1DÉS. 1er Genre. TRACHINUS VIVE. 1. Trachinus vipera C. et V. — Vive petite. Trachinus draco Bl. — 288 — Petite vive. Vive vipère. Arselin, Boadre, Bodero, Boideroc, Boudereu, Boudereux, Firli, Virli. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. III, in-4°, p. 189; in-8°, p. 254. II. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. Il, p. 29 et pl. X. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. II, p. 96; — Ma¬ nuel, p. 121. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 81 et pl. XXXI. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 131 et fig. 35. La Vive petite habite la mer. Elle se tient de préférence sur les fonds sablonneux littoraux, y compris la zone du balancement des marées, et s’y enfonce presque entièrement, ne montrant que la tête. Sa nourriture se compose princi¬ palement de crustacés, de mollusques et de poissons. Cette espèce fraie dans la seconde moitié du printemps et en été. De même que ses congénères, la Vive petite fait des piqûres fort douloureuses par ses aiguillons operculaires, qui peuvent déterminer des accidents ayant une certaine gravité, en raison du venin qu’ils inoculent. Note. — Voici, à l’égard des blessures causées par ce poisson, une intéressante constatation rapportée par Émile Mo¬ reau : « J'ai connu, dit-il [Histoire (op. cit.), t. II, p. 107], un peintre d’histoire naturelle qui, en pêchant (1874) à Veules (Seine-Inférieure), fut blessé au pouce par l’épine opercu- laire d’une petite Vive. Une douleur atroce se fit sentir à l’instant ; la main et l’avant-bras furent le siège d’un gonflement considé¬ rable qui dura vingt-quatre heures environ... A une certaine époque, la crainte que causait le danger de ces blessures était si grande que l’autorité crut devoir prendre une mesure de précau¬ tion ; il parut des règlements de police obligeant les pêcheurs à 289 — couper les épines des Vives avant de les mettre en vente. Ces règlements sont à peu près tombés en désuétude sur nos côtes de l’Ouest ». Littoral de la Normandie. — C. en toute saison. G. Lennier dit que cette espèce se trouve dans l’estuaire de la Seine jusqu’à Berville- sur-Mer (Eure). [V Estuaire de la Seine (op. ci t.) , t. II, p. 153]. 2. Trachiilus draco L. — Vive vulgaire. Grande vive. Vive commune, V. ordinaire. Avive, Firli, Virli, Vivre. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. III, in-4°, p. 178; in-8°, p. 238. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 27, fîg. 3 et pl. IX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 96 et 98 ; — Manuel , p. 121 et 123. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 79 et pl. XXX. F. -A. Smitt. — Op. cit., ll'e part., p. 128; atlas, pl. IV, fig. 3. La Vive vulgaire habite la mer. Elle se tient dans des eaux peu profondes et, de préférence, sur les fonds sablon¬ neux, où elle s’enterre presque entièrement, ne montrant que la tête. Elle a une grande résistance vitale. Sa nourri¬ ture se compose principalement de poissons, de crus¬ tacés et de mollusques. Elle fraie pendant l’été. Les épines operculaires de celte espèce font des piqûres très-doulou¬ reuses et peuvent déterminer des accidents de quelque gra¬ vité, par suite chi venin qu’elles inoculent. 19 290 Littoral de la Normandie. — C. en toute saison. G. Lennier dit que cette espèce ne se trouve pas dans l’estuaire de la Seine en amont de Honfleur (Calvados). [V Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 153]. 2e Famille. BLENNIIDAE — BLENNIIDÉS. 1er Genre. BLENNIUS — BLENNIE. 1. Blennius palmicornis C. et V. — Blennie palmi- corne. Blennius pholis Risso, B. sanguinolentus Pal 1 . Cabot. Cuvier et Valenciennes. — - Op. cit., t. NI, in-4°, p. 159; in -8°, p. 214; et pl. CCCXIX-CCCXX, fig. 2, (les 2 édit.). Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. Il, p. 110 et 114; — Manuel , p. 129 et 131. Le Blennie palmicorne habite la zone littorale, sur les fonds rocheux, et se tient très-souvent sous les pierres. Seine-Inférieure : « Je l’ai vu seulement une fois sur nos côtes de la Manche, au Havre, en 1875 ». [Emile Moreau. — Histoire (op. cit,.), t. II, p. 115]. — « Manche (mer), excessivement rare, Le Havre ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), p. 132]. « Commun à Sainte-Adresse et au cap de La Hève (près du Havre), sous les pierres, dans les lami¬ naires qui découvrent aux grandes basses mers ». [G. Lennier. — L' Estuaire de la Seine (op. cit.), t. H, p. 153] . — 291 > Calvados : « Assez rare sur les côtes du Calvados ». [Rensei¬ gnement communiqué par M. René Chevrel, cliel des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen | . 2. Blennius gattorugine Brünn rugine . Blennie gatto- Cabot. Cuvier et Valenciennes. — Op. ci t . , t. XI, in-4°, p. 148, in- 8°, p. 200. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 212 et pl. LXXVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 110 et 121 ; — Manuel , p. 129 et 134. ■ Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 198, et pl. LLX, fig. 1. Le Blennie gattorugine habite la zone littorale, particu¬ lièrement les endroits rocheux et les eaux ayant quelque profondeur; toutefois, on le trouve aussi dans les flaques ; d’eau produites par le reflux. Il est mauvais nageur et se : tient ordinairement au fond de l’eau. Il est très-vorace. Sa nourriture se compose principalement de crustacés et de mollusques. Manche : Dans ses Poissons cle mer observés à Cherbourg en 1858 et 1859 (op. cit., p. 124 et 125; tiré à part, p. 9 et 10), ses Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg (op. cit., p. 35 i ; tiré a part, p. 2) et son mémoire Sur quelques espèces rares de Poissons de mer de Cherbourg (op. cit., p. 417), Henri Joüan dit que des Blennies se rapportant au Blennius gattorugine Brünn. et au Blennius ruber C. et V. ont été recueillis à Cherbourg, à Diélette et à Granville. Émile Moreau [ Histoire (op. cit.), t. II, p. 124 et 125; et Manuel (op. cit.), p. 135 et 136 J indique Cherbourg et Granville comme localités où fut trouvé le Blennie gattorugine, et Granville pour le Blennie rouge. Il est pour ainsi dire certain que le Blennie rouge (Blennius ruber C. et V.) doit être rapporté au Blennie gattorugine ( Blennius gattorugine Brünn.). 3. Blennius ocellaris L. — Blennie papillon. Blennius ocellatus Sws. Blennie lièvre. Cabot. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XI, in-4°, p. 163; in-8°, p. 220. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 214 et pl. LXXVIII. • — Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. II, p. 110 et 128; — Manuel , p. 129 et 138. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 201, et pl. LIX, tig. 2. Le Blennie papillon habite la zone littorale, sur les fonds rocheux, et se tient très-souvent sous les pierres. Il nage mal et reste habituellement au fond de l’eau. Sa nourriture se compose de crustacés, de mollusques, etc., et même de poissons. Seine-Inférieure : « Le Havre, Sainte- Adresse, La Hève (près du Havre), sous les pierres ». [G. Lennier. — L Estuaire de la Seine (op. cit.) , t. II, p. 153 J. 4. Blennius pholis L. — Blennie pholis. P ho lis laevis Flem. Pholis lisse. Babouin, Baveuse, Baveuse commune, Cabot, Loche de mer, Meunier, Perce-pierre, Serène, Sirène. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XI, in-4°, p. 199; in-8°, p. 269. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 216, et pi. LXXIX, fi g. 2. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 110 et 143; — Manuel , p. 130 et 145. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 203, et pl. LX, fig. 2. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 214 et fig. 61. Le Blennie pholis habite la zone littorale, sur les fonds rocheux, de préférence dans la zone du balancement des marées, où on le trouve souvent dans les flaques d’eau for- mées par le reflux. Il se tient très-fréquemment sous les pierres. Il a une grande activité. Son tempérament est combattit, et il mène une existence solitaire. Ce poisson est résistant à la vie. Souvent il reste quelque temps à sec sur le rivage. Sa nourriture se compose de mollusques, de crustacés, de vers, etc.; il paraît friand de petits mollusques à coquille et de balanidés. La leinelle pond au printemps et en été. Elle choisit, parmi les rochers, une petite cavité dont l’ouverture est étroite, et lîxe ses œufs a la voûte de cette cavité. Littoral de la Normandie. — C. en toute saison. 2e Genre. PHOLIS — PHOLIS. 1. Pholis gunnellus (L.) — Pholis gonnelle. Blennius gunnellus L. Centronotus gunnellus B. et S. Gunnellus vulgaris Flern. Muraenoides gunnellus GUI. Ophisomus gunnellus Sws. Pholis gunnellus Gron. Blennie gunnel. Gonnelle commune, G. ordinaire, G. vulgaire. Sauterelle, Sauteurieure. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XI, in-4°, p. 309; in-8°, p. 419. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 222 et pl. LXXXI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 153; — Ma¬ nuel, p. 149. Francis L)ay. — Op. cit., t. I, p. 208, et pl. LXI, fig. 1. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 220; atlas, pl. XI, fig. 6. Le Pholis gonnelle habite la zone littorale, dans les en¬ droits rocheux sur le fond desquels il se tient sous les pierres ou parmi les algues. Très-souvent on le trouve dans les flaques d’eau produites par la mer en se retirant, et même sous les pierres laissées à sec par le reflux. Ce poisson mène une existence solitaire. Il est très-résistant à la vie. Sa nourriture se compose principalement de crustacés et de mollusques. Quand on veut le prendre, ses mouvements sont très-actifs; il se tortille désespérément dans la main et s'en échappe assez facilement, grâce à l’abondant mucus dont sa peau est enduite. Littoral de la Normandie. — T.-C. en toute saison. OBSERVATION. ENCHELYOPUS — ZOARCÈS. Enchelyopus viviparus (L.) — Zoarcès vivipare. A.-E. Malard dit, dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 84), que cette espèce est « commune dans les flaques d’eau laissées par la mer ». Ayant demandé à ce naturaliste s il était absolument certain de ce fait, il m’a dit, par lettre, qu’il y avait eu méprise de sa part dans la détermination, qu il avait plis pour cette espèce une variété de Pholis gonnelle ou Gon- nelle vulgaire [Pholis gunnellus (L.)], et qu en consé¬ quence le Zoarcès vivipare devait être rayé de son Cata¬ logue en question. 3° Genre. ANARRHICHAS - ANARRHIQUE. 1. Anarrhichas lupus L. — Anarrhique loup. Chat marin, Loup marin, Mordant. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XI, in-4°, p. 340; in -8°, p. 473; et pl. CCCXLI-CCCXLII, fig. 1, (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 209. fig. 22 et pl. LXXVI. 296 — Émile Moreau. — Op. cil. : Histoire , t. II, p. 159; — Ma¬ nuel, p. 151. Francis Day. — Op. ci t. , t. I, p. 195 et pl. L\ III. F.-A. Smitt. — Op. cit., lrc part., p. 232 et fig. 62; atlas, pl. XII, fig. 2. L’Anarrhique loup habite la mer, à clés profondeurs varia¬ bles, mais peu grandes. Il se tient habituellement au fond de leau, caché parmi les pierres ou les plantes, de préfé¬ rence sur les sols rocheux. Ses mouvements ressemblent à ceux des Anguilles. Il a une assez grande résistance vi¬ tale. Quand il est pris, il mord tout ce qui est à sa portée. L’Anarrhique loup est vorace. Sa nourriture se compose principalement de mollusques à coquille; il mange aussi des crustacés, des échinodermes et vraisemblablement des poissons. Cette espèce fraie au printemps. Normandie : C.-G. Chesnon (op. cit., p. 41) mentionne, sans aucun détail de géonémie, FAnarrhique loup comme étant très-rare en Normandie. Seine-Inférieure : « Un seul exemplaire de cette espèce a été pris entre la tête du banc du Ratier et les Hauts de la rade du Havre, en septembre 1875 ». [G. Lennier. — L Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 153 J. Manche : Cette espèce est mentionnée, sans aucun détail géonémique, par A.-E. Malard dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les envi¬ rons de Saint-Vaast (op. cit., p. 84). 297 3P Famille. CA L L ION YMIDAE — CALLIONYMIDÉS. 1er Genre. CALLIONYMUS — CALLIONYME. 1. Callionymus lyra L. — Callionyme lyre. Callionymus dracunculus L. ( femina ), C. elegans Lesueur ( juvenis ), C. lyra L. (mas). Callionyme de Lesueur (jeune), C. dragonneau ou C. dra- gonnet (femelle), C. élégant (jeune). 4 Chiqueur, Chiqueux, Doucet, Lavandière, Savary, Sèche, Six-deniers, Suzanne. Cuvier et Valenciennes. -—Op. cit., t. XII, in-4°, p. 200, 206 et 218; in-8°, p. 266, 274 et 291. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 247 et 251, et pi. XC.- Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 164; — Ma¬ nuel, p. 153. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 174 et pl. LIV. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 272 et 273; atlas, pl. XIV. Le Callionyme lyre habite la mer, dans des eaux dune faible ou d’une certaine profondeur, et sur les fonds sablon¬ neux ou rocheux. Il se tient habituellement au fond de 1 eau, ne le quittant que pour passer d’un point à un autre, ce qui est fait avec beaucoup de promptitude. Son caractère est indolent et, d’une façon générale, ses mouvements sont lents ; mais, au besoin, ils sont rapides. Le Callionyme lyre a une grande résistance vitale. Sa nourriture se compose principalement de crustacés et de mollusques. Les deux sexes adultes sont dissemblables; le mâle possède une colo¬ ration beaucoup plus riche que celle de la femelle. Littoral de la Normandie. — T.-C. en toute saison. 19* — 298 — 4e Famille. LOPHIIDAE — LOPHIIDÉS. 1er Genre. LOPHIUS — BAUDROIE. 1. Lophius piscatorius L. — Baudroie vulgaire. Batrachus piscatorius Risso. Lophius eurypterus D. et K. j • , Baudroie commune, B. ordinaire, B. pécheresse. Lophie baudroie. Ange, Ange de mer, Baudreuil, Diable, Diable de mer, Ma¬ deleine, Thouin, Vaudreuil. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XII, in-4°, p. 258; 1 in-8°, p. 344; et pl. CCCLXII (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 254, fig. 26 et pl. XCI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 179 et 180; — Manuel , p. 160. Francis Day. — Op. cit., 1. 1, p. 73 et pl. XXIX. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 138 et fig. 36—40; atlas, pl. X, fig. 2. La Baudroie vulgaire habite à des profondeurs variables, souvent dans le voisinage immédiat du rivage et quelque¬ fois à de grandes profondeurs ; accidentellement on trouve des jeunes jusque dans la zone du balancement des marées. Elle se tient cachée parmi les algues ou les pierres, ou s’enterre, à l’aide de ses nageoires pectorales, dans le sable ou la vase, guettant ainsi sa proie et se précipitant dessus dès qu’elle est près de ses redoutables mâchoires. La Baudroie vulgaire se déplace avec lenteur. Elle est extrê¬ mement vorace. Sa nourriture se compose de poissons, de mollusques, de crustacés, etc.; elle saisit les oiseaux qui, en plongeant, sont venus à sa portée; et, prise dans un — 299 — filet, elle dévore ses compagnons de captivité, principale¬ ment les poissons de la famille des pleuronectidés. Littoral de la Normandie. — P. C. en toute saison. Les sujets que Ion trouve dans le voisinage des côtes sont principalement des jeunes. 5e Famille. GOBIIDAE — GOBIIDÉS. 1er Genre. GOBIUS — GOBIE. 1. Gobiuâ laticeps É. Moreau — G-ofoie à tête large. Cabot. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. II, p. 193 et 215, et fig. 103 et 104 ; — Manuel, p. 167 et 173. L’éthologie du Gobie à tête large est vraisemblablement analogue à celle des espèces voisines du même genre. Seine- Inférieure : « Saint-Valery-en-Caux. Je n’ai jamais trouvé qu’un seul individu de cette espèce ; je l’ai pêché dans une flaque d’eau, au milieu de laquelle il se tenait sus¬ pendu, par sa ventouse, à un éclat de pierre ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 217]. — « Manche (mer), Saint- Valery-en-Caux, excessi¬ vement rare». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), P- 174]. ' G. Lennier dit [L'Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 153] que cette espèce habite avec le Gobie bu hotte ( Gobius minutus Pall.) sous les pierres, à Sainte -Adresse. 300 — Calvados : G. Lennier dit \U Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 153] que cette espèce habite avec le Gobie buhotte ( Gobius minutas Pall.) sous les pierres, à Villers-sur-Mer. 2. Gobius minu tus Pall. — Gobie buhotte. Eleotris minuta B. et S. Gobius elongatus Can. Boulingué, Bourguette, Buhotte, Cabot, Menize, Poisson de sable. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XII, in-4°, p. 29; in-8°, p. 39. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 232, et pl. LXXXV, fig. 2. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. Il, p. 193 et 212; — Manuel , p. 167 et 177. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 165, et pl. LII, fig. 4. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 244 et 262; atlas, pl. XIII, fig. 7. Le Gobie buhotte habite la zone littorale, dans les en¬ droits sablonneux et à de plus ou moins faibles profondeurs; il se trouve aussi dans les eaux saumâtres. On le rencontre très-fréquemment en bandes dans les flaques d'eau pro¬ duites par le reflux, surtout dans les endroits abrités, tels que les anses, les chenaux entre les îles, etc. Il est fort' sociable. Ses mouvements sont très-vifs, et il nage avec une très-grande célérité. Sa nourriture se compose principalement de crustacés. Frédéric Guitel a publié, sur les mœurs de cette espèce, un très-intéressant mémoire dont voici une partie du résumé : 301 — « Le mâle du Gobius minutas, dit ce naturaliste (op. cit., p. 551), choisit pour faire son nid une coquille de Car- dium , de Tapes, de Patelta, cYArtemisia , de Venus , de Mya, etc., ou même une carapace de crabe ou une pierre. Si la coquille qu’il a choisie a sa concavité tournée vers le haut, il la retourne très-habilement, la concavité en des¬ sous. « Lorsque la coquille est retournée, le mâle s introduit dessous, et, par une agitation rapide de sa queue, chasse le sable en excès dans son logis. Il transporte même, si besoin est, dans sa bouche, des débris de coquilles, de petites pierres ou de petites quantités de sable qu’il rejette hors de sa maison. « Le Gobius minutus mâle recouvre son nid de sable. Pour cela, il se place au-dessus, progresse sur le fond en agitant rapidement ses pectorales et sa queue, de manière à projeter derrière lui un flot de sable qui vient s accumuler sur la coquille. La trace de son passage dans le sable est marquée par un sillon profond. Lorsque de semblables sil¬ lons ont été tracés ainsi dans un grand nombre de direc¬ tions rayonnantes, la coquille est complètement cachée sous un monticule de sable. « L’ouverture donnant accès dans le nid est unique et parfaitement cylindrique. Les grains de sable de sa paroi sont agglutinés par le mucus que sécrète la peau du poisson. « Quand le mâle a terminé l’aménagement de son nid, il cherche à décider une femelle à venir y déposer ses œufs Lorsqu'il s'approche de celle-ci, ses couleurs deviennent subitement plus vives ; â plusieurs reprises il la frôle avec son museau et retourne vers son gîte comme pour lui en indiquer le chemin. « Pour pondre, la femelle se renverse au plafond du nid et, au moyen de sa ventouse, progresse par petits bonds saccadés. Chaque temps d’arrêt est marqué par l’expulsion d’un œuf qui se colle immédiatement de lui-même au pla¬ fond du nid. — 302 — « Quand un certain nombre d’œufs sont déposés, le mâle, marchant à son tour au plafond du logis, les féconde. « Dès que la femelle a déposé tous les œufs mûrs que contiennent ses ovaires, ou une quantité d’œufs suffisante pour couvrir entièrement toute la face interne de la coquille, elle abandonne le domicile conjugal pour n’y plus revenir. Si elle a encore des œufs à pondre, elle va les déposer sous une coquille habitée par un autre mâle; autrement dit elle est polygame. « Le mâle veille sur les œufs jusqu’à l’éclosion des jeunes, et se bat avec acharnement si un autre mâle cherche à s’emparer de la coquille qui abrite sa progéniture. « Pendant toute la durée de l’incubation, qui demande de six à neuf jours, le mâle agite sa queue et ses pectorales, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, de manière à déterminer dans le nid des courants qui renouvellent constamment l’eau. « Dès que l’éclosion de quelques embryons laisse une place vide au plafond du nid, le mâle accepte qu’une femelle vienne combler les vides en déposant quelques-uns de ses œufs. Autrement dit les mâles, comme les femelles, sont polygames. « Pendant la période d’activité sexuelle, qui commence dans les premiers jours de mai et qui dure jusqu’à la fin d’août, les femelles pondent en moyenne tous les sept jours. « Lorsqu’une femelle très-gonflée d’œufs éprouve le besoin de pondre, si aucun mâle ne l’invite à partager son domi¬ cile, elle s’approche des mâles gardant leur nid et s’agite devant eux comme pour leur demander asile. Cette ma¬ nœuvre n’est probablement couronnée de succès que si le mâle est en état de féconder les œufs pondus par la femelle. « Quand un mâle veille sur sa progéniture, si on le chasse de son nid en laissant ce dernier en place, il y revient tout droit même si d’autres coquilles semblables à la sienne se trouvent à côté. 303 — « Si l’on substitue à la coquille renfermant ses œufs une coquille vide placée au même endroit, il s’introduit d’abord sous cette coquille vide; mais il ne tarde pas à s’apercevoir qu’elle ne renferme pas ses œufs, et bientôt la quitte pour rechercher et retrouver la sienne. Si celle-ci est occupée par un autre mâle, il n’hésite pas à lui livrer une bataille achar¬ née pour reconquérir son bien. « La femelle qui commence à pondre dépose ses œufs au hasard, souvent à une grande distance les uns des autres; mais à mesure que leur nombre augmente, pour en déposer d'autres, elle cherche au moyen de sa papille génitale les endroits encore inoccupés ». Dans ses très-intéressantes Observations sur les mœurs du Gobius Ruthensparri , — publiées postérieurement à son mémoire sur les mœurs du Gobius minutas , indiqué pré¬ cédemment — Frédéric Guitel dit (op. ci t . , p. 283) : « Il n’est pas douteux que le Gobius minutus mâle choi¬ sit parfois des coquilles recouvertes de sable par les courants ou par les lames «>, car son but unique semble toujours être de trouver pour ses œufs un abri qu il puisse dissimuler, s’il ne l’est pas déjà. Cependant, le monticule lisse qui re¬ couvre certaines coquilles n’en est pas moins, la plupart du temps, l’œuvre du Gobius , et ce monticule a été édifié exac¬ tement de la même manière que ceux qui portent des sillons rayonnants; seulement, dans le cas qui nous occupe, ces sillons ont été effacés. « Deux causes amènent fréquemment la disparition des sillons tracés par le Gobius. Ce sont d’abord les courants et les lames qui nivellent rapidement le sable meuble dans « (1)11 arrive aussi fréquemment, quand on suit la mer descen¬ dante, qu’on rencontre des coquilles complètement mises à nu par le jusant. Dans ce cas, le mâle ne tarde pas à réparer le dom¬ mage causé à son nid en traçant de nouveaux sillons tout autour de celui-ci, de manière à le dissimuler sous un nouveau monti¬ cule de sable ». I — 304 — lequel sont creusés ces sillons ; puis les Mysis qui, en se promenant continuellement sur le sol, tracent elles-mêmes un grand nombre de très-petits sillons, qui font bien vite dis¬ paraître les inégalités du fond, même dans l’eau la plus calme. « Le Gobius minutus n’a donc qu’un seul et unique pro¬ cédé pour enfouir son nid ; mais quand il rencontre dans le sable une cavité suffisamment dissimulée et dont les parois sont susceptibles de recevoir ses œufs, il l’adopte et y fait élection de domicile, sans qu’on puisse pour cela considérer chacun de ces cas, très-particuliers, comme des modes spé¬ ciaux d’enfouissement, car alors le poisson n’est pour rien dans la manière dont son nid est dissimulé. C’est ainsi que j’ai trouvé des mâles, gardant des œufs, collés à la face infé¬ rieure de grosses pierres reposant sur le sable. « Le même cas se présentait quand je donnais à mes ani¬ maux en captivité des verres de montre en guise de coquille, car la transparence du verre m’obligeait à ensabler moi- même le futur nid (,). « En ce qui concerne les sillons divergents aboutissant à l’orifice du nid, il est possible qu'on puisse en compter plus d’un, puisque le Gobius les trace dans toutes les directions autour de sa maison; mais il n’y en a jamais qu’un seul destiné à ses entrées et à ses sorties, les autres ne servent jamais à cet usage, et c’est tout à fait par hasard qu’on les voit aboutir au trou du Gobius ». Littoral de la Normandie . — T.-C. en toute saison. J’ai constaté que le Gobie buhotte remonte dans l’es¬ tuaire de la Seine, durant la saison chaude, jusqu'à Aizier (Eure), endroit où l’eau est saumâtre pendant le flux et douce pendant le reflux. « (1) On rencontre parfois aussi des mâles qui ne recouvrent pas leur nid, même lorsque ce nid n’est qu’une simple coquille posée sur le fond ; mais le fait est exceptionnel ». 305 — 3. Gobius niger L. — Gobie noir. Gobius ater Bellotti, G. jozo Müll. Gobie commun, G. ordinaire, G. vulgaire. Cabot, Doucet. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XII, in-4°, p. 7; in-8°, p. 9. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 229, fig. 23 et 24, et pl. LXXXIV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 193 et 230 ; — Manuel , p. 167 et 183. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 163, et pl. LII, fig. 3 et 3 a. [D’après Émile Moreau ( Manuel , op. cit., p. 184), la fig. 3 rappelle mieux le Gobius jozo L.]. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 244 et 245, fig. 63 et 64 (p. 241 et 242) ; atlas, pl. XII, fig. 3 — 5. Le Gobie noir habite la zone littorale, sur les fonds rocheux. On le trouve fréquemment sous les pierres dans les flaques d’eau produites par le reflux. Son caractère est indolent. Sa nourriture se compose principalement de crustacés et de vers. Cette espèce fraie à partir de mai et pendant l’été. La femelle pond ses œufs à la face infé¬ rieure des pierres et des coquilles vides, où ils se tiennent collés. Le mâle les garde, repoussant vigoureusement les importuns. Littoral de la Normandie. — C. en toute saison. 20 306 — OBSERVATION. Gobius jozo L. — Gobie jozo. Le Gobie jozo ou Gobie à haute dorsale, poisson qui a été trouvé sur les côtes des départements de la Seine-Inférieure et du Calvados, n’est peut-être qu’un Gobie noir ( Gobius niger L.) dont la première nageoire dorsale a été détériorée. C’est une question à élucider. 4. Gobius paganellus L. — Gobie paganel. Gobius punctipinnis Can. Cabot. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XII, in-4°, p. 15; in-8°, p. 20. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 233 et pl. LXXXVI. [Réuni à 1’ espèce suivante : Gobie à deux teintes]. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 193 et 225; — Manuel , p. 167 et 185. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 162, et pl. LII, fig. 2. Le Gobie paganel habite la zone littorale, sur les fonds rocheux ; toutefois, il ne paraît pas être aussi spécial à ces fonds que la précédente espèce : Gobie noir ( Gobius niger L.). On le trouve fréquemment sous les pierres dans la zone du balancement des marées. — 307 — Seine-Inférieure : « Manche (mer), rare,... Le Havre». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit. ), t. II, p. 228; — Ma¬ nuel (op. cit.), p. 186]. Calvados : R. Le Sénéchal indique, dans son Catalogue des animaux recueillis au Laboratoire maritime de Luc , pendant les années 1884 et 1885 (op. cit., p. 116), le Gobie paganel comme se rencontrant « aux limites de la grève » dans la région de Luc-sur- Mer. Bien que ce fait soit très-possible, il est permis de supposer qu'il y a eu méprise dans la déter¬ mination, erreur fort excusable, étant donné que cer¬ tains Gobius sont difficiles à déterminer. Ce qui me fait soupçonner une méprise, c’est parce que l’auteur ne mentionne, dans son catalogue en question, que deux espèces de Gobies ( Gobius minutus Pall. et Gobius paganellus L.), tandis qu’il y a, sur la côte du Calvados, d’autres espèces de Gobies beaucoup moins rares que le Gobie paganel. 5. Gobius bicolor Brünn. — Gobie à deux teintes. Gobius paganellus Gthr. Cabot. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XII, in-4 , p. 1< , in-8°, p. 19. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 233. [Réuni à l’espèce précédente : Gobie paganel]. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. Il, p. 193 et 228; — Manuel, p. 167 et 186. 308 Les mœurs du Gobie à deux teintes sont probablement semblables à celles des espèces voisines. Littoral de la Normandie. — P. C. en toute saison. 6. Gobius flavescens F. — Gobie de Ruuthen- sparre. Gobius bipunctatus Yarr., G. minutas Nilss., G. Ruuthen- sparrei Euphr. Gobie à deux taches. Cabot. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XII, in-4°, p. 36; im8°, p. 48. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 231, et pl. LXXXV, fig. 1. Émile Moreau. Op. cit. : Histoire , t. II, p. 193 et 232; — Manuel , p. 167 et 187. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 160, et pl. LII, fig. 1. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 244 et 251; atlas, pl. XIII, fig. 3 et 4. Le Gobie de Ruuthensparre habite la zone littorale, sur les fonds rocheux. On trouve de jeunes individus nageant en bandes nombreuses dans les flaques d’eau produites par le reflux. Ce Gobie possède à un haut degré la faculté de modifier sa coloration pour la faire ressembler à celle du fond où il se trouve, et cela en peu de temps. La femelle fixe ses œufs à des coquilles vides de mollusques ou à des pièces calcaires de balanidés. Frédéric Guitel a publié, sur les mœurs de cette espèce, de très-intéressantes observations dont voici une partie du résumé : « A Roscoff (Finistère), dit-il (op. cit., p. 286), je n’ai jamais trouvé la ponte du Gobius Ruthensparri que dans — 309 — les souches anfractueuses de la Laminaria bulbosa Lmx. Les animaux que j'ai élevés en captivité ont pondu dans des coquilles de Lamellibranches ( Mya , Artemisia , etc.), ou de Gastéropodes ( Haliotis , etc.). « Le mâle qui a fait élection de domicile sous une coquille commence par l’aménager à sa convenance. 11 la débarrasse du sable qu’elle contient en excès par une agitation très- rapide de sa queue; il sait même saisir de petits graviers dans sa bouche, et venir les rejeter sur le pas de sa porte; mais il ne sait ni recouvrir de sable sa coquille, ni la retourner quand elle est renversée, comme le fait si adroi¬ tement le Gobius minutus. « Le mâle, par ses provocations, cherche à décider les femelles à venir pondre dans son nid. Il les poursuit avec une persévérance infatigable, et ne s’arrête que lorsque ses efforts ont été couronnés de succès. Quand il s’approche d’une femelle, ses couleurs deviennent éclatantes, sa gorge se gonfle, ses nageoires se hérissent; il progresse à ses côtés par petits bonds saccadés, et souvent la frôle pour attirer plus sûrement son attention. « La ponte déposée, la femelle abandonne le nid, laissant les œufs à la garde de leur père. « L’incubation dure neuf jours. Dès l’éclosion, les jeunes sont abandonnés à eux-mêmes et mènent la vie pélagique. Quand la grandeur du nid le permet, le mâle n’attend pas l’éclosion des œufs sur lesquels il veille pour provoquer d’autres femelles et obtenir de nouvelles pontes. « Pendant la période d’activité sexuelle, qui commence en mai et finit en août, les femelles pondent, en général, tous les six jours. « . « Lorsqu’un mâle veille sous la coquille renfermant ses œufs, si on l’en éloigne, il la retrouve bientôt. « Si, après avoir chassé un mâle de son nid, on déplace sa coquille et on la remplace par une autre ne renfermant pas d’œufs, il revient d’abord sous cette dernière ; mais, au — 310 — bout d'un certain temps, il finit toujours par reprendre celle qui abrite sa progéniture, à moins, toutefois, qu’un autre mâle ne s’en soit emparé ». Littoral de la Normandie. — A. C. en toute saison. 2e Genre. APHYA — APHYE. 1. Aphya minuta (Risso) — Aphye pellucide. Aphia meridionalis Risso. ? Aphya minuta Smitt, A. pellucida E. Moreau. Atherina minuta Risso. Boreogobius Stuwitzi Gill. Braeliyoehirus aphya Bp., B. pellucidus Nardo. Gobiosoma Stuwitzi Gthr. Gobius albus Para., G. pellucidus Nardo, G. Stuwitzi D. et K. Latrunculus albus Gthr., L. pellucidus Gthr., L. Stuwitzi Collett. Aphie méridionale. Gobie blanc. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. X, in-4°, p. 324 ; in-8°, p. 437. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 238 et fig. 106; Supplément , p. 26 ; — Manuel , p. 189. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 169, et pl. LIII, fig. 3. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 266, fig. 69, 70 et 71; atlas, pl. XIII, fig. 8 et 9. L’Aphye pellucide habite la zone littorale, à de faibles profondeurs. Elle est très-sociable. Elle nage avec une vitesse moyenne. Sa nourriture se compose principalement de crus¬ tacés et de larves de mollusques. Cette espèce fraie pendant la saison chaude. — 311 Seine-Inférieure et Calvados : « Dans le cours de mes recherches sur la faune générale de l’estuaire de la Seine, j’ai capturé avec le chalut, entre le banc du Ratier et Le Havre (Seine-Inférieure), et entre Honfleur (Calvados) et La Rivière-Saint-Sauveur (Calvados), au mois de juin 1885, un certain nombre d’exemplaires d'un petit poisson dont j’ai l’honneur d’exposer quelques indi¬ vidus sur le bureau ». Ce poisson est l’Aphye pellu- cide ou Gobie blanc [Aphya minuta (Risso) = Gobius albus Parn.]. « Il a été déterminé par l’un de nos plus savants ichthyologistes actuels, M. le D1 Émile Moreau, à Paris, qui a l’obligeance d’examiner tous les poissons que je recueille en Normandie ». L’Aphye pellucide « est excessivement commune sur certains points de la Méditerranée (notamment entre Antibes et Menton), et a été pêchée sur diverses plages de l’Angleterre ; mais c’est la première fois quelle est trouvée, ou, du moins, reconnue d’une manière pré¬ cise sur les côtes occidentales de la France. Elle cons¬ titue donc une acquisition nouvelle et intéressante pour la zoologie normande ». [Henri Gadeau de Kerville, renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, P1 sem. 1886, p. 9]. 6e Famille. MULLIDAE — MULLÏDÉS. 1" Genre. MULLUS — MULLE. 1. Mullus barbatus L. var. surmuletus L. — Mulle rouget var. surmulet. Mulle surmulet. Poisson royal, Rouge d’Yport, Rouget. — 312 Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. III, in-4°, p. 319; in-8°, p. 433. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 35 et pl. XII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 244 et fig. 107; — Manuel , p. 191. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 22, et pl. VIII, fig. 2 et 2a. [Francis Day considère, dit Émile Moreau [ Manuel (op. cit.), p. 192], « le Mullus surmuletus comme une variété du M. barbatus ; mais la fig. 1, pl. VIII (et non pl. VII comme Moreau l’indique fautivement) , qui, suivant lui, est celle du M. barbatus , se rapporte mieux au jeune du M. surmuletus »]. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 62 et fig. 17; atlas, pl. IV, fig. 1. [Réuni au Mulle rouget ( Mullus bar¬ batus L. )]. Le Mulle rouget var. surmulet habite la mer. Il vit, pen¬ dant la saison chaude, dans des eaux faiblement profondes, au voisinage des côtes, et se tient habituellement, pendant la saison froide, dans des eaux d’une certaine profondeur. Sa nourriture se compose principalement de mollusques et de crustacés. Cette espèce fraie au printemps. Littoral de la Normandie. — P. C. — Cette variété se trouve en toute saison sur les côtes normandes, mais principalement pendant la saison chaude. 7e Famille. TRIGLIDAE — TRIGLIDÉS. 1er Genre. TRIGLA — GRONDIN. I. Trigla pini Bl. — Grondin pin. Rouget commun, R. ordinaire, R. pin, R. vulgaire. Trigle pin. — 313 — Cuvier, et Valenciennes. — Op. cit . , t. IV, in-4°, p. 20; in-8°, p. 26. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 51 et pl. XIX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 266 ; — Ma¬ nuel , p. 198 et 199. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 58 et pl. XXIII. F.- A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 194 et 195, et fig. 56. Le Grondin pin habite la mer, à de faibles profondeurs, et se tient le plus souvent au fond de l’eau. Il nage d’une façon peu rapide, en se servant de ses nageoires pectorales, qu’il déploie et referme alternativement. Grâce aux trois rayons inférieurs de chacune de ses deux nageoires pecto¬ rales, rayons indépendants l’un de l’autre, il peut marcher, mais lentement, sur le fond de l’eau, le corps soulevé légè¬ rement, en aidant cette progression par de faibles mouve¬ ments latéraux de la nageoire caudale. Le Grondin pin est vorace. Sa nourriture se compose principalement de mol¬ lusques, de crustacés et de poissons. Littoral de la Normandie. — T.-C. en toute saison. Ce sont principalement de jeunes sujets que l’on trouve près des côtes. 2. Trigla lineata Gin. — Grondin imbriago. Trigla adriatica Gm. Rouget camard, R. imbriago. Trigle camard, T. imbriago. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. IV, in-4°, p. 25; in-8°, p. 34. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 53 et pl. XX, 20* Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 266 et 269 ; — Manuel , p. 198 et 200. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 56 et pl. XXII. Le Grondin imbriago habite la mer, à cle faibles proion- cleurs. Il reste le plus souvent sur le fond ; mais il se tient aussi entre ce dernier et la surface de l’eau, où il monte accidentellement. Il nage avec peu de rapidité, en uti¬ lisant ses nageoires pectorales, qu il étend et replie suc¬ cessivement. Au moyen des trois rayons inférieurs de chacune de ses deux nageoires pectorales, rayons indépen¬ dants l’un de l’autre, il peut marcher, mais lentement, sur le fond de l’eau, le corps soulevé légèrement, en aidant cette progression par de petits mouvements latéraux de la nageoire caudale. La nourriture du Grondin imbriago se compose principalement de crustacés et de poissons. Littoral de la Normandie. — C. en toute saison. Ce sont principalement de jeunes sujets que 1 on trouve près des côtes. 3. Trigla gurnardus L. — Grondin gornaud. Trigla hirundo L. Grondin gris. Rouget gornaud, R. gris. Trigle gornaud, T. gournau, T. gris, T. gurnard, 1. gur- nau. Gurnard, Gurnau. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. IV, in-4°, p. 45; in-8°, p. 62. IL Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 57 et pl. XXIII. — 315 — Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 266 et 274 ; — Manuel , p. 198 et 202. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 62 et pl. XXV. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 194, 196 et 197 ; atlas, pl. XI, fi g. 1. Le Grondin gornaud habite la mer, à de faibles profon¬ deurs. Il se tient habituellement au fond de l’eau; toutefois, il vient souvent à la surface. Il est sociable. Ce Grondin nage d’une manière peu rapide, en utilisant ses nageoires pectorales, qu’il déploie et referme alternativement. A l’aide des trois rayons inférieurs de chacune de ses deux nageoires pectorales, rayons qui sont indépendants l’un de l’autre, il peut marcher, mais lentement, sur le fond de l’eau, le corps soulevé légèrement, tout en aidant cette progression par de faibles mouvements latéraux de la nageoire caudale. Sa nourriture se compose principalement de mollusques, de crustacés, de vers et de poissons. Littoral de la Normandie. — T.-C. en toute saison. Ce sont principalement de jeunes sujets que l’on trouve près des côtes. 3 bis. Trigla gurnardus L. var. cuculus Bl. — Gron¬ din gornaud var. milan. Trigla Blochi Yarr., T. çueulus Bl., 7T. milvus Lacép. Grondin milan. Rouget milan. Trigle de Bloch, T. milan. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. IV, in-4°, p. 48; in-8°, p. 67. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 54. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 268 et 278 ; — Manuel , p. 198 et 203. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 63. La variété milan a les mêmes mœurs que le type. Littoral de la Normandie. — P. C. en toute saison. Ce sont principalement cle jeunes sujets que Ton trouve près des côtes. 4. Trigla lyra L. — Grondin lyre. Rouget lyre. Trigle lyre. Cuvier et Valenciennes. — Op* cit., t. IV, in-4°, p. 40; in-8°, p. 55. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 56 et pl. XXII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. II, p. 266 et 280; — Manuel , p. 199 et 204. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 64 et pl. XXVI. Le Grondin lyre a très-probablement les mêmes mœurs que les espèces voisines. Littoral de la Normandie. — R. en toute saison. 5. Trigla lucerna L. — Grondin corbeau. Trigla corax Bp., T. laevis Mont., T. microlepidota Risso, T. poeciloptera C. et V. ( juvenis ). Grondin perlon. Rouget corbeau. Trigle à petites écailles, T. corbeau, T. perlon. Pirlon. 317 — Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. IV, in-4°, p. 29 et 34; in-8°, p. 40 et 47. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. Il, p. 59, et pl. XXIV, fig. 2. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 266 et 284 ; — Manuel , p. 199 et 205. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 59 et pl. XXIV. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 194, 196, 199 et 200, fig. 57 et ? 58. Le Grondin corbeau habite la mer, à de faibles profon¬ deurs. Il se tient le plus souvent au fond de l’eau, mais il monte accidentellement jusqu’à la surface. Ce Grondin nage d’une façon peu rapide, en se servant de ses nageoires pec¬ torales qu’il déploie et replie successivement. Grâce aux trois rayons inférieurs de chacune de ses deux nageoires pectorales, rayons indépendants l’un de l'autre, il peut mar¬ cher, mais lentement, sur le fond de l’eau, le corps soulevé légèrement, en aidant cette progression par de petits mou¬ vements latéraux de la nageoire caudale. Sa nourriture se compose principalement de crustacés, de mollusques et de poissons. Littoral de la Normandie. — A. C. en toute saison. Ce sont principalement de jeunes sujets que l’on trouve près des côtes. « On prend communément de mai à octobre, à l’em¬ bouchure de la Seine, de jeunes individus de cette espèce, qui ne remontent pas dans l’estuaire au delà d’Honfleur (Calvados). Ces jeunes Grondins regagnent le large à l’ap¬ parition des premiers froids ». [Henri Gadeau deKerville. — Aperçu de la faune actuelle de la Seine et de son embouchure , depuis Rouen jusqu'au Havre (op. cit.), p. 194J. ■ — 318 — 2° Genre. COTTUS — COTTE. 1 . Gottus gobio L. — Cotte chabot. Cottus af finis Heck. Chabot commun, C. de rivière, C. ordinaire, C. vulgaire. Caborgne, Cabot, Cafaut, Camesot, Sabot, Têtard. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. IV, in-4°, p. 106; in-8°, p. 145. Émile Blanchard. — Op. cit., p, 161 et fig. 23. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 57 et pl. IV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 293; — Ma¬ nuel, , p. 208. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 46, et pl. XIX, fig. 2 et 2 a. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la, Sarthe (op. cit.), p. 359; tiré à part, p. 4. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 169, 170 et 174; atlas, pl. VIII, fig. 1 . \ Le Cotte chabot ou Chabot de rivière habite les rivières, les ruisseaux et les lacs; il se trouve aussi dans les fleuves, mais au voisinage de l’embouchure des premiers. Ce petit poisson vit dans les eaux claires, sur les fonds sableux garnis de pierres sous lesquelles il se cache. En général, il passe son existence solitairement. Ses mouvements sont très- vifs ; il peut s’élancer rapidement, mais pour très-peu de temps, car il n’a pas une force suffisante pour parcourir d’un trait une certaine distance, et il ne nage jamais près de la surface de l’eau. Il possède une grande résistance vi¬ tale. Il est très-vorace. Sa nourriture se compose d’insectes et de larves, de mollusques, de vers, de crustacés et d’œufs et de jeunes poissons. Le Cotte chabot fraie entre le com- 319 mencement de février et le milieu de juin. Les œufs, géné¬ ralement au nombre de plusieurs centaines, sont réunis et solidement fixés sous des pierres ou dans la cavité pratiquée dans le sol par le mâle. Ce dernier veille avec beaucoup de sollicitude sur les œufs et les petits durant les premiers temps de leur existence, et, au besoin, défend avec courage les uns et les autres. Toute la Normandie. — C. dans les eaux douces à cou¬ rant rapide (rivières et ruisseaux). Ce petit poisson ne se pêche dans la Seine que d’une ma¬ nière accidentelle, près de l’embouchure des rivières et des ruisseaux. [Henri Gadeau de Kerville. — Aperçu de la faune actuelle de la Seine et de son embouchure , depuis Rouen jusqu au Havre (op. cit.), p. 193]. 2. Gottus scorpius L. — Cotte scorpion. Acanthocottus groenlandicus Yarr., A. scorpius Yarr. Cottus groenlandicus C. et V., C. porosus C. et \ . Chaboisseau commun, C. du Groenland, C. poreux, C. scor¬ pion. Cotte du Groenland, C. poreux. Cabot, Caramasson, Crapas de mer, Crapaud de mer, Cra- pias de mer, Diable de mer, Tatin, Têtard. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. IV, in-4°, p. 117 et 135; in-8°, p. 160 et 185; et t. VIII, in-4°, p. 367 ; in-8°, p. 498. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 46 et 50, et pl. XVI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 293 et 298; — Manuel , p. 208 et 210. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 49, pl. XIX, fig. 1, et pl. XX, fig. 1 et 1 a. 320 — F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 169 et 180, et fig. 44 (p. 157) ; atlas, pl. VIII, fig. 2 et 3. Le Cotte scorpion habite la zone littorale, sur les fonds rocheux garnis d’algues et sur les fonds sablonneux pour¬ vus, çà et là, de végétation ; on le trouve très-fréquem¬ ment dans les flaques d’eau produites par le reflux. Il se déplace le long des côtes, séjournant en quantité dans certaines localités pendant plusieurs années de suite, puis s’en éloignant en grande partie et s’y montrant de nou¬ veau, fort nombreux, après un certain nombre d’années. Son caractère est indolent; il se tient caché sous les pierres ou parmi les plantes, et mène une vie solitaire hors la période de la reproduction. Ses mouvements sont rapides, mais il ne nage pas longtemps de suite, et les sinuosités, analogues à celles d’une anguille, qu’il décrit en progres¬ sant sont vraisemblablement le résultat d’assez grands efforts musculaires. Sa résistance vitale est très-grande. Le Cotte scorpion a beaucoup de voracité. Sa nourriture se compose principalement de poissons; il mange aussi des crustacés, des vers et des mollusques. Cette espèce fraie pendant la saison froide. Littoral de la Normandie. — P. C. en toute saison. 3. Gottus bubalis Euphr. — Cotte à épines lon¬ gues. Aspicottus bubalis Gir. Chaboisseau à longues épines. Cabot, Caramasson, Crapas de mer, Crapaud de mer, Cra- pias de mer, Diable de mer, Tatin, Têtard. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. IV, in-4°, p. 120; in-8°, p. 165; et pl. LXXVIII (les 2 édit.). — 321 H. Gervais et H. Boulàrt. — Op. cit. , t. II, p. 48 et pl. XVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 293 et 302, et fig. 1 14 ; — Manuel , p. 208 et 211 . Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 51, et pl. XX, fig. 2 et 2 a. F.-A. Smitt. — Op. cit., lie part., p. 169, 187 et 192; atlas, pl. VII, fig. 2 et 3. Le Cotte à épines longues habite la zone littorale, sur les fonds plus ou moins durs garnis de végétation. On le trouve très-souvent dans les flaques d’eau que produit le reflux. Il se tient caché sous les pierres ou parmi les plantes, et mène une vie solitaire hors la période de la reproduction. Sa résistance vitale est très-grande. Le Cotte à épines lon¬ gues a beaucoup de voracité. Sa nourriture se compose de poissons, de crustacés, de mollusques et de vers. Cette espèce fraie pendant la saison froide. Littoral delà Normandie. — T.-C. en toute saison. 3e Genre. AGONUS — AGONE. 1. Agonus cataphractus (L.) — Agone armé. Agonus cataphractus B. et S. Aspidophorus armatus Lacép., A. cataphractus Lacép., A. europaeus C. et V. Cottus cataphractus L. Phalangistes cataphractus Pall. Aspidophore armé, A. d’Europe. Bouri, Souris de mer, Têtuais. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. IV, in-4ü, p. 147 ; in-8°, p. 201. 21 322 H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit. , t. II, p. 62 et pl. XXVI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 306 et fig. 115 ; Supplément , p. 138; — Manuel , p. 212. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 67, et pl. XXVIII, fig. 1 et 1 a. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 204, 207 et 208; atlas, pl. V, fig. 1. L’Agone armé habite la zone littorale, principalement sur les fonds sablonneux. Il se plaît dans les endroits protégés : baies, estuaires, ports; toutefois, on le trouve aussi à une certaine distance des côtes. Il passe sur le fond de l’eau la plus grande partie de son existence. Sa nourriture se com¬ pose principalement de crustacés et de vers. Cette espèce fraie entre le commencement de mars et la fin de juillet. Seine- In férieure : Les collections du Muséum d’Histoire naturelle de Paris possèdent ce poisson provenant de Dieppe. [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 308]. « Est commun au Havre ; il se trouve dans les fonds de chaluts. M. G. Lennier, en 1882, a eu l’obli¬ geance de m’en faire apporter une grande quantité au Musée du Havre, pour servir à des recherches ». [Émile Moreau. — Supplément à Y Histoire (op. cit.), p. 138]. « Cette espèce est très-commune sur tous les fonds sableux de l’estuaire, partie ouest ». [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 154]. « Ce petit poisson aux formes bizarres se prend communément, en toute saison, sur les fonds sablon¬ neux de l'embouchure de la Seine, mais il ne paraît pas remonter dans l’estuaire au delà d’Honfleur (Cal¬ vados) ». [Henri Gadeau de Kerville. — Aperçu de 323 — la faune actuelle de la Seine et de son embou¬ chure , depuis Rouen jusqu'au Havre (op. cit. ) , p. 193]. — C’est avec le chalut à crevettes que j’ai pêché, dans cet estuaire, de nombreux spécimens d’Agone armé. Calvados : Voir les renseignements précédents de G. Lennier et d’Henri Gadeau de Kerville. Les collections du Muséum d’Histoire naturelle de Paris possèdent ce poisson provenant de Trouville. [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 309]. « L’Agone armé est rare dans la baie de l’Orne ». [ Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen] . Pendant ma seconde campagne zoologique sur le littoral de la Normandie, faite dans la région de Grandcamp-les-Bains (Calvados) et aux îles Saint- Marcouf (Manche), au cours de l’été de 1894, j’ai chaluté, dans la région en question, plusieurs exem¬ plaires de ce poisson. (H. G. de K.). Manche : « Les actives recherches de M. G. Sivard de Beaulieu ne lui en ont procuré qu’un, long de 0m. 15, pris en rade de Cherbourg ». [Henri Joüan. — Poissons de mer observés à Cherbourg en 1858 et 1859 (op. cit.), p. 122; tiré à part, p. 7]. « On le trouve sur les fonds sableux où vivent les Philine (Mollusque opisthobranche) et YOphiura lacertosa (Échinoderme ophiure), à l’Est des îles Saint-Marcouf » . [A.-E. Malard. — Op. cit., p. 81 1. ¥ Genre. SCORPAENA — SCORPÈNE. 1 . Scorpaena porcus L. — Scorpène rascasse. Scorpène brune. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. IV, in-4°, p. 220; in-8°, p. 300. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 42. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 310 et 315; Supplément , fig. 225 (p. 28); — Manuel , p. 214 et 216. La Scorpène rascasse habite la mer et se tient sur le fond, cachée dans le sable ou parmi les végétaux croissant sur les rochers. Sa nourriture se compose principalement de poissons. Normandie : C.-G. Chesnon (op. cit., p. 41) mentionne, sans aucun détail géonémique, cette espèce comme ne se trouvant que rarement sur les côtes de la Nor¬ mandie. Seine- Inférieure : « Manche (mer), très-rare,...? Dieppe ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 3d6; — Manuel (op. cit.), p. 217]. Calvados : «Manche (mer), très-rare, Caen... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 316; — Manuel (op. cit.), p. 217]. OBSERVATION. Scorpaena scrofa L. — Scorpène truie et Scorpaena dactyloptera Delar. — Scorpène dactyloptère. C.-G. Chesnon (op. cit. , p. 41) indique, sans aucun détail de géonémie, la Scorpène truie comme ne se trouvant que rarement sur les côtes normandes, et la Scorpène dactylo¬ ptère comme y étant très-rare. Je ne puis, d'après un renseignement aussi vague, le seul que je connaisse à cet égard, inscrire ces deux espèces comme appartenant à la faune de la Normandie. 8e Famille. PERCIDAE — PERCIDÉS. « 1er Genre. PERÇA — PERCHE. 1. Perça fluviatilis L. — Perche de rivière. Perça italica C. et V., P. vulgaris A g. Perche commune, P. lluviatile, P. ordinaire, P. sans bandes d’Italie, P. vulgaire. Persèque perche. Perque. (1) C.-G. Chesnon a mis seulement : « La Scorpène » ; mais il est très-probable qu’il voulait parler de la Scorpène truie. 326 Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. II, in-4°, p. 14 el 33; in-8°, p. 20 et 45; et t. I, pl. I— VIII (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit., p. 130, fig. 7 (p. 127) et 8—12. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 49 et pl. I. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. II, p. 328; — Manuel, p. 223, et pl. II (p. 615), fig. 1, 2 et 3. Francis Day. — Op. cit., 1. 1, p. 2, fig. 2 (p. xiv), et 5, n° 1 (p. xxi ), et pl. I. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 359 ; tiré à part, p. 4. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 26 et fig. 3 — 5; atlas, pl. III, fig. 1. La Perche de rivière habite les rivières à courant peu ra¬ pide, les fleuves, les lacs, les étangs et les canaux; elle vit aussi dans les eaux saumâtres et dans la zone littorale des mers faiblement salées, telles que la Baltique, par exemple. Elle préfère les eaux claires à fond pierreux et recherche les endroits où existe un courant de vitesse mo}/enne; toute¬ fois, on la trouve souvent dans des eaux dont le fond est 4 vaseux. Dans la mer, elle se tient près du rivage, et particu¬ lièrement aux endroits où feau d’un fleuve ou d’une rivière diminue la salure de l’eau. Elle reste généralement près du fond, souvent entre le fond et la surface, ne venant à cette dernière que pendant les belles journées de la saison chaude, où on la voit, de temps à autre, sauter en dehors de la sur¬ face. Elle vit en compagnie de ses semblables pendant la plus grande partie de l’année, et, pendant l’autre, elle mène une existence solitaire. Bien que la Perche de rivière soit bonne nageuse, elle reste souvent immobile pendant longtemps, et, en général, attend plutôt sa proie qu’elle ne la cherche. Cette espèce a une grande résistance vitale. Elle est très-vorace. Sa nourriture se compose principalement d insectes et de larves, de vers, de poissons et de leurs œuts. La ponte a lieu entre le commencement de février et — 327 — la fin de juin. Les œufs sont agglomérés el enveloppés d’une membrane qui entoure la masse. Ils sont fixés, près des rives, à des végétaux, à une pierre ou à un morceau de bois à demeure, ou déposés, libres, dans l’eau. Une femelle en pond annuellement, selon sa taille, de plusieurs milliers à plusieurs centaines de mille. Toute la Normandie. — C. dans les eaux douces à cou¬ rant peu rapide, et A. R. dans les eaux douces stagnantes et dans les eaux saumâtres. 2e Genre. ACERINA — GREMILLE. 1. Acerina cernua (L.) — Gremille vulgaire. Acerina cernua Schinz, A. vulgaris C. et V. Cernua fluviatilis Flem. Gymnocephalus cernua B. et S. Holocentrus post Lacép. Perça cernua L. Acérine commune, A. ordinaire, A. vulgaire. Gremille commune, G. ordinaire. Holocentre posi. Gremillet, Perche goujonnière. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. III, in-4° et in-8°, p. 4; t. VII, in-49, p. 336; in-8°, p. 448 ; et t. III, pl. XLI (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit., p. 151 et fig. 18 — 22. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 52 et pl. II. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. II, p. 344; — Ma¬ nuel, p. 227. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 11 et pl. III. — 328 — Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit. ), p. 360 ; tiré à part, p. 5. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 41 ; atlas, pl. III, fig. 3. La Grenaille vulgaire habite les rivières, les fleuves, les lacs, les étangs et les canaux; elle vit aussi dans les eaux saumâtres et dans la zone littorale des mers dont l’eau a une faible salure, telles que, par exemple, la Baltique. Elle recherche les eaux claires ayant un fond de sable ; toute¬ fois, on la trouve aussi dans les eaux dont le fond est vaseux ou pierreux. Cette espèce préfère les endroits où l’eau est courante. Au printemps, elle remonte fréquemment les ruisseaux et les torrents, et y séjourne jusqu’à l’arrivée des froids, époque à laquelle ce poisson regagne ses domaines habituels. La Gremille vulgaire se tient le plus souvent près du fond de l’eau; elle ne vient que par ci, par là, près de la surface, jusqu’où elle ne monte pas. Elle vit une grande partie de l’année en compagnie de ses semblables, et solitaire le reste du temps. Son caractère est indolent; elle se tient longtemps au même point, immobile ; mais, au besoin, elle a des mouvements très-vifs. Elle attend sa proie plutôt qu’elle ne lui fait la chasse. Sa résistance vitale est grande. Cette espèce est très-vorace. Sa nourriture se com¬ pose d’insectes et de larves, de vers, de mollusques, de poissons et de leurs œufs. La ponte a lieu entre le com¬ mencement de février et la fin de juin. Les œufs sont dé¬ posés près des rives, soit attachés à des végétaux, soit pondus sur le sable. Une femelle, suivant sa taille, en produit annuellement de plusieurs milliers jusqu’à des centaines de mille. Seine-Inférieure et Eure : P. C. dans la partie de la Seine dépendant de ces deux départements. (H. G. de K.). — 329 — Note. — Il paraît que la Gremille vulgaire ne se trouve dans la Seine, au-dessous de Troyes (Aube), que depuis le commencement de ce siècle. 3e Genre. MORONE — BAR. 1. Morone labrax (L.) — Bar vulgaire. Centropomus lupus Lacép. Dicentrarchus elongatus Gill. Labrax diacanthus Gill, L. elongatus C. et \ ., L. Linnei Malm, L. lupus C. et V., L. vulgaris Guér. Morone labrax Blgr. Perça diacantha B. et S., P. elongataGe offr., P . labrax L., P. punctata Gm., P . sinuosa Geoffr. Roccus labrax Smitt. Sciaena diacantha Bl., S. labrax Bl. Bar allongé, B. commun, B. loup, B. ordinaire. Centropome loup. Persèque diacanthe, P. loup. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. II, in-4°, p. 41 et 57; in-8°, p. 56 et 77 ; et pl. XI ( les 2 édit. ) . H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 4, fig. 1 et pl. I. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. II, p. 333; — Ma¬ nuel, p. 224. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 8 et pl. II. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 45 et fig. 11. Le Bar vulgaire habite la mer, de préférence dans les endroits rocheux. Pendant la saison chaude, il vit dans les eaux faiblement profondes, et, pendant la saison froide, dans les eaux ayant une certaine profondeur. Ce poisson va souvent dans les ports et remonte accidentellement les 21* — 330 — fleuves et les rivières au delà des points où le flux se fait sentir. Il peut vivre et même se reproduire dans l'eau com¬ plètement douce. Les adultes vont en compagnie ou mènent une existence solitaire, et les jeunes se tiennent en bandes. Ce Bar est d’un naturel actif. Il est très-vorace. Sa nour¬ riture se compose de presque toutes sortes de substances animales, de préférence d’animaux vivants; il mange prin¬ cipalement des poissons et des crustacés. Le Bar vulgaire fraie pendant la saison chaude. Les œufs sont déposés près des embouchures des fleuves et des rivières et dans les baies et les anses. Littoral de la Normandie. — C. pendant la saison chaude. 2. Morone punctata (Bl.) — Bar tacheté. Labrax orientalis Gthr., L. punctatus Gthr. Morone punctata Blgr. Perça punctata Geoffr., P. punctulata Lacép. Sciaena punctata Bl. Bar ponctué. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. II, p. 333 et 337, et fig. 118; — Manuel , p. 224 et 225. Le Bar tacheté a probablement des mœurs semblables à celles de l’espèce qui précède : Bar vulgaire [Morone labrax (L.)]. Manche : « Manche (mer), très-rare, Granville ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 338]. — 331 — 4° Genre. SERRANUS - SERRAN. 1. Serranus cabrilla (L.) — Serran cabrille. Bodianus hiatula Lacép. Centropristis praestigiator Gthr. Holocentrus argent inus Bl., //. flavus Risso, H. serranus Risso. Lutjanus serranus Lacép. Perça cabrilla L., P. channus Couch. Serranus cabrilla. Risso, S. flavus Risso. Boclian hiatule. Holocentre jaune. H. serran. Serran commun, S. jaune, S. ordinaire, S. vulgaire. Sonneur, Violon. Cuvier et Valenciennes. — - Op. cit. , t. II, in-4°, p. 166; in -8°, p. 223; et pl. XXIX (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 13, fig. 2 et pl. V. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 355 et 360; — Manuel , p. 230 et 231. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 14 et pl. IV. Le Serran cabrille habite la mer, dans les endroits rocheux, et fraie pendant la saison chaude. Note. — « Depuis les recherches d'Aristote, dit Émile Moreau [Histoire (op. cit.), t. II, p. 367], le Charma [Serranus scriba et probablement aussi S. cabrilla ) est regardé comme hermaphro¬ dite. Vers la fin du siècle dernier, Cavolini confirma la réalité du fait signalé par le créateur de l’histoire naturelle (Cavolini, Memoria sulla generazione dei Pesci e dei Granchi, p. 97, pl. I, fig. 16 — 17, Napoli, 1787). La plupart des anatomistes soutenant, malgré les travaux du savant italien, qu’il n’y a pas d’herma- 332 — phrodisme normal parmi les vertébrés, que les sexes sont tou¬ jours séparés, la question dut être reprise. Le docteur Dufossé, placé dans des conditions favorables, put examiner un fort grand nombre de Serrans; il fit trois cent soixante-huit autop¬ sies qui lui démontrèrent l’identité de conformation des organes génitaux chez les Serranus scriba, S. cabrilla, S. liepaius. Il formule ainsi le résultat de ses observations : Les individus des espèces S. scriba, S. cabrilla , S. hepatus sont hermaphrodites. Chaque individu de ces trois espèces produit des œufs qu’il féconde dès qu’il les a pondus ( Dufossé, De V hermaphrodisme chez certains Vertébrés , dans Ann. Scienc. natur., 1856, t. V, p. 295 — 330, pl. VIII, fig. 1—6) ». D’autre part, Francis Day (op. cit. , t. I, p. 15) a écrit, au sujet de l’hermaphrodisme du Serran cabrille, quelques lignes dont voici la traduction : « Cavolini et Cuvier, après un examen répété, ont décrit ce poisson comme étant un véritable hermaphrodite : une partie de chaque lobe des glandes génitales consistant, d’après eux, en un véritable ovaire; l’autre partie ayant entière¬ ment l’aspect de laitance parfaite, et les deux mûrissant simulta¬ nément. Toutefois, Yarrell ayant obtenu des glandes génitales, les examina conjointement avec le professeur Owen, et ils n’ob¬ servèrent rien d’équivoque, ni dans leur structure, ni dans leur aspect ». En définitive, cette importante question biologique mérite cer¬ tainement d’être étudiée à nouveau. Manche : « J'ai tout lieu de croire que ce poisson, très-rare à Cherbourg, est celui qui m’a été signalé par M. G. Sivard de Beaulieu, sous le nom de Sonneur , que lui donneraient les pêcheurs de Fermanville (Manche). Le seul que j’aie pu me procurer (1859) est la variété (3 du Serran décrit dans FEncycl. méth., Ilist. liât., t. III, p. 365 ». [Henri Joüan. — /his¬ sons de mer observés à Cherbourg en 1858 et 1859 (op. cit.), p. 118; tiré à part, p. 3]. « Le Serranus cabrilla C, et V... ne se montre — 333 dans nos eaux qu’accidentellement et à de longs inter¬ valles. C’est à peine si. depuis trente ans, j'en avais vu, trois ou quatre fois, un exemplaire isolé; mais, dans les derniers jours de mars de cette année (1890) et au commencement du mois d'avril, j’ai eu l’occa¬ sion d’en voir une dizaine. Cette abondance relative me paraît bien être un fait exceptionnel ». [Henri J oü an. — Époques et mode d' apparition des diffé¬ rentes espèces de Poissons sur les côtes des envi¬ rons de Cherbourg (op. cit.), p. 127]. « Normandie, rare, Cherbourg ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 363]. « Manche (mer),... rare, Cherbourg,... ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit. ), p. 233] . 9e Famille. SCIAENIDAE — SCIÉNIDÉS. 1er Genre. SCIAENA - MAIGRE. 1. Sciaena aquila (Lacép.) — Maigre vulgaire. Cheilodipterus aquila Lacép. Sciaena aquila Cuv., S. umbra Lacép. Chilodiptère aigle. Maigre aigle, M. commun, M. d’Europe, M. ordinaire. Sciène aigle, S. commune, S. ordinaire, S. vulgaire. Aigle, Aigle de mer, Haut-Bar. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. V, in-4°, p. 21 ; in-8°, p. 28; et pl. C (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 71 et pl. XXIX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 398 et lig. 3 (t. I, p. 7); — Manuel , p. 244. Francis Day. — Op. cil., t. I, p. 150 et pl. L. F. -A. Smitt. — Op. cit. , lrc part., p. 50 et fig. 13. Le Maigre vulgaire habite la mer et se tient dans les eaux ayant une certaine profondeur. Il aime à changer de localité et vit en compagnie de ses semblables. Son naturel est courageux. Sa nourriture se compose principalement de poissons. Seine-Inférieure : « Manche (mer), rare,... Dieppe... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 401 ; — Ma¬ nuel (op. cit.), p. 245]. Calvados : « Manche (mer), rare, ... Arromanches, . . . ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 401 ; — Manuel (op. cit.), p. 245]. Manche : « Tous les ans, ordinairement pendant l’été (1), on apporte au marché (de Cherbourg) quelques grands poissons auxquels on donne, à Cherbourg, le nom de Hauts-Bars à cause de leur ressemblance avec le Bar commun (Labrax lupus C. et V.); mais le manque complet de dents aux palatins, au vomer et sur la langue, les écarte de la famille des Percoïdes à laquelle appartiennent les Bars, et les place dans celle des Sciénoïdes . Je n’en ai jamais vu de petits sur notre marché; tous ceux qui y ont été apportés à ma connaissance, depuis vingt ans, avaient (1) « Ordinairement en juin et en juillet ». [Henri Joüan. — Epoques et mode d' apparition des différentes espèces de Pois¬ sons sur les côtes des environs de Cherbourg (op. cit.), p. 126]. — 335 — au moins un mètre et demi de longueur. On en prend aux cordes , avec les gros Congres, dans les envi¬ rons des Casquets et du cap de la Hague. En 1869, j’en ai compté huit sur le marché en juin et juillet; pendant l’été de 1871, ils ont été plus communs pen¬ dant les mêmes mois, et, un jour, on en a apporté à la fois six de très-grande taille »... Ces poissons se montrent chez nous du mois de mai à la fin de juil¬ let. [Henri Joüan. — Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg (op. cit . ), p. 366; tiré à part, p. 14] . «Manche (mer), . rare, Cherbourg... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 401 ; — Ma¬ nuel (op. cit.), p. 245]. « Le Maigre vulgaire est assez rare dans la baie du Mont-Saint-Michel ». [Renseignement commu¬ niqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoo¬ logie à la Faculté des Sciences de Caen]. 10e Famille. SCOMBRIDAE — SCOMBRIDÉS. 1er Genre. S COMBE R - SCOMBRE. 1. Scomber scombrus L. — Scombre maque¬ reau. Scomber scomber L., S. vulgaris Flem. Maquereau commun, M. ordinaire, M. vulgaire. Chevillé (individu dont les glandes génitales sont vidées), Macré, Macret, Macriau, Maqueriau, Sansonnet (jeune, et individu sans laitance ou sans œufs). Çuvjer et Valenciennes. — Op. cit., t. VIII, in-4°, p. 5 ; in-8°, p. 6. — 336 — H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 114 et pl. XLV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. Il, p. 409; — Ma¬ nuel, p. 249. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 83 et pl. XXXII et XXXIII. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 92 et 110; atlas, pl. V, fig. 2. Le Scombre maquereau ou Maquereau vulgaire est une espèce marine. Pendant la saison chaude et une partie de la saison froide, il se tient dans des eaux d’une profondeur plus ou moins faible, accomplissant, près des côtes, des voyages dont différentes causes font varier l’époque ; alors on prend aussi des Scombres maquereaux dans des eaux assez profondes, où cette espèce se retire pendant une partie de la saison froide. Ce poisson vit en bandes, souvent grandes. Son naturel est très-actif et ses mouvements très- vifs. Pendant les mois les plus chauds de l’année, il monte à la surface de l’eau. Il est d’une grande voracité. Sa nourri¬ ture se compose principalement de poissons et de leurs œufs, de crustacés et de mollusques. Il fraie pendant la saison chaude et, parfois, au cours de la saison froide. Les œufs sont pondus en dehors du voisinage immédiat des côtes, et flottent jusqu’à la naissance de l’embryon. Une femelle bien développée pond annuellement plusieurs cen¬ taines de mille œufs. Littoral de la Normandie. — T.-C. pendant la saison chaude. Le Scombre maquereau ou Maquereau vulgaire commence à se montrer en avril sur les côtes normandes ; mais c’est en juin, juillet, août et septembre qu’il est le plus commun. Un certain nombre d’individus passent l’hiver sur le littoral de la Normandie. A.-E. Malard dit, dans son Catalogne des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-V aast (op. 337 — ci t. , p. 81), que ces poissons s'approchent, « très-près de la côte, au point de se laisser quelquefois prendre en masse dans les parcs à huîtres ». Genre ORCYNUS — ORCYNE. 1. Orcynus thynnus (L.) — Orcyne thon. Orcynus thynnus Lütk. Scomber thynnus L. Thynnus brachypterus C. et V., T. coretta C. et V., T Lin- nei Malm, T. inédit err an eus Risso, T. orientalis T. et S. , T. vulgaris C. et V. Scombre thon. Thon à pectorales courtes, T. commun, T. d’Amérique, T. ordinaire, T. vulgaire. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit ., t. VIII, in-4°. p. 42, 71 et 74 ; in-8°, p. 58, 98 et 102; et pl. CCX et CCXI (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 121, fig. 12 et pl. XLVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 419, 422 et 426; — Manuel, p. 252, 254 et 255. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 93 et pl. XXXV. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 91 et 97, fig. 28. L’Orcyne thon ou Thon vulgaire est un poisson marin. Pendant la saison chaude, il se tient dans des eaux d’une profondeur plus ou moins faible, accomplissant des voyages près des côtes, et, pendant la saison froide, il se retire dans des eaux assez profondes. C’est une espèce sociable. Quand ils se rapprochent du littoral, ces poissons se réunissent en grandes bandes et nagent très-rapidement; on les voit alors fréquemment sauter en partie hors de l’eau. Leur naturel 22 338 est très-peureux. Us sont voraces. Leur nourriture se com¬ pose principalement de poissons. Ils fraient pendant la saison chaude. Les œufs sont déposés près des côtes, parmi les algues. Manche : M. G. Lennier, conservateur du Muséum d'His- toire naturelle du Havre, m’a dit que, presque cha¬ que année, on rencontre des bandes d’Orcynes thons ou Thons vulgaires dans le voisinage des côtes, à l’ouest de Barfleur. Il m’a dit, de plus, avoir pris lui- même ce poisson à une distance du rivage inférieure à douze kilomètres, largeur maximum de la bande littorale qu’au point de vue faunique je crois devoir considérer comme normande, exception faite pour le petit archipel de Chausey (Manche), situé presque totalement en dehors de cette bande, mais que la logique oblige à rattacher en entier à la Normandie. M. A.-E. Malard, sous-directeur du Laboratoire ma¬ ritime du Muséum d’Histoire naturelle de Paris, à Saint-Vaast-de-la-Hougue (Manche), m’a écrit qu’un très-bel exemplaire d’Orcyne thon, mesurant 1 m. 80 de longueur, avait été pris dans cette région, en sep¬ tembre 1890, et vendu au détail sur le marché de cette ville. 3e Genre. CARANX — CARANX. 1. Garanx trachurus (L.) — Caranx saurel. Caranx semispinosus Nilss., C. trachurus Lacép. Scomber trachurus L. Trachurus Linnei Malm, T. saurus Raf., T. vulgaris Flem. Caranx traduire. Saurel commun, S. ordinaire, S. vulgaire. — 339 — Carangue, Caranque, Caret, Caret, Galant, Maqueieau bâtard. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. IX, in-4”, p. 9 ; in-8°, p. 11; et pl. CCXLVI (les 2 édit.). Ii. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 143 et pl. LV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. Il, P- 437 ; — Ma¬ nuel. , p. 261. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 124 et pl. XLIV. F. -A. Smitt. — Op. cit., Ve part., p. 86; atlas, pl. V, fig. 3. Le Caranx saurel habite la mer. Pendant la saison froide, il vit dans des eaux d’une certaine profondeur, et, pendant la saison chaude, il s’approche des côtes et vient jusque dans leur voisinage immédiat. Les adultes vivent solitaires ou en bandes qui, parfois, sont énormes; et les jeunes se tien¬ nent en société. La nourriture de cette espèce se compose principalement de poissons et de crustacés. Elle fraie pen¬ dant la saison chaude. Relativement aux jeunes du Caranx saurel, j’ai fait une observation que j’ai publiée dans mes Recherches sur les faunes marine et maritime de la Normandie, premier voyage, région de Granville et îles Chausey ( Manche ) (op. cit., p. 1 15 et pl. IV) et dont j’ai fait le sujet d’un article paru dans le journal Le Naturaliste (op. cit., p. 267, et une fig. à cette page). Je ne crois pas inutile de reproduire ici cette observation : Plusieurs jours sans aucune brise, pendant lesquels la surface de la mer était aussi calme que celle d’un étang, m’ont permis, dans la région de Granville (Manche), au cours de l’été de 1893, d’observer nombre de fois, dans des conditions excellentes et de fort près, à la surface et à une très-faible profondeur, une intéressante association, déjà signalée, de jeunes Caranx saurels avec des exemplaires, 340 — nageant isolément, d'une discoméduse : le Rhizostome de Cuvier ( Rhizosloma Cuvieri P. et L.). Beaucoup de ces Rhizostomes, particulièrement ceux d’as¬ sez grandes dimensions, étaient accompagnés chacun d’une flottille de jeunes Caranx saurels, flottille composée, soit de quelques-uns seulement, soit d’un petit nombre, soit, par¬ fois, de plusieurs douzaines d’individus, les flottilles nom¬ breuses accompagnant les gros Rhizostomes, et les petites étant associées indifféremment à des exemplaires gros ou de taille moyenne. Ces jeunes poissons nagent parallèlement au grand axe du Rhizostome et dans la même direction que cet animal. Ils se tiennent au-dessus, au-dessous, sur les côtés et en arrière de lui, mais ne s’avancent pas au delà du sommet de son ombrelle. Ajoutons que l’on en voit fréquemment qui se sont introduits dans les cavités sous-génitales, et sont visibles de l’extérieur, en raison de la transparence du Rhizostome. Par moments, la flottille s’en écarte de quelques mètres ; mais, à la moindre alerte, immédiatement et avec une très- grande vitesse, elle revient occuper auprès de lui sa situa¬ tion précédente. J’ai pêché de nombreux individus compo¬ sant ces flottilles et constaté que leur longueur était de deux à neuf centimètres. Il n’est pas douteux que les jeunes Caranx saurels accom¬ pagnent les Rhizostomes de Cuvier pour se protéger par eux. En effet, cette espèce et les autres discoméduses ne sont la proie d’à peu près aucun animal, en raison de leur consistance gélatineuse et de leur propriété urticante. Par ce double fait, elles créent autour d'elles, d’une ma¬ nière absolument passive, cela va sans dire, une zone de protection où les jeunes de certaines espèces de poissons viennent se mettre à l’abri de leurs ennemis. Je dois ajouter que les jeunes Caranx saurels se protègent aussi par d’autres discoméduses et que, bien avant d’être adultes, ils cessent de ies accompagner, sans doute lorsqu’ils se sentent assez forts pour se protéger eux-mêmes. Depuis que j’ai publié cette observation, j'ai lu que les jeunes Caranx saurels mangent les œufs des discoméduses; et, très-probablement, ils mangent aussi les petits crustacés qui vivent en parasites chez ces acalèphes. Quoi qu’il en soit, je regarde comme certaine la protection passive en question. Littoral de la Normandie. — T.-C. pendant la saison chaude. Le Caranx saurel se trouve en toute saison sur les côtes normandes. 4e Genre. NAUCRATES - NAUCRATE. y 1. Naucrates ductor (L.) — Naucrate pilote. Centronotus conductor Lacép., C. ductor Couch. Gasterosteus ductor L. Nauclerus compressas C. et V. Naucrates ductor C. et V., N. fanfarus Rat., N. indicus C. et V., N. Koelreuteri C. et V., N. noveboracensis C. et V. Scomber ductor B1 . , S. Koelreuteri B. et S. . ' Centronote pilote. Nauclère comprimé. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. VIII, in-4°, p. 229, 239 et 240; in-8°, p. 312, 325, 326 et 327; et pl. CCXXXII (les 2 édit.); et t. IX, in-4°, p. 185; in-8°, p. 249; etpl. CCLX1II — CCLXIV (pl. unique), fig. 1 (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 136 et pl. LIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. IL p. 449 et fig. 129; — Manuel , p. 266. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 127 et pl. XLV. Le Naucrate pilote habite la mer et doit son nom spéci¬ fique à une fable d’après laquelle il servirait de guide, de — 342 — pilote à de grands poissons du groupe des Squales, dans la recherche de leur nourriture. La vérité est, qu’en effet, on voit très-souvent des Naucrates pilotes accompagnant de grands Squales — fréquemment le Requin bleu [ Cardia - rias glaucus (L. )] — qui, eux-mêmes, suivent les navires pour manger les débris que l’on en jette. Il est fort pro¬ bable que les Naucrates pilotes se tiennent près des Squales accompagnant les navires pour prendre leur part de la nourriture de ces poissons et, aussi, pour manger les ani¬ maux qui sont fixés sur eux et sur la partie immergée des navires. De plus, le Naucrate pilote est protégé en se tenant dans le voisinage immédiat de ces Squales, que leur très- grande voracité fait hautement redouter des poissons qui le mangeraient volontiers. Il convient d’ajouter que, très-sou- vent, on voit des Naucrates pilotes accompagnant des na- ✓ vires en l’absence de tout Squale, ce qui confirme l’opinion qu'ils les suivent pour manger ce qu’ils peuvent des débris qui en tombent, ainsi que les animaux fixés sur leur partie immergée. En accompagnant les bateaux, des Naucrates pilotes entrent jusque dans les ports et les canaux. Seine - Inférieure : M. G. Lennier, conservateur du Muséum d’His- toire naturelle du Havre, m'a informé qu’un Naucrate pilote, qui fait partie des collections de ce Muséum, avait été pris au Havre, dans le bassin de la Barre, en 1861, près d’un navire venant de Rio-de-Janeiro ( Brésil ). 5e Genre. Z EUS - ZÉE. 1 . Zeus faber L. — Zée forgeron. Dorée commune, D. ordinaire, D. vulgaire. — 343 — Dorade, Poisson de Saint-Pierre, Poisson Saint-Pierre, Poule de mer, Saint-Pierre. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. X, in-4", p. 4; in-8 , p. 6. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 148, fig- 14 et pl. LYII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t, II, p. 467 ; — Ma¬ nuel , p. 272. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 138 et pl. XLVIII. F. -A. Smitt. — Op. cit., lie part., p. 306; atlas, pl. IX, fig. 2. Le Zée forgeron habite la mer, sur les fonds rocheux et sablonneux, et vit à de faibles profondeurs. Il se cieuse un trou dans le sable pour s’y cacher ou se dissimule parmi les pierres. Habituellement, il mène une vie solitaiie. Son caractère est quelque peu indolent. Bien que, d une façon générale, ses mouvements soient lents, ils deviennent accé¬ lérés quand l’animal se sauve ou cherche sa proie, qu’il poursuit par saccades. Le Zée forgeron est très-vorace. Sa nourriture se compose particulièrement de poissons, de mol¬ lusques, de crustacés et de vers. Littoral de la Normandie. — A. C. en toute saison. Ce sont principalement de jeunes sujets que l’on trouve près des côtes. \ 2. Zeus pungio C. et V. — Zée à épaule armée. Dorée à épaule armée. Zée piquant. Dorade, Poisson de Saint-Pierre, Poisson Saint-Pierre, Poule de mer, Saint-Pierre. « 344 — Cuvier et Valenciennes. — Op. cit . , t. X, in-4°, p. 18; in-8°, p. 25; et pl. CCLXXX (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 150. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 467 et 472, et fig. 132; Supplément , p. 49; — Manuel , p. 272. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 139. Le Zée à épaule armée a très-probablement les mêmes mœurs que la précédente espèce : Zée forgeron ( Zeus faber L.). Seine-Inférieure : « Dans le courant de l’année 1889 (sic), un pois¬ son que n’avaient jamais vu les pêcheurs du Havre a été capturé dans le bassin du Commerce (au Havre). Le nouveau type a paru tellement curieux qu’il a eu les honneurs de la photographie. M. G. Lennier, directeur du Musée de la ville, a eu F amabilité de m'en communiquer une épreuve, et il m'a été facile, dans cette figure, de reconnaître un beau spé¬ cimen de Zée à épaule armée. C’est le premier sujet qui ait été signalé sur nos côtes de l’Ouest d'une façon authentique ». [Émile Moreau. — Sup¬ plément (op. cit.), p. 49]. « Zeus pungio C. et V. a été signalé pour la première fois dans la Manche, par nous, en 1888 (sic). M. le D1' Moreau a fait mention d’un individu que nous lui avions communiqué à cette époque, et qui avait été pêché par le mousse du yacht à vapeur Héron , appartenant à M. de Rothschild, dans le bassin de la Barre, au Havre (voir les lignes précé¬ dentes). Cette espèce n’est pas très-rare sur nos côtes, où on la confond généralement avec la Dorée commune (Zeus faber L.) ». [G. Lennier. — Sur # — 345 — « le Zée à épaule armee (Z eus pungio C. et V.) (op. cit.), p. 51 ] . Le Zée à épaule armée se vend assez communé¬ ment au marché du Havre, mais d’une manière acci¬ dentelle et pendant la saison chaude. Une partie de ces poissons est prise sur les côtes de la Seine-Infé¬ rieure et du Calvados. [Renseignement communiqué par M. G. Lennier, conservateur du Muséum d’His- toire naturelle du Havre, qui m’a dit que le spéci¬ men dont il est question dans les lignes précédentes, spécimen de très-grande taille, a été naturalisé et fait partie des collections de ce Muséum]. Calvados : Voir les lignes qui précèdent. 6e Genre. C APROS — CAPROS. 1. Gapros aper (L.) — Capros sanglier. Capros aper Lacép. Perça pusilla Brünn. Z eus aper L. Poisson soleil. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. X, in-4°, p. 22; in-8°, p. 30; et pl. CCLXXXI (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. Il, p. 146 et pl. LVI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. II, p. 475 et fig. 133 ; — Manuel, p. 274. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 134, et pl. XLVII, fig. 2 et 2 a. 22* 346 — Le Capros sanglier habite la mer, dans des eaux peu pro¬ fondes. Sa nourriture se compose principalement de crus¬ tacés et de mollusques. Seine- Inférieure : Il est fort possible que cette espèce, recueillie par M. G. Lennier dans l’estuaire de la Seine, en 1878 (voir les lignes suivantes), l’ait été dans la partie de l’estuaire dépendant de la Seine-Inférieure et non du Calvados. Il est même possible que cet éminent natu¬ raliste l’ait prise en des points dépendant, l’un de la Seine-Inférieure et l’autre du Calvados. Calvados : « Nous avons recueilli cette espèce dans l’estuaire, pour la première fois, en 1878 (voir les lignes qui précèdent). Depuis, plusieurs exemplaires ont été rapportés par les pêcheurs, qui les avaient capturés au chalut, à la côte sud, au large, entre Trouville et Dives. (Muséum d'Histoire naturelle du Havre) ». [G. Lennier. — L Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 154] . « Le Capros sanglier est pêché accidentellement sur les côtes du Calvados » . [ Renseignement com¬ muniqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen] . Manche : « Le 9 octobre 1874, je remarquai sur le marché de Cherbourg une assez grande quantité de petits poissons que j’y voyais pour la première fois, et que les marchandes offraient comme de jeunes Poissons Saint-Pierre (Zeus faber L.). Ils avaient, en effet, des rapports de forme avec cette espèce, mais leur couleur rose et d’autres caractères les en éloignaient à la première vue. Ces poissons appartenaient à l’es¬ pèce Capros aper Lacép. (Zeus aper L.), vulgaire¬ ment, Sangliers en Provence . Les Sangliers res¬ tent de petite taille : il est rare qu’on en voie ayant de 15 à 18 centimètres de longueur; les plus grands, parmi ceux qui étaient au marché, ne dépassaient pas 9 cm . Quelques jours après, je retrouvai encore quelques individus au marché. Le 10 mars 1875, on en apporta un grand nombre, pris par un des grands bateaux qui pêchent au large, et depuis lors 1 es¬ pèce a paru assez souvent sur le marché, représentée quelquefois par des lots comprenant peut-être plus de trois cents individus, notamment en octobre et en novembre 1875, ce qui porterait à croire qu’elle ne se montre pas dans nos parages aussi rarement et en aussi petit nombre qu’on l’a dit ». [Henri Joüan. Mélanges zoologiques (op. cit.) , p. 237] . Très- probablement, la plupart des individus en question ont été pêchés au large de la bande littorale que je rattache, au point de vue faunique, à la Normandie, bande ayant une largeur maximum de douze kilo¬ mètres, sauf pour le petit archipel de Chausey, pres¬ que totalement situé en dehors de cette bande, mais que la logique oblige cà rattacher en entier à cette province; toutefois, il est très-possible qu un petit nombre de ces poissons ait été pris dans la bande littorale dont il s’agit. [H. G. de K.]. A.-E. Malard indique, sans aucun détail géoné- mique, le Capros aper (L.) dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-]'aast (op. cit., p. 83). « Ce petit poisson est pris accidentellement dans la baie du Mont-Saint-Michel». [Renseignement com¬ muniqué par M. René Chevrel, chet des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen ] . — 348 — Note. — « Le Capros sanglier est, le plus souvent, trouvé dans l’estomac de poissons pêchés sur les côtes de la Nor¬ mandie ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel ] . 7e Genre. L AM PRIS - LAMPRIS. ]. Lampris pelagicus (Gunn.) — Lampris lune. Chrysotosus luna Lacép. Lampris guttatus Retz., L. lauta Lowe, L. luna Risso, L . pelagicus Smitt. Scomber Gunneri B. et S., S. pelagicus Gunn. Zeus guttatus Brünn., Z. luna Gm., Z. regius Bonnat. Chrysotose lune. Lampris tacheté. Poisson lune. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. X, in-4°, p. 29; in-8°, p. 39; et pl. CCLXXXII (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 151 et pl. LVIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 484 ; — Ma- nuet , p. 276. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 118 et pl. XLII. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 123 et fig. 34. Le Lampris lune habite la mer, à d’assez grandes profon¬ deurs. Sa nourriture se compose de mollusques, de crusta¬ cés, de poissons, de méduses. Seine-Inférieure : « M. Lemoyne m’écrivit de Dieppe qu’on avait pris dans un parc, à deux lieues de cette ville, un gros et très-beau poisson qui avait été acheté par le — 349 — pourvoyeur de la Cour ». [Duhamel du Monceau. — Op. cit., t. III, 4e sect., p. 74]. — Ce spécimen a été décrit et représenté par l’auteur en question (p. 74 et pl. XV). « A l’énumération que nous venons de faire des différents parages où l’on a pêché le Lampris, nous ajouterons les environs du Havre, d’où est venu, en 1804, le plus grand individu du Muséum d’His- toire naturelle de Paris ». [Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. X, in-4°, p. 34; in-8°, p. 46]. « Une seule fois cette espèce, à notre connaissance, a été pêchée dans la baie de Seine par une plate de Villerville; elle a été vendue au Havre, en 1850, et exhibée moyennant rétribution au public, sur la place des Pilotes. Cet unique exemplaire n’a malheureuse¬ ment pas été conservé ». [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 154]. — Ce rensei¬ gnement ne permet pas de dire si le Lampris lune en question a été pêché dans la partie de l’estuaire dépendant de la Seine-Inférieure ou dans celle qui dépend du Calvados. [H. G. de K.]. Calvados : Voir les dernières lignes qui précèdent. 8e Genre. BRAMA — CASTAGNOLE. 1. Brama Raii (Bl.) — Castagnole de Ray. Brama Raii B. et S. Sparus brama Bonnat., S. castaneola Lacép., S. Raii Bl. Castagnole commune, C. de la Méditerranée, C. ordinaire, C. vulgaire. Spare castagnole. 350 — Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. VII, in-4°, p. 210; in-8°, p. 281 ; et pl. CXC (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 156, fig. 15 et pl. LX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 487 et fig. 136; — Manuel , p. 277. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 114 et pl. XLI. F.-A. Smitt. — Op. cit., lrc part., p. 76, 77 et 81, et fig. 23 ; atlas, pl. VI, fig. 1 . La Castagnole de Ray habite la mer, à de grandes pro¬ fondeurs, mais elle remonte un peu pendant la saison chaude. Elle vit en petites compagnies. Cette espèce fraie pendant la saison chaude. Calvados : « Nous apprenons par M. Le Sauvage qu’il en a été pêché une à Caen, l’année dernière (1828); mais elle n’y fut reconnue par aucun pêcheur ». [Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. VII, in-4°, p. 218; in-8°, p. 293]. — Il serait, selon moi, fort invrai¬ semblable de supposer que cette Castagnole de Ray soit remontée jusqu’aux abords de Caen ; et il me paraît très-admissible de croire qu'elle a été pêchée, non à Caen, mais dans la baie de l’Orne. 9e Genre. CENTROLOPHUS — CENTROLOPHE. I. Centrolophus pompilus (L.) — Centrolophe pompile. Centrolophus morio C. et V,, C. niger Lacép., C. pom¬ pilus Risso. Corgphaçna pompilus L. Centrolophe nègre. Coryphène pompile. — 351 Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. IX, in-4°, p. 247 et 254; in-8°, p. 334 et 342; et pl. CCLX1X (les 2 édit.). IL Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 158 et pl. LXI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, 1. II, p. 492 et fig. 137 ; — Manuel , p. 278 et 279. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 111, et pl. XL, fig. 2. Le Centrolophe pompile est une espèce marine dont la nourriture se compose de mollusques et autres animaux. Seine-Inférieure : « Manche (mer), accidentellement; un individu, pris à Fécamp, a été envoyé à de Lacépède qui La décrit sous le nom de Centrolophe nègre ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 496]. « Manche (mer), accidentellement, Fécamp ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), p. 279]. 10e Genre. XIPHIAS — ESPADON. 1. Xiphias g-ladius L. — Espadon épée. Espadon commun, E. empereur, E. ordinaire, E. vulgaire. Xiphias espadon. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. VIII, in-4°, p. 187; in-8°, p. 255; et pl. CCXXV, CCXXVI et CCXXXI (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 166 et pl. LX1V. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 526 ; — Ma¬ nuel, p. 290. — 352 Francis Day. — Op. cit. , t. I, p. 146, fig. (p. 148) et pl. XLIX. F. -4. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 1 18 et fig. 33 (p. 117); atlas, pl. IX, fig. 1. L’Espadon épée habite le large ; cependant, il s’approche accidentellement des côtes et va quelquefois dans les eaux saumâtres, voire même dans les eaux douces des fleuves et des grandes rivières. Il vit habituellement par paires. Ses mouvements sont très-vifs. Souvent il nage à la surface de l’eau. Sa nourriture se compose de poissons appartenant principalement à des espèces vivant en bandes, poissons qu’il tue avec son rostre ; il mange aussi des céphalopodes. Notes : a On a souvent écrit, dit H.-É. Sauvage [Les Poissons (op. cit.), p. 295], que l’Espadon s’attaquait aux Baleines. Bien que le fait puisse être possible, il ne doit être accepté qu’avec beaucoup de réserve, car l’Espadon est extrêmement rare dans les parages où arrivent, même accidentellement, ces cétacés. Crow, naviga¬ teur anglais, rapporte cependant le trait suivant : « Un matin, « écrit-il, un calme plat ayant arrêté le navire que nous mon- « tions, tout l’équipage put assister à un singulier et curieux « combat entre des Squales-Renards et des Espadons, d’un côté, « et une gigantesque Baleine de l’autre. C’était pendant l’été, la « nuit était claire, et les animaux se trouvant non loin du vais- (( seau, nous étions dans les meilleures conditions pour observer. « Sitôt que le dos de la Baleine apparut au-dessus de l’eau, les « Requins sautèrent à plusieurs mètres de hauteur dans l’air; <( ils se précipitèrent de toutes leurs forces contre l’objet de leur « haine et donnèrent à la Baleine de si rudes coups avec leur « queue, que ces coups résonnaient comme des coups de feu tirés « à quelque distance. De leur côté, les Espadons attaquèrent la « malheureuse Baleine en dessous. Attaqué de toutes parts, assailli « partout, blessé en plusieurs endroits, le pauvre célacé ne pou- « vait plus fuir; l’eau était couverte de sang; la Baleine ayant a disparu, nous ne pûmes suivre tout le drame; mais il est plus 353 « que probable que le cétacé dut périr ». (Voir ci-dessous les lignes de Günther). « Il est, dit H.-É. Sauvage dans le même volume (p. 294), un fait certain que l’on ne peut expliquer, c’est que parfois l’Espa¬ don s’attaque aux navires en marche, et qu’il arrive que ce grand et puissant poisson enfonce son épée dans les planches d’un vais¬ seau. Une pareille attaque est, du reste, plus souvent fatale à l’animal qu’au navire lui-même, car il est réellement plus facile d’enfoncer une pareille arme que de la retirer; le rostre se brise presque toujours. « Valenciennes rapporte que Cornide cite cependant et expres¬ sément le fait d’une palandre espagnole qui fut au moment de périr, sur la côte de Galice, pour avoir été percée par un Espa¬ don. Il assure que la planche et le bec, qui s’y était implanté, sont conservés au Cabinet royal de Madrid. « On doit comprendre, « ajoute-t-il, que de tels accidents ne peuvent arriver qu’à des « bâtiments légers et vieux; mais ce qui arrive souvent, c’est de « trouver des becs d’Espadon rompus dans des carènes de na- « vires ». « Tout récemment, Günther a rapporté des faits du même ordre. « 1 /Espadon, dit-il, n’hésite jamais à s’attaquer aux grands céta- « cés, mais ces derniers sortent généralement victorieux du ce combat. La raison qui pousse l’Espadon à la bataille est incon- « nue; cet instinct est chez lui si aveugle qu’il s’attaque aux « navires, qu’il prend certainement pour des cétacés de grande « taille. Il arrive parfois que l’Espadon perce ainsi les œuvres « vives d’une barque, la mettant en danger; l’Espadon peut alors « retirer très- difficilement l’arme engagée, et elle se brise lors- « que l’animal fait des efforts pour se dégager. On peut voir au « British Muséum une pièce de bois de deux pouces d’épaisseur « provenant d’un navire pour la pêche des cétacés, percée par « l’épée d’un Espadon, épée qui est restée dans le bois. Le révé- « rend Wyatt Gill, qui, pendant de longues années, habita les « îles de la mer du Sud, a remarqué que beaucoup d’Espadons « ont le rostre brisé, et que ces animaux percent facilement « les canots des indigènes ». 23 354 — Seine-Inférieure : Un seul exemplaire de cette espèce a été pris à l’extrémité du cap de La Hève (commune de Sainte- Adresse), en août 1879. (Muséum d’Histoire natu¬ relle du Havre). [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 155]. « Manche (mer), excessivement rare, Le Havre... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. II, p. 530; — Manuel (op. cit.), p. 290]. Calvados : « M. Eudes-Deslongchamps fait part à la Société de la capture, ou plutôt de l’échouage, sur la côte de Villers-sur-Mer (en janvier 1851), d’un grand spéci¬ men de l’Espadon commun. Cette capture n’a d’autre intérêt que sa rareté, car l’espèce de ce poisson est bien connue. Assez commun dans la Méditerranée, il vient rarement dans l’Océan, et, de mémoire d’homme, il n’avait été pris sur les côtes du Calvados. Cepen¬ dant il en était échoué au moins un avant celui-ci, car M. Eudes-Deslongchamps a vu, il y a une ving¬ taine d’années, entre les mains du nommé Bloche, pêcheur et ramasseur de fossiles à Villers-sur-Mer, une vertèbre d’Espadon. Les vertèbres d’Espadon ont une forme si particulière qu’il est très-aisé de les reconnaître. M. Eudes-Deslongchamps acquit cette vertèbre ; Bloche ne put lui dire comment elle se trouvait chez lui; il la possédait depuis longtemps et l’avait probablement ramassée sur 1a. côte. Le spécimen échoué en janvier 1851 a été acquis par la Faculté des Sciences de Caen ; il est maintenant monté. Beaucoup de personnes ont mangé de la chair de cet Espadon et l'ont trouvée fort bonne. Elle ne paraît point grasse au premier aspect; mais, en se desséchant, elle jaunit, devient demi-transparente et laisse suinter une ma- - 355 — tière huileuse. Outre la peau montée, on a conservé la colonne vertébrale, les yeux (qui sont énormes et à sclérotique osseuse) et les branchies, dont la struc¬ ture est fort différente de celle de ces organes chez les autres poissons. Les hommes qui ont ramassé cet Espadon en ont jeté les viscères à la mer, ce qui est à regretter, car on les eût conservés ou au moins étudiés. L’animal est long de 3 m. et quelques cen¬ timètres; son épée est épointée, mais l’accident est d’ancienne date, car la surface de la fracture est arrondie, et comme usée. La peau était bigarrée irré¬ gulièrement de grandes taches blanchâtres, à circon¬ férence comme déchiquetée, et dont il eût été diffi¬ cile de reconnaître la nature, si l’explication ne s’en fût pour ainsi dire trouvée près de la queue, où il existait une large plaie superficielle, en voie très- avancée de cicatrisation ; ces taches paraissent donc être le résultat de plaies ou déchirures produites probablement dans les combats de ce poisson avec les autres habitants des mers ». [Note in Mémoir. de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1849-53, p. xivj . — Cet Espadon épée fait actuellement par¬ tie des collections du Musée d’Histoire naturelle de Caen (H. G. de K.). OBSERVATION. TETRAPTURUS — TÉTRAPTURE. Tetrapturus belone Raf. — Tétrapture aiguille. G. Lennier dit ce qui suit dans son grand ouvrage sur L' Estuaire de ta Seine (op. cit. , t. II, p. 155) : «Tétrapture aiguille ou orphie (Tetrapturus belone C. et V.). — Cette espèce se pêche assez fréquemment dans 356 — la rade du Havre et dans la partie ouest de l’estuaire, de juin à septembre ». Ces lignes sont incontestablement erronées, car je ne con¬ nais aucune indication de la présence, sur les côtes de la Normandie, d’un seul exemplaire de Tétrapture aiguille ou T. orphie. Il était des plus probables que G. Lennier avait confondu cette espèce, à cause de son nom spécifique d’orphie (belone), avec le Ramphistome orphie ou Orphie vulgaire [Ramphistoma belone (L.)], espèce qu’il indique correcte¬ ment, dans son ouvrage en question (t. II, p. 157), comme étant « assez commune dans la partie ouest de la baie, en été » ; ces dernières lignes correspondant bien à ce qu’il dit, par erreur, du Tétrapture aiguille ou T. orphie. Sur ma demande d éclaircir entièrement ce point, cet éminent naturaliste m’a écrit qu’en effet il avait commis, par similitude de nom, l’erreur dont il s’agit. 11e Genre. ECHENEIS — ÉCHÉNÉIS. Le Dermochélyde luth [Dermochelys coriacea (L.)] cap¬ turé vivant en mer, dans les environs de Dieppe (Seine- Inférieure), le 25 octobre 1752, et dont je parle dans ce fascicule IV (p. 157), « avait sur le dos, est-il dit (idem, p. 158), deux poissons qui y paraissaient collés : c'était deux échénéis ou rémora ». Il est tort possible que ces deux spécimens appartenaient à 1 Échénéis rémora ( Echénéis rémora L.); mais comme jadis on a confondu, sous le nom de Rémora, différentes espèces d Échénéis, on ne saurait dire affirmativement à quelle espèce de ce genre appartenaient les deux spécimens fixés sur la tortue marine en question, s. I . . — 357 — 11“ Famille. TRICHIURIDAE — TRICHIURIDÉS. 1er Genre. LEPIDOPUS — LÉPIDOPE. 1. Lepidopus argenteus Bonnat. — Lépidope ar¬ genté. Lepidopus argyreus C. et V., L. caudatus White, L. en- siformis Bp., L. Gouani B. et S., L. gouanianus Lacép., L. Per oui Risso. Trichiurus caudatus Euphr. Lépidope de Gouan, L. de Péron, L. gouanien. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. VIII, in-4°, p. 163; in-8°, p. 223; et pl. CCXXIII (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 175 et pl. LXVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. II, p. 544 et fig. 143; — Manuel , p. 295. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 156, et pl. LI, fig. 2. Le Lépidope argenté habite la mer, cà une certaine pro¬ fondeur ; toutefois, il vient dans le voisinage des côtes. Cette espèce nage avec une grande rapidité. Elle est très- vorace. Sa nourriture se compose principalement de pois¬ sons. Calvados : « Quelques animaux rares ont été observés dans ce département . Parmi les poissons, le Lepidopus argyreus Colegno, jeté, après une tempête, sur la côte de Port-en-Bessin, le 15 mai 1839, par M. Ches- non, de Bayeux... ». [Note in Mémoir. de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1839-42, p. x]. — 358 — 12e Famille. SPARIDAE — SPARIDÉS. 1er Genre. SPARUS — SPARE. 1. Sparus centrodontus Delar. — Spare rousseau. Aurata massüiensis Risso. Page l lus centrodontus 0. et V. Sparus massüiensis Risso, S. orphus Lacép., S. pagrus Bl. Dorade marseillaise. Pagel à dents aiguës, P. centrodonte, P. rousseau. Spare à dents aiguës, S. marseillais, S. orphe. Brême, Brême de mer, Brême rouge, Brêne, Brêne de mer, Brêne rouge, Dorade, Dorade de mer, Gros-yeux, Pilo- neau, Pironeau. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. VI, in-4°, p. 133; in-8°, p. 180. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 89 et pl. XXXVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 23 et 33; — Manuel , p. 315 et 319. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 35 et 36, et pl. XIII. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 57 et 59, et fig. 16. Le Spare rousseau habite la mer, de préférence dans les endroits rocheux garnis d'algues. Pendant la saison chaude, il vient près des côtes, et se rend très-fréquemment dans les ports, surtout quand il est jeune. Pendant la sai¬ son froide, il se retire, en grande partie, dans des eaux d’une certaine profondeur. Les adultes mènent une exis¬ tence solitaire ou vivent en bandes, parfois grandes, et les jeunes se réunissent en troupes. Leur nourriture se com¬ pose principalement de crustacés et de poissons. — 359 — Littoral de la Normandie. — C. pendant la saison chaude. Le Spare rousseau se trouve en toute saison sur les côtes normandes. 2. Sparus acarne (Risso) — Spare acarne. Pagellus acarne C. et V., P. Oweni Gthr. Pag 7ms acarne Risso. Pagel acarne, P. d’Owen. Pagre acarne, P. blanc. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. VI, in-4°, p. 141 ; in-8°, p. 191. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 90. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 23 et 36, et fig. 150; — Manuel , p. 316 et 320. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 35, 36, 38 et 39, et pl. XV et XVI. [Émile Moreau dit ( Manuel , p. 318) que le Pagellus bogaraveo décrit et représenté par Francis Day dans son ouvrage en question (t. I, p. 37 etpI.XIV) est évidemment un Spare acarne]. Les mœurs du Spare acarne sont analogues à celles de la précédente espèce : Spare rousseau ( Sparus centrodontus Delar.) . Seine-Inférieure : « Un seul exemplaire pêché en rade du Havre, en 1877, à 200 mètres au nord-ouest de la bouée à cloche ». [G. Lennier. — V Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 155] . 2e Genre. CANTHARUS — CANTHÈRE. 1. Gantharus lineatus (Mont.) — Canthère gris. Caniharus griseus C. et V., C. lineatus W. Thomps., C. Linnei Malm , C. tanuda Risso , C. vulgaris C. et V. Sparus caniharus L., S. lineatus Mont. Canthare tanucle. Canthère commun, C. ordinaire, C. vulgaire. Sarde grise. Spare canthère. Brême de rocher, Bfême grise. Brêne de rocher, Brêne grise, Dorade, Dorade de mer, Piloneau, Pironeau, Sarde. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. VI, in-4°, p. 239 et 249; in-8°, p. 319 et 333; et pl. CLX (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 96 et pl. XL. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 49; — Manuel, p. 327. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 26 et pl. IX. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 54 et fig. 14. Le Canthère gris habite la mer, dans les endroits rocheux et dans les endroits vaseux. Pendant la saison chaude, il vient dans le voisinage des côtes et se rend parfois dans les ports ; et, pendant la saison froide, il se retire, en grande partie, dans des eaux ayant une certaine profon¬ deur. Les adultes vivent habituellement solitaires, et les jeunes se réunissent en bandes. » Littoral de la Normandie. — A. C. pendant la saison chaude. Le Canthère gris se trouve en toute saison sur les côtes normandes. OBSERVATION. Cantharus brama C. et V. — Canthère brème. Relativement à ce Canthère, Émile Moreau dit ce qui suit dans son Histoire naturelle des Poissons de la France (op. cit., t. III, p. 54) : « ? Manche (mer),? Cherbourg (Duhamel du Monceau). — Le poisson figuré par Duhamel du Monceau ? Ce n’est pas probable », Il résulte de ces lignes qu’il vaut beaucoup mieux ne pas inscrire, même avec un point de doute qui eut été indispensable, le Canthère brème dans la faune de la Nor¬ mandie. De plus, il faut ajouter que, très-probablement, le Canthère brème n’est pas spécifiquement distinct de la pré¬ cédente espèce : Canthère gris [Cantharus lineatus (Mont.)]. 13e Famille. LABIUDAE — LABRIDÉS. 1er Genre. L AB RUS — LABRE. 1. Labrus berggylta Asc. — Labre vieille. Labrus aper Retz., L. ballan Bonnat., L. comber Gm., L . cornubiensis Couch, L. Donovani C. et V., L. li¬ neatus Donov., L. maculatus BL, L . Neustriae Lacép., L. tancoides Lacép., L. tinca Shaw, L. variabilis W. Thomps. (1) Op. cit., t. III, 4e sect., p. 22, et pi. IV, fig. 1. (2) Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. VI, in-4°, p. 245; in-8°, p. 328. Labre ballan, L. berggylt.e, L. neustrien. Vieille commune, V. jaune, V. ordinaire, V. rouge, V. verte, V. vulgaire. Grande vieille, Perroquet, Perroquet de mer, Vra, Vracq, Vras. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XIII, in-4°, p. 15 et 28 ; in-8°, p. 20 et 39. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 262 et pl. XCIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 81 et fig. 19 (t. I, p. 164); — Manuel , p. 342 et 343. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 252, et pl. LXX et LXXI. F. -A. Smitt. — Op. cit., lrâ part., p. 4 et 7, et pl. I, fig. 1. Le Labre vieille habite la mer, dans le voisinage des côtes et à de plus ou moins petites profondeurs. Il se tient dans les endroits rocheux garnis d’algues. Les adultes vivent à des profondeurs un peu moins faibles que les jeunes. C'est une espèce sociable. Sa nourriture se compose de crustacés, de mollusques, de vers et de poissons. Le Labre vieille fraie au printemps et en été, et pond parmi les algues. Littoral de ta Normandie. — T.-C. sur les côtes de la Manche ; A. C. sur les côtes du Calvados et de la Seine- Inférieure. Le Labre vieille se trouve en toute saison sur le littoral normand. 2. Labrus mixtus L. — Labre varié. Labrus caeruleus Asc. (mas), L. carneus Asc. (femina), L. lineatus Bonnat. (mas), L. mixtus L. (mas), L. quadrimaculatus Risso (femina), L. trimaculatus Gin. (femina), L . variegatus Gm. (mas), L. vetula Bl. ( mas ) . 363 — Labre à quatre taches (femelle), L. à trois taches (femelle), L. bleu (mâle), L. mêlé (mâle), L. rayé (mâle), L. varié (mâle). Vieille, Vieille rayée (mâle), Violon, Vra, Vracq, Vras. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XIII, in-4°, p. 31 et 42; in-8°, p. 43 et 58 ; et pl. CCCLXIX (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 260 et pl. XCII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 81 et 96; — Manuel , p. 342 et 349. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 256 et pl. LXXII. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 4 et 10; atlas, pl. II, fig. 1 et 2. Le Labre varié habite la mer, au voisinage des côtes et dans les endroits rocheux garnis d’algues. Il vit à des pro¬ fondeurs plus ou moins faibles, plus petites pendant la sai¬ son chaude que pendant la saison froide. Il se nourrit d'animaux très-variés, principalement de crustacés. Cette espèce fraie au printemps et en été. Les œufs sont pondus parmi les algues. Littoral de la Normandie. — R. en toute saison. 2e Genre. CRENILABRUS — CRÉNILABRE. I. Crenilabrus melops (L.) — Crénilabre mélope. Crenilabrus Couchi C. et V., C. Donovani C. et V., C. melops Cuv., C. nonvegicus C. et V. Labrus cornubicus Gm., L . melops L., L. norwegicus B. et S. Lu tj anus melops Risso, L . norwegicus Bl. — 364 Crénilabre de Coucli, C. de Donovan, C. norwégien. Labre mélope, L. norwégien. Lutjan mélope, L. norwégien. Sanaize, Vieillotte, Vra. Vracq, Vras. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XIII, in-4°, p. 121, 128, 129 et 130; in-8°, p. 167, 176, 178 et 180. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 265 et pl. XCIV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 103 et 111; — Manuel , p. 351 et 355. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 260 et pl. LXXIII. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 4 et 18; atlas, pl. II, fig. 3. Le Crénilabre mélope habite la mer, dans le voisinage des côtes et à de plus ou moins faibles profondeurs. Il vit dans les endroits rocheux garnis d’algues et dans les en¬ droits sablonneux. C’est une espèce sociable. Sa nourriture se compose de crustacés, de mollusques et autres animaux. Elle fraie au printemps et en été. Littoral de la Normandie. — T.-C. sur les côtes de la Manche; A. R. sur les côtes du Calvados et de la Seine- Inférieure. Le Crénilabre mélope se trouve en toute sai¬ son sur le littoral normand. 2. Grenilabrus Bailloni C. et V. — Crénilabre de Bâillon. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XIII, in-4°, p. 138 ; in-8°, p. 191 ; et pl. CCCLXXIII (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 267 et pl. XCV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. III, p. 103 et 119; — Manuel, p. 351 et 359. 365 — Le Crénilabre de Bâillon a vraisemblablement des mœurs analogues à celles de la précédente espèce : Crénilabre mé- lope [Crenilabrus melops (L.)j. Seine-Inférieure : « Un seul exemplaire recueilli à La Hève (commune de Sainte-Adresse) ». [G. Lennier. — L' Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 155J. 3e Genre. CTENOLABRUS - CTÉNOLABRE. 1 . Ctenolabrus rupestris ( L.) — Cténolabre de roche . Crenilabrus rupestris Cuv. Ctenolabrus rupestris C. et V., C. suillus Malm. Labrus rupestris L., L. suillus L. Lutjanus rupestris Bl. Labre des roches. Vra, Vracq, Vras. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XIII, in-4°, p. 162; in-8°, p. 223. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 273 et pi. XCVIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 133 et 134, et fig. 158; — Manuel , p. 366. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 264 et pl. LXXIV. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 4 et 16; atlas, pl. I, fig. 2. Le Cténolabre de roche habite la mer, au voisinage des côtes et dans les endroits rocheux garnis d'algues. II se tient à des profondeurs plus ou moins faibles, plus petites pendant la saison chaude que pendant la saison froide. Ce — 366 poisson ne monte à la surface que lorsqu'il voit une proie, et, dès qu'il l’a saisie, il retourne vers le fond. Sa nour¬ riture se compose de crustacés, de mollusques, de vers, etc. Cette espèce fraie au printemps et en été. Les œufs sont pondus parmi les algues. Littoral de la Normandie. — A. R. en toute saison. > 14e Famille. G AS TE ROSI 'E1DAE — GASTÉROSTÉIDÉS. 1er Genre. GASTEROSTEUS — ÉPINOCHE. 1. Gasterosteus aculeatus L. — Épinoche aiguil¬ lonnée. Note. — La grande variabilité de l’Épinoche aiguillonnée a fait créer une série de noms pour ses formes principales, simples variétés aux yeux de la plupart des ichthyologistes, mais que certains regardent comme de bonnes espèces. Ainsi, pour en montrer un exemple, voici les huit formes de l’Épinoche aiguil¬ lonnée dont Émile Blanchard donne la description dans son ouvrage sur Les Poissons des eaux douces de la France (op. cit.) , formes qu’il considère comme de véritables espèces : Épi¬ noche aiguillonnée ( Gasterosteus aculeatus L.), É. neustrienne (G. neustrianus Blanch.), É. demi-cuirassée (G. semiloricatus C. et V.), É. demi-armée (G. semiarmatus C. et V.), É. à queue lisse (G. leiurus C. et V.), É. de Bâillon (G. Eailloni Blanch.), É. argentée (G. argentatissimus Blanch.) et É. élégante (G. ele- gans Blanch.). En suivant cet exemple, on voit ce qu’il advien¬ drait si un fanatique créateur d’espèces était chargé de catalo¬ guer des exemplaires d’Épinoches aiguillonnées provenant de tous les points de l’habitat de ce poisson. Je crois inutile de tenir compte des multiples variétés de cette espèce, dont un petit nombre se trouve en Normandie, et les léunis toutes sous le même nom spécifique ci-dessus, comme je le fais pour 1 Épinoche épinochette ( Gasterosteus pungitius L.). (Voir la note de la p. 37 2), — 367 — Ce qui importe, à mon sens, ce n’est pas d’encombrer la science d’une multitude de noms sans profit appréciable, mais de faire connaître minutieusement les limites de la variation de chaque espèce polymorphe et — ce qui offre un extrême intérêt — les causes qui produisent ces variations. Gastérostée épinoche. Arselet, Darselet, Digard, Épignoc, Épinarde, Épinocle. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. IV, in-4°, p. 352 ; in-8°, p. 481 ; et pl. XCVIII (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit., p. 214, fig. 24 (p. 192) et 26—37 . H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 62, pl. V, la fig. à gauche, et pl. VI, la fig. en haut. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 163; — Ma¬ nuel , p. 381. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 237 et 238, et pl. LXVIII, fig. 1, 2, 2 a et 3. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 361 ; tiré à part, p. 6. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 644, 645, 646, 647 et 659, fig. 156- 157 (p. 636) et 158—163; atlas, pl. XXVIII, fig. 1 et 2. t L’Epinoche aiguillonnée habite les eaux douces courantes et stagnantes : ruisseaux, rivières, fleuves, canaux, mares, étangs, lacs, etc. On la trouve aussi dans les eaux sau¬ mâtres et dans la zone littorale. Elle aime surtout les eaux claires et courantes. Cette espèce vit généralement en bandes, petites ou grandes et parfois considérables ; on voit peu d’individus solitaires. Le naturel de ces poissons minuscules est irascible, et ils ne craignent pas d’attaquer des poissons qui les dépassent de beaucoup en taille; assez fréquemment ils se battent entre eux. L’Épinoche aiguil¬ lonnée a des mouvements d’une fort grande vivacité. Elle — 368 — est très-vorace. Sa nourriture se compose de vers, de crus¬ tacés, d’insectes et de larves, de mollusques, d’œufs et de très-jeunes poissons, etc. Elle fraie au printemps et en été. Une femelle bien développée pond annuellement de cent dix à cent cinquante œufs. La nidification de cette espèce est un fait éthologique d’un grand intérêt, qui, bien que fort connu, mérite cependant une description détaillée dans cet ouvrage. Le nid est entièrement construit par le mâle. Voici, à ce sujet, ce que dit Émile Blanchard dans son remarquable ouvrage sur Les Poissons des eaux douces de la France (op. cit., p. 192) : « L’Épinoche mâle, après s’être arrêté à un endroit déterminé, fouille avec son mu¬ seau la vase qui se trouve au fond de l’eau ; il finit par s’y enfoncer tout entier. S’agitant avec violence, tournant avec rapidité sur lui-même, il forme bientôt une cavité qui se trouve circonscrite par les parties terreuses rejetées sur les bords. Ce premier travail exécuté, le poisson s’éloigne sans paraître toujours suivre une direction bien arrêtée ; il regarde de divers côtés, il est évidemment en quête de quel¬ que chose. Un peu de patience encore, et vous le verrez saisir avec ses dents un brin d’herbe ou un filament de racine. Alors, tenant ce fragment dans sa bouche, il retourne directement et sans hésitation au petit fossé qu’il a creusé. Il y place le brin, le fixe à l’aide de son museau, en apportant au besoin des grains de sable pour le maintenir, et en frottant son ventre sur le fond. Dès qu’il est assuré que le fragile filament ne pourra être entraîné par le courant, il va en chercher un nouveau pour l’apporter et l’ajuster comme il a fait du premier. Le même manège devra être recom¬ mencé bien des fois avant que le fond du fossé ne soit garni d’une couche suffisante de brindilles. Le moment arrive cependant où le tapis est devenu épais; toutes les parties sont bien enchevêtrées et parfaitement adhérentes les unes aux autres, car l’Épinoche, par le frottement de son corps, les a agglutinées avec le mucus qui suinte des orifices percés le long de ses flancs. ; 369 — « Ce qui ravit l’observateur attentif à suivre ce travail, c’est de voir l’intelligence qui paraît présider aux moindres détails de l’opération. En plaçant ses matériaux, le poisson semble d’abord chercher simplement à les entasser ; mais, une fois le premier lit établi, il les dispose avec plus de soin, se préoccupant de leur donner la direction qui sera celle de 1 ouverture à la sortie du nid. Si l’ouvrage n’est pas parfait, l’habile constructeur arrache les pièces défectueuses, les façonne, et recommence jusqu’à ce qu’il ait réussi au gré de son désir. Parmi les matériaux appor¬ tés, s’en trouve-t-il que leur dimension ou leur forme ne permet pas d’employer convenablement, il les rejette et les abandonne après les avoir essayés. Ce n'est pas tout encore: comme s’il voulait s'assurer que la base de l’édifice est bien consolidée, il agite avec force ses nageoires de façon à produire des courants énergiques, capables de montrer que rien ne sera entraîné. « L’industrieux Épinoche, dans l’accomplissement de son labeur, déploie une activité infatigable. Il veille à ce que nul n’approche, et s’élance avec ardeur sur les poissons ou les insectes qui osent se montrer dans son voisinage. « Les fondations du nid seules sont établies ; pour com¬ pléter l’édifice, notre architecte doit travailler beaucoup encore, mais sa persistance ne faiblit pas un seul instant. Il continue à se procurer des matériaux, et bientôt les côtés du fossé, dont le fond est tapissé, se garnissent de brindilles qui sont pressées et tassées les unes contre les autres. L’Épi- noche les englue toujours avec le même soin. Il s’introduit entre celles qui s’élèvent des deux côtés, de façon à mé¬ nager une cavité assez vaste pour que le corps de la femelle y passe sans difficulté. Il s’agit enfin de construire la toiture; de nouvelles pièces sont encore apportées, et, pour former la voûte, elles prennent place sur les murailles déjà établies et s’enchevêtrent par leurs extrémités. Le pois¬ son poursuit toujours son travail de la même manière ; il fixe et contourne les brindilles avec son museau, il lisse les n — 370 parois de l’édifice en les imprégnant de mucosité par les frottements répétés de son corps. La cavité est particulière¬ ment l’objet de ses soins ; il s’y retourne à maintes reprises, jusqu’à ce que les parois du tube soient devenues bien unies. Parfois, le nid demeure fermé à l'une de ses extré¬ mités; le plus souvent, au contraire, il est ouvert aux deux bouts, seulement, l’ouverture opposée à celle par laquelle l’animal est entré si fréquemment, pour accomplir son tra¬ vail, reste très-petite. La première est surtout construite avec un soin extrême ; pas un brin ne dépasse l’autre, le bord est englué, poli avec les plus minutieuses précautions pour rendre le passage facile. « . « Les nids d’Épinoches se trouvent en grande partie en¬ fouis dans la vase, et, quand on les aperçoit à plate-terre, au fond d’un ruisseau clair, où il y en a parfois des quan¬ tités énormes, ils apparaissent comme autant de petits mon¬ ticules dont la dimension est d’une dizaine de centi¬ mètres ». Lorsque le nid est prêt à recevoir les œufs, le mâle, dit Émile Blanchard (op. cit . , p. 198), « est dans tout l’éclat de sa parure de noces; ses couleurs ont une vivacité surprenante, son dos est diapré des plus jolies nuances. Ainsi paré, il s’élance au milieu d’un groupe de femelles, s’attache à celle qui semble être la mieux en situa¬ tion de pondre, tournant, s’agitant auprès d’elle, paraissant l’engager à le suivre. Celle-ci s’empresse à son tour; on sup¬ poserait volontiers de la coquetterie de sa part. Alors, le mâle, comme s’il avait saisi une intention manifestée de le suivre, se précipite vers son nid, en élargit l’ouverture de façon à ce que l'accès en soit rendu plus facile. La femelle, qui ne l’a pas quitté, ne tarde pas à s’enfoncer dans l’inté¬ rieur du tube, où elle disparaît en entier, ne montrant plus au dehors que l’extrémité de sa queue. Elle y demeure deux ou trois minutes, témoignant par ses mouvements saccadés qu’elle fait des efforts pour pondre. Après avoir 371 — déposé quelques œufs, elle s'échappe par l'ouverture oppo¬ sée à celle qui lui a servi d’entrée, pratiquant quelquefois elle-même cette ouverture par un effort violent, si l’extré¬ mité du nid est restée fermée. Alors, pâle, décolorée, elle semble avoir éprouvé une souffrance ou un affaiblissement qui réclame un repos. « Pendant que la femelle occupe l’intérieur du nid, le mâle paraît plus agité, plus animé que jamais ; il remue, il frétille, il touche fréquemment sa femelle avec son museau, et à peine celle-ci est-elle partie, qu’il entre précipitamment à son tour et se met à frotter comme avec délices son ventre sur les œufs. « Mais le nid, objet de tant de soins et de fatigues, n’a pas été construit pour recevoir une seule ponte. Le mâle s’efforce sans relâche d’y attirer successivement d’autres femelles. Il recommence près d’elles les mêmes agaceries, et continue le même manège plusieurs jours de suite; la même femelle est quelquefois ramenée au nid à diverses reprises. Les pontes s’accumulent ainsi dans la petite cons¬ truction, formant une quantité plus ou moins considérable de tas, qui, réunis, deviennent une masse considérable. Ces habitudes de polygamie de l’Épinoche mâle suffiraient à montrer que, parmi ces poissons, les femelles sont beau¬ coup plus abondantes que les mâles, si l’inspection d’un grand nombre d’individus*; pris dans une foule de localités, n’avait fait constater à cet égard une disproportion très- marquée. « Lorsque les nids sont remplis d’œufs, lorsque les pontes sont achevées, la mission du mâle n’est pas arrivée à son terme. Ce mâle va avoir pour premier soin de fermer l’ou¬ verture du nid qui a été le passage de sortie pour les femelles ; ensuite, il veillera sur le berceau de sa postérité, avec une persévérance et une sollicitude dont les oiseaux n’offrent pas d’exemple plus parfait. Ne voulant rien laisser approcher de son nid, il donne la chasse et poursuit avec fureur les insectes et les poissons attirés par la présence de ces magasins d’œufs, si séduisants pour les voraces ha¬ bitants des eaux. S’il a affaire à des ennemis trop nom¬ breux ou trop puissants, il doit naturellement succomber malgré sa vaillance; mais en pareille circonstance, avec le sentiment de sa faiblesse relative, il sait avoir recours à la ruse. 11 s’éloigne de son nid, il fuit pour détourner l’atten¬ tion de l’ennemi, sans toujours y parvenir. Les œufs sont quelquefois mangés, l’édifice bouleversé, et tout est à recommencer pour l’Épinoche, qui ne se décourage pas si la saison est peu avancée. « Pendant dix à douze jours, s’écoulant entre le moment de la ponte et celui de l’éclosion des jeunes, on voit fré¬ quemment ce mâle venir, le museau placé vers l’entrée de son nid, agiter ses nageoires avec force, pour déterminer des courants sur les œufs. C’est le moyen de les bien laver et d’empêcher qu’aucune végétation ne puisse se déve¬ lopper à la surface ». Il faut ajouter : et de les bien aérer. Dans certaines circonstances, lorsque, par exemple, le mâle a trouvé une cavité convenable parmi des plantes, il s’en em¬ pare et se contente de la préparer pour recevoir les œufs. Toute la Normandie. — T.-C. 2. Gasterosteus pungitius L. — Épinoche épino- chette . Note. — L’Épinoche épinochette, de même que l’espèce précé¬ dente : Épinoche aiguillonnée ( Gasterosteus aculeatus L.), est une espèce polymorphe qui a donné lieu à la création d’une série de noms, formes qui ne sont, pour la plupart des ichthyologistes, que de simples variétés, tandis que certains les regardent comme de véritables espèces. Pour en citer un exemple, Émile Blan¬ chard, dans son ouvrage sur Les Poissons des eaux douces de la L rance (op. cit.), donne la description des cinq formes sui¬ vantes, qui! considère comme étant de réelles formes spécifiques : Épinochette piquante ( Gasterosteus pungitius L.), É. bourgui¬ gnonne (G. burgundianus Blancli.), É. lisse (G. laevis Cuv.), - 373 — É. lorraine (G. lotliaringus Blanch.) et É. à tête courte (G. bre- viceps Blanch.). Je crois inutile de tenir compte de ces variétés, dont au moins deux se trouvent en Normandie, et les réunis toutes sous le même nom spécifique ci-dessus, ainsi que je le fais pour TÉpinoche aiguillonnée. (Voir la note de la p. 366). Gastérostée épinoehette. Arselet, Darselet, Digard, Épignoc, Épinarde, Épinocle. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. IV, in-4°, p. 370; in-8°, p. 506. Emile Blanchard. — Op. cit., p. 238, fig. 25 (p. 197) et 38—43. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 66, pl. V, la fig. à droite, et pl. VI, la fig. en bas. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 169; — Ma¬ nuel , p. 382. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 237 et 244, et pl. LXVIII, fig. 4 (anomalie). Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 361 ; tiré à part, p. 6. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 646 et 658; atlas, pl. XXVIII, fig. 3 et 4. L’Épinoche épinoehette habite les eaux douces courantes et stagnantes : ruisseaux, rivières, fleuves, sources, canaux, mares, étangs, lacs, etc. On la trouve aussi dans les eaux sau¬ mâtres et dans la zone littorale. Elle préfère les eaux lim¬ pides et courantes. Cette espèce vit généralement en bandes, petites ou grandes. Son naturel est irascible. Elle a des mouvements d’une grande rapidité. Ce poisson minus¬ cule est très-vorace. Sa nourriture se compose de vers, de crustacés, d’insectes et de larves, de mollusques, d’œufs et de très-jeunes poissons, de fragments d'herbes. L’Épinoche épinoehette fraie au printemps et en été. Sa nidification est — 374 tout aussi remarquable que celle de la précédente espèce: * Epinoche aiguillonnée (Gasterosteus aculeatus L.). Comme chez cette dernière, c’est le mâle seul qui construit le nid. Il l’établit, dit Émile Blanchard (op. cit. , p. 195), « à une certaine hauteur du sol, parmi les plantes qui croissent dans les eaux, entre les tiges ou contre les feuilles. Il fait choix des matériaux les plus délicats ; ce sont surtout des conferves, des brins d’herbes très-déliés. Il en apporte jus¬ qu’à ce qu’il y en ait un paquet suffisant pour construire le petit édifice, en prenant des soins incessants pour leur faire contracter adhérence avec les végétaux sur lesquels ils sont appuyés, et les empêcher d’être entraînés par le courant. Il emploie, dans ce but, le même moyen que l’Épinoche : il englue de mucus toutes les parties, à l’aide de frottements de son corps. Lorsque la masse des brins d’herbes et des conferves est devenue assez considérable, il s’efforce de pénétrer dans le milieu en poussant avec son museau. Dès qu’il a réussi à s’enfoncer un peu dans cette masse, il se retourne à diverses reprises, et avance de mieux en mieux en faisant agir ses nombreuses épines dorsales qui contournent et enchevêtrent tous les brins les uns avec les autres. Par¬ venu au bout, il sort par l’extrémité opposée à celle par laquelle il a pénétré. A ce moment, le nid a pris sa forme définitive. On a comparé assez heureusement ce nid à un petit manchon. Le poisson a encore peut-être quelques pré¬ cautions à prendre pour que le petit édifice soit achevé, les parois du tube bien lissées, l’orifice d’entrée bien uni. Tout cela s’exécutera à l’aide des procédés que nous avons vu employés par l’Épinoche. (Se reporter à la page 368). « Le nid de l'Épinochette est encore plus gracieux que celui de l’Épinoche. D’abord, il est suspendu aux feuilles et aux tiges comme le nid des petits oiseaux; ensuite, n’ayant point de contact avec la terre, avec la vase, il conserve ordinairement une jolie teinte verte. « On ne découvre pas aussi facilement les nids des Épi- nochettes que ceux des Épinoches ; cachés entre les herbes, — 375 — entre les roseaux, ils demeurent dérobés aux regards les plus attentifs. Une recherche spéciale devient nécessaire pour les apercevoir ». Quand le nid est prêt à recevoir les œufs, l’Épinoche épinochette male se livre aux mêmes actes sexuels que le mâle de UÉpinoche aiguillonnée. (Voir, à cet égard, la page 370). Le mâle ne construit pas toujours un nid; les œufs sont alors déposés parmi les plantes. Toute la Normandie. — T.-C. 2e' Genre. SPINACHIA — GASTRÉE. 1. Spinachia vulgaris Flem. — Gastrée vulgaire. Gaslerosteus spinachia L. Gastraea spinachia Sauv. Polyacanthus spinachia Sws. Spinachia Linnei Malm. Épinoche de mer. Gastérostée spinachie. Gastrée commune, G. ordinaire. Spinachie commune, S. ordinaire, S. vulgaire. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. IV, in-4°, p. 373 ; in-8°, p. 509. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 68 et pl. XXVIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 171 et fig. 164 ; — Manuel, p. 383. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 246, et pl. LXVIII, fig. 5. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 638; atlas, pl. XXVIII, fig. 5. 376 / La Gastrée vulgaire ou Epinoche de mer habite le voisi¬ nage immédiat du littoral, y compris la zone du balance¬ ment des marées, et va parfois dans les eaux saumâtres. Elle aime les endroits sablonneux parsemés de pierres cou¬ vertes de fucacées, et les prairies de zostères ; mais elle vit aussi dans les endroits rocheux garnis d’algues. Elle mène une existence plus ou moins solitaire parmi les plantes. Son naturel n’est pas très-actif, mais elle a des mou¬ vements très-rapides. Cette espèce est résistante à la mort et vorace. Sa nourriture se compose principalement de crustacés et de vers ; elle mange aussi des œufs et des jeunes poissons, etc. La saison du frai, pendant laquelle les Castrées vulgaires vivent par couples, est le printemps et l’été. Le male construit, dans un endroit abrité, un nid qui est placé sous une touffe d’algues ou protégé par une pierre, ou qui repose sur le fond de l’eau. Les matériaux de construction sont des fragments de plantes, que le mâle enduit d’une substance glutineuse sécrétée par lui. Des filaments très-ténus de cette substance, qui se durcit dans l’eau, servent aussi à maintenir ensemble les parois du nid. Les œufs, très-bien dissimulés parmi ces matériaux, sont disposés en grappes comme du raisin et reliés les uns aux autres en une masse compacte, au moyen de filaments très- lins constituant un réseau qui luit au soleil comme une toile d’araignée ou des fils de soie très-ténus. Le mâle et la femelle veillent attentivement sur le nid et sur leurs petits, en les défendant au besoin avec courage. Quand le nid a été construit dans la zone du balancement des marées, ils sont obligés de le quitter au cours du reflux; mais l’humidité qu’il conserve est suffisante pour les œufs et les jeunes jusqu’au retour du prochain flux. Littoral de la Normandie. — A. C. en toute saison. — 377 — 15e Famille. MUGILIDAE — MUGILIDÉS. 1er Genre. MUGIL — MUGE. 1. Mugil auratus Risso — Muge doré. Mulet. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XI, in-4°, p. 31; in-8°, p. 43; et pl. CCCVIII (les deux fig. en bas) (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 196 et pl. LXXIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 182 et 185, et fig. 167; — Manuel , p. 387 et 388. F.-A. Smitt. — Op. cit., lie part., p. 333, 337 et 340, et fig. 89. Le Muge doré a très-probablement des mœurs semblables à celles du Muge à grosses lèvres ( Mugil chelo Ouv.), es¬ pèce dont il est question dans les pages suivantes. Littoral cle la Normandie. — Probablement plus ou moins commun et s’y trouvant en toute saison. Dans son Histoire naturelle des Poissons de la France (op. cit., t. III, p. 188) et son Manuel d' Iclithyologie française (op. cit., p. 389), Émile Moreau dit seulement, concernant la présence du Muge doré sur les côtes nor¬ mandes : « très-rare, Dieppe ». Je suis, pour les raisons suivantes, d’un avis contraire : M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Fa¬ culté des Sciences de Caen, m’a informé que le Mugil au¬ ratus Risso avait été pêché dans la baie de l’Orne (Calva¬ dos) ; et un exemplaire de ce Muge provenant de cette localité, spécimen déterminé par lui et dont nous avons revu ensemble la détermination, est conservé dans Falcool et fait 24* — 378 — partie des collections du Laboratoire maritime de Luc-su r- Mer ( Calvados ). De plus, un Muge pris dans la baie de l’Orne et acheté sans aucun examen au marché de Caen, le 2o juin 1897, parmi d’autres exemplaires dont au moins plusieurs appar¬ tenaient, vraisemblablement à la même espèce, fut déter¬ miné à l’état frais, par M. René Chevrel et moi, comme étant un Muge doré. Pour rendre plus certaine notre déter¬ mination, j’ai envoyé, dans l’alcool, cet exemplaire à l’émi¬ nent ichthyologiste, M. le professeur F. -A. Smitt, du Muséum roval d’Histoire naturelle de Stockholm, qui a eu l'obli- geance d'examiner le spécimen en question — ce dont je le remercie grandement — et a confirmé notre détermination. En définitive, je pense que le Muge doré, qui a beaucoup de ressemblance avec l’espèce suivante : Muge capiton {Mu¬ git capito Cuv.), et que, par cela même, on peut facile¬ ment confondre avec elle, est, probablement, plus ou moins commun sur le littoral de la Normandie et s'y trouve en toute saison. J’appelle l’attention des zoologues sur cette question faunique. 2. Mugil capito Cuv. — Muge capiton. Mugit ramada Risso. Muge ram ad e. Mulet. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. NI, in-4°, p. 2G ; in-8°, p. 36; et pi. CCCVIII (les 2 fig. en haut) (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit., p. 248 et fig. 44. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 193 et pi. LXXII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, P- 182 et 188; — Manuel , p. 387 et 389. - 379 — Francis Day. — Op. cit. , t. I, p. 230 et pl. LXVI. F. -A. Smitt. — Op. cit., lrc part., p. 333 et 339, et fig. 90. Le Muge capiton habite la mer, dans le voisinage des côtes, et fréquente les embouchures des fleuves et des grandes rivières, ainsi que les ports. Pendant la saison chaude, il remonte souvent les fleuves, les rivières et les canaux jus¬ qu’à des distances plus ou moins grandes de leur embou¬ chure. On le trouve aussi dans des lacs et des étangs d’eau douce; c’est dire qu'il vit fort bien dans cette eau. Il se tient en bandes; il a un naturel très-actif, des mouvements rapides et une agilité fort grande. Sa nourriture se com¬ pose de crustacés, de mollusques, de vers, de larves d’in¬ sectes, d’œufs de poissons, de zostères, d’algues, etc. ; il aime surtout les aliments qui sont mous, graisseux ou hui¬ leux, et mange très -volontiers des substances en décompo¬ sition. Une femelle bien développée pond annuellement plu¬ sieurs millions d'œufs. Littoral de la Normandie. — C. en toute saison. Le Muge capiton « remonte la Seine jusqu’aux environs de Rouen, habituellement en avril, ou même en mars lors¬ que la température est douce, et il regagne la mer à l'arri¬ vée des premiers froids, vers la fin du mois d’octobre ». [Henri Gadeau de Kerville. — Aperçu de la faune ac¬ tuelle de la Seine et de son embouchure , depuis Rouen jusqu'au Havre (op. cit. ), p. 194]. 3. Mugil chelo Cuv. -- Muge à grosses lèvres. Mugit Icibrosus Risso, M. septentrional is Gthr. Muge chélon. Mulet. — 380 — Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XI, in-4°, p. 36; in-8°, p. 50; et pi. CCCIX (les 2 fig. en haut) (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 197. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. III, p. 182 et 195; — Manuel , p. 387 et 392. Francis Day. — Op. cit., t. 1, p. 232 et pl. LXVII. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe ( op. cit.), p. 362; tiré à part, p. 7. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 333, 334 et 340; atlas, pl. XV, fig. 11. Le Muge à grosses lèvres habite la mer, dans le voisinage du littoral, se plaisant surtout dans les parties vaseuses des baies et dans les prairies de zostères, et fréquentant les ports, ainsi que les embouchures des fleuves et des grandes rivières et les canaux, où souvent, pendant la saison chaude, il remonte aussi loin que la marée se fait sentir. Il peut vivre fort bien dans les eaux douces. Le Muge à grosses lèvres se tient en bandes. Son naturel est très-actif et ses mouvements sont rapides. Il est doué d’une très-grande agi¬ lité. Sa nourriture se compose de crustacés, de mollusques, de vers, d’œufs de poissons, de zostères, d’algues, etc.; il est surtout avide d’aliments qui sont mous, graisseux ou huileux, et mange très-volontiers des substances en décom¬ position. Littoral de la Normandie. — C. en toute saison. 16° Famille. ATHERINIDAE — ATHÉRINIDES. 1er Genre. ATHERINA — ATHÉRINE. I. Atherina presbyter Jen. — Athérine prêtre. Capelan, Éperlan, Éplan, Faux éperlan, Gras d’eau, Prêtre, Rozeret, Rozette. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. X, in-4°, p. 325; in-8°, p. 439; et pl. CCCIV — CCCV (pl. unique), fig. 2, (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. Il, p. 202 et pl. LXXIV. Emile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 202 et 207 ; Supplément , p. 57 ; — Manuel , p. 395 et 397. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 225, et pl. LXV, fig. 1. L’Athérine prêtre habite le voisinage des côtes, fréquen¬ tant les baies, les eaux saumâtres des embouchures des tleuves et des grandes rivières, les ports, les marais sa¬ lants, et se retirant, pendant la saison froide, dans des eaux de moins faible profondeur. Elle vit en bandes et fraie au printemps et en été. Littoral de la Normandie. — C. en toute saison. 17e Famille. AMMODYTIDAE — AMMODYTIDÉS. 1er Genre. AMMODYTES - AMMODYTE. 1 . Ammodytes lanceolatus Lesauv. — Ammodyte lançon. Cigare, Ékil, Lanchon. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 89, et pl. XXXII, fig. 2. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 216 et 217; — Manuel , p. 401. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 329, et pl. XCII, lig. 1, 1 a et 1 b. F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 569 et 570, et fig. 135; atlas, pl. XXIII, fig. 4. 382 — L’Ammodyte lançon a le même genre de vie que l'espèce suivante : Ammodyte équille (Ammodytes tobianus Le- sauv. ), avec laquelle on le trouve souvent. Littoral de la Normandie. — A. C. — L’Ammodyte lançon habite en toute saison ce littoral, mais il y est plus commun pendant la saison chaude. 2. Ammodytes tobianus Lesauv. — Ammodyte équille. Ammodytes lancea Cuv. Équille commune, É. ordinaire, É. vulgaire. Cigare, Ékil, Lan ch on. II. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 90, et pl. XXXII, fig. 1. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 216 et 218, fig. 172, et fig. 12 ( t. I, p. 113); — Manuel , p. 401 et 402. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 331, et pl. XCII, fig. 2, F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 569 et 574, et fig. 137. L’Ammodyte équille habite la mer, sur les fonds sablon¬ neux, a une certaine distance des côtes et à d’assez grandes profondeurs, ainsi que dans le voisinage du littoral et dans la zone du balancement des marées. Pendant la saison froide, il se retire à des profondeurs moins faibles que celles où il vit durant la saison chaude; toutefois, on prend en¬ core souvent ce poisson, en hiver, dans la zone du balance¬ ment des marées. Il passe une partie de son existence en¬ terré complètement dans le sable, où il s’enfonce avec une étonnante rapidité. L’Ammodyte équille est très-vorace. Il sort de sa cachette pour se mettre en quête de sa nourriture, qui se compose d'animaux variés, principalement de jeunes — 383 — poissons et de vers. Les œufs, très-nombreux, sont pondus dans le sable mou. On trouve souvent cette espèce en com¬ pagnie de la précédente : Ammodyte lançon ( Ammodytes lanceolatus Lesauv. ) . Littoral de la Normandie. — T.-C. — L’Ammodyte équille habite en toute saison ce littoral, mais il y est plus abondant pendant la saison chaude. 18e Famille. GADIDAE — GADIDÉS. 1er Genre. G AD US — GADE. 1. Gadus luscus L. — Gade tacaud. Gadulus luscus Malm. Morhua lusca Flem. Gode, Poule de mer. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 61 et pl. XIX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 231 et 233; — Manuel , p. 409 et 410. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 275 et 286, et pl. LXXX. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 466, 467, 493 et 498; atlas, pl. XXII a, fig. 2. Le Gade tacaud habite la mer, dans les endroits rocheux et dans les endroits sablonneux, à. des profondeurs plus ou moins petites, et il descend un peu pendant la période des froids. Très-souvent on le trouve, durant la saison chaude, dans les eaux saumâtres des embouchures des fleuves et des grandes rivières. C’est une espèce plus ou moins sédentaire. Elle est sociable et très-vorace. Sa nour¬ riture se compose de poissons et de leurs œufs, de crusta- — 384 — cés, de mollusques, de vers, etc. Elle fraie en hiver et au printemps. Littoral de la Normandie. — T.-C. pendant la saison chaude. Le Gade tacaud se trouve en toute saison sur les côtes normandes. 2. Gadus callarias L. — Gade morue. Gadus macrocephalus Til., G. morhua L., G. ruber Lacép. Morhua callarias Cuv., M. vulgaris Flem. Gade callarias. Morue franche. Mourue. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 54 et pl. XIV et XV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 231 et 235, fig. 20 (t. I, p. 166), fig. 83 (t. II, p. 3) et fig. 84 (t. II, p. 15) ; — Manuel , p. 409 et 411. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 275, fig. 3 ( p. xv) et pl. LXXVIII. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 465, 467 et 472, et fig. 117 ( p. 462); atlas, pl. XXII, fig. 2 et 3, et pl. XXIII, fig. 1. Le Gade morue ou Morue franche habite la mer, dans des eaux d une assez grande profondeur, montant dans des eaux moins profondes pendant la période de la reproduc¬ tion. Les jeunes se tiennent à des distances plus ou moins faibles de la surface, ainsi qu’à la surface même, et vivent aussi dans des eaux saumâtres ; plus ils grossissent, plus ils descendent dans l’eau. Cette espèce est très-sociable. Son - 385 — naturel est indolent. Le Gade morue est très- vorace. Sa nourriture, qu’il cherche habituellement près du fond, se compose principalement de poissons et de leurs œufs; de crustacés, de mollusques et de vers. La période de la repro¬ duction est comprise entre le commencement de l’automne et la fin du printemps. Les poissons se tiennent alors en bandes nombreuses et serrées; les vieux mâles et les vieilles femelles frayant généralement avant les jeunes. Les mâles sont aptes à se reproduire dans leur troisième année et les femelles dans leur quatrième. Les œufs sont pondus libres, fécondés, puis montent jusqu’à la surface, où ils flottent. Une femelle bien développée produit annuellement plusieurs millions d’œufs, qui n’arrivent pas tous ensemble à maturité ; elle met plusieurs semaines à les pondre. L’éclosion a lieu au bout de treize à cinquante jours environ, selon la tempéra¬ ture de l’eau. Pendant une partie de leur jeunesse, les Gades morues se protègent en accompagnant les Discomécluses ou en se mettant à l’abri sous des algues ou autres objets flot¬ tants. Afin de donner une idée de l'abondance de ce pois¬ son, disons que, dans le nord de l’Atlantique, il est pêché annuellement au moins de trois à quatre cents millions d’adultes environ. Littoral de la Normandie . — C. pendant la saison chaude. Le Gade morue existe en toute saison sur les côtes normandes, mais ce sont principalement des jeunes qui s’y trouvent. 3. Gadus aeglefinus L. — Gade églefin. Aeg le/inus Linnei Malm. Melanogrammus aeglefinus GUI. Merlangus aeglefinus Bp. Morhua aeglefinus Flem. Mourue. 25 — 386 H. Gervais et H. Boulart. — Op. cit. , t. III, p. 58 et pl. XVI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 231 et 237; — Manuel , p. 409 et 412. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 275 et 283, et pl. LXXIX. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 465 et 466; atlas, pl. XXII, fig. 1, et pl. XXIII, fig. 2. s Le Gade églefin habite la mer, au voisinage des côtes, dans des eaux d’une certaine profondeur; les adultes, ni même les jeunes, ne s’approchent tout près du rivage. Ce poisson recherche les fonds vaseux et sablonneux. Pres¬ que continuellement il voyage; les adultes en plus ou moins petites compagnies, et les jeunes en grandes bandes. Fré¬ quemment, il ne vient pas ou ne se rend qu’en petit nombre, pendant plusieurs années, dans tels et tels endroits où pré¬ cédemment il était commun, et où il reviendra en plus ou moins grande abondance. Le Gade églefin est très- vorace. Sa nourriture, qu'il cherche habituellement près du fond, se compose de poissons et de leurs œufs, de crustacés, de mollusques, de vers, d'échinodermes, etc. Il fraie entre le commencement de l’hiver et la fin du printemps. Les œufs sont flottants. Une femelle bien développée pond annuelle¬ ment de plusieurs centaines de mille œufs jusqu’à deux millions et même davantage. Pendant une partie de leur jeunesse, ces poissons, pour se protéger, accompagnent les Discoméduses. Littoral de la Normandie. — P. C. pendant la saison chaude. Le Gade églefin se trouve en toute saison sur les côtes normandes. — 387 — OBSERVATION. Gadus minutus L. — Gade capelan. A.-E. Malard indique celte espèce, sans aucun détail géo- némique, dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Samt-Vaast ( op. cit., p. 88). ,Je ne puis, d’après ce vague renseignement, le seul que je connaisse, inscrire le Gade capelan comme faisant partie de la faune du département de la Manche, et, par suite, de la faune normande. 2e Genre. MERLANGUS - MERLAN. 1. Merlangus vulgaris Flem. — Merlan vulgaire. Gadus merlangus L. Merlan gus Linnei Malm. Gade merlan. Merlan commun, M. ordinaire. Mélan, Mêlan. H. Gervais et R. Boülart. — Op. cit., t. III, p. 59 et pl. XVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 239; — Ma¬ nuel , p. 413. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 275 et 290, et pl. LXXXII. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 466, 467, 486 et 487; atlas, pl. XXIV, fig. 1. — 388 — Le Merlan vulgaire habite la mer. Il vit, pendant la saison chaude, dans des eaux d’une profondeur plus ou moins faible, et se retire, pendant la saison froide, dans des eaux plus profondes. Il recherche les fonds sablonneux et n’est pris que par exception dans les endroits rocheux, sauf dans ceux qui contiennent de petites parties sablonneuses. Très-souvent il entre dans les eaux saumâtres des embou¬ chures des fleuves et des grandes rivières. Il est peu voya¬ geur et peu sociable; cependant, on le rencontre parfois en grandes bandes. Ses mouvements sont prompts quand il veut saisir une proie ou lorsqu’il est effrayé; mais, autrement, il nage d’une façon lente. Il est très- vorace. Sa nourriture se compose de poissons et de leurs œufs, de crustacés, de mollusques, de vers, etc. La saison du frai est très- variable; habituellement c'est l’hiver et le printemps. Les œufs sont flottants. Les jeunes, pendant une partie de leur existence, se protègent en accompagnant les Discoméduses. Littoral cle la Normandie . — T.-C. pendant la saison chaude. Cette espèce se trouve en toute saison sur les côtes normandes. Des Merlans vulgaires remontent, mais très-rarement, à l’époque des grandes chaleurs, dans l’eau saumâtre de l’es¬ tuaire de la Seine jusqu’à la hauteur de la pointe de la Rocque [commune de Saint-Sam son-de-la-Rocque (Eure)]. [ Henri Cadeau de Kerville. — Aperçu de la faune ac¬ tuelle de la Seine et de son embouchure , depuis Rouen jusqu'au Havre (op. cit. ) , p. 192]. 2. Merlangus pollachius (L.) — Merlan jaune. Gadus pollachius L. Merlangus pollachius Yarr. Pollachius Linnei Malm, P. typus Bp. — 389 — Gade pollack. Merlan lieu. Colin, Grelin, Lu, Luts, Merluverdin. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit. , t. III, p. 64 et pl. XXI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 239 et 241 ; — Manuel , p. 413 et 414. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 275 et 296, et pl. LXXXIII, fi o’ 2 1 1 —S • ^ • V _ / F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 466, 467, 499 et 504; atlas, pl. XXIV, fig. 3. Le Merlan jaune habite la mer, dans le voisinage des côtes. Il aime les endroits rocheux ; toutefois on le trouve, mais accidentellement, en des points où le fond est sablon¬ neux. Il est sociable. Sa nourriture se compose de poissons et de leurs œufs, surtout des jeunes et des œufs de la Chi¬ pée hareng ou Hareng vulgaire ( Clupea harengus L.); il mange aussi d’autres animaux. La reproduction a lieu pen¬ dant la saison froide. Littoral de la Normandie. — T.-C. pendant la saison chaude. Le Merlan jaune se trouve en toute saison sur les côtes normandes. OBSERVATION. Merlangus virens (L.) — Merlan colin. Il est fort probable que le Merlan colin — appelé aussi Merlan noir et M. vert — se trouve accidellement sur le littoral normand ; toutefois, ne connaissant aucun rensei¬ gnement certain relatif à la venue de cette espèce sur ce — 390 littoral, la prudence, absolument indispensable en matière scientifique, me commande de ne pas indiquer avec certi¬ tude le Merlangus virens (L.) = M. carbonarius (L.) = Gadus virens L. — G . carbonarius L. comme appartenant à la faune de la Normandie. Dans ses Poissons de mer observés à Cherbourg en 1858 et 1859 (op. cit. , p. 133; tiré à part, p. 18), Henri Joüan dit que le Merlan colin est « rare à Cherbourg » ; mais, dans son mémoire ultérieur ayant pour titre : Époques et mode d' apparition des différentes espèces de Poissons sur les côtes des environs de Cherbourg (op. cit., p. 124; tiré à part, p. 7), cet auteur dit que ce poisson « est très- rare dans nos eaux, si même il s’y montre quelquefois? » Dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 88), A.-E. Malard a inscrit cette espèce sans donner, à son égard, un seul renseignement géonémique. Cet auteur m’a écrit que le Merlan colin se trouve sur les côtes nor¬ mandes, mais j’ignore si ce poisson a été pris dans la bande littorale que je rattache, au point de vue faunique, a la Normandie, bande ayant une largeur maximum de douze kilomètres, sauf pour le petit archipel de Chausey, presque totalement situé en dehors de cette bande, mais que la logique oblige à rattacher en entier à cette province. Enfin, le savant directeur de la Station aquicole de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), M. Eugène Canu, m’a écrit que le Merlan colin est pêché en petit nombre au large des côtes normandes, particulièrement dans les mois de mai et de juin. 3e Genre. MERLUC1US — MERLUS. 1. Merlucius vulgaris Elem. — Merlus vulgaire. Gadus merlucius L. — 391 — Meriucius esculentus Risso, M. Linnei Malm, M. sinuaius Sws., M. smiridus Raf. Gade merlus. Merluche commune, M. ordinaire, M. vulgaire. Merlus commun, M. ordinaire. Anon, Hec. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 68 et pl. XXIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 251 ; — Manuel , p. 420. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 300, et pl. LXXXY , fig. 1. F, -A. Smitt. — Op. cit., F'3 part., p. 515; atlas, pl. XXV, fier 1 Le Merlus vulgaire habite la mer, à des profondeurs va¬ riables, et se tient au fond de l’eau, excepté quand il chasse sa proie. C’est un poisson erratique. En certaines années, il est commun dans telles et telles régions, et, dans d’autres, il y est rare, puis de nouveau commun. II ne vit en com¬ pagnie de ses semblables qu’à l’époque de la reproduction, se réunissant alors en bandes plus ou moins grandes. J1 est très-vorace. Sa nourriture se compose principalement de poissons. Littoral de la Normandie. — P.C. durant la saison chaude. Le Merlus vulgaire se trouve pendant toute l’année sur les côtes normandes. 4° Genre LOT A -- LOTE. I . Lota vulgaris Cuv. — Lote vulgaire. E nchelyopus lota B. et S. Gadus lota L. — 392 — Lota lepidion Can., L. Linnei Malm. Molva lota Flem. Gade lot'e Lote commune, I,. de rivière, L. ordinaire. Emile Blanchard. — Op. cit., p. 272 et fig. 51. H. Gervais et R. Boulart. — *Op. cit., t. I, p. 169, fig. 34 (p. 43) et pl. LIV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 255 et 256; — Manuel , p. 422. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 308 et pl. LXXXVII. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 363 ; tiré à part, p. 8. F.-A. Smitt. — Op. cit., lrc part., p. 531 et 532, et fig. 128; atlas, pl. XXVI, fig. 1. La Lote vulgaire habite les eaux douces, de préférence les eaux claires et tranquilles des cours d’eau et des lacs; on la trouve aussi dans des eaux saumâtres. Ce poisson ne vit jamais en bandes ; il se tient habituellement caché au fond de 1 eau, attendant sa proie plutôt qu’il ne la cherche, et ne monte jamais à la surface. La Lote vulgaire a des mouvements très-vits et se meut à la façon des Anguilles. Elle *a une grande résistance vitale et est très-vorace. Sa nourriture se compose de poissons et de leurs œufs, de vers, de larves et d insectes, de mollusques, de crustacés, voire même de substances animales en décomposition. Elle fraie entre le milieu de l’automne et le milieu du printemps. Une femelle bien développée pond annuellement plusieurs centaines de mille œufs. Normandie. — A. R. 2. Lota molva (L.) — Lote molve. Enchelyopus molva B. et S. Gadus molva L., G. raptor Ni Iss. — 393 — Lota molva Jen. Molva Linnei Malm, M. vulgaris Flem. Gade molve. Lote lingue. Molve commune, M. ordinaire, M. vulgaire. H. Gervais et R. Boulart. - Op. cit., t. III, p. 73 et pl. XXV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 255 et 258; — Manuel , p. 422 et 423. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 305 et pl. LXXXVI. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 521, 525, 526 et 531, et fig. 124 — 127 ; atlas, pl. XXVI, fig. 2. La Lote molve habite la mer, à d’assez grandes profon¬ deurs, mais on la trouve aussi dans des eaux plus ou moins faiblement profondes. Elle aime les endroits rocheux et se tient souvent cachée au fond de l’eau. Cette Lote est très- résistante à la mort et très-vorace. Sa nourriture se com¬ pose principalement de poissons; elle mange^ aussi des crustacés, des mollusques, des échinodermes, des vers. Elle fraie au printemps et pendant la première moitié de l’été. Les œufs sont flottants. Une femelle bien développée pond annuellement plusieurs millions d’œufs. Littoral de la Normandie. — P. C. — La Lote molve se trouve en toute saison sur les côtes normandes. oe Genre. PHYCIS - PHYCIS. 1. Phycis blennoides (Brünn.) — Phycis blen- noïde. Batrachoides Gmelini Risso. Blennius gadoüles Lacép. Gadus albidus Gm., G . blennoides Brünn. 25* Phycis blennoides B. et S., P. furcatus Flem., P. Gme Uni Risso, P. tirica B. et S. Batrachoïde de Gmelin. Blennie gadoïde. Merlus barbu. Phycis barbu, P. de Gmelin. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 71 et pl. XXIV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 264; — Manuel , p. 426. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 303, et pl. LXXXY, fig. 2. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 540 et fig. 129 ( p. 539) ; atlas, pl. XXV, fig. 2. Le Phycis blennoïde habite la mer, en général à d’assez grandes profondeurs. Sa nourriture se compose principale¬ ment de crustacés et de poissons. Il fraie dans la seconde moitié du printemps et pendant l’été. Seine- Inferieure : « Se pêche à La Hève (commune de Sainte- Adresse), sous les roches, dans les grandes mers d’équinoxe. Assez rare». [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 156]. 6e Genre. ONOS — MOTELLE. I. Onos tricirratus (Bl.) — Motelle à trois bar¬ billons. Couchia argenlata Gtlir. Gadus argenteoius Mont., G. tricirratus Bl. — 395 — Molella argenteola Yarr., JJ. tricirrata Nilss., M. vulga- ris Yarr. Onos muslella Risso, O. vulgaris Collett, 0. tricirratus Smitt. Motelle commune, M. ordinaire, M. vulgaire. Mustèle à trois barbillons. Loche, Loche de mer, Loque, Loque de mer, Renard, Re¬ nard de mer. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit. , t. III, p. 75 et pl. XXVI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 268; — Ma¬ nuel , p. 428. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 314 et 317, pl. LXXXVIII, fig. 3, et pl. LXXXIX, fig. 1 et 1 a. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 544 et 550, et fig. 131. La Motelle à trois barbillons habite Ja mer, généralement à de petites profondeurs et même dans la zone du balance¬ ment des marées ; toutefois, elle habite aussi dans des eaux plus profondes. Elle vit sur les fonds rocheux garnis d'al¬ gues, se cachant parmi ces plantes et sous les pierres. On la trouve aussi sur les fonds vaseux couverts de zostères. Elle se tient le plus souvent au fond de l’eau. La Motelle à trois barbillons nage avec rapidité. Elle est très-vorace. Sa nour¬ riture se compose de crustacés, de poissons et de leurs œufs, de mollusques, de vers, etc. Littoral de la Normandie . — A. C. en toute saison. 2. Onos mustela (L.) — Motelle à cinq barbil¬ lons. Ciliata glauca Couch. Couchia glauca W. Thomps., C. minor W. Thomps. 396 — Enchelyopus mustela B. et S. Gadus fuscus Bonnat., G . mustela L., G. quinquecir- ratus Cuv. Motella glauca Jen., M. mustela Nilss., M. quinquecir- rata Yarr. Onos mustela Collett. Motelle glauque, M. mustèle. Mustèle à cinq barbillons. Loche, Loche de mer, Loque, Loque de mer. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit. , t. III, p. 77, et pi. XXVII, fig. 1. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 268, 273 et 274 ; — Manuel , p. 428 et 430. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 314. et pi. LXXXIX, fig. 2. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 544 et 554, et fig. 132 — 134; atlas, pi. XXVII, fig. 2 et 3. La Motelle à cinq barbillons habite la mer, à de faibles profondeurs, y compris la zone du balancement des marées. Elle préfère les endroits rocheux, mais on la trouve souvent dans les endroits sablonneux parsemés de touffes d’algues. Elle vit aussi dans les eaux saumâtres. Sa nourriture se compose principalement de poissons et de leurs œufs, de mollusques et de crustacés. Cette espèce fraie en hiver et au printemps. Pendant une partie de leur jeunesse, les Motelles à cinq barbillons se protègent en accompagnant les Discoméduses et en se mettant sous des objets flot¬ tants. Littoral de la Normandie. — T.-C. en toute saison. — 397 — 7e Genre. RANICEPS — RANICEPS. 1. Raniceps raninus (L.) — Raniceps trifurqué. Batrachoides blennioides Lacép. Blennius fuscus Müll., B. raninus L., B. tridactylus Lacép., B. trifurcatus Shaw. Gadus raninus Brünn. Phycis fusca B. et S., P. ranina B. et S. Raniceps fuscus Kroy., R. niger Nilss., R. raninus Cuv., R. trifurcatus Flem. Batrachoïde blennioïde. Blennie tridactyle. Raniceps commun, R. ordinaire, R. vulgaire. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 79 et pl. XXVIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 275; — Ma¬ nuel , p. 432. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 320, et pl. XC, fig. 1. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part,., p. 558; atlas, pl. XXV, fig. 3. Le Raniceps trifurqué habite la mer, à des profondeurs variables et dans les endroits garnis de végétation. Sa nourriture se compose de crustacés, de mollusques, de vers, d echinodermes, de poissons, etc. Il émet une odeur très- désagréable. Seine- Inférieure : « Manche (mer), excessivement rare;. . . Le Havre (G. Lennier) ». [Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 277; — Manuel , p. 433]. Calvados : « Recueilli deux fois dans un dragage, sous Dives ». [G. Lennier. — L'Estuaire de ta Seine (op. cit. ) , t. II, p. 156] . « Trois exemplaires de Raniceps trifurqué, pêchés sur les côtes du Calvados, font partie des collections du Musée dTIistoire naturelle de Caen (2 exemplaires) et du Laboratoire maritime de Luc-sur-Mer (Calva¬ dos) ». [ Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen ] . Manche : Dans la séance du 14 août 1864, M. Henri Joüan dit qu’un individu de cette espèce, pris au large de la digue de Cherbourg, a été envoyé au Muséum d’Histoire naturelle de Paris. Sa détermination a été faite par M. Guichenot. [Henri Joüan, renseigne¬ ment in Mémoires de la Soc. impériale des Scienc. natur. de Cherbourg, t. X, Paris et Cherbourg, 1864, p. 314]. « Je n’ai vu, en tout, que deux individus : un tout petit, pris au large de la digue de Cherbourg, en 1864, et un autre, long de 0 m. 25, apporté au mar¬ ché de cette ville, en décembre 1873 ». [Henri Joüan. — Additions aux Poissons de mer observés à Cher¬ bourg (op. cit.), p. 357; tiré à part, p. 5]. « Manche (mer), excessivement rare; deux des spécimens qui sont au Muséum d’Histoire naturelle de Paris viennent de Cherbourg, ils ont été envoyés par M. Joüan, en 1864; ils sont inscrits sous la dénomination de Raniceps ranina;... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. III, p. 277]. — « Manche (mer), excessivement rare, Cherbourg (Joüan),...; rare, Saint-Vaast-de-la-Hougue (E. Per- — 399 — rier) ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit . ) , p. 433]. 19e Fam. PLEURONECTIDAE — PLEURONECTIDÉS. 1er Genre. HIPPOGLOSSUS — HIPPOGLOSSE. 1. Hippoglossus vulgaris Flem. — Hippoglosse flétan. Hippoglossus gigas Sws., H. Linnei Malm, H. maximum Minding. Pleuronectes hippoglossus L. Pleuronecte flétan. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 94 et pl. XXXIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 287; — Manuel , p. 439. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 5 et pl. XCIV. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 408 et 409; atlas, pl. XVII, fig. 1 et 2. L’Hippoglosse flétan habite la mer, sur les fonds sablon¬ neux et rocheux. Les individus de forte taille vivent géné¬ ralement à des profondeurs plus ou moins grandes, et les jeunes viennent souvent dans des eaux beaucoup moins profondes, voire même jusqu’auprès du rivage. Ce poisson vit habituellement paisible sur le fond de l’eau; mais, quand il poursuit sa proie, il est vif dans ses mouvements. L’Hip¬ poglosse flétan est très-vorace. Sa nourriture, qu’il cherche près du fond, se compose principalement de poissons ; il mange aussi des crustacés, des mollusques, etc. Cette espèce fraie en hiver, au printemps et pendant l’été. Une femelle bien développée pond annuellement de deux à quatre millions d’œufs environ. — 400 — Seine-Inférieure : « Manche (mer), assez rare;... Le Havre ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit. ), t. III, p. 288]. Calvados : « Trois ou quatre Hippoglosses flétans ont été pris sur la côte du Calvados. Nous en possédons un grand individu à la Faculté des Sciences de Caen ». [ Lettre inédite d’Eugène Eudes-Deslongchamps, en date du 2 octobre 1873 et adressée à M. Henri Joüan, à Cherbourg, qui a eu l’obligeance de me la commu¬ niquer]. Ce grand exemplaire, provenant aussi de la côte du Calvados, fait actuellement partie des col¬ lections du Musée d’Histoire naturelle de Caen. 2e Genre. HIPPOGLOSSOIDES — HIPPOGLOSSO'ÏDE. 1 . Hippoglossoides platessoides (O. Fabr. ) — Hippo- glossoïde platessoïde. Drepanopselta limandoides Smitt, D. platessoides Gill. Hippoglossoides limandoides Gthr., H. platessoides Gill. Hippoglossus limanda Gottsche. Platessa limandoides Parn. Pleuronectes limandoides BL, P. linguatula Pontopp., P. platessoides O. Fabr. Limandier. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 96 et pl. XXXIV. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 9 et pl. XCV. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 408 et 421 ; atlas, pl. XVII, fig. 3. 401 — L’Hippoglossoïde platessoïde habite la mer, à des profon¬ deurs plus ou moins faibles. Sa nourriture se compose de crustacés, de mollusques, d’échinodermes, de poissons. Calvados : Dans ses Additions aux Poissons de mer obser¬ vés à Cherbourg (op. cit. , p. 357; tiré à part, p. 5; en note), Henri Jotian dit : « Sur les côtes du Calva¬ dos, on appelle Limandier la Platessa limandoides. Je crois bien avoir vu cette dernière espèce à Cher¬ bourg, mais je n’oserais l’affirmer ». Très-vraisem¬ blablement, ce Platessa limandoides devait être YHippoglossoides platessoides (O. Fabr. ). Or, ni dans son Histoire naturelle des Poissons de la Fi " ance (1881), ni dans son Supplément à cet ou¬ vrage (1891), ni dans son Manuel d'Ichthyologie française (1892), Émile Moreau ne mentionne celte dernière espèce. Bien qu'Henri Joüan n’ait pas indiqué de nom d’auteur, j'ai pensé, comme je viens de le dire, qu’il avait voulu parler de YHippoglossoides platessoides (O. Fabr.) = Hippoglossoides limandoides (Bl.) = Pleuronectes limandoides Bl., etc., £t l’ai prié de vouloir bien me fixer à cet égard. Avec son extrême et habituelle obligeance, dont je le remercie profondément, ce savant distingué et très- sympathique m’à écrit ce qui suit : « Les lignes en question m’ont été dictées par la première des deux lettres que m’écrivait, le 2 et le 11 octobre 1873, feu Eugène Eudes-Deslongchamps (1), et dans lesquelles il me donnait l’énumération des Pleuro- nectidés des côtes du Calvados, en y joignant, pour (1) Cet éminent naturaliste est mort en 1889, étant professeur de Géologie à la Faculté des Sciences de Caen. (H. G. de K.). 26 402 — chacun d’eux, quelques notes courtes, ainsi que le croquis des espèces lui paraissant les plus remar¬ quables ». A propos de l’espèce en question, Eugène Eudes- Deslongcharnps écrivait à M. Henri Joüan, dans la première de ces deux lettres, qui m’ont été commu¬ niquées par ce dernier, que cette espèce est « assez commune sur nos côtes calcaires, où elle préfère les petites plages entre les rochers ». De plus, la syno¬ nymie et la brève description, indiquées dans cette lettre, se rapportent bien à l’Hippoglossoïde pla¬ tessoïde, appelé aussi Hippoglossoïde limandoïde. Enfin, il m’a communiqué un croquis fait minutieu¬ sement au crayon et à l’encre par Eugène Eudes- Deslongchamps, représentant cette espèce, que ce dernier désigne sous le nom de « Platessa liman- doides (Bl.), le Limandier », et qui, dit-il, « atteint une assez grande taille ». Cette figure ressemble complètement à la figure en couleur donnée par F. -A. Smitt dans l’atlas (pi. XVII, fig. 3) de son grand ouvrage sur les Poissons Scandinaves, ouvrage cité constamment dans ce fascicule. Aucun doute n’est plus possible; l’Hippoglossoïde platessoïde appartient certainement à la faune de la Normandie. Ce qui est étonnant, c’est que ce Pleuronectidé, signalé par Francis Day (op. cit. , t. II, p. 10) sur la côte anglaise de la Manche, n’ait pas été indiqué par Emile Moreau dans ses deux ouvrages classiques en question sur les Poissons de la France. Cet émi¬ nent ichthyologiste n’aura pas vu les lignes dans les¬ quelles Henri Joüan l’a signalé, ou bien n'en aura pas tenu compte. Il est possible que, dans ces der¬ nières années, l’Hippoglossoïde platessoïde ait été mentionné de nouveau sur les côtes françaises ; mais je ne connais de certain, relativement à sa présence 403 — sur le littoral de la Normandie que l’indication publiée par Henri Joüan, d’après le renseignement inédit d’Eugène Eudes-Deslongchamps. 11 reste la question de savoir si l'Hippoglossoïde platessoïde est réellement assez commun sur les côtes calcaires du Calvados, comme l’a dit ce dernier auteur, ou bien si cette espèce ne s'y trouve en plus ou moins grande abondance que d’une manière acci¬ dentelle. Je me permets d’appeler, sur cette inté¬ ressante question de géonémie, l’attention des zoolo¬ gistes normands. Manche : Voir plus haut, immédiatement après le mot Cal¬ vados , les lignes d’Henri Joüan, où ce savant dit qu’il croit bien avoir vu cette espèce sur le marché de Cherbourg, sans toutefois oser l’affirmer. 3e Genre. LIMANDA — LIMANDE. 1. Limanda platessoides (Faber) — Limande vul¬ gaire. Limanda oceanica Bp., L. vulgaris Gottsche. Platessa limanda Flem. Pleuronecles limanda L., P. platessoides Faber. Limande commune, L. ordinaire. Pleuronecte limande. H. Gervais et H. Boulart. — Op. cit. , t. III, p. 112 et pl. XLV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 289; — Manuel , p. 440. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 25 et 31, et pl. CIV. — 404 — F. -A. Smitt. — Op. cit., atlas, pl. XX, fig. 3. lre part., p. 378, 386 et La Limande vulgaire habite la mer, à des profondeurs plus ou moins faibles, et particulièrement sur les fonds sablonneux. On la trouve aussi dans les eaux saumâtres. Elle se tient généralement sur le fond. Sa nourriture se compose de crustacés, de vers, de mollusques, d echino- dermes, etc. Elle fraie en hiver, au printemps et pendant la première moitié de l’été. Les jeunes éclosent au bout de dix à quinze jours environ, selon la température de l’eau. Littoral de la Normandie. — T.-C. en toute saison. 4e Genre. PL A TESSA — PLIE. 1. Platessa vulgaris Flem. — Plie carrelet. Pleuronectes borealis Faber, P. platessa L. Pleuronecte plie. Plie franche, P. rosée. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 109 et pl. XLII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. III, p. 291 ; — Manuel , p. 441 et 442. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 25 et pl. CI. F. -A. Smitt. — Op. cit., liepart„ p. 378, 392, 401 et 407, et fig. 109; atlas, pl. XXI, fig. 2. La Plie caiielet habite la mer, à des profondeurs plus ou moins faibles, principalement sur les fonds sablonneux ; toutefois, on la pêche souvent sur les fonds vaseux, et acci¬ dentellement sur les fonds rocheux. Elle vit aussi dans les eaux saumâtres et remonte volontiers, jusque dans l'eau douce, les fleuves et les grandes rivières dont le fond est sablonneux. Pendant la période des froids, elle se tient dans des eaux plus profondes. Elle mène généralement une vie indolente, et passe une grande partie de son temps cachée dans le sable, dont elle se recouvre avec une grande promptitude, ne laissant voir que la tête ou même seule¬ ment les yeux ; au besoin, elle nage avec beaucoup de rapidité. La Plie carrelet est très-résistante à la mort. Sa nourriture se compose de crustacés, de mollusques, de vers, de poissons, d echinodermes. Elle fraie en hiver et au printemps. Les œufs flottent dans l’eau salée, mais tombent au fond dans l’eau saumâtre. Une femelle bien développée pond annuellement d’une à plusieurs centaines de mille œufs. Littoral de la Normandie. — T.-C. en toute saison. 2. Platessa microcephala (Donov.) — Plie micro¬ céphale. Cynoglossa microcephala Bp. Microstomus latidens Gottsche. Platessa microcephala Flem., P.pola Bp. Pleuronectes cynoglossus Nilss., P. microeephalus Donov., P. microstomus Faber, P. pola Cuv., P. quadridens O. Fabr. Plie à petite tête. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 111 et pi. XLIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 291 et 294 ; — Manuel , p. 441 et 443. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 25 et 28, et pl. CIL F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 378 et 383 ; atlas, pl. XX, fig. 1. — 406 La Plie microcéphale habile la mer et se tient, de préfé¬ rence, sur les fonds pierreux et rocheux. Sa nourriture se compose principalement de crustacés, de vers et de mol¬ lusques. Elle fraie habituellement au printemps et pendant la première moitié de l’été. Calvados : « Nous avons pêché plusieurs fois cette espèce au large de Trouville ». [G. Lennier. — U Estuaire de la Seine (op. cit. ), t. II, p. 156]. Une Plie microcéphale, pêchée sur les côtes du Calvados, fait partie des collections du Musée d’His- toire naturelle de Caen. [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de cette ville]. Manche : « Assez rare à Cherbourg ». [Henri Joüan. — Additions aux Poissons de mer observés à Cher¬ bourg (op. cit.), p. 358; tiré à part, p. 6]. « Manche (mer), assez rare... Cherbourg ». [Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 295; — Manuel , p. 443]. A.-E. Malard a inscrit la Plie microcéphale, sans aucun renseignement géonémique, dans son Cata¬ logue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 93). 5e Genre. F LESES — FLET. 1. Flesus vulgaris É. Moreau — Flet vulgaire. Platessa flesus Flem. Pleuronectes flesus L. — 407 Flet commun, F. ordinaire. Pleuronecte flet, P. fiez. Cheval, Flonde, Flondre, Picaud. Émile Blanchard. — Op. cit. , p. 267 et fig. 50. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III. p. 113 et pl. XLVI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 299; — Manuel , p. 445. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 25 et 33, et pl. C\ . F. -A. Smitt. - — Op. cit., lre part., p. 378, 398 et 407; atlas, pl. XXI, fig. 1. Le Flet vulgaire habite les eaux salées, saumâtres et douces, où il préfère les fonds sablonneux et les fonds vaseux ; mais il se trouve aussi sur les tonds pierreux. Dans la mer, il vit à de petites profondeurs, se retirant, pendant la période des froids, dans des eaux un peu plus profondes. Il habite les eaux saumâtres et les eaux douces des fleuves, des rivières, des canaux, des lacs et des fossés des marais et des prairies, et remonte aussi de petits cours d’eau. Ce poisson peut vivre dans une eau très-impure. Il passe une partie de son existence caché dans le sable ou la vase, les yeux et la bouche restant seuls visibles. Il nage habituellement tout près du fond. Le Flet vulgaire est très- résistant à la mort. Il £st vorace. Sa nourriture se compose de mollusques, de crustacés, de vers, de jeunes poissons, d’insectes et de larves, etc. La reproduction a lieu dans les eaux salées, saumâtres et douces. La période du frai est comprise entre le commencement de 1 hiver et la fin du printemps. Une femelle bien développée pond annuellement plusieurs centaines de mille œufs, un million et même davantage. Normandie et son littoral. — I.-C. en toute saison. — 408 — 6° Genre. S O LE A — SOLE. 1 . Solea vulgaris Quensel — Soie vulgaire. Pleuronectes solea L. Solea Linnei Malm. Pleuronecte sole. Sole commune, S. franche, S. ordinaire. H. G p: r vais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 116 et pl. XLVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 303 et 304 ; — Manuel , p. 448. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 39 et pl. CVI. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 372; atlas, pl. XX, fig. 2. La Sole vulgaire habite la mer, sur les fonds sablonneux, pierreux et vaseux. Pendant la saison chaude, elle vit à une plus ou moins faible profondeur, et se retire, pendant la saison froide, dans des eaux plus profondes. On la trouve fréquemment dans les eaux saumâtres. Assez souvent, elle remonte les fleuves et les rivières à une certaine dis¬ tance du littoral, et peut croître dans l’eau douce. Elle passe une grande partie de son existence cachée dans le sable, la bouche et les yeux étant seuls visibles. La SoJe vulgaire est résistante à la mort. Sa nourriture se compose piincipalement de crustacés, de mollusques et de poissons: elle mange aussi des vers, des échinodermes, des œufs de poissons. Cette espèce fraie entre le milieu de l’hiver et le milieu de l’été. Littoral de la Normandie. — T.-C. en toute saison. — 409 — 2. Solea lascaris Risso (1) — Sole lascaris. Pleuronectes lascaris Risso. Solea aurantiaca Gthr., S. impar Benn., S. nasuta Nordm., S. pegusa Yarr. Pleuronecte lascaris. Sole à museau, S. orangée. Sole pôle. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit,, t. III, p. H8 et 119 et pl. XLVIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. III, p. 303 et 307; — Manuel , p. 448 et 450. Francis Day. - Op. cit., t. II, p. 39 (Solea impar) et 42 et pl. CVII. La Sole lascaris, qui habite la mer, a vraisemblablement des mœurs analogues à celles de la précédente espèce : Sole vulgaire ( Solea vulgaris Quensel). Seine- Inférieure : « Manche (mer), rare,... Le Havre ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. III, p. 310 ]. — Assez commune, Le Havre,... ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), p. 450]. La Sole lascaris est assez commune sur les fonds sableux de la partie ouest de la baie. [G. Lennier. — L Estuaire de la Seine (op. cit.), t. Il, p. 156]. Calvados : Voir les lignes précédentes de G. Lennier. (1) Il ne faut pas mettre le nom de Risso entre parenthèses, car cet auteur a désigné ce poisson sous les noms de Pleuro- nectes lascaris et de Solea lascaris . 26* — 410 — « Assez commune,. . . Trouville ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), p. 450]. « La Sole lascaris est rare sur les côtes du Calva¬ dos ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen]. Manche : Dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 94), A.-E. Malard dit, relativement à la Sole las¬ caris : « On la trouve à Cherbourg...; je n ai pas encore eu l’occasion de l’observer ». 7e Genre. MICROCHIRUS — MICROCHIRE. 1 . Microchirus luteus (Risso) — Microchire jaune. Microchirus luteus Bp. Monochirus luteus O. Costa. Pleuronectes luteus Risso. Rhombus luteus Risso. Solea lutea Bp. Pleuronecte jaune. Sole jaune. Turbot jaune. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 120. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 315 et 316, et fig. 184; — Manuel , p. 453. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 39 et 44, et pl. CVIII, fig. 2, Le Microchire jaune est une espèce marine dont les mœurs sont, je le crois, peu connues. Seine-Inférieure : Le Mierochire jaune se pêche, avec l'espèce sui¬ vante : Mierochire panaché [Microchirus variega- tus (Donov.), sur les fonds sableux de la partie ouest de l’estuaire. [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit. ), t. II, p. 157]. Calvados : Voir les lignes précédentes de G. Lennier. « Assez rare. Cette espèce, qui est indiquée par les auteurs anglais comme habitant la Manche, n’a pas encore été signalée, à notre connaissance, sur les côtes de France baignées par cette mer » . [ René Chevrel. — Poissons (de la côte du Calvados) (op. cit,.)., p. 80]. Les lignes précédentes de G. Lennier montrent que le Mierochire jaune a été signalé avant René Chevrel (onze ans avant lui), sur les côtes de la Normandie, voire même sur celle du Calvados, puisque la partie ouest de l'estuaire de la Seine dépend à la fois des départements du Calvados et de la Seine-Inférieure. « Dans la baie de l’Orne, le chalut du Laboratoire maritime de Luc-sur-Mer (Calvados) a rapporté, à maintes reprises, un petit nombre de Microchires jaunes ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen ] . 2. Microchirus variegatus (Donov.) — Mierochire panaché. Microchirus Unguia Bp., M. variegatus É. Moreau. Monochirus hngula O. Costa, M. variegatus W. Thomps. Pleuronectes Mangilii Risso, P. microchirus Delar., P. variegatus Donov. — 412 — Rhombus Mangüii Risso. Solea Mangüii Bp., S. variegata Flem. Pleuronecte de Mangili. Sole de Mangili, S. panachée. Turbot de Mangili. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 119 et pl. XLIX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 315 et 317; — Manuel , p. 453 et 454. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 39 et 43, et pl. CVIII, fig. i . Le Microchire panaché est une espèce marine dont les mœurs ne sont pas, je le suppose, bien connues. Seine- Inférieure : « Très-commun sur tous les fonds sableux de la par¬ tie ouest de l’estuaire ». [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 157]. Il y a, je le crois, exagération relativement à l’abondance. (H. G. de K.). Calvados : Voir les lignes précédentes de G. Lennier. Manche : « Cette espèce, assez commune en Angleterre, paraît très-rarement sur le marché de Cherbourg : cela vient-il de ce qu’elle habite à de plus grandes profondeurs que la Sole ordinaire? Je n’en ai vu qu'un seul exemplaire, en décembre 1874 ». [Henri Joüan. — Mélanges zoologiques (op. cit.), p. 239]. Il est regrettable de ne pas savoir si cet exemplaire 413 — a été pêché sur le littoral de ce département. (H. G. de K.). \ ' 8e Genre. ZEUGOPTERUS — ZEUGOPTÈRE. 1. Zeugopterus punctatus (Bl.) — Zeugoptère tar- geur. Pleuronectes hirtus Abildg., P. punctatus B\. Rhombus hirtus Yarr., R . punctatus Gthr. Scophthalmus hirtus Bp. Zeugopterus hirtus Gottsche, Z. punctatus Collett. Pleuronecte targeur. Mérissole, Sole de rocher. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 100 et pi. XXXVIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 321 ; — Manuel, p. 456 et 457. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 17 et 18, et pl. C. F. -A. Smitt . — Op. cit., lre part., p. 427 et 456, et fig. 116; atlas, pl. XIX, fig. 2. Le Zeugoptère targeur habite la mer, à des profondeurs plus ou moins faibles, sur les fonds rocheux garnis d’al¬ gues et sur les fonds sablonneux parsemés de rochers. Sa nourriture se compose principalement de poissons et de crustacés. Seine- Inférieure : Manche (mer), très-rare; « ... je l’ai trouvé une seule fois au Havre;... ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. III, p. 323]. — « Manche (mer), très-rare,. . . Le Havre,. . . ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), p. 457] . — 414 « Cette espèce est rare dans l’estuaire; j’en ai, cependant, pêché plusieurs sur les fonds sableux ». [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit.. ) , t. II, p. 157 ] . Calvados : Voir les lignes précédentes de G. Lennier. « Le Zeugoptère targeur est rare sur les côtes du Calvados. Deux exemplaires pêchés à Luc-sur-Mer sont conservés : Lun au Musée d’Histoire naturelle de Caen, et l’autre au Laboratoire maritime de Luc- sur-Mer (Calvados) ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen]. Manche : « Très-rare sur notre côte. Les plus grands que j’aie vus avaient tout au plus Om.25 de longueur ». [Henri Joüan. — Poissons de mer observés à Cher¬ bourg en 1858 et 1859 (op. cit.), p. 135; tiré à part,, p. 20] . Dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 96), A.-E. Malard dit, relativement au Zeugoptère targeur : « J’en ai trouvé un seul exemplaire, qui m’a été déterminé par M. le professeur Vaillant, et que j’ai donné à la collection du Muséum d'Histoire naturelle de Paris ». Cet auteur ne fait malheureu¬ sement pas connaître l’endroit où il a trouvé l’exem¬ plaire en question. 2. Zeugopterus unimaculatus (Risso) — Zeugoptère unimaculé. Phrynorhombus unimaculatus Gthr. — 415 — Pleuronectes punctatus Flem., P. unimaculatus É. Mo¬ reau. Rhombus punctatus Yarr., R. unimaculatus Risso. Scophthalmus punctatus Bp., *S. unimaculatus Bp. Zeugopterus punctatus White, Z. unimaculatus Day. Pleuronecte unimaculé. Turbot unimaculé. H. Gervais et R. Boulart. Op. cil., t. III, p. 102 et pi. XI,. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 321 et 323; — Manuel , p. 456 et 458. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 17, et p!. XCIX, fi g. 1. i Le Zeugoptère unimaculé, qui habite la mer, a vraisem¬ blablement des moeurs analogues à celles de la précédente espèce : Zeugoptère targeur [Zeugopterus punctatus (BI.)]. Seine-Inférieure : « Manche (mer), Dieppe,. . . ». [Émile Moreau, — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 325 ; — Manuel , p. 459]. Voir les lignes suivantes de G. Lennier. Calvados : « Assez rare ; pêché plusieurs fois sur les bancs de sable, au large de Villers-sur-Mer ». [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 157]. Manche : A.-E. Malard indique le Zeugoptère unimaculé, sans aucun renseignement géonémique, dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint- Vaast (op. cit., p. 96). — 416 9e Genre. PLATOPHRYS - PLATOPHRYS. 1. Platophrys laterna (Walb.) — Platophrys arno- glosse. Arnoglossus laterna Gthr., A. soleaeformis Malm. Platophrys laterna Smitt. Pleuronectes arnoglossus B. et S., P. casurus Hanmer, P. conspersus Can., P. diaphanus Shaw, P. laterna Walb., P. Leotardi Risso. Rhombus arnoglossus Yarr., R. nudus Risso, R. soleae¬ formis Malm. Arnoglosse transparent. Pleuronecte arnoglosse, P. moucheté. Limandier. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cil. , t. III, p. 104 et pl. XLI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 321, 328 et 329; — Manuel , p. 456 et 460. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 22, et pl. XCIX, fig. 2. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 426 et 428; atlas, pl. XIX, fig. 4. Le Platophrys arnoglosse habite la mer, sur les fonds sablonneux et les fonds vaseux, et dans des eaux d’une cer¬ taine profondeur ou faiblement profondes. J’ai constaté que ce poisson a une très-faible résistance vitale. Seine-Inférieure : « Manche (mer), très-rare; je l’ai trouvé au Havre». [ Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 329; — Manuel , p. 460] . « Cette espèce est très-rare dans l’estuaire ». — 417 [G. Lennier. — L Estuaire de la Seine (op. cit. ), t. II, p. 157]. J'ai chaluté plusieurs individus de cette espèce dans 1 estuaire de la Seine, entre le banc du Ratier et Le Havre, au mois de juin 1885. [H. G. de K.]. Calvados : Voir les lignes précédentes de G. Lennier. « Le Platophrys arnoglosse est très-commun sur les côtes du Calvados ». [Renseignement commu¬ niqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoo¬ logie à la Faculté des Sciences de Caen]. J’ai chaluté plusieurs individus de cette espèce dans 1 estuaire de la Seine, devant Honfleur, en juin 1885. [H. G. de K. J. Pendant ma seconde campagne zoologique sur le littoral de la Normandie, faite dans la région de Grandcamp-les-Bains (Calvados) et aux lies Saint- Marcouf (Manche), au cours de l’été de 1894, j’ai constaté que, dans la région dont il s’agit, le Plat¬ ophrys arnoglosse y était très-commun. [H. G. de K.]. 10e Genre. LEPIDORHOMBUS — LÉPIDORHOMBE. 1. Lepidorhombus whiff (Walb.) — Lépidorhombe mégastome. Arnoglossus megastoma Day. Lepidorhombus megastoma Collett, L . whiff Jord. et Goss. Pleuronectes cardina Cuv., P. megastoma Donov., P. whiff Walb. Rhombus megastoma Yarr. Zeugopterus megastoma Collett. 27 — 418 — Pleuronecte cardine, P. mégastome. Rhombe cardine. Balet, Limandier, Plie sole, Pôle, Sole pôle. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 99 et pl. XXXVI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 321 et 332; — Manuel , p. 456 et 462. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 21 et pl. XCV1II. F. -A. Smitt. — Op. cit.., lie part., p. 427 et 448, et fig. 115. Le Lépidorhombe mégastome habite la mer, à d’assez grandes ou de faibles profondeurs, sur les fonds sablon¬ neux. Sa nourriture se compose principalement de crustacés et de poissons. Seine-Inferieure : « Manche (mer), assez rare; je l’ai vu quelque¬ fois sur le marché du Havre ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. III, p. 334]. — « Manche (mer), assez rare, Le Havre ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), p. 463] . « Assez rare dans l’estuaire ; péché sur les fonds de sable ». [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cit. ) , t. II, p. 157] . Voir les lignes suivantes d’Henri Gadeau de Ker- ville. Calvados : Voir les lignes précédentes de G. Lennier. « On pêche en toute saison dans l’estuaire de la Seine, en allant d’Honlleur vers la mer, de jeunes individus de cette espèce ». [Henri Gadeau de Ker- ville. — Aperçu de la faune actuelle de la, Seine et de son embouchure , depuis Rouen jusqu'au Havre (op. cit.) , p. 193]. Ces jeunes Lépidorhombes mégastomes y sont peu communs. Manche : « Rare autrefois sur le marché, elle y paraît plus souvent aujourd’hui, apportée par les grandes bar¬ ques ». [Henri Joüan. — Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg (op. cit., p. 357 ; tiré à part, p. 5]. — - Très-probablement, la plus grande partie des individus de cette espèce sont pêchés en dehors du littoral normand. (H. G. de K.). Dans son Catalogue des Poissons des côtes de la, Manche dans les environs de Saint- V aast (op. cit., p. 96), A.-E. Malard dit que cette espèce « n’est pas très-commune ». 11° Genre. BOTHUS — BOTHE. 1. Bothus maximus (L.) — Bothe turbot. Bolhus maximus Collett. Pleuronectes maximus L. Psetta maxima Sws. Rhombus aculeatus Duliam., R . maximus Cuv. Scophthalmus maximus Raf. Pleuronecte turbot. 'Turbot commun, T. épineux, T. ordinaire, T. vulgaire. Galtas (jeune), Teurbot. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 97 et pl. XXXV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. III, p. 337 et 338; — Manuel, p. 465. — 420 — Francis Day. — Op. cit. , 1. II, p. 11 et pl. XCVI. F. -A. Smitt. — Op. cit., lrd part., p. 427, 433, 434 et 442; atlas, pl. XVÏII, fîg. 1 . Le Bothe turbot ou Turbot vulgaire habite la mer, de préférence sur les fonds sablonneux, bien qu’on le trouve aussi sur les fonds vaseux et les fonds rocheux. Pen¬ dant la saison chaude, il se tient à des profondeurs plus ou moins faibles, et se retire, pendant la saison froide, dans des eaux plus profondes. Il fréquente aussi les eaux saumâtres, surtout à l’état jeune, et entre parfois dans des fleuves et des grandes rivières, ne s’avançant pas au delà de leur embouchure. Le Bothe turbot est très-résistant à la mort et très-vorace. Sa nourriture se compose principale¬ ment de poissons, de crustacés et de mollusques; il mange aussi des vers et des échinodermes. La saison du frai est le printemps et l’été. Une femelle bien développée pond annuellement d’un à plusieurs millions d’œufs, nombre pouvant même dépasser quinze millions. Littoral de la Normandie. — C. — Les sujets que l’on trouve près des côtes sont principalement des jeunes. 2. Bothus rhombus (L.) — Bothe barbue. Bothus rhombus J. et G. Pleuronectes rhombus L. P set ta rhombus Bp. Rhombus barbatus Risso, R. laevis Gottsche, R. Linnei Malm, R. vulgaris Cuv. Scophthahnus rhombus Raf. Barbue commune, B. ordinaire, B. vulgaire. Turbot barbu, T. lisse. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 99 et pl. XXXVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 337 et 340, et fi g. 187—189; — Manuel , p. 465 et 466. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 11 et 14, et pl. XCV1I. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 427, 433 et 441 ; atlas, pl. XVIII, fig. 2. Le Bothe barbue ou Barbue vulgaire habite la mer, de préférence sur les fonds sablonneux ; mais on le trouve aussi sur les fonds vaseux. Pendant la saison chaude, il vit à des profondeurs plus ou moins faibles, et se retire, durant la saison froide, dans des eaux plus profondes. Il fréquente aussi les eaux saumâtres, surtout à 1 état jeune, et va parfois dans des fleuves et des grandes rivières, ne s'avan¬ çant guère au delà de leur embouchure. Le Bothe barbue est très-vorace. Sa nourriture se compose principalement de poissons et de crustacés ; il mange aussi des mollusques, des vers et des échinodermes. Il fraie au printemps et au cours de l’été. Littoral de la Normandie. — C. — Les sujets que l’on trouve près des côtes sont principalement des jeunes. 20e Famille. C Y CLOP TERIDAE — CYCLOPTÉRIDÉS. 1er Genre. CYCLOPTERUS — CYCLOPTÈRE. 1. Cyclopterus lumpus L. — Cycloptère lompe. Cyclopterus caeruleus Mitch., C. coronatus Coucli, C. mi¬ nutas PalL, C. pavoninus Shaw. Lepadogaster minutus B. et S. Lumpus Anglorum Duham. Diable, Gras mollet, Gras seigneur, Gros mollet, Gros sei¬ gneur, Lièvre de mer, Mollet, Seigneur. — 422 — H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 236, fig. 25 et pi. LXXXVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 349; — Ma¬ nuel, p. 472. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 179 et pl. LV. F. -A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 294 et fig. 74 (p.293); atlas, pl. XVI. Le Cycloptère lompe habite la mer, à des profondeurs va¬ riables : les unes assez grandes et les autres plus ou moins faibles. A l’époque de la reproduction, il s’approche des côtes. On le trouve parfois dans les embouchures des fleuves et des grandes rivières. Il préfère les endroits rocheux ou pierreux; toutefois, il se tient fréquemment aussi sur les fonds sablonneux. Ce poisson est très-mauvais nageur et passe la plus grande partie de son existence fixé, au moyen de son disque ventral, sur le fond de l’eau. De temps à autre il s’attache à des corps flottants, généralement des objets inanimés, dans le but, paraît-il, de se faire transpor¬ ter d’un endroit à un autre. Sa force d’adhérence est très- grande. Ainsi, dit H.-É. Sauvage [Les Poissons (op. cit.), p. 314], « Hanow a calculé qu’il fallait un poids de 36 ki¬ logrammes pour faire lâcher prise à un Cycloptère lompe de 0 m. 20 de long. Pennant a fait cette expérience qu’on pouvait soulever un seau plein d’eau en prenant un Lompe fixé au fond » . Cette espèce possède une grande résistance vitale. Sa nourriture se compose de crustacés, de vers, de poissons, etc. A l’époque de la reproduction, qui a lieu dans la seconde moitié de l’hiver et au printemps, le Cycloptère lompe vient dans le voisinage des côtes et fraie à de faibles profondeurs, parmi les rochers et les algues, parfois très-peu au-dessous de la limite inférieure de la zone du balancement des marées. Le mâle veille sur ses œufs et les défend au besoin. Il est probable que la femelle partage ce soin avec lui. On a trouvé, chez des femelles bien développées, un nombre d’œufs variant entre cent mille et plus de deux cent mille. Normandie : C.-G. Chesnon (op. ci t . , p. 40) indique, sans aucun détail de géonémie, cette espèce comme étant très- rare sur les côtes normandes. L éminent conservateur du Muséum d’Histoire na¬ turelle du Havre, M. G. Lennier, m’a dit « que l’on trouve assez fréquemment des Cycloptères lompes adultes sur les côtes de la Normandie, mais que les pêcheurs ne les apportent pas au marché, ces poissons n'étant pas utilisés pour l’alimentation ». Seine- Inférieure : « Manche (mer), assez rare,... Le Havre,... ». [Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 352; — Manuel , p. 473]. « Cette espèce se pêche accidentellement dans la baie. Les jeunes y sont plus fréquents; ils sont remarquables par la couleur vert-émeraude de leurs parties ventrales ». [G. Lennier. — L' Estuaire de la Seine (op. cit.), t. II, p. 157]. Cet auteur m’a dit, comme renseignement complémentaire, que, « dans la baie de Seine, les jeunes sont capturés fré¬ quemment, pendant la saison chaude, sur les fonds sableux ». « M. A. Poussier annonce qu’une femelle d’un poisson assez rare sur nos côtes, le Cycloptère lompe ( Cyclopterus lumpus L.), appelé vulgairement Gros- mollet, Gras-mollet, Lièvre de mer, a été trouvée morte et flottante à Belleville-sur-Mer (Seine-Infé¬ rieure), le 30 mars 1888. D’après le Préparateur du Muséum d’Histoire naturelle du Havre, M. A. Harache, auquel M. Poussier a envoyé ce poisson pour les col- — 424 — lections de ce Muséum, deux exemplaires de cette espèce ont été pêchés au Havre en 1887 ». [Notule in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1888, p. 31]. Calvados : Voir les lignes précédentes de G. Lennier. « Le Cycloptère lompe est peu commun sur les côtes du Calvados ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen]. Manche : « Depuis quinze ans (soit depuis 1859), je n’en ai vu que trois sur le marché de Cherbourg : un indi¬ vidu long de 0 m. 35, d’une teinte générale rouge brun, avec le ventre, les lèvres et une partie des na¬ geoires couleur de carmin ; deux autres, de la même taille, avaient le dos et les flancs noirs et gris foncé, le ventre blanchâtre. Nos marchands appellent ce poisson gras seigneur , et le considèrent comme très- rare ». [Henri Joüan. — Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg (op. cit.), p. 357; tiré à part, p. 5]. L’auteur ne dit malheureusement pas si les individus en question avaient été pris sur les côtes normandes. Dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint- Vaast (op. cit., p. 96), A.-E. Malard dit que l’on « trouve les deux variétés de ce poisson : la grande, et la petite figurée par Günther ». « Manche (mer), assez rare,... Cherbourg... ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), p. 473]. 2e Genre. CYCLOGASTER — CYCLOGASTÈRE. 1. Cyclogaster liparis (L.) — Cyclogastère lipa- ris. Cyclog aster liparis Gron. Cyclopterus lineatus Lepechin, C. liparis L. Liparis barbatus Ekstr., L. lineatus Kroy., L. vulgaris Flem. Cycloptère liparis. Liparis commun, L. ordinaire, L. vulgaire. Limace de mer, Marmotte, Petit gras mollet. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 239 et pl. LXXXVIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. III, p. 353; — Ma¬ nuel, p. 473. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 184, et pl. LVI, fig. 1 et 1 a. F.-A. Smitt. — Op. cit., lre part., p. 284 et 287; atlas, pl. XV, fig. 7—10. Le C}œlogastère liparis habite la mer, à des profondeurs variables : les unes assez grandes et les autres plus ou moins faibles. On le trouve jusque dans la zone du balan¬ cement des marées. Il vit aussi dans les eaux saumâtres des embouchures des fleuves et des rivières. Sa nourriture se compose de crustacés, de vers, de mollusques, d’œufs de poissons, etc. Seine-Inférieure : « Manche (mer), très-rare;... Le Havre,... ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), p. 474]. « Assez commune; cette espèce se pêche sur les sables, dans les chaluts à crevettes ». [G. Lennier. — U Estuaire de la Seine (op. cit . ), t. II, p. 157]. « Au commencement du mois de mars de cette année (1885), j’ai ramené avec le chalut dans l’es¬ tuaire de la Seine, à l’extrémité ouest des bancs du Ratier et d’Amfard, un certain nombre d’individus de cette espèce regardée jusqu’alors comme très-rare dans la Manche (mer). Des pêcheurs m’ont dit que ce poisson, qu’ils appellent Marmotte , remontait en été jusqu’à Honfleur (Calvados) ». [Henri Gadeau de Kerville. — Aperçu de la faune actuelle de la Seine et de son embouchure , depuis Rouen jus¬ qu au Havre (op. cit.), p. 194]. Parmi les Cyclo- gastères liparis que j’ai capturés, les uns étaient jeunes, les autres de taille moyenne et les autres adultes. J’ai pêché de nouveau ce poisson dans l’es¬ tuaire de la Seine, entre le banc du Ratier et Le Havre, en juin 1885. Voir les dernières des lignes suivantes d’Émile Moreau . Calvados : Voir les lignes précédentes de G. Lennier et d’Henri Gadeau de Kerville. « Manche (mer), très-rare;... Trouville ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. III, p. 354]. « N’est pas absolument rare dans l’estuaire de la Seine, entre Honfleur et Trouville ». [Émile Moreau. — Supplément à YHistoire (op. cit.), p. 138]. — « Manche (mer), très-rare;... Trouville, Honfleur. — Parmi les poissons recueillis dans l’estuaire de la Seine par M. Henri Gadeau de Kerville, et qu’il me pria de lui déterminer, j’ai trouvé un certain nom¬ bre de spécimens de cette espèce ». [Émile Moreau. — Manuel (op. cit.), p. 474]. « Limites de la grève (région de Luc-sur-Mer), dans les flaques d’eau; rare ». [R. Le Sénéchal. — Op. cit. , p. 116]. « J’ai vu quantité de jeunes Cyclogastères prove¬ nant des côtes du Calvados, soit de dragages et de chalutages effectués à de petites distances du rivage, soit de recherches sous les pierres dans la zone du balancement des marées, mais pas d’adultes. Je ne puis indiquer exactement l’espèce à laquelle apparte¬ naient les jeunes en question. Il est possible qu’il y avait à la fois des Cyclogastères liparis et des C. de Montagu ». f Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen ] . Manche : M. A.-E. Malard, sous-directeur du Laboratoire maritime du Muséum d’Histoire naturelle de Paris, à Saint-Vaast-de-la-Hougue (Manche), m’a écrit que deux Cyclogastères liparis avaient été capturés dans la région de Saint -Vaast-de-la-Hougue. OBSERVATION. Gyclogaster Montagui (Donov.) — Cyclogastère de Montagu. Voir les lignes précédentes de René Chevrel au sujet du Cyclogastère de Montagu, appelé aussi Liparis de Montagu, 3° Genre. LEPADOGASTER — LÉPADOGASTÈRE. 1. Lepadogaster Gouani Lacép. — Lépadogastère de Goüan. Lepadogaster balbis Risso, L. biciliatus Risso, L. cornu- biensis Flem., L. rostratus B. et S. Lépadogastère balbis, L. bicilié. Sucet. * H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. II, p. 242, et pl. LXXXIX, fig. 3 (et non 1, comme il est indiqué). Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 356 et fig. 191 ; — Manuel , p. 474 et 475. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 189, et pl. LVII, fig. 1 et 1 a. Le Lépadogastère de Goüan habite la mer, à de faibles pro¬ fondeurs, y compris la zone du balancement des marées, où on le trouve, à mer basse, dans les flaques d’eau for¬ mées par le reflux. Ce poisson passe la plus grande partie de son existence solidement fixé, au moyen de son appareil acétabulaire, à des pierres ou à des valves de coquilles vides. Lorsqu’on le prend à la main, il s’y attache immédia¬ tement. Le Lépadogastère de Goüan est résistant à la mort et très-vorace. Sa nourriture se compose de crustacés et autres animaux. Il pond dans la partie concave des valves de coquilles vides, où les œufs adhèrent. Les jeunes se fixent comme leurs parents. Seine-Inferieure : « Rare, Le Havre »%. [Émile Moreau. — Op. cit.: Histoire , t. III, p. 359; — Manuel , p. 476]. « Rare sur les fonds de sable ». [G. Lennier. — L'Estuaire de la Seine (op. cil.), t. Il, p. 157 J. Calvados : Voir les lignes précédentes de G. Lennier. Manche : Dans ses Poissons de mer observés à Cherbourg en 1858 et 1859 (op. cit . , p. 135: tiré à part, p. 20), Henri Joüan dit : « Lepadogaster rostratus Cuv. Sucet. ( Lepado - gaster Gouan Lacép.). Confondu le plus ordinaire¬ ment avec les autres petits poissons des rochers, sous les noms de Loches , de Cabots , etc. « Nota. — M. Sivard de Beaulieu cite le Cyclo- pterus musculus Lacép. (Cycloptère souris i d . ) , petit poisson long de deux à trois centimètres, comme très-commun à Cherbourg. J’ai vu souvent, dans le Grand-Port, de petits poissons nageant avec rapidité le long des quais ; mais, n’ayant pu réussir à m’em¬ parer d’un seul, je ne saurais dire s’ils appartiennent à l’espèce C. musculus ou au Lepadogaster ros¬ tratus Cuv. ». Seize ans plus tard, dans ses Mélanges zoologi¬ ques (op. cit., p. 241), Henri Joüan dit : « Lepado¬ gaster cornubiensis Flern. — Dans une excursion à l’ile Pelée (Cherbourg), au mois de mai 1875, j’ai trouvé dans les mares, et blottis sous les pierres, un assez grand nombre de poissons appartenant au genre Lepadogaster , dont les espèces sont encore mal déterminées, mal décrites. L’île Pelée me semble être une station favorite pour ces petits poissons ; du moins ils paraissent y être beaucoup plus communs que sur d’autres points rocailleux de notre littoral. Je n’en avais jamais rencontré, et le seul individu — 430 que j’aie vu, conservé dans l’alcool, provenait de l’ile Pelée. L'espèce me paraît être le Lepadogaster cornubiensis Flem. ». Il est fort possible que les Lépadogastères en ques¬ tion soient des Lépadogastères de Goüan (Lepado¬ gaster Gouani Lacép.), mais la prudence me com¬ mande de maintenir le doute jusqu'à ce que les Lé¬ padogastères de la région de Cherbourg aient été soigneusement déterminés. D’ailleurs, Henri Joüan n’est pas affirmatif au sujet de l’espèce en question. Relativement au Cycloptère souris ( Cyclopterus musculus Lacép.), je ne puis dire exactement à quelle espèce il se rapporte. Peut-être au Cyclo- gastère liparis [Cyclogaster liparis (L.)]? Quant aux petits poissons qu’Henri Joüan a vus souvent « nageant avec rapidité le long des quais », dans le Grand-Port de Cherbourg, ce n’étaient vraisembla¬ blement ni des Cycloptères, ni des Cyclogastères, ni des Lépadogastères. « Assez commun, Cherbourg ». [Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 359; — Manuel , p. 476]. Dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-V aast (op. cit., p. 97), A.-E. Malard indique le Lépadogastère de Goüan comme se trouvant « sous les bulbes de Laminaires ». Il est fort possible que cette espèce existe dans la région de Saint-Vaast-de-la-Hougue ; toutefois, je dois dire que M. A.-E. Malard m’a envoyé, provenant de cette région, quatorze exem¬ plaires que j’ai déterminés comme appartenant à 1 espèce suivante : Lépadogastère de Candolle ( Lepa¬ dogaster Candollei Risso), qu’il n’indique pas dans son Catalogue en question, mais pas un spécimen de Lépadogastère de Goüan. 2. Lepadogaster Gandollei Risso — Lépadogastère de Candolle. Lepadogaster adhaerens Bp., L. Jussieui Risso, L. oli- vaceus Risso, L. Rafmesquei 0. Costa. Mirbelia Candollei Can., M. Jussieui Can. Lépadogastère de Jussieu, L. de Rafmesque, L. olivâtre. Sucet. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit . , t. II, p. 245. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 356 et 360, et fig. 192; — Manuel , p. 475 et 476. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 189 et 191, et pl. LVII, fig. 2 et 2 a. Le Lépadogastère de Candolle est un poisson marin dont les mœurs ressemblent à celles des autres espèces du genre. Manche : M. A.-E. Malard, sous-directeur du Laboratoire maritime du Muséum d’Histoire naturelle de Paris, à Saint- Vaast-de-la-Hougue (Manche), ma obli¬ geamment communiqué, conservés dans l’alcool, quatorze Lépadogastères qu’un examen attentif m’a fait considérer comme étant des Lépadogastères de Candolle : le plus gros est d’une longueur totale de huit centimètres et demi, et le plus petit de cinq centimètres. Ces spécimens avaient été recueillis dans la région de Saint-Vaast-de-la-Hougue, sur des fonds très-rocheux, près du rivage. Jusqu’alors, le Lépado¬ gastère de Candolle n’avait pas encore été signalé, du moins à ma connaissance, dans la zone littorale normande. — 432 — 3. Lepadogaster bimaculatus (Donov.) — Lépado- gastère à deux taches. Cyclopterus bimaculatus Donov. Lepadogaster bimaculatus Flem., L. Desfontainesi Risso, L. Mirbeli Risso, L. ocellatus Risso, L. reticulatus Risso. Mirbelia Desfontainesi Can. Bouclier à deux taches. Cycloptère bimaculé. Lépadogastère à double tache, L. bimaculé, L. de Desfon¬ taines, L. de Mirbel, L. ocellé, L. réticulé. Sucet. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit. , t. II, p. 244, et pl. LXXXIX, fig. 1 et 2 (et non 2 et 3, comme il est indiqué). Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 356 et 361; — Manuel , p. 475 et 477. Francis Day. — Op. cit., t. I, p. 189 et 192, et pl. LVII, fig. 3 et 3 a. F. -A, Smitt. — Op. cit., lre part., p. 302 et fig. 75. Le Lépadogastère à deux taches habite la mer, à des pro¬ fondeurs plus ou moins faibles, et principalement sur les fonds mous où se trouvent des valves de coquilles vides. Ce poisson passe la plus grande partie de son existence solide¬ ment fixé, au moyen de son appareil acétabulaire, en géné¬ ral sur des valves de coquilles vides. Si on le détache du point où il se tenait, il se fixe de nouveau, dès qu’il le peut, sur tel ou tel objet, y compris la main de celui qui le prend. Il est très-vorace. Sa nourriture se compose principalement de mollusques et de crustacés. Le Lépadogastère à deux taches Iraie au printemps et en été. Les œufs sont déposés dans la partie concave des valves de coquilles vides, où ils adhèrent. Les jeunes se fixent comme leurs parents. — 433 — Manche : « Manche (mer), très-rare, Cherbourg?». [Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 363; — Manuel, p. 478]. Dans son Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast (op. cit., p. 97), A.-E. Malard dit que le Lépadogastère à deux taches est « très-fréquent dans les dragages au petit Nord, parmi les Antennulaires (Polypes hydroïdes) ». Grâce à M. A.-E. Malard, qui me les a obligeamment envoyés en communication, j’ai pu examiner deux spécimens de cette espèce provenant de la région de ^aint-Vaast-de-la-Hougue, spécimens qui avaient été déterminés par M. Léon Vaillant, professeur d’Ichthyologie et d’Herpétologie au Mu¬ séum d’Histoire naturelle de Paris. « J'ai capturé, dans la région de Granville, un exemplaire de ce curieux petit poisson ». [Henri Gadeau de Kerville. — Recherches sur les faunes marine et maritime de la Normandie , 1er voyage, région de Granville et îles Chausey ( Manche ) (. juillet-août 1893), etc. (op. cit.), p. 114]. 21e Famille. CYPRIN IDA E — CYPRINIDÉS. 1er Genre. CYPRINUS — CYPRIN. 1. Gyprinus carpio L. — Cyprin carpe. Cyprinus acuminatus H. et K. (sic), C. Anna-Carolina Lacép., C. coriaceus Lacép., C . elatus Bp., C. jlavi- pinnis K. et H. (sic), C. hungaricus Heck., C. nigro- auratus Lacép., C. Nordmanni C. et V., C. regina Bp., C. rubro-fuscus Lacép., C. specularis Lacép., C. viri- n descens Lacép., C. viridi-violaceus Lacép., C. vittatus C. et V. Carpe à bandes vertes, C. à cuir, C. à miroir, C. à nageoires jaunes, C. bossue, C. commune, C. de Hongrie, C. de Nordmann, C. mordorée, C. ordinaire, C. reine, C. rouge- brun, C. vulgaire. Cyprin à cuir, C. Anne-Caroline, C. de Hongrie, C. spécu- laire, C. verdâtre.- C. vert-violet. Cuvier et Valenciennes. — Op. ci t. , t. XVI, in-4°, p. 17, 45, 46, 47, 48, 52, 53, 54 et 55; in-8u, p. 23, 62, 63, 65, 66, 71, 72, 73, 74 et 75; et pl. CDLVI et CDLVII ( les 2 édit. ). Émile Blanchard. — Op. ci t. , p. 322, fig. 1 (p. 65) et 65. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit. , t. I, p. 88 et 204, 11g. 26 (p. 22) et 46, et pl. XIV. Emile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 368; — Ma¬ nuel, p. 481. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 158, fig. 4 (t. I, p. xvm), et t. II, pl. CXXIX, fig. 2, 2 a et 2 b. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 364; tiré à part, p. 9. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 723 et fig. 178 ; atlas, pl. XXXI, fig. 1. Le Cyprin carpe ou Carpe vulgaire habite les rivières, les fleuves, les lacs, les étangs et les mares, aussi bien les eaux limpides que les eaux vaseuses ; toutefois, il préfère aux eaux courantes les eaux stagnantes et troubles ayant un fond garni de végétation, et il ne se trouve pas dans les courants rapides. Il vit aussi dans des eaux saumâtres et dans des eaux salées. Les adultes sont d’un naturel calme hors la période de la reproduction. Quand arrivent les froids, les Cyprins carpes s'enfoncent dans la vase, ou se mettent dans { or. — 4 O») des creux ou au pied des végétaux, et y restent pendant plusieurs mois, dans un demi-engourdissement et sans manger. Ce poisson est très-résistant à la mort et très- vorace. Sa nourriture se compose de substances végétales, de vers, de crustacés, de larves et d’insectes, d’œufs de poissons, etc.; il absorbe de la vase, qui renferme une plus ou moins grande quantité de débris organiques. Il parait que le Cyprin carpe ne mange pas de mouches, ou, du moins, très-rarement. A l’époque de la reproduction, qui a lieu en mai et juin, et quelquefois en juillet et août, les mâles sont très-agités et sautent au-dessus de la surface de l’eau. Les œufs sont déposés sur des végétaux, où ils adhè¬ rent. Une femelle bien développée pond annuellement plu¬ sieurs centaines de mille œufs, quantité qui, parfois, dépasse deux millions. Note. — Le Cyprin carpe, qui, parait-il, est d’origine asiatique, existait en France au xm° siècle. L’existence de Cyprins carpes séculaires est un fait qui doit être mis au rang des fables. Toute la Normandie. — C. *2. Gyprinus auratus L. — Cyprin doré. Carassius auratus Blkr. Cyprinopsis auratus Fitz. Gyprinus argenteus Lacép., C. chinensis Gron., C. Langs- dorfi C. et V., C. lineatus C. et V., C. macrophthalmus Bl., C. quadrilobatus Lacép., C . telescopus Lacép., C. thoracatus C. et V. Carassin doré. Carpe cuirassée, C. de Langsdorf, C. dorée, C. rayée. Cyprin de Chine, C. rouge. Cyprinopsis doré. Dorade de la Chine. • . m . • f • / i Poisson rouge. , * — 436 Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XVI, in-4°, p. 70, 71, 73 et 75; in-8°, p. 96, 97, 99 et 101 ; et pl. CDLX (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit., p. 343 et fig. 71. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 94 et pl. XVII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 377; — Ma¬ nuel , p. 483 et 484. Francis Day. - Op. cit., t. II, p. 166, et pl. CXXX, fig. 2, 2 a et 2 b. F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 723 et 733, et fig. 180 et 181 ; atlas, pl. XXXI, fig. 2. Le Cyprin doré, qui est originaire de la Chine, habite les eaux douces stagnantes et courantes qui ne sont pas trop froides, et vit à merveille dans les eaux un peu tièdes. Sa nourriture se compose de substances végétales et de vers, de larves et d’insectes, de crustacés, etc. Chacun sait qu’il se propage très-bien à l’état domestique, et que l’on est arrivé à produire, chez ce poisson ornemental, une grande diversité de configuration et de coloration. Il existe des formes tératologiques extrêmement curieuses, qui montrent, une fois de plus, la très-grande plasticité de certains types spécifiques lorsqu’ils ne sont plus dans leurs conditions biologiques normales. Le lait que, depuis un assez grand nombre d années, le Cyprin doré se trouve à l’état sauvage en Normandie, me fait admettre ce poisson dans la faune de cette province. Note. Il paraît que les premiers Cyprins dorés importés en I rance arrivèrent à Lorient (Morbihan) et furent placés dans le jardin de la Compagnie des Indes orientales, dont les directeurs en firent hommage à Mrne de Pompadour. Cette courtisane étant née en 1721 et morte en 1764, l’importation du Cyprin doré en b rance daterait du milieu environ du dix-huitième siècle. Il serait téméraire, selon moi, d’affirmer l’exactitude de ce fait d’ichthyo- logie historique. — 437 Toute la Normandie. — T.-C. — Vit à l’état sauvage dans un grand nombre de localités. i 2e Genre. BARBUS — BARBEAU. 1. Barbus vulgaris Flem. — Barbeau vulgaire. » Barbus cyclolepis Heck., B. fluviatilis A g. Cyprinus barbus L. Barbeau commun, B. tluviatile, B. ordinaire. Barbillon. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XVI, in-4°, p. 92; in-8°, p. 125. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 302, et fig. 60 et 61. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 82 et pl. XI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 379; — Manuel , p. 485. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 169, et pl. CXXXI, fig. 1, 1 a et 1 b. Am b. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 365 ; tiré a part, p. 10. Le Barbeau vulgaire habite les eaux douces : rivières, fleuves, lacs, étangs, et préfère les endroits où l’eau coule sur un fond de gravier parsemé de pierres. A l’époque de la reproduction, ce poisson se réunit en bandes. Cette espèce est d’un naturel très-peureux. Sa nourriture se com¬ pose de vers, de larves et d’insectes, de mollusques, de crustacés, d’œufs et de jeunes poissons, de végétaux et de substances animales et végétales en décomposition. Le Bar¬ beau vulgaire fraie au printemps et dans le premier tiers de l’été. Les œufs sont déposés sur les pierres ou sur le gravier, et y sont adhérents. Une femelle bien développée en pond annuellement de cinq à dix mille environ. Les jeunes éclosent au bout d'une à deux semaines, selon la tempéra¬ ture de l'eau. Foute la Normandie. — A. G. 3° Genre. TINCA — TANCHE. 1 . Tinca vulgaris Cuv. — Tanche vulgaire. Cyprinus tinca L. Leuciscus tinca Gtlir. Tinca chrysitis A g., T. commuais Sws., T. italica Bp., T. Linnei Malm. Cyprin tanche. Tanche commune, T. dorée, T. italienne, T. ordinaire. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XVI, in-4u, p. 246; in-8°, p. 322; et pl. CDLXXXIV (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit., p. 317 et fig. 64. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 85 et 204, et pl. XIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 383; — Ma¬ nuel, p. 487. Francis Day. — Op. cit,, t. Il, p. 188, et pl. CXXXIV, fig. 2, 2 a et 2 b. Amb. Gentil. — Ichlhyologïe de la Sarthe (op. cit.), p. 365; tiré à part, p. 10. F. -A. 8m itt. — Op. cit,, 2e part., p. 748 et fig. 187 ; atlas, pl. XLI, fig. 4. La Tanche vulgaire habite les étangs, les mares, les fos¬ sés des marais, les lacs, les rivières et les tleuves, se plai¬ sant surtout dans les eaux stagnantes et vaseuses ; on la trouve aussi dans des eaux saumâtres. Elle peut vivre dans une eau très-faiblement aérée. Elle se tient généralement en petites bandes. Hors la période de la reproduction, la Tanche vulgaire reste à peu près constamment au fond de l'eau, couchée très-souvent dans la vase parmi les plantes; mais, au cours de la saison chaude, quand l'eau est calme, on peut la voir de temps en temps à la surface. Quand arri¬ vent les froids, ce poisson s'enterre dans la vase et y passe la mauvaise saison dans un état léthargique. Son naturel est indolent. Cette espèce est très-résis! ante à la mort. Sa nour¬ riture se compose de végétaux, de vers, de larves et d’in¬ sectes, de mollusques, etc. ; elle absorbe aussi de la vase, qui contient, en quantité plus ou moins grande, des débris organiques. La Tanche vulgaire fraie entre le milieu d’avril et la fin de l’été. Les vieilles femelles pondent les premières. Les œufs sont déposés sur des végétaux, où ils adhèrent. Une femelle bien développée pond annuellement deux, trois et même plusieurs centaines de mille œufs. Les jeunes éclosent au bout d’une semaine environ, quand la tempéra¬ ture de l’eau est favorable. Toute la Normandie. — C. 4e Genre. GOBIO — GOUJON. 1 . Gobio fluviatilis Flem. — Goujon de rivière. Cyprinus gobio L. Gobio obtusirostris C. et V., G. venatus Bp., G. vulgaris H. et K. Leuciscus gobio Gthr. Tinca gobio Sws. Goujon à tête obtuse, G. commun, G. flu viati le, G. ordi¬ naire, G. veiné, G. vulgaire. Goujin. Cuvier et Valenciennes, — Op. cit. , t. XVI, in-4°, p. 230 et 238; in-8ù, p. 300 et 311 ; et pi. CDLXXXI (les 2 édit.). 440 — Émile Blanchard. — Op. cit., p. 293 et fig. 57—59. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 80 et 202, fi g. 44 et pl. X. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 386; — Manuel , p. 488. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 172, et pl. CXXXI, fig. 2, 2 a et 2 b. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 366; tiré à part, p. 11. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 743 et fig. 186; atlas, pl. XXXI, fig. 3. Le Goujon de rivière habite les eaux douces : rivières, fleuves, ruisseaux, lacs, étangs; il se trouve aussi dans des marais et même dans des eaux souterraines [ grotte d Adelsberg, en Carniole (Autriche)]. Ce poisson aime sur¬ tout les eaux courantes limpides et peu profondes, coulant sur du sable ou du gravier; aussi, se tient-il près des em¬ bouchures des cours d’eau dans les lacs et les étangs, qu’il abandonne presque toujours au printemps, avant la repro¬ duction, pour remonter les cours d’eau. Il vit en bandes pendant toute l’année. Il est d’une grande activité et bien résistant à la mort. Sa nourriture se compose de larves et d’insectes, de crustacés, devers, de mollusques, d’œufs et de jeunes poissons; il est avide de substances animales et végé¬ tales en décomposition. Le Goujon de rivière fraie au prin¬ temps et en été. Les œufs sont déposés dans les rivières et les ruisseaux, sur les pierres, où ils sont adhérents. Une femelle bien développée pond annuellement quelques milliers d'œufs. Les jeunes éclosent au bout de quatre semaines environ. Toute la Normandie. — C. 441 — 5e Genre. RHODEUS — BOUVIÈRE. 1. Rhodeus amarus (Bl.) — Bouvière commune. Cyprinus amarus Bl. Rhodeus amarus As\ Bouvière amère, B. ordinaire, B. vulgaire. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XVII, in-4°, p. 60: in-8°, p. 81. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 346 et fie-. 72. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 96 et pl. XVIII. Emile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 389; — Ma¬ nuel, p. 490. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 366; tiré à part, p. II. La Bouvière commune habite les eaux douces stagnantes et courantes : lacs, étangs, mares, fossés, ruisseaux, rivières, fleuves, où se trouvent des mollusques bivalves appartenant aux genres Unio et Anodonte. Elle vit en bandes. Elle a une grande résistance vitale. Sa nourriture se compose de substances végétales, de vers, de crustacés, de larves et d’insectes, etc. Relativement à son mode de reproduction, la Bouvière commune présente la très-curieuse particularité suivante : A 1 époque de la ponte, soit généralement en avril, mai et juin, la femelle possède, en arrière de l’anus, un appendice tubuleux qui joue le rôle d’oviducte externe et peut atteindre plusieurs centimètres de longueur. Après la ponte, cet appendice s’atrophie presque entièrement, ne per¬ sistant que sous la forme d’une petite papille. C’est au moyen de cet oviducte externe que la femelle dépose ses œufs entre les lamelles branchiales de certains mollusques lamellibranches (Unios et Anodontes), berceau véritable¬ ment bien spécial pour sa progéniture. Le très-intéressant :28* — 442 fait éthologique en question a été l’objet de patientes re¬ cherches, entre autres celles de F.-C. Noll, qui a découvert cette particularité de mœurs de la Bouvière commune et l’a étudiée avec beaucoup de sagacité (1). Suivant lui, dit Victor Fatio (op. cit . , t. IV, p. 321), « les œufs, de couleur jaune, avec un grand axe de trois millimètres environ , sont déposés un à un par la femelle dans l’ouverture du bec de la Nayade, et entraînés par les courants aspirés du mollusque jusqu’entre les feuillets des branchies, où ils se fixent et se développent en nombres différents suivant les individus, rarement plus de quarante dans un seul mollusque. Les Unios ont paru plus volontiers affectés de parasitisme que les véritables Anodontes . « C’était en général vers le milieu d’avril que notre observateur commençait à trouver des œufs dans les Moules des environs de Francfort-sur-le-Main (Prusse); des œufs trouvés le 14 avril se transformaient déjà, le 8 mai, en petits poissons. Ces germes, probablement parce qu’ils sont successivement pondus, à différents intervalles, dans un même mollusque, se montrent chez celui-ci dans des états de développement assez variés. Le 15 mai, beaucoup de petits alevins parfaits, avec une taille de onrçe millimètres, étaient prêts à quitter leur berceau. Il paraît qu’à force de s’agiter, ces jeunes êtres se dégagent des feuillets branchiaux, et que, refoulés et entraînés par les courants entrants, ils viennent ressortir du bivalve par les siphons de rejet. Le 20 mai, ces petits nouveau-nés se promenaient en rangs serrés dans les eaux des mares. Le D1' Noll paraît s’expli¬ quer que l’oviducte, qui conduit les œufs un à un jusque dans le bec de la Nayade, n’est pas coupé par le pincement de ce dernier, par le fait que cette extrémité de la coquille (1) Les mémoires du Dr F.-C. Noll sur celte question ont paru dans « Der Zoologische Garten », à Francfort-sur-le-Main (Prusse), ann. 1869, p. 257 ; ann. 1870, p. 131 et 237 ; et ann. 1877, p. 351. du bivalve, généralement assez molle, ferme d’ordinaire incomplètement l’ouverture, et que l’oviducte, très-élastique, est doué d’une grande facilité de rétraction. Le moment même de la ponte et de la fécondation des œufs, qui, jusqu’alors, n’avait pu être surpris dans l'étude de ce poisson à l’état libre, méritait, encore d’être suivi en aqua¬ rium. « Enfin, en 1877, le même observateur, le Dr Noll, dans une troisième et intéressante notice sur la Bouvière, est venu encore donner de précieux éclaircissements sur ces derniers points obscurs. 11 a vu, dans son aquarium, la femelle introduire, à plusieurs reprises, l’extrémité de son oviducte dans le bec d’un Unio pictorum, et le mâle venir, de suite, éjaculer sa laitance directement au-dessus de cette ouverture ; le même courant d’eau aspiré par le mol¬ lusque entraînait successivement l’œuf et la liqueur fécon¬ dante. « M. E. Covelle, de Genève (Suisse), qui a suivi la ponte de la Bouvière dans un aquarium où il avait introduit de la vase et des Unios, m’a dit avoir remarqué que ce petit poisson, en passant et repassant souvent contre le bec ouvert du mol¬ lusque, avant de pondre, avait l’air de vouloir pour ainsi dire apprivoiser celui-ci et l’amener, par de fausses alertes répétées, à ne plus se fermer aussi vite au premier contact; ceci fait, la femelle enfoncerait tout à coup son oviducte presque en entier dans l'ouverture de l’Unio, un œuf pas¬ serait très-rapidement dans les branchies du mollusque et, sitôt après, l’oviducte serait brusquement retiré ». Normandie. — P.C. 6* Genre. PHOXINUS — VAIRON. 1 . Phoxinus aphya (L.) — Vairon vulgaire. Cyprinus aphya L., C. phoxinus L., C. rivularis Pall. — 444 — Leuciscus phoxinus Flem. Phoxinus aphya Kroy., P. lacvis A g. Able rivulaire. Vairon commun, V. lisse, Y. ordinaire. Malin. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XVII, in-4°, p. 270; in-8°, p. 363. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 410 et fig. 100. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 124 et pl. XXXII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 392; — Ma¬ nuel , p. 491. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 175 et 185, et pl. CXXXIV, fig. 1, 1 a et 1 b. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 367; tiré à part, p. 12. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part,., p. 754 et fig. 188; atlas, pl. XXXIII, fig. 3. Le Vairon vulgaire habite les rivières, les ruisseaux, les fossés, les mares, les étangs et les lacs ; on le trouve aussi dans les eaux saumâtres. Il se plaît dans les endroits où l'eau est limpide et coule sur un fond de sable ou de gra¬ vier et de pierres. Dans les eaux saumâtres, il se tient aux endroits rocheux ou pierreux, principalement où il y a du courant. Il vit en bandes. Il est errant. Son naturel est actif et ses mouvements sont vifs. Ce poisson est vorace. Sa nourriture, qu’il cherche surtout au fond de l'eau, se com¬ pose de vers, de larves et d’insectes, de crustacés, de mol¬ lusques, d’œufs et de jeunes poissons, de végétaux et de débris organiques très-variés. Le Vairon vulgaire fraie au printemps et en été. Les œufs sont glutineux et adhèrent les uns aux autres, remplissant des interstices entre les pierres et formant souvent une couche d’un â cinq centi- mètres d’épaisseur et de cinq à vingt centimètres de long, couche qui pourrait résister à un courant beaucoup plus fort que celui existant aux points où les œufs sont pondus. Une femelle bien développée produit annuellement, en moyenne, de huit cents à douze cents œufs. Les jeunes éclosent au bout d’une à deux semaines, selon que l’eau es t plus ou moins froide. Toute la Normandie. — T.-C. 7e Genre. ABRAMIS — BRÊME. 1. Abramis brama (L.) — Brême vulgaire. Abramis argyreus A g., A. brama Flem., A. Gehini Blanch., A. microlepidotus A g., A. vetula Heck., A. vulgaris Mauduyt. Cyprinus brama L. Brême à petites écailles, B. argentée, B. commune, B. de Géhin, B. ordinaire, B. vieille. Bremme, Brêne, Brune, Servante de prêtre. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XVII, in-4°, p. 7, 32, 33 et 45 ; in-8°, p. 9, 43, 45 et 60. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 351 et 355, et fig. 73 et 74. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 99 et 100, et pl. XIX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. III, p. 395; — Manuel , p. 492. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 193 et pl. CXXXV. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 367; tiré à part, p. 12. F.- A. Smitt. — Op. cit., 29 part., p. 802, 812 et 820, et fig. 203; atlas, pl. XXXIV, fig. 2. — 446 — La Brême vulgaire habite les grandes rivières et les fleuves dont le courant n’est pas trop fort, ainsi que les lacs et les étangs ; elle vit aussi dans les eaux saumâtres. Les eaux claires et modérément profondes, avec un fond garni de végétation, sont les endroits quelle préfère. Elle est sociable. Ce poisson a l’habitude de s’enterrer dans la vase et de se coucher sur le côté. Il est très-résistant à la mort. Sa nourriture se compose de larves et d’insectes, de mol¬ lusques, de vers, de végétaux, etc.; il absorbe de la vase, qui contient, en plus ou moins grande quantité, des débris organiques. La Brême vulgaire fraie habituellement en mai et juin. C’est pendant la nuit que s’accomplit cette opéra¬ tion, et au milieu du bruit, car mâles et femelles errent çà et là, en bandes, à la surface, frappant l’eau avec leur queue. Les vieilles femelles fraient les premières. Les œufs sont déposés sur des végétaux près des rives, et, pour pondre, la femelle frotte son ventre sur ces végétaux, où les œufs adhèrent. Une femelle bien développée pond an¬ nuellement de cent mille à trois cent mille œufs environ. Les jeunes éclosent au bout d’environ trois semaines. Toute la Normandie. — C. 2. Abramis blicca (Bl.) — Brême bordelière. Abramis bjoerkna Nilss., A. blicca Ekstr., A. erythro- p tenus A g., A. micropteryx Ag. Blicca argyroleuca H. et K., B. bjoerkna Sieb. Cyprinus blicca Bl. Leuciscus blicca C. et V. Cyprin large. Brême à nageoires rouges, B. à petite dorsale. Brêmotte, Brêne, Petite brème, Petite bremme, Petite brêne. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XVII, in-4°, p. 23, 32 et 43 ; in-8°, p. 31, 44 et 58. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 359 et fi g. 76. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 102 el pl. XXI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 395 et 398; — Manuel , p. 492 et 493. Francis Day. — Op. cit., t. Il, p. 196 et pl. CXXXVI. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 367 ; tiré à part, p. 12. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 802 et 803, et fig. 199; atlas, pl. XXXV, fig. 2. La Brême bordelière habite les grandes rivières et les fleuves dont le courant n’est pas trop fort, ainsi que les lacs et les étangs; on la trouve aussi dans les eaux saumâtres. Elle préfère les endroits dont le fond est vaseux ou sablon¬ neux, et garni de végétation. C’est une espèce sociable. Elle est résistante à la mort et très-vorace. Sa nourriture se compose de larves et d’insectes, de vers, de mollusques, de végétaux, etc. La Brême bordelière fraie habituellement en mai et juin. Pendant cette opération, mâles et femelles font des bonds à la surface, où ils sont rarement vus hors l’épo¬ que de la reproduction. Les vieilles femelles fraient les premières. Les œufs sont déposés près des rives, sur des végétaux, où ils adhèrent; la femelle frottant son ventre sur ces végétaux en évacuant ses œufs. Toute la Normandie. — C. 8e Genre. ALBURNUS — ABLETTE. 1. Alburnus lucidus Heck. — Ablette vulgaire. Abramis alburnus Ekstr. — 448 Alburnus acutus Heck., A. breviceps H. et K., A. Fabrei Blanch., A. Linnei Malm, A. miranclella Blanch., A. obtusus Heck. Aspins alburnoides Selys, A. alburnus A g. Cyprinus alburnus L. Leuciscus alburnoides C. et V., L. alburnus Flem., L. oclirodon C. et V. Able ablette, A. alburnoïde, A. ochrodonte. Ablette alburnoïde, A. commune, A. de Fabre, A. miran- delle, A. ordinaire. Aspe able, A. alburnoïde. Ovelle. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XVII, in-4°, p. 185, 186 et 202; in-8°, p. 249, 250 et 272. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 364, 369 et 370, et fig. 77—81. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 104 et 107, et pl. XXII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 403; — Manuel , p. 496. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 198, et pl. CXXXVII, fig. 1, 1 a et 1 b. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sart/ie (op. cit.), p. 368; tiré à part, p. 13. F -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 792 et fig. 196; atlas, pl. XXXVI, fig. 3. L’Ablette vulgaire habite les rivières, les fleuves et les lacs ; on la trouve aussi dans des eaux saumâtres. Elle pré¬ fère les eaux courantes claires ayant un fond pierreux ou sablonneux ; toutefois, elle se trouve accidentellement dans des eaux dont le fond est vaseux ou garni de végétation. Elle vit en bandes. Son naturel est vif et très-actif. Pendant les jours chauds, ensoleillés et calmes, elle se tient près de la surface, happant rapidement les insectes qui tombent à l’eau, et, pendant les mauvais temps, elle reste dans des endroits abrités. Elle est très-vorace. Sa nourriture se com¬ pose de larves et d’insectes, de crustacés, de vers, de subs¬ tances végétales, etc. L’Ablette vulgaire fraie habituelle¬ ment en mai et juin, dans des eaux peu profondes. Pendant cette opération, mâles et femelles sautent au-dessus de l’eau, qu'ils frappent de coups rapides et fréquents avec leur queue. Les femelles de grande taille pondent les pre¬ mières. Les œufs sont déposés sur des pierres ou des végé¬ taux et y sont adhérents. Toute la Normandie. — C. *2. Alburnus bipunctatus (Bl.) — Ablette spirlin. Abramis bipunctatus Gthr. Alburnus bipunctatus Bp. Aspius bipunctatus Ag. Cy pr inus bipunctatus BL Leuciscus Baldneri C. et V., L. bipunctatus C. et V. Spirlinus bipunctatus Fatio. Able de Baldner, A. éperlan, A. spirlin. Aspe bi ponctué. Éperlan de Seine, Rieland. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XVII, in-4°, p. 192 et 195; in-8°, p. 259 et 262; et pi. CDXCVII (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit.., p. 371 et fig. 82. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 106 et pi. XXIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 403 et 406; — Manuel , p. 496 et 497. '29 Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. ci t. ) , p. 368; tiré à part, p. 13. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 797 et fig. 197. L’Ablette spirlin habile les eaux douces: rivières, ruisseaux, fleuves, lacs, étangs. Elle aime surtout les eaux courantes ayant un fond pierreux ou graveleux. Ce poisson est sociable et très-vorace. Sa nourriture se compose de larves et d'insectes, de vers, de mollusques, d’œufs d’animaux variés, de subs¬ tances végétales, etc. L’Ablette spirlin fraie habituellement en mai et juin. « La plupart des auteurs, à l’imitation de Bloch, s’accordent, dit Victor Fatio (op. cit., t. IV, p. 410), pour attribuer à cette espèce des œufs excessivement petits et en nombre très-élevé. Toutefois, il me semble que ce premier observateur doit avoir commis une erreur et que celle-ci a été complaisamment répétée par les ichthyologistes subséquents. En effet, j’ai trouvé, bien au contraire, dans les ovaires bien développés de plusieurs femelles, des œufs relativement très-gros et proportionnellement beaucoup plus forts que ceux d’autres poissons plus grands qui ne passent pas pour avoir des œufs très-petits. Par exemple, j'ai compté, dans deux femelles adultes pêchées dans le Rhin, au milieu de mai, 1860 et 1915 œufs mesurant deux millimètres de diamètre et mêlés à un nombre passable¬ ment supérieur de germes beaucoup moins développés, mais déjà en majorité, d’un demi-millimètre environ. Il est probable que les dits gros œufs de deux millimètres, qui occupaient bien plus de la moitié de la capacité des ovaires, bien que distribués en arrière comme en avant, étaient destinés à sortir dans un premier acte de la ponte et à faire place a d autres jusque là plus petits. La ponte doit donc se taire, comme je l'ai dit, en diverses reprises; le total des œuts est loin d être exceptionnellement élevé ; enfin, les germes prêts a être pondus sont relativement très-gros pour le poisson » . Toute la Normandie. — P. C. 9e Genre. SCARDINIUS — ROTENGLE. 1. Scardinius erythrophthalmus (I,.) — Rotengle vulgaire. Cyprinus erythrophthalmus L., C. erythrops Pall. Leuciscus erythrophthalmus Flem. Scardinius dergle H. et K., S. erythrophthalmus Bp., S. hesperidicus Bp., S. macrophthalmus H. et K. Cyprin rotengle. Meunier rotengle. Rotengle commun, R. ordinaire. Gardon rouge, Rosse, Rousse. Cuvier et Valenciennes. — Op. ci t. , t. XVII, in-4°, p. 80; in-8°, p. 107. Émile Blanchard. — Op. cit. , p. 377 et fig. 83—85. H. Gervais et R. Boulart.— Op. cit., t. I, p. 109 et pl. XXIV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 410; — - Manuel , p. 499. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 175 et 183, et pl. CXXXIII, fig. 2, 2 a et 2 b. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarlhe (op. cit.), p. 369; tiré à part, p. 14. F.- A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 779 et fig. 193; atlas, pl. XXXIII, fig. 2. Le Rotengle vulgaire se plaît également dans les eaux douces stagnantes et courantes : lacs, étangs, rivières, lleuves, et recherche les endroits pourvus de végétation. On le trouve aussi dans les eaux saumâtres. Il est très-sociable et se tient le plus souvent au fond de feau. Ses allures sont tantôt vives et tantôt lentes. Il est très-vorace. Sa nourri¬ ture se compose de substances végétales, de vers, de larves et d'insectes, de mollusques, etc.; il absorbe de la vase, qui contient, en plus ou moins grande quantité, des débris orga¬ niques. Le Rotengle vulgaire fraie au printemps et, par exception, jusqu’au mois d’août inclusivement. Les œufs sont pondus sur des végétaux, où ils adhèrent. Généra¬ lement, la femelle les dépose par groupes en plusieurs places. Une femelle bien développée pond annuellement de cinquante mille à cent mille œufs environ. Les jeunes éclosent au bout d’à peu près six à dix jours, selon la tem¬ pérature de l’eau. Toute la Normandie. — T.-C. 10e Genre. LEUCISCUS — GARDON. 1. Leuciscus rutilus (L.) — Gardon vulgaire. Cyprinus rutilus L. Gardonus rutilus Bp. Leuciscus decipiens Ag., L. pallens Blanch., L. Pausin- geri H. et K., L. prasinus Ag., L. rutiloides Selys, L. rutilus Flem., L. Seiysi Heck. Leucos prasinus Bp., L. Seiysi Bp. Tinca rutila Sws. Able de' Selys, A. rosse, A. rutiloïde. Cyprin rougeâtre. Gardon commun, G. de Selys, G. ordinaire, G. pâle, G. ruti¬ loïde, G. vangeron. Meunier de Selys, M. rosse, M. rutiloïde. Cardon, C. de roche, Dard. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XVII, in-4°, p. 97, 111, 114 et 147; in-8°, p. 130, 149, 153 et 198; et pl. CDXCI1I (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit., p. 382 et 386, et fig. 86—88. Op. ci t. , t. I, p. 111 et 113, H. Gervais et R. Boülart. — et pl. XXV. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 413; — Manuel , p. 500. Francis Day. — Op.cit., t. II, p. 175, et pl. CXXXII, fig. 2, 2 a et 2 b. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarlhe (op. cit.), p. 370; tiré à part, p. 15. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 759 et 773, et fig. 192; atlas* pl. XXXIII, fig. 1. Le Gardon vulgaire habite les rivières, les fleuves, les lacs et les étangs, se plaisant dans les eaux dont le courant n’est pas très-rapide ; il se trouve aussi dans les eaux sau¬ mâtres et dans certaines mers. Ce poisson vit en bandes. Ses mouvements sont vifs. Il nage avec aisance. Pendant la saison chaude, il se tient à peu de distance de la surface et fréquemment au bord des rives, et, pendant la saison lroide, il reste à une moins faible profondeur. Sa nourriture se compose de substances végétales, de larves et d'insectes, de mollusques, de vers, de débris animaux, etc. Le Gardon vulgaire fraie au printemps. Les œufs sont déposés à une petite profondeur, sur des végétaux ou des pierres, et y sont adhérents. Une femelle bien développée pond en moyenne de cinquante à cent mille œufs annuellement. Les jeunes éclosent au bout de dix à quinze jours environ, selon la température de l’eau. Toute la Normandie. — T.-C. 11e Genre. SQUALIUS - CHEVAINE. 1. Squalius cephalus (L.) — Chevaine vulgaire. Cyprinus cephalus L., C. chub Bonnat. Gardonus cephalus Bp. — 454 — Leuciscus albiensis C. et V., L. cabeda Risso, L. cave- danus Bp., L. cephalus Flem., L. dobula A g., L. /W- gidus C. et V., L. latifrons Ni Iss., L. Pareti Bp., L. squalius C. et V., L. tiberinus Bp. Squalius albus H. et K., S. cavedanus Bp., S. cephalus Dyb., S. clathratus Blanch., S . dobula Heck., S. meri- dionalis Blanch., S. svatliza H. et K. Tinca cephala, Sws. Able cabède, A. cavédano, A. de l’Elbe, A. froid, A. meu¬ nier, A. squalo. Chevaine commune, C. méridionale, C. meunier, C. ordi¬ naire, C. treillagée. Meunier chevaine. Cheval, Cheverne, Chiverne, Meunier, Monier. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , I. XVII, in-4°, p. 129, 142, 145, 146 et 174; in-8°, p. 172, 191, 194, 196 et 234. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 392: 396 et 398, et fig. 91—94. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 117, 119, 209, 211, fig. 52 et pl. XXVIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 419 et 422; Manuel , p. 503 et 504. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 175 et 178, et pl. CXXXII, fig. 1, 1 a et 1 b. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 370; tiré à part, p. 15. F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 759, 769 et 775, et tig. 191; atlas, pl. XXXII, fig. 3. La Chevaine vulgaire habite les rivières, les tleuves, les lacs et les étangs; elle se trouve aussi dans des eaux saumâtres. On voit assez souvent des jeunes de cette espèce dans les ruisseaux. Hors la période de la reproduction, les adultes vivent isolément ou en petites troupes, et les jeunes vont en bandes. Ce poisson est très-peureux. Il est d’une grande voracité. Sa nourriture se compose de vers, de larves et d’insectes, de mollusques, de crustacés, d’œufs et de jeunes poissons, de substances végétales, de débris ani¬ maux ; il mange aussi des jeunes batraciens et des jeunes micromammifères. A l’époque de la reproduction, les Che¬ vaines vulgaires] se réunissent en bandes. Elles fraient au printemps et dans la première moitié de l’été. Les œufs sont déposés près des rives, sur les pierres et les graviers, où ils adhèrent. Une femelle bien développée pond annuel¬ lement de cinquante mille à cent cinquante mille œufs environ. Toute la Normandie. — C. 2. Squalius grislagine (L.) — Chevaine vandoise. Aturius Du four i Dubalen. Cyprinus dobula L., C. grislagine L., C. leuciscus L., C . mugilis Val lot. Leuciscus argenteus Ag., L. burdigalensis C. et V., L. dobula Yarr., L. grislagine Ag., L. majalis Ag., L. rodens Ag., L. rostratus Ag., L. saltator Bp., L. vulgaris Flem. Squalius bearnensis Blanch., S. burdigalensis Blanch., S. chalybaeus Heck., S. dobula Bp., S. lepusculus Heck., S. leuciscus Heck., S. rodens Heck., S. ros¬ tratus Heck. Tinca dobula Sws., T. leuciscus Sws. Able de la Gironde, A. poissonnet, A. ronzon, A. rostré, A. vandoise. Cyprin mugile. Meunier argenté. Vandoise aubour, V. bordelaise, V. commune, V. de la Gi¬ ronde, V. ordinaire, V. rostrée, V. vulgaire. Darcelet, Dard, Vandaize. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XVII, in-4°, p. 150, 151, 158, 161 et 163; in-8°, p. 201, 202, 213, 216 et 218. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 400, 401 et 405, fig. 90 (p. 391) et 95—97. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 120, 121 et 122, et pl. XXIX et XXX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. ÏII, p. 419 et 425; — Manuel , p. 503 et 505. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 175 et 180, et pl. CXXXIII, fig. 1 , 1 a et 1 b. Amb. Gentil. — Ichtliyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 370 et 371 ; tiré à part, p. 15 et 16. F. -A. Smitt. — Op. cit,., 2e part., p. 759, 760 et 775, et fig. 189; atlas, pl. XXXII, fig. 2. La Chevaine vandoise habite les rivières, les fleuves et les lacs dont l’eau est limpide; elle vit aussi dans des eaux saumâtres. On la trouve parfois dans les ruisseaux. Elle est sociable. Son naturel est peureux. Ce poisson nage avec beaucoup de vitesse. Il est résistant à la mort. Sa nourri¬ ture se compose de vers, de larves et d’insectes, de mollus¬ ques, de substances végétales, etc. Les Chevaines vandoises fraient au printemps et dans la première moitié de l’été; elles fraient aussi en novembre, décembre et janvier. Les œufs sont pondus dans une eau courante, sur les pierres et les graviers, moins souvent sur les végétaux, et ils adhè¬ rent aux uns et aux autres. Toute la Normandie. — C. — 457 — - 12* Genre. CHONDROSTOMA — CHONDROSTOME. 1. Chondrostoma nasus (L.) — Chondrostome nase. Chondrostoma caerulescens Blanch., C. Dremei Blanch., C. nasus A g., C . rhodanensis Blanch. Cyprinus nasus L., C. toxostoma. Vallot. Chondrostome bleuâtre, C. de Drême, C. du Rhône. Cyprin bouche-en-croissant. Surmulet. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit. , t. XVII, in-4ü, p. 286; in-8°, p. 384. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 413, 416, 418 et 420, et fi g. 101—108. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 126 et pl. XXXIII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 429; — Ma¬ nuel , p. 507. Le Chondrostome nase habite les rivières, les fleuves et les lacs; on le trouve aussi dans des eaux saumâtres. Il est sociable. Sa nourriture se compose de végétaux, de vers, de larves et d’insectes, de mollusques, d’œufs de poissons, etc. Cette espèce fraie habituellement en mars, avril et mai. Lorsque les conditions sont favorables, les jeunes éclosent au bout de deux semaines environ. Seine-Inférieure et Eure : « Cette espèce est assez commune dans la Seine, mais elle ne descend pas jusqu’à l’embouchure. Des pêcheurs de La Bouille (Seine-Inférieure), ques¬ tionnés à ce sujet, m’ont dit qu’ils avaient capturé ce poisson pour la première fois, dans cette localité, 29* — 458 — il y a une quinzaine d’années environ (soit vers 1870). Ces pêcheurs le connaissent sous le nom de Surmulet ». [Henri Gadeau de Kerville. — Aperçu de la faune actuelle de la Seine et de son embou¬ chure , depuis Rouen jusqu'au Havre (op. cit. ), p. 191 ] . Note. — « Il y a une vingtaine d’années, le Nase ne se trouvait pas dans les rivières qui se jettent, soit dans l'Atlan¬ tique, soit dans la Manche, entre l’embouchure de la Gironde et celle de la Somme. Au mois de juin 1860, on reconnut à Sens (Yonne) un poisson d’espèce nouvelle, pêché dans l'Yonne, auquel on donna le nom de Mulet; depuis cette époque, le Nase a pullulé d’une façon prodi¬ gieuse dans l’Yonne et dans la Seine ». [Émile Moreau. — Histoire (op. cit.), t. III, p. 431]. 22e Famille. COBITWAE — COBITIDÉS. 1er Genre. COBITIS — LOCHE. 1 . Gobitis barbatula L. — Loche franche. Nemachilus barbatulus Gthr. Cobite loche. Loche commune, L. ordinaire, L. vulgaire. Loque. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XVIII, in-4°, p. 10; in-8°, p. 14; et pl . DXX (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit., p. 280, et fig. 52 et 53. H. Gervais ei R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 75, et pl. VIII, la fig. en haut. Émile Moreau. — Op. cit. ; Histoire , t. III, p. 432 ; — Mçtnuel, p. 509. 459 — Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 203, et pl. CXXXVII, fl o* 2 Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 371; tiré à part, p. 16. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 705 et 711; atlas, pl. XXXI, fig. 5. La Loche franche habite les eaux douces : ruisseaux, rivières, étangs et lacs. Dans les ruisseaux et les petites rivières, elle se tient près du fond, et, dans les grandes rivières et les lacs, elle vit à une petite profondeur, près des rives. Elle se cache sous les pierres. Son naturel est très- peureux. Ses mouvements sont agiles. Elle est très-vorace. Sa nourriture se compose principalement de larves et d’in¬ sectes, de vers et de mollusques. Cette espèce fraie entre le commencement de février et le commencement de l’été. Toute la Normandie. — G. 2. Gobitis taenia L. — Loche de rivière. Acanthopsis taenia Ag. Botia taenia Gray. Gobitis elongata H. et K., G. spilura Malh. Acanthopsis rubannée. Cobite ténia. Loche épineuse. Loque. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XVIII, in-4°, p. 44; in-8°, p. 58. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 285 et fig. 54. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 77, et pl . VIII, la fig. en bas. — 460 — Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 432 et 434; — Manuel , p. 509 et 510. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 201, et pl. CXXXVII, fig. 3 et 3 a. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 371 et 372; tiré à part, p. 16 et 17. F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 705, 706 et 714, fig. 176 et 177; atlas, pl. XXXI, fig. 4. La Loche de rivière habite les ruisseaux, les rivières, les étangs et les lacs ; on la trouve accidentellement dans des eaux saumâtres. Elle se plaît surtout dans les petits cours d’eau ayant un fond garni de pierres qui lui servent de cachette, ou un fond de gravier, de sable, voire même de vase, dans lequel ce poisson s’enterre, ne montrant que la tête, et même y disparaissant en entier. On trouve habituel¬ lement la Loche de rivière en compagnie de ses semblables, mais pas en bandes à proprement parler. Généralement elle se tient calme; au besoin, ses mouvements sont rapi¬ des, et elle peut s’enterrer avec une grande prestesse. Elle est vorace. Sa nourriture se compose de vers, de larves et d’insectes, de mollusques, de crustacés, d’œufs de poissons. Cette espèce fraie au printemps et dans la première moitié de l’été. Toute la Normandie. — P. C. OBSERVATION. Gobitis fossilis L. — Loche d’étang. C.-G. Chesnon (op. cit., p. 39) a inscrit la Loche d’étang au nombre des poissons de la Normandie, sans donner aucun détail la concernant. Je regarde cette indication comme erronée, pour la raison que je ne connais aucun ren¬ seignement signalant, en Normandie, la Loche d étang, appelée aussi Misgurne fossile \ Misgurnus fossilis (L.)]. 23e Famille. CLUPFADAE — CLUPÉIDÉS. P1’ Genre. C LU PE A - CLUPÉE. 1. Glupea harengus L. — Clupée hareng. Clupea alba Yarr. ( juvenis ), C. elongaia Lesueur, C. Lea- chi Yarr., C . mirabilis Gir., C. Pallasi C. et V. Rogenia alba C. et V. (juvenis). Clupe hareng. Hareng commun, H. de Leach, H. de New-York, H. de Pallas, H. ordinaire, H. vulgaire. Rogénie blanche (jeune). Gras d’eau (jeune), Héran, Œillet (jeune). Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XX, in-4°, p. 22, 175, 178, 182 et 249 ; in-8°, p. 30, 243, 247, 253 et 341 ; et pl. DXCI — DXCIIÏ et DXCVIII (les 2 édit.). H. Gervais et R. Boülart. — Op. cit., t. III, p. 22 et pl. V. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 443; — Manuel , p. 515. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 208, et pl. CXXXYIII, fig. 2 et 2 a. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 952 et 954, et fig. 236 (p. 947), 237 (p. 949), 238 (p. 950), 239, 240 et 242; atlas, pl. XLIII, fig. 1, et pl. XLJV, fig. 1. La Clupée hareng ou Hareng vulgaire est un poisson marin et migrateur qui passe une partie de son existence à des profondeurs plus ou moins grandes, et qui, à des époques variables, s’approche des côtes, pénétrant même dans les embouchures des fleuves et des grandes rivières. Ses migrations plus ou moins irrégulières ont pour causes la reproduction, la recherche de la nourriture et la néces¬ sité de se dérober aux poursuites de ses ennemis ; de plus, certaines conditions atmosphériques ont aussi leur influence sur ses migrations. Ce poisson est très-sociable et se réunit en bandes — appelées bancs — dont le nombre d’individus qui les composent est souvent prodigieusement grand ; parfois, on voit des bandes s’avançant en rangs serrés sur une longueur de cinq à six kilomètres et une largeur de trois à quatre. La Clupée hareng est d’un naturel vif et nage avec rapidité. Elle n’est pas résistante à la mort. Elle est très-vorace. Sa nourriture se compose principalement de petits crustacés et de petits mollusques ; elle mange aussi d’autres petits animaux, des larves d’espèces très- variées et des poissons ; dans les premiers mois de leur existence, les jeunes se nourrissent d’animaux extrêmement petits. La reproduction s’opère à toutes les époques de l'année. En général, les vieux individus fraient les premiers. Les œufs sont déposés dans des eaux d’une plus ou moins faible profondeur, y compris les eaux saumâtres. Les gros individus se reproduisent dans des eaux moins faiblement profondes que celles où fraient les petits, ces derniers pondant parfois près du rivage et dans des eaux d’une profondeur de seulement un mètre. Les œufs adhèrent for¬ tement aux pierres et aux algues. Une femelle bien déve¬ loppée pond, par année, de vingt mille à soixante mille œufs environ. L’éclosion a lieu généralement au bout d’une quinzaine de jours ou un peu plus ; mais ce temps peut se réduire à trois jours seulement dans une eau dont la température excède un peu 20° centigr.; c’est dire combien est grande 1 action de la température sur la durée du déve- — 463 — loppement embryonnaire. La pêche de la Clupée hareng ou Hareng vulgaire est, on le sait, la plus importante de toutes. S'il est impossible d’évaluer, d’une manière précise, le nombre total des Clupées harengs qui sont pêchées annuel¬ lement dans les différentes mers, on peut dire que ce nombre est certes prodigieux et qu’il s’élève à des dizaines de milliards. Littoral de la Normandie. — T. -G. pendant une partie de l’année. Il y a, en toute saison, des jeunes sur ce littoral. Voici quelques passages extraits d’un important mémoire de H.-E. Sauvage et Eugène Canu sur Le Hareng des côtes de Normandie , en 1891 et 1892 (op. cit. ) : « Lorsque l’on jette un coup d’œil d’ensemble sur la dis¬ tribution du Hareng dans la partie nord-ouest de l’Europe, on voit, disent ces savants zoologistes (p. 1), que ce poisson, bien qu’il descende jusque par le travers de l’île de Ré, ne se pêche guère au delà du cap de la Hague; on prend bien, il est vrai, du Hareng en petite quantité sur les côtes de Bretagne, mais la grande pêche se termine, en réalité, dans les parages de la partie sud des côtes de Normandie. « Du milieu du mois d’octobre au commencement du mois de mars, les bancs de Hareng sont surtout abondants dans la partie sud de la mer du Nord et dans la partie de la Manche qui s’étend par le travers de Portland (Angleterre) et du cap de la Hague . , S. salmulus Turt. Trutta salar Sieb. Salmone saumon. Saumon bécard (1>, S. commun, S. ordinaire. Guimoisseron (très-jeune), Guimoisson (très-jeune), Orgeu (taille moyenne), Saumonette (jeune). Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XXI, in-4°, p. 123 et 154; in-8°, p. 169 et 212; et pl. DCXIV et DCXV (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit., p. 448, et fig. 3— 6a (p. 117) et 116—119. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 130 et 135, pl. XXXIV et XXXVI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 525 et fig. 206; Supplément , p. 124; — Manuel , p. 570. (1) On désigne sous le nom de Saumons bécards ( Salmo hamatus Cuv.) les individus dont la partie antérieure de la m⬠choire inférieure est relevée en crochet. Cette déformation s’ob¬ serve tout particulièrement chez les mâles. — 477 — Francis Day. — Op. cil., i. II, p. 63 et, 66, fig. (p. 67), pl. CX, et pl. CXI, fig. 1. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe ( op. cit. ) , p. 374; tiré à part, p. 19. F.- A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 831, 833, 834 et 849, et fig. 209 (p. 837), 210, 212 a, 213, et 218 c (p. 865); atlas, pl. XXXVII, fig. 3 et 4, et pl. XXXVIII, fig. 1. Le Saumon vulgaire est une espèce marine et anadrome; cependant, comme une faible partie se reproduit dans des lacs et des étangs n’ayant pas de communication avec la mer, il s’en suit que ce poisson n’est, pas forcément ana¬ drome. C’est habituellement dans le courant du printemps que le Saumon vulgaire quitte la mer, où il se tenait, pour aller frayer dans les rivières et les fleuves, qu’il remonte jusque dans leur cours supérieur. L’époque de la montée varie beaucoup. Ces poissons viennent en bandes, mais non à la même époque, dans les eaux douces, et, grâce à leur force et sous l’impulsion de leur instinct, ils surmontent de grands obstacles, car ils peuvent faire des bonds d’un mètre à un mètre et demi en hauteur et de deux à trois mètres en longueur. C’est ainsi qu’ils parviennent à franchir, en sautant d’un objet sur un autre, des chutes d’eau dont la hauteur semblerait être, pour ces poissons, un obstacle insurmontable. Il convient d’ajouter qu’en taisant de tels sauts, beaucoup se blessent et en meurent. Quand les indi¬ vidus en bandes sont obligés de s'arrêter devant un obstacle, ils se dispersent, mais les bandes se reforment quand il a été franchi. Le Saumon vulgaire peut nager d’une façon très-rapide. Il est d’une grande voracité. Sa nourriture se compose de poissons, de crustacés, de mollusques, de larves et d’insectes, d’échinodermes, etc. L’époque du Irai varie beaucoup; cependant, elle a lieu d’habitude entre le com¬ mencement de septembre et le commencement d’avril. Les vieux fraient les premiers. Les œufs sont déposés dans une eau bien courante, sur un fond sablonneux ou graveleux, et dans une cavité pratiquée par le poisson. Lorsque les œufs ont été fécondés, le mâle et la femelle les recouvrent de sable ou de gravier. Les Saumons vulgaires fraient sou¬ vent en des points où l’eau est d’une si faible profondeur, qu’ils n’y sont que juste immergés. Quand ils ne peuvent laire autrement, ils fraient dans l’eau saumâtre et l’eau salée. Comme la femelle dépose ses œufs par portions, il lui faut de trois à dix jours environ pour vider ses ovaires. Avant d arriver à l’état adulte, cette espèce passe par trois états possédant des particularités assez grandes pour n’avoir été reconnus définitivement qu’après des observations mul¬ tiples, comme étant ceux de la même espèce. Il est vrai, mais seulement d’une manière générale, que les Saumons vulgaires reviennent frayer dans les cours d’eau où ils sont nés et ont passé le commencement de leur existence. Note. — Mon savant ami, M. Théodore Lancelevée, à Elbeuf- sur-Seine (Seine-Inférieure), m’a obligeamment envoyé les inté¬ ressantes lignes inédites qui suivent : « De 1862 à 1874, période durant laquelle j’ai habité la vallée de l’Andelle, j'ai pu faire quelques observations sur l’apparition du Saumon vulgaire dans la rivière d’Andelle : « Ces poissons remontent généralement cette rivière en décem¬ bre et janvier; cependant, en 1867, j’ai capturé, dès le mois de novembre, une femelle prête à frayer. « Ils voyagent par couple, chaque femelle suivie de son mâle. « Très-vigoureux, ces poissons franchissent avec facilité de grands obstacles; c est ainsi que j ai vu, à différentes reprises, des couples îemonter la nappe d eau s’échappant, avec la plus grande violence, des vannes de décharge de l’Andelle, ouvertes en grand. Cet obstacle franchi, ce qui demandait généralement feu de temps, les Saumons venaient se reposer, immobiles, le long des berges du bief ; c était l’instant choisi pour les har¬ ponner. « J ai pu voir un assez grand nombre de Saumons pris dans l’Andelle, principalement sur le territoire de la commune de R o m i 1 1 y - s u r - A n d e 1 1 e (Eure); quelques-uns avaient une assez forte taille, comprise entre 1 mètre et 1 mètre lo, et leur poids variait de 10 à 1:2 kilogrammes ». — Il convient de faire observer que les barrages établis dans la Seine, en amont et près d’Elbeuf- sur-Seine, empêchent maintenant, presqu'entièrement, les poissons de remonter au delà de cet endroit. (H. G. de K.). Normandie et son littoral. — P.C. Jadis, on pêchait on quantité le Saumon vulgaire dans la partie normande de la Seine et dans ses affluents normands; mais, depuis plusieurs années, on n’en prend plus qu'un bien petit nombre. 2* Genre. TRUTTA - TRUITE. 1. Trutta marina Duham. — Truite de mer. Fario argenteus C. et V. Salmo trutta L., S. truttula Nilss. ( juvenis ). Trutta argenlea Blancb. Fo relie argentée. Truite saumonée. Béguë, Teruite, Teruite, béguë. Téruite, Troite, Trouette, Truite Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XXI, in-4°, p. 213; in -8°, p. 294; et pl. DCXVI (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit., p. 468, et fig. 121 et 122. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 142 et pl. XLII. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 533 et 537; — Manuel , p. 579. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 63 et 84, pl. CXI, fig. 2, et pl. CXII. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 831, 833, 834 et 850. [Considérée comme synonyme de la Truite vulgaire [Trutta fario (L.)] et réunie, comme variété, au Sau¬ mon vulgaire ( Salmo salar L.)]. La Truite de mer remonte, habituellement en mai, juin et juillet, les eaux douces courantes pour y frayer; elle est donc anadrome, mais, en cas de nécessité, elle pond dans les eaux salées. Son naturel est actif. Sa nourriture se compose de crustacés, d’œufs et de jeunes poissons, de vers, de mollusques, de larves et d'insectes, etc. Elle fraie généralement en novembre et décembre. Normandie et son littoral. — A. R. 2. Trutta fario (L.) — Truite vulgaire. Fario lemanus C. et V. Salar Ausonii C. et V. Salmo carpio L., S. fario L., S. trutta Bonnat. 1 rut ta fario Sieb., T. fluviatilis Duham., T. lacustris Blaneh., T. variabilis Lunel. Forelle du lac Léman. Salmone truite. Truite commune, T. de rivière, T. des lacs, T. ordinaire. Béguë, Teroite, Teruite, Téruite, béguë. Troite, Trouette, Truite Note. — On désigne sous le nom de Truites saumonées les individus dont la chair est rose. Cuvier et Valenciennes. — Op. cit., t. XXI, in-4°, p. 218 et 232; in-8°, p. 300 et 319; pi. DCXVII et DCXVIII ( les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit.. p. 465 et 472, et fig. 120 et 123—125. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 137 et 140, et pi. XXXIX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. III, p. 533; — Manuel , p. 579 et 581. — 481 — Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 63 et 95, pl. CIX, fig. 3, pl. CXIII— CXV, et pl. CXVI, fig. 1. Amb. Gentil. — Ichthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 375; tiré à part, p. 20. F.-A. SiMiTT. — Op. cit., 2e pari., p. 831, 833, 834 et 850, ? fig. 211, ? fig. 212 b, et ? fig. 218 b (p. 865). [Consi¬ dérée comme synonyme de la Truite de mer ( Trutta marina Duham.) et réunie, comme variété, au Saumon vulgaire ( Salmo salar L.)]. La Truite vulgaire habite les eaux douces bien courantes, pures, bien aérées et froides, et se trouve aussi dans les lacs et les étangs où existent des eaux courantes et claires. Son humeur est farouche. Elle a des mouvements très-vifs, et, pour saisir une proie ou se sauver, elle nage extrême¬ ment vite. Sa grande puissance musculaire lui permet de remonter, avec une étonnante vitesse, des courants très- rapides. Elle est très-vorace. Sa nourriture se compose de mollusques, de crustacés, de larves et d’insectes, de vers, de poissons et de leurs œufs, etc.; elle mange aussi des araignées, des jeunes micromammifères, des jeunes oiseaux, des têtards, des jeunes reptiles. Au cours de la belle saison, elle saute à la surface pour happer les insectes. Pendant la période de la reproduction, la Truite vulgaire vit en bandes. Cette espèce fraie à différentes époques de l’année, selon les localités ; les individus habitant les lacs et les étangs se rendent, à cet effet, dans les eaux courantes qui s’y déver¬ sent. La femelle vide ses ovaires en plusieurs fois, dans l’espace d’une semaine environ, et pendant la nuit, de pré¬ férence au clair de lune. Les œufs sont déposés au fond de l'eau, parmi les graviers, dans des cavités creusées par le poisson; d’abord libres, ils deviennent peu après adhérents. Les jeunes éclosent au bout de quarante à soixante jours environ, selon la température de l’eau. •> U Toute la Normandie. T.-C. — 482 — OBSERVATION. Oncorhynchus quinnat (Rich.) — Oncorhynque quinnat, Trutta iridea (Gibb.) — Truite arc-en-ciel, Umbla salvelinus (L.) — Omble chevalier, Et cætera. On a tenté, en Normandie, l’acclimatation de plusieurs espèces de Salmonidés, tels que l’Oncorhynque quinnat, appelé aussi Saumon de Californie, la Truite arc-en-ciel, l’Omble chevalier, etc. Il faut espérer que, grâce au zèle des pisciculteurs, ces tentatives seront fructueuses, et que, dans l'avenir, la faune normande sera enrichie de plusieurs espèces de Salmonidés, dont l’introduction en Normandie est selon moi trop récente pour les inscrire comme appar¬ tenant à la faune de cette province. 3e Genre. OSMERUS — OSMÈRE. 1. Osmerus eperlanus (L.) — Osmère éperlan. Atherina mordax Mitch. Eperlanus vulgaris Gaim. Osmerus eperlanus Lacép., O. mordax Gill, O. spirin- chus Pall., Ü. viridescens Lesueur. Salmo eperlano-marinus Bl., S. eperlanus L., S. spirin- chus Pall. Éperlan commun, É. de la Seine, É. de New-York, É. des lacs, É. ordinaire, É. vulgaire. Éplan. Cuvier et Valenciennes. — Op. ci t. , t. XXI, in-4°, p. 270, 281 et 283; in-8°, p. 371, 387 et 388; et pl. DCXX (les 2 édit.). Émile Blanchard. — Op. cit. , p. 441 et fig. 114. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 144 et pl. XLIII. Émile Moreau. — Op. cit. ; Histoire , t. III, p. 541 ; — Ma¬ nuel , p. 586. F rancis Day. — Op. cit., t. II, p. 121, et pl. CXXI, fig. 1 et 1 a. F.- A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 868 et 869, et fig. 208 (p. 828) et 218 a (p. 865); atlas, pl. XLI, fig. 1. L’Osmère éperlan ou Éperlan vulgaire habite la mer et remonte les rivières et les fleuves pour y frayer. C’est donc une espèce anadrome ; mais ce fait éthologique est loin d’être absolu, car beaucoup de ces poissons vivent dans des lacs et des étangs ne communiquant pas avec la mer, et y restent, soit toute l’année, soit pendant la plus grande partie. Ce poisson recherche les fonds sablonneux. Il est sociable, surtout pendant la période de la reproduction; les jeunes vivent en bandes. L’Osmère éperlan mène une vie indolente. Sa résistance vitale est faible. Il est vorace. Sa nourriture se compose principalement de poissons; il mange aussi des crustacés, des vers, des larves et des insectes, des œufs de différents animaux, etc. Dans la seconde moitié de l’hiver et au printemps, les individus qui vivent dans la mer remontent les eaux douces courantes et y fraient, le plus généralement, aux mois de mars, d’avril et de mai, en des endroits où l’eau est d’une faible profondeur. Les individus qui habitent les lacs et les étangs n’ayant pas de communi¬ cation avec la mer fraient en des points de petite profondeur, ou, dans ce but, remontent les rivières qui s’y déversent. Les œufs adhèrent aux objets avec lesquels ils entrent en contact. Une femelle bien développée pond annuellement 484 — d’une à plusieurs dizaines de mille œufs. Les jeunes éclo¬ sent au bout d’une à trois semaines, selon la température de 1 eau. L Osmère éperlan émet une odeur particulière, plus prononcée chez les jeunes, que l’on peut comparer à l’odeur du concombre augmentée d’un peu du parfum de la violette. Cette odeur ayant son siège dans le mucus que sécrète la peau, il est évident quelle se communique, parce mucus, a tous les objets ayant eu contact avec le poisson. Normandie et son littoral. — C. L Osmère éperlan ou Éperlan vulgaire se rencontre en toute saison, non-seulement à l’embouchure de la Seine, mais encore sur le parcours du fleuve où la marée se fait sentir. Aux mois de février et de mars, il remonte en grand nombre la Seine jusqu’à Rouen et même au delà, pour s’y reproduire. La pêche de ce poisson est alors très-fructueuse et se fait habituellement entre le milieu de février et la fin de mars. Il y a, en moyenne, une très- bonne année de pêche sur trois. Noie. Autrefois, 1 Osmère éperlan remontait la Seine jusqu’à Pont-de-l'Arche (Eure), mais les barrages établis dans ce fleuve, en amont et près d’Elbeuf-sur-Seine (Seine-Inférieure), s’oppo¬ sent, d une façon presqu’entière, à la montée des poissons au delà de cet endroit. 4e Ordre. APODES — APODES. lr9 Famille. ANGUILLIDAE — ANGUILLIDÉS. 1er Genre. ANGUILLA — ANGUILLE. 1 . Anguilla vulgaris Turt. — Anguille vulgaire. Muraena anguilla L. Anguille a bec large, A. à bec long, A. à bec moyen, A. à bec oblong, A. à bec plat, A. à museau aigu, A. commune, A. ordinaire, A. pimperneaux, A. verniaux. Murène anguille. Angulle, Civelle (jeune), Montée (jeune), Pimperneau, Piper- neau. Note. — L’Anguille vulgaire est une espèce polymorphe qui a donné lieu à la création d’une série de noms pour désigner des formes qui, aux yeux de la plupart des ichthyologistes, ne sont que des variétés, tandis que certains les considèrent comme étant de véritables espèces. Afin de citer un exemple, disons que J. -J. Kaup a morcelé l’Anguille vulgaire en vingt-six espèces, et il n'est pas douteux qu’il l’eût divisée davantage encore s’il avait examiné un nombre plus grand d’exemplaires provenant de localités très-diverses. Une telle façon d’agir est déplorable. La science tire grand profit de la rigoureuse indication des limites dans lesquelles varient les espèces; la connaissance des causes qui produisent ces variations est d’une importance capitale, mais la création abusive de noms d’espèces et de variétés est, certes, chose néfaste. Je crois inutile de mentionner, dans la synonymie latine, la longue série des noms spécifiques créés aux dépens de l’Anguille vulgaire. Émile Blanchard. — Op. cit. , p. 491, 495, 496 et 497, et fig. 129—132. H. Gervais et FL.Boulart. — Op. cit., t. I, p. 175, fig. 35 (p. 43), et pi. LV et LVI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 560; — Manuel , p. 596. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 241, et pi. CXLII, fig. 1 et 1 a. Amb. Gentil. — Ichtlujologie de la Sarthe (op. cit.), p. 376; tiré à part, p. 21. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2° part., p. 1023, et fig. 275 et 276; atlas, pi. XLV, fig. 1. — 486 L’Anguille vulgaire habite les eaux salées, saumâtres et douces. C’est une espèce marine, et catadrome puisqu’elle vient de la mer et qu’elle y retourne pour s’y reproduire. Ce poisson vit aussi bien dans les eaux courantes que dans les eaux stagnantes, dans les eaux troubles que dans les eaux pures. Il passe une grande partie de son existence dissi¬ mulé parmi les pierres, dans une cavité ou dans quelqu’autre cachette, ou dans les trous qu’il s’est creusés dans la vase et le sable. Ses mouvements sont rapides et serpentiformes. Sa queue est préhensile. Sous l’action du froid, il reste engourdi dans quelque trou. L’Anguille vulgaire se rend exceptionnellement sur terre et y parcourt même d’assez grandes distances. Elle est très-résistante à la mort et très- vorace. Sa nourriture se compose d’animaux des plus variés (y compris des petits vertébrés supérieurs), soit vivants, soit morts, ainsi que de leurs œufs et de substances végé¬ tales; en résumé, elle est omnivore. Depuis Aristote, le mode de reproduction de l’Anguille vulgaire a préoccupé les biologistes. On a émis l’opinion erronée que cette espèce était hermaphrodite, on a dit faussement quelle était vivi¬ pare, on a prétendu à tort que c’était la larve d’un autre poisson. En définitive, chez cette espèce, les sexes sont séparés et la reproduction a lieu dans la mer, à des profon¬ deurs plus ou moins grandes. Deux zoologistes, Grassi et Calandruccio, ont beaucoup éclairci, il y a peu de temps, la question du mode de développement de l’Anguille vul¬ gaire, en prouvant quelle passe, comme il est indiqué pour l’espèce suivante [Congre vulgaire ( Conger niger Risso)], par une forme larvaire connue sous le nom de Leptocé- phale brévirostre, animal qui avait été regardé comme une espèce particulière appartenant à un groupe spécial. Ces deux savants ont résolu complètement ce point en obtenant, en captivité, la transformation du Leptocéphale brévirostre ( Leptocephalus brevirostris Kaup) en jeune Anguille vulgaire, et la réalité de cette transformation a été confirmée par le professeur Ficalbi. Leur phase leptocépha- — 487 lienne terminée, les jeunes, alors transformés en petites Anguilles, quittent les eaux profondes, s’approchent des rivages, et, en bandes compactes formées d’un nombre prodigieux d’individus ayant quelques centimètres de long, remontent les rivières et les fleuves, d’où ils se répandent dans toutes les eaux douces courantes et stagnantes. Cette montée — nom qui désigne à la fois le fait de la migration des jeunes dans l’eau douce et les jeunes eux-mêmes — a lieu en hiver et au printemps. Toutes les jeunes Anguilles ne montent pas de suite dans l’eau douce, beaucoup séjournant un temps plus ou moins long dans les eaux salées. De même, toutes les grosses Anguilles ne se rendent pas à la mer, beaucoup restant dans les eaux douces ; mais, fait très-important à dire, ne s’y reproduisent jamais. On a prétendu, il est vrai, que des Anguilles vulgaires avaient frayé dans des eaux closes. On peut affirmer que les jeunes n’y étaient pas nés, mais y étaient venus, soit d’une façon naturelle, par quelque filet d’eau, par une nappe d’eau sou¬ terraine, etc., — les jeunes Anguilles pouvant se faufiler dans des passages très-étroits — soit d’une manière artifi¬ cielle quelconque. Toute la Normandie. — T.-C. en toute saison. La montée des jeunes Anguilles vulgaires dans les eaux normandes a lieu en hiver ou au printemps, selon la tempé¬ rature de l’eau. 2e Genre. CONGER - CONGRE. 1 . Conger niger Risso — Congre vulgaire. Anguilla conger Mitch. Conger communis O. Costa, C. Linnei Malm, C. occiden- talis Dek., C. venus Risso, C. vulgaris Cuv. Echelus gruncus Raf., E. macropterus Raf. Muraena conger L., M. nigra Risso. — 488 Congre commun, C. noir, C. ordinaire. Murène congre, M. noire. Anguille cle mer, Angulle de mer, Bigret (jeune), Vigret (jeune). H. Gervais el R. Boulart. — Op. cit. , t. III, p. 126 et pl. LI. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 565 ; — Ma¬ nuel, p. 597. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 250, et pl. CXLII, fig. 2 et 2 a. F. -A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1037; atlas, pl. XLV, fig . 2. Le Congre vulgaire habite la mer, à des profondeurs plus ou moins faibles et jusque dans la zone du balancement des marées. Il vit surtout dans les endroits situés à quelque pro¬ fondeur et dont le fond est rocheux et garni d’algues, ou composé de places sablonneuses entourées de rochers pour¬ vus de ces plantes ; mais il se trouve aussi sur les fonds vaseux. Il se cache parmi les végétaux ou les pierres, ou dans les crevasses et les cavités des rochers, ainsi que dans les trous qu il se creuse dans le sable et la vase. La force de ses mâchoires est si grande, qu’il brise avec facilité les coquilles de mollusques. Sa queue est préhensile. Le froid détermine 1 engourdissement de ce poisson. Sa résistance vitale et sa voracité sont très-grandes. Sa nourriture se compose d’animaux très-variés, principalement de crustacés et de poissons ; il ne dédaigne pas les substances animales en décomposition. Le Congre vulgaire fraie pendant la saison troide. Le nombre d’œufs que contient une femelle bien développée est d’un à plusieurs millions. Avant d’ar¬ river a 1 état de Congre, ce poisson passe par une forme larvaire connue sous le nom de Leptocéphale ( Leptoce- p ha lus) , larves qui, autrefois, étaient considérées comme des poissons appartenant à un groupe spécial. Note. — Relativement à la voracité et à la force du Congre vulgaire, voici des lignes très -intéressantes , publiées par M. G. Lennier, l’éminent conservateur du Muséum d’Histoire naturelle du Havre : « En 1869, dit G. Lennier [ Guide du visiteur à V Aquarium du Havre (op. cit.) , p. 84], j’avais, dans l’Aquarium du Havre, un certain nombre de Congres, dont un de très-grande taille (environ 1 m. 50 de longueur), et je leur ai donné plusieurs fois des Poulpes (Octopus) vivants à dévorer. Ordinairement, je faisais jeûner les Congres pendant deux jours, afin de les rendre plus ardents à l’attaque; puis je faisais jeter un Poulpe dans le bassin où ils se trouvaient. Aussitôt qu’il Louchait le fond, ses yeux sondaient tous les coins du bac, et à peine avait-il aperçu un Congre que, sentant instinctivement le danger qui le mena¬ çait, le Poulpe cherchait à dissimuler sa présence, en se tapis¬ sant le long d’un rocher dont il prenait la couleur. Mais, sem¬ blables aux bêtes féroces en captivité, les Congres, quand ils ont faim, vont et viennent constamment dans l’espace qui leur est donné; bientôt, ils avaient découvert le Poulpe et s’étaient arrê¬ tés près de lui : l’attaque allait commencer. Le Congre, sans presser ses mouvements, s’avançait prudemment jusqu’à toucher le Poulpe qui, se sentant découvert, changeait de tactique ; il s’élançait en arrière pour fuir, laissant derrière lui une longue traînée noire formée par l’encre qui sortait, mélangée à l’eau, par l’orifice du tube locomoteur ; puis, il allait se poser sur un rocher adossé au mur ou à la glace, de façon à n’être pas atta¬ qué en arrière ; tous ses bras se redressaient et entouraient le corps, de manière à présenter de tous côtés une surface garnie de suçoirs. Dans cette position, il attendait, haletant, ses ennemis qui ne tardaient point à l’atteindre de nouveau. Le plus gourmand, le plus affamé ou peut-être le plus brave des Congres s’avançait alors et commençait l’attaque en tournant et en flairant toutes les parties du corps du Poulpe. Quand il avait trouvé un point vulnérable, sa gueule s’ouvrait, ses dénis aiguës entraient profon¬ dément dans les chairs vivantes du Poulpe, et au même moment tout le corps du Congre, en se vissant en quelque sorte dans Teau, tournait avec une vitesse vertigineuse jusqu’à ce que toutes les parties de chair vivante, saisies par la gueule, se fussent dé¬ chirées par torsion et séparées du corps du Poulpe. Chaque coup 31 * — 490 de gueule du Congre coûtait un bras au Poulpe, et bientôt le corps de la malheureuse bête n’était plus qu’un hideux tronçon, sans membres, mais respirant encore et cherchant à se défendre contre la morsure des Chiens de mer et des Roussettes, ces lâches rôdeurs, qui viennent, après le combat, se repaître des débris encore vivants du vaincu ». Littoral de la Normandie. — T.-C. en toute saison. 4e Sect. MARSIPOBRANCHIA - MARSIPOBR ANCHES. Ie* Ordre. CYCLOSTOMA — CYCLOSTOMES. lre Famille. PE TROMYZ O NID A E — PÉTROMYZONIDÉS. Ie' Genre. PETROMYZON - LAMPROIE. 1 . Petromyzon marinus L. — Lamproie marine. Lampetra marina Malm. Petromyzon americanus Lesueur, P. appendix Dek., P. lampetra Pall., P. maculosus Gron., P. nigri- cans Lesueur. Grande lamproie. Petromyzon lamproie. Anguille-musique, Lampreie, Sept-œil. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franç.), p. 5, et pi. I, fig. 1 et 2. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 512, et fig. 136 et 137. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 187, et pl. LIX, la fig. en haut. Emile Moreau. — Op. cit. : Histoire , t. III, p. 601 et 602, et fig. 217; — Manuel , p. 609. — 491 — Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 356 et pl. CLXXVIII, Amb. Gentil. — Ichthyologie de la SartJie (op. cit.), p. 377 et 378; tiré à part, p. 22 et 23. F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1182 et 1183, et fig. 352; atlas, pl. LUI, fig. 1 . La Lamproie marine habite la mer, et, pour frayer, re¬ monte les fleuves, les rivières et les canaux, parfois jusqu’à de considérables distances du littoral. C’est donc une espèce anadrome; toutefois, elle ne l’est pas d’une façon absolue, puisqu'elle se reproduit dans des lacs d’eau douce ne com¬ muniquant pas avec la mer. Ce poisson passe la plus grande partie de son existence fixé, par la bouche, aux pierres ou à d'autres objets, ou aux animaux dont il fait sa proie. La bouche fait l’office de ventouse, de telle sorte que l’animal est solidement fixé sans qu’il ait besoin de mettre enjeu une action musculaire. Ce poisson nage à la façon d'une Anguille. Il est résistant à la mort et se nourrit d’animaux très-variés. La Lamproie marine se rend dans les eaux douces entre le commencement de l’année et le commence¬ ment de juillet. Elle fraie au printemps et pendant l’été. Les œufs sont déposés dans une cavité au fond de l’eau, pratiquée par le poisson qui, en outre, les protège par des pierres qu’il déplace avec sa bouche. La Lamproie marine passe par une forme larvaire à laquelle on a donné le nom d’Ammocète ( Ammocoetes et Ammocoetus), larves décrites sous des noms spécifiques différents et qui étaient considérées comme des poissons appartenant à un genre spécial. Normandie et son littoral. — A. R. Relativement à la Lamproie marine, G. Lennier dit dans son ouvrage sur L'Estuaire de la Seine ( op. cit., t. II, p. 158) : « Les jeunes se pêchent en grande quantité dans la Basse-Seine; ils sont vendus, à Rouen, sous le nom de Sept-œil ». [La plupart de ces jeunes ne sont pas des 492 Lamproies marines, mais des adultes et des jeunes de l'es¬ pèce suivante : Lamproie lluviatile (Petromyzon fluvia- tilis L.)]. (H. G. de K.). 2. Petromyzon fluviatilis L. — Lamproie fluvia- tile. Ammocoetes branchialis Cuv. ( larva ). Lampetra fluviatilis Gray, L. Planera Gray. Petromyzon argenteus BL, P. bicolor Shaw, P. branchia- lis L. ( larva ), P. lumbricatis Pall. ( larva ), P. niger Lacép., P. Planeri BL, P. plumbeus Shaw, P. ruber Lacép. (larva), P. sanguisuga Lacép. Ammocète branchiale (larve), A. commune (larve). A. lam- proyon (larve), A. ordinaire (larve), A. vulgaire (larve). Lamproie de Planer, L. de rivière, L. sucet. Petite lamproie, P. lamproie de rivière. Pétromyzon noir, P. pricka, P. sept-œil, P. sucet. Chatouille, Cousue, Estouille, Étreteur, Grosse sept-œil, Lamprillon, Lamproyon, Petite sept-œil, Satrouille, Sept- œil, Sept-treus, Sept-trous, Suce-pied, Sucet, Suçon. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Op. cit. ( Faune franc.), p. 3, 6 et 8, pi. I, fig. 3, et pi. II, fig. 1, 3 et 4. Émile Blanchard. — Op. cit., p. 515 et 517, et fig. 138 — 149. H. Gervais et B. Boulart. — Op. cit., t. I, p. 188 et 189, pi. LIX, la fig. en bas, et pi. LX. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. III, p. 601, 604 et 606; — Manuel, p. 609, 610 et 611. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 359 et 362, et pi. CLXXIX, fig. 1 — 3. Amb. Gentil. — Iehthyologie de la Sarthe (op. cit.), p. 377 et 378: tiré à part, p. 22 et 23. — 493 — F. -A. Smitt. — Op. cit. , 2e part., p. 1182 et 1188, 349 (p. 1179) et 353; atlas, pl. LUI, fig. 2—4. La Lamproie tluviatile habite constamment ou temporai¬ rement les eaux douces : rivières, fleuves, ruisseaux, lacs; elle vit aussi dans les eaux saumâtres et les eaux salées, d’où elle se rend dans les eaux douces pour y frayer; en conséquence, ce n’est qu’une partie des Lamproies lluvia- tiles, et vraisemblablement la moindre, qui est anadrome. Ce poisson passe son existence partiellement dans le sable ou la vase, et partiellement fixé, par la bouche, à des pierres ou à d’autres objets, ou aux animaux qui doivent lui servir de proie. Sa bouche joue le rôle de ventouse, de telle sorte qu’il est solidement fixé, sans le besoin d’aucune action musculaire. Il nage à la façon d’une Anguille. Il est résis¬ tant à la mort. Sa nourriture se compose d’animaux très- variés et de débris organiques. Les Lamproies tluviatiles des eaux salées et des eaux saumâtres montent dans les eaux douces pendant la seconde moitié de l'année et y fraient au printemps et dans la première moitié de l’été. Les œufs sont déposés sur un fond de préférence caillouteux, dans une cavité que creuse le poisson, ou abrités par lui au moyen de petites pierres qu’il déplace à cet effet avec sa bouche. Les jeunes éclosent au bout de trois semaines envi¬ ron. La larve, connue sous le nom d’Ammocète {Amnio- coetes et Ammocoetus ), vit à peu près trois ou quatre ans avant de se transformer en Lamproie. Ces larves furent décrites sous des noms spécifiques distincts et regardées comme étant des poissons faisant partie d'un genre spé¬ cial. Normandie et son littoral. — A.C. en toute saison. 494 — 5e Section. PHARYNGOBRANCHIA — PHARYNGOBRANCHES. 1er Ordre. BRANCHIOSTOMIA — BRANCHIOSTOMIENS. P'Farn. BRANCHIOSTOMIDAE — BRANCHIOSTOMIDÉS. 1er Genre. BRANCHIOS TOM A — BRANCHIOSTOME. 1. Branchiostoma lanceolatum (Pall.) — Bran- chiostome lancéolé. Amphio.xus lanceolatus Yarr. Branchiostoma lanceolatum Gray, B. lubricum 0. Costa. Umax fl» lanceolaris Pall., !.. lanceolatus Pall. Arnphioxus lancéolé. H. Gervais et R. Boulart. — Op. cit., t. III, p. 264 et fig. 48. Émile Moreau. — Op. cit. : Histoire, t. III, p. 618 et fig. 220; — Manuel, p. 613. Francis Day. — Op. cit., t. II, p. 366, et pl. CLXXIX, fig. 5 et 5 a. F.-A. Smitt. — Op. cit., 2e part., p. 1220, et pl. LIII, fig. 6. Le Branchiostome lancéolé habite la mer, sur les fonds de sable, de gravier et de vase, particulièrement sur les fonds de sable coquillier, et à de plus ou moins faibles pro¬ fondeurs, jusque dans la zone du balancement des marées. (1) L’illustre naturaliste Peter-Simon Pallas, qui a décrit le premier, en 1 il a, le Branchiostome lancéolé, le considéra comme étant un mollusque et le plaça dans le genre Limace ( Limax ). 495 Son existence est en grande partie indolente, mais il a des mouvements vifs, et, pour échapper au danger, il s'enterre avec beaucoup de rapidité. Le Branchiostome lancéolé a une natation serpentiforme. 11 possède une très-grande résis¬ tance vitale. Sa nourriture se compose d’animaux et de vé¬ gétaux extrêmement petits. Ce minuscule poisson se repro¬ duit dans la seconde moitié de l’hiver, au printemps et en été. Les œufs sont pondus libres dans l’eau. Note. — Les Branchiostomes , dont on connaît plusieurs espèces, sont les plus imparfaits des vertébrés, et, de plus, ils sont très-loin au-dessous des autres poissons les plus inférieurs (Cyclostomes). Leur organisation toute spéciale et leur dévelop¬ pement ont une extrême importance au point de vue de la zoo¬ logie philosophique. Manche : Relativement au Branchiostome lancéolé, A.-E. Ma- lard dit ce qui suit dans son Catalogue des Pois¬ sons des côtes de la Manche dans les environs de Saint- Vaast (op. cit., p. 62) : « Ce poisson a été trouvé dans un fond de maërl blanc, c’est-à-dire de coquilles brisées mêlées à des algues calcaires également fragmentées. Ce fond est situé en vue des côtes, au large des îles de Saint- Marcouf » . Au sujet de cette espèce, M. A.-E. Malard, sous- directeur du Laboratoire maritime du Muséum d’His- toire naturelle de Paris, à Saint-Vaast-de-la-Hougue (Manche), a eu l’obligeance de m’envoyer les intéres¬ sants renseignements qui suivent : Dans la région de Saint-Vaast-de-la-Hougue, le Branchiostome lancéolé se trouve presque en tous les points où les sables sont formés de coquilles broyées dont les fragments n’excèdent pas une longueur de quelques millimètres. Ces sables sont caractérisés par la présence d'un Oursin, Y Echinocyamus pusillus. On y trouve souvent aussi des algues calcaires (Li- thothamnion) broyées en fragments de quelques mil¬ limètres. Dans ces sables, le Branchiostome lancéolé est plus ou moins nombreux, mais existe presque partout, soit aux Escraoulettes, soit sous Réville, soit près des îles Saint-Marcouf. Il ne faut pas compter, en moyenne, sur plus de deux ou trois exemplaires par coup de drague. Pendant l’hiver très-froid de 1894-95, un grand nombre d'individus de cette espèce furent jetés à la côte, ce qui prouve que ce peiit poisson n’est pas aussi rare qu’on pourrait le supposer. Note.— Au Laboratoire maritime de Saint-Vaast-de-la-Hougue, installé à Tatihou (île et presqu’île alternativement), laboratoire que dirige le très-éminent zoologiste M. Edmond Perrier, membre de l’Académie des Sciences de Paris et professeur au Muséum d’Histoire naturelle de cette ville, j’ai eu le vif plaisir, en 1894, de voir à l’état vivant, dans un bac de l’Aquarium, le Branchio¬ stome lancéolé. Ce minuscule poisson est inutile au point de vue économique, mais son importance — il est bon de le répéter — est des plus grandes, relativement au problème capital de la zoo¬ logie philosophique : celui de l’origine et de révolution des ani¬ maux, y compris l’Homme cela va sans dire, problème qui est un des plus élevés que puisse se poser notre intelligence. ADDENDA ET ERRATA AUX REPTILES, AUX BATRACIENS ET AUX POISSONS DE LA NORMANDIE. Reptiles. Chelone imbricata (L.) (Chélonée caret). Page 154, ligne 8, ajouter : « Il y a huit ans (soit, presque certainement, vers 1828), des pêcheurs d’Arromanches (Calvados) prirent une tortue de mer de l’espèce Caret, probablement égarée, et que j’ai dans ma collection ». [C.-G. Chesnon. — Op. cit. , p. 34]. Il est regrettable que ce naturaliste n’ait pas indiqué l'en¬ droit où cette tortue a été prise. Lacerta viriclis (Laur.) (Lézard vert). Page 161, ligne 14, ajouter : « M. Paul Noël expose sur le bureau un exemplaire de Lacerta viridis trouvé par lui récemment à Boisguillaume (près de Rouen) ». [Renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1894, p. 220]. M. Paul Noël m’ayant dit qu’il n’avait pas examiné ce Lézard, qui était jeune, et ne l’ayant pas vu moi-même, je ne puis, en aucune manière, donner ce renseignement comme étant exact. Page 161, ligne 6 en remontant, ajouter : , et qu’il l’avait vu dans la forêt de Lyons, aux environs de Vascœuil (Eure). 498 — Tropidonotus viperinus ( Latr. ) (Tropidonote vipé¬ rin). Page 179, ligne 9, ajouter : C.-G. Chesnon (op. cit. , p. 35) indique, sans aucun détail, cette espèce comme se trouvant en Nor¬ mandie. A mon avis, ce renseignement est beaucoup trop vague pour qu’il en soit tenu compte, étant donné qu’il s’agit d’une espèce litigieuse au point de vue de son existence dans cette province. Viper a aspis (L.) (Vipère aspic). Page 185, ligne 6 en remontant, ajouter : Aspi. Page 187, ligne 7 en remontant, ajouter : C.-G. Chesnon (op. cit., p. 35) mentionne, sans aucun détail, cette espèce comme se trouvant en Nor¬ mandie. Je n’aurais certes pas, d’après un renseigne¬ ment aussi vague, inscrit la Vipère aspic dans la faune normande; mais la présence de cet ophidien a été constatée indubitablement dans la partie méridio¬ nale du département de l’Orne, la seule région de la Normandie où jusqu’à ce jour, du moins à ma con¬ naissance, on ait indiqué la Vipère aspic d’une façon qui ne laisse aucun doute. (Voir, à cet égard, la page 190 et les lignes suivantes). Page 191, ligne 4, ajouter: « Comme la Vipère aspic se trouve à Nogent-le- Rotrou (Eure-et-Loir) et à Mamers (Sarthe), il était, logique de supposer qu’elle existait aussi dans la par¬ tie sud de l’arrondissement de Mortagne, qui forme, entre la Sarthe et l’Eure-et-Loir, un espace triangu- laire de près de 800 kilomètres carrés, remontant jusqu’à la latitude de La Ferté- Bernard, Bonnétable et Ballon (Sarthe), à 20 kilomètres du Mans. Aussi, ayant demandé à mon excellent ami M. Bizet, con¬ ducteur des Ponts et Chaussées à Bellême, bien connu des naturalistes normands par ses travaux de géolo¬ gie, de m’adresser quelques échantillons de la Vipère appelée vulgairement Aspic dans sa région, je rece¬ vais, le 1er juillet 1897, deux superbes exemplaires qui venaient d'être capturés par un paysan dans les bois de Mâle, près Le Theil : l’un rougeâtre, ayant 0 m. 55 de long, l’autre gris et un peu plus petit, et j’avais le plaisir de constater qu’ils appartenaient au Vipera aspis L. C’est donc aujourd’hui une espèce bien acquise â la faune normande ». [A.-L. Letacq. — Note sur la présence de la, Vipère aspic ( Vipera aspis L.) dans le département de l'Orne (op. ci t. ) ] . Batraciens. Pelodytes punctalus (Daud.) (Pélodyte ponctué). Page 208, ligne 16 en remontant, ajouter : Normandie : C.-G. Chesnon (op. cil., p. 36) indique, sans aucun détail, cette espèce comme se trouvant en Normandie. Ce n’est certes pas un renseignement aussi vague qui m’eût suffi pour inscrire le Pélodyte ponctué dans la faune normande ; mais, comme il est dit précédem¬ ment (p. 208 et 210), ce batracien anoure a été trouvé, d’une façon authentique, dans les départe¬ ments de la Seine-Inférieure et de l’Eure. Je blâme, une fois de plus, la publication de travaux où le vague remplace la précision et les détails, absolu¬ ment indispensables en matière scientifique. Triton marmoratus (Latr.) (Triton marbré). Page 223, ligne 15, ajouter : Normandie : C.-G. Chesnon (op. cit., p. 36) mentionne, sans aucun détail, cette espèce comme se trouvant en Normandie. Je n aurais certainement pas, d’après un renseignement aussi vague, inscrit le Triton marbré dans la faune normande; toutefois, cette espèce a le droit d’y figurer, car, authentiquement, elle a été capturée près de Granville (Manche). (Voir, à cet égard, la page 223). Poissons. Ca reh aria s glaucus ( L. ) ( Requin bleu). Page 245, ligne 8 en remontant, mettre : Cet exemplaire adulte, naturalisé, se voit au Muséum d’Histoire naturelle du Havre, au lieu de : Un exem¬ plaire naturalisé, qui est très-vraisemblablement celui en question, se voit. . . Page 215, ligne 6 en remontant, ajouter : « Les journaux de Rouen du 1er novembre 1887 ont annoncé qu’un Requin bleu [ Carcharias glau¬ cus (L.)] avait été pris sur la plage de Saint-Jouin (Seine-Inférieure), par M. Regnier, instituteur de cette commune, et offert par lui au Muséum d’Histoire naturelle du Havre ». [Renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1887, p. 103]. L’éminent conservateur de ce Muséum, M. G. Lennier, m’a confirmé, sur ma demande, 1 exactitude de ce renseignement que j’avais communiqué à la Société. Ce poisson, pris en 501 octobre 1887, fait partie des collections du Muséum d’Histoire naturelle du Havre. « Un Requin bleu mâle, d’une longueur de 1 m. 50, a été pêché en rade du Havre, dans la nuit du 22 au 23 septembre 1897, et vendu au marché de cette ville ». | Renseignement communiqué par M. G. LennierJ. Squalus acanthias L. (Squale aiguillât). Page 249, ligne 6, ajouter : « La ponte de l’Aiguillat, dit H.-É. Sauvage dans son savant mémoire ayant pour titre : Examen de l'état de maturité sexuelle de quelques Poissons de mer (op. cit. , p. 86), a lieu deux fois par an, en juin, juillet, et tin octobre ou commencement de novembre. Dès les premiers jours du mois de mai, nous trouvons des œufs dans chaque oviducte, tandis que, vers le milieu du mois de juin, le fœtus est développé ; la ponte peut être retardée, aussi trouvons-nous, dans les premiers jours du mois de juillet, des embryons encore dans l’œuf. Dans les premiers jours du mois d’octobre, une seconde ponte est sur le point de s’effectuer; nous trouvons, en effet, à cette époque, des fœtus complètement développés dans chaque oviducte, des œufs et des ovules à tous les degrés de développe¬ ment. « D’après É. Moreau [ Histoire (op. cit.), t. 1, p. 272], le nombre des petits, chez l’Aiguillat, « est de quatre, deux dans chaque utérus ». Ce fait nous parait être l’excep¬ tion. « C'est ainsi qu’au mois de novembre 1887, nous avons trouvé trois fœtus dans l'utérus droit et un dans l’utérus gauche ; du côté droit, l’ovaire ne présentait qu un laible développement et ne contenait que peu d ovules ; il n en était pas de même du côté gauche : outre le lœtus, on constatait la présence de deux œufs volumineux ayant, comme diamètre, 43 et 34 mill., et d’ovules à tous les degrés de développement. L’espace occupé par le fœtus, dans 1 utérus, était de Ont. 180; la partie postérieure du fœtus est repliée sur elle-même. La longueur des fœtus \aiiait de 0 m. 180 à 0 m. 230, le poids rie 45 à 65 grammes. « En juin, on constate que les fœtus sont généralement bien développés; le nombre en est variable. Sur 20 Aiguil- lats, nous notons : trois fois 2 fœtus à droite, 2 à gauche; trois fois 3 fœtus à droite, 2 à gauche ; deux fois 4 fœtus de chaque côté ; une fois 4 fœtus à droite, 3 à gauche ; deux fois 3 fœtus de chaque côté; deux fois 2 fœtus à droite, 4 à gauche; une fois 1 fœtus à droite, 5 à gauche; une fois l’ovaire ne contenait à gauche que des œufs non complètement développés, tandis qu’il existait 1 fœtus à droite. Nous avons trouvé une fois 4 œufs et 3 fœtus à droite, 4 œufs et 4 fœtus à gauche; deux fois 4 œufs et 3 fœtus à droite, 4 œufs et 2 fœtus à gauche. « Nous n’avons trouvé, en mai, que des œufs dans l'ovi- ducte; ayant examiné trois Aiguillats en juillet, nous avons trouvé une fois 3 embryons de chaque côté, deux fois 4 em¬ bryons de chaque côté. “ Au point de vue de la répartition des sexes, nous avons trouvé au mois de juin, sur 110 fœtus examinés, 56 mâles et 54 femelles. Nous notons sur dix Aiguillats ; 2 mâles, 2 femelles, à droite; 2 mâles, 1 femelle, à gauche; du côté droit 2 femelles, du côté gauche 1 mâle ; 1 mâle, 1 femelle, de chaque côté; 1 mâle à droite, 1 femelle et 4 mâles à gauche. « Le fœtus de 1 Aiguillât commun ressemble absolument a l’animal adulte, et les proportions des diverses parties du corps sont les mêmes. . . ». Page 273, ligne 10 en remontant, lire : Acipenser Valen- tiennes i A. Dum. au lieu de i (A. Dum.). 503 — Entelurus aequoreus (L.) (Entelure de mer). Page 282, ligne 13 en remontant, ajouter : Calvados : Voir les dernières lignes qui précèdent. Lampris pelagicus (Gunn.) (Lampris lune). Page 349, ligne 8 en remontant, ajouter : « Un exemplaire de cette espèce, trouvé sur la plage de Port-en-Bessin (Calvados), fait partie des collections du Musée d’Histoire naturelle de Caen ». [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de cette ville]. I. LISTE METHODIQUE DES POISSONS PLUS OU MOINS COMMUNS OU PLUS OU MOINS RARES DANS LA ZONE LITTORALE ET LES EAUX DOUCES DE LA NORMANDIE, MAIS DONT LA PRÉSENCE Y EST NORMALE (1). Sélaciens. 1. — Scylliorhinus canicula (L.) (Roussette à petites taches). 2. — Scylliorhinus stellaris (L.) (Roussette à grandes taches). 3. — Mustelus vulyaris M. et H. (Émissole vulgaire). 4. — Galeorhinus galeus (L.) (Milandre vulgaire). 5. — Squalus acanthias L. (Squale aiguillât). 6. — Rhina squatina (L.) (Rhine ange). 7. — Torpédo marmorata Risso (Torpille marbrée). 8. — Raia clavcita L. (Raie bouclée). 9. — Raia radiata Donov. (Raie radiée). 10. — Raia falsavela Bp. (Raie fausse-voile). (1) Il convient de rappeler ici que j'ai cru devoir fixer à la zone littorale dépendant de la Normandie, au point de vue faunique, une largeur maximum de douze kilomètres, exception faite pour le petit archipel de Chausey (Manche), presque totalement situé, il est vrai, en dehors de cette bande littorale, mais que la logi¬ que oblige à rattacher en entier à la Normandie. Je dois ajouter que les noms indiqués dans cette liste sont ceux des Poissons dont la présence a été constatée avec certitude en Normandie, et que je n’y mentionne pas les espèces dont la tentative d’accli- 506 — 11. — Raia macrorhynchus Raf. ( Raie à bec long). 12. — Raia bâtis L. (Raie bâtis). 13. — Raia alba Lacép. (Raie blanche). 14. — Raia punctata Risso (Raie ponctuée). 15. — Raia maculata Mont. (Raie estellée). 16. — Raia mosaica Lacép. (Raie ondulée). 17. — Myliobatis aquila (L.) (Myliobate aigle). 18. — Trygon pastinaca (L.) (Trygon pastenague). Sturioniens. 19. — Acipenser sturio L. (Esturgeon vulgaire). Lophobranches . 20. — Hippocampus antiquorum Leach ( Hippocampe bré- virostre ) . 21. — Syngnathus acus L. (Syngnathe aiguille). 22. — Syngnathus rostellatus Nilss. ( Syngnathe de Dumé- ril ) . matation est trop récente pour qu’elles aient, selon moi, le droit de figurer dans cet ouvrage faunique. Afin d’éviter une longue répétition, je ne donne pas ici la liste méthodique générale des Reptiles, des Batraciens et des Poissons normands, liste qui se trouve plus loin, dans la liste méthodique des Vertébrés sauvages observés en Normandie. Cette dernière est suivie de la liste des Vertébrés sauvages dont il est fait une mention spéciale dans cet ouvrage faunique, mais qui ne doivent pas figurer dans la liste générale en question, soit parce que leur présence en Normandie est encore plus ou moins dou¬ teuse, soit parce qu’ils furent indiqués à tort dans la faune de cette province, et que je devais signaler ces erreurs, soit parce que leur tentative d’acclimatation y est encore, à mon avis, trop récente; etc. 507 23. — Siphonostoma typhle (L.) (Siphonostome typhle). 24. — Entelurus aequoreus (L.) (Entelure de mer). 25. — Nerophis lumbriciformis (Yarr.) ( Nérophis lom- bricoïde ) . 26. — Nerophis ophidion (L.) (Néropliis ophidion). Chorignathes. 27. — Trachinus ripera C. et V. (Vive petite). 28. — Trachinus draco L. (Vive vulgaire). 29. — Blennius palmicornis C. et V. ( Blennie palmi- corne ) . 30. — Blennius gattorugine Briinn. ( Blennie gattoru- gine). 31. — Blennius ocellaris L. (Blennie papillon). 32. — Blennius p holis L. (Blennie pholis). 33. — Pholis gunnellus (L.) (Pholis gonnelle). 34. — Caliionymus lyra L. (Callionyme lyre). 35. — Lophius piscatorius L. (Baudroie vulgaire). 36. — Gobius laticeps É. Moreau (Gobie à tête large). 37. — Gobius minutus Pall. (Gobie buhotte). 38. — Gobius niger L. (Gobie noir). 39. — Gobius paganell us L. (Gobie paganel). 40. — Gobius bicolor Brünn. (Gobie à deux teintes). 41. — Gobius flavescens F. (Gobie de Ruuthensparre) . 42. — Aphya minuta (Risso) (Aphye pellucide). 43. — Mullus barbatus L. var. surmidetus L. (Mulle rou¬ get var. surmulet). 44. — Trigla pini Bl. (Grondin pin). 45. — Trigla lineata Gin. (Grondin imbriago ). — 508 — 46. — Trigla gurnardus L. (Grondin gornaud). 46bis. _ Trigla gurnardus L. var. cuculus Bl. (Grondin gornaud var. milan). 47. — Trigla lyra L. (Grondin lyre). 48. — Trigla lucerna L. (Grondin corbeau). 49. — Coltus gobio L. (Cotte chabot). 50. — Coltus scorpius L. (Cotte scorpion). 51. — Coltus bubalis Euphr. (Cotte à épines longues). 52. — Agonus cataphractus (L.) (Agone armé). 53. — Perça fluviatilis L. (Perche de rivière). 54. — Acerina cernua (L.) (Gremille vulgaire). 55. — Morone labrax (L.) (Bar vulgaire). 56. — Sciaena aquila (Lacép.) (Maigre vulgaire). 57. — Scomber scombrus L. (Scombre maquereau). 58. — Caranx trachurus (L.) (Caranx saurel). 59. — Zeus faber L. (Zée forgeron). 60. — Zeus pungio C. et V. (Zée à épaule armée). 61. — Sparus centrodontus Delar. (Spare rousseau). 62. — Cantharus lineatus (Mont.) (Canthère gris). 63. — Labrus berggylta Asc. (Labre vieille). 64. — Labrus mixtus L. (Labre varié). 65. — Crenilabrus melops (L.) (Crénilabre mélope). 66. — Crenilabrus Bailloni C. et V. (Crénilabre de Bâil¬ lon ) . 67. — Ctenolabrus rupestris (L.) (Cténolabre de roche). 68. — Gasterosteus aculeatus L. (Épinoche aiguillonnée). 69. — Gasterosteus pungitius L. (Épinoche épinochette). 70. — Spinachia vulgaris Flem. (Gastrée vulgaire). 71. — Mugit auratus Risso (Muge doré). — 509 — 72. — Mugil capito Cuv. (Muge capiton). 73. — Mugit chelo Cuv. (Muge à grosses lèvres). 74. — Atherina presbyter Jen. (Athérine prêtre). 75. — Ammodytes lanceolatus Lesauv. (Ammodyte lan- con ) . 76. — Ammodytes tobianus Lesauv. (Ammodyte équille ). 77. — Gadus luscus L. (Gade tacaud). 78. — Gadus callarias L. (Gade morue). 79. — Gadus aeglefinus L. (Gade églefin). 80. — Merlangus vulgaris Flem. (Merlan vulgaire). 81. — Merlangus pollachius (L.) (Merlan jaune). 82. — Merlucius vulgaris Flem. (Merlus vulgaire). 83. — Lola vulgaris Cuv. (Lote vulgaire). 84. — Lota molva (L.) (Lote molve). 85. — Onos tricirratus (Bl.) (Motelle à trois barbillons). 86. — Onos mustela (L.) (Motelle à cinq barbillons). 87. — Hippoglossoides platessoides (O. Fabr.) (Hippoglos- soïde platessoïde) . 88. — Limanda platessoides { Faber) (Limande vulgaire). 89. — Platessa vulgaris Flem. (Plie carrelet). 90. — Platessa microcephala (Donov.) (Plie microcé¬ phale ) . 91. — Flesus vulgaris É. Moreau (Flet vulgaire). 92. — Solea vulgaris Quensel (Sole vulgaire). 93. — Solea lascaris Risso (Sole lascaris). 94. — Microchirus luteus (Risso) (Microchire jaune). 95. — Microchirus variegatus (Donov.) (Microchire pa¬ naché ) . 96. — Zeugopterus punctatus (Bl.) (Zeugoptère targeur). 510 07. — Z eugopterus unimaculatus (Risso) (Zeugoptère unimaculé). 08. Plntophrys laterna (Walb.) (Platophrys arnoglosse). 00. — Lepidorhombus whiff ( Walb. ) (Lépidorhombe mé- gaslome). 100. — Bothus maximum (L.) (Bothe turbot). 101. Bothus rhombus (L.) (Bothe barbue). 102. Cgclopterus lumpus L. (Cycloptère Iompe). 103. — Cyclogaster liparis (L.) (Cyclogastère liparis). 104. Lepadog aster (douant Lacép. ( Lépadogastère de Ctoüan ) . 105. — Lepadog aster Candollei Risso (Lépadogastère de Candolle ) . 10G. — Lepadogaster bimaculatus (Donov.) (Lépadogas¬ tère à deux taches). 107. Cgprinus carpio L. (Cyprin carpe). 108. — Cgprinus auratus L. (Cyprin doré). 100. Barbus vulgaris Flem. (Barbeau vulgaire). 110. — Tinca vulgaris Cuv. (Tanche vulgaire). 111' Crobio fluvial, il is Plein. (Goujon de rivière). 11~* Bhodeus amarus (Bl.) (Bouvière commune). 115. Phoæinus aphya (L.) (Vairon vulgaire). 114. — Abramis brama (L.) (Brème vulgaire). 115. Abramis blicca (Bl.) (Brême bordelière). 110* Atburnus lucidus Heck. (Ablette vulgaire). 11^* Atburnus bipunctatus (Bl.) (Ablette spirlin). 11^* Scardinius erythrophthalmus (L.) ( Rotengle vulgaire). 110- Leuciscus rutilus (L.) (Gardon vulgaire). 511 120. 121. 122. 123. 124. 125. 126. 127. 128. 129. 130. 131. 132. 133. 134. 135. 136. 137. 138. 139. — Squalius cephalus (L.) (Chevaine vulgaire). — Squalius grislagine (L.) (Chevaine vandoise). — Chondrostoma nasus (L.) (Chondrostome nase). — Cobitis barbatula L. (Loche franche). — Cobitis taenia L. (Loche de rivière). — Clupea harengus L. (Clupée hareng). — Meletta sprattus (L.) ( Melette esprot). — Harengula latula C. et V. ( Harengule blanquette). — Alosa communis Yarr. (Alose commune). — Alosa finta Cuv. (Alose fînte). — Esox lucius L. ( Ésoce brochet). — Ramphistoma belone (L.) (Ramphistome orphie). — Salmo salar L. (Saumon vulgaire). — Trutta marina Duham. (Truite de mer). — Trutta fario (L.) (Truite vulgaire). — Osmerus eperlanus (L.) ( Osmère éperlan). Apodes. — Anguilla vulgaris Turt. (Anguille vulgaire). — Conger niger Risso (Congre vulgaire). Gyclostomes. — Petromyzon marinus L. (Lamproie marine). — Petromyzon fluviatilis L. (Lamproie üuviatile). Branchiostomiens . 140. Branchiostoma lanceolatum (Pall.) (Branchio- stome lancéolé). Total des espèces et des variétés de Poissons plus ou moins communes ou plus ou moins rares dans la zone litto¬ rale et les eaux douces de la Normandie, mais dont la pré¬ sence y est normale : 140 espèces (dont 139 types et 1 va¬ riété) et 1 variété dont le type est au nombre des précé¬ dents. II. - LISTE METHODIQUE DES POISSONS DONT LA PRESENCE EST PLUS OU MOINS EXCEPTIONNELLE DANS LA ZONE LITTORALE DE LA NORMANDIE (1). Sélaciens. 1. — Alopias vulpes (Gm.) (Alopias renard). 2. — Isurus cornubicus (Gm.) (Lamie à nez long). 3. — Celorhinus maximus (Gunn.) (Pèlerin très-grand). 4. — Carcharicis glaucus (L.) (Requin bleu). 5. — Acanlhorhinus carcharias (Gunn.) (Acanthorhine à courtes nageoires). Plectognathes . G. — Orthagoriscus mola (L.) ( Orthagorisque môle). Ghorig-nathes. 7. — Anarrhichas lupus L. (Anarrhique loup). 8. — Scorpaena porcus L. (Scorpène rascasse). 9. — Morone punctata (Bl.) (Bar tacheté). 10. — Serranus cabrilla (L.) (Serran cabri Ile ; . (1) Je dois rappeler ici que j’ai cru devoir fixer à la bande lilto- rale qui, au point de vue faunique, dépend de la Normandie, une largeur maximum de douze kilomètres, exception faite pour le petit archipel de Ghausey (Manche), presque totalement situé, il est vrai, en dehors de cette bande littorale, mais que la logique oblige à réunir en entier à la Normandie. Il faut ajouter que les Poissons indiqués dans cette liste ont été observés avec certitude dans la zone littorale en question. De plus, la partie terminale de 33 514 — 11. — Orcynus thynnus (L.) (Orcyne thon). 12. — Naucrates ductor (L.) (Naucrate pilote). 13. — Capros aper (L.) (Capros sanglier). 14. — Lampris pelagicus (Gunn.) (Lampris lune). 15. — Brama Rail (Bl.) (Castagnole de Ray). 16. — Centrolophus pompilus (L.) (Cenlrolophe pompile). 17. — Xiphias gladïùs L. (Espadon épée). 18. — Echeneis (species ?) [Échénéis (espèce?)]. 19. — Lepidopns argenteus Bonnat. (Lépidope argenté). 20. — Sparas acarne (Risso) (Spare acarne). 21. — Phycis blennoides (Brünn.) (Phycis blennoïde). 22. — Raniceps raninus (L.) (Raniceps trifurqué). 23. — Hippoglossus vulgaris Flerri. (Hippoglosse flétan). Total des espèces de Poissons dont la présence est plus ou moins exceptionnelle dans la zone littorale de la Nor¬ mandie : 23 espèces (formes typiques). ce volume contient la liste des Vertébrés sauvages dont il est fait une mention spéciale dans cet ouvrage faunique, mais qui ne doivent pas y figurer à titre affirmatif, soit parce que leur pré¬ sence en Normandie est encore plus ou moins douteuse, soit parce qu’ils furent indiqués erronément dans la faune de cette province, et que je devais relever ces erreurs, soit parce que leur tentative d’acclimatation y est encore, à mon avis, trop récente; etc. BIBLIOGRAPHIE DES REPTILES DE LA NORMANDIE tt). D1' Blanche. — Note sur le Pelias Berus , in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, ann. 1865, p. 108, et pi. II, fi g. 1 et 2. Charles Bouchard. — Faune du canton de Gisors (Eure), in Charpillon. — Gisors et son canton (Eure), Statistique , Histoire , Les Andelys, Delcroix, 1867, p. 17, ( Reptiles , p. 23). — [Le nom de Charles Bouchard n est pas indiqué dans cet ouvrage]. G. -A. Boulenger. — Note sur des Viper a berus capturés en Normandie , in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1895, p. 149. — Tiré à part, Rouen, Julien Lecerf, 1896, (même pagination). C.-G. Chesnon. — Zoologie normande ; Reptiles et Pois¬ sons, in Annuaire des cinq départements de 1 ancienne Normandie (Annuaire normand), Caen, ann. 1837, p. 31, ( Reptiles , p. 34). Descroizilles (et non Descroisilles, comme on la orthogra¬ phié). — Description de la Tortue le Luth , in Précis analytique des travaux de l’Académie royale des Sciences, des Belles-Lettres et des Arts de Rouen, ann. 1751 à 1760, p. 118, Rouen, 1816. [Cette note est un extrait, publié par Gosseaume, d un mémoire inédit de Descroizilles, accompagné de quatre figures (une aquarelle et trois lavis) également inédites, qui représentent la Tortue en question, capturée vivante aux environs de Dieppe (Seine- (1) Dans cette liste alphabétique et chronologique, je ne men¬ tionne que les travaux ayant un titre et concernant particulière¬ ment la faune des Reptiles de la Normandie. — 516 — Inférieure), le 25 octobre 1752. Le manuscrit et les figures dont il s agit font partie des archives de cette Académie]. Eudes-Deslongchamps. — Note concernant des Tortues ma- rines trouvées vivantes sur les côtes du département d,u C alvados , in Mémoires de la Soc. linnéenne de Nor¬ mandie, Caen, ann. 1834-38, p. 279. Gosseaume. — Voir Descroizilles. P. Joseph-Lafosse. — Le Lézard vivipare et le Lézard des murailles en Normandie , in Bull, de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1891, p. 169. Abbé A.-L. Letacq. — Note sur la découverte du Lézard des souches (Lacerta stirpium Daud.) à Bagnoles , et sur les espèces du genre Lacerta observées dans le dépar¬ tement de l Orne , in Bull, de la Soc. linnéenne de Nor¬ mandie, Caen, ann. 1895, p. 117. Abbé A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne , in Annuaire des cinq départements de la Normandie (Annuaire nor¬ mand), ann. 1896, p. 67. ( Reptiles , p. 118 et 130). — Tiré a part, Caen, Henri Delesques, 1896, ( Reptiles , p. 54 et 66). Abbé A.-L. Letacq. — Nouvelles observations sur la faune des Vertébrés du département de l'Orne , in Bull, de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1896, p. 79, ( Reptiles , p. 85). — Tiré à part, Caen, E. Lanier, 1897, (même pagination). Abbé A.-L. Letacq. — La Couleuvre d'Escidape et ses stations dans le département de l'Orne , in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem 1896, p. 132. — 517 — Abbé A.-L. Letacq. — Note sur la présence de la- Vipère aspic ( Vipera aspis L.) dans le département de l'Orne , in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1897, procès-verbal de la séance du 5 août 1897. Abbé A.-L. Letacq. — Observations sur les Vertébrés faites aux environs de Rémalard ( Orne ), in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1897, procès-verbal de la séance du 5 août 1897. (Dans cette note, il n’est parlé que d’un seul replile : Lacerta agilis L. = L. stirpium Daud.). Lieury. — Synopsis des Reptiles du département de la Seine-Inférieure et des départements limitrophes , in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, ann. 1865, p. 114, ( Reptiles et Batraciens) ( Reptiles , p. 114). Louis Müller. — Note sur la Üoronella laevis Lacép. (Coronella austriaca Laur. ), avec une planche en noir, in Bull, de la Soc. d’Enseignement mutuel des Scienc. natur. d’Elbeuf (actuellement : Soc. d’Étude des Scienc. natur. d’Elbeuf), 2e sem. 1881-1882, p. 172. — Cette note et cette planche ont été publiées aussi in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1882, p. 395. (Le texte est à peu près le même et la planche identique). Louis Müller. — Liste des Reptiles et des Batraciens capturés dans les environs d'Elbeuf en 1882-83, in Bull, de la Soc. d’Enseignement mutuel des Scienc. natur. d’Elbeuf (actuellement : Soc. d’Étude des Scienc. natur. d’Elbeuf), 2e sem. 1883, p. 105. BIBLIOGRAPHIE DES BATRACIENS DE LA NORMANDIE fl>. Charles Bouchard. — Faune du canton de Gisors (Eure), in Charpillon. — Gisors et son canton ( Eure ), Statis¬ tique , Histoire , Les Andelys, Delcroix, 1867, p. 17, ( Batraciens , p. 23). — [Le nom de Charles Bouchard n’est pas indiqué dans cet ouvrage]. Louis-Henri Bourgeois. — Note sur une nouvelle station du Pélodyte ponctué dans la Seine-Inférieure , in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sein. 1890, p. 149. C.-G. Chesnon. — Zoologie normande ; Reptiles et Pois¬ sons , in Annuaire des cinq départements de l’ancienne Normandie (Annuaire normand), Caen, ann. 1837, p. 31, ( Batraciens , p. 36). Henri Gadeau de Kervilue. — Note sur la découverte du Pélodyte ponctué dans le département de la Seine- Inférieur e, in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1888, p. 175. — Tiré à part, Rouen, Julien Lecerf, 1888, (sans pagination; cette no¬ tule n’a qu’une page et cinq lignes). Abbé A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne , in Annuaire des cinq départements de la Normandie (Annuaire nor¬ mand), ann, 1896, p. 67, ( Batraciens , p. 119). — Tiré à part, Caen, Henri Delesques, 1896, {Batraciens , p 55). (1) Dans cette liste alphabétique et chronologique, je ne men¬ tionne que les travaux ayant un titre et concernant particulière¬ ment. la faune des Batraciens de la Normandie. — 520 Lieury. — Synopsis des Reptiles du département de la Seine-Inférieure et des départements limitrophes , in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, ann. 18G5, p. 114, ( Batraciens , p. 122). Louis Müller. — Liste des Reptiles et des Batraciens capturés dans les environs d'FAbeuf en 1882-83, in Bull, de la Soc. d’Enseignement mutuel des Scienc. natur. d'Elbeuf (actuellement : Soc. d’Étude des Scienc. natur. d’Elbeuf), 2e sem. 1883, p. 105. BIBLIOGRAPHIE DES POISSONS DE LA NORMANDIE («. Charles Bouchard. — Faune du canton de Gisors (Eure), in Charpillon. — Gisors et son canton {Eure), Statis¬ tique, , Histoire , Les Andelys, Delcroix, 1867, p. 17, ( Poissons , p. 23). — [Le nom de Charles Bouchard n’est pas indiqué dans cet ouvrage]. Eugène Canu. — Voir Dr H.-É. Sauvage. C.-G. Chesnon. — Zoologie normande ; Reptiles et Pois¬ sons, in Annuaire des cinq départements de l’ancienne Normandie (Annuaire normand), Caen, ann. 1837, p. 31, ( Poissons , p. 36). René Chevrel. — Poissons (de la côte du Calvados), in H. Magron. — Guide illustré du Tramway de Caen à la mer, 2e édit., Caen, Ch. Valin, 1896, p. 71. Henri Gadeau de Kerville. — Aperçu de la faune actuelle de la Seine et de son embouchure , depuis Rouen jus¬ qu'au Havre, in 2e vol. (p. 168) de L'Estuaire de la Seine, par G. Lennier, (ouvrage indiqué à la 2e page suivante) ( Poissons , p. ,189). — Tiré à part, Le Havre, imprimerie du journal Le Havre. 1885, (même pagina¬ tion). Henri Gadeau de Kerville. — Recherches sur les faunes marine et maritime de la Nornuuidie, 1er voyage, région de Granville et îles Chausey {Manche), juillet- août 1893, suivies de deux travaux d'Eugène Canu et (1) Dans cette liste alphabétique et chronologique, je ne men¬ tionne que les travaux ayant un titre et concernant particulière¬ ment la faune ichthyologique de la Normandie. 33* — 522 — du Dv E. Trouessart sur les Copépodes et les Ostra- codes marins et sur les Acariens marins récoltés pendant ce voyage, avec 1 1 planches et 7 figures dans le texte, in Bulle de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, lor sem. 1894, p. 53, (Poissons, p. 113 et pl. IV et V). — Tiré à part, Paris, J. -B. Baillière et fils, 1894, (même pagination du texte et des planches). Henri Joüan. — Poissons de mer observés à Cherbourg en 1858 et 1859, in Mémoir. de la Soc. impériale des Scienc. natur. de Cherbourg, 1859, t. VU, p. 116. — Tiré à part, Cherbourg, Bedelfontaine et Syffert, 1860, (pagi¬ nation spéciale). Henri Joli an. — Note sur une petite Lamproie provenant de Sauxmesnil (Manche), in Mémoir. de la Soc. impé¬ riale des Scienc. natur. de Cherbourg, 1859, t. VII, p. 367. Henri Joüan. — Sur quelques espèces rares de Poissons de mer de Cherbourg , in Bull, de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1873-74, p. 412. Henri Joüan. — Additions aux Poissons de mer observés à Cherbourg, in Mémoir. de la Soc. nationale des Scienc. natur. de Cherbourg, 1874, t. XVTII, p. 353. — Tiré à part, Cherbourg, Bedelfontaine et Syffert, 1874, (pagi¬ nation spéciale). Henri Joüan. — Mélanges zoologiques, in Mémoir. de la Soc. nationale des Scienc. natur. de Cherbourg, 1875, t. XIX, p. 233, ( Poissons , p. 237). — Tiré h part, Cher¬ bourg, Bedelfontaine et Syffert, 1875, (môme pagination). Henri Joüan. — Notes ichthyologiques ; nouvelles espèces de Poissons de mer observés à Cherbourg, in Mémoir. de la Soc. nationale des Scienc. natur. et mathémat. de — 523 — Cherbourg, 1884 (1882 sur le grand titre), t. XXIV, p. 313. — Tiré à part, Cherbourg, Ch. Syffert, (mêmepag.). Henri Joüan. — Époques et mode d' apparition des diffé¬ rentes espèces de Poissons sur tes côtes des environs de Cherbourg, in Bull, de la Soc. linnéenne de Nor¬ mandie, Caen, ann. 1890, p. 118. — Tiré à part, Caen, H. Delesques, 1890, (pagination spéciale). G. Lennier. — IC Estuaire de la, Seine ; mémoires, notes et documents pour servir à l'étude de V estuaire de la Seine, 2 vol. et 1 atlas, Havre, imprimerie du journal Le Havre (E. Hustin), 1885, (Poissons, t. II, p. 151). G. Lennier. — Sur le Zée à épaule armée (Zeus pungio C. et V.), in Bull, de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1895, p. 51. R. Le Sénéchal. — Catalogue des animaux recueillis au Laboratoire maritime de Luc, pendant les années 1884 et 1885, [ Luc-sur-Mer (Calvados)], in Bull, de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1884-85, p. 91, (Poissons, p. 113). Abbé A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne, in Annuaire des cinq départements de la Normandie (Annuaire nor¬ mand), ann. 1896, p. 67, (Poissons, p. 122). — Tiré à part, Caen, Henri Delesques, 1896, (Poissons, p. 58). A.-E. Malard. — Catalogue des Poissons des côtes de la Manche dans les environs de Saint-Vaast, [ Saint- Vaast- de-la-Hougue (Manche)], in Bull, de la Soc. philomathique de Paris, 1890-1891, p. 60. — Tiré à part, Paris, Siège de la Soc., 1890, (même pagination et paginât, spéciale; cette deuxième paginât, est inutile, et, de plus, peut engendrer la confusion). Mesaize. — Notice sur un Squale pêché à Yport {Seine- Inférieure), in Précis analytique des travaux de l’Aca¬ démie des Sciences, des Belles-Lettres et des Arts de Rouen, pendant l’année 1807, p. 57. (Le titre ci-dessus se trouve dans la table des matières, mais non à la p. 57). S. -B. -J. Noël (de la Morinière). — Histoire naturelle de ! E per tan de la Seine-Inférieure, Rouen, imprim. de l’auteur, fructidor, an VI ( 1798). ? Dr H.-E. Sauvage et Eugène Canu. — Le Hareng des côtes de Normandie, en 1891 et 1892, in Annales de la Station aquicole de Boulogne-sur-Mer, 1892, t. 1, part. 1, p. 1 et pi. I (pl. double). SUPPLÉMENT AUX MAMMIFÈRES ET AUX OISEAUX. Évidemment, c’est mon devoir de publier en addendas les documents nouveaux dont j’ai eu connaissance, et de men¬ tionner dans des erratas les erreurs commises, addendas et erratas que je publie dès que je le crois utile; quatre ont paru : le premier, concernant les Mammifères, dans le fasc. I (p. 231), le second et le troisième, relatifs aux Oiseaux, dans les fasc. II (p. 347) et III (p. 503), et le quatrième, concernant les Reptiles, les Batraciens et les Poissons, dans ce fascicule IV (p. 497). Tenant à suivre scrupuleusement les règles de la nomen¬ clature des êtres organisés (op. cit.), adoptées dans des congrès internationaux de Zoologie et publiées par la Société zoolo¬ gique de France, à laquelle revient le grand honneur d’avoir provoqué leur discussion et leur adoption, j’ai dû faire des changements dans les noms spécifiques latins que j’avais employés pour désigner les Mammifères et les Oiseaux, dans les trois premiers fascicules de cet ouvrage, et mettre entre parenthèses quantité dé noms d’auteurs. C’eût été trop long d’indiquer, dans ce supplément, toutes ces modifications, qui sont faites dans la liste des Vertébrés sauvages observés en Normandie, liste publiée dans la partie terminale de ce volume. Je me suis efforcé de la rendre entièrement conforme aux règles actuelles de la nomenclature, et, au point de vue de la correcte désignation latine et française des Vertébrés de la Normandie, je prie le lecteur de s’y reporter. 526 — MAMMI FÈRES. Fascicule I. Rhinolophus fer ru m-equinu m (Schreb.) (Rhinolophe grand fer-à-cheval ) . 9 Fasc. I, page 137, ligne 11, ajouter : Vampire. Rhinolophus hipposideros (Bchst.) (Rhinolophe petit fer-à-cheval ) . Fasc. 1, page 141, ligne 6, ajouter : Vampire. Vesperiilio emarginatus Geoffr. (Vespertilion échan- cré ) . Fasc. I, page 150, ligne 8 en remontant, ajouter : * « M. Henri Gadeau de Kerville expose sur le bu¬ reau un individu mâle du Vespertilion échancré ( Vespertüio emarginatus Geoffr.), que M. A. Du¬ quesne et lui ont trouvé, le 12 mars 1891, en explo¬ rant une carrière souterraine calcaire, située à Saint- Samson-de-la-Rocque (Eure). Cet exemplaire est le second qui, à la connaissance de notre collègue, ait été capturé en Normandie » . [Renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1891, p. 241. Crocidura russula (Herm.) (Crocidure musette Fasc. I, page 156, ligne 12, ajouter : Miseraigne. 527 Sorex araneus L. (Musaraigne vulgaire). F asc. I, page 158, ligne 15, ajouter : Mesiragne, Mesi- raigne, Mesirette, Miseraigne, Miseraine, Misérenne, Miserette, Musette, Musirette. Crossopus /b die ns ( Pal 1 .) (Crossope aquatique). Fasc. I, page 160, ligne 11 en remontant, ajouter : Tau- pitlon. Scim us vulgaris L . ( Éc u re uil v u 1 gai re ) . Fasc. I, page 164, ligne 9, ajouter : Chat-écureu, Écu- reu. Myoxus g l is (L.) (Loir vulgaire). Fasc. I, page 167, ligne 13 en remontant, ajouter : Dans ses Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit. , p. 128; tiré à part, p. 64), A.-L. Letacq dit, en parlant du Loir vulgaire : « Il m’a été indiqué dans la forêt de Réno et aux environs du Merlerault, mais je n’en ai pas vu d’exemplaires ». Ultérieurement, il a écrit que cette espèce était « encore inconnue chez nous ». [ Les Mammifères du département de l'Orne , etc. (op. cit.), p. 73]. Lepus europaeus Pall. (Lièvre vulgaire). Fasc. I, page 182, ligne 3, ajouter : Hieuvre. Meles taxas Bodd. ( Blaireau vulgaire). Fasc. I, page 185, ligne 12 en remontant, ajouter : Bleureau, Bleuriau. 528 Maries abietum (L.) (Marte des pins). Fasc. I, p. 187, ligne 6 en remontant, ajouter : Marte à gorge dorée, M. à gorge jaune. Page 189, ligne 2, ajouter : « M. Henri Gadeau de Kerville expose sur le bu¬ reau une Marte des pins au sujet de laquelle il donne les renseignements qui suivent : « Quand j’ai publié le fascicule I de ma Faune de la Normandie , consacré aux Mammifères, je ne pos¬ sédais qu’un très-petit nombre de documents sur la présence de ce Carnivore dans cette province. Je puis indiquer aujourd’hui, grâce à notre obligeant collè¬ gue, M. Louis-Henri Bourgeois, des faits nouveaux et précis sur l’existence de la Marte des pins dans la Seine-Inférieure. « L’exemplaire exposé, que m’a fait parvenir M. Bourgeois, fut tué à Sainte-Catherine, com¬ mune de Grandcourt, au mois de novembre 1891. « Ce Carnivore, m’a dit notre collègue, est assez « répandu dans la forêt d’Eu (Seine-Inférieure), de- « puis le Bois-l’Abbé, distant d’Eu de quatre kilomè- « très seulement, jusqu’à Aumale (Seine-Inférieure) « où l’on en tue assez fréquemment. L’individu que « je vous ai envoyé est le deuxième pris en 1891 ». [ Renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1892, p. 11]. « J’ai vu récemment, à Alençon, les peaux de deux exemplaires (mâle et femelle) de cette belle et rare espèce, tués dans la forêt d’Écouves (Orne), près des Gastées, au mois de juin 1893. Un paysan de Fontenay-les-Louvets, qui distinguait fort bien la Marte des pins en l’appelant Marte à gorge dorée , m’a dit en avoir pris plusieurs au piège, également dans la forêt d’Écouves, entre le carrefour à Madame et le Chêne-au- Verdier ». [A.-L. Letacq. — Maté¬ riaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit. ), p. 75; tiré à part, p. h]. « La Marte des pins se trouve dans nos forêts d’Andaine, d'Écouves, de Bellême, du Perche et de Saint-Évroult, mais elle est rare partout ». [A.-L. Le¬ tacq. — Les Mammifères du département de l'Orne , etc. ( op. cit.), p. 83]. En définitive, il résulte de mes recherches que la Marte des pins est assez rare en Normandie, et non très-rare, comme je l’ai indiqué dans ma Faune de la Normandie (fasc. I, p. 188). Mustelct vulgaris Briss. (Belette vulgaire). Fasc. I, page 189, ligne 12, ajouter : Blette. Mustela erminea L. (Belette hermine). Fasc. I, page 190, ligne 15, ajouter : Blette blanche (en pelage d’hiver); et ligne 16 : Rousselet (en pelage d’été) . Mustela lutreola L. (Belette vison). Fasc. I, , page 192, ligne 7 en remontant, ajouter : Fouine noire, Pitois d’eau, Pitouais d’eau, Putois d'eau. Page 193, ligne 13, ajouter : Seine -Inférieure : « Le 31 mars 1896, un Vison mâle a été pris au piège à Saint-Paër (Seine-Inférieure), dans les bois — 530 — de mon père, en un point qui est peu éloigné d’une rivière, la Sainte-Austreberte, dont ce Vison aura probablement quitté le voisinage immédiat pour aller chercher sa nourriture ou échapper à un danger. L’exemplaire en question, que je suis heureux de montrer à mes collègues, a été soigneusement natu¬ ralisé par M. L. Petit, taxidermiste à Rouen, et fait partie de mes collections. Il ne peut y avoir aucun doute sui l’exactitude de sa détermination ». [Henri Gadeau de Kerville. — Sur la découverte de la Belette vison ( Mustela lutreola L.) dans le dépar¬ tement de la Seine-Inférieure (op. cit. ) , p. 40; tiré à part, p. 4] . Eure : « Dans le premier fascicule de ma Faune de la Normandie , consacré aux Mammifères et paru en 1888, je donne seulement, à l’égard de la Belette vison dans cette province (p. 193), — avec un ren¬ seignement assez vague publié en 1861 par Pucheran, sur l’existence de cette intéressante espèce dans le département de l’Orne — l’indication de deux exem¬ plaires provenant de Corneville-sur-Risle (Eure) : une femelle, tuée le 1er septembre 1879, que M. A. Duquesne conserve empaillée, et que montre la planche I du fascicule en question, et un indi¬ vidu tué au mois d’octobre 1887. « . . « M. Duquesne m’a informé qu’il avait capturé à Saint-Philbert-sur-Risle (Eure), sur un îlot de la Risle, dans un piège à loutres, le 30 janvier 1896, un Vison mâle, et que les deux individus provenant de Corneville-sur-Risle, dont il est question dans les lignes précédentes, ne sont pas des Belettes visons, ainsi que je l’ai indiqué, mais des Belettes putois ou Putois communs. En outre, M. Duquesne m’a fait — 531 — savoir qu'il avait examiné l’individu décrit par M. Émile Anfrie (voir la page suivante), et que cet individu est semblable à celui qu’il a capturé. « J’ai pu étudier le Vison pris à Saint-Philbert-sur- Risle, grâce à l’obligeance de M. Duquesne, qui a tout à fait raison. Effectivement, j’ai publié une erreur, et, cela va sans dire, je m’empresse de la rectifier. Les deux individus tués à Corneville-sur- r» Risle, et dont l’un est représenté dans le fascicule en question, sont des Putois et non des Visons. Toute¬ fois, au nom de la vérité, il convient de dire que cette erreur n’est pas de mon fait, mais de celui de M. Fernand Lataste. « A l’époque où je rédigeais le premier fascicule de ma Faune de la Normandie , ne connaissant pas le Vison en nature, et craignant de commettre une erreur si je les déterminais moi-même, j’avais com¬ muniqué les deux exemplaires tués à Corneville-sur- Risle, l’un monté et l’autre en peau, à un zoologiste très-compétent, M. Fernand Lataste, qui, après les avoir examinés, me les détermina comme étant des Visons, tandis qu’ils appartiennent à une variété de Putois à pelage foncé. Les naturalistes, même les plus attentifs, qui s’occupent de la détermination des espèces et des variétés, peuvent commettre de telles erreurs, et les en blâmer doit être fait avec une grande modération, car, hélas! errare humanum est. J'ajouterai que, dans sa configuration, le Vison res¬ semble beaucoup au Putois, avec lequel on le confond très-généralement ; mais lorsqu’on voit ces deux espèces l’une à côté de l’autre, la confusion n’est guère possible. « . « Le Vison mâle capturé à Saint-Philbert-sur- Risle par M. Duquesne, qui l’a fait empailler et le garde précieusement, est d’une longueur totale de 0 m. 57, la queue comprise, cette dernière ayant O m. 19 de long. Je dois dire qu’une photographie est insuffisante pour distinguer le Vison du Putois. Il faut avoir recours aux descriptions; mais, avec d’au¬ tres caractères, le pelage du Vison, serré et très- analogue à celui de la Loutre, permet de distinguer facilement ces deux espèces ». [Henri Gadeau de Ker- ville. — Observations sur l'existence, en Nor¬ mandie, de la Belette vison ( Mustela lutreola L.) ou Vison d'Europe (op. cit. ) , p. 28; tiré à part, p. 1]. La planche ci-jointe représente ce Vison mâle de Saint-Philbert-sur-Risle. Calvados : « Un Vison de France ( Mustela lutreola L. ), appelé aussi Putois vison ou Petite loutre, a été capturé, le 7 novembre 1895, dans un piège tendu pour les loutres, sur la petite rivière la Pasquine, à Hermi- val-les-Vaulx (Calvados), commune située à 5 kilo¬ mètres Est de Lisieux ; son possesseur, M. Alfred Fleuriot, ayant de suite remarqué cet animal, nou¬ veau pour le pays, a bien voulu, avec son obligeance habituelle, en enrichir notre collection de Mustéliens de France, aujourd’hui complète. « . « Notre exemplaire, mâle paraissant adulte, mesure 0 m. 36 du nez à la naissance de la queue, cette der¬ nière 0 m. 175, taille un peu inférieure à celle du Lutois . ». [Émile Anfrie. — Nouvelle rencontre du Vison en Normandie (op. cit.), p. 88]. — Depuis, plusieurs autres exemplaires ont été capturés dans la localité en question. (Émile Anfrie). Orne : A.-L. Letacq [ Les Mammifères du département de l'Orne, etc. (op. cit.), p. 86] signale la présence — 533 — de la Belette vison ou Vison d’Europe « à Saint- Germain-du-Corbéis au bord de la Sarthe, aux étangs de Eontenay-les-Louvets, sur les bords de la Touque à Orville et Ticheville, de la Vie à Guerquesalles, de la Viette à Camembert, et de la Dives à Chambois ». En résumé, la Belette vison existe en un certain nombre de localités normandes. Fasc. I, page 195, ligne 6 en remontant, ajouter : 2e Famille. VIVERRIDAE — VIVERRIDÉS. 1er Genre. GENETTA — GENETTE. 1 . Genetta afra F. Cuv. — Genette vulgaire. Genetta Bonapartei Loche, G. vulgaris Less. Viverra genetta L. Genette commune, G. ordinaire. Z. Gerbe. — Les Mammifères (op. cit.) , t. I, p. 556 et fîg. 273. E.-L. Trouessart. — Op. cit., p. 221 et fig. 93. A. Bouvier. — Op. cit., p. 68 et fig. 68. René Martin et Raymond Rollinat. — Op. cit., p. 56. La Genette vulgaire habite les forêts et les bois, dans les montagnes et dans les régions basses, ainsi que les endroits arides. Elle se plaît dans les lieux humides et buissonneux, dans le voisinage des ruisseaux, sur les flancs des mon¬ tagnes. Elle est très-souple, grimpe à merveille et nage fort bien. En cas de danger, elle cherche un refuge sur les branches ou dans la cavité d’un arbre. Ses mœurs sont surtout nocturnes. Sa nourriture se compose d’oiseaux et de leurs œufs, de micromammifères, d’insectes, etc. Il est presque certain que la femelle ne fait qu'une portée annuel- 534 — lement. Le nombre des petits est d’un ou deux, et acciden¬ tellement de trois par portée. Seine- Inférieure : Une Genette vulgaire mâle a été tuée à Saint-Mar- tin-de-Boscherville (Seine-Inférieure), le 13 juin 1897, dans une propriété particulière. On l’avait déjà remar¬ quée à plusieurs reprises, quand, une dernière fois, le garde la vit grimper dans un arbre et la tua d’un coup de fusil. Cette Genette a été naturalisée par M. L. Petit, taxidermiste à Rouen, qui m’a obligeamment pro¬ curé le renseignement ci-dessus, et grâce auquel j’ai pu l’examiner et la photographier. La planche en photocollographie ci-jointe repré¬ sente cet animal, qui est en pelage d’été et dont l’examen a montré qu’il s’agissait d’un animal ayant vécu à l’état sauvage. Eure : « Un individu mâle de cette espèce a été pris au piège à Épaignes (Eure), le 9 mars 1890, dans une prairie, non loin d’un bâtiment rempli de foin. Je possède la peau de ce carnivore, que je me suis procurée par l’entremise des plus obligeantes de notre collègue M. A. Duquesne, à Pont-Audemer (Eure). Si, comme je suis très-porté â le croire, l’individu en question se trouvait â Epaignes d’une façon naturelle, cette localité est, que je sache, le point français le plus septentrional où la présence de la Genette vulgaire ait été indiquée jusqu’à ce jour. C’est une très-intéressante observation pour la faune de la Normandie, qui n’a plus à s’enrichir, en fait de mammifères terrestres, que d’espèces dont la taille est très-inférieure à celle de la Genette vul- fri -/ H < O •w 7 praire ». [Henri Gadeau de Kerville. — Note sur la présence de la Genette vulgaire dans le départe¬ ment de l'Eure (op. cit. ) , p. 79]. Fasc. I, page 200, ligne 14, ajouter : 1er Genre. HALICHOERUS — HALICHÈRE. I. Halichoerus grypus (O. Fabr. ) — Halichère gris. Callocephalus scopulicolus Less. Halichoerus griseus Nilss., H. gryphus R. Bail, H. gry¬ pus Nilss. Phoca gryphus Lcht., P. grypus O. Fabr., P. halichoe- rus Thienem., P. scopulicola Thienem., P. Thiene- manni Less. Z. Gerbe. — Les Mammifères (op. cit.), t. II, p. 795. J. Joyeux-Laffuie. — Op. cit., p. 144. L’Halichère gris habite la mer. Il se tient le plus généra¬ lement au large, où il se repose sur les rochers, et ne vient que rarement dans le voisinage immédiat des côtes. Sa nour¬ riture se compose principalement de poissons. Pendant l’hi¬ ver, la femelle met au monde un ou deux petits. Calvados : « Les collections zoologiques de la Faculté des Sciences de Caen viennent de s’enrichir d’un superbe Halichoerus mâle, de forte taille, qui est une des pièces remarquables du musée. « Cet animal a été tué le 30 juillet 1893 , à l’em¬ bouchure de l’Orne, sur le banc de sable connu sous le nom de « Banc des Oiseaux » , par un habile tireur, M. Valentin, lieutenant au 36e de ligne, qui s'est em- — 536 — pressé. d’offrir son intéressante capture au musée zoo¬ logique. . . . « V Halichoerus mis à ma disposition a été dissé¬ qué avec soin par les élèves du laboratoire. Il mesu¬ rait 2 m.25 de longueur, de l’extrémité de la tête à celle de la queue, sur I m. 25 de circonférence dans sa partie la plus renflée. L’usure des dents, la proé¬ minence des saillies osseuses de la tête nous indi¬ quèrent que nous avions affaire à un animal déjà âgé, que nous avons reconnu comme appartenant à l’espèce H. griseus (Nilss.) . ». [J. Joyeüx-Laf- fuie. — Op. cit., p. 144 ] . Ce très-intéressant mémoire a été reproduit en entier dans le journal La Nature, Paris, n° du 9 mai 1896, p. k357, avec une figure (même page). C'est par erreur qu’il est indiqué, dans ce numéro, 30 juillet 1895 au lieu de 30 juillet 1893. Phoca vüulina L. (Phoque veau-marin). Fasc. I, page 202, ligne 12, ajouter : « Au mois de septembre 1896, mon honorable ami M. Pichon, d’Argentan (Orne), me faisait voir, dans sa collection d’animaux empaillés, un Phoque qu’il avait tué à Cabourg (Calvados), en juillet 1893. La forme de sa tête, sa dentition, son pelage d’un blanc sale, parsemé de taches brunes sur le dos, me permirent de reconnaître un jeune exemplaire de Phoca vitu- lina; il mesure 0 m. 75 de la tête à l’extrémité de la queue, la moitié à peine de sa longueur ordinaire, et son poids n’atteignait pas 15 kilogrammes . ». [A.-L. Letacq. — Note sur un Phoque veau-marin ( Phoca vitulina L.) tué à Cabourg ( Calvaclos ) (op. cit.), p. 123 ] . — 537 — Un Phoque veau-marin a été tué d’un coup de fusil, dans la Seine, à Orival (Seine-Inférieure), le 12 novembre 1893. Un jeune de cette espèce a été tué par un chasseur, dans la fosse de Colleville (Calvados), près de l’em¬ bouchure de l’Orne, entre le milieu de juillet et la fin de septembre 1895. [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen]. Orca Duliameli (Lacép.) (Orque épaulard). Fasc. I, p. 209, ligne 1 en remontant, ajouter : « Dans la nuit du 10 au 11 janvier 1830, la mer a jeté, sur la côte de Beuzeval (Calvados), un cétacé du genre Dauphin , dont la longueur était de onze pieds dix pouces, la circonférence de huit pieds dans la partie la plus renflée du corps, et le poids d’envi¬ ron deux mille livres. « Aux mâchoires courtes et fortes de l’animal, à ses dents coniques et un peu crochues, au nombre de vingt-deux à chaque mâchoire, à sa tête arrondie en dessus, et à la position de sa nageoire dorsale, M. Eudes-Deslongchamps reconnut le Dauphin épau¬ lard (Delphinus orca Lacép.). « . « En examinant les dents extraites de leurs alvéoles, M. Eudes-Deslongchamps a pu constater que le Dau¬ phin échoué à Beuzeval n’avait point acquis tout son accroissement, car la cavité de la dent élait très- grande encore ; et l’on sait que, par les progrès de l’âge, cette cavité finit par s’oblitérer entièrement ». [Renseignement in Mémoires de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1829-33, p. 4]. — Je ne saurais dire si cet exemplaire était un Orca 34* — 538 — Duhameli (Lacép. ) ou un Créa gladiatur (Lacép.); le premier n’étant très-probablement qu’une variété du second. (H. G. de K.). Grampus griseus (Cuv.) (Gram pus gris). Fasc. I, page 214, ligne 4, ajouter : « 19 mars 1888. — Grampus griseus, long de 2 m. 50, échoué à Saint-Vaast-de-la-Hougue (Manche). Le squelette et l’encéphale sont conservés (Labora¬ toire d’Anatomie du Muséum d’Histoire naturelle de Paris, n° 1888 — 291) ». [G. Pouchet et H. Beaure- gard. — Op. cit. , p. 811]. Hyperoodon rostratus (Chemn.) (Hyperoodon butz- kopf ) . Fasc. I, page 219, ligne 1, en remontant, ajouter : Une femelle adulte a été capturée à Saint-Vaast- de-la-Hougue (Manche) (4), le 28 août 1891. [Voir, au sujet de cette femelle : E.-L. Bouvier. — Op. cit., p. 24 et fig. (p. 25); et Henri Joüan. — Les Hyperoo- dons de Goury (op. cit. ) , p. 286]. Le squelette de cette femelle fait partie des collections du Laboratoire ma¬ ritime du xMuséum d’Histoire naturelle de Paris, à Saint- Vaast-de-la-Hougue. « Un autre Hyperoodon se serait également échoué à quelques kilomètres dans le sud de Saint- Vaast-de- la-Hougue, à Quinéville ( Manche )(4); mais je n’ai (1) « Il n’y aurait rien de surprenant, dit Henri Joüan [Les Hyperoodons de Goury (op. cit.), p. 287], quand les trois Hype- roodons de Goury, celui de Saint-Vaast-de-la-Hougue et celui de Quinéville, auraient constitué une même bande, ces Ziphioïdes voyageant ordinairement en petites games (bandes) ». 539 aucun détail sur ce dernier échouement ». In \ Les Hyperoodons de Goury (op. cit.), p. 287]. Trois femelles adultes ont été capturées à Goury [commune d’Auderville ( Manche) ] (1), le 29 août 1891. [In Les Hyperoodons de Goury (op. cit.), p. 281 ]. Deux mâles adultes, poursuivis par des pêcheurs, se sont échoués sur un banc de sable, à Houlgate [commune de Beuzeval (Calvados)], le 28 juillet 1894 (2). Le troisième Hyperoodon butzkopf réussit à s’échapper. [ Extrait d’un article d’Alfred Angot. — Op. cit., p. 255 et fîg. ( p. 256)]. — Les squelettes, incomplets, de ces deux individus font partie des col¬ lections de la Faculté des Sciences de Caen. [ Ren¬ seignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à cette Faculté]. Un Hyperoodon butzkopf s’est échoué sur la plage de l’Eure, au Havre (Seine-Inférieure), en 1895. Son squelette, monté, fait partie des collections du Mu¬ séum d’Histoire naturelle de cette ville. Un adulte de cette espèce s’est échoué vivant à l’embouchure de l’Orne (Calvados), vers le milieu de février 1897. [Renseignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Caen]. Mesoplodon soiverbyensis (Blainv.) ( Mésoplodon de Sowerby ). Fasc. I, p. 221, ligne 7, ajouter : Une jeune femelle fut prise au Havre (Seine-Infér.), (1) Voir la note de la page qui précède. (2) Dans la légende de la figure de la p. 2o6, il y a, par erreur : 24 juillet 1894. le 22 août 1828. Elle avait 11 pieds de longueur envi¬ ron , et vécut deux jours hors de l'eau. Cet animal émettait un son caverneux, semblable au beugle¬ ment d’une vache. [Extrait et traduit de l'ouvrage de John-Edward Gray. — Catalogue of Seal s and Whales in the British Muséum ( op. cit.) , p. 352]. Fasc. I, page 222, ligne 6 en remontant, ajouter : 2. ( ? ) Balaenoptera borealis Cuv. — Rorqual du Nord. Balaenoptera rostrata Rud. Rudolphius laticeps Gray. Sibbaldius laticeps Gray. Balénoptère du Nord. Van Beneden et Paul Gervais. — Op. cit., p. 198, et pl. X et XI (pl. double), fig. 11 — 35. P. Fischer. — Op. cit., p. 81 , fig. 3 et 4; pl. I, fig. 4 et 4 a, pl. II, fig. 6, et pl. III, fig. 7. E.-L. Trouessart. — Op. cit., p. 321 et 323, et fig. 133. A. Bouvier. — Op. cit., p. 451 et fig. 237. Les mœurs du Rorqual du Nord sont probablement sem¬ blables à celles du Rorqual à museau pointu [ Balaenoptera rostrata (Müll. )], dont il est parlé dans cet ouvrage fau¬ nique ( fasc. I, p. 221 ). Manche : Un Rorqual mâle s’est échoué vivant sur la grève, à Morsalines (Manche), le 27 mars 1893. Il a été, sur place, examiné par M. Henri Joüan , qui l’a con¬ sidéré comme étant très-probablement un Rorqual du Nord adulte. Cet exemplaire, qui avait une Ion- gueur totale de 14 mètres environ (1>, a été vendu 200 francs à un équarrisseur. A tous égards, ce Ror¬ qual offrait un très-grand intérêt scientifique, et il est désolant, comme M. Joüan le dit avec tant de justesse, qu’il ait été perdu pour la science. [ Rensei¬ gnement extrait du mémoire d’Henri Joüan inti¬ tulé : La Baleine de Morsalines ( Balaenoptera borealis Fischer?) (op. cit.). Balaenoptera musculus (L.) (Rorqual cle la Méditer¬ ranée ) . Fasc. I, p. 224, ligne 5 en remontant, ajouter : Un jeune mâle de cette espèce s’est échoué vivant dans l’embouchure de la Seine, en face de la poterie de Cricquebœuf (Calvados), le 21 octobre 1893. Il avait une longueur de 10 m. 50, et sa hauteur, au milieu du corps, était de 1 m. 60. [Renseignement extrait d’un article de H. Renoult (op. cit., p. 397 et fig. 1 et 2)]. — Une figure représentant ce Ror¬ qual , jointe à plusieurs lignes de texte non signées , a paru dans le journal L’Illustration, n° du 4 novem¬ bre 1893, fig. (p. 393) et texte (p. 396). [Anonyme. — Op. cit.]. (1) « L’animal gisait sur le dos, un peu incliné sur le côté droit. La longueur totale, du museau au milieu du bord posté¬ rieur de la caudale, était de 14 m. 45, mais comme elle avait été prise le long du flanc gauche, elle est évidemment plus grande que celle qu’on aurait prise sur l’axe longitudinal du corps, si la chose eût été possible. En la réduisant à 14 mètres, on sera plus près de la vérité ». (Op. cit., p. 40). — 542 — OISEAUX. Fascicule II. Asio scops (L.) (Hibou petit-duc). Fasc. II, page 78, ligne 10, ajouter : Orne : « Un exemplaire a été capturé en 1892 à Cour- teilles, près d’Alençon ». [A.-L. Letacq. — Observa¬ tions 07'nithologiques faites dans tes cantons de Fresnay et de Saint-Paterne ( Sarthe ) (op. cit.) , p. 121]. Aquila gallica (Gm.) (Aigle Jean-le-Blanc) . Fasc. II, page 94, ligne 6, ajouter : Orne : « De passage accidentel ; se voit surtout dans les champs et les plaines, à la lisière des forêts. — R. — Argentan (1886) (1), forêt d’Écouves (1888) ; le Jean- le-Blanc a niché dans la forêt d’Andaine en 1892; plus commun sans doute dans la forêt de Saint- Evroult, car on l’aperçoit assez fréquemment, aux mois de juillet et d’août, dans les plaines entre Saint-Nicolas-des-Lettiers, Villers-en-Ouche et Boc- (1) Au cours de sa Noie sur La présence de l3 Aigle Jean-le- Blanc dans la forêt d3 And aine (Orne) (op. cit.), A.-L. Letacq dit (p. 182) : « Dans ces derniers temps, deux individus ont été tués, l’un en 1884 (sic) aux environs d’Argentan , et l’autre en 1888 dans la forêt d’Écouves ». quencé ». [A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit.), p. 85; tiré à part, p. 21 J. AquiloThaliaetus (L.) (Aigle balbusard). Fasc. II, page 96, ligne 10, ajouter : Orne : « De passage périodique. — On l'observe à l’au¬ tomne sur les bords des étangs de Vrigny, de la Trappe et des Rablais ». [A.-L. Letacq. — Maté¬ riaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de T Orne (op. cit.), p. 85; tiré à part, p. 21 ] . « Le Balbusard est commun, en automne, à l’étang des Personnes (commune du Mage) ». [A.-L. Letacq. — Observations sur les Vertébrés faites aux envi¬ rons de Rèmalard (Orne) (op. cit.)]. Buteo vulgaris Salerne (Buse vulgaire). Fasc. II, page 119, ligne 8, ajouter : Galouze, Giô, Mange-poule. Milvus regalis Briss. (Milan royal). Fasc. II, page 124, ligne 4 en remontant, ajouter : « Un Milan royal a été tué, il y a une dizaine de jours, dans un bois situé à Lison (Calvados). Je l’ai vu en chair chez un de mes cousins, qui a l’intention de le faire monter ». [Renseignement envoyé par (1) L’étang des Rablais dépend de la commune de Gesne-le- Gandelin (Sarthe). [H. G. de K ]. 544 — M. Éd. Costrel de Corainville, le 24 janvier 1893, et publié in Henri Gadeau de Kerville. — Matériaux pour la faune normande (op. cit. ), p. 16]. Corvus cornix L. (Corbeau mantelé). Fasc. II, page 134, ligne 12 en remontant, ajouter : Cor¬ neille emmantelée, Couas grise. Corvus rnonedula L. (Corbeau choucas). Fasc. II, page 137, ligne 4, ajouter : Petite corneille. Nucifraga caryocatactes (I..) (Casse-noix vulgaire). Fasc. Il, page 143, ligne 15 en remontant, ajouter : M. Henri Gacleau de Kerville expose sur le bureau, au nom de M. L. Petit, taxidermiste à Rouen, un Casse-noix vulgaire mâle, « tué dans la Seine-Infé¬ rieure, entre Le Houlme et Malaunay, près de Rouen, le 29 octobre 1893 », et que ce dernier a reçu pour le naturaliser. [Renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1893, p. 110]. Pica rusticorum Klein (Pie vulgaire). Fasc. Il, page 144, ligne 15 en remontant, ajouter : Aragasse. Garrulus glandarius (L.) (Geai vulgaire). Fasc. Il, p. 147, ligne 8, ajouter : « Nos paysans distinguent le Geai de chêne ou Geai de rousse , et le Geai de poirier ou Geai de haies. Ce der- nier, dit-on, bien plus facile à instruire, parle beaucoup mieux en cage » [A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. ci t. ), p. 90, en note; tiré à part, p. 26], — Le mot rousse est un mot de patois normand qui désigne un arbre coupé en têtard. (H. G. de K.). Coracias garrula L. (Rollier vulgaire). Fasc. II. page 159, ligne 13 en remontant, ajouter : « Je m’empresse de signaler une rare capture ornithologique dans notre région : celle d'un Rollier d’Europe, tué à Percy (Calvados), près Mézidon. M. Besneux, chassant le 2 septembre 1894 dans la plaine de cette commune, aperçut cet oiseau, remar¬ qué déjà depuis quelque temps, et qui se posait sur les pommiers sans se laisser approcher à bonne dis¬ tance. M. Besneux le tira cependant et le manqua une première fois ; mais en rentrant de chasse, dans le même parage, l’occasion se présenta à nouveau : l’oiseau, levé dans un champ d’orge, fut poursuivi et abattu, finalement, du sommet d’un chêne. Il m’a été remis le lendemain, déjà putréfié, pour en déter¬ miner l’espèce, aucun ne la connaissant. C’est un jeune de première année, mâle, je crois, par la taille; tête, cou, poitrine, d’un gris-verdâtre sombre ; dos gris-roux terne, ailes et queue se rapprochant des couleurs de l’adulte ». [Émile Anfrie, à Lisieux (Cal¬ vados), renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1894, p. 218]. « Un Rollier vulgaire a été tué aux environs de Potigny (Calvados), près de Falaise. Je l'ai vu dans la collection d’un de mes amis ». [Renseignement communiqué par M. R. Le Dart, à Caen]. 35 — 546 — Parus cristatus L. (Mésange huppée). Fasc. II, page 163, ligne 5 en remontant, ajouter : Mési- gue houppée. Parus caudatus L. var. longicauda Briss. (Mésange à longue queue var. rosâtre). Fasc. Il, page 168, ligne 11 en remontant, ajouter : Bouligmeux, Bouligot, Petit bouligot, Petit poué, Queue de poêle, Queue de poêlette. Sitta europaea L. var. caesia M. et W. (Sittelle vul¬ gaire var. torche-pot ) . Fasc. II, page 176, ajouter, ligne 14 : Casse-pot, Pèque- bois, et ligne 15 : Pique-bois. Certhia familiaris L. (Grimpereau familier). Fasc. II, page 180, ligne 12, ajouter : Gripplot, Queuret. Picus viridis L. ( Pic vert ). Fasc. II, page 181, ligne 7 en remontant, ajouter : Épivert. Cuculus canorus L. (Coucou vulgaire). Fasc. II, page 191, ligne 6 en remontant, ajouter : Cocou. Merops apiaster L. (Guêpier vulgaire). Fasc. Il, page 198, ligne 2, ajouter : Manche : Un mâle et une femelle adultes, tués à Saint- Pierre-Église, le l01' mai 1869, font partie des collée- tiens du Musée d’Histoire naturelle de Caen. [Ren¬ seignement communiqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de cette ville] . Caprimulgus europaeus L. (Engoulevent vulgaire). Fasc. II, page 206, ligne 2, ajouter : Fresaie, Fresas, Frésas. Muscicapa grisola L. (Gobe-mouches gris). Fasc. II, page 207, ligne 6, ajouter : Fraigne. Anorthura troglodytes (L. ) (Anorthure troglodyte). Fasc. II, page 222, ajouter, ligne 15 : Berrichon, et ligne 18 : Rébet. Bombycilla bohemica Briss. (Jaseur de Bohême). Fasc. II, page 241, ligne 7, ajouter : « Un mâle adulte a été tué à Sainte-Adresse (Seine- Inférieure), près du Havre, le 10 janvier 1893 ». [Renseignement communiqué par M. Auguste Ha- rache, préparateur du Muséum d’Histoire naturelle du Havre]. « Une femelle de cette espèce a été tuée le 13 jan¬ vier 1893, dans un arbre, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure), par M. Lucien Long ». [Rensei¬ gnement qui me fut communiqué par M. L. Petit, taxidermiste à Rouen, et que j’ai publié dans mes Matériaux pour la faune normande (op. cit. ) , p. 16. — J’ai examiné l’oiseau en question]. Page 241, ligne 13, ajouter : Un Jaseur cle Bohême, tué à Dives (Calvados), le 12 janvier 1895, fait partie des collections du Musée d’Histoire naturelle de Caen. [Renseignement com¬ muniqué par M. René Chevrel, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de cette ville]. Oriolus gcdbula L. (Loriot jaune) . Fasc. II, page 241, ligne 9 en remontant, ajouter: Lorieux. Turdus musicus L. (Grive musicienne). Fasc. II, p. 243, ligne 4, ajouter : Petite grive. Turdus mer u la L. (Grive merle). Fasc. II, page 250, ligne 9, ajouter : Mêle à bec jaune, Mêle à bé jaune, et : Note. — « Les paysans distinguent à tort le Mêle ter¬ rier et le Mêle bissonnier , selon que cette espèce fait son nid dans une haie ou sur le revers d’un fossé ». [A -L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Ver¬ tébrés du département de l’Orne (op. cit.), p. 98; tiré à part, p. 34] . Saxicola oenanthe (L.) (Traquet motteux). Fasc. II, page 253, ligne 1, ajouter : Émotteux. Alcedo ispida L. (Martin-pêcheur vulgaire). Fasc. II, page 259, ajouter, ligne 1 : Martin-pêcheux , et ligne 2 : Pêcheux. Accentor modularis (L.) (Accenteur mouchet). Fasc. II, page 262, ligne 6 en remontant, ajouter : Rousselette. Erithacus luscinia (L.) (Ru bielle rossignol). Fasc. II, page 266, ligne 12, ajouter : Rossignol de haie. Erithacus p hoenicur us (L.) (Rubielte de muraille). Fasc. II, page 268, ligne 8 en remontant, ajouter : Ros¬ signol de creux. Erithacus titis (L.) (Rubiette titis). Fasc. II, page 272, ligne 8 en remontant, ajouter : Orne : « Un exemplaire tué dans les environs d’Alençon, au mois de février 1895 ». [A.-L. Letacq. — Maté¬ riaux pour servir à ta faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cil.), p. 129: tiré à part, p. 65 ] . Motacilla alba L. (Bergeronnette grise). Fasc. II, page 277, ligne 10 en remontant, ajouter : Queue de poêle grise. Motacilla /lava L. (Bergeronnette printanière). Fasc. II, page 281, ligne 14, ajouter : Queue de poêle jaune. — 550 — Anthus pratensis ( Briss.) ( Pipit farlouse). Fasc. II, page 287, ligne 6, ajouter : Bec-figue. Alauda alpestris L. (Alouette alpestre). Fasc. II, page 297, ligne 8, ajouter : « M. Henri Gacleau de Kerville signale, au nom de M. Albert Fauvel, à Caen, la capture d’une Alouette alpestre ( Alauda alpestris L.) prise au filet parmi des Alouettes communes, en février 1895, dans le canton de Douvres ( Calvados ) » . [ Renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1895, p. 35]. Alauda cristata L. (Alouette cochevis). Fasc. II, page 297, ligne 12 en remontant, ajouter : Grosse alouette (nom vulgaire). Emberiza lapponica (L.) (Bruant montain). Fasc. II, page 304, ligne 9, ajouter : J’en ai tué deux à Géfosse-Fontenay (Calvados) : un le 23 décembre 1893, et un second le 1er février 1894; ce dernier jour, j'en ai manqué un autre. De plus, j’en ai vu un exemplaire, qui fut trouvé avec une aile cassée, et mis en cage. J’ai empaillé, pour ma collection, les deux Bruants montains que j’ai tués ». [ Éd. Costrel de Corainville, renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1891, p. 26]. Emberiza nivales L. (Bruant de neige). Fasc. II, page 306, ligne 6 en remontant, ajouter : « J’ai vu une bande de huit Bruants de neige ( Emberiza nivalis L.) à Géfosse-Fontenay (Calva¬ dos), le 23 décembre 1893. Une autre bande, assez nombreuse, se trouvait un peu plus loin et séjournait sur nos côtes, d'après des douaniers, depuis plus de trois semaines. Je suis retourné à la mer les Ier, 6 et 20 février 1894, et. chaque fois, j’y ai revu des Bruants de neige. Ces oiseaux sont cantonnés et « reviennent toujours à leur point de départ lorsqu’on les fait lever plusieurs fois. La bande de huit a été détruite ; la seconde, d’au moins trente individus, a disparu, car je ne crois pas que celle qui reste, et qui est composée d’une vingtaine de ces oiseaux, soit la même que la précédente, parce que j’avais remar¬ qué, dans cette seconde bande, plusieurs beaux sujets adultes que je n’ai point revus dans la dernière. Ces oiseaux, qui, d’abord, se laissaient assez facilement approcher, sont devenus très- farouches. Un de mes cousins et moi avons pu en abattre quatorze, en quatre fois. Us vivent réunis en troupes, et je ne les ai vus que sur le bord de la mer ». [Éd. Costrel de Corainville, renseignement envoyé le 24 février 1894, et publié in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1894, p. 25]. Emberiza citrinella L. (Bruant jaune) . Fasc. II, page 308, ligne 5 en remontant, ajouter : Ver- delot, Verdreau, Vergué. Canine lis J o vis (Klein) (Chardonneret élégant). Fasc. II, page 320, ligne 9 en remontant, ajouter : Cherdonneret, Cherdonnerette dorée ; et ligne 8 en remontant : Petite cherdonnerette. Fringilla montifringillcCh. (Pinson d’Ardennes). Fasc. Il, page 327, ligne 14, ajouter : Pinseron d'Alle¬ magne, Pinseron des Ardennes. O 7 Coccothraustes vu-lgaris Klein (Gros-bec vulgaire). Fasc. II, page 329, ligne 12, ajouter : Pinseron à gros bec. Loxia cnrvirostra L. (Bec-croisé vulgaire). Fasc. II, page 333, ligne 1 en remontant, ajouter : Orne : « De passage irrégulier et rare. Les Becs-croisés ont été constatés, à ma connaissance, dans les loca¬ lités suivantes : Vingt-Hanaps, Forges, Heugon, Le Sap-André. . . Des vieillards m’ont affirmé que, pen¬ dant l’hiver de 1829-30, ces oiseaux étaient venus en quantité prodigieuse aux environs de Gacé ». [A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. ci t . ) , p. 103; tiré à part, p. 39]. « Se voit presque chaque année aux environs de Vimoutiers; les exemplaires de la collection Moulin, à Vimoutiers, ont été tués dans des sapins près du château de Champosoult ». [A.-L. Letacq. — Nou¬ velles observations sur la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit.), p. 84]. rcco *.)0» ) Pyrrhuia Aldrovandn Salerne (Bouvreuil vulgaire). Fasc. II, page 337, ligne 9, ajouter : Bouvreu. Passer domesticus (L.) (Moineau domestique). Fasc. II, page 340, ligne 13 en remontant, ajouter : Moisseret. Passer montanus (L.) (Moineau friquet). Fasc. II, page 342, ligne 16 en remontant, ajouter : Passe-bissonnière. Fascicule III. Columba turtur L. (Pigeon tourterelle). Fasc. III, page 215, ligne 12, ajouter : Teurte. Syrrhaptes paradoxus (Pall. ) (Syrrhapte paradoxal). Fasc. III, page 220, ligne 9 en remontant, ajouter : « Une bande de ces oiseaux a été observée aux en¬ virons d’Alençon et de Sées en 1888, et on en abattit trois ou quatre ». [A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit. ), p. 106 ; tiré à part, p. 42 J. Fasc. III, page 222, ligne 5 en remontant, ajouter : OBSERVATION. Lagopus vulgaris \ ici Lagopède des Alpes. M. Éd. Costrel de Corai nvi lie, à Mestry (Calvados), m'a écrit avoir vu, chez un de ses cousins, un mâle de cette 35* — 554 — espèce, appelée aussi Lagopède alpin et L. muet. Ce mâle, qui est adulte et en plumage d’hiver, fut tué — lui a-t-on affirmé — par un de ses oncles, au Manoir (Calvados), près de Bayeux, il y a de cela fort longtemps. Bien qu’il soit possible qu’un Lagopède des Alpes vienne d’une façon naturelle en Normandie, ce renseignement — le seul que je connaisse à cet égard — n’a pas, selon moi, un degré de certitude assez grand pour que j’inscrive cette espèce comme appartenant à la faune normande. Perdix rubra Briss. (Perdrix rouge). Fasc. III, page 223, ligne 3, ajouter : Sorcière. Page 224, ligne 14, ajouter : Relativement à l’existence de la Perdrix rouge dans le département de l’Orne, M. l’abbé A.-L. Letacq a publié trois fort intéressantes notes. Je reproduis presque en entier la première, partiellement la seconde et in-extenso la troi¬ sième dans les lignes suivantes : « Au commencement du siècle, la Perdrix rouge se voyait sur toute la surface du département de l'Orne, moins fré¬ quente que la grise toutefois, notamment dans la partie septentrionale à la limite de l’Eure et du Calvados. La faune nous offre ici les mêmes phénomènes que la flore et nous montre l’influence des collines de Normandie sur la distribution géographique des animaux; les espèces de l’Eu¬ rope moyenne et australe, beaucoup moins répandues chez nous que celles des régions tempérées, sont toujours sensi¬ blement plus communes au Midi de la chaîne, dans la contrée de l’Orne voisine de la Sarthe et de la Mayenne. « C’est à partir de 1820 que la Perdrix rouge commence à diminuer progressivement du Nord au Sud dans notre pays, et dès 1830, après l’hiver légendaire dont les consé- quences sont encore présentes à la mémoire des vieillards, on n'en vit plus que rarement et d’une façon irrégulière près de Laigle, la Ferté-Fresnel, Vimoutiers et Trun. Parmi les localités de celte région, où elle a reparu depuis lors, je citerai Bocquencé, Anceins, la Ferté-Fresnel, Ticheville, Roi ville, Coudehard et Montormel. « Elle s’est maintenue plus longtemps dans le centre du département, à Mortagne, Sées et Argentan ; au nord de Mortagne, les dernières furent tuées entre Autheuil et Tou- rouvre, non loin du vieux château de Bellegarde, où le terrain boisé et très - accidenté leur offrait une station des plus favorables. « Il faut attribuer aux mêmes causes la quantité relati¬ vement grande et la persistance, jusque vers 1860, de la Perdrix rouge dans la portion de la Basse-Normandie appelée le Bocage, formée, au point de vue géologique, par les terrains primitifs et de transition, et qui comprend dans l’Orne l’arrondissement de Domfront tout entier avec la partie ouest de ceux d’Argentan et d’Alençon. C'est au sud de la forêt d’Andaine que cette espèce habitait de préférence; elle se plaisait sur le flanc des collines à l’exposition méri¬ dionale, dans les friches, près des accidents rocheux, sous le couvert des bruyères et des ajoncs, au pied des haies si nombreuses par suite du morcellement des propriétés qu’elles donnent à tout ce pays l’aspect d’une forêt. Le Mont-Mar- gantin entre Ceaucé, Avril ly et Torchamp, où on la désignait vulgairement sous le nom de sorcière , était sa station favo¬ rite, et jusqu’à nos jours il en a gardé une petite colonie (1). Partout ailleurs dans la région domfrontaise, elle ne fait « (1) Cette indication m’a été donnée par mon excellent ami M. Chevalier, de Domfront, aujourd’hui préparateur à la Faculté des Sciences de Lille; mais je dois ajouter que, d’après plu¬ sieurs chasseurs de la contrée, la Perdrix rouge ne se voit plus au Mont-Margantin, depuis longtemps, que d’une façon très- irrégulière ». — 556 — plus que des apparitions accidentelles, comme cette année encore (1897) à Couterne et Tessé-Froulay, et il faut descen¬ dre près de Mayenne, à plus de 25 kilomètres au sud, pour la retrouver à l’état sédentaire. « Aux environs d’Alençon, les chasseurs rencontraient encore la Perdrix rouge, en 1865, dans les bois de Saint- Germain-du-Corbéis, d’Hesloup, les bruyères de Gesnes-le- Gandelain, les taillis de Saint-Évroult entre Bérus et Béton; elle en a disparu depuis longtemps, et même presque entiè¬ rement des deux cantons du département de la Sarthe qui nous avoisinent, La Fresnave et Saint-Paterne. On ne la voit 7 plus près d’Alençon, d’une façon constante, que dans la région si pittoresque de Saint-Céneri-le-Géret (Orne) et de Saint- Léonard-des-Bois (Sarthe) ; elle se tient surtout dans cette dernière localité, où le terrain rebelle à la culture, couvert de broussailles et de genêts, les rochers abrupts, les gorges profondes, les collines boisées lui offrent des retraites à peu près inaccessibles. « C’est de là sans doute que nous sont venues celles qu’on a observées ces temps derniers à la Ferrière-Bochard, Hesloup, Condé-sur-Sarthe et les bois de Bérus. « Mais la contrée du département de l’Orne, où par suite d’une température plus élevée les Perdrix rouges sont encore assez nombreuses, bien qu’elles aient beaucoup diminué depuis quelques années, c’est la portion sud de l'arron¬ dissement de Mortagne comprise entre la Sarthe et l’Eure- et-Loir, et qui s’avance par Céton jusqu’à dix kilomètres du Loir-et-Cher. Elles nichent à Céton, Mâle, La Rouge, Le Theil, Saint-Germain-de-la-Coudre, Bellourle-Trichard, Gémages , La Chapelle-Souëf , Origni-le-Roux, Chemilly, Le Gué-de-la-Chaine, Igé et Appenay; on en a même trouvé récemment quelques-unes un peu plus au nord à Condé-sur- Huisne, Condeau, Saint-Pierre-la-Bruyère, Saint-Germain- des-Grois, mais en général elles ne dépassent guère une ligne partant de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir) et se conti¬ nuant, par Nocé et Bellême, jusqu’à Mamers, dans la Sarthe. « L’extinction presque complète de la Perdrix rouge dans l’Orne est due tout d’abord aux modifications apportées dans les cultures; le déboisement, le défrichement des landes incultes, qui produisaient le genêt, la bruyère et 1 ajonc, l’ont privée de ses remises favorites, et d'autre part les prairies artificielles, qui ont remplacé les champs de céréales, ne lui ont plus donné une nourrituie suffisante. Mais la cause principale, et unique même pour un certain nombre de localités, c’est la guerre incessante qui lui est. faite par les chasseurs, dont le nombre s’est beaucoup accru depuis soixante-dix ans. Ils se sont acharnés a poui suivre un gibier qui a la réputation d’être excellent, assez rare et par là même avidement recherché, et d’une chasse plus sûre, plus agréable et moins pénible que celle de la Peidiix g lise, par cette habitude qu’ont les Perdrix rouges de ne pas se rassembler en troupes, de partir en détail, et de tenir davan¬ tage (1). Elles n’ont pu sortir victorieuses de cette véritable lutte pour la vie que dans les localités qui leur offraient des conditions de séjour particulièrement favorables, soit à cause du climat plus chaud, soit par la nature du sol et sa végé¬ tation ; mais il est à craindre que dans un avenir prochain les naturalistes n’aient plus, là aussi, qu a constatei leur disparition ». [A.-L. Letacq. — La Perdrix louge ( Perdix rubra Briss.), son histoire, ses stations dans le département de VOrne (op. cit.), p. 29]. « Bureau de la Malle, membre de l’Académie des Inscrip¬ tions et Belles-Lettres, mort à Paris en 1857, possédait, sur la commune de Mauves, à neuf kilomètres au sud de Mortagne , la terre et le château de Landres, et y venait passer, chaque année, une partie de la belle saison. Bien qu’adonné, avant tout, à des travaux d’érudition, il étudiait aussi l’histoire naturelle, qui lui doit, entre autres, un « (1) Magné de Marolles. — Essai sur la chasse au fusil , édit, de 1836, p. 261 ». Mémoire sur l'origine et la patrie des céréales , et plu¬ sieurs communications faites à l’Académie des Sciences. L’une d’elles, que je connais depuis deux ou trois jours seulement, donne quelques détails sur le sujet dont j’avais 1 honneur d’entretenir la Société à sa dernière séance : Les stations de la Perdrix rouge dans l'Orne <*>. L’auteur cite des dates et des laits qui complètent les indications que j'ai données; je crois donc devoir les soumettre à la bienveil¬ lante attention de mes collègues, comme une addition à mon premier article, tout en faisant mes réserves sur la manière dont le savant académicien a interprété ses obser¬ vations. « La note de Dureau de la Malle, intitulée : Métis de Bartavelle grecque avec un mâle de Roquette , est extraite d un Mémoire sur les moyens de remonter au type sauvage de nos espèces domestiques ; présentée à l’Aca¬ démie des Sciences, le 27 octobre 1856,. elle a été publiée dans les Comptes rendus (juillet-décembre 1856, t. XLIII, p. 783); le I)‘ Chenu l’a reproduite à peu près in-extenso , et sans la discuter, dans l 'Ornithologie du Chasseur , 1870, ( p. 41). Elle débute ainsi : « En 1810, dans la partie du Perche où se trouve mon « domaine, la Perdrix rouge, surtout la grosse Bartavelle « ou Perdrix grecque, formait le tiers de ce genre remar- « quable de Gallinacés » . « La Bartavelle ou Perdrix grecque ( Per dix grœca Briss.), répandue dans l’Europe méridionale, sur les mon¬ tagnes du Jura et des Alpes, inconnue dans le reste de la f rance, ne pourrait être qu’accidentelle aux environs de Mortagne ; ce que notre auteur appelle Perdrix grecque, par suite d’une erreur de détermination, n’est autre que la Perdrix rouge ordinaire (Perdix rubra Briss.), sans doute (!) Le litre exact est donné à la page précédente. (H. G. de K.). — 559 — la variété caractérisée par sa taille plus forte, nommée vul gairement, aujourd’hui encore, Bartavelle dans le dépar¬ tement de la Sarthe, et qui, d'après Degland, serait surtout commune dans le Midi de la France. (Cfr. : Ou nilhologie européenne , t. II, p. 70; Henri Gadeau de Kerville, h aune de la Normandie , fasc. III, p. 224; Gentil, Ornithologie de la Sarthe , p. 40, 1878). « Dureau de la Malle n’indique pas la date précise où cette variété disparut des environs de Landres ; mais il paraît, d’après son texte, qu’on ne la vit plus guère après 1840. « La Perdrix rouge type persista plus longtemps, et même, en restant assez abondante . « En 1855, la Perdrix rouge était devenue fort rare à Lan¬ dres et aux alentours; suivant Dureau de la Malle, elle n’y trouvait plus, comme en 1810, ni les nombreux taillis situés en plaine, ni les champs bordés de contre-haies remplies de buissons de ronces et d’épines noires appelées chaintres dans le Perche et doubles-plantes dans le Pays d’Auge, qui avaient parfois une largeur de cinq à six mètres, et lui offraient pour elle et son nid un refuge assuié contie ses nombreux ennemis ; la charrue du laboureur atteignait partout le bord de la haie réduite à sa plus simple expies- sion. Aussi le braconnage au fusil et aux lacets, 1 avide curiosité des bergers et des enfants, qui emportaient le nid qu’elle indiquait elle-même par son chant, 1 avaient fait presqu’entièrement disparaître. Les causes de l’extinction de la Perdrix rouge, ici comme ailleurs dans notre département, sont donc celles que j’avais précédemment indiquées : la poursuite incessante des chasseurs et le déboisement. • • • * * « . « La Perdrix rouge, ne trouvant plus à Landres ses conditions d’existence, est descendue plus au sud dans les bois de Colonard. Elle ne les a quittés pour ainsi diie qu a regret, car on l’y rencontrait encore il y a une quinzaine d’années; niais, là aussi, elle a dû céder devant le fusil des chasseurs et le collet des braconniers, qui, aujourd’hui, sont obligés d’aller jusqu’au delà de Nocé, à près de dix kilo¬ mètres au sud, pour avoir quelque chance de la retrouver ». [A.-L. Letacq. — Observations de Dureau de la Malle sur la Perdrix ronge aux environs de Mortagne ( Orne ) ( op. cit. ), p. 37 ]. « Les recherches que j’ai faites sur l’histoire de la Perdrix rouge, ses stations dans le département de l’Orne, les causes de sa diminution ou plutôt de sa disparition presque complète, et dont les principaux résultats ont été pré¬ sentés à la Société (voir les pages qui précèdent), me per¬ mettent de fixer aujourd’hui les limites de la dispersion de cette espèce depuis Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir) jusqu’à Fougères (Ille-et-Vilaine), sur une longueur de plus de 160 kilomètres. « Partant de Nogent-le-Rotrou, la ligne qui circonscrit faire d'extension de la Perdrix rouge passe à Nocé dans l’Orne, longe au sud la forêt de Bellême, entre dans la Sarthe un peu au-dessous de Mamers, descend vers Beau¬ mont, remonte par Fresnay jusqu’à Saint-Léonard-des- Bois (Sarthe) et Saint-Céneri-le-Géret (Orne) à 15 kilomètres d’Alençon, pénètre dans la Mayenne, contourne au midi la forêt de Pail et se continue par Averton, la Chapelle-au- Riboul, Mayenne et Ernée jusqu’à Fougères. « Il y a 80 ans, la Perdrix rouge se voyait encore sur toute la surface du département de l’Orne ; aujourd’hui elle n’existe plus que sur un espace très-limité, et il est facile de prévoir qu’à bref délai on devra la considérer comme une espèce éteinte. Elle a même disparu presque entiè¬ rement de la partie septentrionale du Maine, et chaque année on constate avec regret sa diminution dans les autres parties de cette province ; mais, comme ici elle est plus favorisée par le climat et par là même plus abondante, il est certain qu’elle résistera plus longtemps; on peut même — 561 espérer que, sur un grand nombre de points, elle pourra sortir victorieuse de la lutte ». [A.-L. Letacq. — Limites septentrionales de la Perdrix rouge dans l Orne , la Sarllie et ta Mayenne (op. cit .) ] . Perdix cinerea Briss. var. damascena Briss. (Perdrix grise var. roquette). Fasc. III, page 229, ligne 5, ajouter : « Depuis plusieurs années, il se fait, dans la presqu’île formée par la Seine près Elbeuf (Seine- Inférieure), vers la fin de septembre, le plus souvent dans la première quinzaine d’octobre, un passage de petites Perdrix grises ( Perdix cinerea var. damas¬ cena) connues sous le nom de Roquettes ou Ra¬ ckettes, qu'il est impossible de confondre avec la Perdrix grise de nos pays, tant par la taille, qui est plus petite, que par la longueur des pattes et la couleur du plumage. Ces mignonnes Perdrix sont signalées dans plusieurs ouvrages comme n’étant de passage chez nous qu'en novembre. Je n’ai pas en¬ tendu parler qu’aucune de ces Perdrix ait été vue en novembre à Cléon (Seine-Inférieure); et, pour mon compte, je n’en ai pas vu après le 15 octobre ». [R. Docquoy. — Observation sur la Perdrix ro- chette (op. cit.), p. 96]. Page 229, ligne 9 en remontant, ajouter : « Commune aux environs d’Alençon, surtout dans les localités voisines de la forêt d'Écouves, à Radon, Colombiers, Saint-Nicolas-des-Bois, Cuissaî, Saint- Denis-sur-Sarthon ». [A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du départe¬ ment de l'Orne (op. cit.), p. 106; tiré a part, p. 42]. 3G — 562 — « Coudehard, Fresnay-le-Samson ». [A.-L. Letacq. — Nouvelles observations sur la faune des Verté¬ brés du département de l'Orne (op. cit. ), p. 84]. « Cette petite variété est sédentaire aux environs d'Alençon, et de passage, vers le mois de novembre, dans le Pays d’Auge ». [A.-L. Letacq. — Observa¬ tions de Bureau de la Malle sur la Perdrix rouge aux environs de Mortagne {Orne) (op. cit.), p. 41 1 . Olis tarda L. (Outarde barbue). Fasc. III, ajouter à la page 236, ligne 1 (pour le Calva¬ dos), et à la page 237, ligne 1 (pour la Manche) : « En 1830, la rigueur de l'hiver a déterminé la migration d’un grand nombre d’oiseaux des contrées septentrionales, ce qui a donné lieu à des observations intéressantes sur presque tous les points de la Nor¬ mandie. Dans quelques localités, on a vu la grande outarde, et plusieurs individus de cette belle espèce ont été tués aux environs de Caen (Calvados) et de Granville (Manche) ». [Renseignement in Mémoires de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1829-33, p. 5]. Olis tetrax L. (Outarde canepetière) . Fasc. III, page 238, ligne 14 en remontant, ajouter : « J’ai reçu une Outarde canepetière qui avait été tuée le 8 ou le 9 décembre 1896, à Veulettes (Seine- Intérieure ) ». [ Renseignement communiqué par f M. Emile Oustalet, assistant au Muséum d’Histoire naturelle de Paris]. — 563 — Page 238, ligne 1 en remontant, ajouter : « Une Outarde canepetière a été tuée en novembre 1897, par un de mes amis, dans la plaine de Soliers (Calvados), près de Caen ». [Renseignement com¬ muniqué par M. R. Le Dart, à Caen ]. Orne : « Se voit presque chaque année dans les marais de Briouze ». [A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune clés Vertébrés du département de l'Orne (op. cil.), p. 108; tiré à part, p. 44]. Vanellus vulgaris (Klein) (Vanneau huppé). Fasc. III, page 252, ligne 1 en remontant, ajouter : Van ni au. Falcinellus castaneus (Briss.) ( Falcinelle éclatant ). Fasc. III, page 304, ligne 12 en remontant, ajouter : Eure : « M. Leclerc présente un Ibis noir, tué à Crestot (Eure), le 15 octobre 1895. C’est un oiseau excessi¬ vement rare dans nos contrées ». [Renseignement in Bull, de la Soc. d’Étude des Scienc. natur. d’El- beuf, 1er et 2e sem. 1895, p. 38]. J’ai vu ce Falcinelle, qui fait partie des collections du Muséum d'Histoire naturelle d’Elbeuf (Seine-Inférieure). [H. G. de K.]. Grus communis Bchst. (Grue cendrée). Fasc. III, page 307, ligne 11 en remontant, ajouter : « Un volier de ces oiseaux s’étant abattu aux envi¬ rons de Varaville (Calvados), deux individus furent — 564 tués : l’un fut perdu, l’autre a été acquis par M. le docteur Delangle ». [Renseignement in Mémoires de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1849-53, p. xii | . Page 308, ligne 6, ajouter : Orne : « J’ai vu, au mois de décembre 1892, une Grue cendrée qui avait été tuée à Courteilles, près d’Alen¬ çon ». [A.-L. Letacq. — Matériaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit.), p. 112; tiré à part, p. 48]. « Ticheville ». [A.-L. Letacq. — Nouvelles obser¬ vations sur la faune des Vertébrés du départe¬ ment de l'Orne (op. cit.), p. 85]. Ciconia nigra (L.) (Cigogne noire). Fasc. III, page 311, ligne 11 en remontant, ajouter : « M. Henri Gadeau de Kerville annonce qu'une Cigogne noire [ Ciconia nigra (L.)J male, complè¬ tement adulte, a été tuée au vol, près du château du Héron (Seine-Inférieure), par un garde, qui a vu qu’elles étaient deux ou trois ensemble à traverser l’espace. Cet oiseau fut reçu à l’état frais, le 28 mars 1894, pour le monter, par M. L. Petit, naturaliste- préparateur à Rouen ». [Renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1894, p. 31 ] . Eure : « Au nom de M. F. Bertheuil, pharmacien à Lyons- la-Forêt (Eure), M. Henri Gadeau de Kerville expose sur le bureau une Cigogne noire [ Ciconia nigra (L.)J — 565 — pas encore adulte, qui a été tuée à Beauficel (Eure), près de Lyons-la-Forêt, le 5 septembre 1896, pai un garde particulier, M. Vincent Lamothe. Cet exem¬ plaire, que M. L. Petit, taxidermiste à Rouen, a soigneusement empaillé,, ornera la pharmacie de M. F. Bertheuil ». [Renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2 sem. 1896, p. 122]. Page 311, ligne 5 en remontant, ajouter : Orne : Note. — Dans ses Matériaux pour servir à la Jaune des Vertébrés du département de l Orne (op. cit., p. Il-, tiré à pari, p. 48), A.-L. Letacq dit, au sujet de la Ci¬ gogne noire : « Étangs de la Trappe (1758) ; signalée par Magné de Marolles ». Voir plus loin (p. 570) la rectifica¬ tion de cet auteur, au sujet de l’espèce ornithologique. Ardea cinerea L. (Héron cendré). Fasc. III, page 313, ligne 3 en remontant, ajouter : Égron. Ardea purpurascens Briss. ( Héron pouipié ). Fasc. III, page 317, ligne 5 en remontant, ajouter : Orne : « Le Héron pourpré a été tué deux lois, depuis quatre à cinq ans, à l’étang des Personnes (com¬ mune du Mage). J’ai vu un exemplaire chez M. Bes- nard, de Rémalard ». [A.-L. Letacq. - Observa¬ tions sur les Vertébrés faites aux environs de Rémalard {Orne) (op. cit.)]. — 566 Fulica dira L. (Foulque macroule). Fasc. III, page 339, ajouter, ligne 7 en remontant : Jodelle, et ligne 6 en remontant : Petite jodelle. Phalaropus cinereus Briss. (Phalarope hyperboré ) (1). Fasc. III, page 342, ligne 1 en remontant, ajouter : « Je suis heureux de pouvoir fournir quelques renseignements sur un oiseau très-rare dans notre région, qui a été tué à Mestry (Calvados), le 20 no¬ vembre 1893. Il s’agit d’un Phalarope hyperboré (Phalaropus cinereus Briss.). Cet oiseau a passé la journée du 19 novembre sur une petite mare située au bord d’une route, et en face d'une ferme où il y a un va-et-vient continuel. On pouvait le regarder sans que cela le dérangeât le moins du monde. Il était toujours sur l’eau, nageant comme les Grèbes; ce charmant oiseau donnait constamment des coups de bec dans l’eau, sans jamais y plonger la tête (du moins on ne l’a pas vu ainsi). Lorsqu’on cherchait à lui faire peur, il s’envolait pour aller se remettre sur une mare qui se trouve dans la cour même de la ferme; si on l’y pourchassait, il gagnait une autre mare, d’où il revenait à la première, sans jamais s’etlrayer ni s’écarter davantage. Dans la journée, un charpentier l’a tiré sans l’atteindre ; le Phalarope s’est alors posé sur l’une des mares en question, où (1) L’oiseau dont il s’agit dans ces lignes avait d’abord été indiqué, par M. Éd. Costrel de Corainville, sous le nom de Pha¬ larope plalyrhynque [Phalaropus fulicarius (L.)], mais ce na¬ turaliste a reconnu que c’était un Phalarope hyperboré, correc¬ tion qu’il a publiée dans le Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen (1er sem. 1895, p. 27). on le laissa tranquille. Le lendemain, notre Phala- rope était encore sur la mare auprès de la route, et le fermier l’y a tué à bout portant. Ce n est que quatie jours après qu’il me l’a donné dans un assez piteux état; mais, enfin, j’ai pu le monter d’une façon pas¬ sable. Il fait partie de ma collection, où il comble un vide important ». [Éd. Costrel de Corainville, renseignement in Bull, de la Soc. des Amis (les Scienc. natur. de Rouen, 2° sem. 1893, p. 121 J. Phalaropus fulicavius (L.) (Phalarope platyrhynque). Fasc. III, page 345, ligne 4, ajouter : J’ai reçu un individu de cette espèce, entraîné par un coup de vent, et qui fut tué à Elbeuf (Seine-Infé¬ rieure), le 29 septembre 1896. [Louis Petit. — Op. cit., p. 182 J. Stercorarius fusais ( Briss. ) (Stercoraire cataracte). Fasc. III, page 383, ligne 6 en remontant, ajouter : « M. Henri Cadeau de Kerville fait savoir qu’un Stercoraire cataracte [Stercorarius fuscus (Briss.) J mâle pas encore adulte a été pris vivant en plaine, à Saint- André-sur-Cailly (Seine-Inférieure), dans la seconde huitaine d’octobre 1896. Il a pu 1 examiner, grâce à l’obligeance de M. L. Petit, taxidermiste à Rouen, qui était chargé de le naturaliser. Ce Sterco¬ raire est la plus grande des quatre espèces de Stercorarius dont la présence a été constatée en Normandie, et qui n’y viennent que d une taçon iné- gulière ». [ Renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1896, p. 133]. Page 383, ligne 1 en remontant, ajouter : « Je me suis procuré un Stercoraire calaracte [ Stercorarius fuscus ( Briss.) ] femelle presque adulte, de seconde année je crois, qui a été tué en mer, au fusil, par un chasseur de Trou ville-sur-Mer (Calvados), le 13 février 1898. On capture très-accidentellement cette espèce sur le littoral de la Normandie ». [Émile Anfrie, à Lisieux (Calvados), renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1896, p. 31 ]. Puffinm Anglorum (Kuhl) (Puffin des Anglais). Fasc. III, page 389, ligne 15, ajouter : « Je suis en possession d’un Puffin des Anglais mâle ( Puf (inus Anglorum Kuhl) que j’ai obtenu très-frais à Trouville-sur-Mer (Calvados), le 21 sep¬ tembre 1893. Cet oiseau se trouvait parmi quelques Pingouins tordas provenant d’une chasse en mer du yacht de plaisance Mathilde , de Trouville-sur-Mer, et, par conséquent, il appartient authentiquement à la faune normande . Il serait permis de croire que mon individu serait en livrée d’adulte en hiver, quoique certains points auraient des rapports avec le jeune, selon Degland ? » [Renseignement commu¬ niqué par M. Émile Anfrie, à Lisieux (Calvados), et publié in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1893, p. 110]. Thalassidroma leucovrhoci (Vieill.) (Thalassidrome de Leach). Fasc. III, page 395, ligne 15 en remontant, ajouter : J’ai examiné chez M. L. Petit, taxidermiste à — 569 — Rouen, un exemplaire de cette espèce qu'il avait reçu de M. Vasse. Ce dernier m’a obligeamment écrit que l’exemplaire dont il s’agit provenait de la région de Tancarville (Seine-Inférieure), où il avait été trouvé mort et desséché, à la suite des tempêtes qui eurent lieu en novembre 1894. Diomedea exulans L. (Albatros hurleur). Fasc. III, page 397, ligne 15, ajouter : Orne : Je reproduis in-extenso, dans les lignes qui suivent, une très-intéressante note de M. l’abbé A.-L. Letacq sur la pré¬ sence, possible, mais certes douteuse, d’Albatros hurleurs dans le département de l’Orne, note ayant pour titre : Sur les Oiseaux tués à l'étang de Chaumont , à la Trappe (Onze), en novembre 1758 ('op. cit.) : « Magné de Marolles, originaire de Tourouvre, avait con¬ signé dans son Essai sur la chasse au fusil , 1788, in-80(1), un certain nombre de faits intéressants pour l’histoire natu¬ relle de notre pays; il signale entre autres trois oiseaux d’une grandeur extraordinaire, qui s’abattirent sur l’étang de Chaumont à la Trappe, en novembre 1758. N’ayant pu reconnaître l’espèce, il transcrivit cependant fidèlement, dans l’espoir que son indication serait plus tard utile à la science, la description de ces oiseaux, rédigée à sa demande, long¬ temps après la capture, par Boulay, garde-chasse à la Trappe, celui-là même qui les avait tués(2). « Quand je publiai ma Notice sur les observations zoolo¬ giques de Magné de Marolles aux environs d'Alençon et « (1 ) Une seconde édition fut publiée par les éditeurs en 1836. — L’auteur était mort en 179:2 ». « f 2) Lorsque Boulay écrivit à Magné de Marolles, il habitait le Val, canton de Mamers ( Sarthe), à seize kilomètres d’Alençon». 36* de Mortagne (Orne), (Bulletin de la Société Liiinéeime de Normandie, 4me série, 6me volume, 1892, p. 46), je crus, sur l’autorité de quelques spécialistes à qui j’avais communiqué le texte de Boulay, devoir rapporter ces oiseaux à la Cigogne noire. Depuis lors, ayant eu l’occasion de consulter Degland, je vis que, d’après le célèbre ornithologiste, les oiseaux de la Trappe seraient au contraire des Albatros hurleurs (Diomedea exulans L.), géants de l’ordre des Palmipèdes, communs au Cap Horn et au Cap de Bonne-Espérance, mais accidentels et très-rares dans l’hémisphère boréal. Lemetteil mentionne la capture faite à Chaumont (Catal. des Oiseaux de la Seine- Inférieure , t. II, p. 373); notre savant con¬ frère, M. Henri Gadeau de Kerville, reproduit la note de Degland ( Faune de la Normandie , fasc. III, p. 398); mais aucun de ces trois auteurs ne donne à entendre qu’il s’agit ici d’une localité normande (1). « Aussi, en présence de l’assertion de Degland, et le fait étant d’ailleurs des plus curieux pour l’ornithologie régio¬ nale, je n’hésite pas à tenter une nouvelle étude de la question, afin de savoir quel est le sentiment le plus vrai¬ semblable. « Il me paraît utile, tout d’abord, de citer ici intégrale¬ ment la relation du garde-chasse, dont je conserve le style (1) Étant donné que, dans les ouvrages par moi consultés, l’indication du Chaumont en question n’est suivie d’aucun ren¬ seignement géographique, et que, d’autre part, il existe en France une cinquantaine de localités (communes et hameaux) portant le nom de Chaumont, il aurait fallu que j’eusse une in¬ dication quelconque pour supposer que le Chaumont dont il s’agit était le nom donné à l’étang en question. Ce Chaumont est d’ailleurs si peu connu, que je ne l’ai trouvé ni dans la carte de l’État-major, ni dans la carte dressée par ordre du Ministre de l’Intérieur, ni dans le Dictionnaire des Postes et des Télé¬ graphes. C'est une preuve nouvelle de l’absolue nécessité d’être précis dans les renseignements que l’on donne. (H. G. de K.). — 571 avec Magné de Marolles; on verra que Boulay savait mieux manier le fusil que la plume : « En 1758, entre le 20 et le 25 novembre, écrit-il, « étant jeune garde à la Trappe, me promenant sur l’étang « de Chaumont , le plus proche de la maison, j’aperçus trois « oiseaux d’une grandeur prodigieuse, qui étaient à 30 pas « du bord ; je m’approchai en me baissant de peur qu'ils « ne s’en aillent. Ils étaient tous trois en pied de marmite, « et il n’y avait qu’un demi -pied entre ces trois oiseaux. Je « les tirai avec du gros plomb; je ne leur fis rien du tout « et ils ne s’envolèrent point; ils s’avancèrent dans l’étang « bien trente pas de plus sans ouvrir les ailes. Je chargeai « à chevrotines, et je les tirai pour la seconde fois; il y en « eut une qui cassa l’aile d’un de ces oiseaux, où il quitta « les autres, s’en fut dans le milieu de l’étang, et les deux « autres suivirent le rivage. Je fus après chargé à balle; « j’en tirai un, je lui coupai le cou d'une balle qui le tua, « et ça après soleil couché. Le lendemain de grand matin « j’y retournai ; j’aperçus mes deux oiseaux point loin du « rivage. Celui qui avait l’aile cassée retourna au milieu de « l’étang; je tirai l'autre, que je tuai d’une balle, et mon « autre oiseau se cacha dans les joncs avec son aile cassée. « Le lendemain de grand matin, j’y retournai, et l’aperçus « au milieu de l’étang où il y avait au moins 150 pas. Je « me mis à le canonner à balle; le quinzième coup je lui « mis une balle sur le croupion qui l’obligea à se retirer de « l’eau. Je fus aussitôt que lui à bord. Je lui campai une « balle qui le tua; et je ne les ai point vus voler ». « Observons tout d:abord que des oiseaux qui parcourent l’étang de Chaumont, dont la longueur est d’un kilomètre, la largeur de 2 à 300 mètres, et la profondeur de 4 à 5 mètres, ne peuvent être que des palmipèdes ; l’idée des Cigognes doit donc être écartée. « Étudions maintenant les caractères spécifiques indiqués par Boulay : « Le mâle, dit-il, avait cinq pieds de hauteur « du bout du bec aux pieds, pesant vingt-deux livres ; le « bec rouge et les jambes; les pattes toilées comme celles « d’une oie, et grandes comme une main ouverte, et des « écailles aux jambes, comme celles de poisson; la tête « huppée de plumes d’un brun noir, de la hauteur d’un « pouce, le plumage du dos comme celui d’un canard sau- « vage, le cou en devant et tout le dessous du ventre « argenté, la queue comme celle d’une oie, proportion « gardée, les ailes de sept pieds de long, y compris le « corps; les maîtresses plumes des ailes grosses comme une « chandelle moulée de douze à la livre ; le bec de quatre « pouces de grosseur et de cinq pouces et demi de longueur, « et coupant comme des ciseaux. « Les femelles ne pesaient que dix-huit livres, moins « hautes d’un demi-pied ; point de huppe sur la tête, et plus « brunes que le mâle et point argentées; les plumes très- « lissées dessous le ventre et charrées comme le canard ce sauvage. Personne n’a connu ces oiseaux. Il fallait qu’ils « fussent bien fatigués pour ne pouvoir s’envoler ». « Magné de Marolles, qui avait longtemps regardé ces oiseaux comme des Pélicans, craignant que la mémoire de Boulay ne lui eut pas rappelé très-exactement tous les détails de leur organisation, lui écrivit de nouveau pour savoir s’ils n’avaient point sous la gorge cette grande poche qui caractérise le genre. Voici ce qui lui fut répondu le 25 janvier 1787 : « Les oiseaux, Monsieur, dont j’ai eu l’honneur de vous « faire la description, n’ont point de poche, comme vous le « mandez, et même ils ne paraissent pas voraces. C’est tout « au plus si l’on aurait pu passer un œuf de poule dans leur « gorge ; et on n’a point trouvé de poisson dans leur jabot, « soit qu’ils l’eussent, digéré par le long vol qu’ils avaient « fait, car il n’y avait pas longtemps qu’ils étaient descendus « dans l’étang. Il en fut mangé un, qui se trouva bon, et « cependant sans délicatesse, mais tout le monde pouvait « en manger ». « On doit admettre que sur plusieurs points la mémoire de ET — 5/3 — Boulay s’est trouvée en défaut, car il n’y a pas dans la créa¬ tion d’oiseaux répondant très-exactement à tous les points de cette description; mais, d’autre part, il faut bien recon¬ naître avec Degland que l’Albatros hurleur possède la plupart des caractères que nous venons de transcrire. La hauteur de 5 pieds, le poids de 22 livres, la couleur rougeâtre des pieds et du bec, tous les doigts palmés, la largeur des palmures, des écailles aux jambes analogues à celles de poisson, ou autrement dit les tarses réticulés, sont bien les notes distinctives de l’Albatros ; de même la couleur argentée des parties inférieures et de la queue, le plumage du dos, dont les raies noirâtres en zigzag rappellent assez bien le Canard sauvage (. Anas boschas L.), le bec long, tort et tranchant, et aussi la longueur extraordinaire des ailes, qui a fait ranger l’espèce parmi les Palmipèdes longipennes ou Grands voiliers. « L’oiseau que Boulay appelle le mâle n est autre que l’adulte, et le plumage attribué aux femelles est celui du jeune âge. Or, ici encore, nous retrouvons la couleur brune de la tête et du dos qui caractérise les jeunes Albatros. « Le fait de n’avoir pas trouvé de poisson dans leur jabot vient aussi à l’appui de 1 assertion de Degland; la nouni- ture des Albatros, en effet, consiste principalement en Céphalopodes, et le voyageur-naturaliste Gaimard a remarqué que dans les parages où le bâtiment qu’il montait était entouré de Poissons, de Poissons-volants et de Mollusques, on n’en avait jamais trouvé dans le corps des Albatros, mais toujours des Seiches et des Calmars. « On peut sans doute objecter que le bec des Albatros n’est rouge qu’à l’onglet, qu’ils n’ont point de huppe sur la tête, que l’envergure (7 pieds) serait exagérée, puisqu’elle ne dépasse pas 1 m 60 (à peine 5 pieds), mais n oublions pas que la description ayant été rédigée de mémoire trente ans après la capture des oiseaux, quelques caiactères amont été laissés de côté et d’autres faussement indiqués. « Aussi je crois pouvoir admettre, au moins comme très- 574 — probable, l'hypothèse de Degland et inscrire, avec cette réserve, l'Albatros hurleur sur la faune du département de l'Orne ». Sula bassana (L.) (Fou de Bassan). Fasc. III, page 401, ligne 6, ajouter : « Le 8 décembre 1895, un Fou de Bassan [Sula bassana (L.)] est venu sur notre petite rivière la Touques. Cette excursion, si en dehors de ses habi¬ tudes pélagiennes, lui a coûté cher, car, aperçu par un chasseur qui a pu s'en approcher très-facilement, il a été fusillé comme un simple canard. Cette rencontre dans la vallée de la Touques, à six kilomètres envi¬ ron en aval de Lisieux, est chose rare, quoique le fait ne soit pas unique, paraît-il. C’est toujours à la suite de violentes tempêtes, quand la mer n’est plus tenable, que ces oiseaux, pourtant essentiellement marins, sont chassés parfois très-loin dans les terres, et tombent la plupart épuisés et mourants ». [Émile Anfrie, à Lisieux (Calvados), renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1896, p. 13] . Orne : « Marais de Briouze ». [A.-L. Letacq. — Maté¬ riaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de VOrne (op. cit. ), p. 114; tiré à part, p. 50 ] . Amer brachyrhynçhus Baill. (Oie à bec court). Fasc. III, page 410, ligne 10 en remontant, ajouter : (( M. Jacques Capon expose sur le bureau une Oie 0/0 que M. Henri Gadeau de Kerville a déterminée avec certitude sous le nom d’Oie a bec court ( Ausev bi ci- chyrhynchus BailL), espèce dont la venue est excep¬ tionnelle en Normandie. Le sujet exposé, qui a été fort bien empaillé par M. L. Petit, taxidermiste à Rouen, est une femelle presque adulte. Elle a été capturée dans la nuit du 6 au 7 janvier 1897, au moyen d’un filet appelé vol , qui était placé sur un banc de sable, entre le chenal de la Seine et le canal de Tancarville, dans la commune de Sandou¬ ville (Seine-Inférieure) ». [Renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1897, p. 12]. Cet exemplaire fait partie des collections du Muséum d’Histoire naturelle d’Elbeuf (Seine-Inférieure). [H. G. de K.]. Cygnus férus Briss. (Cygne sauvage). Fasc. III, page 421, ligne 7 en remontant, ajouter : « Le 18 février 1895, un passage d’Oies et de Cygnes fut signalé dans notre vallée, et nous vîmes nous-même, vers trois heures de l’après-midi, d’abord, en sortant de la ville [Lisieux (Calvados)], les traces, dans la neige épaisse, de la station d’une bande d’Oies sauvages dont le nombre paraissait considérable ; puis, plus loin, trois Cygnes remontant sur Lisieux, et hors de notre portée; cette petite bande se composait primitivement de quatre indi¬ vidus, dont trois adultes, et un jeune abattu déjà par M. Guillemin, restaurateur. « Peu de temps après, une autre bande de huit Cygnes, parmi lesquels se reconnaissaient quelques jeunes à leur couleur rousse, passant directement, a 40 mètres environ au-dessous de la passerelle de M. Defrance, maire d’Ouilly-le-Vicomte (Calvados), où trois chasseurs étaient embusqués, reçut cinq coups de fusil sans broncher, quand, de sa dernière cartouche, M. Rauline, coiffeur, eut l’heureuse chance de faire descendre un beau mâle adulte. « Trois autres Cygnes furent encore abattus sous nos yeux par d’autres chasseurs, sans compter les blessés tombés en route, si bien que de cette bande de huit individus, facile à reconnaître par plusieurs jeunes, il n’en restait plus, à la fin de la journée, que deux exemplaires, dont je prévoyais malheureu¬ sement la destruction prochaine, tant nombreux étaient les chasseurs embusqués et mis en éveil par ce gibier inespéré. « En effet, j’appris le lendemain, de source certaine, que non-seulement les deux derniers, mais les trois restés de la première bande, avaient également suc¬ combé. « Dans la même semaine, le journal Le Léxovien annonçait cinq nouvelles captures dans la même région, avec les noms des possesseurs, ce qui porte a dix-sept le nombre des Cygnes tués, parvenu à notre connaissance. C’est un fait vraiment extraor¬ dinaire dont la contrée gardera longtemps le souvenir. « Ces malheureux palmipèdes dont, quoique chas¬ seur, je déplore la fin ( sans profit, la chair n'étant pas mangeable), paraissaient exténués et comme égarés dans notre étroite vallée ; ils s'annonçaient eux-mêmes de loin par leur cri plaintif et flûté, sans avoir prévu, évidemment, un accueil aussi bruyant que meurtrier. « Les exemplaires que nous avons examinés appar¬ tenaient à la grande espèce (Cygnus férus ou musicus ), atteignant lin. 50 de taille, 2 m. 35 d’en¬ vergure, et un poids de 8 kilog. environ; cependant, — 577 — nous avons vu chez un marchand de gibier de notre ville, à la même époque, un sujet de taille infé¬ rieure, le Cygne de Bewick ( Cygnus minor), lequel, avec d’autres caractères, ne possède que 1 m. 20 à 1 m. 25 de longueur, 2 mètres d’envergure, et ne pèse environ que 5 kilog. ». [Émile Anfrie. — Note sur un passage de Cygnes dans ta vallée de la Toucques (op. cit. ) , p. 28, note reproduite in-extenso dans les lignes qui précèdent]. Orne : « Le froid rigoureux qui a sévi en Suède et en Russie, vers le commencement du mois dernier (dé¬ cembre), a eu pour effet d’amener sur nos côtes une quantité considérable de palmipèdes; d’où l’arrivée de jeunes Cygnes. Leur présence insolite dans notre vallée ne pourrait-elle pas s’expliquer aussi par l’effet du brouillard intense qui, le 9 décembre 1888, rem¬ plissait l’atmosphère et qui aurait suffi pour les éga¬ rer? En voici la description: longueur totale du Cygne 1 m.35, envergure 2 m., longueur de l'aile Cm. 92, du cou 0 m. 60; le dos et la tête sont gris, la poitrine est blanche ; le duvet a 4 centimètres d’épaisseur sous la poitrine, les pattes sont noi¬ râtres ; les palmes sont larges de 0 m. 16; le bec, d’un gris noir, a 9 centimètres de long ». [A.-L. Letacq. — Le Cygne sauvage commun; notes sur trois jeunes individus de cette espèce tués à Ti- cheville (Orne), le 9 décembre 1888 (op. cit..), p. 27]. « Le Cygne sauvage ne paraît chez nous qu’acci- dentellement, surtout durant les hivers rigoureux. Ainsi, on en vit beaucoup en 1830, et, depuis lors, on ne les a jamais signalés en aussi grande quantité. Il en vient parfois sur les marais de Briouze, les étangs 37 cle la Trappe, des Rablais (1) et du Mortier w près d’Alencon. Le 9 décembre 1888, trois furent tués à Ticheville, sur la Touque ». [A.-L. Letacq. — Maté¬ riaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit. ), p. 115; tiré à part, p. 51], (Voir la page précédente, relativement aux trois jeunes Cygnes tués à Ticheville). « Une bande de plus de quarante Cygnes sauvages s’est abattue, pendant l’hiver 1879-1880, sur l’étang des Personnes (commune du Mage) ». [A.-L. Le¬ tacq. — Observations sur les Vertébrés faites aux environs de Rémalard (Orne) (op. cit.)]. Cygnus minor Pall. (Cygne de Bewick). Fasc. III, page 423, ligne 14 en remontant, ajouter la partie terminale de la note précédente d’Émile Anfrie, concernant un passage de Cygnes dans la vallée de la Toucques. Je dois ajouter qu’il est pro¬ bable, mais non certain, que l’exemplaire en question de Cygne de Bewick fut tué dans le département du Calvados. Anas strepera L. (Canard chipeau). Fasc. III, page 433, ligne 10 en remontant, ajouter : « Un mâle a été tué par mon gabionneur dans le marais de Varaville (Calvados). J’ai tué une femelle à l’embouchure de l’Orne (Calvados), en décembre (1) Les étangs des Rablais et du Mortier se trouvent, comme il est dit, aux environs d’Alençon, mais ils ne sont pas en Nor¬ mandie, puisqu’ils dépendent de la commune de Gesne-le-Gan- delin (Sarthe). [H. G. de K.]. 1896 ». [Renseignement communiqué par M. R. Le Dart, à Caen] . Orne : « Marais de Briouze ». [A.-L. Letacq. — Maté¬ riaux pour servir à la faune des Vertébrés du département de l'Orne (op. cit. ), p. 116; tiré à part, p. 52 ] . Fuligula hyemalis (L.) (Fuligule de Miquelon). Fasc. III, page 446, ligne 3, ajouter : « Le 7 décembre 1895, j’ai trouvé sur le marché de Lisieux, parmi des Macreuses prises en vue de Bénerville (Calvados), localité située à mi-chemin de Trouville à Villers-sur-Mer, une Fuligule de Miquelon [ Fuligula lugemalis (L.)] mâle jeune de première année . Noyée dans 1 eau de mer, comme le sont tous les oiseaux pris au filet, j ai eu de la peine à reconnaître l’espèce; mais, par le bec, j’ai de suite été fixé. La Fuligule miquelonnaise est rare en Normandie, et sa capture mérite d’être citée ». [Émile Anfrie, à Lisieux (Calvados), rensei¬ gnement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienç. natur. de Rouen, Ie' sem. 1896, p. 12]. Fuligula nyroca (Güldst.) (Fuligule nyroca). Fasc. III, page 452, ligne 13, ajouter : « J’ai tué à mon gabion de Varaville (Calvados), en octobre 1897, un sujet que je crois être une fe¬ melle ». [Renseignement communiqué par M. R. Le Dart, à Caen]. — 580 — F uligula mollissima (L.) (Fuligule eider). P asc. III, page 456, ligne 14 en remontant, ajouter : « Le 25 décembre 1892, un gardien d’herbages a tué sur sa garde, à Ouilly-Je-Vicomte (Calvados), près de Lisieux, une Fuligule eider jeune mâle fine j ai sous les yeux. La mue du cou est commencée; cette partie est blanche; le reste est comme chez la femelle. Une telle capture d’un sujet isolé, faite sur une petite rivière, me semble rare, la Fuligule eider n allant que fort peu dans l’intérieur des terres». [Renseignement communiqué par M. Émile Anfrie, à Lisieux (Calvados), et que j’ai publié dans mes Matériaux pour la faune normande (op. cit.), p. 16]. « Deux jeunes, un mâle et une femelle, ont été tués par moi à 1 embouchure de l’Orne (Calvados), après une tempête de nord-ouest, en novembre 1893 ». [Renseignement communiqué par M. R. Le Dart, à Caen] . « Une Fuligule eider ou Eider vulgaire [Fuligula mollissima (L.)] en robe de jeune, tuée dans les parages de Bénerville et de Villers-sur-Mer (Cal¬ vados), en 1897 (février?), a élé examinée par M. Émile Anfrie ». [Renseignement publié par lui in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1897, p. 42]. Fuligula perspicillata ( L. ) ( Fuligule à lunettes ). Fasc. III, page 462, ligne 6, ajouter : « Je possède dans ma collection un mâle adulte de cette espèce, tué à Dieppe (Seine Inférieure), en février 1861 ». [Renseignement communiqué par M. Charles van Kempen, à Saint-Omer (Pas-de- Calais ) ]. Page 462, ligne 6 en remontant, ajouter : « Une Fu ligule à lunettes [ Futigula pevspicillata ( L.) ], sujet male entièrement adulte, a été distinguée au marché de Trouville (Calvados), parmi des Fuli- gules noires [ Futigula nigva ( L. ) ] prises aux environs de cette ville. Fdle ma été appoitée le 10 janvier 1896, par un poissonnier qui lavait, remarquée sur mes indications. La tuligule à lunettes ou Macreuse à lunettes est remarquable, non- seulement par sa grande rareté sur le littoral nor¬ mand, mais aussi par son costume noir profond, orné de deux taches d'un blanc pur : l’une au front, et l'autre occupant presque toute la nuque chez le mâle adulte. De plus, son bec rouge-orangé, très- large et très-élevé, se complique de deux bosses latérales ayant une grande tache noire au centre et offrant l’aspect de verres de lunette. Cet organe est extraordinaire et unique comme forme et coloris. Le sujet en question est le premier exemplaire que je rencontre de cette belle espèce ». [Émile Anfiie, à Lisieux (Calvados), renseignement in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1896, p. 31]. Mer g us serrcitor L. (Harle huppé ). Fasc. III, p. 469, ligne 9, ajouter : Orne : « Un beau mâle de Harle huppé a été tué sur l’Huisne, à Bellou, en 1891. (Collection Albert Tou- — 582 — cliet, de Rémalard) ». [A.-L. Letacq. — Observa¬ tions sur les Vertébrés faites aux environs cle Rémalard (Orne) ( op. cit. )]. Colymbus maximus (Klein) (Plongeon imbrim). Fasc. III, page 474, ligne 6, ajouter : Orne : A.-L. Letacq a écrit, dans sa Notice sur les observations zoologiques de Magné de Maroll.es aux environs d'Alençon et de Mortagne (Orne) (op. cit., p. 59) : « J'ai connaissance, dit Magné de « Marolles, d’un plongeon pesant sept livres, tué, en « 1758, sur des étangs de l'abbaye de La Trappe, « en Perche, qui très-probablement était de cette « espèce <1; . ». Colymbus arctieus L. (Plongeon liimme). Fasc. III, page 477, ligne 11, ajouter : « Un Plongeon lumme ou P. à gorge noire (Co¬ lymbus arctieus L.), femelle paraissant jeune, a été capturé avec des Macreuses fréquentant les parages de Bénerville et de Villers-sur-Mer (Calvados), dans la dernière huitaine de janvier 1897. Cet exemplaire appartient à la collection de M. Émile Anfrie, à Lisieux (Calvados) ». [ Renseignement publié par lui in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1897, p. 42]. « ( 1 ) La C liasse au fusil , nouvelle édition renfermant toutes les additions et améliorations préparées par l’auteur , Paris, Ch. Barrois et B. Duprat, 1836, in-8°, xvi-494 p. et 8 pl., p. 433 ». 583 — Podicipes ç/riseigenci (Bodd.) (Grèbe jougi is). Fasc. III, page 481. ligne 3 en remontant, ajouter : « J’ai tué un sujet de cette espèce, sur 1 Orne, à Ranville (Calvados), en novembre 1895. Cet indi¬ vidu était isolé ». [Renseignement communiqué par M. R. Le Dart, à Caen]. A Ica impennis L. (Pingouin brachyptère). Fasc. III, page 502, ligne 7, ajouter : Dans le fascicule III de ma Faune de la Norman¬ die , j’ai donné en note (p. 499) — car il est évident que l’espèce ne pourrait être inscrite dans une faune actuelle de cette province — quelques renseignements concernant l’apparition, à des époques lointaines, du Pingouin brachyptère ou Grand pingouin sur la côte de Dieppe (Seine-Inférieure) et de Cherbourg (Manche). En outre j’ai publié, dans ce fascicule III (pl. I), la reproduction d’une photographie prise par moi et représentant un Pingouin brachyptère soi-disant tué près de Cherbourg vers le commence¬ ment de ce siècle, et qui fait partie des collections du Musée d’Histoire naturelle d’Abbeville (Somme). Je me suis borné à reproduire des renseignements qui me paraissaient dignes de confiance, et ne pouvais avoir, à cet égard, d’opinion personnelle. Or, dans son mémoire, important et riche en docu¬ mentation, publié sous ce trop modeste titre : Le Grand Pingouin du Musée d'Histoire naturelle d'Amiens (op. cit.), H. Duchaussoy, qui a lait une étude sérieuse de la question, dit que les récits de l’apparition du Pingouin brachyptère sur les côtes normandes ne sont que des légendes. — 584 — Voici, d’ailleurs, la conclusion donnée par H. Du- chaussoy (op. cit., p. 118; tiré à part, p. 33), relati¬ vement A l’exemplaire ô' Alca impennis L. du Musée d’Histoire naturelle d’Abbevil le : « Que doit-il rester de ces légendes? C’est que, à Cherbourg, à Dieppe et au Iiâble d’Ault, on n’a jamais tiré de Pingouins brachyptères. C’est l’opi¬ nion de Dresser, et c’est aussi celle de A. Newton : « Je crois sans peine, écrit celui-ci, que c'est par « erreur qu'on a dit avoir vu cette espèce sur les « côtes de France (1) ». « Pour nous, l' exemplaire du Musée d'Abbeville n a pas été tué sur nos côtes , contrairement à l’opi¬ nion propagée par Degland et acceptée par Henri Cadeau de Kerville. « L’origine de cet oiseau est d’ailleurs indiquée dans la lettre que A. Newton écrivait, le 17 novembre 1883, au D‘ Blasius : « L’individu du Musée d’Ab- « beville ne fut certainement pas tué à Cherbourg; « l’acquisition en fut faite en Islande, et c'est le « Musée royal de Copenhague qui l'expédia à « M. de Lamotte , comme je l’ai appris par feu mon « excellent et vieil ami Reinhardt (2) ». De même que j’avais accepté, en raison du nom de leurs publicateurs, les assertions ayant un sens affir¬ matif, relativement à l’apparition du Pingouin bra- chyptère ou Grand pingouin sur les côtes de la Nor- « (1) Dresser. Birds of Europe, vol. VIII, p. 565. — Lettre de A. Newton, professeur à « Magdalene College », de l’Univer¬ sité de Cambridge (25 février 1897) ». « (2) Lettre publiée par le DrWilh. Blasius dans son mémoire intitulé . Zur Geschichte cler Ueberreste von Alcct impennis L. (Tirage à part du Cabanis’ Journal für Ornithologie, liv. de janvier 1884, p. 57 à 176; lettre en question, p. 71 ». mandie, de même je m’incline devant ces assertions contraires. Mais je tiens à dire que volontiers je me rallie à l’opinion négative d’H. Duchaussoy, établie, sans conteste, d’une façon très-sérieuse. SUPPLÉMENT A LA BIBLIOGRAPHIE DES MAMMIFÈRES ET DES OISEAUX DE LA NORMANDIE. Mammifères . Base. I, pages 237 — 242, ajouter à leur place alphabé¬ tique et chronologique : f Emile Anfrie. — Nouvelle rencontre du Vison en Nor¬ mandie , in Bull, de la Soc. des x4mis des Scienc. natur. de Rouen, 2e sem. 1895, p. 88. Alfred Angot. — Capture de deux grands Cétacés à Houl- gate [commune de Beuzeval (Calvados)], in le journal La Nature, Paris, n° du 15 septembre 1894, p. 255 et fig. (p. 256). Anonyme. — Baleine échouée à Villerville (Calvados) , in L’Illustration, journal universel, Paris, n° du 4 novem¬ bre 1893, p. 396 et fig. (p. 393). [Ce Rorqual s’est échoué, non à Villerville, mais à Cricquebœuf (Calva¬ dos), commune contiguë à Villerville]. E.-L. Bouvier. — U Hyperoodon, in le journal Le Natura¬ liste, Paris, n° du 15 janvier 1892, p. 24 et fig. (p. 25), et n° du 1er février 1892, p. 37 et fig. 2—4. Henri Cadeau de Kerville. — Note sur la présence de la Genette vulgaire dans le département de l'Eure , in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, P' sem. 1890, p. 79. — Tiré à part, Rouen, Julien Lecerf, 1890, (même pagination). — 587 Henri Gadeau de Kerville; — Observations sur l'exis¬ tence. en Normandie , de la Belette vison ( Mustela lutreola L.) ou Vison d'Europe, in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sern. 1896, p. 28. — Tiré à part : I. (même titre). — II. Sur la découverte de cette espèce dans le département de la Seine-Inférieure, Rouen, Julien Lecerf, 1896, (pagi¬ nation spéciale). Henri Gadeau de Kerville. — Sur la découverte de la Belette vison ( Mustela : lutreolaX ,.) dans le département de la Seine-Inférieure, in Bull, de la Soc. des Amis des Scienc. natur. de Rouen, 1er sem. 1896, p. 40. — Tiré à part (voir les lignes précédentes). Henri Joüan. — Apparition des Cétacés sur les côtes de France , in Bull, de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1891, p. 137. Henri Joüan. — Les Hyper oodons de Goury [commune d’Auderville (Manche)], in Mémoir. de la Soc. nationale des Scienc. natur. et mathématiq. de Cherbourg, 1891, t. XXVII, p. 281. — Tiré à part, Cherbourg, Émile Le Maout, 1891, (double pagination : celle des Mémoires et paginât, spéciale). Henri Joüan. — La Baleine de Morsalines ( Balaenoptera borealis Fischer?) [Morsalines (Manche)], in Mémoir. de la Soc. nationale des Scienc. natur. et mathématiq. de Cherbourg, 1892 — 1895, t. XXIX, p. 37. — Tiré à part, Cherbourg, Émile Le Maout, 1893, (double pagi¬ nation : celle des Mémoires et paginât, spéciale). Dr J. Joyeux-Laffuie. — Sur un Halichoerus tué sur les côtes de Normandie, in Bull, de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1894, p. 144. — Tiré à part, Caen, E. Lanier, 1 894, (même pagination). — 588 Abbé A.-L. Letacq. — Note sur la Belette vison ( Mustela lutreola L. ) et sur ses stations dans le département de l'Orne , in Bull, de la Soc. linnéenne de Normandie, Caen, ann. 1895, p. 31. Abbé A.-L. Letacq. — Les Animaux nuisibles. Le Vison aux environs de Vimoutiers ( Orne ), in Journal d’Alençon et du département de l’Orne, Alençon, nü d